3. L'HISTOIRE D'URANTIA
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LES FONDEMENTS DE LA FOI RELIGIEUSE
POUR les matérialistes incroyants, l'homme est simplement un accident évolutionnaire. Ses espoirs de survivance sont liés à une fiction de son imagination humaine; ses frayeurs, ses amours, ses désirs, et ses croyances ne sont que les réactions de la juxtaposition accidentelle de certains atomes de matière dépourvus de vie. Nul déploiement d'énergie, nulle expression de confiance ne peuvent le transporter au delà du tombeau. Les oeuvres de dévotion et le génie inspirant les meilleurs hommes sont condamnés à l'annihilation par la mort, à la longue nuit solitaire de l'éternel oubli et de l'anéantissement de l'âme. Un désespoir sans nom est la seule récompense de l'homme pour avoir vécu et travaillé sous le soleil temporel de l'existence terrestre. Chaque jour de la vie resserre lentement et sûrement l'emprise d'un destin impitoyable qu'un univers hostile et implacable a décrété comme insulte finale à tout ce qui est beau, noble, élevé, et bon dans les désirs humains.
Telle n'est pas la fin et la destinée éternelle de l'homme. Cette vision n'est que le cri de désespoir poussé par une âme errante qui s'est perdue dans les ténèbres non-spirituelles, qui lutte bravement en face des sophismes stéréotypés d'une philosophie matérialiste, et qui est aveuglée par le désordre et la déformation d'une érudition complexe. Toute cette condamnation aux ténèbres et cette destinée de désespoir sont dissipées pour toujours par un seul courageux déploiement de foi du plus humble et du plus ignorant enfant de Dieu sur terre.
La foi qui sauve prend naissance dans le coeur humain quand la conscience morale de l'homme se rend compte qu'au cours de l'expérience terrestre les valeurs humaines peuvent être transposées du plan matériel au plan spirituel, de l'humain au divin, du temps à l'éternité.
1. -- LES ASSURANCES DE LA FOI
Le travail de l'Ajusteur de Pensée explique la manière dont le sens primitif et évolutionnaire du devoir est transmué en une foi supérieure et plus certaine dans les éternelles réalités de la révélation. Il faut que le coeur humain ait soif de perfection pour assurer à l'homme la faculté de comprendre les sentiers de la foi conduisant aux accomplissements suprêmes. Quiconque choisit de faire la volonté divine connaîtra le chemin de la vérité. Il est littéralement vrai « qu'il faut connaître les choses humaines pour les aimer, mais qu'il faut aimer les choses divines pour les connaître ». Les doutes honnêtes et les interrogations sincères ne sont pas des péchés; ces attitudes ne font que retarder l'entrée des hommes dans le royaume de l'ascension du ciel, mais les progrès dans ce domaine dépendent entièrement des âmes mûres qui mettent énergiquement en oeuvre leur foi robuste et confiante.
Les raisonnements de la science sont basés sur les faits observables du temps. La foi religieuse tire argument du programme spirituel de l'éternité. Ce que le savoir et la raison ne peuvent faire pour nous, la vraie sagesse nous exhorte à permettre à la foi de l'accomplir par clairvoyance religieuse et transformation spirituelle.
Par suite de l'isolement de à la rébellion, la révélation de la vérité sur Urantia a été trop souvent mêlée aux affirmations de cosmogonies partielles et transitoires. La vérité reste invariable de génération en génération, mais les enseignements associés concernant le monde physique varient de jour en jour et d'année en année. Il ne faut pas dédaigner la vérité éternelle parce qu'on la rencontre par hasard en compagnie d'idées périmées sur le monde matériel. Plus vous êtes docte en science, moins vous êtes sûr de vous; plus vous avez de religion, plus vous êtes pénétré de certitude.
Les conclusions de la science proviennent entièrement de l'intellect; les certitudes de la religion jaillissent des fondements mêmes de la personnalité tout entière. La science fait appel à la pensée intelligente; la religion demande la fidélité et le dévouement du corps, de la pensée, et de l'esprit, c'est-à-dire de toute la personnalité.
Dieu est tellement réel et absolu que l'on ne peut offrir en témoignage de sa réalité aucun signe matériel de preuve, aucune démonstration de soi-disant miracles. C'est toujours notre confiance en lui qui nous le fera connaître, et notre croyance en lui est entièrement basée sur notre participation personnelle aux manifestations divines de sa réalité infinie.
L'Ajusteur intérieur provoque infailliblement dans l'âme humaine une véritable soif de perfection ainsi qu'une curiosité générale, lesquelles ne peuvent être convenablement apaisées que par communion avec Dieu, source divine de l'Ajusteur. L'âme assoiffée de l'homme refuse d'être satisfaite tant quelle n'a pas une expérience personnelle du Dieu vivant. Dieu est plus qu'une personnalité morale parfaite et supérieure mais, dans notre intelligence finie, il ne peut être rien de moins.
2. -- RELIGION ET RÉALITÉ
Les penseurs qui observent et les âmes qui discriminent reconnaissent la religion quand ils la rencontrent dans la vie de leurs compagnons. La religion n'a besoin d'aucune définition; nous connaissons ses fruits sociaux, moraux, intellectuels, et spirituels. Ils proviennent tous du fait que la religion est la propriété de la race humaine, et non un résultat de la culture. Il reste néanmoins vrai que la perception de la religion est encore humaine, et par conséquent sujette à la servitude de l'ignorance, à l'esclavage des superstitions, aux duperies des sophismes, et aux illusions des fausses philosophies.
L'une des particularités caractéristiques de l'assurance religieuse authentique est que, malgré le caractère absolu de ses affirmations et la fermeté de son attitude, l'esprit de son expression est assez équilibré et tempéré pour ne jamais donner la plus petite impression d'outrecuidance ou d'exaltation égoïste. La sagesse de l'expérience religieuse est quelque peu paradoxale, en ce sens quelle est à la fois originale chez l'homme et dérivée de l'Ajusteur. La force religieuse n'est pas le produit des prérogatives personnelles de l'individu, mais plutôt la mise en oeuvre de l'association sublime entre l'homme et la source perpétuelle de toute sagesse. C'est ainsi que les paroles et les actes de la religion sincère et immaculée s'imposent par leur autorité à tous les mortels éclairés.
Il est difficile d'identifier et d'analyser les facteurs d'une expérience religieuse, mais il est facile d'observer que les pratiquants religieux vivent et persévèrent comme s'ils étaient déjà en présence de l'Éternel. Les croyants réagissent à la vie temporelle comme si l'immortalité était à portée de leur main. Dans la vie de ces mortels, on trouve une originalité valable et une spontanéité d'expression qui les classent définitivement à part de leurs compagnons n'ayant absorbé que la sagesse du monde. Les croyants paraissent vivre effectivement émancipés du harcèlement de la hâte et de la tension douloureuse des vicissitudes inhérentes aux courants du temps. Ils font montre d'une stabilité de personnalité et d'un calme de caractère que les lois de la physiologie, de la psychologie, et de la sociologie n'expliquent pas.
Le temps est invariablement un élément pour atteindre la connaissance. Par contre, la religion rend ses dons immédiatement accessibles, bien quelle laisse subsister le facteur important de la croissance en grâce, du progrès défini dans toutes les phases de l'expérience religieuse. La connaissance est une éternelle enquête; on apprend toujours, mais on n'est jamais capable d'arriver à la connaissance complète de la vérité absolue. La connaissance seule ne donne jamais une certitude absolue, mais seulement une probabilité approximative croissante. Par contre, l'âme religieuse spirituellement illuminée sait, et elle sait immédiatement. Cette certitude profonde et positive ne conduit cependant pas un croyant mentalement sain à prendre moins d'intérêt aux avances et aux reculs du progrès de la sagesse humaine, bornée dans le domaine matériel par les lents développements de la science.
Même les découvertes de la science ne sont pas vraiment réelles dans la conscience de l'expérience humaine avant d'être éclaircies et mises en corrélation, avant que leurs faits pertinents ne prennent une signification par leur mise en circuit dans les courants mentaux de la pensée. Les hommes observent même leur entourage physique depuis le niveau mental, selon la perspective de leur enregistrement psychologique. Il n'est donc pas étonnant que l'homme interprète l'univers d'une façon hautement unifiée, et cherche ensuite à identifier l'unité énergétique de sa science avec l'unité spirituelle de son expérience religieuse. La pensée est une unité; la conscience humaine vit sur le niveau mental et perçoit les réalités universelles par les yeux de ses facultés mentales. La perspective mentale ne révèle pas l'unité existentielle de la source des réalités, la Source-Centre Première, mais elle parvient quelquefois à décrire aux hommes la synthèse expérientielle de l'énergie, de la pensée, et de l'esprit sous l'aspect de l'Être Suprême. Toutefois, la pensée ne pourra jamais réussir à unifier la diversité de la réalité, à moins d'avoir solidement conscience des choses matérielles, des significations intellectuelles, et des valeurs spirituelles. Il n'y a unité que dans l'harmonie trine de la réalité fonctionnelle, et c'est seulement dans l'unité que l'on trouve la satisfaction personnelle de comprendre clairement la constance et la consistance cosmiques.
Dans l'expérience humaine, c'est par la philosophie que l'on trouve le plus facilement l'unité. Bien que le corps de doctrine philosophique doive toujours être fondé sur des faits matériels, la clairvoyance spirituelle des hommes est l'âme et l'énergie du vrai dynamisme philosophique.
L'homme évolutionnaire n'a pas de goût naturel pour les travaux pénibles. Dans la vie expérientielle, pour marcher de pair avec les exigences harcelantes et les besoins pressants d'une expérience religieuse grandissante, il faut une incessante activité dans la croissance spirituelle, l'expansion intellectuelle, le développement réel, et le service social. Il n'y a pas de véritable religion sans une personnalité très active c'est pourquoi les hommes les plus indolents cherchent souvent à échapper aux rigueurs des activités vraiment religieuses en se dupant ingénieusement eux-mêmes, en se retirant dans le faux abri de doctrines et de dogmes religieux stéréotypés. La vraie religion est vivante. La cristallisation intellectuelle des concepts religieux équivaut à la mort spirituelle. On ne peut concevoir une religion sans idées, mais une fois que la religion se trouve réduite simplement à une idée, elle cesse d'être une religion et devient une espèce de philosophie humaine.
Par ailleurs, d'autres types d'âmes instables et peu disciplinées cherchent à employer les idées sentimentales de la religion pour échapper aux exigences irritantes de la vie. Quand certains mortels vacillants et timides cherchent à fuir la pression incessante de la vie évolutionnaire, la religion telle qu'ils la conçoivent semble leur offrir le refuge le plus proche, la meilleure échappatoire. La mission de la religion consiste, au contraire, à préparer les hommes à faire face courageusement, et même héroïquement, aux vicissitudes de la vie. La religion est le don suprême des hommes évolutionnaires, la seule chose qui leur permette de persévérer et « de souffrir avec patience comme s'ils voyaient Celui qui est invisible ». Cependant, le mysticisme est souvent empreint d'une tendance à se retirer de la vie; il est embrassé par les humains qui n'apprécient pas les activités plus rudes d'une vie religieuse vécue dans les carrières ouvertes de la société et du commerce. La vraie religion se doit d'agir. La conduite résulte de la religion quand l'homme en a une, ou plutôt quand il permet à la religion de le posséder vraiment. La religion ne se satisfait jamais des pensées velléitaires et de ses sentiments passifs.
Nous voyons bien que la religion agit souvent d'une manière peu sage et même irréligieuse, mais elle agit. Des convictions religieuses aberrantes ont conduit à de sanglantes persécutions, mais la religion fait toujours quelque chose; elle est dynamique.
3. -- CONNAISSANCE, SAGESSE, ET CLAIRVOYANCE
Les carences intellectuelles et les insuffisances d'instruction sont inévitablement un handicap pour atteindre un niveau religieux supérieur, parce que l'ambiance de la nature spirituelle est appauvrie et dérobe à la religion son principal canal de contact philosophique avec le monde des connaissances scientifiques. Les facteurs intellectuels de la religion sont importants, mais il arrive aussi parfois que leur hypertrophie soit très gênante et embarrassante. La religion doit constamment travailler sous l'égide d'un paradoxe: la nécessité d'employer efficacement la pensée, tout en faisant peu de cas de l'utilité spirituelle des pensées.
Les spéculations religieuses sont inévitables, mais toujours nuisibles. La spéculation dénature invariablement son objet et tend à transformer la religion en quelque chose de matériel ou d'humaniste. Elle interfère ainsi directement avec la clarté de la pensée logique et fait apparaître la religion comme une fonction du monde matériel, le monde même avec lequel elle devrait éternellement former contraste. La religion sera donc toujours caractérisée par des paradoxes résultant de l'absence de la connexion expérientielle entre les niveaux matériels et spirituels de l'univers - de la mota morontielle, la sensibilité super-philosophique permettant de discerner la vérité et de percevoir l'unité.
Les sentiments matériels, les émotions humaines, conduisent directement à des actions matérielles, à des actes égoïstes. Les points de vue religieux, les motifs spirituels, conduisent directement à des actions religieuses, à des actes désintéressés de service social et de bienveillance altruiste.
Le désir religieux est une recherche assoiffée de la réalité divine. L'expérience religieuse est la conscience d'avoir trouvé Dieu. Quand un être humain trouve Dieu, le triomphe de sa découverte fait éprouver à son âme une effervescence tellement indescriptible qu'il est poussé à rechercher un affectueux contact de service avec ses compagnons moins éclairés. Il n'essaye pas de révéler qu'il a trouvé Dieu, mais plutôt d'utiliser le débordement de la bonté éternelle qui surgit dans son âme pour réconforter et consoler ses compagnons. La religion réelle même à un service social accru.
La science (la connaissance) conduit à la conscience des faits; la religion (l'expérience) conduit à la conscience des valeurs; la philosophie (la sagesse) conduit à coordonner la conscience. La révélation (qui remplace sur terre la mota morontielle) conduit à la conscience de la vraie réalité. La coordination de la conscience des faits, des valeurs, et de la vraie réalité constitue la conscience réelle de la personnalité, le maximum de l'être, ainsi que la croyance à la possibilité de survie de cette même personnalité.
La connaissance amène à donner un rang aux hommes, à faire naître des classes sociales et des castes. La religion conduit à servir les hommes et à créer ainsi la morale et l'altruisme. La sagesse conduit à une meilleure et plus haute communion d'idées et de personnes. La révélation affranchit les hommes et les lance dans l'aventure éternelle.
La science sélectionne les hommes; la religion vous amène à aimer les hommes autant que vous vous aimez vous-même; la sagesse fait justice aux hommes qui ne sont pas d'accord; mais la révélation glorifie les hommes et révèle leur aptitude à s'associer à Dieu.
La science s'efforce vainement de créer une confraternité de culture. La religion amène à l'existence la fraternité d'esprit. La philosophie recherche la fraternité de sagesse; la révélation dépeint la confraternité éternelle, le Corps Paradisiaque de la Finalité.
La connaissance fait naître de l'orgueil chez la personnalité; la sagesse est la conscience de la signification de la personnalité; la religion est l'expérience qui fait connaître la valeur de la personnalité; la révélation est la certitude de la survie de la personnalité.
La science cherche à identifier, à analyser, et à classifier les parties fractionnées du cosmos illimité. La religion saisit l'idée-du-tout, l'ensemble du cosmos. La philosophie essaye d'identifier les segments matériels de la science avec le concept de clairvoyance spirituelle du tout. Sur les points où la philosophie échoue dans cette tentative, la révélation réussit en affirmant que le cercle cosmique est universel, éternel, absolu, et infini. Le cosmos de l'Infini JE SUIS est donc sans fin, sans bornes, et incluant tout -- éternel, illimité et inconditionné. Nous rendons témoignage que l'Infini JE SUIS est aussi le Père de Micaël de Nébadon et le Dieu du salut humain.
La science montre la Déité comme un fait; la philosophie présente l'idée d'un Absolu; la religion envisage Dieu comme une personnalité spirituelle aimante. La révélation affirme qu'il y a unité entre le fait de la Déité, l'idée de l'Absolu, et la personnalité spirituelle de Dieu; de plus, elle présente ce concept -- le fait universel de l'existence, l'idée éternelle de la pensée, et l'esprit infini de la vie -- comme étant notre Père.
La poursuite de la connaissance constitue la science; la recherche de la sagesse est la philosophie; l'amour pour Dieu est la religion; la soif de vérité est une révélation; mais c'est l'Ajusteur de Pensée intérieur qui attache le sentiment de réalité à la clairvoyance spirituelle des hommes dans le cosmos.
En science, l'idée précède l'expression de sa réalisation; en religion, l'expérience de la réalisation précède l'expression de l'idée. Il y a une immense différence entre la volonté-de-croire évolutionnaire, le produit de la raison éclairée, la clairvoyance religieuse d'une part, et la révélation -- la volonté qui croit -- d'autre part.
Dans l'évolution, la religion amène souvent les hommes à créer leur concept de Dieu. La révélation montre le phénomène des hommes de Dieu évoluant d'eux-mêmes, tandis que dans la vie terrestre de Christ Micaël nous voyons le phénomène de Dieu se révélant lui-même aux hommes. L'évolution tend à faire ressembler Dieu à l'homme; la révélation tend à faire ressembler l'homme à Dieu.
La science n'est satisfaite que par les causes premières, la religion par la personnalité suprême, et la philosophie par l'unité. La révélation affirme que les trois sont unifiées et que toutes sont bonnes. L'éternel réel est le bien de l'univers, et non les illusions temporelles du mal spatial. Dans l'expérience spirituelle de toutes les personnalités, on constate toujours que le bien est le réel et que le réel est le bien.
4. -- LE FAIT DE L'EXPÉRIENCE
En raison de la présence de l'Ajusteur de Pensée dans votre organe de pensée, il n'est pas plus mystérieux pour vous de connaître la pensée de Dieu que d'être sûr que vous êtes conscient de connaître toute autre pensée, humaine ou surhumaine. La religion et la conscience sociale ont ceci de commun: elles sont toutes deux fondées sur la conscience de la mentalité d'autrui. La technique par laquelle vous pouvez accepter comme votre l'idée d'un autre est la même qui vous permet de « laisser la pensée qui était en Christ être aussi en vous » (1).
(1) Voir Galates IV-6.
Qu'est-ce que l'expérience humaine? C'est simplement la réaction d'une personnalité active et interrogatrice envers toute autre réalité active et extérieure. Le poids de l'expérience est déterminé par la profondeur des concepts, plus la reconnaissance totale de la réalité extérieure. Le mouvement de l'expérience est égal à la force de l'imagination en expectative, plus l'intensité de la découverte sensorielle des qualités externes de la réalité contactée. Le fait de l'expérience se trouve dans la conscience de soi et de l'existence d'autrui -- autres choses, autres mentalités, autre spiritualité.
L'homme devient très tôt conscient qu'il n'est seul ni dans le monde ni dans l'univers. Une conscience naturelle de la pensée d'autrui se développe spontanément autour de l'égocentrisme. La foi transforme cette expérience naturelle, en religion, en récognition de Dieu comme réalité -- source, nature, et destinée -- de la pensée d'autrui, mais cette connaissance est toujours une expérience personnelle. Si Dieu n'était pas une personnalité, il ne pourrait devenir une partie vivante de l'expérience religieuse réelle d'une personnalité humaine.
L'élément d'erreur présent dans l'expérience religieuse d'un homme est directement proportionnel au contenu de matérialisme qui souille son concept spirituel du Père Universel. La progression pré-spirituelle de l'homme dans l'univers consiste à se débarrasser de ses idées erronées sur la nature de Dieu et sur la réalité du pur et véritable esprit. La Déité est plus que l'esprit, mais la technique spirituelle est la seule possible pour les ascendeurs.
La prière fait assurément partie de l'expérience religieuse, mais les religions modernes ont mis à tort l'accent sur elle, au détriment de la communion d'adoration qui est plus essentielle. Le pouvoir réflectif de la pensée s'approfondit et s'élargit par l'adoration. La prière peut enrichir la vie, mais l'adoration éclaire la destinée.
La religion révélée est l'élément unificateur de l'existence humaine. La révélation unifie l'histoire, coordonne la géologie, l'astronomie, la physique, la chimie, la biologie, la sociologie, et la psychologie. L'expérience spirituelle est vraiment l'âme du cosmos de l'homme.
5. -- LA SUPRÉMATIE DU POTENTIEL D'INTENTION
Bien que l'établissement du fait de la croyance n'équivaille pas à établir le fait de ce qui est cru, la progression évolutionnaire de la vie simple jusqu'au statut de personnalité démontre pour commencer l'existence du potentiel de personnalité. Dans les univers du temps, le potentiel a toujours la suprématie sur le manifeste. Dans le cosmos en évolution, le potentiel représente ce qui va exister, et ce qui va exister est le développement des décisions préméditées de la Déité.
La même suprématie des intentions apparaît dans l'évolution de l'idéation mentale quand la peur animale primitive se transmue en un respect constamment plus profond de Dieu et en une humilité croissante devant l'univers. L'homme primitif avait plus de crainte religieuse que de foi. La suprématie des potentiels spirituels sur les réalités mentales est démontrée par la transformation de cette frayeur enfantine en foi vivante dans les réalités spirituelles.
On peut faire l'analyse psychologique de la religion évolutionnaire, mais non celle de la religion d'origine spirituelle vécue personnellement. La morale humaine peut reconnaître des valeurs, mais seule la religion peut les conserver, les exalter, et les spiritualiser. Malgré cela, la religion est quelque chose de plus qu'une moralité rendue sentimentale. La religion se situe par rapport à la moralité comme l'amour par rapport au devoir, comme la filiation par rapport à la servitude, comme l'essence par rapport à la substance. La moralité révèle un Contrôleur tout-puissant, une Déité à servir; la religion révèle un Père tout-aimant, un Dieu à adorer et à aimer. A nouveau cela tient à ce que le potentiel spirituel de la religion domine la réalité des devoirs de la moralité évolutionnaire.
6. -- LA CERTITUDE DE LA FOI RELIGIEUSE
L'élimination de la crainte religieuse par la philosophie, et les progrès continus de la science contribuent sérieusement à la mortalité des faux dieux. Même si la disparition de ces déités créées par les hommes obscurcit momentanément la pensée spirituelle, elle détruit en fin de compte l'ignorance et la superstition qui ont si longtemps voilé le Dieu vivant de l'amour éternel. La relation entre la créature et le Créateur est une expérience, vivante, une foi religieuse dynamique, qui n'est pas sujette à une définition précise. Isoler une partie de la vie et l'appeler religion, c'est désintégrer la vie et défigurer la religion. C'est justement pourquoi le Dieu d'adoration réclame une fidélité totale, et à défaut ne demande rien.
Les dieux des hommes primitifs n'ont peut-être pas été plus que les ombres de ces hommes. Le Dieu vivant est la lumière divine dont les interceptions constituent les ombres de la création dans tout l'espace.
Le croyant qui atteint la philosophie a foi en un Dieu personnel de salut personnel, en quelque chose de plus qu'une réalité, une valeur, un niveau d'accomplissement, un processus supérieur, une transmutation, l'ultime de l'espace-temps, une idéalisation, la personnalisation de l'énergie, l'entité de la gravitation, une projection humaine, l'idéalisation de soi, la pression élévatrice de la nature, le penchant à la bonté, la poussée en avant de l'évolution, ou une hypothèse sublime. Le croyant a foi en un Dieu d'amour. L'amour est l'essence de la religion et la source vive des civilisations supérieures.
Dans l'expérience religieuse personnelle, la foi transforme le Dieu de la probabilité philosophique en un Dieu de salut certain. Le scepticisme peut défier les théories de la théologie, mais la conviction que l'on peut se lier à l'expérience personnelle affirme la vérité des croyances qui ont grandi jusqu'à la foi.
On peut arriver à des convictions sur Dieu par de sages raisonnements, mais on n'apprend individuellement à connaître Dieu que par la foi, par l'expérience personnelle. Dans beaucoup de circonstances de la vie il faut tenir compte des probabilités, mais dans le contact avec les réalités cosmiques on peut éprouver des certitudes quand on aborde leurs significations et leurs valeurs à l'aide d'une foi vivante. Une âme qui connaît Dieu ose dire « je sais », même quand sa connaissance de Dieu est contestée par un incroyant qui nie cette certitude parce quelle n'est pas entièrement étayée par la logique intellectuelle. Le croyant se borne à répliquer à l'incroyant: «Comment savez-vous que je ne sais pas? »
Bien que la raison puisse toujours mettre la foi en doute, la foi peut toujours compléter aussi bien la raison que la logique. La raison crée une probabilité que la foi peut transformer en certitude morale, et même en expérience spirituelle. Dieu est la première vérité et le dernier fait, et c'est pourquoi toute vérité prend origine en lui, tandis que tous les faits existent relativement à lui. Dieu est la vérité absolue. On peut connaître Dieu en tant que vérité, mais pour le comprendre -- pour l'expliquer -- il faut explorer le fait de l'univers des univers. L'immense abîme entre l'expérience de la vérité de Dieu et l'ignorance du fait de Dieu ne peut être comblé que par une foi vivante. La raison seule ne peut établir l'harmonie entre la vérité infinie et le fait universel.
La croyance peut se révéler incapable de résister au doute et de supporter la peur, mais la foi triomphe toujours du doute, car elle est à la fois positive et vivante. Le positif a toujours l'avantage sur le négatif, la vérité sur l'erreur, l'expérience sur la théorie, les réalités spirituelles sur les faits de l'espace et du temps. La preuve convaincante de la certitude spirituelle réside dans les fruits sociaux de l'esprit que les croyants, hommes de foi, produisent à la suite de leur expérience spirituelle authentique. Jésus a dit: « Si vous aimez votre prochain comme je vous ai aimés, alors tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples » (1).
(1) Jean XIII-34 et 35.
Pour la science, Dieu est une possibilité; pour la psychologie, il est une chose désirable; pour la philosophie, il est une probabilité; pour la religion, il est une certitude, la réalité de l'expérience religieuse. La raison exige qu'une philosophie incapable de trouver le Dieu de la probabilité soit très respectueuse de la foi religieuse qui peut trouver le Dieu de la certitude et y parvient. La science ne devrait pas non plus dédaigner l'expérience religieuse en invoquant la crédulité, au moins tant que la science persiste à supposer que les dons intellectuels et philosophiques de l'homme sont issus d'intelligences d'autant moindres que l'on s'éloigne davantage dans le passé, et finalement que ces dons ont pris origine dans la vie primitive qui était totalement dépourvue de pensée et de sentiment.
Il ne faut pas dresser les faits de l'évolution contre la vérité que l'expérience spirituelle de la vie religieuse d'un mortel connaissant Dieu est une réalité et une certitude. Les hommes intelligents devraient cesser de raisonner comme des enfants et essayer d'employer la logique conséquente des adultes, logique qui tolère le concept de la vérité en même temps que l'observation des faits. Le matérialisme scientifique fait faillite quand il persiste, en face de chaque phénomène universel récurrent, à réfuter les objections courantes en rattachant ce qui est reconnu comme supérieur à ce qui est reconnu comme inférieur. La logique exige que l'on reconnaisse les activités d'un Créateur ayant un dessein.
L'évolution organique est un fait. L'évolution motivée ou progressive est une vérité qui rend logiques les phénomènes, par ailleurs contradictoires, des accomplissements toujours ascendants de l'évolution. Plus un savant progresse dans la science qu'il a choisie, plus il abandonne les théories matérialistes des faits en faveur de la vérité cosmique -- la domination de la Pensée Suprême. Le matérialisme déprécie la vie humaine; l'évangile de Jésus rehausse prodigieusement tous les mortels et les élève au ciel. Il faut se représenter l'existence humaine comme une expérience mystérieuse et fascinante, où l'on réalise la rencontre entre l'homme tendant la main vers le haut et la divinité lui tendant vers le bas la main secourable du salut.
7. -- LA CERTITUDE DU DIVIN
Dès lors que le Père Universel existe par lui-même, il s'explique aussi par lui-même; il vit réellement chez tout être humain doué de raison. On ne peut être certain de Dieu à moins de le connaître; la filiation est la seule expérience qui rende certaine la paternité. L'univers subit partout des modifications. Un univers changeant est un univers influencé; cette création ne peut être ni finale ni absolue. Un univers fini dépend entièrement de l'Ultime et de l'Absolu. L'univers et Dieu ne sont pas identiques; l'un est l'effet et l'autre la cause. La cause est absolue, infinie, éternelle, et invariante. L'effet est temporel-spatial et transcendantal, mais toujours changeant, toujours croissant.
Dieu est la seule et unique réalité de l'univers qui soit causée par elle-même. Il est le secret de l'ordre, du plan, et du dessein de toute la création des choses et des êtres. L'univers partout changeant est réglé et stabilisé par des lois absolument invariables, les habitudes d'un Dieu invariant. Le fait de Dieu, la loi divine, ne change pas. La vérité de Dieu, sa relation avec l'univers, est une révélation relative toujours adaptable à l'univers en constante évolution.
Quiconque voudrait inventer une religion sans Dieu ressemble à ceux qui voudraient récolter des fruits sans arbres ou avoir des enfants sans parents. On ne peut obtenir d'effets sans causes, et seul le JE SUIS est sans cause. Le fait de l'expérience religieuse implique Dieu, et un Dieu d'expérience personnelle doit être une Déité personnelle. On ne peut adresser une prière à une formule chimique, supplier une équation mathématique, adorer une hypothèse, se confier à un postulat, communier avec un processus, servir une abstraction, ou entretenir une camaraderie affectueuse avec une loi.
Il est vrai que beaucoup de traits apparemment religieux peuvent provenir de bases non religieuses. Un homme peut nier Dieu intellectuellement et cependant être moralement bon, loyal, filial, honnête, et même idéaliste. L'homme peut greffer beaucoup de branches purement humanistes sur sa nature spirituelle fondamentale, et donner ainsi l'apparence de prouver ses affirmations au sujet d'une religion athée, mais cette expérience est dépourvue de valeurs de survie, de connaissance de Dieu, et de tendance à monter vers Dieu; elle ne produit que des fruits sociaux et non-spirituels. La greffe détermine la nature du fruit, bien que la subsistance vivante soit tirée des racines de la divine dotation originelle de pensée et d'esprit.
La marque intellectuelle particulière de la religion est la certitude; sa caractéristique philosophique est la consistance; ses fruits sociaux sont l'amour et le service.
L'individu qui connaît Dieu n'est pas aveugle aux difficultés ni oublieux des obstacles qui barrent la route pour trouver Dieu dans le dédale des superstitions, des traditions, et des tendances matérialistes des temps modernes. Il a rencontré toutes ces menaces et les a vaincues; il en a triomphé par une foi vivante et a atteint malgré elles les hautes terres de l'expérience spirituelle. Il est vrai que beaucoup de personnes sûres de l'existence de Dieu ont peur d'affirmer leurs sentiments de certitude, à cause de la multiplicité et de l'habileté de ceux qui assemblent des objections et grossissent les obstacles à la croyance en Dieu. Il ne faut pas être grand clerc pour repérer des points faibles, poser des questions, ou soulever des objections. Par contre, il faut une pensée brillante pour répondre à ces questions et résoudre ces difficultés; la certitude de la foi est la meilleure technique pour traiter toutes ces affirmations superficielles.
Si la science, la philosophie, ou la sociologie osaient devenir dogmatiques en s'opposant aux prophètes de la vraie religion, alors les hommes connaissant Dieu devraient répliquer à ce dogmatisme injustifié par le dogmatisme plus profond de la certitude provenant de l'expérience spirituelle personnelle: « Je sais ce que j'ai expérimenté parce que je suis un fils du JE SUIS ». Si l'expérience personnelle d'un fidèle du Père expérimentable devait être contestée par un dogme, ce fils né de la foi pourrait répondre par le dogme irrécusable affirmant sa filiation réelle avec le Père Universel.
Seule une réalité inconditionnelle, un absolu, peut se permettre d'être uniformément dogmatique. Ceux qui affectent le dogmatisme, s'ils sont logiques, seront tôt ou tard jetés dans l'emprise de l'énergie absolue, de la vérité universelle, et de l'amour infini.
Si quelqu'un aborde sans religion la réalité cosmique en prétendant contester la certitude de la foi sous prétexte que son statut n'est pas prouvé, alors celui qui a l'expérience de l'esprit peut aussi contester dogmatiquement les faits de la science et les croyances de la philosophie en disant qu'ils ne sont pas non plus prouvés, qu'ils sont également des expériences dans la conscience du savant ou du philosophe.
Dieu est la plus inéluctable de toutes les présences, le plus réel de tous les faits, la plus vivante de toutes les vérités, le plus aimant de tous les amis, la plus divine de toutes les valeurs. Nous avons le droit de dire qu'il est la plus certaine de toutes les expériences de l'univers.
8. -- LES PREUVES DE LA RELIGION
La meilleure preuve de la réalité et de l'efficacité de la religion consiste dans le fait de l'expérience humaine. Voici des hommes naturellement craintifs et soupçonneux, doués par naissance d'un fort instinct de conservation, et ardemment désireux de survivre à la mort; ils acceptent pleinement de confier les plus profonds intérêts de leur présent et de leur avenir à la garde et à la direction du pouvoir et de la personne que leur foi appelle Dieu. Telle est l'unique vérité centrale de toute religion. Quant à ce que le pouvoir ou la personne exige de l'homme en échange de cette garde et de ce salut final, il n'y a pas deux religions qui soient d'accord; en fait elles sont toutes plus ou moins en désaccord.
Pour situer le statut d'une religion sur l'échelle évolutionnaire, le mieux est de l'estimer d'après ses jugements moraux et ses critères éthiques. Plus un type de religion est élevé, plus il encourage et plus il est encouragé par une moralité sociale et une culture éthique en constant progrès. Nous ne pouvons juger une religion par le statut de la civilisation qui l'accompagne; nous ferions mieux d'apprécier la vraie nature d'une civilisation d'après la pureté et la noblesse de sa religion. Beaucoup d'éducateurs religieux parmi les plus remarquables du monde furent virtuellement des illettrés. La sagesse du monde n'est pas nécessaire pour manifester une foi rédemptrice dans les réalités éternelles.
Les différences entre les religions des diverses époques dépendent entièrement de la manière variée dont les hommes comprennent la réalité et reconnaissent les valeurs morales, les relations éthiques, et les réalités spirituelles.
La morale est l'éternel miroir social ou racial qui reflète fidèlement les progrès, par ailleurs inobservables, des développements internes spirituels et religieux. L'homme a toujours pensé à Dieu dans les termes de ce qu'il connaissait de meilleur, de ses idées les plus profondes et de ses idéaux les plus élevés. Même la religion historique a toujours créé ses conceptions de Dieu en partant des plus hautes valeurs reconnues. Toute créature intelligente donne le nom de Dieu à ce quelle connaît de meilleur et de plus élevé.
Quand on la résume en termes de raison et d'expression intellectuelle, la religion a toujours osé critiquer la civilisation et le progrès évolutionnaire en les jugeant d'après ses propres critères de culture éthique et de progrès moral.
Bien que la religion personnelle précède l'évolution de la morale humaine, on constate avec regret que la religion institutionnelle est invariablement restée à la traîne des moeurs, lentement changeantes, des races humaines. La religion organisée s'est montrée retardataire par conservatisme. Les prophètes ont généralement guidé les peuples dans le développement religieux; les théologiens les ont généralement freinés. La religion, étant une affaire d'expérience intérieure ou personnelle, ne peut jamais anticiper beaucoup sur l'évolution intellectuelle des races.
La religion n'est jamais rehaussée par un appel à de soi-disant miracles. La recherche des miracles est un recul vers les religions primitives de magie. La vraie religion n'a rien à faire avec de prétendus miracles, et la religion révélée ne fait jamais appel à des miracles pour asseoir son autorité. La religion est toujours enracinée et fondée sur l'expérience personnelle. Votre religion la plus élevée, la vie de Jésus, fut précisément une expérience personnelle: d'une part l'homme, le mortel, cherchant Dieu et le trouvant dans sa plénitude au cours d'une brève incarnation, et d'autre part, dans la même expérience, Dieu cherchant l'homme et le trouvant, à la pleine satisfaction de l'âme parfaite de suprématie infinie. Voilà la religion, la plus élevée qui ait été révélée jusqu'ici dans l'univers de Nébadon -- la vie terrestre de Jésus de Nazareth.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
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LA NATURE RÉELLE DE LA RELIGION
LA religion en tant qu'expérience humaine s'étend depuis l'esclavage primitif de la peur, chez les sauvages en évolution, jusqu'à la sublime et magnifique liberté de la foi chez les mortels civilisés splendidement conscients de leur filiation avec le Dieu éternel.
La religion est l'ancêtre de l'éthique et de la morale supérieures de l'évolution sociale progressive. La religion par elle-même n'est pas simplement un mouvement moral, bien que ses manifestations extérieures et sociales soient puissamment influencées par la force vive éthique et morale de la société humaine. La religion est toujours l'inspiratrice de la nature évoluante des hommes, mais n'est pas le secret de leur évolution.
La religion, la foi-conviction personnelle, peut toujours triompher de la logique contradictoire et superficielle du désespoir née dans la pensée matérielle incroyante. Il existe une voix intérieure véritable et authentique, « la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde » (1). Cette gouverne spirituelle est distincte des incitations morales de la conscience humaine. L'assurance religieuse est plus qu'un sentiment. La certitude donnée par la religion transcende la raison mentale et même la logique philosophique. La religion est la foi, la confiance, et l'assurance.
(1) Jean I-9.
1. -- LA VRAIE RELIGION
La vraie religion n'est pas un système de croyances philosophiques qui puisse être déduit par raisonnement et démontré par des preuves naturelles. Elle n'est pas non plus une expérience fantastique et mystique de sentiments d'extase indescriptibles, dont seuls peuvent bénéficier les romantiques dévots du mysticisme. La religion n'est pas le produit de la raison mais, vue de l'intérieur, elle est entièrement raisonnable. La religion ne dérive pas de la logique de la philosophie humaine mais, en tant qu'expérience des mortels, elle est entièrement logique. La religion est l'expérimentation de la divinité dans la conscience d'un être moral d'origine évolutionnaire. Elle représente une véritable expérience, avec des réalités éternelles dans le temps, et la réalisation de satisfactions spirituelles durant l'incarnation.
L'Ajusteur de Pensée n'a pas de mécanisme spécial lui permettant de s'exprimer personnellement. Nulle faculté religieuse mystique n'existe pour recevoir ou exprimer des émotions religieuses. Ces expériences sont rendues accessibles par le mécanisme naturellement approprié de la pensée humaine, d'où une explication de la difficulté que rencontre l'Ajusteur à entrer en communication directe avec la pensée matérielle qu'il habite constamment.
L'esprit divin établit le contact avec les hommes non par des sentiments ou des émotions, mais dans le royaume de la pensée la plus élevée et la plus spiritualisée. Ce sont vos pensées et non vos sentiments qui vous conduisent vers Dieu. C'est seulement avec la vue de la pensée que l'on peut percevoir la nature divine. La pensée pure est celle qui discerne réellement Dieu, qui entend l'Ajusteur intérieur. « Sans sainteté, nul ne peut voir le Seigneur ». Toute communion intérieure et spirituelle de cet ordre s'appelle clairvoyance spirituelle. Les expériences religieuses résultent de l'impression faite sur la pensée humaine par les opérations conjuguées de l'Ajusteur de Pensée et de l,Esprit de Vérité pendant qu'ils agissent sur les idées, les idéaux, les aperçus, et les efforts spirituels des fils évolutionnaires de Dieu.
La religion prospère donc non par la vue et les sentiments, mais plutôt par la foi et la clairvoyance. Elle ne consiste ni dans la découverte de faits nouveaux, ni dans la rencontre d'une expérience extraordinaire; elle consiste plutôt à trouver de nouvelles significations spirituelles dans des faits déjà bien connus de l'humanité. La plus haute expérience religieuse ne dépend pas d'actes préalables de foi, de tradition, et d'autorité; elle n'est pas non plus issue de sentiments sublimes ou d'émotions purement mystiques. Elle est plutôt une expérience profondément grave et réelle de communion d'esprit avec les influences spirituelles qui résident dans la pensée humaine. Dans la mesure où l'on peut définir cette expérience en termes de psychologie, elle consiste simplement à savoir expérimentalement que la croyance en Dieu est réellement une expérience purement personnelle.
Bien que la religion ne soit pas le produit des spéculations rationalistes d'une cosmologie matérielle, elle est néanmoins le produit d'une clairvoyance entièrement rationnelle issue de l'expérience mentale des hommes. La religion ne naît ni de méditations mystiques ni de contemplations solitaires, bien quelle soit toujours plus ou moins mystérieuse, indéfinissable, et inexplicable en termes de raison purement intellectuelle et de logique philosophique. Les germes de la vraie religion ont leur origine dans le domaine de la conscience morale des hommes et se révèlent par la croissance de la clairvoyance spirituelle; cette faculté de la personnalité humaine résulte de la présence de l'Ajusteur de Pensée révélateur de Dieu dans la pensée humaine assoiffée de Dieu.
La foi unit la perspicacité morale à la discrimination consciencieuse des valeurs; le sens évolutionnaire préexistant du devoir complète le tableau ancestral de la vraie religion. L'expérience de la religion se traduit finalement par la certitude consciente que Dieu existe et par l'assurance indubitable que le croyant survivra.
On voit ainsi que les désirs religieux et les besoins spirituels ne se bornent pas simplement à conduire l'humanité à avoir envie de croire en Dieu; leur nature et leur puissance ont plutôt pour effet d'inculquer profondément aux hommes la conviction qu'ils devraient croire en Dieu. Le sens du devoir évolutionnaire et les obligations découlant de l'illumination révélatrice font une impression si profonde sur la nature morale des hommes qu'ils en arrivent finalement à une attitude de pensée et à un comportement d'âme où ils concluent qu'ils n'ont pas le droit de ne pas croire en Dieu. La sagesse supérieure et supra-philosophique des individus éclairés et disciplinés leur apporte l'enseignement ultime que, s'ils doutent de Dieu ou n'ont pas confiance en sa bonté, ils sont infidèles à l'élément le plus réel et le plus profond de la pensée et de l'âme des hommes -- l'Ajusteur divin.
2. -- LE FAIT DE LA RELIGION
Le fait de la religion consiste entièrement dans l'expérience religieuse des êtres humains raisonnables et ordinaires. C'est le seul sens dans lequel la religion puisse jamais être considérée comme scientifique ou même psychologique. La même expérience humaine prouve que la révélation est authentique. Le fait est que la révélation synthétise les sciences naturelles et la théologie religieuse, apparemment divergentes, en une philosophie universelle logique et consistante, en une explication coordonnée et sans hiatus de la science et de la religion. Cette synthèse crée une harmonie de pensée et une satisfaction d'esprit qui répondent par l'expérience aux questions de la pensée humaine ardemment désireuse de savoir comment l'Infini met à exécution sa volonté et ses plans, dans la matière, avec la pensée, et sur l'esprit.
La raison est la méthode de la science la foi est la méthode de la religion; la logique est la technique d'essai de la philosophie. La révélation compense l'absence du point de vue morontiel en fournissant une technique pour arriver, par la méditation mentale, à unifier la compréhension de la réalité et les relations entre la matière et l'esprit. La vraie révélation n'est jamais contraire à la science; elle ne rend ni la religion déraisonnable, ni la philosophie illogique.
Par l'étude de la science, la raison peut ramener à une Cause Première grâce à la nature, mais il faut une foi religieuse pour transformer la Cause Première de la science en un Dieu de salut; en outre, la révélation est nécessaire pour valider cette foi, cette clairvoyance spirituelle.
Il y a deux raisons fondamentales pour croire en un Dieu qui entretient la survie humaine:
| 1. L'expérience humaine, l'assurance personnelle, la foi et la confiance mystérieusement enregistrées après avoir été déclenchées par l'Ajusteur de Pensée intérieur. |
| 2. La révélation de la vérité, soit par le ministère personnel direct de l'Esprit de Vérité, soit par l'effusion de Fils divins sur le monde, soit par la révélation des Écritures. |
Les recherches de la science par la raison aboutissent à l'hypothèse d'une Cause Première. La religion n'interrompt pas sa propre envolée de foi avant d'être sûre de l'existence d'un Dieu de salut. Les études scientifiques discriminatoires suggèrent logiquement la réalité et l'existence d'un Absolu. La religion croit sans réserve à l'existence et à la réalité d'un Dieu qui entretient la survie de la personnalité. Là où à métaphysique échoue totalement et où la philosophie elle-même échoue partiellement, la révélation réussit: elle affirme que la Cause Première de la science et le Dieu de salut de la religion ne sont qu'une seule et même Déité.
La raison est la preuve de la science, la foi est la preuve de la religion, la logique est la preuve de la philosophie, mais la révélation n'est validée. que par l'expérience humaine. La science apporte la connaissance, la religion apporte le bonheur, la philosophie apporte l'unité, et la révélation confirme l'harmonie expérientielle de cette approche trinitaire de la réalité universelle.
La contemplation de la nature ne peut révéler qu'un Dieu de la nature, un Dieu de mouvement. La nature ne fait voir que la matière, le mouvement, et l'animation -- la vie. Sous certaines conditions, la matière additionnée d'énergie se manifeste sous des formes vivantes, mais alors que la vie naturelle est un phénomène relativement continu, elle reste entièrement transitoire pour les individus. La nature ne fournit pas de base à une croyance logique en la survie de la personnalité humaine. L'homme religieux qui trouve Dieu dans la nature l'a déjà et d'abord trouvé personnellement dans sa propre âme.
La foi révèle Dieu dans l'âme. La révélation, substitut de la clairvoyance morontielle sur les mondes évolutionnaires, permet aux hommes de voir dans la nature le même Dieu que la foi a déployé dans leur âme. La révélation réussit ainsi à jeter un pont par dessus l'abîme entre le matériel et le spirituel, et même entre la créature et le Créateur, entre l'homme et Dieu.
La contemplation de la nature fait conclure logiquement à l'existence d'une gouverne intelligente et même d'une supervision vivante, mais elle ne révèle d'aucune manière satisfaisante un Dieu personnel. D'autre part, il n'y a rien dans la nature qui empêche de considérer l'univers comme l'oeuvre du Dieu de la religion. On ne peut trouver Dieu par la nature seule, mais une fois qu'on l'a trouvé autrement, l'étude de la nature devient entièrement compatible avec une interprétation plus élevée et plus spirituelle de l'univers.
La révélation en tant que phénomène historique est périodique; en tant qu'expérience humaine personnelle, elle est continue. La divinité opère dans la personnalité humaine comme don de l'Ajusteur par le Père, comme Esprit de Vérité du Fils, et comme Saint-Esprit de l'Esprit-Mère de l'univers local, et ces trois dotations supra-mortelles sont unifiées en tant que ministère de Dieu le Suprême dans l'évolution expérientielle des hommes.
La vraie religion est un aperçu de la réalité, provenant de la conscience morale par la foi, et non un simple assentiment intellectuel à un corps de doctrines dogmatiques. La vraie religion consiste à éprouver que « l'Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes des enfants de Dieu» (1). La religion ne consiste pas en des propositions théologiques, mais dans la clairvoyance spirituelle et la sublimité de la confiance de l'âme.
(1) Romains VIII-16.
Votre nature la plus profonde -- l'Ajusteur divin -- crée en vous une faim et une soif de droiture, un certain désir de perfection divine. La religion est l'acte de foi par lequel on reconnaît ce besoin intérieur d'accomplissement divin. Ainsi naissent la confiance et l'assurance de l'âme; on devient conscient qu'elles sont le chemin du salut, la technique pour faire survivre la personnalité et toutes les valeurs considérées comme vraies et bonnes.
L'expérience de la religion n'a jamais dépendu et ne dépendra jamais d'un grand savoir ou d'une logique habile. Elle est la clairvoyance spirituelle, et c'est précisément pourquoi certains des plus grands éducateurs religieux, et même les prophètes, ont parfois possédé si peu de la sagesse du monde. L'accession à la foi religieuse ne dépend pas du degré d'instruction.
La religion doit toujours être son propre critique et son propre juge; elle ne peut jamais être constatée, et encore bien moins comprise, de l'extérieur. Votre seule assurance d'un Dieu personnel consiste en votre propre clairvoyance sur votre croyance et votre expérience des choses spirituelles. Pour tous vos compagnons qui ont eu une expérience semblable, nul argument sur la personnalité ou la réalité de Dieu n'est nécessaire, tandis que pour tous les autres hommes qui n'ont pas cette certitude de Dieu, aucun argument ne peut jamais être vraiment convaincant.
La psychologie peut assurément essayer d'étudier le phénomène des réactions religieuses envers l'entourage social, mais jamais elle ne peut espérer pénétrer les mobiles intérieurs et réels ni le fonctionnement de la religion. Seule la théologie, domaine de la foi et technique de la révélation, peut rendre compte intelligemment de la nature et du contenu de l'expérience religieuse.
3. -- LES CARACTÉRISTIQUES DE LA RELIGION
La religion est tellement vitale quelle persiste en l'absence de savoir. Elle vit, même si elle est faussée par des cosmologies erronées et des philosophies inexactes. Elle survit même à la déconfiture de la métaphysique. À travers toutes les vicissitudes historiques de la religion, la conscience éthique et la conscience morale indispensables au progrès et à la survie des hommes ont toujours persisté.
La clairvoyance de la foi, ou intuition spirituelle, est la dotation conjointe de la pensée cosmique et de l'Ajusteur de Pensée, ce dernier étant le don du Père aux hommes. La raison spirituelle, ou intelligence de l'âme, est la dotation du Saint-Esprit le don de l'Esprit Créatif aux hommes. La philosophie spirituelle, ou sagesse des réalités spirituelles, est la dotation de l'Esprit de Vérité, le don conjugué des Fils d'effusion aux enfants des hommes. La coordination et l'association de ces dotations spirituelles assurent à l'homme une destinée potentielle de personnalité spirituelle.
La conservation par l'Ajusteur de cette même personnalité spirituelle sous une forme primitive et embryonnaire survit à la mort naturelle de son sujet humain. L'entité composite d'origine spirituelle associée à une expérience humaine est rendue capable de survivre (conservée par l'Ajusteur) à la dissolution de la personne mentale et matérielle. Elle y parvient au moyen du chemin vivant fourni par les Fils divins quand l'association temporaire du matériel et du spirituel est rompue par la cessation du mouvement vital.
Par la foi religieuse, l'âme de l'homme se révèle et démontre la divinité potentielle de sa nature émergente par la manière caractéristique dont elle incite la personnalité mortelle à réagir à certaines situations intellectuellement et socialement éprouvantes. La foi spirituelle authentique (la vraie conscience morale) se révèle en ceci:
| 1. Elle fait progresser l'éthique et la morale malgré les tendances animales inhérentes et adverses. |
| 2. Elle produit une sublime confiance dans la bonté de Dieu, même en face de déceptions amères et de défaites écrasantes. |
| 3. Elle engendre une confiance et un courage profonds malgré l'adversité naturelle et les calamités physiques. |
| 4. Elle fait preuve d'une stabilité inexplicable et d'une tranquillité fortifiante, en dépit de maladies déconcertantes et même de souffrances physiques aiguës. |
| 5. Elle préserve mystérieusement l'équilibre et le sang-froid de la personnalité en face des mauvais traitements et des plus flagrantes injustices. |
| 6. Elle maintient une confiance divine dans la victoire finale, malgré les cruautés d'un destin apparemment aveugle et l'indifférence apparemment complète des forces naturelles envers le bonheur humain. |
| 7. Elle persiste à croire inébranlablement en Dieu malgré toutes les démonstrations contraires de la logique, et résiste avec succès à tous les autres sophismes intellectuels. |
| 8. Elle continue à montrer une foi indomptable en la survie de l'âme, sans se soucier des enseignements trompeurs de la fausse science ni des erreurs persuasives des philosophies malsaines. |
| 9. Elle vit et triomphe indépendamment du fardeau écrasant des civilisations complexes et partielles des temps modernes. |
| 10. Elle contribue à la survivance continue de l'altruisme en dépit de l'égoïsme humain, des antagonismes sociaux, des convoitises industrielles, et des dérèglements politiques. |
| 11. Elle adhère fermement à une croyance sublime à l'unité de l'univers et à la gouverne divine, sans se préoccuper de la présence troublante du péché et du mal. |
| 12. Elle continue imperturbablement à adorer Dieu en dépit de tout, et quels que soient les obstacles. Elle ose déclarer « Même s'il m'immole, je le servirai ». |
Nous savons donc par trois phénomènes que les hommes ont un esprit ou des esprits divins qui les habitent; premièrement par expérience personnelle -- par foi religieuse; deuxièmement par révélation -- personnelle et raciale; et troisièmement par la remarquable démonstration des réactions extraordinaires et inhabituelles dont nous venons de donner des exemples en décrivant douze accomplissements spirituels en face de situations effectives et éprouvantes de l'existence matérielle. Il y en a encore d'autres.
Ce sont précisément ces performances vitales et vigoureuses de la foi, dans le domaine de la religion, qui donnent le droit aux mortels d'affirmer la possession personnelle et la réalité spirituelle du talent suprême de la nature humaine, l'expérience religieuse.
4. -- LES LIMITES DE LA RÉVÉLATION
Parce que votre monde ignore généralement l'origine des choses, même physiques, il a paru sage de lui fournir de temps en temps des notions de cosmogonie, mais cela a toujours provoqué des troubles pour l'avenir. Les lois gouvernant la révélation nous gênent grandement, parce qu'elles interdisent de transmettre des connaissances imméritées ou prématurées. Toute cosmogonie présentée comme partie d'une religion révélée est destinée à être dépassée au bout de très peu de temps. En conséquence, ceux qui étudient après coup une révélation sont tentés de rejeter les éléments de vérité religieuse authentique quelle contient, parce qu'ils découvrent des erreurs manifestes dans les cosmogonies associées qui y sont présentées.
L'humanité devrait comprendre que nous, qui participons à la révélation de la vérité, nous sommes très rigoureusement limités par les ordres de nos supérieurs. Nous ne sommes pas libres d'anticiper sur les découvertes scientifiques d'un millénaire. Les révélateurs doivent agir selon les instructions qui forment une partie du commandement de révéler. Nous ne voyons aucun moyen de vaincre cette difficulté, ni dans le présent ni dans un avenir quelconque. Les faits historiques et les vérités religieuses de cette série d'exposés révélateurs subsisteront dans les annales des âges à venir, mais en même temps nous savons parfaitement que d'ici peu d'années beaucoup de nos indications concernant les sciences physiques auront besoin d'être revues, à la suite de développements scientifiques additionnels et de découvertes nouvelles. Nous prévoyons dès maintenant ces nouveaux développements, mais il nous est interdit d'inclure dans nos exposés révélateurs ces notions que les hommes n'ont pas encore découvertes. Précisons que les révélations ne sont pas nécessairement inspirées. La cosmogonie révélée ici n'est pas inspirée. Elle est limitée par l'autorisation que nous avons de coordonner et de trier les connaissances d'aujourd'hui. La clairvoyance divine ou spirituelle est un don, mais la sagesse humaine doit évoluer.
La vérité est toujours une révélation. C'est une auto-révélation quand elle émerge comme résultat du travail de l'Ajusteur intérieur, et c'est une révélation historique quand elle est présentée par le truchement d'autres intermédiaires, groupes, ou personnalités célestes.
En dernière analyse, la religion doit être jugée à ses fruits, selon la manière et l'étendue dont elle démontre son excellence divine inhérente.
La vérité peut n'être inspirée que relativement, bien que la révélation soit invariablement un phénomène spirituel. Les exposés se référant à la cosmogonie ne sont jamais inspirés, mais leurs révélations ont une immense valeur, en ce sens qu'elles clarifient au moins provisoirement les connaissances:
| 1. Elles réduisent la confusion en éliminant d'autorité les erreurs. |
| 2. Elles coordonnent les observations et les faits connus ou sur le point d'être connus. |
| 3. Elles restaurent d'importantes fractions de connaissances perdues concernant des événements historiques du passé lointain. |
| 4. Elles fournissent des renseignements qui comblent des lacunes fondamentales dans les connaissances acquises par ailleurs. |
| 5. Elles présentent des données cosmiques d'une manière qui éclaire les enseignements spirituels contenus dans la révélation qui les accompagne. |
5. -- EXPANSION DE LA RELIGION PAR RÉVÉLATION
La révélation est une technique qui permet d'économiser des âges et des âges de temps dans le travail indispensable de triage et de criblage des erreurs de l'évolution, afin de dégager les vérités acquises par l'esprit.
La science traite des faits. La religion ne s'occupe que des valeurs. Par une philosophie éclairée, la pensée s'efforce d'unir les significations des faits et des valeurs pour arriver à un concept de la réalité complète. N'oubliez pas que la science est le domaine de la connaissance, la philosophie le royaume de la sagesse, et la religion la sphère de l'expérience de la foi. La religion présente néanmoins deux phases de manifestations:
| 1. La religion évolutionnaire. C'est l'expérience des cultes primitifs, la religion qui dérive de la pensée. |
| 2. La religion révélée. C'est le comportement universel qui découle de l'esprit, l'assurance que les valeurs éternelles sont conservées et que la personnalité survit, la croyance que l'on atteindra finalement la Déité cosmique dont le dessein a tout rendu possible. Tôt ou tard, la religion évolutionnaire est destinée à recevoir l'expansion spirituelle de la révélation; cela fait partie du plan de l'univers. |
La science et la religion commencent toutes deux par admettre certaines bases généralement acceptées pour en tirer des déductions logiques. Il faut aussi que la philosophie commence sa carrière en admettant la réalité de trois choses:
| 1. Le corps matériel. |
| 2. La phase supra-matérielle des êtres humains, l'âme, ou même l'esprit intérieur. |
| 3. La pensée humaine, le mécanisme qui fait communiquer l'esprit avec la matière, qui associe le matériel et le spirituel. |
Les savants rassemblent des faits, les philosophes coordonnent des idées, tandis que les prophètes exaltent des idéaux. Les sentiments et les émotions sont invariablement les accessoires de la religion, mais ne sont pas la religion. La religion pourrait être le sentiment de l'expérience, mais difficilement l'expérience des sentiments. Ni la logique (le rationalisme) ni les émotions (les sentiments) ne sont des parties essentielles d'une expérience religieuse; mais toutes deux peuvent être diversement associées à l'exercice de la foi pour faire progresser la clairvoyance spirituelle dans la réalité, le tout selon le statut et les tendances de caractère des penseurs individuels.
La religion évolutionnaire est la mise en oeuvre des facultés de l'adjuvat mental de l'univers local, chargé de créer et d'entretenir la tendance à l'adoration chez les hommes en évolution. Les religions primitives s'intéressent directement à l'éthique et à la morale, au sens des devoirs humains. Elles sont fondées sur l'assurance de la conscience et aboutissent à stabiliser des civilisations relativement morales.
Les religions personnellement révélées sont parrainées par les esprits d'effusion représentant les trois personnes de la Trinité du Paradis; elles s'occupent spécialement de l'expansion de la vérité. La religion évolutionnaire fait pénétrer chez les individus l'idée du devoir personnel; la religion révélée met de plus en plus l'accent sur la règle d'or de l'amour.
La religion évoluée repose entièrement sur la foi. La révélation donne l'assurance supplémentaire de présenter d'une manière plus étendue les vérités divines et réelles, et le témoignage encore plus précieux de l'expérience effective qui s'accumule par l'union de travail pratique entre la foi de l'évolution et la vérité de la révélation. Cette union opératoire de la foi humaine et de la vérité divine constitue la possession d'un caractère qui est bien en voie d'acquérir positivement une personnalité morontielle.
La religion évolutionnaire ne fournit que l'assurance de la foi et la confirmation de la conscience. La religion révélée fournit l'assurance de la foi plus la vérité d'une expérience vivante des réalités de la révélation. La troisième étape de la religion, ou troisième phase de l'expérience religieuse, concerne l'état morontiel, l'emprise plus ferme de la mota, de la prescience spirituelle. Au cours de la progression morontielle, les vérités de la religion révélée subissent une expansion croissante. Vous connaîtrez de mieux en mieux la vérité des valeurs suprêmes, des bienfaits divins, des relations universelles, des réalités éternelles, et des destinées ultimes.
Pendant toute la progression morontielle, l'assurance de la vérité remplace de plus en plus l'assurance de la foi. Quand vous serez finalement enrôlés dans le monde spirituel réel, les assurances de la pure clairvoyance spirituelle opéreront à la place de la foi et de la vérité, ou plutôt en conjonction avec elles et en se surimposant sur ces anciennes techniques d'affirmation de la personnalité.
6. -- L'EXPÉRIENCE RELIGIEUSE PROGRESSIVE
La phase morontielle de la religion révélée concerne l'expérience de la survie; son grand mobile est d'atteindre la perfection spirituelle. La poussée supérieure incitant à l'adoration est également présente, associée à un appel urgent pour rendre plus de services moraux. La clairvoyance morontielle implique une expansion constante de la conscience du Septuple, du Suprême, et même de l'Ultime.
Dans toute expérience religieuse, depuis ses premiers débuts sur le niveau matériel jusqu'à l'obtention du plein statut spirituel, l'Ajusteur est le secret permettant de comprendre personnellement la réalité de l'existence du Suprême. Le même Ajusteur détient les secrets permettant à votre foi d'atteindre transcendantalement l'Ultime. La personnalité expérientielle de l'homme en évolution, unie à l'essence de l'Ajusteur du Dieu existentiel, constitue le parachèvement potentiel de l'existence suprême. Elle est par inhérence la base permettant l'apparition superfinie de la personnalité transcendantale.
La volonté morale embrasse des décisions basées sur une connaissance raisonnée, accrues par la sagesse, et sanctionnées par une foi religieuse. Ses choix sont des actes de nature morale et prouvent l'existence d'une personnalité morale avant-courrière de la personnalité morontielle et finalement du vrai statut spirituel.
Le type évolutionnaire de connaissance n'est que l'accumulation des matériaux protoplasmiques de la mémoire; c'est la forme la plus primitive de conscience des créatures. La sagesse englobe les idées formulées par la mémoire protoplasmique dans un processus d'associations et de combinaisons nouvelles; ce phénomène différencie la pensée humaine de la pensée simplement animale. Les animaux ont des connaissances, mais seuls les hommes possèdent l'aptitude à la sagesse. La vérité est rendue accessible aux individus doués de sagesse par l'effusion sur leur pensée des esprits du Père et des Fils, l'Ajusteur de Pensée et l'Esprit de Vérité.
Lors de son effusion sur Urantia, Christ Micaël vécut sous le règne de la religion évolutionnaire jusqu'à l'époque de son baptême. A partir de ce moment-là et jusqu'à sa crucifixion incluse, il poursuivit son oeuvre par la gouverne conjuguée de la religion évolutionnaire et de la religion révélée. Depuis le matin de sa résurrection jusqu'à son ascension, il traversa les multiples phases de la vie morontielle de transition humaine entre le monde de la matière et celui de l'esprit. Après son ascension, Micaël devint maître de l'expérience de la Suprématie, la conception claire du Suprême. Étant la seule personne dans Nébadon à posséder l'aptitude illimitée d'expérimenter la réalité du Suprême, il atteignit instantanément le statut de la souveraineté de suprématie dans et par son univers local.
Chez l'homme, la fusion définitive avec l'Ajusteur et l'unité résultante -- la synthèse de l'homme et de l'essence de Dieu en une personnalité -- font de lui potentiellement une partie vivante du Suprême, et assurent à l'être jadis mortel le droit de naissance éternel à poursuivre indéfiniment la finalité du service universel avec et pour le Suprême.
La révélation enseigne aux hommes que, pour entreprendre cette magnifique et mystérieuse aventure à travers l'espace au moyen de la progression du temps, ils doivent commencer par organiser leurs connaissances en idées décisives. Il faut ensuite ordonner à la sagesse de travailler sans relâche à transformer les idées que l'on possède en idéaux de plus en plus pratiques, mais néanmoins célestes. Il faut que les concepts soient assez raisonnables en tant qu'idées et assez logiques en tant qu'idéaux pour que l'Ajusteur ose les conjuguer et les spiritualiser, de manière à les rendre utilisables pour certaines associations dans la pensée finie; ces associations doivent constituer un complément humain prêt à réagir à l'Esprit de Vérité des Fils, à la manifestation spatiale-temporelle de la vérité du Paradis -- la vérité universelle. La coordination d'idées-décisions, d'idéaux logiques, et de la vérité divine représente la possession d'un caractère droit, condition préalable pour qu'un mortel soit admis aux réalités toujours plus vastes et de plus en plus spirituelles des mondes morontiels.
Les enseignements de Jésus constituèrent la première religion d'Urantia embrassant assez pleinement une coordination harmonieuse de connaissance, de sagesse, de foi, de vérité, et d'amour pour fournir complètement et simultanément la tranquillité temporelle, la certitude intellectuelle, la stabilité philosophique, la sensibilité morale, la conscience de Dieu, et l'assurance de la survie personnelle. La foi de Jésus indiqua le chemin vers la finalité du salut humain, vers l'ultimité des aboutissements humains universels, car elle libérait les hommes:
| 1. Des entraves matérielles dans l'expérience personnelle de la filiation avec Dieu, qui est esprit. |
| 2. De l'esclavage intellectuel: les hommes connaîtront la vérité, et la vérité les affranchira (1). |
| 3. De l'aveuglement spirituel, pour aboutir à la conception humaine de la fraternité des hommes et à la conscience morontielle de la fraternité de toutes les créatures de l'univers; la découverte de la réalité spirituelle par le service, et la révélation de la bonté des valeurs spirituelles par le ministère d'amour. |
| 4. Des carences de la personnalité, par le fait d'atteindre les niveaux spirituels de l'univers et de finir par comprendre l'harmonie de Havona et la perfection du Paradis. |
| 5. D'eux-mêmes, en les délivrant des limitations de la conscience de soi par l'aboutissement aux niveaux cosmiques de la Pensée Suprême et par la coordination avec les accomplissements de tous les autres êtres conscients de soi. |
| 6. Du temps, par l'accomplissement d'une vie éternelle de progrès sans fin dans la reconnaissance et le service de Dieu. |
| 7. Du fini, par une unité perfectionnée avec la Déité dans et par le Suprême, au moyen de laquelle la créature essaye de découvrir transcendantalement l'Ultime sur les niveaux post-finalitaires absonites. |
(1) Jean VIII-32.
Cette septuple libération équivaut à parachever et à perfectionner la réalisation de l'expérience ultime du Père Universel. Tout ceci est potentiellement contenu dans la réalité de la foi de l'expérience religieuse humaine, et peut y être contenu effectivement, car la foi de Jésus était nourrie par des réalités dépassant même l'ultime, et elle les révélait. La foi de Jésus approchait du statut d'un absolu universel dans la mesure où la manifestation de cet absolu est possible dans le cosmos de l'espace-temps en évolution.
En assimilant la foi de Jésus, les mortels peuvent avoir dans le temps un avant-goût de l'éternité. Au cours de son expérience humaine, Jésus découvrit le Père Absolu; ses frères en incarnation terrestre peuvent le suivre dans la même expérience de découverte du Père. Tels qu'ils sont, ils peuvent même atteindre, dans cette expérience avec le Père, une satisfaction semblable à celle de Jésus tel qu'il était. De nouveaux potentiels devinrent les réalités dans l'univers de Nébadon à la suite de l'effusion terminale de Micaël. L'un d'eux fut une nouvelle illumination du sentier de l'éternité qui conduit au Père Universel, et qui peut être parcouru même par les mortels de chair et de sang au cours de leur vie initiale sur les planètes de l'espace. Jésus était et reste le nouveau chemin vivant par lequel les hommes peuvent entrer dans le divin héritage dont le Père a décrété qu'il leur appartiendrait, pourvu qu'ils le demandent. Jésus fournit abondamment la démonstration des commencements et des fins de l'expérience de foi de l'humanité, même de l'humanité divine.
7. -- UNE PHILOSOPHIE PERSONNELLE DE LA RELIGION
Une idée n'est qu'un plan théorique d'action, tandis qu'une décision est un plan d'action validé. Un stéréotype est un plan d'action accepté sans validation. Les matériaux avec lesquels un individu peut se bâtir une philosophie personnelle de la religion sont tirés à la fois de son expérience intérieure et de son expérience avec son entourage. Le statut social, les conditions économiques, la possibilité de s'instruire, l'orientation morale, l'influence des institutions, les développements politiques, les tendances raciales, et les enseignements religieux du temps et du lieu deviennent tous des facteurs dans la formulation d'une philosophie personnelle de la religion. Même les tempéraments innés et les penchants intellectuels déterminent d'une façon marquée les types de philosophie religieuse. La vocation, le mariage, et les affinités influencent tous l'évolution des niveaux de vie personnels.
Une philosophie de la religion naît de la croissance fondamentale des idées, accrue de la vie expérimentale, toutes deux modifiées par la tendance à imiter des compagnons. La solidité des conclusions philosophiques dépend de la pénétration, de l'honnêteté, et de la discrimination dans la manière de penser en connexion avec la sensibilité aux significations et la justesse d'évaluation. La lâcheté morale ne conduit jamais à des niveaux élevés de pensée philosophique. Il faut du courage pour pénétrer de nouveaux plans d'expérience et pour essayer d'explorer les domaines inconnus de la vie intellectuelle.
De nouveaux systèmes de valeurs voient actuellement le jour; de nouvelles définitions de principes et de critères s'établissent; des habitudes et des idéaux sont rénovés; une certaine idée d'un Dieu personnel est atteinte et survie de concepts élargis des relations avec lui.
La grande différence entre les philosophies religieuses et non religieuses de la vie réside dans la nature et le niveau des valeurs reconnues et dans l'objet des allégeances. L'évolution de la philosophie religieuse comporte quatre phases. L'expérimentateur peut devenir simplement conformiste, résigné a se soumettre à la tradition et à l'autorité. Il peut aussi se satisfaire d'accomplissements mineurs, juste assez pour stabiliser sa vie quotidienne; il se trouve alors arrêté de bonne heure sur ce niveau accessoire; les hommes de ce genre croient bon de laisser courir les choses. Un troisième groupe progresse jusqu'au niveau de l'intellectualité logique, mais y stagne par suite d'esclavage culturel. Il est vraiment lamentable de voir des intelligences géantes maintenues si solidement sous l'emprise cruelle de cette servitude culturelle. Il est tout aussi pathétique d'observer ceux qui troquent leur servitude culturelle contre les chaînes matérialistes d'une discipline faussement qualifiée de science. Le quatrième niveau de philosophie est affranchi de tous les handicaps classiques et traditionnels; sur ce niveau, on ose penser, agir, et vivre honnêtement, loyalement, sans peur, et sincèrement.
La pierre de touche pour toute philosophie religieuse consiste à savoir si elle fait ou ne fait pas la distinction entre la réalité du monde matériel et celle du monde spirituel, tout en reconnaissant en même temps leur unification dans l'effort intellectuel et le service social. Une saine philosophie religieuse ne confond pas les choses de Dieu avec celles de César. Elle n'admet pas non plus le culte esthétique du pur merveilleux comme substitut de la religion.
La philosophie transforme la religion primitive, qui était largement un conte de fées de la conscience, en une expérience vivante des valeurs ascendantes de la réalité cosmique.
8. -- FOI ET CROYANCE
La croyance atteint le niveau de la foi quand elle motive la vie et façonne la manière de vivre. Le fait d'accepter un enseignement comme vrai n'est pas la foi, c'est une simple croyance. La certitude et la conviction ne sont pas non plus la foi. Un état de pensée n'atteint les niveaux de la foi que s'il domine effectivement la manière de vivre. La foi est un attribut vivant de l'expérience religieuse personnelle sincère. On croit la vérité, on admire la beauté, on respecte la bonté, mais on ne les adore pas. La foi qui sauve est centrée sur Dieu seul qui personnifie la vérité, la beauté, la bonté, et infiniment plus encore.
La croyance limite et enchaîne toujours; la foi se déploie et libre. La croyance attache, la foi affranchit. La foi religieuse vivante représente plus qu'une association de nobles croyances, plus qu'un système exalté de philosophie; elle est une expérience vivante concernant des significations spirituelles, des idéaux divins, et des valeurs suprêmes; elle connaît Dieu et sert les hommes. Les croyances peuvent devenir la propriété d'un groupe, mais la foi doit être personnelle. On peut suggérer des croyances théologiques à un groupe, mais la foi ne peut surgir que dans le coeur des individus religieux.
La foi falsifie sa mission de confiance quand elle prétend nier les réalités et conférer à ses adeptes des connaissances présumées. La foi est traîtresse quand elle pousse à trahir l'intégrité intellectuelle et déprécie la fidélité aux valeurs suprêmes et aux idéaux divins. La foi ne se dérobe jamais au devoir de résoudre les problèmes de la vie matérielle. La foi vivante ne favorise ni la bigoterie, ni les persécutions, ni l'intolérance.
La foi n'enchaîne pas l'imagination créatrice et n'entretient pas de préjugés irraisonnés contre les découvertes de la recherche scientifique. La foi vivifie la religion et oblige les croyants à vivre héroïquement la règle d'or. Le zèle de la foi est proportionné à la connaissance, et ses efforts sont le prélude d'une paix sublime.
9. -- RELIGION ET MORALITÉ
Nulle prétendue révélation de la religion ne peut être considérée comme authentique si elle ne reconnaît pas les devoirs, commandés par les obligations morales, qui avaient été créés et entretenus par la religion évolutionnaire antérieure. La révélation élargit infailliblement l'horizon moral de la religion évoluée, tout en accroissant simultanément avec certitude les obligations morales résultant de toutes les révélations antérieures.
Quand vous prenez la liberté de porter un jugement critique sur la religion primitive des hommes (ou sur la religion des hommes primitifs), il ne faut pas oublier de juger les sauvages et d'évaluer leur expérience religieuse selon leur éclairement et leur statut de conscience. Ne commettez pas la faute de juger la religion d'autrui d'après vos propres critères de connaissance et de vérité.
La vraie religion est, à l'intérieur de l'âme, une conviction intime et sublime; elle exhorte l'homme d'une manière irrésistible à considérer comme mauvais pour lui de ne pas croire aux réalités morontielles qui constituent ses concepts éthiques et moraux les plus élevés, sa plus haute interprétation des plus grandes valeurs de la vie et des plus profondes réalités de l'univers. Cette religion consiste simplement à donner intelligemment son assentiment aux directives les plus élevées de la conscience spirituelle.
La recherche de la beauté ne fait partie de la religion que dans la mesure où elle est morale et enrichit le concept de la morale. L'art n'est religieux que s'il est diffusé avec un dessein dérivé de hauts motifs spirituels.
La conscience spirituelle éclairée des hommes civilisés s'intéresse moins à une croyance intellectuelle spécifique ou à un mode de vie particulier qu'à découvrir la vérité de la vie, la bonne et juste technique pour réagir aux situations toujours récurrentes de l'existence humaine. La conscience morale est simplement un nom appliqué à la récognition des valeurs morales morontielles émergentes auxquelles le devoir exige que les hommes se conforment dans le contrôle de leur conduite au jour le jour.
Nous reconnaissons que la religion est imparfaite, mais il existe au moins deux manifestations pratiques de sa nature et de ses fonctions:
| 1. L'incitation spirituelle et la pression philosophique de la religion poussent les hommes à projeter leur estimation des valeurs morales directement à l'extérieur dans les affaires de leurs compagnons c'est la réaction éthique de la religion. |
| 2. La religion crée pour la pensée humaine une conscience spiritualisée de la réalité divine basée sur des concepts antérieurs de valeurs morales, dérivée d'eux, et coordonnée avec des concepts surimposés de valeurs spirituelles. La religion devient ainsi un censeur des affaires humaines, une forme de crédit moral glorifié et de confiance dans les réalités rehaussées du temps et les réalités plus durables de l'éternité. |
La foi devient le trait d'union entre la conscience morale et le concept spirituel de la réalité permanente. La religion devient la voie par laquelle les hommes échappent aux limitations matérielles du monde temporel et naturel, et s'orientent vers les réalités célestes du monde éternel et spirituel en utilisant à cet effet la technique du salut, la transformation morontielle progressive.
10. -- LA RELIGION, LIBÉRATRICE DES HOMMES
Un homme intelligent sait qu'il est un enfant de la nature, un fragment de l'univers matériel. Il ne discerne aucune survie de la personnalité individuelle dans les mouvements et tensions du niveau mathématique de l'énergie universelle. Jamais non plus l'homme ne pourra discerner la réalité spirituelle par l'examen de causes et d'effets physiques.
Un être humain se rend compte aussi qu'il est une fraction du cosmos imaginé mais, bien qu'un concept puisse persister au delà de la durée d'une vie humaine, il n'y a rien d'inhérent aux concepts qui indique la survivance personnelle de l'individu qui conçoit. L'épuisement des possibilités de la logique et de la raison ne révélera jamais non plus au logicien ni au raisonneur la vérité éternelle de la survie de la personnalité.
Au niveau matériel, la loi cosmique assure la continuité des causes, la réponse indéfinie des effets à une action antécédente. Le niveau mental suggère la perpétuité de la continuité imaginative, le flot incessant du potentiel conceptuel découlant d'idées préexistantes. Toutefois, aucun de ces niveaux universels ne révèle aux chercheurs humains une échappatoire à leur statut partiel et à l'intolérable incertitude d'être une réalité transitoire dans l'univers, d'être des personnalités temporelles condamnées à l'anéantissement quand leurs énergies vitales limitées seront épuisées.
Seule la voie morontielle conduisant à la clairvoyance spirituelle permet aux hommes de briser les chaînes inhérentes à leur statut mortel dans l'univers. L'énergie et la pensée ramènent bien au Paradis et à la Déité, mais ni la dotation énergétique ni la dotation mentale des hommes ne proviennent directement de la Déité du Paradis. C'est seulement au sens spirituel que l'homme est un enfant de Dieu, et ceci est vrai parce que c'est seulement au sens spirituel que les hommes sont actuellement dotés et habités par le Père du Paradis.
L'humanité ne pourra jamais découvrir la divinité autrement que par la voie de l'expérience religieuse et par l'exercice d'une foi sincère. L'acceptation de la vérité de Dieu par la foi permet aux homme d'échapper aux frontières circonscrites des limitations matérielles; elle leur fournit un espoir rationnel d'obtenir un sauf-conduit pour sortir du royaume matériel où règne la mort, vers le royaume spirituel où brille la vie éternelle.
Le dessein de la religion n'est pas de satisfaire la curiosité au sujet de Dieu, mais plutôt d'apporter la constance intellectuelle et la sécurité philosophique, de stabiliser et d'enrichir la vie humaine par la fusion du mortel et du divin, du partiel et du parfait, de l'homme et de Dieu. C'est par l'expérience religieuse que les concepts humains des idéaux sont dotés de réalité.
Il ne pourra jamais y avoir de preuves scientifiques ou logiques de la divinité. La raison seule ne pourra jamais valider les valeurs et les bienfaits de l'expérience religieuse. Par contre, il restera toujours vrai que quiconque veut faire la volonté de Dieu comprendra la validité des valeurs spirituelles; c'est ainsi que, sur le niveau mortel, on s'approche le plus de la possibilité de prouver la réalité de l'expérience religieuse. La foi correspondante fournit la seule manière d'échapper à l'emprise mécanique du monde matériel et aux erreurs déformantes provenant de l'imperfection du monde intellectuel. C'est la seule sortie que l'on ait découverte à l'impasse où se trouve la pensée humaine au sujet de la survivance continue de la personnalité individuelle. C'est le seul passeport pour le parachèvement de la réalité et pour l'éternité de vie dans une création universelle d'amour, de loi, d'unité, et d'aboutissement progressif à la Déité.
La religion guérit efficacement le sentiment humain d'isolement idéaliste ou de solitude spirituelle. Elle fait admettre le croyant comme fils de Dieu, comme citoyen d'un univers nouveau et significatif. La religion certifie à l'homme que, s'il suit la lueur de droiture discernable dans son âme, il s'identifie par là-même avec le plan de l'Infini et le dessein de l'Éternel. Une âme ainsi libérée commence immédiatement à se sentir chez elle dans ce nouveau univers, son univers.
Quand vous subissez cette transformation par la foi, vous cessez d'être une partie servile du cosmos mathématique et vous devenez plutôt un fils affranchi volitif du Père Universel. Ce fils ne lutte plus seul contre le destin inexorable mettant fin à l'existence temporelle; il ne combat plus toute la nature avec des perspectives irrémédiablement hostiles; il ne chancelle plus sous la peur paralysante d'avoir peut-être mis sa confiance dans une chimère sans espoir ou engagé sa foi dans une erreur d'imagination.
Alors les fils de Dieu sont plutôt enrôlés ensemble pour mener le combat où la réalité triomphe des ombres partielles de l'existence. Enfin toutes les créatures deviennent conscientes du fait que Dieu et toutes les légions divines d'un univers à peu près infini les soutiennent dans la lutte céleste pour atteindre l'éternité de vie et la divinité de statut. Ces fils affranchis par la foi se sont certainement engagés dans les batailles du temps du côté des forces suprêmes et des personnalités divines de l'éternité; même les étoiles dans leur course combattent maintenant pour eux. Enfin ils contemplent l'univers depuis l'intérieur, du point de vue de Dieu, et toutes les incertitudes de l'isolement matériel sont transformées en sécurités de la progression spirituelle éternelle. Le temps lui-même ne devient plus que l'ombre de l'éternité projetée par les réalités du Paradis sur la panoplie mouvante de l'espace.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
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LA RELIGION DANS L'EXPÉRIENCE HUMAINE
L'EXPÉRIENCE d'une vie religieuse dynamique transforme un individu médiocre en une personnalité douée d'un pouvoir idéaliste. La religion contribue au progrès de tous en entretenant le progrès individuel, et le progrès de chacun est accru par l'accomplissement de tous.
La croissance spirituelle est mutuellement stimulée par l'association intime avec d'autres croyants. L'amour fournit le terrain du développement religieux -- un attrait objectif au lieu d'une satisfaction subjective -- et cependant il donne la satisfaction subjective suprême. La religion ennoblit les corvées de la vie quotidienne.
1. -- CROISSANCE RELIGIEUSE
La religion produit la croissance des significations et le rehaussement des valeurs, mais si l'on se permet d'attribuer un caractère absolu à des évaluations purement personnelles, il en résulte toujours un mal. Un enfant évalue l'expérience d'après le plaisir quelle procure. L'homme est mûr dans la mesure où il substitue des significations supérieures au plaisir personnel, allant jusqu'à l'allégeance aux plus hauts concepts des situations de vie diversifiées et des relations cosmiques.
Certaines personnes sont trop affairées pour grandir spirituellement et se trouvent alors en sérieux danger d'immobilisme. Il faut prendre des dispositions pour laisser croître les valeurs aux différents âges, dans les développements culturels successifs, et dans les stades passagers des civilisations progressives. Les principales entraves à la croissance sont les préjugés et l'ignorance.
Donnez à tout enfant qui se développe une chance de faire sa propre expérience religieuse, et ne lui imposez pas une expérience adulte toute faite. Rappelez-vous que le passage annuel par les classes successives d'un régime d'instruction établi ne signifie pas nécessairement qu'il y ait progrès intellectuel, et encore bien moins croissance spirituelle. Élargissement du vocabulaire ne veut pas dire développement du caractère. Ce ne sont pas les simples effets, mais plutôt les progrès, qui dénotent vraiment une croissance.
Le véritable développement éducatif ressort du rehaussement des idéaux, de l'appréciation accrue des valeurs, des nouvelles significations attribuées aux valeurs, et de la fidélité plus grande aux valeurs suprêmes.
Les enfants ne sont impressionnés d'une manière permanente que par le loyalisme de leurs compagnons adultes; les préceptes et même exemple n'ont pas d'influence durable. Les hommes droits ont une personnalité qui grandit, et cette croissance est une réalité impressionnante et inspirante. Vivez loyalement aujourd'hui -- croissez -- et demain prendra soin de lui-même. La manière la plus rapide pour un têtard de devenir une grenouille est de vivre loyalement chaque instant comme un têtard.
Le terrain essentiel à la croissance religieuse présuppose une vie progressive de connaissance de soi, la coordination des tendances naturelles, l'exercice de la curiosité et le plaisir d'aventures raisonnables, le fait d'éprouver des sentiments de satisfaction, le fonctionnement de la peur pour stimuler l'attention et la conscience, l'attrait du merveilleux, et l'humilité, c'est-à-dire une conscience normale de notre petitesse. La croissance est également basée sur la découverte de soi accompagnée d'auto-critique -- de conscience -- car la conscience est réellement la critique de soi par notre propre échelle de valeurs, par nos idéaux personnels.
L'expérience religieuse est notablement influencée par la santé physique, le tempérament hérité, et l'entourage social. Ces conditions temporelles n'empêchent pas le progrès spirituel d'une âme consacrée à faire la volonté du Père céleste. Il existe chez tous les mortels normaux certaines tendances innées à la croissance et à la connaissance de soi; elles agissent si elles ne sont pas spécifiquement inhibées, et représentent une dotation constitutive en potentiel de croissance spirituelle. La technique pour entretenir ce don avec certitude consiste à maintenir un comportement de dévotion sincère envers les valeurs suprêmes.
La religion ne eut être ni octroyée, ni reçue, apprise, ni perdue. Elle est une expérience personnelle qui grandit proportionnellement à la recherche croissantes des valeurs finales. La croissance cosmique accompagne donc l'accumulation des significations et l'élévation toujours plus poussée des valeurs. Quant à la noblesse d'âme, elle se développe toujours inconsciemment.
Les habitudes religieuses de pensée et d'action contribuent à l'économie de la croissance spirituelle. On peut développer des prédispositions religieuses qui conduiront à réagir favorablement à des stimulants spirituels, une sorte de réflexe spirituel conditionné. Les habitudes qui favorisent la croissance religieuse englobent la culture de la sensibilité aux valeurs divines, la récognition de la vie religieuse chez les autres, la méditation réfléchie sur les significations cosmiques, la solution culturelle des problèmes, le partage de votre vie spirituelle avec celle de vos compagnons, l'absence d'égoïsme, le refus d'escompter la miséricorde divine, et l'habitude de vivre comme si l'on se trouvait en présence de Dieu. Les facteurs de la croissance religieuse peuvent être intentionnels, mais la croissance elle-même est invariablement inconsciente.
La nature inconsciente de la croissance religieuse ne signifie pourtant pas quelle soit une activité des domaines subconscients de l'intellect; elle dénote plutôt des activités créatives dans les niveaux super-conscients de la pensée humaine. L'expérience vécue de la croissance religieuse inconsciente est la principale preuve positive que la superconscience existe fonctionnellement.
2. -- CROISSANCE SPIRITUELLE
Le développement spirituel dépend en premier lieu du maintien d'un lien spirituel vivant avec les vraies forces spirituelles, et en second lieu de la production continue de fruits spirituels par transmission, à vos compagnons, du sacerdoce que vous avez reçu de vos bienfaiteurs spirituels. Le progrès spirituel est basé sur la récognition intellectuelle de notre pauvreté spirituelle, doublée de la conscience personnelle que l'on a soif de perfection, que l'on désire connaître Dieu et lui ressembler, et que l'on a sincèrement l'intention de faire la volonté du Père qui est aux cieux.
La croissance spirituelle est d'abord un éveil aux besoins, ensuite un discernement des significations, et enfin une découverte des valeurs. La preuve du vrai développement spirituel consiste dans l'apparition d'une personnalité humaine motivée par l'amour, animée par un esprit de service désintéressé, et dominée par l'adoration sincère des idéaux de perfection de la divinité. L'ensemble de cette expérience constitue la réalité de la religion, par contraste avec les simples croyances théologiques.
La religion peut progresser jusqu'au niveau d'expérience ou elle devient une technique éclairée et sage pour réagir spirituellement à l'univers. Cette religion glorifiée peut opérer sur les trois niveaux intellectuel, morontiel, et spirituel de la personnalité humaine, c'est-à-dire sur la pensée, dans l'âme évoluante, et avec l'esprit intérieur.
La spiritualité indique immédiatement votre proximité de Dieu et votre utilité pour vos compagnons. La spiritualité rehausse l'aptitude à découvrir la beauté dans les choses, à reconnaître la vérité dans les significations, et à trouver la bonté dans les valeurs. Le développement spirituel est déterminé par ces attitudes, et il est directement proportionnel à l'élimination des aspects égoïstes de l'amour.
Le statut spirituel effectif est la mesure de votre épanouissement divin, de votre harmonisation avec votre Ajusteur. Accomplir la finalité de la spiritualité équivaut à atteindre le summum de la réalité, le maximum de ressemblance avec Dieu. La vie éternelle est la recherche perpétuelle des valeurs infinies.
Le but de la connaissance humaine de soi devrait être spirituel et non matériel. Les seules réalités qui vaillent l'effort sont divines, spirituelles, et éternelles. Les mortels ont droit à la joie des plaisirs physique et à la satisfaction des affections humaines; ils tirent bénéfice de leur fidélité aux associations humaines et aux institutions temporelles; mais ce ne sont pas les fondations éternelles sur lesquelles il faut bâtir la personnalité immortelle qui devra transcender l'espace, vaincre le temps, et accomplir la destinée éternelle de perfection divine et de service finalitaire.
Jésus dépeignit la sécurité profonde des hommes connaissant Dieu en disant: « Pour celui qui connaît Dieu et croit au royaume, qu'importe si toutes les choses terrestres se brisent ». Les sécurités temporelles sont vulnérables, mais les sécurités spirituelles sont invulnérables. Quand les marées humaines de l'adversité, de l'égoïsme, de la cruauté, de la haine, de la méchanceté, ou de la jalousie viennent battre l'âme humaine, on peut se reposer dans l'assurance qu'il existe un bastion intérieur, la citadelle de l'esprit, qui est absolument inexpugnable; du moins est-ce vrai pour tout être qui a confié la garde de son âme à l'esprit intérieur du Dieu éternel.
Après cet accomplissement spirituel assuré soit par une croissance graduelle, soit par une crise spécifique, il se produit une réorientation de la personnalité, accompagnée du développement d'une nouvelle échelle de valeur. Quiconque est né de l'esprit (1) obéit à des mobiles de vie tellement sublimes qu'il peut assister avec calme à la mort de ses plus chères ambitions et à la destruction de ses espoirs les plus ardents. Il sait pertinemment que ces catastrophes sont simplement des cataclysmes rectificateurs qui ruinent ses créations temporelles, préalablement à la construction des réalités plus nobles et plus durables d'une nouvelle étape plus sublime d'accomplissement universel.
3. -- CONCEPTS DE VALEUR SUPRÊME
La religion n'est pas une technique pour obtenir une paix mentale statique et sereine; c'est une impulsion, destinée à organiser l'âme pour un service dynamique. C'est l'enrôlement total de la personne dans une allégeance pour aimer Dieu et servir les hommes. La religion paie à n'importe quel prix ce qui est essentiel pour atteindre le but suprême, la récompense éternelle. La fidélité religieuse comporte une consécration parachevée dont la sublimité est magnifique, et cette fidélité est socialement efficace et spirituellement progressive.
Pour un penseur religieux, le mot Dieu devient un symbole signifiant l'approche de la réalité suprême et la récognition des valeurs divines. Ce ne sont ni les préférences ni les aversions humaines qui déterminent le bien et le mal; les valeurs morales ne résultent pas de ce que les désirs sont exaucés ou les émotions frustrées.
En méditant sur les valeurs, il faut distinguer entre ce qui est une valeur et ce qui a une valeur. Il faut reconnaître la relation entre des activités agréables, et leur intégration significative dans une conception rehaussée sur des niveaux d'expérience humaine constamment et progressivement plus élevés.
La signification est quelque chose que l'expérience ajoute à la valeur; c'est la conscience appréciative des valeurs. Un plaisir isolé et purement personnel peut comporter une dévaluation virtuelle des significations, une jouissance dépourvue de sens et frisant le mal relatif. Les valeurs sont expérientielles quand les réalités sont significatives et mentalement associées; quand leurs relations sont reconnues et appréciées par la pensée.
Les valeurs ne peuvent jamais être statiques; réalité signifie changement, croissance. Le changement sans croissance, sans expansion de signification et sans exaltation de valeur, n'offre aucun intérêt -- c'est un mal potentiel. Plus sa qualité d'adaptation cosmique est grande, plus une expérience possède de signification. Les valeurs ne sont pas des illusions de pensée; elles sont réelles, mais dépendent toujours des relations. Les valeurs sont toujours à la fois réelles et potentielles -- elles ne représentent pas ce qui était, mais ce qui est et ce qui sera.
L'association du réel et du potentiel équivaut à la croissance, à la compréhension expérientielle des valeurs. La croissance n'est pas simplement le progrès. Le progrès est toujours significatif mais, à défaut de croissance, il est relativement sans valeur. La valeur suprême de la vie humaine consiste dans la croissance des valeurs, dans le progrès relatif aux significations, et dans la compréhension claire de la corrélation cosmique intime entre ces deux expériences dont l'ensemble équivaut à avoir conscience de Dieu. Le mortel qui les éprouve n'est pas surnaturel, mais devient vraiment surhumain; une âme immortelle évolue.
Les hommes ne peuvent provoquer la croissance, mais ils peuvent lui fournir des conditions favorables (1). Qu'elle soit physique, intellectuelle, ou spirituelle, la croissance est toujours inconsciente. C'est ainsi que croit l'amour; on ne peut ni le créer, ni le fabriquer, ni l'acheter; il faut qu'il grandisse. L'évolution est une technique cosmique de croissance. La législation ne saurait assurer la croissance sociale, et l'on ne peut obtenir la croissance morale en améliorant l'administration. On peut construire une machine, mais sa valeur réelle doit dériver de la culture humaine et d'une appréciation personnelle. L'unique contribution d'un homme à la croissance est la mobilisation de la totalité des pouvoirs de sa personnalité -- sa foi vivante.
4. -- PROBLÈMES DE CROISSANCE
Une vie religieuse est une vie dévouée, et une vie dévouée est une vie créative, originale et spontanée. De nouvelles perspectives religieuses surgissent des conflits qui déclenchent le choix de nouvelles et meilleures habitudes de réagir, pour remplacer les anciens archétypes inférieurs de réaction. C'est seulement dans des conflits que de nouvelles significations émergent, et un conflit ne persiste que si l'on refuse d'adopter les valeurs supérieures impliquées par des significations plus élevées.
La perplexité est inévitable en religion; il ne peut y avoir de croissance sans conflit sans agitation spirituelle. L'organisation d'un niveau de vie philosophique entraîne des chocs importants dans le domaine philosophique de la pensée. Ce n'est pas sans lutte que l'on exerce sa fidélité envers ce qui est grand, bon, vrai, et noble. La clarification de la vision spirituelle et le rehaussement de la clairvoyance cosmique s'accompagnent d'efforts, et l'intellect humain proteste quand il est sevré de la nourriture que lui procuraient les énergies non-spirituelles de l'existence temporelle. La pensée animale est indolente et se rebelle devant l'effort exigé par la lutte pour résoudre les problèmes cosmiques.
Cependant le grand problème de la vie religieuse consiste à unifier les pouvoirs psychiques de la personnalité par la domination de l'AMOUR. La santé, l'efficacité, et le bonheur résultent de l'unification de systèmes physiques, de systèmes mentaux, et de systèmes spirituels. Les hommes comprennent beaucoup de choses concernant la santé et le bon sens, mais ils ont vraiment des idées très peu claires sur le bonheur. Le plus grand bonheur est indissolublement lié au progrès spirituel. La croissance spirituelle procure une joie durable, une paix qui dépasse toute compréhension.
Les sens physiques révèlent l'existence des choses et la pensée découvre la réalité des significations; mais c'est l'expérience spirituelle qui révèle aux individus les vraies valeurs de la vie. On atteint les niveaux supérieurs de vie dans l'amour suprême de Dieu et dans l'amour désintéressé des hommes. Pour aimer vos compagnons, il faut que vous ayez découvert leur valeur. Jésus a beaucoup aimé les hommes parce qu'il leur attribuait une haute valeur. C'est en découvrant les mobiles de vos associés que vous découvrez le mieux leur valeur. Si quelqu'un vous irrite et suscite en vous des sentiments de rancune, vous devriez chercher avec sympathie à discerner son point de vue, les motifs de sa conduite désagréable. Dès que vous comprenez votre voisin, vous devenez tolérant, et cette tolérance se transforme en amitié et mûrit en affection.
Essayez de voir par la pensée l'image d'un de vos ancêtres primitifs à l'âge des cavernes -- un lourdaud petit, mal bâti, sale, montrant les dents, se tenant les jambes écartées, la massue levée, respirant la haine et l'animosité tandis qu'il regarde férocement droit devant lui. Cette image ne décrit guère la divine dignité de l'homme; mais élargissons le tableau. Devant cet homme animé, un tigre machérode se prépare à bondir. Derrière lui se tiennent une femme et deux enfants qu'il protège. Vous reconnaissez immédiatement que l'image représente les débuts de beaucoup de belles et nobles activités de la race humaine, et pourtant l'homme est le même dans les deux tableaux. Seulement, dans le second, vous êtes favorisés par un élargissement d'horizon; vous discernez les mobiles de l'homme en évolution. Son attitude devient digne de louange parce que vous la comprenez. Si vous pouviez sonder les motifs de vos compagnons, combien mieux vous les comprendriez! Si seulement vous pouviez connaître vos semblables, vous en tomberiez amoureux.
Vous ne pouvez pas aimer vraiment vos compagnons par un simple acte de volonté. L'amour naît seulement d'une compréhension approfondie et consommée des mobiles et des sentiments de votre prochain. Il est moins important d'aimer tous les hommes aujourd'hui que d'apprendre chaque jour à en aimer un de plus. Si chaque jour ou chaque semaine vous parvenez à comprendre un compagnon de plus, et si c'est la limite de vos capacités, alors vous êtes certainement en voie de rendre votre personnalité vraiment sociale et spirituelle. L'amour est contagieux; quand la dévotion humaine est intelligente et sage, l'amour a plus d'emprise que la haine; mais seul l'amour sincère et désintéressé est contagieux. Si seulement chaque mortel pouvait devenir un foyer d'affection dynamique, le virus bénéfique de l'amour imprégnerait bientôt le courant émotionnel sentimental des hommes au point que toute la civilisation serait enveloppée d'amour, et ce serait la réalisation de la fraternité humaine.
5. -- CONVERSION ET MYSTICISME
Le monde est rempli d'âmes perdues, non pas perdues au sens théologique, mais ayant perdu leur direction, errant dans la confusion au milieu des théories en « isme » et des cultes d'une ère philosophiquement frustrée. Trop peu de ces âmes ont appris à établir une philosophie de vie remplaçant l'autorité religieuse. ( Les symboles de la religion socialisée ne doivent pas être méprisés comme canaux de croissance, bien que le lit de la rivière ne soit pas la rivière.)
La progression de la croissance religieuse conduit, par conflit, de la stagnation à la coordination, de l'insécurité à une foi inébranlable, de l'incertitude de conscience cosmique à l'unification de la personnalité, des objectifs temporels au but éternel, de l'esclavage de la peur à la liberté d'une filiation divine.
Précisons que les professions de loyauté envers les idéaux suprêmes -- envers la conscience psychique, sentimentale, et spirituelle de la connaissance de Dieu -- voient le jour de deux manières: elles peuvent provenir d'une croissance naturelle et graduelle, ou parfois être éprouvées dans certaines conjonctures telles qu'une crise. L'apôtre Paul subit précisément une conversion soudaine et spectaculaire de cet ordre en un jour mémorable sur la route de Damas. Gautama Siddharta passa par une épreuve similaire la nuit où assis solitairement, il cherchait à pénétrer le mystère de la vérité finale. Beaucoup d'autres hommes ont eu des expériences semblables; cependant, nombre de croyants sincères ont progressé en esprit sans conversion soudaine.
La plupart des phénomènes spectaculaires associés aux conversions dites religieuses sont entièrement de nature psychologique, mais de temps à autre surviennent des expériences qui ont aussi une origine spirituelle. Quand la mobilisation mentale est absolument totale sur un niveau quelconque de l'expansion vers l'aboutissement spirituel, quand les mobiles humains de fidélité à l'idée divine sont parfaits, il arrive très souvent que l'esprit intérieur descende soudain chez le croyant mortel et le saisisse pour se synchroniser avec le dessein concentré et consacré de sa pensée superconsciente. Ce sont ces expériences d'unification de phénomènes intellectuels et spirituels qui constituent la conversion, laquelle consiste en facteurs qui dépassent les implications purement psychologiques.
L'émotion seule est une fausse conversion; il faut avoir la foi aussi bien que le sentiment de la communion. Dans la mesure où la mobilisation psychique est partielle et où les mobiles de la fidélité humaine sont incomplets, l'expérience de la conversion sera dans la même mesure une réalité mixte, intellectuelle, émotionnelle, et spirituelle.
Si l'on est disposé à admettre comme hypothèse pratique l'existence d'une pensée théorique subconsciente dans la vie intellectuelle qui autrement est unifiée, alors, pour être logique, on devrait supposer l'existence d'un domaine semblable et correspondant d'activité intellectuelle ascendante, d'un niveau superconscient, d'une zone de contact immédiat avec l'entité spirituelle intérieure, l'Ajusteur de Pensée. Le grand danger de toutes ces spéculations psychiques vient de ce que l'on peut prendre les visions, les autres expériences dites mystiques, et les rêves extraordinaires pour des communications divines à la pensée humaine. Dans le passé, des êtres divins se sont révélés à certaines personnes connaissant Dieu, non pas a cause de leurs transes mystiques ou de leurs visions morbides, mais en dépit de tous ces phénomènes.
En contraste avec la recherche des conversions, la meilleure manière d'approcher les zones morontielles de contact possible avec l'Ajusteur de Pensée serait la foi vivante et l'adoration sincère, la prière fervente et désintéressée. Dans l'ensemble, une bien trop grande partie de la ruse des souvenirs provenant des niveaux subconscients de la pensée humaine a été considérée à tort comme des révélations divines et des directives spirituelles.
De grands dangers accompagnant la pratique habituelle du rêve éveillé religieux; le mysticisme peut devenir une technique pour échapper à la réalité, bien qu'il ait parfois été un moyen de communion spirituelle authentique. De courtes périodes où l'on se retire de la scène active de la vie peuvent ne pas présenter de dangers sérieux, mais l'isolement prolongé de la personnalité est fort indésirable. En aucun cas il ne faut cultiver l'état de conscience visionnaire, du genre transe, comme une expérience religieuse.
L'état mystique est caractérisé par une conscience diffuse, avec des îlots vivaces d'attention focalisée opérant sur un intellect relativement passif. Tout cela fait graviter la conscience vers le subconscient plutôt que vers la zone de contact spirituel, vers le superconscient. Beaucoup de mystiques ont poussé leur dissociation de pensée jusqu'au niveau des manifestations mentales anormales.
Le comportement le plus sain de méditation spirituelle se trouve dans l'adoration réflective et la prière d'actions de grâces. La communion directe avec l'Ajusteur de Pensée, telle qu'elle s'est produite dans les dernières années de la vie incarnée de Jésus, ne doit pas être confondue avec les expériences dites mystiques. Les facteurs qui contribuent au déclenchement de la communion mystique dénotent le danger de ces états psychiques. C'est ainsi que l'état mystique est favorisé par des facteurs tels que fatigue physique, jeune, dissociation psychique, expériences esthétiques profondes, impulsions sexuelles vivaces, peur, anxiété, fureur, et danses échevelées. Beaucoup de résultats matériels issus de cette préparation préliminaire ont leur origine dans la pensée subconsciente.
Si favorables que les conditions du moment aient pu être pour des phénomènes mystiques, il faut comprendre une fois pour toutes que Jésus de Nazareth n'a jamais eu recours a ces méthodes pour communier avec son Père du Paradis. Jésus n'avait ni hallucinations subconscientes ni illusions super-conscientes.
6. -- LES SIGNES D'UNE VIE RELIGIEUSE
Les religions d'évolution et les religions de révélation peuvent différer notablement dans leurs méthodes, mais elles ont une grande similitude dans leurs mobiles. La religion n'est pas une fonction spécifique de la vie, c'est plutôt une manière de vivre. La vraie religion est une sincère dévotion envers une réalité que l'adepte estime avoir une valeur suprême pour lui-même et pour toute l'humanité. Les caractéristiques marquantes de toutes les religions sont une fidélité aveugle et une sincère dévotion aux valeurs suprêmes. Cette dévotion religieuse aux valeurs suprêmes apparaît dans la relation d'une mère, soi-disant irréligieuse, avec son enfant, et dans le fervent loyalisme de certains non-religieux envers la cause qu'ils ont épousée.
La valeur suprême acceptée par les hommes religieux peut être dépourvue de mérite ou même fausse, mais n'en est pas moins religieuse. Une religion est valable dans la mesure exacte où la valeur quelle tient pour suprême est vraiment une réalité cosmique de valeur spirituelle authentique.
Les signes de la sensibilité humaine aux impulsions religieuses comprennent les qualités de noblesse et de grandeur. Un religieux sincère est conscient d'être un citoyen de l'univers et se rend compte qu'il établit un contact avec des sources supra-humaines de pouvoir. Il est galvanisé et stimulé par l'assurance qu'il appartient à une confraternité supérieure et ennoblie de fils de Dieu. La conscience de sa valeur propre s'est accrue du stimulant de la recherche des objectifs universels les plus élevés -- des buts suprêmes.
Le moi est abandonné à la mystérieuse poussée d'un mobile qui englobe tout, qui impose une auto-discipline accrue, qui atténue les conflits émotifs, et qui rend la vie humaine vraiment digne d'être vécue. La récognition morbide des limitations humaines se transforme en une conscience naturelle des imperfections matérielles qui s'associe à la détermination morale et à l'aspiration spirituelle d'atteindre les buts les plus élevés de l'univers et du superunivers. Cet effort intensif pour atteindre les idéaux supra-morontiels est toujours caractérisé par un accroissement de patience, d'indulgence, de force d'âme, et de tolérance.
La vraie religion est un amour vivant, une vie de service. Quand un adepte se détache de quantité de choses purement temporelles et insignifiantes, cela ne le conduit jamais à être isolé socialement et cela ne devrait pas détruire son sens de l'humour. La religion authentique n'enlève rien à l'existence humaine, mais ajoute au contraire de nouvelles significations à l'ensemble de la vie. Elle engendre de nouveaux types d'enthousiasme, de zèle, et de courage, pouvant même aller jusqu'à l'esprit de croisade; ce dernier est plus que dangereux s'il n'est pas contrôlé par la clairvoyance spirituelle et la dévotion sincère aux obligations sociales ordinaires des allégeances humaines.
L'un des signes les plus remarquable de la vie religieuse est une paix dynamique et sublime, la paix qui dépasse toute compréhension humaine l'équilibre cosmique qui dénote l'absence de tout doute et de toute agitation. Ces niveaux de stabilité spirituelles sont immunisés contre les déceptions. Les croyants qui les habitent ressemblent à l'apôtre Paul qui disait: « Je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les pouvoirs, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni hauteur, ni profondeur, ni rien d'autre ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu » (1).
Un sentiment de sécurité associé à l'expérience d'une gloire triomphante habite la conscience des caractères religieux qui ont saisi la réalité du Suprême et qui poursuivent le but de l'Ultime.
La religion évolutionnaire offre le même tableau quant à la fidélité et à la grandeur parce qu'elle est une expérience authentique, mais la religion révélée est excellente (2) aussi bien qu'authentique. Les nouvelles allégeances dues à une vision spirituelle élargie créent de nouvelles perspectives d'amour et de dévotion, de service et de solidarité; et ces perspectives sociales rehaussées agrandissent la conscience de la Paternité de Dieu et de la fraternité des hommes.
La différence caractéristique entre la religion évolutionnaire et la religion révélée consiste en une nouvelle qualité de sagesse divine qui s'ajoute à la sagesse humaine purement expérientielle. Toutefois, c'est l'expérience qui développe dans les religions humaines l'aptitude à recevoir ultérieurement des dons accrus de sagesse divine et de clairvoyance cosmique.
7. -- L'APOGÉE DE LA VIE RELIGIEUSE
Bien qu'un mortel ordinaire d'Urantia ne puisse espérer atteindre la haute perfection de caractère acquise par Jésus durant son temps d'incarnation, il est entièrement possible à tout croyant de développer une forte personnalité unifiée selon les lignes perfectionnées de celle de Jésus. Le trait exceptionnel de la personnalité du Maître n'était pas tant sa perfection que son harmonie, son exquise intégration équilibrée. La présentation la plus efficace de Jésus consiste à suivre l'exemple de celui qui a dit, en faisant un geste vers le Maître debout devant ses accusateurs: «Voici l'homme » (1).
La bienveillance de Jésus ne se démentait jamais et touchait le coeur des hommes, mais la fermeté de sa force de caractère étonnait toujours ses disciples. Il était vraiment sincère, il n'y avait rien d'hypocrite en lui. Il était dégagé de toute affectation; sa franchise faisait toujours du bien. Il ne s'abaissait jamais à prétendre et n'avait jamais recours à la simulation. Il vivait la vérité comme il l'enseignait. Il était la vérité. Il était forcé de proclamer la vérité salvatrice à sa génération, même si sa sincérité causait parfois de la peine. Sa loyauté envers toute la vérité ne comportait, pas de réserves.
Le Maître était pourtant très raisonnable, très accessible, et très pratique dans tout son ministère; ses plans étaient empreints d'un grand bon sens sanctifié. Il était dégagé de toute tendance fantaisiste, erratique, ou excentrique. Il n'était jamais capricieux, fantasque, ni hystérique. Dans ses enseignements et dans ses actes, une charmante discrimination était toujours associée à un sens extraordinaire de l'à-propos.
Le Fils de l'Homme conservait toujours une personnalité bien équilibrée. Ses ennemis eux-mêmes lui témoignaient un respect salutaire; ils craignaient même sa présence. Jésus était sans peur. Il débordait d'enthousiasme divin, mais ne devenait jamais fanatique. Il était émotivement actif, mais jamais frivole. Il avait de l'imagination, mais était toujours pratique. Il faisait franchement face aux réalités de la vie, mais n'était jamais ennuyeux ni prosaïque. Il était courageux, mais jamais téméraire, prudent, mais jamais lâche. Il était compatissant, mais non sentimental, exceptionnel, mais non excentrique. Il était pieux, mais non bigot. Il était admirablement équilibré parce qu'il était parfaitement unifié.
L'originalité de Jésus n'était aucunement refoulée. Il n'était ni lié par les traditions, ni handicapé par soumission à d'étroites pratiques conventionnelles. Il parlait avec une confiance assurée et enseignait avec une autorité absolue, mais sa magnifique originalité ne lui faisait pas négliger les perles de vérité contenues dans les enseignements de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. Le plus original de ses enseignements était l'accent mis sur l'amour et la miséricorde, et non sur la peur et le sacrifice.
Jésus avait des vues très larges. Il exhortait ses disciples à prêcher l'évangile à tous les peuples. Il était dégagé de toute étroitesse de pensée. Son coeur compatissant embrassait toute l'humanité et même tout un univers. Son invitation était toujours: « Si quelqu'un désire me suivre, qu'il vienne» (2).
On a dit à juste titre de Jésus qu'il avait « confiance en Dieu ». En tant qu'homme parmi les hommes, il manifesta la plus sublime confiance envers le Père céleste. Il avait confiance en son Père comme un petit enfant a confiance en ses parents terrestres. Sa foi était parfaite mais jamais présomptueuse. La nature pouvait paraître cruelle ou indifférente au bien-être des hommes sur terre, mais Jésus ne trébucha jamais dans sa foi. Il était immunisé contre les déceptions et insensible aux persécutions. Les échecs apparents ne le touchaient pas.
Il aimait les hommes comme des frères et reconnaissait en même temps combien leurs dons innés et leurs qualités acquises étaient différents. « Il allait son chemin, faisant du bien » (3).
Jésus était une personnalité exceptionnellement encourageante sans être d'un optimisme aveugle ou déraisonnable. Il exhortait en disant constamment: « Ayez bon courage » (4). Il put maintenir cette attitude convaincue à cause de sa foi inébranlable en Dieu et de sa confiance à toute épreuve dans les hommes. Il manifestait toujours une considération touchante à tous les hommes parce qu'il les aimait et croyait en eux, mais il restait toujours fidèle à ses convictions et merveilleusement ferme dans sa dévotion à faire la volonté de son Père.
Le Maître était toujours généreux. Il ne se fatigua jamais de dire qu'il valait mieux donner que recevoir. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (5). Malgré sa générosité illimitée, il ne gaspillait jamais et ne faisait pas d'extravagances. Il enseignait qu'il fallait croire pour recevoir le salut. « Car quiconque cherche recevra » (6).
Il était impartial, mais toujours affable. « S'il n'en était pas ainsi, je vous l'aurais dit » (7). Il était franc, mais toujours amical. Il avait son franc-parler dans son amour des pécheurs et sa haine du péché, mais dans toute cette étonnante franchise il était infailliblement équitable.
Jésus était toujours de bonne humeur, bien qu'il ait parfois bu largement à la coupe des douleurs humaines. Il faisait front avec intrépidité aux réalités de l'existence, et cependant il était rempli d'enthousiasme pour l'évangile du royaume. Il contrôlait son ardeur, mais n'était jamais dominé par elle. Il était consacré sans réserve « aux affaires du Père » (1). Cet enthousiasme divin amenait ses frères non spirituels à croire qu'il était exalté, mais l'univers qui l'observait l'appréciait comme le modèle de la santé d'esprit et l'archétype de la suprême dévotion humaine aux critères élevés de la vie spirituelle. Son enthousiasme contrôlé était contagieux et obligeait ses compagnons à partager son divin optimisme.
L'homme de Galilée n'était pas un homme de douleurs; il avait une âme joyeuse. Il ne cessait de dire: « Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse» (2). Mais lorsque le devoir l'exigea, il accepta de traverser courageusement la «vallée de l'ombre de la mort » (3). Il était heureux et en même temps humble.
Son courage n'était égalé que par sa patience. Quand on le pressait d'agir prématurément, il se bornait à répondre: « Mon heure n'est pas encore venue » (4). Il n'était jamais pressé; son sang-froid était sublime, mais il s'indignait souvent contre le mal et ne tolérait pas le péché. Il fut souvent poussé à résister énergiquement aux tendances contraires au bien-être de ses enfants terrestres, mais son indignation contre le péché ne le conduit jamais à se mettre foncièrement en colère contre les pécheurs.
Son courage était magnifique, mais n'allait jamais jusqu'à l'imprudence. Son mot de passe était: « Ne craignez pas » (5). Sa bravoure était altière et sa vaillance souvent héroïque, mais son courage était empreint de jugement et contrôlé par la raison. C'était le courage né de la foi, et non la témérité d'une présomption aveugle. Il était vraiment brave, mais ne prenait jamais de risques inutiles.
| (4) Jean II-4. Voir aussi Jean VII-30 et Jean VIII-20. |
| (5) Matthieu X-25 et 31; Marc V-36; Luc XII-32, etc. |
Le Maître était un modèle de déférence. Dès sa jeunesse, sa prière commençait par: « Notre- Père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié » (6). Il respectait même le culte discutable de ses compagnons, mais cela ne l'empêchait pas d'attaquer des traditions religieuses ni de livrer assaut aux erreurs des croyances humaines. Il révérait la vraie sainteté, mais pouvait défier ses compagnons en leur disant: « Qui d'entre vous me convaincra de péché? (7)»
Jésus était grand parce qu'il était bon, mais sa grandeur ne l'empêchait pas de fraterniser avec les petits enfants. Il était doux et modeste dans sa vie personnelle, tout en étant l'homme rendu parfait d'un univers. Ses compagnons l'appelaient Maître sans en être priés.
Jésus représentait la personnalité humaine parfaitement unifiée. Aujourd'hui, comme autrefois en Galilée, il continue à unifier l'expérience terrestre et à coordonner les efforts humains. Il unifie la vie, ennoblit le caractère, et simplifie l'expérience. Il pénètre la pensée humaine pour l'élever, la transformer, et la transfigurer. Il est littéralement vrai que « si un homme a le Christ en lui, il est une nouvelle créature; les anciennes choses ont passé et voici, toutes choses sont devenues nouvelles »(8).
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
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LES PROBLÈMES SOCIAUX DE LA RELIGION
C'EST quand la religion a le moins de connexions avec les institutions laïques de la société quelle apporte son maximum de ministère social. Dans les âges passés, les réformes sociales étaient surtout confinées au domaine moral; la religion n'était donc pas obligée d'ajuster son comportement à d'importants changements dans les systèmes économiques et politiques. Le problème principal de la religion se limitait aux efforts pour remplacer le mal par le bien à l'intérieur de l'ordre social ou de la culture économique et politique de l'époque. La religion a donc indirectement tendu à perpétuer l'ordre établi de la société, à encourager le maintien du type de civilisation existant.
La religion ne devrait s'occuper directement ni de créer de nouveaux ordres sociaux, ni de préserver les anciens. La vraie religion s'oppose à la violence comme technique d'évolution sociale, mais ne s'oppose pas aux efforts intelligents de la société pour adapter ses usages et ajuster ses institutions à des conditions économiques et à des exigences culturelles nouvelles.
La religion approuva incidemment les réformes sociales du passé mais, au XXième siècle, elle est nécessairement mise en demeure de s'ajuster à une reconstruction sociale étendue et continue. Les conditions de vie changent si rapidement qu'il faut grandement accélérer les modifications aux institutions. Il faut donc que la religion se hâte de s'adapter à l'ordre social nouveau et toujours mouvant.
1. -- LA RELIGION ET LA RECONSTRUCTION SOCIALE
Les inventions mécaniques et la dissémination des connaissances sont en train de modifier la civilisation. Certains ajustements économiques et changements sociaux s'imposent pour éviter un désastre culturel. Le nouvel ordre social qui approche ne s'installera pas paisiblement pour un millénaire. Il faut que la race humaine s'adapte à une série de modifications, d'ajustements, et de rajustements. L'humanité est en marche vers une nouvelle destinée planétaire non révélée.
Il faut que la religion exerce une forte influence en faveur de la stabilité morale et du progrès spirituel; il faut quelle fonctionne dynamiquement au milieu de conditions toujours changeantes et d'ajustements économiques sans fin.
Les classes sociales d'Urantia ne peuvent plus espérer un conservatisme semblable à celui des âges passés. Le navire social est sorti des havres abrités de la tradition établie; il a commencé sa croisière sur les hautes mers de la destinée évolutionnaire. Plus que jamais dans l'histoire du monde, l'âme des hommes a besoin de scruter soigneusement ses chartes de moralité et d'observer minutieusement la boussole de la gouverne religieuse. La principale mission de la religion en tant qu'influence sociale consiste à stabiliser les idéaux de l'humanité pendant la dangereuse période de transition entre une civilisation et une autre, entre un niveau de culture et un autre.
La religion n'a pas de nouveaux devoirs à accomplir, mais elle est instamment sollicité d'agir comme guide avisé et conseiller expérimenté dans toutes les nouvelles situations humaines qui changent si rapidement. La société devient plus mécanique, plus compacte, plus complexe, et plus dangereusement interdépendante. La religion doit se manifester pour empêcher ces étroites associations nouvelles de se faire mutuellement rétrograder ou même de s'entre-détruire. Il faut que la religion agisse comme le sel cosmique empêchant les ferments du progrès d'annihiler la saveur culturelle de la civilisation. C'est seulement par le ministère de la religion que les nouvelles relations sociales et les bouleversements économiques peuvent aboutir à une fraternité durable.
Humainement parlant, un humanitarisme sans dieu est un noble geste, mais la vraie religion est la seule puissance susceptible d'accroître de manière permanent la sensibilité d'un groupe social aux besoins et aux souffrances des autres groupes. Dans le passé, la religion institutionnelle a pu rester passive pendant que les classes supérieures de la société faisaient la sourde oreille aux souffrances des classes inférieures opprimées, mais actuellement les ordres sociaux inférieurs ne sont plus plongés dans une ignorance aussi abjecte, ni aussi impuissants politiquement.
La religion ne doit pas s'imbriquer organiquement dans le travail laïque de la reconstruction sociale et de la réorganisation économique, mais elle doit activement rester à la hauteur des progrès de la civilisation en réaffirmant avec netteté et vigueur ses commandements moraux et ses préceptes spirituels sa philosophie progressive de la vie humaine et de la survie transcendante. L'esprit de la religion est éternel, mais la forme de son expression doit être remise au point à chaque révision du dictionnaire de la langue humaine.
2. -- FAIBLESSE DE LA RELIGION INSTITUTIONNELLE
La religion institutionnelle est impuissante à procurer l'inspiration et à fournir des chefs pour la reconstruction sociale et la réorganisation économique imminentes à l'échelle mondiale, parce quelle est malheureusement devenue plus ou moins une partie organique de l'ordre social et du système économique qui sont destinés à être reconstruits. Seule la vraie religion d'expérience spirituelle personnelle peut fonctionner utilement et créativement au cours de la présente crise de la civilisation.
Les institutions religieuses sont maintenant prises dans l'impasse d'un cercle vicieux. Elles ne peuvent reconstruire la société qu'en se reconstruisant d'abord elles-mêmes et, du fait qu'elles font largement partie intégrante de l'ordre établi, elles ne peuvent se reconstruire avant que la société ait été rebâtie de fond en comble.
Il faut que les hommes de religion travaillent dans la société, dans l'industrie, et dans la politique en tant qu'individus et non en tant que groupes, partis, ou institutions. Un groupe religieux qui se permet d'agir comme tel en dehors de ses activités religieuses devient immédiatement un parti politique, une organisation économique, ou une institution sociale. Le collectivisme religieux doit limiter ses efforts à soutenir des causes religieuses.
Les religieux n'ont pas plus de valeur que les laïques dans les tâches de reconstruction sociale, sauf dans la mesure où leur religion leur a conféré une plus grande clairvoyance cosmique et les a doués d'une sagesse sociale supérieure née du sincère désir d'aimer Dieu suprêmement et d'aimer tous les hommes comme des frères dans le royaume des cieux. L'ordre social idéal est celui où chaque homme aime son voisin comme il s'aime lui-même.
L'Église institutionnelle peut donner l'apparence d'avoir servi la société dans le passé en glorifiant l'ordre politique et économique établi, mais si elle veut survivre, elle fera bien de cesser rapidement toute activité de ce genre. Son seul comportement convenable consiste à enseigner la non-violence, la doctrine de l'évolution paisible, au lieu de la révolution violente -- paix sur terre et bonne volonté parmi les hommes.
Si la religion trouve difficile d'adapter son attitude aux changements sociaux qui interviennent rapidement, c'est seulement parce quelle s'est laissé aller à devenir complètement traditionnelle, dogmatique, et institutionnelle. La religion expérimentale vivante n'éprouve aucune difficulté à anticiper sur les développements sociaux et les bouleversements économiques; elle opère toujours parmi eux comme stabilisateur moral, guide social, et pilote spirituel. La vraie religion transporte d'un âge à l'autre la culture valable et la sagesse née de l'expérience consistant à connaître Dieu et à s'efforcer de lui ressembler.
3. -- LA RELIGION ET LES RELIGIEUX
Le christianisme primitif était entièrement libre d'imbrications civiles, d'engagements sociaux, et d'alliances économiques. C'est seulement plus tard que le christianisme rendu institutionnel devint une partie organique de la structure politique et sociale de la civilisation occidentale.
Le royaume des cieux n'est ni un ordre social, ni un ordre économique; il est une confraternité exclusivement spirituelle d'individus connaissant Dieu. Il est cependant vrai que cette confraternité constitue par elle-même un phénomène social nouveau et étonnant, accompagné de répercussions économiques et sociales stupéfiantes.
Les hommes religieux ne sont ni indifférents aux souffrances sociales, ni inattentifs aux injustices civiles, ni isolés de la pensée économique, ni insensibles à la tyrannie politique. La religion influence directement la reconstruction sociale, parce qu'elle spiritualise et idéalise les individus. Indirectement, la civilisation culturel est influencée par le comportement des croyants individuels à mesure qu'ils deviennent membres actifs et influents de divers groupes sociaux, moraux, économiques, et politiques.
Pour atteindre une haute civilisation culturelle, il faut en premier lieu des types idéaux de citoyens, et ensuite des mécanismes sociaux idéaux et adéquats permettant à cette citoyenneté de contrôler les institutions économiques et politiques de la société humaine évoluée.
Par suite d'un excès de fausse sentimentalité, l'Église a longtemps apporté son ministère aux malheureux et aux défavorisés. Ce fut une bonne chose, mais malheureusement le même sentiment a conduit à perpétuer imprudemment des lignées racialement dégénérée qui ont formidablement retardé le progrès de la civilisation.
Beaucoup de reconstructeurs sociaux individuels, tout en répudiant avec véhémence les institutions religieuses, sont après tout des religieux zélés dans la propagation de leurs réformes sociales. C'est ainsi que des motifs religieux personnels et plus ou moins subconscients jouent un grand rôle dans le programme actuel de reconstruction sociale.
La grande faiblesse de tous ces types d'activités religieuses méconnues et inconscientes réside dans leur incapacité de bénéficier de la critique religieuse ouverte et d'atteindre par ce moyen des niveaux profitables d'auto-correction. Il est de fait que la religion ne se développe que si elle est discipliné par une critique constructive, amplifié par la philosophie, purifiée par la science, et nourrie par une loyale communion.
La religion est toujours menacée par le grand danger de se déformer et de se corrompre en poursuivant des buts erronés, comme c'est le cas en temps de guerre où chaque nation en lutte prostitue sa religion pour la transformer en propagande militaire. Le zèle sans amour est toujours nuisible à la religion, et les persécutions détournent les activités religieuses vers l'accomplissement de quelque poussée sociologique ou théologique.
La religion ne peut rester libre d'alliances laïques malsaines que par les moyens suivants:
| 1. Une philosophie corrective par la critique. | |
| 2. Le dégagement de toute alliance sociale, économique, et politique. | |
| 3. Des communautés créatives, encourageantes, et développant l'amour. | |
| 4. L'épanouissement progressif de la clairvoyance spirituelle et l'appréciation des valeurs cosmiques. | |
| 5. La prévention du fanatisme en l'équilibrant par un comportement mentale scientifique. |
En tant que groupe, les religieux ne doivent jamais s'occuper d'autre chose que de religion, bien qu'à titre individuel n'importe lequel d'entre eux puisse devenir le chef éminent d'un mouvement de reconstruction sociale, économique, ou politique.
Le rôle de la religion est de créer, de soutenir, et d'inspirer chez chaque citoyen la loyauté cosmique qui l'orientera vers la réussite dans le progrès de tous les services sociaux difficiles, mais souhaitables.
4. -- DIFFICULTÉS DE TRANSITION
La religion sincère donne à ses adeptes une auréole sociale et des connaissances intimes sur la communauté humaine; mais quand des groupes religieux deviennent officiels, cela détruit bien souvent les valeurs mêmes pour lesquelles ils avaient été organisés. L'amitié humaine et la religion divine s'entraident et s'éclairent mutuellement de manière significative, pourvu qu'elles croissent toutes deux dans l'équilibre et l'harmonie. La religion introduit de nouvelles significations dans toutes les associations de groupes -- familles, écoles, et cercles. Elle apporte de nouvelles valeurs aux jeux et exalte le véritable humour.
Le gouvernement social est transformé par la perspicacité spirituelle; la religion empêche tous les mouvements collectifs de perdre de vue leurs véritable objectifs. Au même titre que les enfants, la religion est le grand facteur d'unification de la vie de famille, pourvu qu'elle soit une foi vivante et croissante. Il ne peut y avoir de vie de famille sans enfants; on peut en vivre une sans religion, mais ce religion, mais ce handicap multiplie énormément les difficultés de cette intime association humaine. Au début du XXième siècle, c'est la vie de famille qui, après la religion personnelle, a le plus souffert de la décadence résultant de la transition entre les anciennes obédiences religieuses et les nouvelles significations et valeurs émergentes.
La vraie religion est une manière significative de vivre dynamiquement face aux réalités ordinaires de la vie quotidienne. La religion doit stimuler le développement individuel du caractère et accroître l'intégration de la personnalité, mais il ne faut pas quelle soit uniforme. Si elle doit rehausser l'appréciation de l'expérience et servir de valeur d'attraction, il ne faut pas quelle soit stéréotype. Si la religion doit promouvoir des loyautés suprêmes, il ne faut pas quelle soit formaliste.
Peu importent les bouleversements qui peuvent accompagner la croissance économique et sociale de la civilisation; la religion est sincère et valable si elle entretient chez l'individu une expérience dans laquelle prévaut la souveraineté de la vérité, de la beauté, et de la bonté, car c'est là le vrai concept de la réalité suprême. Par l'amour et le culte, elle prend un sens de communion avec les hommes et de filiation avec Dieu.
Après tout, ce sont plutôt les croyances que les connaissances qui déterminent la conduite et dominent les réalisations personnelles. Les connaissances purement pratiques exercent très peu d'influence sur la moyenne des hommes, à moins qu'elles ne soient vivifiées émotivement. L'action vivifiante de la religion est super-émotionnelle; elle unifie toute l'expérience humaine sur des niveaux transcendantaux par contact et libération d'énergies spirituelles dans la vie matérielle.
Durant les temps psychologiquement troublés du XXième siècles, parmi les bouleversements économique, les contre-courants moraux, et les déchirements sociologiques périodiques accompagnant les transitions orageuses d'une ère scientifique, des millions d'hommes et de femmes sont devenus des pantins; ils sont anxieux, agités, craintifs, incertains, et instables. Plus que jamais dans l'histoire du monde, ils ont besoin de la consolation et de la stabilité d'une religion saine. En face de réalisations scientifiques et de développements mécaniques sans précédent, on trouve une stagnation spirituelle et un chaos philosophique.
Il n'est pas dangereux que la religion devienne de plus en plus une affaire privé -- une expérience personnelle -- pourvu quelle ne perde pas de vue ses mobiles de service social désintéressé et aimant. La religion a souffert de beaucoup d'influences secondaires: mélanges soudains de cultures, enchevêtrements de croyances, diminution de l'autorité ecclésiastique, modification de la vie de famille consécutive à l'aménagement des villes et à la mécanisation.
Le plus grand péril spirituel pour les hommes est le progrès partiel, la situation fâcheuse d'une croissance inachevée: abandonner les religions évolutionnaires de la peur sans saisir immédiatement la religion révélatrice de l'amour. La science moderne, et surtout la psychologie, n'ont affaibli que les religions dépendant essentiellement de la peur, des superstitions, et des émotions.
Une transition est toujours accompagnée de confusion. Le monde religieux ne jouira guère de la paix avant la fin de la grande bataille entre les trois philosophies de la religion qui se disputent la prééminence:
| 1. La confiance crédule de beaucoup de religions en une Déité providentielle. | |
| 2. Les croyances humanistes et idéalistes de beaucoup de philosophies. | |
| 3. Les conceptions mécaniques et naturalistes de beaucoup de sciences. |
Il faut que ces trois approches partielles de la réalité du cosmos finissent par s'harmoniser en une présentation révélatrice de la religion, de la philosophie, et de la cosmogonie. L'existence trine de l'esprit, de la pensée, et de l'énergie sera décrite comme provenant de la Trinité du Paradis et atteignant l'unification temporelle-spatiale dans la Déité du Suprême.
5. -- ASPECTS SOCIAUX DE LA RELIGION
La religion est exclusivement une expérience spirituelle personnelle -- connaître Dieu comme un Père -- mais le corollaire de cette expérience -- connaître les hommes comme des frères -- entraîne l'ajustement du « moi » à d'autres « moi » ce qui implique l'aspect social ou collectif de a vie religieuse. La religion est d'abord un ajustement intérieur ou personnel; elle devient ensuite une affaire de service social ou d'adaptation collective. La formation de es religieux découle du caractère grégaire des hommes, et le sort de ces groupes religieux dépend beaucoup de l'intelligence de leurs chefs. Dans la société primitive, le groupe religieux n'était pas toujours très différent des groupes économiques et sociaux. La religion a toujours tendu à conserver la morale et à stabiliser la société. Cela reste vrai, bien que de nombreux socialistes et humanistes modernes enseignent le contraire.
N'oubliez jamais ceci: la vraie religion consiste à connaître Dieu comme votre Père et les hommes comme vos frères. La religion ne consiste pas à croire servilement à des menaces de punition ou à des promesses magiques de récompenses mystiques futures.
La religion de Jésus est l'influence la plus agissante qui ait jamais galvanisé la race humaine. Jésus a brisé les traditions, détruit les dogmes, et appelé l'humanité à réaliser ses plus hauts idéaux dans le temps et dans l'éternité -- être parfaite comme le Père céleste est parfait.
La religion a peu de chances de jouer son rôle avant que le groupe religieux ne se sépare de tous les autres groupes et ne forme l'association sociale des membres spirituels du royaume des cieux.
La doctrine de la dépravation totale des hommes a détruit une grande partie du potentiel dont la religion disposait pour produire des répercussions sociales élévatrices par leur nature et inspirantes par leur valeur. Jésus chercha à rétablir la dignité humaine en proclamant que tous les hommes sont enfants de Dieu.
Toute croyance religieuse qui réussit à spiritualiser les croyants a certainement des répercussions puissantes dans la vie sociale de ses adeptes. L'expérience religieuse produit infailliblement les « fruits de l'esprit » dans la vie quotidienne des mortels guidés par l'esprit.
Tout aussi certainement que les que les hommes partagent leurs croyances religieuses, ils créent une sorte de groupe religieux, lequel crée finalement des buts communs. Un jour, les penseurs religieux se réuniront et se mettront à coopérer réellement sur la base de l'unité des buts et des desseins, plutôt que de tenter d'y parvenir en se basant sur des opinions psychologiques et des croyances théologiques. Ce sont les buts plutôt que les credos qui devraient unir les zélateurs de la religion. Puisque la religion est une affaire d'expérience spirituelle personnelle, il est inévitable que chaque penseur religieux ait sa propre interprétation personnelle de la manière dont il vit cette expérience spirituelle. Le mot « foi » devrait représenter la relation de l'individu avec Dieu, plutôt que l'expression confessionnelle du plus petit commun dénominateur adopté par un groupe de mortels comme comportement religieux commun. « Avez-vous la foi? Alors ayez la pour vous-même ».
La foi ne s'occupe que de saisir des valeurs idéales; la preuve s'en trouve dans la définition du Nouveau Testament déclarant que la foi est la substance des choses que l'on espère et la certitude de celles qu'on ne voit pas (1).
Les hommes primitifs faisaient peu d'efforts pour exprimer en paroles leurs conviction religieuses. Ils dansaient leur religion plus qu'ils ne la méditaient. Les hommes modernes ont imaginé bien des croyances et créé bien des critères de foi religieuse. Il faut que les futurs penseurs religieux vivent leur religion, se consacrent sincèrement au service de la confraternité humaine. Il est grand temps que les hommes aient une expérience religieuse assez personnelle et assez sublime pour quelle ne puisse se concevoir et se manifester que par des « sentiments trop profonds pour s'exprimer par des mots».
Jésus ne demandait pas à ses disciples de se réunir périodiquement pour réciter des assemblages de mots indiquant leurs croyances communes. Il ordonna seulement qu'ils se réunissent pour une manifestation physique -- prendre part au souper commun en souvenance de sa vie d'effusion sur Urantia.
Quand les chrétiens présentent le Christ comme idéal suprême de commandement spirituel, ils commettent une grave erreur en exigeant que les hommes et les femmes conscients de Dieu rejettent l'autorité historique des hommes connaissant Dieu qui ont contribué à éclairer leur nation ou leur race particulière durant les âges passés.
6. -- LES RELIGIONS INSTITUTIONNELLES
Le sectarisme est une maladie des religions institutionnelles, et le dogmatisme est un esclavage de la nature spirituelle. Il vaut bien mieux avoir une religion sans Église qu'une Église sans religion. Le tourbillon religieux du XXième siècle n'est pas par lui-même un indice de décadence spirituelle. La confusion apparaît aussi bien avant la croissance qu'avant la destruction.
La collectivisation de la religion a de bonnes raisons d'être. Les activités religieuses collectives ont pour but de mettre en scène la fidélité envers la religion; de magnifier les attraits de la vérité, de la beauté, et de la bonté; d'entretenir l'attirance des valeurs suprêmes; de mettre en valeur le service de fraternité généreuse; de glorifier les potentiels de la vie de famille; de fournir de sages conseils et des directives spirituelles; et d'encourager le culte en commun. Toutes les religions vivantes encouragent les amitiés humaines, préservent la moralité, favorisent le bien-être du voisinage, et facilitent la diffusion de l'évangile essentiel de leurs messages respectifs de salut éternel.
A mesure que la religion se conforme à des institutions, son pouvoir de faire du bien s'amenuise, tandis que ses possibilités de faire du mal s'accroissent considérablement. Les dangers de la religion formaliste sont les suivants: fixation des croyances et cristallisation des sentiments; accumulation des droits acquis avec accroissement de l'irréligion; tendance à uniformiser et à fossiliser la vérité; religion détournée du service de Dieu au service de l'Église; penchant des chefs à devenir administrateurs au lieu de ministres; tendance à former des sectes et des divisions en concurrence; établissement d'une autorité ecclésiastique oppressive; naissance de l'état d'esprit aristocratique du « peuple élu »; entretien d'idées fausses et exagérées sur la sainteté; religion rendue routinière et culte pétrifié; tendance à vénérer le passé en ignorant les besoins présents; inaptitude à donner une interprétation moderne de la religion; enchevêtrement avec des fonctions dans les institutions laïques; en outre, la religion formaliste crée la fâcheuse discrimination des castes religieuses, elle devient un juge intolérant de l'orthodoxie, elle ne réussit pas à retenir l'intérêt de la jeunesse aventureuse, et elle perd graduellement le message sauveur de l'Évangile du salut éternel.
La religion officielle freine les hommes dans leurs activités spirituelles personnelles au lieu de les libérer pour un service plus élevé de bâtisseurs du royaume.
7. -- APPORTS DE LA RELIGION
Les Églises et tous les autres groupes religieux devraient se tenir à l'écart de toute activité laïque, mais en même temps la religion ne doit rien faire pour gêner ou retarder la coordination des institutions humaines. La vie doit continuer à croître en signification; les hommes doivent poursuivre leur réforme de la philosophie et leur clarification de la religion.
Il faut que la science politique reconstruise l'économie et l'industrie par les techniques quelle apprend des sciences sociales et par la clairvoyance et les motifs fournis par la vie religieuse. Dans toute reconstruction sociale, la religion apporte une fidélité stabilisatrice envers un objet transcendant, un but équilibrant situé au delà et au-dessus des objectifs temporels immédiats. Au milieu des confusions d'un entourage qui change rapidement, les mortels ont besoin d'être soutenus par une vaste perspective cosmique.
La religion inspire aux hommes le courage et la joie de vivre sur terre; elle unit la patience à la passion, la clairvoyance au zèle, la sympathie au pouvoir, et les idéaux à l'énergie.
Jamais un homme ne peut prendre une décision sage sur des questions temporelles ni transcender l'égoïsme des intérêts personnels, à moins de méditer en présence de la souveraineté de Dieu et de faire entrer en ligne de compte les réalités des significations divines et des valeurs spirituelles.
L'interdépendance économique et la fraternisation sociale conduiront finalement à la confraternité. Les hommes sont naturellement des rêveurs, mais la science les dégrise et permet à la religion de les animer en risquant alors beaucoup moins de précipiter des réactions fanatiques. Les nécessités économiques lient les hommes à la réalité, et l'expérience religieuse personnelle amène les mêmes hommes face aux réalités éternelles d'une citoyenneté cosmique en expansion et en progrès constants.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]



