La cosmogonie d'Urantia
La première publication française du Livre d'Urantia

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    • 26. Les esprits tutélaires de l'univers central
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    • 28. Esprits tutélaires des superunivers
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    • 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer
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  • 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
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3. L'HISTOIRE D'URANTIA

94. Les enseignements de Melchizédek en orient

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 03 December 2025

LES ENSEIGNEMENTS DE MELCHIZÉDEK EN ORIENT

LES premiers instructeurs de la religion de Salem pénétrèrent jusqu'aux tribus les plus reculées d'Afrique et d'Eurasie, prêchant toujours l'évangile de Melchizédek qui présentait la confiance et la foi en l'unique Dieu universel comme le seul prix à payer pour obtenir la faveur divine. L'alliance de Melchizédek avec Abraham servit de modèle pour toute la propagande initiale émanant de Salem et des autres centres. Urantia n'a jamais eu de missionnaires religieux plus enthousiastes et plus dynamiques que les nobles hommes et femme qui apportèrent les enseignements de Melchizédek dans tout l'hémisphère oriental. Ces missionnaires furent recrutés parmi de nombreux peuples et races, et répandirent en grande partie leurs enseignements par le truchement d'indigènes convertis. Ils établissaient des centres d'éducation dans les différentes parties du monde où ils enseignaient la religion de Salem aux indigènes, et ensuite ils chargeaient leurs élèves d'instruire leur propre peuple.

1. -- LES ENSEIGNEMENTS DE SALEM DANS L'INDE VÉDIQUE

À l'époque de Melchizédek, l'Inde était un pays cosmopolite récemment tombé sous la domination politique et religieuse des envahisseurs Aryens-Andites venus du nord et de l'ouest. À cette date, seules les portions nord et ouest de la péninsule avaient été largement infiltrées par les Aryens. Ces nouveaux arrivants védiques avaient amené avec eux leurs nombreuses déités tribales. Les formes religieuses de leur culte suivaient étroitement les pratiques cérémonielles de leurs anciens ancêtres andites, en ce sens que le père opérait encore comme prêtre et la mère comme prêtresse, et que l'âtre de la famille servait encore d'autel.

Le culte védique était alors en voie de croissance et de métamorphose sous la direction de la caste des Brahmanes; ces prêtres éducateurs prenaient graduellement le contrôle du rituel d'adoration qui se développait. L'amalgamation des trente-trois déités aryennes était bien en cours quand les missionnaires de Salem pénétrèrent dans le nord de l'Inde.

Le polythéisme des Aryens représentait une dégénérescence de leur monothéisme primitif, causée par leur séparation en unités tribales, chaque tribu ayant son dieu vénéré. Cette décentralisation du monothéisme et du trinitarisme originels de la Mésopotamie andite allait subir une synthèse nouvelle au cours des premiers siècles du second millénaire avant le Christ. Les multiples dieux furent organisés en un panthéon sous la direction trine de Dyaus Pitar, le seigneur du ciel, d'Indra, le tempétueux seigneur de l'atmosphère, et d'Agni, le dieu tricéphale du feu, seigneur de la terre et vestige symbolique d'un ancien concept de la Trinité.

Des développements nettement hénothéistes (1) préparaient la voie à un monothéisme évolué. Agni, la déité la plus ancienne, était souvent exalté en tant que père-chef du panthéon tout entier. Le principe du dieu-père, appelé tantôt Prajapati tantôt Brahma, fut submergé dans la bataille théologique que les prêtres brahmanes livrèrent plus tard aux instructeurs de Salem. Le principe d'énergie-divinité animant tout le panthéon védique fut appelé Le Brahmane.

  (1) N'admettant pour soi qu'un seul Dieu, mais admettant que d'autres nations en aient un différent.

Les missionnaires de Salem prêchaient le Dieu unique de Melchizédek, le Très Haut du ciel. Ce portrait n'était pas entièrement en désaccord avec le concept émergent de Brahma-Père en tant que source de tous les dieux, mais la doctrine de Salem ne comportait pas de rites; elle allait donc directement à l'encontre des dogmes, traditions et enseignements de la prêtrise brahmanique. Les brahmanes ne voulurent jamais accepter la doctrine de Salem enseignant le salut par la foi, la faveur de Dieu obtenue en dehors des observances rituelles et des sacrifices cérémoniels.

Le rejet de l'évangile de Melchizédek concernant la confiance en Dieu et le salut par la foi marqua un tournant capital pour l'Inde. Les missionnaires de Salem avaient beaucoup contribué à faire perdre la foi dans les anciens dieux védiques, mais les chefs, les prêtres du védisme, refusèrent d'accepter la doctrine de Melchizédek enseignant un seul Dieu et une religion unique et simple.

Les brahmanes expurgèrent les livres sacrés de leur temps dans un effort pour combattre les instructeurs de Salem. Leur compilation, à nouveau corrigée plus tard, est parvenue aux temps modernes sous la forme du Rig-Véda, l'un des livres sacrés les plus anciens. Les second, troisième, et quatrième Védas suivirent à mesure que les brahmanes cherchaient à cristalliser et à guider leurs rites d'adoration et de sacrifices, et à les imposer aux gens de leur époque. Dans ce qu'ils ont de meilleur, ces écrits sont l'équivalent, en beauté de caractère et en discernement de la vérité, de n'importe quelle autre doctrine analogue. Mais à mesure que cette religion supérieure fut corrompue par les milliers de superstitions, cultes, et rites de l'Inde méridionale, elle devint progressivement par métamorphose le système théologique le plus bigarré que les hommes aient jamais mis sur pied. L'étude des Védas fera découvrir certains concepts de la Déité parmi les plus élevés et d'autres parmi les plus avilis qui aient jamais été conçus.

2. -- LE BRAHMANISME

À mesure que les missionnaires de Salem pénétrèrent plus au sud dans le Deccan dravidien, ils rencontrèrent un système de castes de plus en plus solidement établi; ce système avait été imaginé par les Aryens cherchant à conserver leur identité raciale en face d'une marée montante de peuplades Sangik secondaires. La caste sacerdotale brahmanique étant l'essence même du système, cet ordre social retarda considérablement le progrès des instructeurs de Salem. L'institution des castes ne réussit pas à sauver la race aryenne, mais réussit à perpétuer les brahmanes, qui a leur tour maintinrent leur hégémonie religieuse sur l'Inde jusqu'à l'époque actuelle.

Ensuite, avec l'affaiblissement du védisme par le rejet de la vérité supérieure, le culte des Aryens fut soumis à des incursions croissantes venant du Deccan. Dans un effort désespéré pour endiguer le flot de l'extinction raciale et de l'anéantissement religieux, la caste des prêtres chercha à se hausser au-dessus de tout. Les brahmanes enseignèrent que les sacrifices à la déité étaient entièrement efficaces, que la puissance des sacrifices exerçait sur elle une contrainte totale. Ils proclamèrent que, des deux principes divins essentiels de l'univers, l'un était le dieu Brahmane, et l'autre la prêtrise brahmanique. Chez nul autre peuple d'Urantia les prêtres ne prétendirent s'élever au-dessus de leurs dieux et s'attribuer les honneurs dus à leurs dieux. Ils allèrent si absurdement loin dans ces revendications présomptueuses que l'ensemble de ce système précaire s'effondra devant les cultes avilissants qui affluaient en provenance des civilisations environnantes moins avancées. L'immense prêtrise védique elle même s'embourba et sombra sous le flot noir d'inertie et de pessimisme dont sa propre présomption égoïste et malavisée avait inondé l'Inde.

La concentration indue sur soi conduisit infailliblement à craindre la perpétuation non-évolutionnaire de l'être dans un cycle sans fin d'incarnations successives en tant qu'homme, bête, ou mauvaise herbe. Parmi foutes les croyances corruptrices susceptibles d'être attachées à ce qui aurait pu être un monothéisme émergent, nulle ne fut plus ridicule que la croyance à la transmigration -- la doctrine de la réincarnation de l'âme dans un animal -- qui venait du Deccan dravidien. Cette croyance a un cycle fastidieux et monotone de transmigrations répétées enleva aux mortels désemparés leur espoir longtemps chéri de trouver dans la mort la délivrance et l'avancement spirituel qui avaient fait partie de la foi védique primitive.

Cet enseignement philosophiquement débilitant fut bientôt suivi par l'invention de la doctrine où l'on échappe éternellement à son identité en s'immergeant dans le repos et la paix universels d'une union absolue avec Brahmane, la super-âme de toute la création. Les désirs matériels et les ambitions humaines furent efficacement ôtés aux hommes et virtuellement détruits. Pendant près de deux mille ans, les meilleurs penseurs de l'Inde ont cherché à échapper a tout désir, et la porte fut ainsi grande ouverte à l'entrée des cultes et enseignements ultérieurs qui ont virtuellement enchaîné les âmes d'un grand nombre d'Hindous dans les entraves du désespoir spirituel. Parmi toutes les civilisations, ce fut la védique-aryenne qui paya le prix le plus terrible pour avoir rejeté l'évangile de Salem.

Les castes à elles seules ne pouvaient perpétuer le système religio-culturel aryen, et à mesure que les religions inférieures du Deccan s'infiltrèrent dans le nord, il survint une ère de découragement et de désespoir. Ce fut au cours de cette sombre époque que naquit le culte consistant à n'ôter la vie à aucune créature, et ce culte a toujours subsisté depuis lors. Un grand nombre des nouveaux cultes étaient franchement athées, prétendant que le salut possible à atteindre ne pouvait provenir que des efforts humains sans assistance extérieure. Toutefois, dans une grande partie de cette philosophie de malheur, on peut trouver des vestiges déformés des enseignements de Melchizédek et même d'Adam.

Ce fut l'époque de la compilation des dernières Ecritures de la foi hindoue, les Brahmanas et les Upanishads. Ayant rejeté la doctrine enseignant la religion personnelle par l'expérience de la foi personnelle en un Dieu unique, et ayant été corrompue par le flot de cultes et de croyances avilissants et débilitants du Deccan, avec leurs anthropomorphismes et leurs réincarnations, la prêtrise brahmanique manifesta une violente réaction contre les croyances corruptrices; il y eut un net effort pour chercher et trouver la vraie réalité. Les Brahmanes entreprirent de désanthropomorphiser le concept indien de la déité, mais ce faisant ils tombèrent dans la grave erreur de dépersonnaliser le concept de Dieu. Ils sortirent de cette épreuve, non avec un concept sublime et spirituel du Père Paradisiaque, mais avec une idée lointaine et métaphysique d'un Absolu englobant tout.

Dans leurs efforts d'auto-préservation, les brahmanes avaient rejeté le Dieu unique de Melchizédek, et maintenant ils se trouvaient nantis de l'hypothèse de Brahmane, cette entité philosophique imprécise et illusoire, ce quelque chose d'impersonnel et d'impuissant qui a laissé la vie spirituelle de l'Inde désemparée et prostrée depuis ce temps jusqu XXième siècle.

Ce fut à l'époque où l'on écrivit les Upanishads que le bouddhisme surgit aux Indes mais, malgré un millénaire de succès, il ne put concurrencer la dernière phase de l'hindouisme. En dépit de sa moralité supérieure, son portrait initial de Dieu était encore moins net que celui de l'hindouisme qui fournissait des déités secondaires et personnelles. Finalement, le bouddhisme céda dans l'Inde du nord devant les attaques d'un Islam militant avec son concept bien défini d'Allah comme Dieu suprême de l'univers.

3. -- LA PHILOSOPHIE BRAHMANIQUE

Bien que la phase supérieure du brahmanisme soit à peine une religion, elle a vraiment été l'une des plus nobles tentatives de la pensée humaine pour pénétrer les domaines de la philosophie et de la métaphysique. Après avoir pris le départ pour découvrir la réalité finale, la pensée hindoue ne s'est plus arrêtée avant d'avoir spéculé sur presque tous les aspects de la théologie, excepté sur le concept essentiel et double de la religion: l'existence du Père Universel de toutes les créatures, et le fait de l'expérience ascendante, dans l'univers, de ces mêmes créatures cherchant à atteindre le Père éternel qui leur a commandé d'être parfaites, comme lui-même est parfait.

Dans le concept du Brahmane, les penseurs de cette époque saisissaient véritablement l'idée d'un Absolu imprégnant tout, car ils identifiaient simultanément ce postulat avec l'énergie créative et avec la réaction cosmique. Ils concevaient Le Brahmane comme transcendant toute définition et comme susceptible d'être compris seulement par la négation successive de toutes les qualités finies. C'était nettement une croyance en un être absolu, et même infini, mais ce concept était largement dépourvu des attributs de la personnalité; il n'était donc pas expérimentable par des croyants individuels.

Brahmane-Narayana fut conçu comme l'Absolu, comme l'infini CELA EXISTE, comme la puissance créatrice primordiale du cosmos potentiel, comme l'Être Universel existant à l'état statique et potentiel durant toute l'éternité. Si les philosophes de l'époque avaient été capables de franchir l'étape suivante dans la conception de la déité, s'ils avaient pu concevoir Le Brahmane comme associatif et créatif, leur enseignement serait devenu la présentation la plus avancée de la Déité sur Urantia, car il aurait englobé cinq sur sept des premiers niveaux de la fonction totale de la déité, et aurait peut-être envisagé les deux derniers.

Au cours de certaines phases, le concept de l'Unique Super-âme Universelle en tant que totalité de la somme des existences de toutes les créatures amena les philosophes hindous très près de la vérité de l'Être Suprême; mais cette vérité ne leur servit à rien, parce qu'ils ne réussirent à développer aucune méthode personnelle raisonnable ou rationnelle pour atteindre leur but monothéiste théorique de Brahmane-Narayana.

Le principe karmique de continuité causale était très proche de l'aphorisme que toutes les actions dans l'espace-temps se répercutent en une synthèse dans la présence divine du Suprême; mais ce postulat ne permit jamais l'aboutissement coordonné a la Déité par les croyants religieux individuels; il ne conduisit qu'à l'engloutissement ultime de toute personnalité dans la Suprême Universelle.

La philosophie du brahmanisme fut également très près de comprendre l'habitation par les Ajusteurs de Pensée, mais elle se laissa pervertir par une fausse conception de la vérité. L'enseignement que l'âme est la demeure de Brahmane aurait préparé le chemin à une religion avancée si ce concept n'avait pas été complètement vicié par la croyance qu'il n'existe pas d'individualité humaine en dehors de cette présence de l'Être Universel.

Dans leur doctrine où l'âme individuelle se fond dans la Super-âme, les théologiens de l'Inde ne réussirent pas à ménager la survie de quelque chose d'humain, quelque chose de nouveau et d'unique, né de l'union du vouloir de l'homme et de la volonté de Dieu. L'enseignement du retour de l'âme au Brahmane est étroitement parallèle à la vérité du retour de l'Ajusteur au sein du Père Universel, mais il y a quelque chose d'autre qui survit aussi, à savoir la contrepartie morontielle de la personnalité humaine. Or ce concept essentiel était désastreusement absent de la philosophie brahmanique.

Celle-ci parvint à une approximation de beaucoup de faits de l'univers et approcha de nombreuses vérités cosmiques, mais elle tomba bien trop souvent victime d'erreurs, faute de différencier les sept niveaux de la réalité, tels que les niveaux absolu, transcendantal, et fini. Elle n'a pas réussi à faire entrer en ligne de compte qu'un aspect donné, susceptible d'être fini et illusoire sur le niveau absolu, peut être absolument réel sur le niveau fini. Elle n'a pas non plus pris acte de la personnalité essentielle du Père Universel, avec qui l'on peut prendre personnellement contact sur tous les niveaux, depuis l'expérience limitée des créatures évolutionnaires avec Dieu par les Ajusteurs de Pensée jusqu'à l'expérience limitée du Fils Éternel avec le Père du Paradis.

4. -- LA RELIGION HINDOUE

Au cours des siècles, le peuple hindou revint dans une certaine mesure aux anciens rituels des Védas tels qu'ils avaient été modifiés par les enseignements des missionnaires de Melchizédek et cristallisés par la prêtrise brahmanique ultérieure. Cette religion, la plus ancienne et la plus cosmopolite du monde, a subi de nouveaux changements en réponse au Bouddhisme, au Jaïnisme, et aux influences plus récentes du Mahométisme et du Christianisme. Mais quand les enseignements de Jésus parvinrent aux indes, ils avaient déjà été occidentalisés au point d'être une « religion des hommes blancs », donc insolite et étrangère à la pensée hindoue.

La théologie hindoue actuelle décrit quatre niveaux descendants de déité et de réalité.

   1. Le Brahmane, l'Absolu, l'Entité Infinie, le CELA EXISTE.

   2. La Trimurti, la trinité suprême de l'hindouisme. Le premier membre de cette association, Brahma, se conçoit comme créé par lui-même à partir du Brahmane -- l'infinité. S'il n'était pas étroitement identifié à l'Entité Infinie panthéiste, Brahma pourrait constituer le fondement d'un concept du Père Universel. Brahma est également identifié avec le destin.

L'adoration de Siva et de Vishnou, les second et troisième membres de la Trimurti, apparut au premier millénaire après le Christ. Siva est le seigneur de la vie et de la mort, le dieu de la fécondité, et le maître de la destruction. Vishnou est extrêmement populaire à cause de la croyance à son incarnation périodique sous forme humaine. De cette manière, Vishnou devient réel et vivant dans l'imagination des Hindous. Certains considèrent Siva et Vishnou comme suprêmes au-dessus de tout.

   3 Les déités védiques et post-védiques. Beaucoup d'anciens dieux des Aryens, tels qu'Agni, Indra, et Soma, ont subsisté comme satellites des trois membres de la Trimurti. De nombreux dieux additionnels ont surgi depuis les débuts de l'Inde védique, et ils ont aussi été incorporés dans le panthéon hindou.

   4. Les demi-dieux: surhommes, semi-dieux, héros, démons, mauvais esprits, farfadets, monstres, lutins, et saints des cultes plus récents.

Depuis longtemps l'hindouisme n'a pas réussi a vivifier le peuple indien, mais en même temps il a généralement été une religion tolérante. Sa grande force réside dans le fait qu'il s'est révélé comme la religion la plus flexible et la plus vague qui soit apparue sur Urantia. Il est capable de changements à peu près illimités et possède un champ inhabituel d'adaptations souples, depuis les spéculations élevées et semi-monothéistes des brahmanes intellectuels jusqu'au franc fétichisme et aux pratiques culturelles primitives des classes avilies et déprimées de croyants ignorants.

L'hindouisme a survécu parce qu'il est essentiellement une partie intégrante de l'édifice social des Indes. Il ne comporte pas de grande hiérarchie qui puisse être troublée ou détruite; il est imbriqué dans l'archétype de vie du peuple. Il possède une adaptabilité aux conditions changeantes dépassant celle de tout autre culte, et il prend une attitude tolérante d'adoption envers beaucoup d'autres religions; il a ainsi prétendu que Gautama Bouddha, et même le Christ étaient des incarnations de Vishnou.

Aujourd'hui, l'Inde a surtout besoin d'une présentation de l'évangile de Jésus -- la Paternité de Dieu et la filiation de tous les hommes, avec la fraternité qui s'ensuit et que l'on manifeste personnellement par un ministère aimant et des services sociaux. Aux Indes, le cadre philosophique existe, la structure du culte est présente; il manque simplement l'étincelle vivifiante de l'amour dynamique décrit dans l'évangile originel du Fils de l'Homme, dépouillé des doctrines et dogmes occidentaux qui ont tendu à faire de la vie d'effusion de Micaël une religion des hommes blancs.

5. -- LA LUTTE POUR LA VÉRITÉ EN CHINE

Pendant que les missionnaires de Salem parcouraient l'Asie en répandant la doctrine du Dieu Très Haut et du salut par la foi, ils s'imprégnèrent beaucoup de la philosophie et de la pensée religieuse des divers pays traversés. Toutefois, les éducateurs commissionnés par Melchizédek et ses successeurs ne faillirent pas à leur mission; ils pénétrèrent chez tous les peuples du continent eurasien, et ce fut au milieu du second millénaire avant le Christ qu'ils arrivèrent en Chine. Pendant plus de cent ans, les Salémites maintinrent leur quartier général à Si Fouch, où ils entraînèrent des éducateurs chinois qui enseignèrent chez tous les peuples de race jaune.

Ce fut comme conséquence directe de cet enseignement que la toute première forme de Taoïsme apparut en Chine; c'était une religion extrêmement différente de celle qui porte aujourd'hui ce nom. Le taoïsme primitif ou proto-taoïsme était composé des facteurs suivants:

   1. Les rémanences des enseignements de Singlangton, qui persistèrent dans le concept de Shang-ti, le Dieu du Ciel. A l'époque de Singlangton, le peuple chinois devint virtuellement monothéiste; il concentra son adoration sur la Vérité Unique, connue plus tard sous le nom d'Esprit du Ciel, chef de l'univers. La race jaune ne perdit jamais tout à fait ce concept initial de la Déité, malgré le fait qu'au cours de siècles ultérieurs de nombreux dieux et esprits subordonnés se soient insinués subrepticement dans sa religion.

   2. La religion de Salem d'une Très Haute Déité Créatrice prête à octroyer sa faveur à l'humanité en réponse à la foi des hommes. Mais à l'époque où les missionnaires de Melchizédek eurent pénétré dans les pays de la race jaune, il est malheureusement trop vrai que leur message s'était considérablement écarté de la simple doctrine de Salem du temps de Melchizédek.

   3. Le concept du Brahmane-Absolu des philosophes hindous doublé du désir d'échapper à tous les maux. La plus grande influence sur l'expansion vers l'est de la religion de Salem fut peut-être celle des éducateurs hindous de la foi védique, qui introduisirent leur conception du Brahmane -- de l'Absolu -- dans la pensée salutiste des Salémites.

Ce taoïsme primitif et composite se répandit dans les pays des races jaune et brune comme une influence sous-jacente dans la philosophie de la pensée religieuse. Au Japon, le proto-taoïsme fut connu sous le nom de Shinto, et les peuples de cette contrée, fort éloignée de Salem en Palestine, eurent connaissance de l'incarnation de Machiventa Melchizédek qui habita sur terre afin que l'humanité n'oublie pas le nom de Dieu.

En Chine, toutes ces croyances furent ultérieurement confondues, et mêlées au culte toujours croissant des ancêtres. Mais depuis l'époque de Singlangton, les Chinois ne sont plus jamais tombés misérablement esclaves d'une prêtrise. La race jaune fut la première à émerger de la servitude barbare et à entrer dans une civilisation ordonnée, parce quelle fut la première à se dégager dans une certaine mesure de la peur abjecte des dieux; elle ne craignait même pas les fantômes des morts comme les craignaient les autres races. La Chine rencontra la défaite parce quelle ne réussit pas à progresser au delà de son émancipation initiale des prêtres; elle tomba dans une erreur presque aussi calamiteuse, celle du culte des ancêtres.

Toutefois, les Salémites ne travaillèrent as en vain. Ce fut sur les fondements de leur évangile que les grands philosophes de la Chine du VIième siècle avant J.-C. bâtirent leurs enseignements. L'atmosphère morale et les sentiments spirituels de l'époque de Lao-tsé et de Confucius provenaient des enseignements des missionnaires de Salem donnés au cours d'un âge antérieur.

6. -- LAO-TSÉ ET CONFUCIUS

Environ six cents ans avant l'arrivée de Micaël, Melchizédek, alors désincarné depuis longtemps, eut l'impression que la pureté de son enseignement sur la Terre était indûment mise en péril par résorption générale dans les croyances plus anciennes d'Urantia. Il apparut pour un temps que sa mission comme précurseur de Micaël risquait d'échouer. Alors, au VIième siècle avant le Christ, par une coordination exceptionnelle de facteurs spirituels dont tous ne sont pas compris, même par les superviseurs planétaires, Urantia assista à une présentation fort inhabituelle de la vérité religieuse sous des formes multiples. Par le truchement de divers éducateurs humains, l'Évangile de Salem fut réaffirmé et revivifié; il subsista ensuite en grande partie, tel qu'il fut alors présents, jusqu'à l'époque des présents écrits.

Ce siècle extraordinaire de progrès spirituel fut caractérisé par l'apparition de grands instructeurs religieux, moraux, et philosophiques dans tout le monde civilisé. En chine, les deux maîtres les plus remarquables furent Lao-tsé et Confucius.

Lao-tsé édifia directement sur les concepts des traditions de Salem en déclarant que Tao était l'Unique Cause Première de toute la création. Lao-tsé avait une grande vision spirituelle. Il enseigna que « la destinée éternelle de l'homme était l'union perpétuelle avec Tao, Dieu Suprême et Roi Universel ». Il discernait profondément la cause ultime, car il écrivit: « L'Unité naît du Tao Absolu; issue de cette Unité apparaît la Dualité cosmique, puis, issue de cette Dualité, la Trinité jaillit à l'existence, et la Trinité est la source primordiale de toute réalité ». « Toute la réalité est toujours en équilibre entre les potentiels et les manifestations du cosmos, et ceux-ci sont éternellement harmonisés par l'esprit de divinité ».

Lao-tsé fut aussi l'un des premiers à présenter la doctrine consistant à rendre le bien pour le mal: « La bonté engendre la bonté, mais pour quiconque est vraiment bon, le mal engendre aussi la bonté ».

Il enseigna le retour de la créature au Créateur et décrivit la vie comme l'émergence d'une personnalité issue des potentiels cosmiques, tandis que la mort ressemblait à un retour au foyer de cette personnalité créée. Sa conception de la foi était inhabituelle, et lui aussi l'assimilait au «comportement d'un petit enfant ».

Sa compréhension du dessein éternel de Dieu était claire, car il dit: «La Déité Absolue ne fait pas d'efforts, mais elle est toujours victorieuse; elle ne contraint pas les hommes, mais se tient toujours prête à répondre à leurs désirs sincères; la volonté de Dieu est éternellement patiente, et son expression est inévitable dans l'éternité ». Exprimant la vérité qu'il est plus béni de donner que de recevoir, Lao-tsé dit aussi en parlant de l'homme sincèrement religieuse: « l'homme bon ne cherche pas à garder la vérité pour lui-même, mais plutôt à en effuser les richesses sur ses semblables, car telle est la compréhension claire de la vérité. La volonté du Dieu Absolu est toujours bénéfique et jamais destructrice; le dessein du véritable croyant est toujours d'agir, mais jamais de contraindre ».

Lao-tsé enseigna la non-résistance et la distinction entre l'action et la contrainte, mais ces notions se déformèrent et devinrent plus tard la croyance qu'il ne faut « rien voir, rien faire, et rien penser ». Lao-tsé ne professa jamais une telle erreur, mais sa présentation de la non-résistance fut un facteur pour développer la prédilection des peuples chinois pour la paix.

Le taoïsme populaire du XXième siècle d'Urantia n'a plus grand-chose de commun avec les sentiments sublimes et les conceptions cosmiques du vieux philosophe qui enseignait la vérité telle qui la percevait, c'est-à-dire que la foi dans le Dieu Absolu est la source de l'énergie divine qui recréera le monde, et par laquelle l'homme s'élèvera à l'union spirituelle avec Tao, la Déité Eternelle et le Créateur Absolu des univers.

Confucius (Kong Fou-tsé) était un jeune contemporain de Lao dans la Chine du VIième siècle avant J.-C. Confucius basa ses doctrines sur les meilleures traditions morales de la longue histoire de la race jaune; il fut aussi quelque peu influencé par les vagues traditions des missionnaires de Salem. Son principal travail consista à compiler les sages dictons des anciens philosophes. Il fut rejeté comme éducateur durant sa vie, mais depuis lors ses écrits et ses enseignements ont toujours exercé une grande influence en Chine et au Japon. Confucius réorienta les chamans, en ce sens qu'il remplaça la magie par la moralité. Mais il construisit trop bien; il fit de l'ordre un nouveau fétiche et affermit le respect des agissements des ancêtres, qui étaient encore vénérés par les Chinois à l'époque du présent exposé.

Confucius prêchait la moralité en se basant sur la théorie que la voie terrestre est l'ombre déformée de la voie céleste, que le véritable modèle de la civilisation temporelle est l'image reflétée de l'ordre éternel des cieux. Le concept potentiel de Dieu dans le confucianisme fut presque complètement subordonné à l'accent mis sur la Voie du Ciel, l'archétype du cosmos.

Les enseignements de Lao-tsé ont été perdus pour tous, sauf pour une minorité en Orient, mais les écrits de Confucius ont toujours constitué, depuis leur diffusion, la base de la contexture morale de la culture de près d'un tiers des Urantiens. Les préceptes de Confucius, tout en perpétuant le meilleur du passé, étaient quelque peu ennemis de l'esprit chinois d'investigation, qui avait abouti aux accomplissements tant vénérés. L'influence de ces doctrines fut combattue sans succès à la fois par les efforts de l'empereur Chin Shi Huang Ti et par les enseignements de Mo Ti. Ce dernier proclama une fraternité basée sur l'amour de Dieu et non sur le devoir moral; il chercha à ranimer l'ancienne recherche des vérités nouvelles, mais ses enseignements échouèrent devant la vigoureuse opposition des disciples de Confucius.

Comme bien d'autres éducateurs spirituels et moraux, Confucius et Lao-tsé finirent par être déifiés par leurs zélateurs au cours des âges de ténèbres qui intervinrent en Chine entre le déclin et la perversion de la foi taoïste et l'arrivée des missionnaires bouddhistes venant des Indes. Durant ces siècles de décadence spirituelle, la religion de la race jaune dégénéra en une pitoyable théologie où fourmillaient les diables, les dragons, et les mauvais esprits, dénotant tous le retour des peurs de la pensée humaine non éclairée. Alors la Chine, jadis à la tête de la société humaine à cause de sa religion avancée, resta à la traîne à cause de son impuissance temporaire à progresser dans le véritable sentier du développement de la conscience de Dieu; celle-ci est indispensable au vrai progrès, non seulement des mortels individuels, mais aussi des civilisations enchevêtrées et complexes qui caractérisent l'avance de la culture et de la société sur une planète évolutionnaire du temps et de l'espace.

7. -- GAUTAMA SIDDHARTA

Contemporain de Lao-tsé et de Confucius en Chine, un autre instructeur de la vérité surgit aux Indes. Gautama Siddharta naquit au sixième siècle avant le Christ dans la province du Népal, au nord de l'Inde. Ses disciples le présentèrent plus tard comme le fils d'un chef fabuleusement riche, mais en vérité il était l'héritier présomptif d'un insignifiant chef de clan qui régnait par consentement tacite sur une petite vallée montagneuse isolée dans le sud des Himalaya.

Après avoir pratiqué le yoga en vain pendant six ans, Gautama formula les théories qui devinrent la philosophie du bouddhisme. Siddharta engagea une lutte résolue mais infructueuse contre le système grandissant des castes. Autour de ce jeune prince prophète régnait une atmosphère de sincérité sublime et de générosité extraordinaire qui séduisait beaucoup les hommes de cette époque. Il combattit la pratique consistant à rechercher le salut individuel par des afflictions physiques et des souffrances personnelles, et il exhorta ses disciples à apporter son évangile au monde entier.

Au milieu de la confusion et des pratiques culturelles excessives de l'Inde, les enseignements plus sains et plus modérés de Bouddha arrivèrent comme un soulagement rafraîchissant. Il démontra les dieux, les prêtres, et leurs sacrifices, mais lui non plus ne réussit pas à percevoir la personnalité de l'Être Universel. Ne croyant as à l'existence d'âmes humaines individuelles, Gautama lutta bien entendu vaillamment contre la croyance à la transmigration des âmes, honorée depuis des siècles. Il accomplit un noble effort pour délivrer les hommes de la peur afin d'obtenir qu'ils se sentent à l'aise et chez eux dans le grand univers, mais il ne réussit pas à leur montrer le sentier conduisant au véritable foyer céleste des mortels ascendants -- le Paradis -- et au service croissant de l'existence éternelle.

Gautama était un vrai prophète, et s'il avait prêté attention aux instructions de l'ermite Godad, il aurait pu soulever toute l'Inde par l'inspiration qu'aurait apporté un renouveau de l'évangile de Salem prônant le salut par la foi. Godad descendait d'une famille qui n'avait jamais perdu les traditions des missionnaires de Melchizédek.

Gautama fonda son école à Bénarès, et ce fut durant sa seconde année qu'un élève, Bautan, communiqua à son maître les traditions des missionnaires de Salem au sujet de l'alliance de Melchizédek avec Abraham. Bien que Siddharta n'eût pas une conception très claire du Père Universel, il prit une position avancée sur le salut par la foi -- la simple croyance. Il la déclara devant ses disciples et commença à envoyer ses élèves au dehors par groupes de soixante pour proclamer aux peuples de l'Inde « la bonne nouvelle du salut libre: que tous les hommes, humbles ou élevés, peuvent atteindre la félicité par la foi en la droiture et la justice.»

La femme de Gautama croyait à l'évangile de son mari et fut la fondatrice d'un ordre de nonnes. Son fils devint son successeur et étendit beaucoup la pratique du culte; il saisit bien l'idée du salut par la foi, mais chancela plus tard au sujet de la faveur divine obtenue par la foi seule comme l'enseignait l'évangile de Salem. Dans sa vieillesse, les paroles qu'il prononça avant de mourir furent les suivantes « Soyez l'artisan de votre propre salut.»

Dans ce qu'il avait de mieux, l'évangile de salut universel proclamé par Gautama et dépourvu de sacrifices, de tortures, de rites, et de prêtres était une doctrine révolutionnaire et stupéfiante pour son époque. Il fut étonnamment près de constituer une renaissance de l'évangile de Salem. Il apporta du secours à des millions d'âmes désespérées, et malgré ses ridicules altérations au cours des siècles ultérieurs, cet évangile subsiste encore comme l'espoir de millions d'êtres humains.

Siddharta enseigna beaucoup plus de vérités qu'il n'en survécut dans les cultes modernes portant son nom. Le bouddhisme moderne ne représente pas plus les enseignements de Gautama Siddharta que le Christianisme ne représente les enseignements de Jésus de Nazareth.

8 -- LA FOI BOUDDHIQUE

Pour devenir bouddhiste, on faisait simplement profession publique de foi en récitant le Refuge: « Je prends mon refuge dans le Bouddha; je prends mon refuge dans la Doctrine , je prends mon refuge dans la Fraternité.»

Le bouddhisme prit naissance dans une personnalité historique, et non dans un mythe. Les fidèles de Bouddha l'appelaient Sista, qui signifie maître ou instructeur. Bien qu'il n'eût émis de prétentions surhumaines ni pour lui ni pour ses enseignements, ses disciples commencèrent de bonne heure à l'appeler l'illuminé, le Bouddha, et plus tard Sakyamouni Bouddha.

L'évangile originel de Gautama était basé sur les quatre nobles vérités:

  1. Les nobles vérités de la souffrance.
  2. Les origines de la souffrance.
  3. La destruction de la souffrance.
  4. Le moyen de détruire la souffrance.

Étroitement liée à la doctrine de la souffrance et aux moyens d'y échapper, se plaçait la philosophie du Sentier Octuple: juste point de vue, justes aspirations, justes paroles, juste conduite, justes moyens d'existence, juste effort, juste attention, et juste contemplation. Gautama n'avait pas l'intention d'essayer de détruire tout effort, tout désir, et toute affection en échappant à la souffrance; son enseignement était plutôt destiné à décrire aux mortels la futilité de placer entièrement leurs espérances et leurs aspirations dans des buts temporels et des objectifs matériels. Il ne s'agissait pas tant d'éviter d'aimer ses semblables que d'amener aussi le vrai croyant à regarder, au delà des associations du monde matériel, les réalités de l'éternel futur.

Les commandements moraux des sermons de Gautama étaient au nombre de cinq:

  1. Tu ne tueras pas.
  2. Tu ne déroberas pas.
  3. Tu ne seras pas impudique.
  4. Tu ne mentiras pas.
  5. Tu ne boiras pas de liqueurs enivrantes.

Il existait encore plusieurs commandements additionnels ou secondaires dont l'observance était facultative pour les croyants.

Siddharta ne croyait guère à l'immortalité de la personnalité humaine; sa philosophie n'apportait qu'une sorte de continuité fonctionnelle. Il ne définit jamais clairement ce qu'il entendait inclure dans la doctrine du Nirvana. Le fait que l'on pouvait théoriquement en faire l'expérience durant l'existence terrestre indiquerait que le nirvana n'était pas considéré comme un état d'annihilation complète. Il impliquait une condition d'illumination suprême et de félicité céleste où toutes les chaînes attachant l'homme au monde matériel avaient été rompues; on était libéré des désirs de la vie humaine et délivré de tout danger d'avoir à subir une nouvelle incarnation.

D'après les enseignements originels de Gautama, le salut s'obtient par l'effort humain, en dehors de l'aide divine; il n'y a place ni pour la foi libératrice ni pour des prières à des puissances supra-humaines. Dans sa tentative pour minimiser les superstitions de l'Inde, Gautama s'efforça de détourner les hommes des bruyantes prétentions du salut par la magie. Mais en faisant cet effort, il laissa à ses successeurs une porte grande ouverte leur permettant de mal interpréter son enseignement et de proclamer que tous les efforts humains pour aboutir sont déplaisants et douloureux. Ses disciples négligèrent le fait que le bonheur suprême est lié à la poursuite enthousiaste et intelligente de buts méritoires, et que ces accomplissements constituent le vrai progrès dans l'épanouissement cosmique de soi.

La plus grande vérité de l'enseignement de Siddharta fut sa proclamation d'un univers de justice absolue. Il enseigna la meilleure philosophie athée qui ait jamais été inventée par un mortel; elle était l'humanisme idéal et ôta fort efficacement toute base aux superstitions, aux rites magiques, et à la peur des fantômes et des démons.

La grande faiblesse de l'évangile originel du bouddhisme fut qu'il ne créa pas une religion de service social désintéressé. Pendant longtemps, la confraternité bouddhiste ne fut pas une communauté de croyants, mais plutôt une confrérie d'élèves-maîtres. Gautama leur interdit de recevoir de l'argent, et chercha par ce moyen à empêcher la croissance de tendances hiérarchiques. Gautama lui-même était hautement social, et en vérité sa vie fut plus grandiose que ses sermons.

9. -- LA DIFFUSION DU BOUDDHISME

Le bouddhisme prospéra parce qu'il offrait le salut par la croyance en Bouddha, l'illuminé. Il était plus représentatif des vérités de Melchizédek que tout autre système religieux pratiqué en Asie orientale. Mais le bouddhisme ne se répandit pas beaucoup en tant que religion jusqu'au jour où un monarque de basse caste, Açoka, l'adopta pour sa propre protection; après Ikhnaton en Égypte, Açoka fut l'un des plus remarquables chefs civile entre l'époque de Melchizédek et celle de Micaël. Il bâtit un grand empire indien grâce à la propagande de ses missionnaires bouddhistes. Au cours d'une période de vingt-cinq ans, il éduqua plus de dix-sept mille missionnaires qu'il expédia jusqu'au plus lointaine frontières du monde inconnu. En une seule génération, il fit du bouddhisme la religion dominante de la moitié de la terre. Il prit bientôt pied au Thibet, au Cachemire, à Ceylan, en Birmanie, à Java, au Siam, en Corée, en Chine, et au Japon. D'une manière générale, ce fut une religion considérablement supérieure à celles qu'elle supplanta ou rehaussa.

La diffusion du bouddhisme dans toute l'Asie à partir de son foyer aux Indes est l'une des plus palpitantes histoire de consécration spirituelle et de persévérance missionnaire d'homme sincèrement épris de religion. Non seulement ceux qui enseignait l'évangile de Gautama bravèrent les périls des routes des caravanes terrestres, mais ils firent face aux dangers des mers de Chine, tandis qu'ils poursuivaient leurs mission sur le continent asiatique, apportant à tous les peuples le message le message de leur foi. Toutefois, ce bouddhisme n'était plus la simple doctrine de Gautama; c'était l'évangile rendu miraculeux qui faisait de lui un dieu. Plus le bouddhisme s'éloignait de son berceau des hautes terres de l'Inde, plus il devenait différent des enseignements de Gautama, et plus il ressemblait aux religion qu'il supplantait.

Plus tard le bouddhisme fut très influencé par le taoïsme en Chine, le shinto au Japon, et le christianisme au Thibet. Aux Indes, après un millénaire, le bouddhisme ne fit plus que s'étioler et mourir. Il se brahmanisa, et plus tard baissa lâchement pavillon devant l'Islam; en même temps, dans une grande partie du reste de l'Orient, il dégénéra en rites que Gautama Siddharta n'aurait jamais reconnus.

Dans le sud, le stéréotype littéral des enseignements de Siddharta persista à Ceylan, en Birmanie, et dans la péninsule d'Indochine. Il s'agit là de la branche Hinayana du bouddhisme qui s'attache à sa doctrine primitive ou asociale.

Même avant l'effondrement du bouddhisme aux Indes, les groupes de disciples de Gautama de la Chine et du nord de l'Inde avaient commencé à développer l'enseignement Mahayana de la «Route Majeure »vers le salut, en opposition avec les puristes du sud qui s'en tenaient au Hinayana ou «Route Mineure ». Les Mahayanistes rompirent avec les limitations sociales inhérentes à la doctrine bouddhiste, et depuis lors cette branche septentrionale du bouddhisme a poursuivi son évolution en Chine et au Japon.

Le bouddhisme est aujourd'hui une religion vivante et croissante parce qu'il réussit à conserver bon membre des plus hautes valeurs morales de ses adhérents. Il facilite le calme et le contrôle de soi, augmente la sérénité et le bonheur, et contribue beaucoup à empêcher le chagrin et le deuil. Ceux qui croient à cette philosophie vivent des vies meilleures que beaucoup de ceux qui n'y croient pas.

10. -- LA RELIGION AU TIBET

Au Tibet, on trouve la plus étrange association des enseignements de Melchizédek combiné avec le bouddhisme, l'hindouisme, le taoïsme, et le christianisme. Quand les missionnaires bouddhistes entrèrent au Tibet, ils rencontrèrent un état de sauvagerie primitive très semblable à celui que les premiers missionnaires chrétiens trouvèrent chez les tribus nordiques de l'Europe.

Les candides Tibétains ne voulurent pas abandonner entièrement leur ancienne magie et leurs amulettes. L'étude du cérémonial religieux des rites tibétains actuel révèle l'existence d'une confrérie exagérément nombreuses de prêtres aux têtes rasées qui pratiquent un rituel minutieux comportant des cloches, des incantations, de l'encens, des processions, des rosaires, des images, des amulettes, des tableaux, de l'eau bénite, de somptueux vêtements, et des choeurs compliqués. Ils ont des dogmes rigides et des croyances cristallisées, des rites mystiques et des jeûnes spéciaux. Leur hiérarchie comprend des moines, des nonnes, des abbés, et le Grand Lama. Ils adressent des prières à des anges, à des saints, à une Sainte Mère, et à des dieux. Ils pratiquent la confession et croient au purgatoire. Leurs monastères sont très vastes et leurs cathédrales magnifiques. Ils maintiennent une interminable répétition de rites sacrés et croient que ce cérémonial procure le salut. Ils attachent des prières à un moulin et croient que sa rotation rend les suppliques efficaces. Chez nul autre peuple des temps modernes on ne peut trouver tant d'observances provenant de tant de religions; il est inévitable que cette liturgie cumulative finisse par devenir encombrante à l'excès et intolérablement pesante.

Les Tibétains possèdent quelque chose de toutes les principales religions du monde, sauf les simples enseignements de l'évangile de Jésus: la filiation avec Dieu, la fraternité des hommes, et la citoyenneté toujours ascendante dans à univers éternel.

11. - LA PHILOSOPHIE BOUDDHIQUE

Le bouddhisme pénétra en Chine au premier millénaire après le Christ et cadra bien avec les coutumes religieuses de la race jaune. Dans leur culte des ancêtres, les Chinois avaient longtemps adressé des prières aux morts; maintenant ils pouvaient aussi prier pour eux. Le bouddhisme s'amalgama bientôt avec les vagues pratiques rituelles du taoïsme en désintégration. Cette nouvelle religion synthétique, avec ses temps de culte et son cérémonial religieux précis, ne tarda pas à devenir le culte généralement accepté par les peuples de Chine, de Corée, et du Japon.

Sous certains rapports, il est fâcheux que le bouddhisme n'ait pas été répandu avant que ses zélateurs aient perverti les traditions et enseignements du culte au point de faire de Gautama un être divin. Néanmoins, le mythe de sa vie humaine, embelli comme il le fut par une multitude de miracles, se révéla très séduisant pour les auditeurs de l'évangile nordique, ou Mahayana, du bouddhisme.

Certains de ses zélateurs ultérieurs enseignèrent que l'esprit de Sakyamouni Bouddha revenait périodiquement sur terre comme un bouddha vivant, ouvrant ainsi la voie à une perpétuation indéfinie des images de Bouddha, des temples, des rituels, et des faux « bouddhas vivants ». C'est ainsi que la religion du grand protestataire indien finit par se trouver enchaînée dans les pratiques cérémonielles et les incantations rituelles qu'il avait précisément combattues avec tant d'intrépidité et dénoncées avec tant de courage.

Le grand progrès apporté par la philosophie bouddhique consista a comprendre que toute vérité est relative. Par le mécanisme de cette hypothèse, les Bouddhistes ont pu concilier et mettre en corrélation les divergences intérieures de leurs propres écrits religieux, ainsi que les divergences entre ceux-ci et beaucoup d'autres. On enseignait que les petites vérités étaient faites pour les pensées étroites, et les grandes vérités pour les vastes pensées.

Cette philosophie enseignait aussi que la nature (divine) de Bouddha existait chez tous les hommes; que par ses propres efforts l'homme pouvait arriver à se rendre compte de cette divinité intérieure. Cet enseignement est l'une des plus claires présentations de la vérité au sujet des Ajusteurs de Pensée qui aient jamais été faites par une religion d'Urantia.

L'évangile originel de Siddharta, tel que ses zélateurs l'interprétaient, comportait une grande limitation parce qu'il essayait de dégager complètement l'entité humaine de toutes les restrictions de la nature mortelle par la technique consistant à isoler cette entité de la réalité objective. Or le véritable épanouissement cosmique de soi résulte de l'identification de soi avec la réalité cosmique et avec le cosmos fini d'énergie, de pensée, et d'esprit, limité par l'espace et conditionné par le temps.

Les cérémonies et les observances extérieures du bouddhisme furent grossièrement dénaturées par celles des pays qu'il atteignaient, mais cette dégénérescence n'eut pas entièrement lieu dans la vie philosophique des grands penseurs qui, de temps à autre, embrassèrent ce système de pensée et de croyance. Pendant plus de deux mille ans, beaucoup des meilleurs cerveaux d'Asie se sont concentrés sur le problème de la vérité absolue et de la Vérité de l'Absolu.

L'évolution d'un concept élevé de l'Absolu fut accomplie par de nombreux cheminements de pensée et des sentiers tortueux de raisonnement. Dans cette doctrine de l'infinité, le concept de l'ascension n'était pas aussi clairement défini que l'évolution du concept de Dieu dans la théologie hébraïque. Néanmoins, les penseurs bouddhistes atteignirent certains niveaux élargis, s'y arrêtèrent, et les franchirent en continuant leur chemin vers l'évocation de la Source Primordiale des univers:

   1. La légende de Gautama. A la base du concept se trouvait le fait historique de la vie et des enseignements de Siddharta, le prince prophète hindou. Cette légende se transforma en un mythe au cours de son passage séculaire à travers les vastes pays d'Asie; elle finit par dépasser le statut de l'idée de Gautama en tant qu'illuminé, et commença à se parer d'attributs additionnels.

   2. Les nombreux Bouddhas. On tint le raisonnement que si Gautama était venu vers les peuples de l'Inde, les races de l'humanité avaient dû être bénies dans le lointain passé par la venue d'autres instructeurs de la vérité, et le seraient encore indubitablement dans le lointain futur. Ceci donna naissance à l'enseignement qu'il y avait des Bouddhas en nombre illimité et infini, et même que n'importe qui pouvait aspirer à en devenir un -- à atteindre la divinité d'un Bouddha.

   3. Le Bouddha Absolu. Quand on se mit à croire à un nombre presque infini de Bouddhas, les penseurs de l'époque sentirent la nécessité de réunifier ce concept lourd à manier. En conséquence, on commença à enseigner que tous les Bouddhas n'étaient que la manifestation d'une essence supérieure, d'un certain Être Éternel ayant une existence infinie et inconditionnée, d'une certaine Source Absolue de toute réalité. À partir de là, le concept bouddhique de la Déité, sous sa forme la plus élevée, devint distinct de la personne humaine de Gautama Siddharta et rejeta les limitations anthropomorphiques qui l'avaient bridé. Cette conception finale de Bouddha Éternel s'identifia assez bien avec l'Absolu, et parfois même avec l'infini JE SUIS.

Bien que cette idée de Déité Absolue n'ait jamais rencontré une grande faveur populaire chez les peuples d'Asie, elle permit aux intellectuels de ces pays d'unifier leur philosophie et d'harmoniser leur cosmogonie. Le concept du Bouddha Absolu est tantôt quasi-personnel, tantôt entièrement impersonnel -- tantôt même une force créatrice infinie. Ces concepts sont philosophiquement utiles, mais ne sont pas essentiels au développement religieux. Même un Jéhovah anthropomorphe a une valeur religieuse plus grande que l'Absolu infiniment lointain du bouddhisme ou du brahmanisme.

On crut même à certains moments que l'Absolu était contenu dans l'infini JE SUIS. Mais ces spéculations n'apportaient qu'un encouragement glacé aux multitudes affamées qui souhaitaient ardemment entendre des paroles de promesse, écouter le simple évangile de Salem annonçant que la foi en Dieu assurait la faveur divine et la survie éternelle.

12. -- LE CONCEPT DE DIEU DANS LE BOUDDHISME

La cosmogonie du bouddhisme avait deux grands points faibles: d'une part elle était dénaturée par de nombreuses superstitions de l'Inde et de la Chine, et d'autre part elle sublimait Gautama, d'abord en tant qu'illuminé, et ensuite en tant que Bouddha Éternel. Exactement comme le christianisme a souffert d'avoir absorbé beaucoup de philosophie humaine erronée, de même le bouddhisme porte sa marque humaine de naissance; mais les enseignements de Gautama ont continué à évoluer durant les vingt-cinq derniers siècles. Pour un bouddhiste éclairé, le concept de Bouddha ne représente pas plus la personnalité humaine de Gautama que, pour un chrétien éclairé, le concept de Jéhovah n'est identique à l'esprit démoniaque de Horeb. La pauvreté de terminologie ainsi que la conservation sentimentale d'une antique nomenclature, empêchent souvent de comprendre la vraie signification de l'évolution des concepts religieux.

La conception de Dieu en contraste avec l'Absolu commença à se faire jour dans le bouddhisme. Sa source remonte aux premiers temps où les disciples de la Route Mineure (Hinayana) se différencièrent de ceux de la Route Majeure (Mahayana). Ce fut dans cette dernière branche du bouddhisme que la double conception de Dieu et de l'Absolu finit par arriver a maturité. Pas à pas, siècle après siècle, le concept de Dieu à évolué jusqu'à mûrir finalement dans la croyance en Amida Bouddha, grâce aux enseignements de Ryonin, de Honen Shonin, et de Shinran au Japon.

Chez ces croyants, on enseigne que l'âme, après avoir passé par la mort, peut choisir de bénéficier d'un séjour au Paradis avant d'entrer au Nirvana, état ultime de l'existence. On proclame que ce nouveau salut est obtenu par la foi dans les miséricordes divines et dans les soins aimants d'Amida, Dieu du Paradis en Occident. Dans leur philosophie, les Amidistes s'attachent à une Réalité Infinie située au delà de toute compréhension humaine finie. Dans leur religion, ils adhèrent à la foi en Amida, l'infiniment miséricordieux qui aime le monde au point de ne pas souffrir qu'un seul mortel faisant appel à son nom avec une foi sincère et un coeur pur échoue dans l'obtention du bonheur suprême du Paradis.

La grande force du bouddhisme vient de ce que tous ses adhérents sont libres de choisir la vérité dans toutes les religions; il est rare qu'une pareille liberté de choix ait caractérisé une doctrine religieuse d'Urantia. Sous ce rapport, la secte Shin au Japon est devenue l'un des groupes religieux les plus progressifs du monde; elle a ranimé l'ancien esprit missionnaire des disciples de Gautama et a commencé à envoyer des éducateurs à d'autres peuples. Cet empressement à adopter la vérité quelles que soient les sources dont elle provient est en vérité une tendance recommandable pour tous les croyants religieux du XXième siècle après le Christ.

Le bouddhisme lui-même passe par une renaissance au XXième siècle. Ses aspects sociaux ont été grandement améliorés par ses contacts avec le christianisme. Le désir d'apprendre s'est rallumé dans le coeur des moines-prêtres de la confrérie, et la diffusion de l'éducation dans cette communauté de foi provoquera certainement de nouveaux progrès dans l'évolution religieuse.

À la date du présent exposé, une grande partie de l'Asie met ses espoirs dans le bouddhisme. Cette noble foi, qui a si vaillamment traversé les âges de ténèbres du passé, va-t-elle recevoir à nouveau la vérité des réalités cosmiques amplifiées, comme jadis les disciples du grand instructeur de l'Inde écoutaient sa proclamation d'une vérité nouvelle? Cette ancienne religion répondra-t-elle une fois de plus au stimulant vivifiant des nouveaux concepts de Dieu et de l'Absolu qui lui seront présentés et quelle a si longtemps recherchés?

Tout Urantia attend que l'on proclame le message ennoblissant de Micaël, débarrassé des dogmes et doctrines accumulés au cours de dix-neuf siècles de contact avec les religions d'origine évolutionnaire. L'heure a sonné de présenter au Bouddhisme, au Christianisme, à l'Hindouisme, et même aux peuples de toutes les religions, non pas l'évangile à propos de Jésus, mais la réalité vivante et spirituelle de l'évangile de Jésus.

 

[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

93. Machiventa Melchizédek

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 03 December 2025

MACHIVENTA MELCHIZÉDEK

LES Melchizédeks sont largement connus comme Fils de secours, car ils s'engagent dans une stupéfiante série d'activités sur les mondes d'un univers local. Quand un problème extraordinaire se pose ou qu'il faut tenter quelque chose d'inhabituel, c'est très souvent un Melchizédek qui en accepte la responsabilité. L'aptitude des Fils Melchizédeks à opérer en cas d'urgence et sur des niveaux très diversifiés de l'univers, même sur le niveau physique de manifestation personnelle, est particulière à leur ordre. Seuls les Porteurs de Vie partagent dans une certaine mesure cette étendue métamorphique de fonctions personnelles.

L'ordre Melchizédek de filiation universelle a été extrêmement actif sur Urantia. Un corps de douze d'entre eux a servi en liaison avec les Porteurs de Vie. Un corps ultérieur de douze assura l'administration provisoire de votre monde peu après la sécession de Caligastia, et poursuivit ses fonctions jusqu'à l'époque d'Adam et d'Ève. Ces douze Melchizédeks revinrent sur Urantia après la défaillance d'Adam et d'Ève et continuèrent ensuite comme syndics de la planète jusqu'au jour où Jésus de Nazareth, en tant que Fils de l'Homme, devint Prince Planétaire titulaire d'Urantia.

1. -- L'INCARNATION DE MACHIVENTA

La vérité révélée fut menacée de disparition durant les millénaires qui suivirent l'avortement de la mission d'Adam sur Urantia. Intellectuellement, les races humaines faisaient des progrès, mais spirituellement, elles perdaient lentement du terrain. Vers l'an 3.000 avant J.-C., le concept de Dieu était devenu très vague dans la pensée des hommes.

Les douze syndics Melchizédeks étaient au courant du projet d'effusion de Micaël sur leur planète, mais ne savaient pas dans quel délai elle se produirait. C'est pour quoi ils se réunirent en conseil solennel et demandèrent aux Très Hauts d'Édentia que des dispositions fussent prises pour maintenir la lumière de la vérité sur Urantia. Cette demande fut rejetée avec la mention que « la conduite des affaires sur la 606 de Satania est entièrement entre les mains des syndics Melchizédeks ». Ceux-ci appelèrent alors à l'aide le Père Melchizédek, mais reçurent seulement la notification qu'ils devaient continuer à soutenir la vérité de la manière qu'ils auraient eux-mêmes choisie « jusqu'à l'arrivée d'un Fils d'effusion » qui sauverait de la déchéance et de l'incertitude « les titres planétaires ».

Ce fut comme conséquence de la réduction complète des douze administrateurs provisoires de la planète à leurs propres ressources que l'un d'eux, Machiventa Melchizédek, se porta volontaire pour faire ce qui n'avait été accompli que six fois dans toute l'histoire de Nébadon: se personnaliser sur terre comme un homme temporaire du royaume, s'effuser comme Fils de secours pour un ministère auprès du monde. Les autorités de Salvington accordèrent la permission de tenter cette aventure, et l'incarnation matérielle de Machiventa Melchizédek fut consommée près du lieu qui allait devenir la ville de Salem, en Palestine. Toute l'opération de la matérialisation de ce Fils Melchizédek fut accomplie par les syndics planétaires avec la coopération des Porteurs de Vie, de certains Maîtres Contrôleurs Physiques, et d'autres personnalités célestes résidant sur Urantia.

2. -- LE SAGE DE SALEM

C'est 1.973 ans avant la naissance de Jésus que Machiventa s'effusa sur les races humaines d'Urantia. Son arrivée eut lieu sans faste; nul oeil humain ne fut témoin de sa matérialisation. La première fois qu'un mortel l'observa fut le jour mémorable où il entra dans la tente d'Amdon, un éleveur chaldéen d'origine sumérienne. La proclamation de sa mission fut incorporée dans la simple déclaration qu'il fit à ce berger: « Je suis Melchizédek, prêtre d'El Elyon, le Très Haut, le seul et unique Dieu ».

Quand le berger fut revenu de son étonnement et eut accablé cet étranger de nombreuses questions, il demanda à Melchizédek de souper avec lui. Ce fut la première fois dans sa longue carrière universelle que Melchizédek mangea des aliments matériels, la nourriture qui devait le sustenter pendant les quatre-vingt-quatorze ans de sa vie en tant qu'être matériel.

Cette nuit-là, tandis qu'ils conversaient sous les étoiles, Melchizédek inaugura sa mission de révéler la vérité de la réalité de Dieu lorsqu'avec un mouvement circulaire du bras il se tourna vers Amdon en disant: « El Elyon, le Très Haut, est le divin créateur des étoiles et du firmament, et même de cette terre sur laquelle nous vivons, et il est aussi le Dieu suprême du ciel ».

En peu d'années, Melchizédek assembla autour de lui un groupe d'élèves, de disciples, et de croyants qui forma le noyau de la communauté ultérieure de Salem. Il fut bientôt connu dans toute la Palestine comme le prêtre d'El Elyon, le Très Haut, et comme le sage de Salem. Chez certaines tribus environnantes, on l'appelait souvent le cheik ou le roi de Salem. Salem était le lieu qui, après la disparition de Melchizédek, devint la ville de Jébus, qui reçut plus tard le nom de Jérusalem.

Dans son apparence personnelle, Melchizédek ressemblait à un membre des peuples sumériens et nodites alors mêlés; il avait presque six pieds de haut et possédait un air imposant. Il parlait le chaldéen et une demi-douzaine d'autres langues. Il s'habillait à la manière des prêtres de Canaan, sauf que sur sa poitrine il portait un emblème de trois cercles concentriques, le symbole de la Trinité du Paradis en usage dans Satania. Au cours de son ministère, cet insigne de trois cercles concentriques fut considéré par ses disciples comme tellement sacré qu'ils n'osèrent jamais s'en servir, et qu'après le passage de quelques générations cet emblème fut vite oublié.

Bien que Machiventa ait vécu à la manière des hommes du royaume, il ne se maria jamais et n'aurait pas pu laisser de descendance sur terre. Tout en ressemblant à celui d'un homme, son corps physique était en réalité d'un ordre particulier, celui des corps spécialement construits employés par les cent membres matérialisés de l'état-major du Prince Caligastia, sauf qu'il ne portait le plasma vital d'aucune race humaine. L'arbre de vie n'était pas non plus disponible sur Urantia. Si Machiventa était resté sur terre pendant une longue période, son mécanisme physique se serait progressivement détérioré. Quoi qu'il en soit, il termina sa mission d'effusion en quatre-vingt-quatorze ans, bien avant que son corps matériel eût commencé à se désintégrer.

Ce Melchizédek incarné reçut un Ajusteur de Pensée qui habita sa personnalité supra-humaine comme moniteur du temps et mentor de la chair. Cet esprit du Père acquit aussi l'expérience et l'introduction pratique aux problèmes d'Urantia, ainsi que la technique d'habitation d'un Fils incarné. C'est grâce à cela qu'il put agir si valeureusement dans la pensée humaine du Fils de Dieu qui vint plus tard, lorsque Micaël apparut sur terre dans la similitude d'une chair mortelle. C'est l'unique Ajusteur de Pensée qui ait jamais opéré dans deux pensées sur Urantia, mais ces deux pensées étaient divines aussi bien qu'humaines.

Durant son incarnation, Machiventa resta en contact continu avec ses onze compagnons du corps des syndics planétaires, mais il ne pouvait communiquer avec d'autres ordres de personnalités célestes. En dehors des syndics Melchizédeks, il n'avait pas plus de contact avec des intelligences supra-humaines qu'un être humain ordinaire.

3. -- LES ENSEIGNEMENTS DE MELCHIZÉDECK

Au bout d'une dizaine d'années, Melchizédek organisa ses écoles à Salem en les modelant sur l'antique système développé par les premiers prêtres séthites du second Éden. Même l'idée de la dîme, qui fut introduite plus tard par son disciple Abraham, dérivait aussi des vagues traditions concernant les méthodes des anciens Séthites.

Melchizédek enseigna le concept d'un Dieu unique, d'une Déité universelle, mais il permit à ses auditeurs de confondre ce Dieu avec le Père de la Constellation de Norlatiadek, qu'il appelait El Elyon -- le Très Haut. Melchizédek garda à peu près le silence sur le statut de Lucifer et l'état des affaires sur Jérusem. Lanaforge, le Souverain du Système, eut peu à s'occuper d'Urantia avant que Micaël y eût achevé son effusion. Pour la majorité des étudiants de Salem, Édentia était le ciel, et le Très Haut était Dieu.

Le symbole des trois cercles concentriques, que Melchizédek adopta comme insigne de son effusion, fut interprété par la représentant les trois royaumes des hommes, des anges, et de Dieu. Melchizédek les laissa persister dans cette croyance; très peu de ses disciples surent jamais que ces trois cercles étaient emblématiques de l'infinité, de l'éternité, et de l'universalité de la Trinité du Paradis, qui entretient l'univers et le dirige divinement. Même Abraham regardait plutôt ce symbole comme représentant les trois Très Hauts d'Édentia, car on lui avait appris que les trois Pères de la Constellation agissaient à l'unanimité. Dans la mesure où Melchizédek enseigna le concept de la Trinité symbolisé par son insigne, il l'associa généralement aux trois chefs Vorondadeks de la constellation de Norlatiadek.

Pour la troupe de ses partisans, il ne fit aucun effort pour présenter des enseignements dépassant le sujet du gouvernement des Très Hauts d'Édentia -- les Dieux d'Urantia. Melchizédek enseigna toutefois à certains fidèles des vérité supérieures, y compris la conduite et l'organisation de l'univers local. Mais à son brillant disciple Nordan le Kénite et à son groupe d'étudiants assidus, il enseigna les vérités du superunivers, et même de Havona.

Les membres de la famille de Katro, chez qui Melchizédek vécut pendant plus de trente ans, connurent beaucoup de ces vérités supérieures et les perpétuèrent longtemps dans leurs familles, même jusqu'à l'époque de leur illustre descendant Moïse. Celui-ci se trouva ainsi en possession d'une tradition du temps de Melchizédek faisant autorité, car elle lui avait été transmise par la branche paternelle de ses ancêtres, et aussi par d'autres sources touchant sa branche maternelle.

Melchizédek enseigna à ses disciples tout ce qu'ils étaient capables d'absorber et d'assimiler. Bien des idées religieuses modernes concernant le ciel et la terre, l'homme, Dieu, et les anges ne sont pas très éloignées des enseignements de Melchizédek. Ce grand instructeur subordonna tout à la doctrine d'un Dieu unique, une Déité universelle, un Créateur céleste, un Père divin. Il insista sur cet enseignement pour faire appel à l'adoration humaine et préparer le chemin à l'apparition ultérieure de Micaël en tant que Fils de ce même Père Universel.

Melchizédek enseigna qu'à un moment donné dans l'avenir un autre Fils de Dieu viendrait s'incarner comme lui-même, mais qu'il naîtrait d'une femme; c'est pourquoi de nombreux éducateurs ultérieurs soutinrent que Jésus était un prêtre, ou « sacrificateur pour toujours selon l'ordre de Melchizédek » (1).

C'est ainsi que Melchizédek prépara la voie et établit le stade monothéiste de la tendance du monde pour l'effusion d'un réel Fils Paradisiaque de ce Dieu unique qu'il décrivait d'une manière si vivante comme le Père de tous, et qu'il représenta à Abraham comme un Dieu acceptant les hommes sous la simple condition d'une foi personnelle. Quand Micaël apparut sur terre, il confirma tout ce que Melchizédek avait enseigné au sujet du Père du Paradis.

  (1) Psaume CX-4; Hébreux V-6 et 10; Hébreux VI-20; Hébreux VII-17 et 21.

4. -- LA RELIGION DE SALEM

Les cérémonies du culte de Salem étaient fort simples. Toute personne qui signait sur les tablettes d'argile de l'église Melchizédek, ou y apposait une marque, apprenait par coeur le credo suivant et y souscrivait:

     1. Je crois en El Elyon, le Dieu Très Haut, le seul Père Universel et Créateur de toutes choses.
     2. J'accepte l'alliance de Melchizédek avec le Très Haut, selon laquelle la faveur de Dieu est accordée à ma foi, et non à des sacrifices et à des offrandes consumées.
     3. Je promets d'obéir aux sept commandements de Melchizédek et d'annoncer à tous les hommes la bonne nouvelle de cette alliance avec le Très Haut.

Le credo de la colonie de Salem se bornait à cela, mais même cette courte et simple déclaration de foi était excessive et trop avancée pour les hommes de cette époque. Ils n'étaient pas encore capables de saisir l'idée que la faveur divine s'obtient gratuitement par la foi. Ils étaient trop profondément confirmés dans la croyance que les hommes sont nés déchus par rapport aux dieux. Ils avaient fait trop longtemps et avec trop de conviction des dons aux prêtres et des sacrifices aux dieux pour être capables de comprendre la bonne nouvelle que le salut, la faveur divine, était accordé gracieusement à tous ceux qui voulaient croire à l'alliance de Melchizédek. Mais Abraham y crut timidement, et même cela lui fut « imputé à justice » (1).

  (1) Genèse XV-6; Romains IV-3; Galates III-6; Jacques II-23.

Les sept commandements promulgués par Melchizédek étaient modelés sur l'ancienne loi suprême de Dalamatia et ressemblaient beaucoup à ceux qui avaient été enseignés dans le premier et le second Éden. Les commandements de la religion de Salem étaient les suivants:

  1. Tu ne serviras point d'autre Dieu que le Très Haut Créateur du ciel et de la terre.
  2. Tu ne douteras pas que la foi soit la seule condition requise pour le salut éternel.
  3. Tu ne porteras pas de faux témoignage.
  4. Tu ne tueras pas.
  5. Tu ne déroberas pas.
  6. Tu ne commettras pas d'adultère.
  7. Tu ne manqueras pas d'égards envers tes parents et tes aînés.

Aucun sacrifice n'était autorisé à l'intérieur de la colonie, mais Melchizédek savait combien il est difficile de déraciner brusquement des coutumes établies depuis longtemps; en conséquence, il avait sagement offert à ce peuple de substituer un sacrement de pain de vin à l'ancien sacrifice de chair et de sang. Vos Écritures rapportent que « Melchizédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin » (1). Même cette prudente innovation ne fut pas entièrement couronnée de succès; les diverses tribus entretinrent toutes, aux abords de Salem, des centres auxiliaires où elles offraient des sacrifices et brûlaient des offrandes. Abraham lui-même eut recours à cette pratique barbare après sa victoire sur Kédor-Laomer; simplement, il ne se sentait pas complètement à l'aise avant d'avoir offert un sacrifice classique. Melchizédek ne réussit jamais à extirper totalement cette tendance aux sacrifices dans les pratiques religieuses de ses disciples, même chez Abraham.

  (1) Genèse XIV-18.

À l'instar de Jésus, Melchizédek s'appliqua strictement à remplir la mission de son effusion. Il n'essaya pas de réformer les moeurs, de changer les habitudes du monde, ni même de promulguer des pratiques hygiéniques avancées ou des vérités scientifiques. Il vint accomplir deux tâches: garder vivante sur terre la vérité du Dieu unique, et préparer le chemin pour l'effusion humaine ultérieure d'un Fils Paradisiaque de ce Père Universel.

Machiventa Melchizédek enseigna à Salem les éléments de la vérité révélée, et cela pendant quatre-vingt-quatorze ans durant lesquels Abraham fréquenta l'école de Salem à trois reprises différentes. Abraham se convertit finalement aux enseignements de Salem et devint l'un des plus brillants élèves et l'un des principaux soutiens de Melchizédek.

5. -- LA SÉLECTION D'ABRAHAM

Bien qu'il puisse être erroné de parler d'un « peuple élu », ce n'est pas une erreur d appeler Abraham un « élu ». Melchizédek confia à Abraham la responsabilité de maintenir vivante la vérité d'un Dieu unique en contraste avec la croyance prédominante à des déités multiples.

Le choix de la Palestine comme siège des activités de Machiventa fut en partie basé sur le désir d'établir le contact avec une famille humaine incorporant le potentiel des qualités de chef. À l'époque de l'incarnation de Melchizédek, beaucoup de familles terrestres étaient tout aussi bien préparées que celle d'Abraham à recevoir la doctrine de Salem. Il y avait des familles également douées parmi les hommes rouges, les hommes jaunes, et les Andites de l'ouest et du nord. Mais aucun de leurs lieux de séjour n'était aussi bien situé que la rive orientale de la Mer Méditerranée pour l'apparition ultérieure de Micaël sur terre. La mission de Melchizédek en Palestine et la venue subséquente de Micaël chez le peuple hébreu furent en grande partie déterminées par la géographie, du fait que la Palestine occupait un emplacement central par rapport au commerce, aux routes de voyage, et à la civilisation alors existants sur la planète.

Pendant un certain temps les syndics Melchizédeks avaient observé les ancêtres d'Abraham, et ils escomptaient avec confiance que dans une génération donnée il naîtrait un descendant caractérisé par l'intelligence, l'initiative, la sagacité, et la sincérité. Les enfants de Térach, père d'Abraham, répondaient en tous points à cette attente. La possibilité de contact avec ces enfants de Térach aux talents variés joua un rôle considérable dans l'apparition de Machiventa à Salem plutôt qu'en Égypte, en Chine, aux Indes, ou parmi les tribus du Nord.

Térach et sa famille étaient de timides convertis à la religion de Salem qui avait été prêchée en Chaldée. Ils entendirent parler de Melchizédek par les sermons d'Ovide, un éducateur phénicien, qui proclama les doctrines de Salem a Ur. La famille de Térach quitta Ur avec l'intention de se rendre directement à Salem, mais Nahor, frère d'Abraham, n'ayant pas vu Melchizédek, était peu enthousiaste et les persuada de s'arrêter à Haran. Il fallut très longtemps, après leur arrivée en Palestine, pour qu'ils se décidassent à détruire tous les dieux lares qu'ils avaient emportés avec eux; ils furent lents à renoncer aux nombreux dieux de Mésopotamie en faveur du Dieu unique de Salem.

Quelques semaines après la mort de Térach, père d'Abraham, Melchizédek envoya un de ses étudiants, Jaram le Hittite, porter à Abraham et à Nahor l'invitation suivante: « Venez à Salem où vous entendrez nos enseignements sur la vérité du Créateur éternel, et le monde entier sera béni par la descendance éclairée des deux frères que vous êtes ». Or Nahor n'avait pas entièrement accepté l'évangile de Melchizédek; il resta en arrière et bâtit une puissante cité-Etat qui porta son nom; mais Lot, neveu d'Abraham, décida d'accompagner son oncle à Salem.

En arrivant à Salem, Abraham et Lot choisirent un refuge proche de la ville, où ils pouvaient se défendre contre les nombreuses attaques par surprise des maraudeurs du nord. À cette époque, les Hittites, les Assyriens, les Philistins, et d'autres groupes pillaient constamment les tribus du centre et du sud de la Palestine. Partant de leur abri fortifié situé dans la montagne, Abraham et Lot firent de fréquents pèlerinages à Salem.

Peu après s'être établis à Salem, Abraham et Lot se rendirent dans la vallée du Nil pour obtenir des fournitures de vivres, car une sécheresse sévissait alors en Palestine. Durant son bref séjour en Égypte, Abraham trouva un lointain parent sur le trône du pays et servit comme commandant de deux expéditions militaires très réussies pour ce roi. Durant la dernière partie de son séjour sur les bords du Nil, Abraham et sa femme Sarah vécurent à la cour. Lorsqu'Abraham quitta l'Égypte, il reçut une part du butin de ses campagnes militaires.

Il lui fallut un grand courage pour se décider à renoncer aux honneurs de la cour égyptienne et à reprendre le travail plus spirituel parrainé par Machiventa. Mais Melchizédek était révéré même en Égypte, et quand toute l'histoire fut expliquée au Pharaon, ce dernier incita Abraham à retourner accomplir ses voeux en faveur de la cause de Salem.

Abraham avait des ambitions de roi sur le chemin du retour d'Égypte, il exposa à Lot son plan pour subjuguer tout Canaan et amener son peuple sous l'autorité de Salem. Lot s'intéressait davantage aux affaires, si bien qu'après un désaccord ultérieur il se rendit à Sodome et se lança dans le commerce et l'élevage des animaux. Lot n'aimait ni la vie militaire ni la vie de gardien de troupeaux.

Après être retourné avec sa famille à Salem, Abraham mûrit ses projets militaires. Il fut bientôt reconnu comme chef civil du territoire de Salem; il avait confédéré sept tribus avoisinantes sous son commandement. En vérité, ce fut avec grande difficulté que Melchizédek freina Abraham qui était enflammé de zèle et voulait rassembler les tribus du voisinage à la pointe de l'épée pour les amener à connaître ainsi plus rapidement les vérités de Salem.

Melchizédek entretenait des relations pacifiques avec toutes les tribus des environs et ne fut jamais attaqué par aucune de leurs armées au cours de leurs mouvements d'avance et de recul. Il était tout à fait d'accord pour qu'Abraham formulât une politique défensive pour Salem, telle qu'elle fut mise en oeuvre ultérieurement, mais il n'approuvait pas les ambitieux projets de conquête de son élève. Ils se séparèrent donc à l'amiable, et Abraham se rendit à Hébron pour y établir sa capitale militaire.

À cause de ses rapports étroits avec l'illustre Melchizédek, Abraham possédait un grand avantage sur les roitelets des alentours; ils révéraient tous Melchizédek et craignaient indûment Abraham. Abraham connaissait cette peur et n'attendait qu'une occasion favorable pour attaquer ses voisins; le prétexte se présenta lorsque certains chefs émirent la prétention de razzier les biens de son neveu Lot qui demeurait à Sodome. À cette nouvelle, Abraham, à la tête de ses sept tribus confédérées, s'avança sur l'ennemi. Sa propre garde du corps de 318 hommes formait les cadres de l'armée de plus de 4.000 guerriers qui s'attaqua aux pillards.

Lorsque Melchizédek apprit qu'Abraham avait déclaré la guerre, il partit pour le dissuader, mais ne le rattrapa qu'au moment où son ancien disciple revenait victorieux de la bataille. Abraham affirma avec insistance que le Dieu de Salem lui avait procuré la victoire sur ses ennemis et s'obstina à donner le dixième de son butin au trésor de Salem. Quant aux neuf autres dixièmes, il les emporta dans sa capitale à Hébron.

Après cette bataille de Siddim, Abraham devint chef d'une seconde confédération de onze tribus, et non seulement il paya la dîme à Melchizédek, mais il veilla aussi à ce que tout le monde dans le voisinage en fit autant. Ses tractations diplomatiques avec le roi de Sodome, ainsi que la peur qu'il inspirait généralement, eurent pour résultat que le roi de Sodome et d'autres se joignirent à la confédération militaire d'Hébron; Abraham était réellement bien en voie d'établir un puissant Etat en Palestine.

6. -- L'ALLIANCE DE MELCHIZÉDEK AVEC ABRAHAM

Abraham envisageait la conquête de tout Canaan, et sa détermination était seulement affaiblie par le fait que Melchizédek ne voulait pas sanctionner l'entreprise. Mais Abraham avait à peu près décidé de s'y lancer lorsque la pensée qu'il n'avait pas de fils pour lui succéder comme chef du royaume envisagé commença à le tracasser. Il arrangea une nouvelle conférence avec Melchizédek, et ce fut au cours de cet entretien que le prêtre de Salem, un Fils visible de Dieu, persuada Abraham d'abandonner son plan de conquêtes matérielles et de souveraineté temporelle en faveur du concept spirituel du royaume des cieux.

Melchizédek expliqua à Abraham la futilité de lutter contre la confédération des Amorites, mais il lui fit également comprendre que ces clans arriérés se suicideraient certainement par leurs stupides pratiques; au bout de quelques générations ils seraient tellement affaiblis que les descendants d'Abraham, dont le nombre se serait grandement accru entre temps, pourraient facilement les vaincre.

Melchizédek conclut alors avec lui une alliance formelle à Salem. Il dit à Abraham: « Regarde maintenant les cieux et compte les étoiles si tu peux; ta semence sera aussi nombreuse qu'elles ». Et Abraham crut Melchizédek, « et cela lui fut imputé à justice » (1). Ensuite Melchizédek raconta à Abraham l'histoire de la future occupation de Canaan par ses descendants après leur séjour en Égypte.

  (1) Genèse XV-5 et 6.

L'alliance de Melchizédek avec Abraham représente le grand accord urantien entre la divinité et l'humanité, selon lequel Dieu accepte de tout faire, l'homme acceptant seulement de croire à la promesse de Dieu et de suivre ses instructions. Auparavant, on croyait que le salut ne pouvait être assuré que par les oeuvres -- les sacrifices et les offrandes. Maintenant Melchizédek apportait de nouveau à Urantia la bonne nouvelle que le salut, la faveur de Dieu, doit être acquis par la foi. Mais cet évangile de simple foi en Dieu était trop avancé; les hommes des tribus sémitiques préféraient ultérieurement revenir aux anciens sacrifices et à l'expiation des péchés par versement de sang.

Peu de temps après l'établissement de cette alliance, Isaac, le fils d'Abraham, naquit conformément à la promesse de Melchizédek. Après la naissance d'Isaac, Abraham prit très au sérieux son alliance avec Melchizédek et se rendit à Salem pour la faire confirmer par écrit. Ce fut lors de cette acceptation publique et officielle de l'alliance qu'il changea son nom d'Abram pour celui d'Abraham (1).

La plupart des croyants de Salem avaient pratiqué la circoncision, bien qu'elle n'eût jamais été rendue obligatoire par Melchizédek. Abraham s'était toujours tellement opposé à la circoncision qu'en cette occasion il décida de célébrer l'événement en acceptant solennellement ce rite en gage de la ratification de l'alliance de Salem.

À la suite de cet abandon réel et public de ses ambitions personnelles en faveur des plans plus vastes de Melchizédek, trois êtres célestes apparurent à Abraham dans la plaine de Mamré (2). Ce fut une apparition physique, malgré son association avec les récits ultérieurs, fabriqués de toutes pièces, relatifs à la destruction naturelle de Sodome et Gomorrhe. Les légendes des événements de ce temps montrent combien la morale et l'éthique étaient en retard, même à cette époque relativement récente.

Après la consommation de cette alliance solennelle, la réconciliation entre Abraham et Melchizédek fut complète. Abraham reprit la direction civile et militaire de la colonie de Salem. À l'apogée du développement de cette colonie, les listes de la confraternité Melchizédek comportaient plus de cent mille noms de personnes ayant la dîme. Abraham améliora grandement le temple de Salem et fournit de nouvelles tentes pour toute l'école. Non seulement il étendit le système de la dîme, mais il institua aussi nombre de meilleures méthodes pour mener les affaires de l'école; en outre il contribua grandement à mieux gérer le département de la propagande missionnaire. Il apporta aussi une importante contribution à l'amélioration du bétail et à la réorganisation des projets de Salem pour l'industrie laitière. Abraham était un homme d'affaires sagace et efficace, un homme riche pour son époque; il n'était pas pieux à l'excès, mais il était entièrement sincère et croyait en Machiventa Melchizédek.

  (1) Abram  signifie Père élevé et Abraham signifie Père d'une multitude.
  (2) Genèse XVIII.

7. -- LES MISSIONNAIRES DE MELCHIZÉDEK

Melchizédek continua pendant quelques années à instruire ses étudiants et à entraîner les missionnaires de Salem. Ceux-ci pénétrèrent dans toutes les tribus environnantes, spécialement en Égypte, en Mésopotamie, et en Asie-Mineure. A mesure que les décennies s'écoulaient, ces éducateurs atteignirent des points de plus en plus éloignés de Salem, emportant avec eux l'évangile de croyance et de foi en Dieu selon Melchizédek.

Les descendants d'Adamson, groupés autour des rives du lac de Van, écoutaient volontiers les éducateurs hittites du culte de Salem. À partir de ce centre jadis andite, des instructeurs furent envoyés dans les régions lointaines d'Europe et d'Asie. Les missionnaires de Salem pénétrèrent dans toute l'Europe, y compris les Îles Britanniques. Un groupe passa par les Îles Féroé pour aller chez les Andonites d'Islande, tandis qu'un autre groupe traverse la Chine et joignit les Japonais des Îles orientales. La vie et les expériences de ces hommes et de ces femmes qui partirent à l'aventure de Salem, de Mésopotamie, et du lac de Van représentent un chapitre héroïque dans les annales de la race humaine.

Mais la tâche était si grande et les tribus si arriérées que les résultats furent vagues et imprécis. D'une génération à l'autre, l'évangile de Salem trouvait sa place çà et là mais, sauf en Palestine, il ne représenta jamais l'idée d'un seul Dieu capable de prétendre à l'allégeance continue d'une tribu ou d'une race entière. Longtemps avant l'arrivée de Jésus, les enseignements des premiers missionnaires de Salem avaient généralement été noyés dans les anciennes superstitions et croyances plus répandues. L'évangile originel de Melchizédek avait été à peu près entièrement résorbé dans les croyances à la Grande Mère, au Soleil, et aux anciens cultes.

Vous qui bénéficiez aujourd'hui des avantages de l'imprimerie, vous comprenez mal combien il était difficile de perpétuer la vérité dans l'antiquité, et combien facilement une nouvelle doctrine était perdue de vue entre une génération et la suivante.

La nouvelle doctrine tendait toujours à être résorbée dans l'ancien corps d'enseignement religieux et de pratiques magiques. Une révélation nouvelle est toujours contaminée par les croyances évolutionnaires plus anciennes.

8. -- LE DÉPART DE MELCHIZÉDEK

Ce fut peu après la destruction de Sodome et de Gomorrhe que Machiventa décida de mettre fin à son effusion de secours sur Urantia. La décision de Melchizédek de terminer son séjour dans la chair fut influencée par de nombreux facteurs dont le principal était la tendance croissante des tribus environnantes, et même de ses associés immédiats, à le regarder comme un demi-dieu, à le considérer comme un être surnaturel, ce qu'il était d'ailleurs réellement; mais on commençait à le révérer indûment et avec une crainte hautement superstitieuse. Outre ces raisons, Melchizédek voulait quitter le cadre de ses activités terrestres suffisamment longtemps avant la mort d'Abraham pour assurer que la vérité d'un seul et unique Dieu s'établirait fortement dans la pensée de ses disciples. En conséquence, Machiventa se retira un soir sous sa tente de Salem après avoir souhaité bonne nuit à ses compagnons humains, et lorsque ceux-ci vinrent l'appeler le lendemain matin, il n'était plus là, car ses pareils l'avaient enlevé.

9. -- APRÈS LE DÉPART DE MELCHIZÉDEK

Le départ si soudain de Melchizédek fut une grande épreuve pour Abraham. Bien que Machiventa eût pleinement averti ses disciples qu'il lui faudrait un jour s'en aller comme il était venu, ils n'étaient pas résignés à perdre leur merveilleux chef. La grande organisation bâtie à Salem disparut presque entièrement, bien que Moïse se fût appuyé sur les traditions de cette ,époque pour conduire les esclaves hébreux hors d'Égypte.

La perte de Melchizédek laissa dans le coeur d'Abraham une tristesse dont il ne se remit jamais complètement. Il avait abandonné Hébron quand il avait renoncé à l'ambition de bâtir un royaume matériel. Maintenant, ayant perdu son associé dans l'édification un royaume spirituel, il quitta Salem pour vivre à proximité de ses intérêts à Gérar.

Immédiatement après la disparition de Melchizédek, Abraham devint craintif et timoré. Il cacha son identité en arrivant à Gérar, de sorte qu'Abimélech s'appropria sa femme. (Peu après son mariage avec Sarah, Abraham avait une nuit surpris un complot pour l'assassiner et s'emparer de sa brillante épouse. Cette crainte devint une terreur pour ce chef par ailleurs brave et audacieux; durant toute sa vie, il craignit que quelqu'un le tuât secrètement pour prendre Sarah. Ceci explique pourquoi, en trois occasions différentes, cet homme courageux fit preuve d'une réelle lâcheté.)

Mais Abraham ne devait pas être détourné longtemps de sa mission comme successeur de Melchizédek. Il fit bientôt des conversions chez les Philistins et le peuple d'Abimélech, puis signa un traité avec eux. En revanche, il fut contaminé par nombre de leurs superstitions, en particulier par leur pratique de sacrifier le fils aîné de chaque famille. C'est ainsi qu'Abraham redevint un grand chef en Palestine. Tous les groupes le révéraient et tous les rois l'honoraient. Il était le chef spirituel de toutes les tribus environnantes, et son influence persista quelque temps après sa mort. Durant les dernières années de sa vie, il retourna une fois de plus à Hébron, le cadre de ses premières activités et le lieu où il avait travaillé en association avec Melchizédek. Le dernier acte d'Abraham fut d'envoyer de fidèles serviteurs à la ville de son frère, Nahor, à la frontière de Mésopotamie, pour s'assurer une fille de son propre peuple comme femme pour son fils Isaac. Les membres du group d'Abraham avaient depuis longtemps la coutume de se marier entre cousins, et Abraham mourut confiant dans la foi en Dieu, qu'il avait apprise de Melchizédek dans les écoles disparues de Salem.

La génération suivante eut de la peine à comprendre l'histoire de Melchizédek. En moins de cinq cents ans, beaucoup considérèrent le récit comme un mythe. Isaac resta assez, proche des enseignements de son père et maintint l'évangile de la colonie de Salem, mais il fut plus difficile à Jacob de saisir le sens de ces traditions. Joseph croyait fermement à Melchizédek, et ce fut largement à cause de cela que ses frères le considérèrent comme un rêveur. Les honneurs conférés à Joseph en Égypte étaient principalement dus à la mémoire de son arrière-grand-père Abraham. Joseph reçut l'offre de commander les armées égyptiennes, mais en raison de la fermeté avec laquelle il croyait aux traditions de Melchizédek et aux enseignements ultérieurs d'Abraham et d'Isaac, il choisit de servir comme administrateur civil, estimant qu'il pourrait ainsi mieux travailler au progrès du royaume des cieux.

L'enseignement de Melchizédek fut complet et surabondant, mais les récits de cette époque parurent impossibles et fantastiques aux prêtres hébreux ultérieurs, quoique beaucoup d'entre eux aient quelque peu compris ces événements, au moins jusqu'à l'époque où les annales de l'Ancien Testament furent éditées en masse à Babylone.

Ce que les récits de l'Ancien Testament décrivent comme des conversations entre Abraham et Dieu étaient en réalité des entretiens entre Abraham et Melchizédek. Les scribes prirent plus tard le mot Melchizédek pour un synonyme de Dieu. L'histoire des multiples contacts d'Abraham et de Sarah avec « l'ange du Seigneur » se réfère à leurs nombreuses visites à Melchizédek.

Les récits hébraïques sur Isaac, Jacob, et Joseph sont beaucoup plus dignes de foi que ceux concernant Abraham, bien qu'ils s'écartent trop souvent des faits. Les altérations furent effectuées, tantôt intentionnellement tantôt sans dessein, à l'époque de la compilation de ces histoires par les prêtres hébreux durant la captivité à Babylone. Kétura n'était pas une femme d'Abraham; elle était simplement une concubine comme Agar. Tous les biens d'Abraham furent dévolus à Isaac, fils de Sarah, sa femme légitime. Abraham n'était pas aussi vieux que l'histoire le raconte, et sa femme était beaucoup plus jeune que lui. Leurs âges furent délibérément changés pour cadrer avec la prétendue naissance miraculeuse ultérieure d'Isaac.

L'orgueil national des Juifs fut terriblement rabaissé par la captivité à Babylone. Dans leur réaction contre leur infériorité collective, ils allèrent à l'autre extrême de l'égotisme national et racial; ils pervertirent et déformèrent leurs traditions pour s'exalter au-dessus de toutes les races en tant que peuple élu de Dieu; en conséquence, ils rédigèrent soigneusement tous leurs documents dans le but d'élever Abraham et leurs autres chefs nationaux très au-dessus de toutes les autres personnes, sans en excepter Melchizédek lui-même. Les scribes hébreux détruisirent donc toutes les archives qu'ils purent trouver de cette époque mémorable, en ne conservant que le récit de la rencontre d'Abraham avec Melchizédek après la bataille de Siddim (1) qui, d'après eux, faisait rejaillir un grand honneur sur Abraham.

Ainsi, en perdant de vue Melchizédek, les scribes perdaient aussi de vue l'enseignement de ce Fils de secours concernant la mission spirituelle du Fils d'effusion promis. La nature de cette mission tomba si complètement dans l'oubli que très peu de leurs descendants furent capables ou désireux de reconnaître et d'accepter Micaël lorsqu'il apparut incarné sur terre comme Melchizédek l'avait annoncé.

Mais l'un au moins des écrivains du Livre des Hébreux comprit la mission de Melchizédek, car il est écrit: « Ce Melchizédek, prêtre du Très Haut, était aussi roi de paix; sans père, sans mère, sans généalogie, n'ayant ni commencement de jours ni fin de vie, mais créé semblable a un Fils de Dieu, il demeure sacrificateur à perpétuité » (2). Cet écrivain désignait Melchizédek comme un modèle de l'effusion ultérieure de Micaël,  affirmant que Jésus était  « un sacrificateur pour toujours selon l'ordre de Melchizédek » (3). Bien que cette comparaison ne soit pas très heureuse, il est littéralement vrai que le Christ reçut le titre provisoire de Prince Planétaire d'Urantia « selon les ordres des douze syndics Melchizédeks » en fonction à l'époque de son effusion sur cette planète.

  (1) Genèse XIV.
  (2) Hébreux VII-3.
  (3) Hébreux V-6 et 10; VI-20; VII-17 et 21.

10. -- LE STATUT ACTUEL DE MACHIVENTA MELCHIZÉDEK

Durant les années d'incarnation de Machiventa, les Melchizédeks syndics d'Urantia opérèrent au nombre de onze. Lorsque Machiventa estima que sa mission de Fils de secours était terminée, il signala le fait à ses onze associés, qui préparèrent immédiatement la technique par laquelle il serait dégagé de la chair et rétabli avec sécurité dans son statut originel de Melchizédek. Le troisième jour après sa disparition de Salem, il apparut parmi ses onze collègues en charge d'Urantia et reprit sa carrière interrompue, comme l'un des syndics planétaires de la de 606 de Satania.

Machiventa termina son effusion en tant que créature de chair et de sang tout aussi soudainement et discrètement qu'il l'avait commencée. Ni son apparition ni son départ ne furent accompagnés par une annonce ou une démonstration quelconque; ni a appel nominal de résurrection ni fin de dispensation planétaire ne marquèrent son apparition sur Urantia; il s'agissait d'une effusion de secours d'urgence. Toutefois, Machiventa ne mit pas fin à son incarnation humaine avant d'avoir été dûment libéré par le Père Melchizédek et informé que l'exécution de sa mission de secours avait été approuvée par le chef exécutif de Nébadon, Gabriel de Salvington.

Machiventa Melchizédek continua à prendre grand intérêt aux affaires des descendants des hommes qui avaient cru à ses enseignements pendant son incarnation. Les ascendants d'Abraham par Isaac, dans la ligne où ils se marièrent avec les Kénites, furent les seuls qui continuèrent à entretenir longtemps une certaine conception claire des enseignements de Salem.

Durant les dix-neuf siècles suivants, ce Melchizédek collabora d'une façon continue avec de nombreux prophètes et voyants, s'efforçant ainsi de garder vivantes les vérités de Salem jusqu'à la plénitude des temps pour l'apparition de Micaël sur terre.

Machiventa poursuivit ses activités de syndic planétaire jusqu'à l'époque du triomphe de Micaël sur Urantia. Par la suite, il fut attaché au service d'Urantia sur Jérusem comme l'un des vingt-quatre administrateurs, et vient tout récemment d'être élevé à la position d'ambassadeur personnel du Fils Créateur sur Jérusem, avec le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d'Urantia. Nous croyons que, tant qu'Urantia restera une planète habitée, Machiventa Melchizédek ne sera pas invité à reprendre pleinement les devoirs de son ordre de filiation, mais restera toujours, parlant au sens du temps, un ministre planétaire représentant Christ Micaël.

Puisque sa mission sur Urantia était une mission de secours, les annales ne font as ressortir ce que pourra être l'avenir de Machiventa. Il peut se révéler que le corps des Melchizédeks de Nébadon a été définitivement amputé d'un de ses membres. Des ordonnances récentes, transmises par les Très Hauts d'Édentia et confirmées ensuite par les Anciens des Jours d'Uversa, donnent fortement à penser que ce Melchizédek d'effusion est destiné à prendre la place de Caligastia, le Prince Planétaire déchu. Si nos hypothèses à ce sujet sont correctes, il est tout à fait possible que Machiventa Melchizédek réapparaisse en personne sur Urantia et reprenne d'une manière modifiée le rôle du Prince Planétaire détrôné; ou bien encore il viendrait sur terre pour agir comme Prince Planétaire vice-gérant représentant Christ Micaël qui détient actuellement le titre de Prince Planétaire d'Urantia. Bien que nous soyons loin de voir clair sur la destinée de Machiventa, des événements survenus récemment suggèrent sérieusement que les suppositions formulées ne sont probablement pas très éloignées de la vérité.

Nous comprenons bien comment, par son triomphe sur Urantia, Micaël devint à la fois le successeur de Caligastia et d'Adam, le Prince Planétaire de Paix et le second Adam. Maintenant nous voyons conférer à Machiventa le titre de Prince Planétaire Vice-gérant d'Urantia. Sera-t-il aussi nommé Fils Matériel Vice-gérant d'Urantia? Ou bien y a-t-il une possibilité qu'un événement inattendu et sans précédent prenne place, tel que le retour sur la planète d'Adam et d'Ève ou de certains de leurs descendants comme représentants de Micaël avec les titres de vice-gérants du second Adam d'Urantia?

Toutes ces spéculations associées à la certitude que des Fils Magistraux et des Fils Instructeurs de la Trinité apparaîtront dans l'avenir, en liaison avec la promesse explicite du Fils Créateur de revenir un jour, font d'Urantia une planète à l'avenir incertain et la rendent une des sphères les plus intéressantes et les plus mystérieuses de l'univers de Nébadon. Il est tout à fait possible que, dans un âge futur où Urantia s'approchera de l'ère de lumière ,et de vie, après que les affaires de la rébellion de Lucifer et de la sécession de Caligastia auront été définitivement jugées, nous puissions y observer la présence simultanée de Machiventa, d'Adam et d'Ève, de Christ Micaël, ainsi que d'un Fils Magistral ou même de Fils Instructeurs de la Trinité.

L'opinion a prévalu depuis longtemps dans notre ordre que la présence de Machiventa dans le corps des administrateurs d'Urantia pour Jérusem, parmi les vingt-quatre conseillers, est une preuve suffisante pour justifier la croyance que Machiventa est destiné à suivre les mortels d'Urantia à travers tout le plan universel de progression et d'ascension, même jusqu'au Corps de la Finalité au Paradis. Nous savons qu'Adam et Ève sont ainsi destinés à accompagner leurs compagnons terrestres dans l'aventure du Paradis quand Urantia sera ancrée dans la lumière de la vie.

Il y a moins de mille ans, ce même Machiventa Melchizédek, jadis le sage de Salem, fut présent sous forme invisible sur Urantia pendant une période de cent ans, agissant comme gouverneur général résident de la planète. Si le système actuel de direction des affaires planétaires se perpétue, Machiventa doit revenir dans un peu plus de mille ans et reprendre cette fonction.

Telle est l'histoire de Machiventa Melchizédek, l'un des plus extraordinaires caractères qui aient jamais été liés à l'histoire d'Urantia, et une personnalité qui peut être destinée à jouer un rôle important dans l'expérience future de votre monde anormal et peu commun.

 

fascicule 94   Les Enseignements de Melchizédek en Orient
          "      95   Les Enseignements de Melchizédek au Moyen-Orient
          "      96   Jéhovah, le Dieu des Hébreux
          "      97   L'Évolution du Concept de Dieu chez les Hébreux
          "      98   Les Enseignements de Melchizédek en Occident

 

[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

92. L'évolution ultérieure de la religion

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 03 December 2025

L'ÉVOLUTION ULTÉRIEURE DE LA RELIGION

LONGTEMPS avant l'apport de révélations systématiques sur Urantia, les hommes possédaient une religion d'origine naturelle faisant partie de leur expérience évolutionnaire; mais cette religion spontanée était, en elle-même, le produit de leurs dons super-animaux. La religion évolutionnaire prit lentement corps, au cours des millénaires de la carrière expérientielle de l'humanité, par le ministère des influences suivantes opérant intérieurement et empiétant de l'extérieur sur les sauvages, les barbares, et les civilisés

     1. L'adjuvat d'adoration -- l'apparition dans la conscience animale de potentiels super-animaux pour percevoir la réalité. On peut appeler ceci l'instinct humain primordial de recherche de la Déité.
     2. L'adjuvat de sagesse -- La manifestation dans une pensée adoratrice de la tendance à diriger son adoration dans des canaux supérieurs d'expression et vers des concepts toujours plus étendus de la réalité divine.
     3. Le Saint-Esprit -- C'est le premier don supra-mental, et il apparaît infailliblement chez toutes les personnalités humaines de bonne foi. Son ministère auprès d'un penseur affamé d'adoration et assoiffé de sagesse crée l'aptitude à comprendre par soi-même le postulat de la survie humaine, à la fois comme concept théologique et comme expérience personnelle réelle et manifeste.

Le fonctionnement coordonné de ces trois ministères divins est tout à fait suffisant pour déclencher et poursuivre la croissance de la religion évolutionnaire. Ces influences sont accrues plus tard par les Ajusteurs de Pensée, les séraphins, et l'Esprit de Vérité, qui accélèrent tous le développement religieux. Ces agents ont opéré depuis longtemps sur Urantia et continueront aussi longtemps que cette planète restera une sphère habitée. Une grande partie du potentiel de ces agents divins n'a encore jamais eu l'occasion de s'exprimer; bien des révélations seront faites au cours des âges à venir à mesure que la religion des mortels s'élèvera, niveau après niveau, jusqu'aux hauteurs célestes de valeur morontielle et de vérité spirituelle.

1. -- LA NATURE ÉVOLUTIONNAIRE DE LA RELIGION

L'évolution de la religion a été retracée depuis la peur primitive et la croyance aux fantômes, à travers de nombreux stades successifs de développement, y compris les efforts, d'abord pour contraindre les esprits, et ensuite pour les amadouer. Les fétiches des tribus devinrent des totems et des dieux tribaux; les formules magiques devinrent les prières modernes. La circoncision, qui fut d'abord un sacrifice devint un procédé hygiénique.

Au cours de l'enfance sauvage des races, la religion progressa de l'adoration de la nature au fétichisme, en passant par le culte des fantômes. À l'aurore de la civilisation, la race humaine épousa des croyances plus mystiques et symboliques, tandis qu'aujourd'hui à l'approche de sa maturité, l'humanité se prépare à apprécier la vraie religion, un commencement de la révélation de la vérité elle-même.

La religion naît comme réaction biologique de la pensée aux croyances spirituelles et à l'entourage; elle est la dernière chose à périr ou à changer dans une race. La religion est l'adaptation de la société, dans un âge quelconque, à ce qui reste mystérieux. En tant qu'institution sociale, elle comprend des rites des symboles, des cultes, des écrits, des autels, des mausolées, et des temples. L'eau bénite, les reliques, les fétiches, les amulettes, les ornements sacerdotaux, les cloches, les tambours, et les prêtrises sont communs à toutes les religions. Il est impossible de séparer complètement la religion résultant purement de l'évolution d'avec la magie ou la sorcellerie.

Le mystère et le pouvoir ont toujours stimulé les sentiments et les craintes religieuses, tandis que l'émotion a continuellement fonctionné comme un puissant facteur conditionnant leur développement. La peur a toujours été le stimulant religieux fondamental. La peur façonne les dieux de la religion évolutionnaire et motive le rituel religieux des croyants primitifs. À mesure que la civilisation progresse, la peur est modifiée par la vénération, l'adoration, le respect, et la sympathie, puis son conditionnement se poursuit par le remords et le repentir.

Un peuple asiatique a enseigné que « Dieu est une grande crainte »; c'est le résultat de la religion purement évolutionnaire. Jésus, la révélation du type le plus élevé de vie religieuse, proclama que « Dieu est amour ».

2. -- LA RELIGION ET LES MOEURS

La religion est la plus rigide et la plus inflexible des institutions humaines, mais elle s'adapte à retardement aux changements sociaux. Finalement, la religion évolutionnaire reflète bien les moeurs changeantes qui, de leur côté, peuvent avoir été affectées par la religion révélée. Lentement, sûrement, mais de mauvaise grâce, la religion (le culte) se traîne à la remorque de la sagesse -- de la connaissance dirigée par la raison expérientielle et éclairé par la révélation divine.

La religion se cramponne aux moeurs; ce qui existait set l'ancien et supposé sacré. C'est pour cette raison. et pour nulle autre, que les outils de pierre persistèrent longtemps dans l'âge du bronze et du fer. Vos archives contiennent le passage suivant: « Et si tu me fais un autel de pierre, tu ne le bâtiras point de pierres taillées, car si tu emploies tes outils pour le faire, tu l'auras profané » (1). Même aujourd'hui, les Hindous allument le feu de leurs autels en employant une mèche primitive. Au cours de la religion évolutionnaire, toute nouveauté a toujours été considérée comme un sacrilège. L'offrande ne doit pas être composée d'aliments nouveaux et manufacturés, mais des aliments les plus primitifs: « La viande rôtie au feu et les pains sans levain servis avec des herbes amères » (2). Les usages sociaux de tous les types, et même les procédures légales, s'attachent aux formes anciennes.

  (1) Exode XX-25.
  (2) Exode XII-8.

Quand les hommes modernes s'étonnent que les Ecritures des différentes religions présentent tant de passages pouvant être jugés obscènes, ils devraient réfléchir et observer que les générations qui passent ont craint d'éliminer ce que leurs ancêtres avaient estimé saint et sacré. Une génération peut considérer comme obscènes bien des faits que les générations précédentes ont acceptés comme faisant partie des moeurs admises, et même des rituels religieux approuvés. Un grand nombre de controverses religieuses ont été occasionnées par les tentatives sans fin pour concilier des pratiques anciennes, mais répréhensibles, avec les nouveaux progrès de la raison, pour trouver des théories plausibles justifiant les credos qui perpétuent des coutumes vétustes et désuètes.

Il serait toutefois stupide de vouloir accélérer trop soudainement la croissance religieuse. Une race ou une nation ne peut assimiler, dans une religion avancée, que les parties raisonnablement cohérentes et compatibles avec son statut évolutionnaire courant, compte tenu de son génie d'adaptation. Les conditions sociales climatiques, politiques, et économiques exercent toutes une influence pour déterminer le cours et le progrès de l'évolution religieuse. La moralité sociale n'est pas déterminée par la religion, du moins pas par la religion évolutionnaire; ce sont plutôt les formes de religion qui sont dictées par la moralité raciale.

Les races d'hommes n'acceptent que superficiellement une religion nouvelle et étrangère; en fait, ils l'adaptent à leurs moeurs et à leurs anciennes manières de croire. On en trouve un bon exemple chez une tribu de la Nouvelle-Zélande dont les prêtres avaient nominalement accepté le christianisme. Ils déclarèrent ensuite avoir reçu directement de Gabriel des révélations assurant que cette même tribu était devenue le peuple élu de Dieu et ordonnant qu'il soit permis à ses membres de s'adonner librement aux relations sexuelles relâchées et à nombre de leurs autres coutumes anciennes et répréhensibles. Tous les nouveaux baptisés chrétiens adhérèrent immédiatement a cette version nouvelle et moins astreignante du christianisme.

À un moment ou à un autre, la religion a sanctionné toutes sortes de lignes de conduite contradictoires et illogiques; elle a pratiquement approuvé à une époque donnée tout ce que l'on considère maintenant comme immoral ou impie. La conscience, non enseignée par l'expérience ni aidée par la raison, n'a jamais été et ne pourra jamais être un guide sûr et infaillible pour la conduite humaine. Elle est seulement la somme totale du contenu moral et éthique des moeurs d'un stade d'existence courant; elle représente simplement le concept humain de la réaction idéale dans un concours de circonstances données.

3. -- LA NATURE DE LA RELIGION ÉVOLUTIONNAIRE

L'étude de la religion humaine est l'examen des classes sociales portant la sclérose des âges passés. Les moeurs des dieux anthropomorphes reflètent fidèlement la morale des hommes qui furent les premiers à concevoir ces déités. Les anciennes religions et la mythologie décrivent fidèlement les croyances et traditions de peuples perdus depuis longtemps dans l'obscurité. Ces anciennes pratiques culturelles persistent à côté de coutumes économiques et d'évolutions sociales nouvelles et, bien entendu, elles apparaissent grossièrement illogiques. Les reliquats du culte offrent une bonne image des religions raciales du passé. Rappelez-vous toujours que les cultes ne sont pas formés pour découvrir la vérité, mais plutôt pour promulguer des articles de foi.

La religion a toujours été largement une affaire de rites, de rituels, d'observances, de cérémonies, et de dogmes. En général, elle se souille d'une erreur qui provoque des discordes persistantes, l'illusion du peuple élu. Les idées religieuses cardinales -- incantation, inspiration, révélation, propitiation, repentir, expiation, intercession, sacrifice, prière, confession, adoration, survie après la mort, sacrement, rituel, rançon, salut, rédemption, alliance, impureté, purification, prophétie, péché originel -- remontent toutes aux temps primitifs de la peur primordiale des fantômes.

La religion primitive n'est ni plus ni moins qu'un prolongement de la lutte pour l'existence matérielle englobant l'existence au delà de la tombe. Les observances de ce credo représentent l'extension de la lutte pour subsister, dans le domaine d'un monde imaginaire d'esprits fantômes. Mais si vous êtes tentés de critiquer la religion évolutionnaire, faites attention. Rappelez-vous qu'elle représente ce qui est arrivé; elle est un fait historique. Souvenez-vous aussi que le pouvoir d'une idée quelconque ne réside pas dans sa certitude ou sa vérité, mais plutôt dans sa force de séduction sur les hommes.

La religion évolutionnaire ne prend pas de dispositions pour assurer des changements ou des révisions; contrairement à la science, elle ne pourvoit pas à sa propre correction progressive. La religion évoluée commande le respect parce que ses fidèles croient qu'elle est La Vérité. « La foi transmise aux saints une fois pour toutes (1) » doit, en théorie, être à la fois définitive et infaillible. Le culte résiste au développement parce que le véritable progrès est certain de modifier ou de détruire le culte lui-même; c'est pourquoi la révision doit toujours lui être-imposée.

  (1) Jude 3.

Seules deux influences peuvent modifier et élever les dogmes de la religion naturelle: la pression des moeurs en lent progrès, et l'illumination périodique des révélations faisant époque. Il n'est pas surprenant que le progrès ait été lent; dans les temps anciens, si l'on était progressif ou inventif, on était mis à mort comme sorcier. Le culte évolue lentement par générations historiques et par cycles millénaires, mais il progresse. La croyance évolutionnaire aux fantômes posa les fondements d'une philosophie de religion révélé qui détruira, en fin de compte, la superstition qui lui donna naissance.

La religion a handicapé le développement social de bien des manières, mais sans religion il n'y aurait eu ni moralité ni éthique durables, pas de civilisation digne de ce nom. La religion fut la mère de bien des cultures non religieuses; la sculpture a son origine dans la taille des idoles, l'architecture dans la construction des temples, la poésie dans les incantations, la musique dans les chants d'adoration, le théâtre dans l'action pour guider les esprits, et la danse dans les festivals saisonniers d'adoration.

Tout en attirant l'attention sur le fait que la religion fut essentielle pour développer et préserver la civilisation, il faut noter que la religion spontanée a aussi beaucoup contribué à paralyser et à handicaper cette même civilisation qu'elle encourageait et entretenait par ailleurs. La religion a gêné les activités industrielles et le développement économique; elle a gaspillé du travail et dilapidé des capitaux; elle n'a pas toujours été secourable à la famille; elle n'a pas favorisé la paix et la bonne volonté; elle parfois négligé l'éducation et retardé la science; elle a indûment appauvri la vie sous prétexte d'enrichir la mort. La religion évolutionnaire, la religion humaine, a été coupable de toutes ces fautes, erreurs, et bévues, et de bien d'autres; elle a néanmoins réussi à maintenir une éthique culturelle, une civilisation morale, et une cohésion sociale, et elle a permis à la religion révélée ultérieure de compenser ces nombreuses imperfections.

La religion évolutionnaire a été l'institution humaine la plus coûteuse, mais son efficacité fut incomparable. La religion humaine ne se justifie qu'à la lumière de la civilisation progressive. Si l'homme n'était pas le produit ascendant de l'évolution animale, alors ce cours du développement de la religion resterait sans justification.

La religion a facilité l'accumulation des capitaux; elle a encouragé certaines sortes de travaux; les loisirs des prêtres ont promu l'art et la connaissance; en fin de compte, la race a beaucoup gagné comme conséquence de toutes les erreurs initiales dans la technique morale. Les chamans, honnêtes et malhonnêtes, furent terriblement onéreux, mais ils valurent tout ce qu'ils coûtèrent. Les professions savantes et la science elle-même émergèrent des prêtrises parasites. La religion a encouragé la civilisation et assuré la continuité de la société; elle a été la force de police morale de tous les temps. La religion a procuré la discipline humaine et la maîtrise de soi qui ont rendu possible la sagesse. La religion est le fouet efficace de l'évolution, qui pousse impitoyablement l'humanité indolente et souffrante à sortir de son état naturel d'inertie intellectuelle et à s'élever aux niveaux supérieurs de la raison et de la sagesse.

La religion évolutionnaire, cet héritage sacré de l'ascension animale, doit toujours continuer à être raffinée et ennoblie par la censure constante de la religion révélée et par la fournaise ardente de la science authentique.  

4. -- LE DON DE LA RÉVÉLATION

La révélation est évolutionnaire, mais toujours progressive. Au long des âges de l'histoire d'un monde, les révélations successives sont toujours plus étendues et lumineuses. La mission de la révélation consiste à sélectionner et à censurer les religions évolutionnaires qui se succèdent mais si la révélation doit exalter et élever par étapes les religions d'évolution, il faut que les visitations divines qui l'apportent décrivent des enseignements qui ne soient pas trop éloignés des idées et des réactions de l'âge où ils sont présentés. La révélation doit donc toujours être adaptée à l'évolution, et rester limitée par l'aptitude des hommes à la recevoir.

Indépendamment de leurs connexions ou origines apparentes, les religions de révélation sont toujours caractérisées par une croyance à une Déité de valeur finale et à un concept de la survie de l'identité personnelle après la mort.

La religion évolutionnaire est sentimentale, mais non logique. Elle est la réaction des hommes envers la croyance à un monde hypothétique d'esprits-fantômes -- le réflexe humain de croyance excité par la constatation et la peur de l'inconnu. La religion révélée est proposée par le vrai monde spirituelle; elle est la réponse du cosmos super-intellectuel à la soif qu'ont les mortels de croire aux Déités universelles et de dépendre d'elles. La religion évolutionnaire, décrit les tâtonnements de l'humanité qui tourne en rond à la recherche de la vérité; la religion révélée est cette vérité elle-même.

La religion de révélation a comporté de nombreuses étapes, dont cinq seulement ont revêtu une importance historique. Ce furent les suivants:

   1. Les enseignements dalamatiens. Le véritable concept de la Première Source-Centre fut promulgué pour la première fois sur Urantia par les cent membres de l'état-major corporel du Prince Caligastia. La révélation croissante de la Déité se poursuivit pendant plus de trois cent mille ans, jusqu'au moment où elle fut brusquement interrompue par la sécession planétaire et la dislocation du régime éducatif. A part le travail de Van, l'influence de la révélation dalamatienne fut pratiquement perdue pour le monde entier. Même les Nodites en avaient oublié les vérités à l'époque de l'arrivée d'Adam. Parmi tous ceux qui reçurent les enseignements des cent, ce furent les hommes rouges qui les conservèrent le plus longtemps mais, dans la religion amérindienne, l'idée du Grand Esprit n'était qu'un concept vague quand le contact avec le christianisme le clarifia et le renforça considérablement.

   2. Les enseignements édéniques. Adam et Ève décrivirent à nouveau le concept du Père Universel aux peuples évolutionnaires. La dislocation au premier Éden arrêta le cours de la révélation adamique avant qu'elle eût vraiment pris son essor, mais les enseignements avortés d'Adam furent repris par les prêtres séthites, et certaines vérités n'ont jamais été entièrement perdues pour le monde. La tendance tout entière de l'évolution religieuse levantine fut modifiée par les enseignements des Séthites, mais vers l'an 2.500 avant J.-C., l'humanité avait largement perdu de vue la révélation présentée à l'époque d'Éden.

   3. Melchizédek de Salem. Ce fils de Nébadon envoyé au secours de la planète inaugura la Troisième révélation de la vérité sur Urantia. Les préceptes cardinaux de ses enseignements étaient la confiance et la foi. Il enseigna la confiance en l'omnipotente bienfaisance de Dieu et proclama que la foi est l'acte par lequel les hommes gagnent la faveur de Dieu. Sa doctrine s'entremêla graduellement avec les croyances et pratiques de diverses religions évolutionnaires et donna finalement les systèmes théologiques en vigueur sur Urantia au début du premier millénaire après le Christ.

   4. Jésus de Nazareth. Christ Micaël présenta pour la quatrième fois à Urantia le concept de Dieu en tant que Père Universel, et en général cet enseignement a toujours subsisté depuis lors. Son essence était l'amour et le service, l'adoration aimante qu'un fils créé donne de son plein gré en reconnaissance et en réponse au ministère affectueux de Dieu son Père; c'est le service que les fils créés offrent de plein gré à leurs frères en sachant que, par ce service, ils servent également Dieu le Père.

   5. Les Fascicules d'Urantia. Ces exposés, dont le présent fascicule fait partie, constituent la plus récente présentation de la vérité aux mortels d'Urantia. Ils diffèrent de toutes les révélations antérieures, car ils ne sont pas l'oeuvre d'une seule personnalité de l'univers, mais une présentation composite par de nombreux êtres. Toutefois, en dehors du contact avec le Père Universel, nulle révélation ne peut jamais être complète. Tous les autres ministères célestes ne sont que partiels, transitoires, et pratiquement adaptés aux conditions locales dans le temps et l'espace. Il est possible qu'en admettant cela on amoindrisse la force et l'autorité immédiates de toutes les révélations, mais l'heure est arrivée où il est opportun de faire ces francs exposés, même au risque d'affaiblir l'influence et l'autorité du présent ouvrage qui représente la révélation la plus récente de la vérité aux races humaines d'Urantia. (retour à : Le Don de la Révélation )

5. -- LES GRANDS CHEFS RELIGIEUX

Dans la religion évolutionnaire, on conçoit les dieux comme existant à la similitude de l'image des hommes. Dans la religion révélée, on enseigne aux hommes qu'ils sont fils de Dieu -- façonnés à l'image finie de la divinité. Dans les croyances synthétisant les enseignements de la révélation et les produits de l'évolution, le concept de Dieu est un mélange:

  1. Des idées préexistantes des cultes évolutionnaires.
  2. Des idéaux sublimes de la religion révélée.
  3. Des points de vue personnels des grands chefs religieux, les prophètes et instructeurs de l'humanité.

La plupart des grandes époques religieuses ont été inaugurées par la vie et les enseignements d'une personnalité sortant de l'ordinaire. La majorité des mouvements moraux historiques dignes d'être mentionnés a eu son origine dans les directives d'un chef. Les hommes ont toujours eu tendance a vénérer ce chef, même aux dépens de ses enseignements, à révérer sa personnalité, même en perdant de vue les vérités qu'il proclamait. Cela n'est pas sans raison; le coeur de l'homme évolutionnaire contient le désir instinctif de recevoir de l'aide d'en haut et de l'au-delà. Cet ardent désir est destiné à anticiper l'apparition sur la Terre du Prince Planétaire et des Fils Matériels ultérieurs. Sur Urantia, les hommes ont été privés de ces chefs et dirigeants supra-humains; c'est pourquoi ils cherchent constamment à compenser cette perte en entourant leurs chefs humains de légendes retraçant des origines surnaturelles et des carrières miraculeuses.

Bien des races ont imaginé que leurs chefs étaient nés de vierges; leurs carrières sont largement parsemées d'épisodes miraculeux, et leur retour est toujours attendu par leurs groupes respectifs. Les hommes des tribus d'Asie centrale attendent toujours le retour de Gengis Khan; au Thibet, en Chine, et aux Indes, c'est Bouddha, et dans l'Islam, Mahomet; chez les Indiens d'Amérique ou Amérindiens, c'était Hésunanine Onamonalonton; chez les Hébreux, c'était en général le retour d'Adam comme chef incarné. À Babylone, le dieu Mardouk était une perpétuation de la légende d'Adam, l'idée du fils-de-Dieu, le chaînon reliant l'homme à Dieu. À la suite de l'apparition d'Adam sur terre, de prétendus fils de Dieu se trouvèrent couramment parmi les races du monde.

Indépendamment de la crainte superstitieuse que l'on éprouvait souvent à leur égard, le fait demeure que ces instructeurs furent les personnalités temporelles servant de points d'appui aux leviers de la vérité révélée pour faire progresser la moralité, la , philosophie, et la religion de l'humanité.

Il y a eu des centaines et des centaines de chefs religieux au cours du million d'années de l'histoire humaine d'Urantia, depuis Onagar jusqu'au Gourou Nanak. Pendant ce temps se sont produits nombre de flux et de reflux de marée de vérité relié religieuse et de foi spirituelle et, dans le passé, chaque renaissance de la religion a été identifiée avec la vie et les enseignements d'un chef religieux. En étudiant les instructeurs des temps récents, il peut se révéler utile de les grouper en sept époques religieuses majeures de l'histoire d'Urantia après Adam.

   1. La période séthite. Les prêtres séthites, régénérés sous la direction d'Amosad, devinrent les grands éducateurs post-adamiques. Ils opérèrent dans tous les pays des Andites, et leur influence persista longtemps chez les Grecs, les Sumériens, et les Hindous. Chez ces derniers, ils ont persisté jusqu'à l'époque actuelle en tant que Brahmanes dans la religion hindoue. Les Séthites et leurs fidèles ne perdirent jamais complètement le souvenir du concept de la Trinité révélé par Adam.

   2. L'ère des missionnaires de Melchizédek. Dans une grande mesure, la religion d'Urantia fut rehaussée par les efforts des éducateurs commissionnés par Machiventa Melchizédek à l'époque ou il vivait et enseignait à Salem, près de deux mille ans avant le Christ. Ces missionnaires proclamèrent que la foi était le prix de la faveur de Dieu; leurs enseignements ne provoquèrent pas l'apparition immédiate de religions, mais formèrent néanmoins les bases sur lesquelles des instructeurs ultérieurs de la vérité devaient bâtir les religions d'Urantia.

   3. L'ère postérieure à Melchizédek. Aménémope et Ikhnaton enseignèrent tous deux au cours de cette période, mais le génie religieux le plus remarquable de l'ère postérieure à Melchizédek fut le chef d'un groupe de Bédouins levantins, le fondateur de la religion hébraïque -- Moïse. Moïse enseigna le monothéisme. Il dit: (1) « Ecoute, O Israël, l'Éternel notre Dieu est un seul Dieu.» « L'Éternel, c'est lui qui est Dieu, et il n'y en a point d'autre que lui » IL chercha avec persistance à déraciner chez son peuple les vestiges du culte des fantômes, allant même jusqu'à prescrire la peine de mort pour ceux qui le pratiquaient. Le monothéisme de Moïse fut altéré par ses successeurs, mais ceux-ci revinrent plus tard à nombre de ses enseignements. La grandeur de Moïse réside dans sa sagesse et sa sagacité. D'autres hommes ont eu des conceptions plus grandes de Dieu, mais nul n'a jamais si bien réussi à faire adopter des croyances avancées par un aussi grand nombre de personnes.

  (1) Deutéronome VI-4, VII-9, et parallèles.

   4. Le sixième siècle avant le Christ. Ce fut l'un des plus grands siècles d'éveil religieux dont Urantia ait jamais été témoin. De nombreuses personnalités surgirent pour proclamer la vérité, et parmi elles on peut citer Gautama, Confucius, Lao-Tsé, Zoroastre, et les instructeurs Jaïnistes. Les enseignements de Gautama se sont largement répandus en Asie; des millions d'hommes le révèrent en tant que Bouddha. Confucius joua pour la moralité chinoise le même rôle que Platon pour la philosophie grecque; leurs enseignements eurent sans doute des répercussions religieuses mais, à parler strictement, aucun des deux n'était un éducateur religieux. Lao-Tsé eut une vision plus étendue de Dieu dans le Tao que Confucius dans l'humanité ou Platon dans l'idéalisme. Zoroastre, bien que très influencé par le concept prévalent du dualisme spirituel, le bien et le mal, exalta nettement à la même époque l'idée d'une Déité éternelle et de la victoire ultime de la lumière sur les ténèbres.

   5. Le premier siècle de l'ère chrétienne. En tant qu'instructeur religieux, Jésus de Nazareth partit du culte établi par Jean le Baptiste et s'éloigna autant qu'il le put des jeunes et des formes. En dehors de Jésus, Paul de Tarse et Philon d'Alexandrie furent les plus grands éducateurs religieux de cette époque. Leurs concepts de la religion dans l'évolution de la foi qui porte le nom du Christ.

   6. Le sixième siècle de l'ère chrétienne. Mahomet fonda une religion qui était supérieure à bien des credos de son temps. Elle était une protestation contre les exigences sociales des religions étrangères et contre l'incohérence de la vie religieuse de son propre peuple.

   7. Le quinzième siècle de l'ère chrétienne. Cette période comporta deux mouvements religieux: la dislocation de l'unité du christianisme en Occident et la synthèse d'une nouvelle religion en Orient. En Europe, le christianisme devenu une institution avait atteint le degré de sclérose qui rendait la poursuite de sa croissance incompatible avec l'unité. En Orient, les enseignements conjugués de l'Islam, de l'hindouisme, et du bouddhisme furent synthétisés par Nanak et ses fidèles dans le Sikhisme, l'une des religions les plus évoluées d'Asie.

L'avenir d'Urantia sera indubitablement caractérisé par l'apparition d'instructeurs de la vérité religieuse -- la Paternité de Dieu et la fraternité de toutes les créatures. Mais il faut espérer que les ardents et sincères efforts de ces futurs prophètes seront moins dirigés vers le renforcement des barrières entre religions, et davantage vers l'accroissement d'une fraternité religieuse d'adoration spirituelle parmi les nombreux fidèles des théologies intellectuelles différentes si caractéristiques de la planète Urantia de Satania.

6. -- LES RELIGIONS COMPOSITES

Les religions d'Urantia au XXième siècle offrent un tableau intéressant de l'évolution sociale de la tendance humaine à l'adoration. Bien des croyances ont très peu progressé depuis l'époque du culte des fantômes. En tant que groupe, les Pygmées d'Afrique n'ont pas de réactions religieuses, bien que certains d'entre eux croient un peu a un monde invisible d'esprits. Ils en sont exactement aujourd'hui au point où se trouvaient les hommes primitifs au début de l'évolution de la religion. La croyance fondamentale de la religion primitive était la survie après la mort. L'idée d'adorer un Dieu personnel dénote un développement évolutionnaire avancé, et même le premier stade de la révélation. Les Dyaks n'ont institué que les pratiques religieuses les plus primitives. Les Esquimaux et les Amérindiens n'avaient encore, assez récemment, que de très pauvres conceptions de Dieu; ils croyaient aux fantômes et avaient une vague idée d'une sorte de survie après la mort. Les aborigènes australiens d'aujourd'hui éprouvent seulement la peur des fantômes, la crainte de l'obscurité, et une vénération rudimentaire des ancêtres. Les Zoulous sont juste en train d'élaborer une religion de sacrifices et de peur des fantômes. De nombreuses tribus africaines n'ont pas encore dépassé le stade fétichiste de l'évolution religieuse, sauf quand elles ont subi l'influence des missionnaires chrétiens et musulmans. Toutefois, beaucoup de groupes se sont attachés depuis longtemps a l'idée du monothéisme, tels les Thraciens de jadis qui croyaient aussi à l'immortalité.

Sur Urantia, la religion évolutionnaire et la religion révélée progressent côte à côte, tout en se mélangeant et en fusionnant dans les divers systèmes théologiques que l'on rencontrait dans le monde à l'époque de la rédaction des présents fascicules. Ces religions, celles du XXième siècle d'Urantia, peuvent être énumérées comme suit:

  1. L'Hindouisme -- la plus ancienne.
  2. La religion hébraïque.
  3. Le Bouddhisme.
  4. Les enseignements de Confucius.
  5. Les croyances Taoïstes.
  6. Le Zoroastrisme.
  7. Le Shinto.
  8. Le Jaïnisme.
  9. Le Christianisme.
  10. L'Islamisme.
  11. Le Sikhisme -- la plus récente.

Les religions les plus évoluées de l'antiquité étaient le Judaïsme et l'Hindouisme, et les deux ont respectivement exercé une grande influence sur le cours du développement religieux en Occident et en Orient. Les Hindous et les Hébreux croyaient tous deux que leur religion était inspirée et révélée, et que toutes les autres étaient des formes décadentes de l'unique foi véritable.

L'Inde est divisée entre les religions Hindoue, Sikh, Musulmane, et Jaïn, dont chacune décrit Dieu, l'homme, et l'univers selon ses propres conceptions. La Chine suit les enseignements du Tao et de Confucius. Le Shinto est révéré au Japon.

Les grandes croyances internationales, interraciales, sont la foi hébraïque, la foi bouddhique, la foi chrétienne, et la foi islamique. Le Bouddhisme s'étend depuis Ceylan et la Birmanie à travers le Thibet et à la Chine jusqu'au Japon. Il a montré, par rapport aux moeurs de nombreux peuples, une faculté d'adaptation que le Christianisme a été seul à égaler.

La religion hébraïque englobe la transition philosophique entre le polythéisme et le monothéisme; elle est un chaînon évolutionnaire entre les religions d'évolution et les religions de révélation. Les Hébreux furent le seul peuple occidental à suivre l'évolution des dieux primitifs jusqu'au bout, jusqu'au Dieu de la révélation, mais cette vérité ne fut jamais franchement acceptée avant l'époque d'Isaïe qui enseigna de nouveau l'idée mixte d'une déité raciale conjuguée avec un Créateur Universel: « O Éternel des Armées, Dieu d'Israël, tu es Dieu, et il n'y en a point d'autre; tu as créé le ciel et la terre ». A un moment donné, l'espoir de survie de la civilisation occidentale résida dans les sublimes concepts hébraïques de la bonté et dans les concepts grecs avancés de la beauté.

La religion chrétienne est celle qui tourne autour de la vie et des enseignements du Christ; elle fut basée sur la théologie du judaïsme, modifiée par l'assimilation de certains enseignements de Zoroastre et de la philosophie grecque, et formulée principalement par trois personnalités: Philon Pierre, et Paul. Elle a passé par de nombreuses phases d'évolution depuis Paul, et elle s'est si complètement occidentalisée que beaucoup de peuples non européens considèrent tout naturellement le christianisme comme l'étrange révélation d'un étrange Dieu, et comme destiné à des étrangers.

L'Islam est le lien religio-culturel entre l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient, et l'Asie du sud-est. Ce fut la théologie juive, en liaison avec les enseignements chrétiens ultérieurs, qui rendit l'Islam monothéiste. Les disciples de Mahomet trébuchèrent sur les enseignements avancés de la Trinité; ils ne pouvaient comprendre la doctrine de trois personnalités divines et d'une seule Déité. Il est toujours difficile d'obtenir que des penseurs évolutionnaires acceptent spontanément une vérité supérieure révélée. L'homme est une créature évolutionnaire et, dans l'ensemble, il faut qu'il acquière sa religion par des techniques évolutionnaires.

Le culte des ancêtres constitua jadis un progrès incontestable dans l'évolution religieuse, mais il est à la fois étonnant et regrettable que ce concept primitif persiste en Chine, au Japon, et aux Indes parmi tant d'idées relativement plus avancées telles que le bouddhisme et l'hindouisme. En Occident, le culte des ancêtres devint la vénération des dieux nationaux et le respect pour les héros de la race. Au XXième siècle, cette religion nationaliste de vénération des héros fit son apparition dans les divers matérialismes radicaux et nationalistes qui caractérisent beaucoup de races et de nations occidentales. Ce comportement se retrouve aussi en grande partie dans les grandes universités et les importantes communautés industrielles des peuples de langue anglaise. L'idée que la religion n'est que « la recherche en commun de la vie bienfaisante » ne diffère pas beaucoup de ces concepts. Les « religions nationales » ne sont rien de plus qu'un retour à l'adoration primitive de l'empereur chez les Romains, et au Shinto -- l'adoration de l'Etat -- dans la famille impériale japonaise.

7. -- L'ÉVOLUTION ULTÉRIEURE DE LA RELIGION

La religion ne peut jamais devenir un fait scientifique. La philosophie peut, en vérité, reposer sur une base scientifique, mais la religion restera toujours soit évolutionnaire, soit révélée, soit une combinaison éventuelle des deux comme c'est le cas dans le monde d'aujourd'hui.

Les religions nouvelles ne peuvent être inventées; ou bien elles sont issues d'une évolution, ou bien elles sont soudainement révélées. Toutes les religions évolutionnaires nouvelles sont simplement des expressions progressives d'anciennes croyances, de nouvelles adaptations, de nouveaux ajustements. L'ancien ne cesse pas d'exister; il est fondu dans le nouveau, comme dans le cas du Sikhisme qui a bourgeonné et fleuri en plongeant ses racines dans le terrain et les formes de l'Hindouisme, du Bouddhisme, de l'Islamisme, et d'autres cultes contemporains. La religion primitive était fort démocratique; les sauvages empruntaient et prêtaient facilement. C'est seulement avec la religion révélée qu'apparurent les égoïsmes théologiques autocratiques et intolérants.

Les nombreuses religions d'Urantia sont toutes bonnes dans la mesure où elles amènent l'homme à Dieu et où elles apportent à l'homme le concept du Père. C'est une erreur pour un groupe religieux de s'imaginer que son credo est La Vérité; ce comportement dénote plus de morgue théologique que de certitude dans la foi. Toutes les religions d'Urantia sans exception auraient profit à étudier et assimiler le meilleur des vérités contenues dans toutes les autres, car elles contiennent toutes des vérités. Les adeptes d'une religion feraient mieux d'emprunter ce qu'il y a de meilleur dans la foi spirituelle vivante de leurs voisins, que de dénoncer le pire dans leurs superstitions rémanentes et leurs rituels désuets.

Toutes ces religions sont nées comme conséquence de la réaction intellectuelle variable des hommes à des directives spirituelles identiques. Ils doivent abandonner tout espoir d'arriver à une uniformité de credos, de dogmes, et de rites car ceux-ci sont intellectuels; mais ils peuvent, et ils y parviendront un jour, réaliser une unité dans l'adoration sincère du Père de tous, car celle-ci est spirituelle, et il est éternellement vrai qu'en esprit tous les hommes sont égaux.

La religion primitive était largement une conscience des valeurs matérielles, mais la civilisation élève les valeurs religieuses, car la vraie religion est la consécration de soi au service des valeurs significatives et suprême. À mesure que la religion évolue, l'éthique devient la philosophie de la morale, et la morale devient la discipline de soi par les critères des significations supérieures et des valeurs suprêmes -- des idéaux divins et spirituels. La religion devient ainsi une dévotion spontanée et touchante, l'expérience vivante de la fidélité de l'amour.

La qualité d'une religion s'apprécie par:

     1. Les valeurs de son niveau -- les allégeances.
     2. La profondeur de ses significations -- la sensibilisation des individus à l'appréciation idéaliste de ces valeurs supérieures.
     3. L'intensité de la consécration -- le degré de dévotion à ces valeurs divines.
     4. Les progrès sans entraves de la personnalité dans le sentier cosmique de vie spirituelle idéaliste, la réalisation de la filiation avec Dieu et la citoyenneté indéfiniment progressive dans l'univers.

Les significations religieuses progressent dans la conscience de soi quand l'enfant transfère de ses parents à Dieu ses idées sur l'omnipotence. Toute l'expérience religieuse de cet enfant dépend largement du fait que ses relations avec ses parents ont été dominées par la peur ou par l'amour. Les esclaves ont toujours éprouvé de grandes difficultés à transformer la peur de leurs maîtres en concepts d'amour de Dieu. La civilisation, la science, et les religions supérieures doivent délivrer l'humanité de ces peurs nées de la crainte des phénomènes naturels. De plus grands éclaircissements devraient ainsi éviter aux mortels éduqués de dépendre d'un intermédiaire quelconque pour communiquer avec la Déité.

Les stades intermédiaires d'hésitation idolâtre pour transférer la vénération des choses humaines et visibles aux choses divines et invisibles sont inévitables, mais ces stades devraient être abrégés par la conscience des facilités apportées par le ministère de l'esprit divin intérieur. Néanmoins, les hommes ont été profondément influencés non seulement par leurs concepts de la Déité, mais aussi par le caractère des héros qu'ils ont choisi d'honorer. Il est fort malheureux que les hommes parvenus à vénérer le Christ divin et ressuscité aient négligé l'homme -- le vaillant et courageux héros -- Jésus ben Joseph.

Les hommes modernes ont en eux-mêmes une conscience suffisante de la religion, mais leurs coutumes d'adoration sont confuses et discréditées par leur métamorphose sociale accélérée et leur développement scientifique sans précédent. Les hommes et les femmes qui pensent veulent que la religion soit définie à nouveau, et cette exigence obligera la religion à se réévaluer.

L'homme moderne est confronté avec la tâche de faire en une seule génération plus de réajustements dans les valeurs humaines. qu'il n'en a été fait en deux mille ans. Tout cela influence le comportement social envers la religion, car la religion est une manière de vivre aussi bien qu'une technique mentale.

La vraie religion doit toujours être simultanément l'éternel fondement et l'étoile directrice de toutes les civilisations durables.

 

[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]

91. L'évolution de la prière

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 03 December 2025

L'ÉVOLUTION DE LA PRIÈRE

LA prière, en tant qu'acte religieux, prit naissance dans des expressions antérieures non religieuses de monologues et de dialogues. Quand les hommes primitifs atteignirent la conscience de soi, il se produisit l'inévitable corollaire de la conscience d'autrui, le double potentiel de la sensibilité sociale et de la récognition de Dieu.

Les toutes premières formes de prière n'étaient pas adressées à la Déité. Ces expressions ressemblaient beaucoup à ce que vous diriez à un ami en vous lançant dans une entreprise importante: « Souhaitez-moi bonne chance ». Les primitifs étaient esclaves de la magie; la chance, bonne ou mauvaise, pénétrait toutes les affaires de la vie. Au début, ces demandes de chance furent des monologues -- simplement une manière de penser à haute voix pour les fidèles de la magie. Ensuite, ces croyants à la chance enrôlèrent leurs amis et leur famille pour les soutenir, et bientôt furent accomplies certaines formes de cérémonies incluant le clan ou la tribu tout entiers.

Quand le concept des fantômes et des esprits évolua, les demandes furent adressées à des entités supra-humaines; et quand les hommes eurent conscience des dieux, ces expressions atteignirent le niveau de prières authentiques. À titre d'exemple, chez certaines tribals primitives d'Australie, les prières religieuses ont précédé la croyance aux esprits et aux personnalités supra-humaines.

Aux Indes, la tribu Toda observe la pratique de n'adresser de prières à personne en particulier, exactement comme le faisaient les peuples primitifs avant l'époque de la conscience religieuse. Seulement, chez les Todas, cela représente une régression de leur religion qui dégénère à ce niveau primitif. Les rituels d'aujourd'hui chez les prêtres nourrisseurs des Todas ne représentent pas une cérémonie religieuse parce que les prières impersonnelles ne contribuent en rien à conserver ni à élever des valeurs sociales, morales. ou spirituelles quelconques.

La prière pré-religeuse faisait partie des pratiques mana des Mélanésiens, des croyances oudah des Pygmées africains et des superstitions manitou des Indiens américains. Les tribus Baganda d'Afrique n'ont émergé que récemment du niveau mana de prière. Dans cette confusion évolutionnaire primitive, les adressaient leurs prières à des dieux -- locaux ou nationaux -- à des fétiches, à des amulettes, à des fantômes, à des chefs, et à des gens du commun.

1. -- LA PRIÈRE PRIMITIVE

La fonction de la religion évolutionnaire primitive est de conserver et d'accroître les valeurs sociales, morales, et spirituelles essentielles qui prennent lentement forme. Cette mission de la religion n'est pas observée consciemment par l'humanité, mais elle est principalement accomplie par la fonction de la prière. La pratique de la prière représente l'effort involontaire, mais néanmoins personnel et collectif, d'un groupe donné pour assurer (pour réaliser) la conservation des valeurs supérieures. Sans la sauvegarde de la prière, tous les jours fériés religieux reviendraient vite au statut de simples journées de vacances.

La religion et ses procédés, dont le principal est la prière, ne sont alliés qu'aux valeurs jouissant d'une récognition sociale générale, d'une approbation collective. C'est pourquoi, lorsqu'un homme primitif tentait de satisfaire ses sentiments les moins nobles ou ses ambitions purement égoïstes, il était privé du secours de la religion et de l'aide de la prière. La prière devint donc de très bonne heure un puissant instigateur d'évolution sociale, de progrès moral, et d'accomplissement spirituel.

Cependant la pensée primitive n'était ni logique ni conséquents. Les hommes primitifs ne percevaient pas que la prière ne doit pas être centrée sur les choses matérielles. Ces âmes simples constataient que nourriture, abris, pluie, gibier, et autres biens matériels accroissaient le bien-être social; c'est pourquoi elles commencèrent à prier pour ces bénédictions physiques. Cela constituait une perversion de la prière, mais encourageait l'effort pour atteindre ces objectifs matériels par des actions éthiques et sociales. Tout en avilissant les valeurs spirituelles d'un peuple, cette prostitution de la prière avait néanmoins pour effet direct d'élever ses moeurs économiques, sociales, et morales.

C'est seulement chez les penseurs du type le plus primitif que la prière est un monologue. Elle devient de bonne heure un dialogue et s'amplifie rapidement au niveau dune adoration collective. La prière signifie que les incantations pré-magiques, de la religion primitive ont atteint par évolution le niveau où la pensée humaine reconnaît la réalité de pouvoirs bénéfiques, ou d'êtres capables de rehausser les valeurs sociales et d'accroître les idéaux moraux: en outre, elle reconnaît que ces influences sont supra-humaines et distinctes de l'ego humain conscient de soi et de ses compagnon mortelles. La vraie prière n'apparaît donc pas avant que l'action au ministère religieux ne soit envisagée comme personnelle.

La prière a peu de liens avec l'animisme, mais cette croyance au culte des esprits peut exister parallèlement aux sentiments religieux émergents. Dans nombre de cas, la religion et l'animisme ont eu des origines entièrement séparées.

Chez les mortels qui n'ont pas été délivrés des entraves primitives de la peur, il y a sérieusement danger que toutes les prières conduisent à un sens morbide du péché, à une conviction injustifiée de culpabilité, réelle ou imaginaire. Toutefois, à l'époque moderne il est peu probable qu'un grand nombre de personnes consacrent suffisamment de temps à prier pour en arriver à ces réflexions nuisibles sur leur indignité ou leur culpabilité. Les dangers accompagnant la déformation et la perversion de la prière sont constitués par l'ignorance, la superstition, la cristallisation, la dévitalisation, le matérialisme, et le fanatisme.

2. -- L'ÉVOLUTION DE LA PRIÈRE

Les premières prières furent simplement des souhaits exprimés en paroles, l'expression de désirs sincères. La prière devint ensuite une technique pour obtenir la coopération des esprits. Puis elle atteignit la fonction supérieure d'aider la religion à conserver toutes les valeurs dignes d'être préservées.

La prière et la magie surgirent toutes deux comme résultat des réactions humaines d'ajustement à l'ambiance d'Urantia; mais à part cette relation générale, elles ont peu de points communs. La prière a toujours indiqué une action positive de la part de l'ego qui la prononçait; elle a toujours été psychique et parfois spirituelle. La magie a généralement signifié une tentative pour manipuler la réalité sans affecter l'ego du manipulateur, du pratiquant de la magie. Malgré leurs origines indépendantes, la magie et la prière ont souvent été liées dans leurs stages ultérieurs de développement. Partant de formules et passant par des rituels et des incantations, la magie s'est parfois haussée, par l'élévation de ses buts, au seuil de la vraie prière. La prière est parfois devenue si matérialiste qu'elle a dégénéré en une technique pseudo-magique pour éviter la dépense de l'effort requis pour résoudre les problèmes d'Urantia.

Quand les hommes apprirent que la prière ne pouvait contraindre les dieux, ils lui donnèrent d'avantage le caractère de pétition, de recherche d'une faveur. La prière la plus authentique est en réalité une communion entre l'homme et son Ajusteur.

L'apparition de l'idée de sacrifice dans une religion amoindrit l'efficacité supérieure de la vraie prière, en ce sens que les hommes cherchent à substituer les offrandes de biens matériels et celle de la consécration de leur propre vouloir à faire la volonté de Dieu.

Quand la religion est dépourvue d'un Dieu personnel, ses prières descendent aux niveaux de la théologie et de la philosophie. Quand, dans une religion, le concept le plus élevé de Dieu est celui d'une Déité impersonnelle, comme dans l'idéalisme panthéiste, ce concept fournit bien une base pour certaines formes de communion mystique, mais il est fatal pour la puissance de la vraie prière, qui représente toujours la communion de l'homme avec un être personnel et supérieur.

Aux premiers temps de l'évolution raciale, et même aujourd'hui dans l'expérience quotidienne de la moyenne des mortels, la prière est dans une grande mesure un phénomène de rapports entre l'homme et son subconscient. Mais il existe aussi un domaine de prière où les individus intellectuellement alertes et spirituellement progressifs atteignent plus ou moins le contact avec les niveaux superconscients de la pensée humaine, le domaine de l'Ajusteur de Pensée intérieur. En outre, il existe une phase définie de la vraie prière concernant sa réception et sa récognition par les forces spirituelles de l'univers; cette phase est entièrement distincte de toutes les associations humaines et intellectuelles.

La prière contribue grandement à développer le sentiment religieux d'un penseur humain en évolution. Elle exerce une puissante influence pour empêcher l'isolement de la personnalité.

La prière représente l'une des techniques associées aux religions naturelles de l'évolution raciale; elle fait également partie des valeurs expérientielles des religions supérieures éthiquement excellentes -- les religions de révélation.

3. -- LA PRIÈRE ET L'ALTER EGO

Quand les enfants apprennent pour la première fois à se servir du langage, ils sont enclins à exprimer leurs pensées en paroles, même si personne n'est là pour les entendre. À l'aurore de leur imagination créative, ils montrent une tendance à converser avec des compagnons imaginaires. De cette manière, un ego qui commence à éclore cherche à se maintenir en communion avec un alter ego fictif. Par cette technique, l'enfant apprend de bonne heure à convertir ses monologues en pseudo-dialogues où l'alter ego fait des réponses à ses pensées exprimées à haute voix et à l'expression de ses souhaits. Une très grande partie des réflexions des adultes se poursuit mentalement sous forme de conversations.

La forme primitive de la prière ressemblait beaucoup aux récitations magiques de la tribu des Todas d'aujourd'hui, prières qui n'étaient adressées à personne en particulier. Par l'émergence de l'idée d'un alter ego, ces techniques de prière tendirent à se transformer en communications du type dialogué. En son temps, le concept de l'alter ego fut haussé à un statut supérieur de dignité divine, et la prière en tant qu'acte religieux fit son apparition. Ce type primitif de prière était destiné à évoluer par de nombreuses phases et durant de longs âges avant d'atteindre le niveau de la prière intelligente et vraiment éthique.

La conception de l'alter ego par des générations successives de mortels pratiquant la prière évolua, en passant par les fantômes, les fétiches, et les esprits, jusqu'aux dieux polythéistes, et finalement jusqu'au Dieu Unique, un être divin qui incorpore les idéaux les plus élevés et les aspirations les plus sublimes de l'ego en prière. C'est ainsi que la prière fonctionna comme le plus puissant agent de la religion pour conserver les valeurs et les idéaux supérieurs de ceux qui prient. A partir du moment où l'homme conçoit un alter ego et jusqu'à l'apparition du concept d'un divin Père céleste, la prière est toujours une pratique qui vous rend plus sociable, plus moral, et plus spiritualiste.

La simple prière de la foi atteste dans l'expérience humaine une puissante évolution par laquelle les anciennes conversations avec le symbole fictif de l'alter ego de la religion primitive ont été élevées au niveau de la communion avec l'esprit de l'Infini, au niveau où l'on est sincèrement conscient de la réalité du Dieu éternel et du Père Paradisiaque de toute la création intelligente.

En dehors de ce qui dépasse la personnalité quand on prie, il ne faut pas oublier que la prière éthique est une manière splendide d'élever et de renforcer son ego pour une vie meilleure et des accomplissements plus élevés. La prière incite l'homme à rechercher de l'aide dans les deux directions: pour l'assistance matérielle, en puisant dans le réservoir subconscient de l'expérience humaine, et pour l'inspiration et la gouverne, en allant aux frontières superconscientes du matériel avec le spirituel, en prenant contact avec le Moniteur de Mystère.

La prière a toujours été et sera toujours une expérience humaine double: un processus psychologique associé à une technique spirituelle. Ces deux fonctions de la prière ne peuvent jamais être entièrement séparées.

La prière éclairée doit reconnaître non seulement un Dieu extérieur et personnel, mais aussi une divinité incluse et impersonnelle, l'Ajusteur intérieur. Quand un homme prie, il est tout à fait juste qu'il s'efforce de saisir le concept du Père Universel au Paradis; mais, pour la plupart des buts pratiques, une technique plus efficace consistera à revenir au concept d'un proche alter ego, exactement comme la pensée primitive avait l'habitude de le faire; on reconnaîtra ensuite que l'idée de cet alter ego était tout d'abord une simple fiction devenue ensuite par évolution la vérité que Dieu habite les mortels par la présence réelle de l'Ajusteur; l'homme peut ainsi parler, pour ainsi dire face à face, avec un divin alter ego réel et authentique qui l'habite et qui est l'essence et la présence même du Dieu vivant, du Père Universel.

4. -- LA PRIÈRE MORALE

Nulle prière ne peut être morale si le suppliant recherche un avantage égoïste sur ses semblables. La prière égoïste et matérialiste est incompatible avec les religions éthiques qui sont fondées sur l'amour divin et désintéressé. Toutes ces prières intéressées retournent aux niveaux primitifs de pseudo-magie et sont indignes d'une civilisation avancée et des religions éclairées. La prière égoïste transgresse l'esprit de toutes les morales fondées sur une justice aimante.

La prière ne doit jamais être prostituée au point de devenir un substitut à l'action. Toute prière morale est un stimulant pour l'action et un guide pour les efforts progressifs vers les buts idéalistes d'aboutissement au super-ego.

Dans toutes vos prières, soyez équitables. Ne vous attendez pas à ce que Dieu montre de la partialité, à ce qu'il vous aime plus que ses autres enfants, vos amis, vos voisins, et même vos ennemis. Mais la prière des religions naturelles ou évoluées ne commence pas par être morale, comme elle l'est dans les religions révélées ultérieures. Toute prière, qu'elle soit individuelle ou communautaire, peut être soit altruiste soit égoïste, c'est-à-dire que l'on peut centrer la prière sur soi-même ou sur autrui. Quand la prière ne recherche rien pour celui qui prie ni pour ses compagnons, alors le comportement de l'âme tend vers les niveaux de la véritable adoration. Les prières égoïstes impliquent des confessions et des suppliques et consistent souvent en requête pour des faveurs matérielles. La prière est un peu plus morale quand elle s'occupe du pardon et recherche la sagesse pour accroître le contrôle de soi.

La prière du type non égoïste apporte des forces et des consolations, tandis que la prière matérialiste est vouée à désappointer et à désillusionner ses auteurs au fur et à mesure que le progrès des découvertes scientifiques démontre que l'homme vit dans un univers physique de loi et d'ordre. L'enfance d'un individu ou d'une race est caractérisée par des prières primitives, égoïstes, et matérialistes. Dans une certaine mesure, toutes ces suppliques sont efficaces en ce sens qu'elles conduisent invariablement aux efforts qui contribuent à obtenir les réponses aux dites prières. La prière réelle de la foi contribue toujours à accroître la technique de la vie, même si ses demandes ne sont pas dignes de récognition spirituelle. Mais les personnes spirituellement évoluées doivent prendre de grandes précautions quand elle essayent de dissuader le penseurs primitifs, ou manquant de maturité, de formuler ce genre de prières.

Rappelez-vous que la prière ne change pas Dieu, mais qu'elle effectue souvent des changements importants et durables chez celui qui prie avec foi et dans une expectative confiante. La prière a engendré beaucoup de paix d'esprit, d'allégresse, de calme, de courage, de maîtrise de soi, et d'équité chez les hommes et les femmes des races en évolution.

5. -- LES RÉPERCUSSIONS SOCIALES DE LA PRIÈRE

Dans le culte des ancêtres, la prière conduit à cultiver les idéaux ancestraux. Mais en tant que caractéristique du culte de Dieu, la prière transcende toutes les pratiques de cet ordre, car elle conduit à cultiver les idéaux divins. De même que le concept de l'alter ego de la prière devient suprême et divin, de même les idéaux humains s'élèvent en conséquence du niveau purement humain vers les niveaux célestes et divins; le résultat de toutes ces prières est l'embellissement du caractère humain et la profonde unification de la personnalité humaine.

Il n'est pas nécessaire que la prière soit toujours individuelle. La prière en groupe ou en congrégation est fort efficace, en ce sens que ses répercussions accroissent beaucoup la sociabilité. Quand une collectivité s'adonne à une prière en commun pour le relèvement moral et l'élévation spirituelle, ces dévotions réagissent sur les individus qui composent le groupe; leur participation les rend tous meilleurs. Même une ville ou une nation tout entières peuvent être aidées par ces prières dévotionnelles. La confession, le repentir, et la prière ont conduit des individus, des villes, des nations, et des races entières à de puissants efforts de réforme et à des actes courageux vaillamment accomplis.

Si vous désirez vraiment vaincre l'habitude de critiquer un ami, la manière la plus rapide et la plus sûre d'effectuer ce changement d'attitude consiste à établir l'habitude de prier pour cette personne chaque jour de votre vie. Les répercussions sociales de ces prières dépendent largement de deux conditions:

  1. La personne pour qui l'on prie doit savoir que l'on prie pour elle.
  2. La personne qui prie devrait entrer en contact social étroit avec la personne pour qui elle prie.

La prière est la technique par laquelle toute religion devient tôt où tard une institution. Avec le temps, la prière s'associe à de nombreux éléments secondaires dont quelques-uns sont utiles et d'autres nettement nuisibles tels que prêtres, livres sacrés, rituels d'adoration, et cérémonies.

Les penseurs les plus éclairés spirituellement devraient être patients et tolérants envers les intellects moins bien doués qui désirent ardemment un symbolisme pour mobiliser leur perspicacité spirituelle restreinte. Les forts ne doivent pas regarder les faibles avec dédain. Ceux qui sont conscients de Dieu sans symbolisme ne doivent pas dénier le ministre de grâce des symboles à ceux qui trouvent difficile d'adorer la Déité et de révérer sans formes ni rites la vérité, la beauté, et la bonté. Dans l'adoration avec prière, la plupart des mortels imaginent quelque symbole de l'objet-but de leurs dévotions.

6. -- LE DOMAINE DE LA PRIÈRE

À moins d'être en liaison avec la volonté et les actes des forces spirituelles personnelles et des superviseurs matériels d'un royaume, la prière ne peut avoir d'effet direct sur votre entourage. Le domaine des suppliques par la prière possède des limites bien définies, mais ces limites ne s'appliquent pas de la même manière à la foi de ceux qui prient.

La prière n'est pas une technique de cure pour des maladies réelles et organiques, mais elle a énormément contribué à faire bénéficier d'un débordement de santé et à guérir de nombreux troubles mentaux, émotionnels, et nerveux. Même dans le cas de maladies bactériennes réelles, la prière a bien souvent accru l'efficacité des autres remèdes appliqués. La prière a transformé bien des invalides irritables et mécontents en des parangons de patience, et en a fait des inspirateurs pour tous les autres humains souffrants.

Si difficile qu'il puisse être de concilier les doutes scientifiques au sujet de l'efficacité de la prière avec le besoin toujours présent de rechercher aide et gouverne auprès de sources divines, n'oubliez jamais que la prière sincère de la foi est une force puissante pour promouvoir le bonheur personnel, la maîtrise individuelle de soi, l'harmonie sociale, le progrès moral, et l'accomplissement spirituel.

Même en tant que pratique purement humaine, en tant que dialogue avec votre alter ego, la prière constitue une technique des plus efficaces pour mettre en oeuvre les pouvoirs de la nature humaine, dont les réserves sont accumulées et conservées dans les domaines inconscients de la pensée des hommes. En dehors de ses implications religieuses et de sa signification spirituelle, la prière est une saine pratique psychologique. C'est un fait d'expérience humaine que la plupart des personnes, si elles sont assez durement harcelées, adresseront d'une certaine manière des prières à quelque source d'assistance.

Ne soyez pas paresseux au point de demander à Dieu de résoudre vos difficultés, mais n'hésitez jamais à lui demander sagesse et force spirituelle pour vous guider et vous soutenir pendant que vous attaquez résolument et courageusement les problèmes à traiter.

La prière a été un facteur indispensable au progrès et à la préservation de la civilisation religieuse, et il lui reste encore de puissantes contributions à apporter pour rehausser et spiritualiser la société, pourvu que ceux qui prient veuillent bien le faire à la lumière des faits scientifiques, de la sagesse philosophique, de la sincérité intellectuelle, et de la foi spirituelle. Priez comme Jésus l'enseignait à ses disciples -- honnêtement, généreusement, avec équité, et sans douter.

L'efficacité de la prière dans l'expérience spirituelle de celui qui prie ne dépend en aucune manière de la compréhension intellectuelle de l'adorateur, ni de sa finesse philosophique, de son niveau social, de son statut culturel, ou de ses autres acquisitions humaines. Les accompagnements psychiques et spirituels de la prière de la foi sont immédiats, personnels, et expérientiels. Il n'existe aucune autre technique permettant à chaque homme, indépendamment de tous autres accomplissements terrestres, d'approcher si efficacement et si immédiatement du seuil du royaume où il peut communiquer avec son auteur, où la créature peut prendre contact avec la réalité du Créateur, avec l'Ajusteur de Pensée intérieur.

7. -- MYSTICISME, EXTASE, ET INSPIRATION

En tant que technique pour cultiver la conscience de la présence de Dieu, le mysticisme est entièrement digne de louanges, mais si sa pratique conduit à l'isolement social et culmine en fanatisme religieux, il est tout à fait répréhensible. Bien trop souvent, les idées que le mystique surmené estime être des inspirations divines ne sont que des soulèvements venus des profondeurs de sa propre pensée. Le contact de la pensée humaine avec l'Ajusteur qui l'habite est sans doute fréquemment favorisé par une méditation consacrée, mais il est bien plus souvent facilité par les services sincères et aimants d'un ministère désintéressé auprès de vos semblables.

Les grands éducateurs religieux et prophètes des temps passés n'étaient pas des mystiques outranciers. Ils étaient des hommes et des femmes connaissant Dieu et servant leur Dieu au mieux par leur ministère désintéressé auprès de leurs semblables. Jésus emmenait souvent ses apôtres à part pour méditer et prier, mais la plupart du temps il les maintenait en contact de service avec les multitudes. L'âme des hommes a besoin d'exercice spirituel aussi bien que de nourriture spirituelle.

L'extase religieuse est admissible quand elle résulte d'antécédents sains, mais cette expérience est plus souvent la conséquence d'influences purement émotives que la manifestation d'un caractère spirituel profond. Les personnes religieuses ne doivent pas considérer chaque pressentiment, spirituel brillant et chaque expérience émotionnelle intense comme une révélation divine ou une communication spirituelle. L'extase spirituelle authentique est généralement associée à un grand calme extérieur et à un contrôle émotif à peu près parfait. La véritable vision prophétique est un pressentiment super-psychologique. Les visitations de ce genre ne sont ni des pseudo-hallucinations ni des extases ressemblant à des transes.

La pensée humaine peut passer à l'exécution en réponse à une soi disant inspiration quand elle est sensible soit aux soulèvements du subconscient, soit aux stimulants du superconscient. Dans les deux cas, ces accroissements du contenu de la conscience apparaissent à l'individu comme ou moins étrangers. L'enthousiasme mystique immodéré et l'extase religieuse sans frein ne sont pas des certificats d'inspiration, des justifications de provenance divine.

Le critérium pratique de toutes ces étranges expériences religieuses de mysticisme, d'extase, et d'inspiration consiste à observer si ces phénomènes amènent l'intéressé à:

     1. Jouir dune santé physique meilleure et plus complète.
     2. Agir plus pratiquement et plus efficacement dans sa vie mentale.
     3. Rendre sociale son expérience religieuse avec plus de plénitude et de joie.
     4. Spiritualiser plus complètement sa vie quotidienne en même temps qu'il remplit fidèlement les            devoirs courants de l'existence humaine ordinaire.
     5. Accroître son amour et son appréciation de la vérité, de la beauté, et de la bonté.
     6. Conserver les valeurs sociales, morales, éthiques, et spirituelles couramment admises.
     7. Développer sa clairvoyance spirituelle -- sa conscience de Dieu.

La prière n'a pas de lien réel avec ces expériences religieuses exceptionnelles. Quand la prière devient trop esthétique, quand elle consiste à peu près exclusivement en une admirable et bienheureuse contemplation de la divinité paradisiaque, elle perd beaucoup de son influence sociale et tend vers le mysticisme et l'isolement du fidèle. Un excès de prière solitaire présente un certain danger qui est corrigé et écarté par la prière en groupe, les dévotions collectives.

8. -- LA PRIÈRE EN TANT QU'EXPÉRIENCE PERSONNELLE

La prière comporte un aspect vraiment spontané, car l'homme primitif commença a prier bien avant d'avoir la moindre conception claire d'un Dieu. Les premiers hommes avaient l'habitude de prier en deux circonstances différentes: quand ils se trouvaient en grande détresse, ils éprouvaient une impulsion à tendre la main vers une aide; et quand ils exultaient, ils se laissaient aller a exprimer impulsivement leur joie.

La prière n'est pas une évolution de la magie; les deux ont surgi indépendamment l'une de l'autre. La magie fut une tentative pour adapter Dieu aux conditions; la prière est l'effort pour adapter la personnalité à la volonté de la Déité. La vraie prière est à la fois morale et religieuse; la magie n'est ni l'un ni l'autre.

La prière peut devenir une coutume établie. Beaucoup de personnes prient parce que d'autres le font. D'autres encore prient parce qu'elles craignent qu'il leur arrive quelque chose d'affreux si elles ne présentent pas régulièrement leurs suppliques.

Pour certaines personnes, la prière est une calme expression de gratitude, pour d'autres une expression collective de louanges, une dévotion sociale. Elle est parfois l'imitation de la religion d'autrui, alors que la vraie prière est la communication sincère et confiante entre la nature spirituelle de la créature et la présence ubiquitaire de l'esprit du Créateur.

La prière peut être une expression spontanée de conscience de Dieu ou une récitation machinale de formules théologiques. Elle peut être la louange extatique d'une âme connaissant Dieu, ou l'obéissance servile d'un mortel hanté par la peur. Elle est parfois l'expression pathétique d'un ardent désir spirituel, et parfois la clameur criarde de phrases pieuses. La prière peut être une louange joyeuse ou un humble appel au pardon.

La prière peut être la demande enfantine de l'impossible, ou la supplication de l'homme mûr pour la croissance morale et le pouvoir spirituel. Une supplique peut consister à demander le pain quotidien, ou incorporer un désir sincère de trouver Dieu et de faire sa volonté. Elle peut être une requête entièrement égoïste, ou un geste sincère et magnifique vers la réalisation d'une fraternité désintéressée.

La prière peut être un cri de colère pour obtenir vengeance, ou une intercession miséricordieuse pour des ennemis. Elle peut être l'expression d'un espoir de changer Dieu, ou la puissante technique de se changer soi-même. Elle peut être la plaidoirie obséquieuse d'un pécheur perdu devant un Juge supposé sévère, ou l'expression joyeuse d'un libre fils du Père céleste vivant et miséricordieux.

Les hommes modernes sont troublés à l'idée de s'entretenir de leurs questions avec Dieu d'une manière purement personnelle. Beaucoup ont abandonné la prière régulière: ils ne prient plus que sous l'empire d'une pression inhabituelle -- en cas d'urgence. Les hommes ne devraient pas avoir peur de parler à Dieu, mais il serait spirituellement enfantin d'entreprendre de persuader Dieu ou de prétendre le changer.

La véritable prière atteint la réalité. Même quand les courants aériens sont ascendants, nul oiseau ne peut prendre son essor sans déployer ses ailes. La prière élève l'homme parce qu'elle est une technique de progrès par utilisation des courants rituels ascendants de l'univers.

La prière authentique contribue à la croissance spirituelle, modifie les comportements, et procure la satisfaction qui vient de la communion avec la divinité. Elle est débordement spontané de conscience de Dieu.

Dieu répond à la prière de l'homme en lui donnant une révélation accrue de la vérité, une appréciation rehaussée de la beauté, et un concept élargi de l'amour. La prière est un geste subjectif, mais elle établit le contact avec de puissantes réalités objectives sur les niveaux spirituels de l'expérience humaine; elle est un essai significatif de l'homme pour atteindre des valeurs supra-humaines. Elle est le plus puissant stimulant de la croissance spirituelle.

Les mots n'ont pas d'importance dans la prière; ils sont simplement le chenal intellectuel dans lequel la rivière des supplications spirituelles se trouve couler par hasard. La valeur verbale de la prière est purement auto-suggestive dans les dévotions individuelles, et socio-suggestive dans les dévotions collectives. Dieu répond au comportement de l'âme et non aux paroles. La prière n'est pas une technique pour échapper à des conflits, mais plutôt un stimulant pour grandir en face d'un conflit. Ne priez que pour des valeurs, non pour des choses; pour la croissance, et non pour la satisfaction.

9. -- CONDITIONS D'EFFICACITÉ DE LA PRIÈRE

Si vous voulez arriver à prier efficacement, il faut avoir présentes à la pensée les lois des requêtes auxquelles il est fait droit:

     1. Il faut vous qualifier comme prieur efficace en affrontant courageusement les problèmes de la réalité universelle. Il faut être bien trempé cosmiquement.
     2. Il faut avoir honnêtement épuisé toutes les possibilités humaines d'ajustement. Il faut avoir été industrieux.
     3. Il faut abandonner tous les souhaits de la pensée et tous les désirs de l'âme à l'emprise transformatrice de la croissance spirituelle.
     4. Il faut choisir de tout coeur la volonté divine. Il faut anéantir le centre inerte de l'indécision.
     5. Non seulement vous reconnaissez la volonté du Père et vous choisissez de la faire, mais vous vous êtes consacré sans réserve et voués dynamiquement à exécuter cette volonté d'une manière effective.
     6. Votre prière cherchera exclusivement à obtenir la sagesse divine permettant de résoudre les problèmes humains spécifiques rencontrés au cours de l'ascension au Paradis - l'aboutissement à la perfection divine.
     7. Et il faut avoir la foi -- une foi vivante.

 

[Présenté par le Chef des Médians d'Urantia.]

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