3. L'HISTOIRE D'URANTIA
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L'ÉVOLUTION DU MARIAGE
LE mariage -- l'appariement -- naît de la bisexualité. Le mariage est la réaction humaine pour s'adapter à cette bisexualité, tandis que la vie de famille est l'ensemble qui résulte de tous ces ajustements évolutionnaires et adaptatifs. Le mariage est durable; il n'est pas inhérent à l'évolution biologique, mais il est la base de toute l'évolution sociale, et c'est pourquoi la continuité de son existence est assurée sous une certaine forme. Le mariage a donné le foyer à l'humanité, et le foyer est la gloire qui couronne la longue et opiniâtre lutte évolutionnaire.
Bien que les institutions religieuses, sociales, et éducatives soient toutes essentielles à la survie d'une civilisation culturelle, c'est la famille qui joue le rôle civilisateur majeur. Un enfant apprend de sa famille et de ses voisins la plupart des choses essentielles de la vie.
Les humains des temps anciens ne possédaient pas une civilisation sociale très riche, mais ils transmettaient fidèlement et efficacement aux générations suivantes celle qu'ils avaient. Il faut reconnaître que la plupart des civilisations du passé ont continué à évoluer avec un strict minimum d'autres influences institutionnelles, parce que les foyers fonctionnaient efficacement. Aujourd'hui les races détiennent un riche héritage social et culturel qui devrait être sagement et utilement transmis aux générations suivantes. La famille en tant qu'institution éducative doit être maintenue.
1. -- L'INSTINCT D'APPARIEMENT
Malgré l'abîme qui sépare la personnalité de l'homme de celle de la femme, le besoin sexuel est suffisant pour assurer leur union en vue de la reproduction de l'espèce. Cet instinct opérait efficacement bien avant que les humains aient commencé à éprouver ce que l'on a appelé plus tard l'amour, le dévouement , et la fidélité conjugale. L'appariement est une tendance innée, et le mariage est sa répercussion sociale évolutionnaire.
L'intérêt et le désir sexuels n'étaient pas des passions dominantes chez les peuples primitifs; il les considéraient simplement comme normaux. Toute l'expérience de la reproduction était dépourvue d'embellissements imaginatifs. La passion sexuelle absorbante des peuples plus hautement civilisés est principalement due à des mélanges de races, spécialement lorsque la nature évolutionnaire fut stimulée par l'imagination associative et l'appréciation de la beauté inhérentes aux Nodites et aux Adamites. Mais les races évolutionnaires n'ont absorbé cette hérédité andite que dans une mesure très faible; elle n'a pas réussi à procurer une maîtrise de soi suffisante pour tenir en laisse les passions animales ainsi vivifiées et excitées par une conscience plus aiguë du sexe et par des besoins d'appariement plus impérieux. Parmi les races évolutionnaires, ce sont les hommes rouges qui avaient le code sexuel le plus élevé.
La réglementation sexuelle relative au mariage mesure:
| 1. Le progrès relatif de la civilisation. De plus en plus la civilisation a exigé que les besoins sexuels soient satisfaits dans une voie utile et conforme aux moeurs. | |
| 2. La proportion de sang andite chez un peuple quelconque. Dans ces collectivités, le sexe est devenu l'expression tantôt la plus élevée et tantôt la plus basse de la nature physique aussi bien que de la nature émotionnelle. |
Les races Sangik avaient des passions animales normales, mais elles montraient peu d'imagination et n'appréciaient guère la beauté et l'attrait physique du sexe opposé. Même chez les races primitives d'aujourd'hui, ce que l'on dénomme sex-appeal est virtuellement absent les peuples non mêlés ont un instinct d'appariement bien net, mais un attrait sexuel insuffisant pour créer de sérieux problèmes nécessitant un contrôle social.
L'instinct d'appariement est l'une des forces physiques dominantes qui poussent les êtres humains; il est l'unique sentiment qui, sous couvert de satisfactions individuelles, amène efficacement par ruse les hommes égoïstes à mettre le bien-être et la perpétuation de la race très au-dessus des aises individuelles et de la liberté résultant d'une absence de responsabilités personnelles.
Depuis ses premiers débuts jusqu'aux temps modernes, le mariage en tant qu'institution dépeint l'évolution sociale de la tendance biologique à se perpétuer. La perpétuation de l'espèce humaine évoluante est rendue certaine par la présence de cette impulsion raciale à l'appariement, de ce besoin que l'on appelle vaguement attrait sexuel. Ce grand besoin biologique devient le pivot moteur de toutes sortes d'instincts, de sentiments, et d'habitudes associés physiques, intellectuels, moraux, et sociaux.
Chez les sauvages, la fourniture d'aliments était le motif déterminant de l'union; mais quand la civilisation assure une abondance de nourriture, le besoin sexuel devient fréquemment une impulsion dominante, et en conséquence il a toujours besoin d'une réglementation sociale. Chez les animaux, la périodicité instinctive refrène la propension à l'appariement, mais chez l'homme, qui est dans une si grande mesure un être se contrôlant lui-même, le désir sexuel n'est pas tout à fait périodique; il devient donc nécessaire que la société impose aux individus une maîtrise accrue d'eux-mêmes.
Nul sentiment ou instinct humain auquel on s'abandonne sans frein et avec excès ne peut provoquer autant de maux et de chagrins que ce puissant besoin sexuel. La soumission intelligente de cette impulsion à la réglementation sociale est le test suprême de la réalité d'une civilisation. La maîtrise de soi, encore et toujours plus de maîtrise de soi, c'est ce que demande de plus en plus l'humanité progressante. Le secret, le manque de sincérité, et l'hypocrisie peuvent voiler les problèmes sexuels, mais ils ne fournissent pas de solutions et ne font pas progresser la morale.
2. -- LES TABOUS RESTRICTIFS
L'histoire de l'évolution du mariage est simplement l'histoire du contrôle sexuel sous la pression des restrictions sociales, religieuses, et civiles. La nature ne reconnaît guère les individus; elle ne tient aucun compte de ce que l'on appelle la morale; elle s'intéresse uniquement et exclusivement à la reproduction de l'espèce. La nature insiste irrésistiblement sur la reproduction, mais elle laisse avec indifférence à la société le soin de résoudre les problèmes qui en résultent, créant ainsi pour l'humanité en évolution un problème majeur et toujours d'actualité. Ce conflit social consiste en une guerre sans fin entre les instincts fondamentaux et l'éthique évolutionnaire.
Chez les races primitives, les relations entre sexes n'étaient pas réglementées, ou très peu. A cause de cette licence sexuelle, la prostitution n'existait pas. Aujourd'hui encore, les Pygmées et d'autres tribus arriérées ne possèdent pas d'institution matrimoniale; l'étude de ces peuplades révèle les simples coutumes d'appariement suivies par les races primitives. Mais il faut toujours étudier et juger les anciens peuples a la lumière des critères moraux des moeurs de leur propre époque.
Cependant, l'amour libre n'a jamais été bien vu chez les peuples ayant dépassé la barbarie. Dès que des groupes sociaux se formèrent, des codes matrimoniaux et des restrictions conjugales apparurent. L'appariement a ainsi progressé par une multitude de transitions depuis un état de licence sexuelle à peu près totale jusqu'aux critères moraux du XXième siècle impliquant une restriction sexuelle à peu près complète.
Aux tout premiers stades du développement tribal, les moeurs et les tabous restrictifs étaient fort grossiers; ils réussirent néanmoins a séparer les sexes, ce qui favorisa la tranquillité, l'ordre, et l'industrie; la longue évolution du mariage et du foyer avait commencé. Les coutumes sexuelles concernant les vêtements, les parures, et les pratiques religieuses prirent naissance dans les tabous primitifs qui définissaient le champ des libertés sexuelles et finirent ainsi par créer les concepts de vice, de crime, et de péché. Toutefois, l'habitude régna longtemps de suspendre toutes les réglementations sexuelles pendant les jours de grande fête, et spécialement le Premier Mai.
Les femmes ont toujours été soumises à plus de tabous restrictifs que les hommes. Les moeurs primitives accordaient aux femmes non mariées le même degré de liberté sexuelle qu'aux hommes, mais on a toujours exigé des femmes qu'elles soient fidèles à leur mari. Le mariage primitif ne restreignait pas beaucoup les libertés sexuelles de l'homme, mais il rendait la continuation de la licence sexuelle tabou pour la femme. Les femmes mariées ont toujours porté une marque quelconque qui faisait d'elles une classe séparée; citons la coiffure, le vêtement, le voile, l'isolement, la parure, et les anneaux.
3. -- LES MOEURS PRIMITIVES DU MARIAGE
Le mariage est la réponse institutionnelle de l'organisme social à la tension biologique toujours présente du besoin de se reproduire -- de la multiplication de soi -- que l'homme éprouve sans relâche. L'appariement est naturel dans tout l'univers, et à mesure que la société évolua du simple au complexe, il y eut une évolution correspondante des moeurs d'appariement, la genèse de l'institution matrimoniale. Quand l'évolution sociale a progressé jusqu'au stade où des moeurs sont engendrées, on trouve partout le mariage comme une institution évoluante.
Il y a toujours eu et il y aura toujours deux domaines distincts du mariage: les moeurs, les lois réglant les aspects extérieurs de l'appariement, et les relations par ailleurs secrètes et personnelles entre hommes et femmes. Les individus se sont toujours rebellés contre les réglementations sexuelles imposées par la société, et voici la raison de ce problème sexuel millénaire: la subsistance est individuelle, mais assurée par la collectivité; la perpétuation de soi est sociale, mais assurée par des impulsions individuelles.
Les moeurs, quand elles sont respectées, ont largement le pouvoir de restreindre et de contrôler le besoin sexuel, comme on l'a vu chez toutes les races. Les critères du mariage ont toujours reflété véridiquement le pouvoir courant des moeurs et l'intégrité fonctionnelle du gouvernement civil. Les moeurs primitives concernant le sexe et l'appariement étaient une masse de prescriptions confuses et grossières; les parents, les enfants, la famille, et la société avaient tous des intérêts opposés dans la réglementation du mariage. Malgré tout cela, les races qui exaltèrent et pratiquèrent le mariage évoluèrent naturellement à des niveaux plus élevés et survécurent en nombre croissant.
Aux époques primitives, le mariage était le prix du rang social; la possession d'un femme était un signe de distinction. Le sauvage regardait le jour de son mariage comme marquant l'inauguration de sa responsabilité et de sa virilité. A une certaine époque, on a considéré le mariage comme un devoir social; à une autre, comme une obligation religieuse; une autre époque encore, comme une nécessité politique pour fournir des citoyens à l'État.
Bien des tribus primitives exigeaient qu'un homme ait commis des rapts pour être digne de se marier. A ces razzias, les peuples substituèrent plus tard des combats athlétiques et des jeux de compétition. Les gagnants de ces épreuves recevaient le premier prix -- le droit de choisir parmi les filles à marier. Chez les chasseurs de têtes, un jeune homme ne pouvait se marier à moins de posséder au moins une tête, bien qu'il fût parfois possible d'acheter des crânes. A mesure que l'achat des femmes déclina, on les gagna par des concours d'énigmes; cet pratique survit encore chez de nombreux groupes d'hommes noirs.
Avec les progrès de la civilisation, certaines tribus remirent au choix des femmes les sévères épreuves matrimoniales d'endurance masculine; les femmes purent ainsi favoriser les hommes de leur choix. Les épreuves du mariage englobaient l'habileté à la chasse, la lutte, et l'aptitude à entretenir une famille. Pendant longtemps, on exigea que le prétendant vive au foyer de la fiancée pendant au moins un an pour y travailler et montrer qu'il était digne de la femme qu'il désirait.
Les qualifications d'un femme étaient l'aptitude à faire les gros travaux et à donner le jour à des enfants. On exigeait qu'elle exécute en un temps donné un travail agricole déterminé. Si elle avait donné naissance à un enfant avant le mariage, elle avait d'autant plus de valeur; on était alors certain de sa fécondité.
Le fait que les peuples de l'antiquité considéraient comme une honte, ou même comme un péché, de ne pas être marié explique l'origine des mariages d'enfants; puisqu'il fallait être marié, le plus tôt était le mieux. On croyait aussi très généralement que les célibataires n'avaient pas accès au pays des esprits, et ce fut un motif supplémentaire pour marier les enfants, même à leur naissance, et parfois avant, sous réserve de leur sexe. Les anciens croyaient que les morts eux-mêmes devaient être mariés. A l'origine, les marieurs étaient employés à négocier des mariages de personnes décédées. L'un des parents prenait des dispositions pour que ces intermédiaires concluent le mariage d'un fils décédé avec la fille décédée d'une autre famille.
Chez les peuples moins anciens, la puberté était l'âge ordinaire du mariage, mais cet âge fut reculé en proportion directe des progrès de la civilisation. L'évolution sociale vit surgir de bonne heure des ordres spéciaux de célibataires hommes et femmes; ces ordres furent inaugurés par des personnes plus ou moins dépourvues de besoins sexuels normaux.
De nombreuses tribus permettaient aux hommes de leur groupe dirigeant d'avoir des rapports sexuels avec une fiancée juste avant qu'elle fût donnée à son mari. Chacun de ces hommes faisait alors un cadeau à la jeune fille, et ce fut l'origine de la coutume de donner des cadeaux de mariage. Dans certains groupes, on comptait qu'une jeune femme gagnerait sa dot grâce aux cadeaux reçus en récompense de ses services (sexuels) dans la salle d'exposition des filles à marier.
Certaines tribus faisaient épouser aux jeunes gens les veuves et les femmes âgées, et quand plus tard ils devenaient veufs, on leur permettait d'épouser les jeunes filles. On s'assurait ainsi, selon l'expression de l'époque, que les deux parents ne feraient pas de folies, comme on supposait que ce serait le cas si l'on permettait à deux jeunes de s'unir. D'autres tribus limitaient les unions à des groupes d'âge similaire. Cette limitation du mariage à des groupes d'un âge déterminé fut la première à donner naissance aux idées d'inceste. (Aux Indes, même aujourd'hui, aucune restriction d'âge n'est imposée aux mariages.)
Sous l'emprise de certaines moeurs, le veuvage des femmes était fort à craindre; ou bien on tuait les veuves, ou bien on leur permettait de se suicider sur la tombe de leur mari, car elles étaient censées passer aux pays des esprits avec leur époux. La veuve survivante était presque invariablement blâmée pour la mort de son mari. Certaines tribus les brûlaient vives. Si une veuve continuait à vivre, elle menait une vie de deuil continuel et de restrictions sociales intolérables, car les remariages étaient généralement désapprouvés.
Jadis on encourageait de nombreuses pratiques aujourd'hui considérées comme immorales. Il n'était pas rare que les femmes primitives fussent très fières des amours de leurs maris avec d'autres femmes; la chasteté chez les filles était un grand obstacle au mariage. La mise au monde d'un enfant avant le mariage rendait la fille beaucoup plus désirable comme femme, car l'homme était sur d'avoir une compagne féconde.
Beaucoup de tribus primitives sanctionnaient le mariage à l'essai jusqu'à ce que la femme soit enceinte, après quoi l'on accomplissait la cérémonie régulière du mariage. Chez d'autres groupes, on ne célébrait pas le mariage avant la naissance du premier enfant. Si une femme était stérile, ses parents devaient la racheter, et le mariage était annulé. Les moeurs exigeaient que chaque couple ait des enfants.
Ces mariage primitif à l'essai étaient entièrement dépourvus de tout semblant de licence; ils étaient simplement de sincères épreuves de fécondité. Les intéressés contractaient un mariage permanent aussitôt que la fécondité était établie. Quand des couples modernes se marient en ayant à l'arrière-plan de leur pensée l'idée de divorcer commodément si leur vie conjugale ne leur plaît pas entièrement, ils contractent en réalité un mariage à l'essai sous une forme très inférieure aux honnêtes aventures de leurs ancêtres moins civilisés.
4. -- MARIAGE ET PROPRIÉTÉ
Le mariage a toujours eu des liens étroits avec la propriété et la religion. La propriété a stabilisé le mariage, et la religion l'a moralisé.
Le mariage primitif était un placement, une spéculation économique; il était davantage une question d'affaires qu'une histoire de coquetterie. Les anciens se mariaient pour le bénéfice et le bien-être du groupe c'est pourquoi les mariages étaient et projeté et arrangés par le groupe, leurs parents et leurs aînés. L'assertion que le principe de propriété fut efficace pour stabiliser l'institution du mariage est corroborée par le fait que le mariage était plus permanent chez les tribus primitives que chez bien des peuples modernes.
À mesure que la civilisation progressa et que la propriété privée fut mieux reconnue par les moeurs, le vol devint le grand crime. L'adultère fut considéré comme une forme de vol, une violation des droits de propriété du mari; c'est pourquoi il n'est pas spécialement mentionné dans les moeurs et codes primitifs. La femme commençait par être la propriété de son père, qui transférait son titre au mari; toutes les relations sexuelles légalisées naquirent de ces droits de propriété préexistants. L'Ancien Testament parle des femmes comme d'un forme de propriété. Le Coran enseigne leur infériorité. L'homme avait le droit de prêter sa femme à un ami ou à un invité, et cette coutume prévaut encore chez certains peuples.
La jalousie sexuelle moderne n'est pas innée; elle est un produit des moeurs évoluantes. L'homme primitif n'était pas jaloux de sa femme; il défendait simplement sa propriété. La femme était tenue à des obligations sexuelles plus strictes que le mari, pour la raison que son infidélité conjugale impliquait une descendance et un héritage. Très tôt dans la marche de la civilisation, l'enfant illégitime tomba en déconsidération. Tout d'abord, seule la femme fut punie pour adultère; plus tard les moeurs décrétèrent aussi le châtiment de son partenaire. Pendant de longs âges, le mari offensé ou le père protecteur eurent pleinement le droit de tuer l'intrus masculin. Les peuples modernes conservent ces moeurs qui absolvent, sous une loi tacite, les crimes dits d'honneur.
Le tabou de la chasteté ayant pris naissance comme une phase des moeurs de la propriété, il s'appliqua d'abord aux femmes mariées, mais non aux jeunes filles célibataires. Plus tard, la chasteté fut davantage exigée par le père que par le soupirant; une vierge était un actif commercial pour le père -- elle rapportait un prix plus élevé. À mesure que la chasteté fut plus demandée, la pratique s'établit de payer au père des honoraires de fiançailles en récognition du service d'avoir élevé convenablement une chaste fiancée pour le futur mari. Une fois lancée, l'idée de chasteté féminine prit une telle emprise sur les races que la pratique s'établit d'enfermer littéralement les filles, de les emprisonner réellement durant des années, afin d'assurer leur virginité. C'est ainsi que les critères plus récents et les épreuves de virginité donnèrent naissance aux classes de prostituées professionnelles; elles étaient les fiancées rejetées, les femmes qui n'étaient pas reconnues vierge par les mères des fiancés.
5. -- ENDOGAMIE ET EXOGAMIE
Les sauvages observèrent de très bonne heure que les mélanges raciaux amélioraient la descendance. Ce n'était pas que la consanguinité fût toujours mauvaise, mais l'exogamie donnait toujours comparativement de meilleurs résultats; les moeurs tendirent donc à fixer des restrictions de rapports sexuels entre proches parents. On reconnut que l'exogamie accroissait considérablement le choix d'occasions pour des progrès et des variations évolutionnaires. Les individus nés de mariages exogames étaient doués de talents plus variés et d'une plus grande aptitude à survivre dans un monde hostile. Les endogames, ainsi que leurs moeurs, disparurent graduellement. Tout cela se produisit lentement; les sauvages ne raisonnaient pas consciemment sur ces problèmes. Par contre, les peuples progressifs ultérieurs le firent, et observèrent aussi qu'une débilité générale résultait parfois d'une endogamie excessive.
Bien que l'endogamie des bonnes lignées se traduisit parfois par la formation de fortes tribus, les cas spectaculaires de mauvais résultats provenant de l'endogamie d'anormaux héréditaires impressionnèrent plus fortement la pensée humaine; il s'ensuivit que les moeurs en progrès formulèrent de plus en plus de tabous contre tous les mariages entre proches parents.
La religion a longtemps formé un barrage efficace contre les mariages à l'extérieur; de nombreux enseignements religieux ont proscrit les mariages en dehors de la foi. Les femmes ont généralement favorisé la pratique de l'endogamie et les hommes celle de l'exogamie. La propriété a toujours influencé le mariage. Parfois, dans un effort pour conserver des propriétés à l'intérieur d'un clan, des moeurs ont surgi qui forçaient les femmes à choisir un mari dans la tribu de leur père. Les règles de cette sorte amenèrent une grande multiplication de mariages entre cousins. L'endogamie fut également pratiquée pour s'efforcer de préserver les secrets artisanaux; les artisans cherchaient à conserver dans leur famille la connaissance de leur métier.
Quand les groupes supérieurs étaient isolés, ils en revenaient toujours aux appariements consanguins. Pendant plus de cent cinquante mille ans, les Nodites furent l'un des grands groupes endogames. Les moeurs matrimoniales plus récentes furent prodigieusement influencées par les traditions de la race violette, dans laquelle les appariements eurent d'abord nécessairement lieu entre frères et soeurs. Les mariages entre un frère et une soeur étaient communs en Égypte primitive, en Syrie, en Mésopotamie, et dans tous les pays jadis occupés par les Andites. Les Égyptiens pratiquèrent longtemps le mariage entre frère et soeur dans un effort pour conserver la pureté du sang royal, et cette coutume persista encore plus longtemps en Perse. Chez les Mésopotamiens, avant l'époque d'Abraham, les mariages entre cousins étaient obligatoires; les cousins avaient des droits de priorité pour épouser leurs cousines. Abraham lui-même épousa sa demi-soeur, mais plus tard les moeurs des Juifs n'autorisèrent plus ces unions.
Les premières mesures pour éliminer les mariages entre frère et soeur furent prises sous l'influence des moeurs polygames, parce que la femme-soeur cherchait à dominer avec arrogance l'autre femme ou les autres femmes. Les moeurs de certaines tribus interdisaient le mariage avec la veuve d'un frère décédé, mais exigeaient que le frère vivant engendrât des enfants à la place de son frère trépassé (1) ; ces restrictions sont entièrement une affaire de tabous.
(1) Deutéronome XXV-5 à 10; Matthieu XXII-24; Marc XII-19.
L'exogamie finit par dominer parce qu'elle était favorisée, par les hommes. Prenant une femme à l'extérieur, ils étaient assurés d'être plus libres vis-à-vis de leur belle-famille. La familiarité engendre le mépris. En conséquence, à mesure que le facteur du choix individuel commença à dominer l'appariement, la coutume s'établit de choisir des partenaires en dehors de la tribu.
Beaucoup de tribus finirent par interdire les mariages à l'intérieur du clan; d'autres les limitèrent à certaines castes. Le tabou contre le mariage avec une femme ayant le même totem que son partenaire donna naissance à la coutume du rapt des femmes dans les tribus voisines. Plus tard, les mariages furent davantage réglés d'après la résidence territoriale que d'après la parenté. Il y eut bien des étapes dans l'évolution du mariage depuis l'endogamie jusqu'aux pratiques modernes d'exogamie. Même après l'institution du tabou sur les mariages endogames du commun du peuple, les rois et les chefs furent autorisés à épouser une proche parente afin de conserver le sang royal pur et concentré. Les moeurs ont généralement permis aux chefs souverains certaines licences en matière sexuelle.
La présence des peuples andites plus récents contribua beaucoup à accroître le désir des races sangik de se marier en dehors de leurs tribus. Toutefois, il ne fut pas possible à l'exogamie de prévaloir avant que les groupes eussent appris à vivre relativement en paix avec leurs voisins.
L'exogamie elle-même était un encouragement à la paix; les mariages entre les tribus restreignaient les causes d'hostilité. L'exogamie conduisit à la coordination tribale et aux alliances militaires; elle devint prédominante parce qu'elle procurait un accroissement de forces; elle fut une bâtisseuse de nations. L'exogamie fut également très favorisée par les contacts commerciaux croissants; les aventures et les explorations contribuèrent à étendre les frontières de l'appariement et facilitèrent la fécondation croisée des cultures raciales.
Les inconséquences, autrement inexplicables, des moeurs matrimoniales de la race sont largement dues à la coutume de l'exogamie accompagnée du rapt et de l'achat des femmes chez les tribus voisines, l'ensemble aboutissant à une synthèse des diverses moeurs tribales. Les tabous concernant l'endogamie étaient sociologiques et non biologiques; le fait est bien illustré par les tabous sur les mariages entre apparentés; ceux-ci englobaient de nombreux degrés de relations avec les belles-familles, ces cas ne comportant pas la moindre relation de sang.
6. -- LES MÉLANGES RACIAUX
Il n'y a pas aujourd'hui de races pures dans le monde. Les peuples évolutionnaires de couleur, primitifs et originels, n'ont que deux races représentatives qui subsistent sur terre, les hommes jaunes et les hommes noirs; et même ces deux races contiennent beaucoup de sang des peuples de couleur disparus. Bien que la race dite blanches descende d'une manière prédominante des anciens hommes bleus, elle comporte plus ou moins un mélange de toutes les autres races, comme d'ailleurs les hommes rouges des Amériques.
Parmi les six races sangik de couleur, trois étaient primaires et trois secondaires. Bien que les races primaires -- bleue, rouge, et jaune -- fussent sous bien des rapports supérieures aux trois peuples secondaires, il ne faut pas oublier que ces derniers possédaient beaucoup de caractéristiques désirables qui auraient considérablement amélioré les peuples primaires s'ils avaient pu intégrer les meilleures lignées des races secondaires.
Les préjugés d'aujourd'hui contre les « demi-sangs », les « hybrides », et les « bâtards » ont pris corps parce que la plupart des fécondations croisées modernes s'effectuent entre les lignées grossièrement inférieures des races intéressées. Les résultats sont également peu satisfaisants quand les lignées dégénérées de la même race se marient entre elles.
Si les races actuelles d'Urantia pouvaient être libérées de la malédiction résultant de leurs classes les plus inférieures de spécimens dégénérés, antisociaux, mentalement débiles, et déchus, il y aurait peu d'objections à une amalgamation raciale limitée. Et si ces mélanges raciaux pouvaient prendre place entre les types tout à fait supérieurs des diverses races, cela offrirait encore moins d'inconvénients.
L'hybridation de souches supérieures et dissemblables est le secret pour créer des lignées nouvelles et plus vigoureuses, et cela est vrai aussi bien pour les plantes et les animaux que pour l'espèce humaine. L'hybridation augmente la vigueur et accroît la fécondité. Les mélanges raciaux des classes moyennes ou supérieures de divers peuples accroissent beaucoup le potentiel créatif, comme le montre la population actuelle des États-Unis d'Amérique-du Nord. Quand ces appariements prennent place entre individus des classes inférieures, la puissance créative est diminuée, comme on peut le voir aujourd'hui chez les peuples de l'Inde méridionale.
Le mélange des races contribue beaucoup à l'apparition soudaine de caractéristiques nouvelles, et si cette hybridation est l'union des lignées supérieures, alors ces caractéristiques nouvelles seront aussi des traits supérieurs.
Tant que les races actuelles resteront pareillement surchargées de lignées inférieures et dégénérées, les mélanges raciaux sur une grande échelle seront fort préjudiciables, mais la plupart des objections a cette expérience sont fondées sur des préjugés sociaux et culturels plutôt que sur des considérations biologiques. Même parmi les souches inférieures, les hybrides sont souvent meilleurs que leurs ancêtres. L'hybridation tend à améliorer l'espèce, à cause du rôle des gênes dominants. Les mélanges de races augmentent la probabilité qu'un plus grand nombre de dominants désirables sera présent chez l'hybride.
Au cours des cent dernières années, il s'est produit plus d'hybridations raciales que précédemment au cours de plusieurs millénaires. On a grandement exagéré le danger de voir de grossières inharmonies résulter de la fécondation croisée entre souches humaines. Les principales difficultés concernant les métis proviennent des préjugés sociaux.
L'expérience de Pitcairn, consistant à mêler la race blanche et la race polynésienne, eut d'assez bons résultats parce que les hommes blancs et les femmes polynésiennes provenaient de lignées raciales relativement bonnes. Les mariages mixtes entre les types les lus élevés des races blanche, rouge et jaune amneraient immédiatement à l'existence de nombreuses caractéristiques nouvelles et biologiquement efficaces. Ces trois peuples appartiennent aux races primaires. Les croisements des races blanche et noire ne sont pas aussi souhaitables quant à leurs résultats immédiats, mais les mulâtres qui en proviennent ne sont pas aussi indésirables que les préjugés sociaux et raciaux voudraient le faire croire. Physiquement, les hybrides blancs-noirs sont d'excellents spécimens de l'humanité, nonobstant leur légère infériorité sous certains rapports.
Quand une race sangik primaire s'amalgame avec une race sangik secondaire, la dernière est considérablement améliorée aux dépens de la première. Sur une petite échelle -- s'étendant sur de longues périodes de temps -- il ne peut guère y avoir d'objections sérieuses à cette contribution sacrificielle des races primaires à l'amélioration des groupes secondaires. Du point de vue biologique, les Sangiks secondaires étaient, sous certains rapports, supérieurs aux races primaires.
Après tout, le véritable péril pour l'espèce humaine réside dans la prolifération désordonnée des lignées inférieures et dégénérées des divers peuples civilisés plutôt que dans le danger supposé de leur entrecroisement racial.
[Présenté par le Chef des Séraphins stationnés sur Urantia.]
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DÉVELOPPEMENT DE LA CIVILISATION MODERNE
INDÉPENDAMMENT des hauts et des bas dans l'avortement des plans conçus pour l'amélioration du monde dans les missions de Caligastia et d'Adam, l'évolution organique fondamentale de l'espèce humaine continua d'entraîner les races en avant sur l'échelle du progrès humain et du développement racial. Il est possible de retarder l'évolution, mais non de l'arrêter.
Les membres de la race violette furent moins nombreux que prévu, mais leur influence depuis l'époque d'Adam a produit dans la civilisation une avance qui dépasse de loin les progrès que l'humanité avait pu accomplir au cours de son existence antérieure de presque un million d'années.
1. -- LE BERCEAU DE LA CIVILISATION
Pendant environ trente cinq mille ans après l'époque d'Adam, le berceau de la civilisation se trouva en Asie du sud-ouest, s'étendant vers l'est et légèrement vers le nord depuis la vallée du Nil à travers l'Arabie du nord et la Mésopotamie jusqu'au Turkestan. Le climat fut le facteur décisif de l'établissement de la civilisation dans cette zone.
Ce furent les grands changements climatiques et géologiques en Afrique du Nord et en Asie occidentale qui mirent fin aux migrations initiales des Adamites en leur fermant le passage vers le nord et l'est en direction du Turkestan. A l'époque où se parachevèrent ces soulèvements de terrains et les changements climatiques correspondants, environ 15.000 ans avant J.C., la civilisation était arrivée dans le monde entier à un point mort, sauf en ce qui concernait les ferments culturels et les réserves biologiques des Andites. Ceux-ci restaient enserrés à l'est par les montagnes d'Asie et à l'ouest par les forêts envahissantes d'Europe.
L'évolution climatique allait maintenant réussir là où tous les autres efforts avaient échoué, c'est-à-dire quelle allait contraindre les Eurasiens à abandonner la chasse en faveur de l'appel plus civilisé de l'élevage et de l'agriculture. L'évolution est peut-être lente, mais elle est terriblement efficace.
Les premiers agriculteurs employèrent très généralement des esclaves, et en conséquence les paysans furent autrefois méprisés par les chasseurs et les éleveurs. Pendant des âges, on considéra la culture du sol comme une occupation subalterne, d'où l'idée que le travail de la terre est une malédiction, alors qu'il est la plus grande de toutes les bénédictions. Même à l'époque de Caïn et d'Abel, les sacrifices de la vie pastorale étaient encore tenus en plus haute estime que les offrandes de l'agriculture.
Les hommes évoluèrent en général de l'état de chasseurs à celui de cultivateurs avec une ère transitoire d'élevage de troupeaux, et ce fut également vrai chez les Andites; mais il arriva plus souvent que la contrainte évolutionnaire des changements climatiques amena des tribus entières à passer directement de l'état de chasseurs à celui de cultivateurs prospères. Toutefois, ce phénomène du passage immédiat de la chasse à l'agriculture ne se produisit que dans les régions où le mélange racial comportait une forte proportion de sang violet.
En observant la germination de graines accidentellement humidifiées ou placées dans les tombeaux comme nourriture pour les trépassés, les peuples évolutionnaires (notamment les Chinois) apprirent de bonne heure à planter des semences et à faire pousser des récoltes. Mais dans toute l'Asie du sud-ouest, le long des alluvions flu viales fertiles et des plaines adjacentes, les Andites mettaient en oeuvre les techniques agricoles améliorées qu'ils avaient héritées de leurs ancêtres, pour qui le fermage et le jardinage avaient été la principale occupation à l'intérieur des limites au second jardin.
Pendant des milliers d'années, les descendants d'Adam avaient cultivé, dans toutes les hautes terres de la bordure supérieure de la Mésopotamie, des variétés de blé et d'orge améliorées dans le Jardin. Les descendants d'Adam et d'Adamson s'y rencontraient, commerçaient, et se fréquentaient socialement.
Ce furent ces changements forcés dans les conditions de vie qui amenèrent une si grande proportion de la race humaine à pratiquer un régime alimentaire omnivore. La combinaison du blé, du riz, et des légumes avec la chair des troupeaux marqua un grand pas en avant dans la santé et la vigueur de ces anciens peuples.
2. -- LES OUTILS DE LA CIVILISATION
La croissance de la culture humaine est fondée sur le développement des outils de la civilisation, et les outils que les hommes employèrent pour sortir de l'état sauvage se révélèrent efficaces dans la mesure exacte où ils libéraient la main-d'oeuvre humaine pour des tâches plus élevées.
Vous qui vivez aujourd'hui dans un cadre de culture florissante et de commencement de progrès dans les affaires sociales, vous qui disposez d'un peu de temps pour réfléchir au sujet de la société et de la civilisation, ne perdez pas de vue le fait que vos ancêtres primitifs n'avaient que très peu de loisirs susceptibles d'être consacrés a des réflexions pensives et à des méditations sociales.
Les quatre premiers grands progrès dans la civilisation humaine furent:
| 1. La conquête du feu. | |
| 2. La domestication des animaux. | |
| 3. La mise en esclavage des prisonniers. | |
| 4. La propriété privée. |
Le feu, la première grande découverte, finit par ouvrir les portes du monde scientifique, mais sous ce rapport il avait peu de valeur pour les hommes primitifs. Ceux-ci refusaient de reconnaître que les phénomènes ordinaires pouvaient s'expliquer par des causes naturelles.
Quand on leur demanda l'origine du feu dont ils se servaient, ils ne tardèrent pas à substituer à la simple histoire d'Andon et du silex la légende d'un Prométhée et de la manière dont il déroba le feu du ciel. Les anciens cherchaient une explication surnaturelle à tous les phénomènes naturels qui sortaient des limites de leur compréhension personnelle, et bien des modernes continuent à en faire autant. La dépersonnalisation des phénomènes dits naturels a nécessité des âges et n'est pas encore parachevée. Par contre, la recherche honnête, franche, et intrépide des véritables causes a donné naissance à la science moderne: elle a transformé l'astrologie en astronomie, l'alchimie en chimie, et la magie en médecine.
Au cours de l'âge antérieur aux machines, la seule manière dont l'homme pouvait accomplir un travail sans le faire lui-même consistait à utiliser un animal. La domestication des animaux mit entre ses mains des outils vivants, dont l'emploi intelligent prépara la voie à l'agriculture et aux transports. Sans les animaux l'homme n'aurait pas pu s'élever de son état primitif aux niveaux de la civilisation ultérieure.
La plupart des animaux convenant le mieux à la domestication se trouvaient en Asie, spécialement dans les régions du centre et du sud-ouest. Ce fut l'une des raisons pour lesquelles la civilisation y progressa plus rapidement que dans d'autres parties du monde. Beaucoup de ces animaux avaient déjà été domestiqués deux fois; dans l'âge des Andites, ils furent domptés une fois de plus. Mais le chien était toujours resté avec les chasseurs depuis son adoption par les hommes bleus longtemps, très longtemps, auparavant.
Les Andites du Turkestan furent les premiers à domestiquer les chevaux en grand nombre, et c'est une nouvelle raison que leur culture fut si longtemps prédominante. Vers l'an 5.00 avant J.C., les fermiers de Mésopotamie, du Turkestan, et de Chine avaient commencé à élever des moutons, des chèvres, des vaches, des chameaux, des chevaux, des volailles, et des éléphants. Ils employaient comme bêtes de somme le boeuf, le chameau, le cheval, et le yak. Autrefois l'homme était lui-même la bête de somme. Un chef de la race bleue eut jadis une colonie de porte-faix de cent mille hommes.
L'esclavage et la propriété privée de la terre furent institués en même temps qu'apparaissait l'agriculture. L'esclavage éleva le niveau de vie des maîtres et leur procura plus de loisirs pour se cultiver socialement.
Les sauvages sont les esclaves de la nature, mais la civilisation scientifique confère lentement à l'humanité une liberté croissante. Par les animaux, le feu, le vent, l'eau, et l'électricité, les hommes se sont libérés de la nécessité de travailler sans répit; ils continueront dans cette voie en découvrant de nouvelles sources d'énergie. Indépendamment des troubles provisoires engendrés par l'invention prolifique de machines, les bénéfices ultimes que l'homme retirera de ces procédés mécaniques sont inestimables. La civilisation ne peut jamais fleurir, et encore bien moins s'établir, avant que les hommes aient le loisir de penser, de faire des plans, et d'imaginer de nouvelles et meilleures méthodes pour accomplir leur travail.
Au début, l'homme s'appropria simplement son abri. Ensuite il adapta des matériaux naturels, tels que le bois et la pierre, à la création de huttes pour sa famille. Enfin il entra dans le stade créatif d'édification des maisons et apprit à fabriquer des briques et autres matériaux de construction.
Les peuplades des hauts plateaux du Turkestan furent les premières parmi les races relativement modernes à bâtir leurs habitations en bois; leurs maisons ressemblaient assez aux cabanes primitives en rondins des pionniers américains. Dans toutes les plaines, on éleva des demeures humaines en briques crues, et plus tard en briques cuites.
Les anciennes races fluviales bâtissaient leurs huttes en enfonçant de grands poteaux en cercle dans le sol; on réunissait ensuite les sommets des poteaux, ce qui formait une armature pour la hutte; on l'entrelaçait avec des roseaux transversaux, et l'ensemble ainsi créé ressemblait à un immense panier inversé. On pouvait ensuite recouvrir le treillis d'une couche d'argile et, séchage au soleil, on disposait d'une habitation étanche rendant de grands services.
Ce fut à partir de ces huttes primitives que prit naissance indépendamment l'idée ultérieure de tisser toutes sortes de paniers. Dans une tribu, l'idée de faire des poteries naquit en observant l'effet produit quand on barbouillait les cadres de bois avec de l'argile humide. La pratique de durcir les poteries par cuisson fut découverte lors de l'incendie accidentel d'une de ces huttes primitives recouverte d'argile. Les arts de l'antiquité eurent souvent pour origine des circonstances fortuites de la vie quotidienne des peuplades primitives. Du moins, ce fut à peu près entièrement vrai pour les progrès évolutionnaires de l'humanité jusqu'à l'arrivée d'Adam.
La poterie avait d'abord été introduite par l'état-major du Prince il y a environ 500.000 ans, mais la fabrication de récipients d'argile avait pratiquement cessé depuis 150.000 ans. L'art de faire des poteries fut ranimé durant l'époque d'Adam. La propagation de cet art coïncida avec l'extension des déserts d'Afrique, d'Arabie, et d'Asie centrale; il se répandit dans l'hémisphère oriental en partant de Mésopotamie par vagues successives de techniques améliorées.
Les civilisations de l'âge andite ne peuvent pas toujours être retracées par les stades de leurs poteries ou de leurs autres arts. Le cours normal de l'évolution humaine fut prodigieusement compliqué par les deux régimes de Dalamatia et d'Éden. Il arrive souvent que la qualité des vases et outils des époques plus tardives soit inférieure à celle des produits initiaux des peuples andites plus purs.
3. -- VILLES, INDUSTRIES, ET COMMERCE
La destruction climatique des riches savanes de chasse et des pâturages du Turkestan, commencée vers l'an 12.000 avant J.-C., contraignit les hommes de ces régions à recourir a de nouvelles formes rudimentaires d'industrie et de manufacture. Certains s'orientèrent vers l'élevage de troupeaux domestiqués, d'autres devinrent agriculteurs ou recueillirent des aliments qu'ils transportèrent par eau, mais les Andites intelligents de type supérieur choisirent de se lancer dans le commerce et l'industrie. Il devint même habituel que des tribus entières se consacrent au développement d'une seule industrie. De la vallée du Nil au Cush hindou et du Gange au Fleuve Jaune, la principale occupation des tribus supérieures devint la culture du sol, avec le commerce comme activité secondaire.
L'accroissement des échanges et la transformation des matières premières en divers articles commerciaux contribua directement à faire naître les communautés primitives et semi-pacifiques qui eurent tant d'influence pour répandre la culture et les arts de la civilisation. Avant l'ère du grand commerce international, les communautés sociales étaient des tribus -- des groupes familiaux agrandis. Le troc amena des êtres humains de différentes sortes à s'associer, ce qui permit par croisement une hybridation plus rapide de la civilisation.
Il y a environ douze mille ans, l'ère des villes indépendantes était à son aurore. Ces villes primitives commerçantes et manufacturières étaient toujours entourées de zones d'agriculture et d'élevage de bétail. S'il est vrai que l'industrie fut encouragée par l'élévation du niveau de vie, il ne faudrait pas se faire d'idées fausses sur les raffinements de la vie citadine à ses débuts. Les premières races n'étaient ni très propres ni très soigneuses; par la simple accumulation des ordures et des détritus sur le sol, les communautés primitives moyennes s'élevaient de trente à soixante centimètres tous les vingt-cinq ans. Certaines villes antiques s'élevèrent rapidement au-dessus des terres environnantes parce que leurs huttes d'argile non cuite ne duraient pas longtemps et que l'on avait coutume de bâtir de nouvelles demeures directement sur les ruines des anciennes.
L'emploi généralisé des métaux fut une caractéristique des premières villes industrielles et commerciales. Vous avez déjà découvert au Turkestan une culture de l'âge du bronze datant de plus de 9.000 ans avant J.-C., et les Andites apprirent de bonne heure à travailler également le fer, l'or, et le cuivre. Mais à de grandes distances des centres les plus avancés de la civilisation, les conditions étaient très différentes. On n'y retrouve pas de périodes distinctes comme les âges de la Pierre Taillée, du Bronze, et du Fer; tous trois existaient simultanément dans des localités différentes.
L'or fut le premier métal recherché par les hommes; il était facile à travailler et fut d'abord employé comme parure. On se servit ensuite du cuivre, mais assez peu avant le moment où l'on sut le mélanger à l'étain pour faire du bronze plus dur. La découverte du mélange cuivre-étain fut faite par un Adamsonite au Turkestan dont la mine se trouvait située dans les hautes terres au voisinage d'un dépôt d'étain.
Avec l'apparition d'ateliers rudimentaires et d'une industrie à ses débuts, le commerce devint rapidement le truchement le plus puissant pour répandre la civilisation culturelle. L'ouverture des routes commerciales terrestres et maritimes facilita les voyages et les mélanges de cultures ainsi que la fusion des civilisations. Vers l'an 5.000 avant J.-C., le cheval était d'emploi général dans tous les pays civilisés et semi-civilisés. Les races assez récentes possédaient non seulement des chevaux domestiqués mais encore des charrettes et des chariots. La roue était utilisée depuis des âges, mais alors des véhicules munis de roues furent universellement employés tant pour le commerce que pour la guerre.
Les commerçants voyageurs et les explorateurs nomades firent plus progresser la civilisation historique que toutes les autres influences conjuguées. Les conquêtes militaires, la colonisation, et les entreprises missionnaires entretenues par les religions plus récentes furent aussi des facteurs de diffusion de la culture, mais ils furent tous secondaires par rapport aux relations commerciales, constamment accélérées par les arts et les sciences de l'industrie qui se développaient rapidement.
Non seulement l'infusion de sang adamite dans les races humaines accéléra leur civilisation, mais aussi elle stimula grandement leur penchant à l'aventure et à l'exploration de sorte que la majeure partie de l'Eurasie et de l'Afrique du Nord fut bientôt occupée par les descendants mixtes des Andites qui se multipliaient rapidement.
4. -- LES RACES MÊLÉES
À l'aurore des temps historiques, toute l'Eurasie, l'Afrique du Nord, et les Îles du Pacifique étaient peuplées par les races composites de l'humanité, et ces races modernes proviennent du mélange et du brassage des cinq souches humaines fondamentales d'Urantia.
Chacune des races d'Urantia était identifiée par certaines caractéristiques physiques distinctes. Les Adamsonites et les Nodites étaient dolichocéphales; les Andonites étaient brachycéphales. Les races Sangik avaient des têtes moyennes, avec tendance de leurs branches jaune et bleue à être brachycéphales. Les races bleues, après mélange avec des souches andonites, étaient nettement brachycéphales. Les têtes des Sangiks secondaires étaient moyennes ou allongées.
Bien que ces dimensions crâniennes rendent service pour déchiffrer les origines raciales, il est plus sûr de se fier à l'ensemble du squelette. Dans le développement initial des races d'Urantia, il y eut à l'origine cinq types distincts de structures osseuses qui furent ceux:
| 1. Des Andonites, les premiers habitants d'Urantia. | |
| 2. Des Sangiks primaires, rouges, jaunes, et bleus. | |
| 3. Des Sangiks secondaires, orangés, verts, et indigo. | |
| 4. Des Nodites, descendant des Dalamatiens. | |
| 5. Des Adamites, la race violette. |
Au cours de ces grands brassages de groupes raciaux, les mélanges continuels tendirent à atténuer le type andonite par une prédominance d'hérédité Sangik. Les Lapons et les Esquimaux sont des métis d'Andonites et de Sangiks de race bleue. La structure de leur squelette est celle qui conserve le mieux le type andonique originel. Mais les Adamites et les Nodites se sont tellement mêlés aux autres races qu'ils ne peuvent être détectés que sous un aspect d'ensemble dit Caucasoïde.
Quand les restes humains des vingt derniers millénaires seront déterrés, il sera donc généralement impossible de distinguer clairement les cinq types originels. L'étude des structures osseuses révélera que l'humanité est actuellement divisée à peu près en trois classes:
1. Les Caucasoïdes -- le mélange andite des souches adamites et andites, modifié ensuite par un apport de Sangiks primaires et d'un peu de secondaire, et par des croisements considérables avec les Andonites. Les races blanches occidentales, ainsi que certains peuples hindous et touraniens sont compris dans ce groupe. Le facteur unifiant de cette division est la plus ou moins grande proportion d'hérédité andite.
2. Les Mongoloïdes -- les Sangiks du type primaire comprenant les races originelles rouge, jaune, et bleue. Les Chinois et les Amérindiens appartiennent à ce groupe. En Europe, le type mongoloïde a été modifié par un mélange de Sangiks secondaires et d'Andonites, et plus encore par un apport d'Andites. Les Malais et autres peuples indonésiens sont inclus dans cette classification, bien que leur sang contienne un pourcentage élevé d'hérédité sangik secondaire.
3. Les Négroïdes -- les Sangiks du type secondaire, qui incluaient à l'origine les races orangée, verte, et indigo. C'est le Nègre qui fournit le meilleur exemple de ce type, que l'on retrouve en Afrique, aux Inde, et en Indonésie, dans tous les lieux où les races sangik secondaires s'étaient installées.
En Chine du Nord, il existe un certain mélange des types caucasoïde et mongoloïde. Dans le Moyen-Orient, les Caucasoïdes et les Négroïdes se sont mêlés; aux Indes ainsi qu'en Amérique du Sud, les trois types sont représentés. Les caractéristiques du squelette des trois types survivants subsistent encore et aident à identifier les récents ancêtres des races humaines actuelles.
5. -- LA SOCIÉTÉ CULTURELLE
L'évolution biologique et la civilisation culturelle ne sont pas nécessairement liées au cours d'un âge quelconque, l'évolution organique poursuit son cours sans obstacle, même au milieu d'une décadence culturelle. Mais quand on passe en revue de longues périodes de l'histoire humaine, on constate finalement que l'évolution et la culture ont un lien de cause à effet. L'évolution peut progresser en l'absence de culture, mais la civilisation culturelle ne fleurit pas sans un arrière-plan approprié de progrès racial antérieur. Adam et Ève n'introduisirent aucun art civilisé étranger au progrès de la société humaine, mais le sang adamique accrut les aptitudes inhérentes aux races et accéléra le développement économique et le progrès industriel. L'effusion d'Adam améliora le pouvoir cérébral des races, ce qui hâta considérablement les processus d'évolution naturelle.
Par l'agriculture, la domestication des animaux, et une meilleure architecture, l'humanité échappa graduellement aux pires phases de la lutte incessante pour la vie et commença à rechercher le moyen d'adoucir le processus vital; ce fut le début de ses efforts pour parvenir à un niveau de plus en plus élevé de confort matériel. Par les produits de l'industrie, les hommes augmentent graduellement la somme des plaisirs de la vie humaine.
Cependant, la société culturelle n'est pas un grand club bienfaisant de privilèges hérités dans lequel tous les hommes sont nés membres libres et entièrement égaux. Elle est plutôt une haute corporation, toujours en progrès, d'artisans terrestres, n'admettant dans ses rangs que les plus nobles des travailleurs qui s'efforcent de faire du monde un cadre meilleur dans lequel leurs enfants et les enfants de leurs enfants pourront vivre et progresser au cours des âges à venir. Et cette corporation de la civilisation exige des droits d'admission coûteux, impose des disciplines strictes et rigoureuses, inflige de lourdes amendes à tous les dissidents et non conformistes, tandis quelle confère peu de licences ou de privilèges personnels en dehors d'une sécurité accrue contre les dangers communs et les périls raciaux.
L'association sociale est une forme d'assurance pour la survie, et les hommes ont appris qu'elle était profitable; c'est pourquoi la plupart des individus sont disposés à payer les primes de sacrifice de soi et de restrictions des libertés personnelles que la société extorque à ses membres comme rançon de cette protection collective accrue. Bref, le mécanisme social d'aujourd'hui est un plan d'assurance par tâtonnements destiné à fournir un certain degré de protection contre un retour aux terribles conditions antisociales caractéristiques des premières expériences de la race humaine.
La société devient ainsi un arrangement coopératif pour obtenir la libération civile par des institutions, la libération économique par le capital et les inventions, la libération social par la culture, et la protection contre les violences par des règlements de police.
La force ne crée pas le droit, mais elle fait respecter les droits communément reconnus de chaque génération successive. La mission majeure du gouvernement consiste à définir le droit, la réglementation juste et équitable des différences de classes, et l'obligation d'une égalité de chances devant la loi. Chaque droit humain est associé à un devoir social; un privilège de groupe est un mécanisme d'assurance qui exige infailliblement le paiement total des primes astreignantes de service au groupe. Et les droits collectifs, aussi bien que ceux des individus, doivent être protégés, y compris la réglementation des penchants sexuels.
La liberté soumise à des règles collectives est le but légitime de l'évolution sociale. La liberté sans restrictions est le rêve chimérique et vain de penseurs humains instables et superficiels.
6. -- L'ENTRETIEN DE LA CIVILISATION
Alors que l'évolution biologique a constamment progressé vers le mieux, une grande partie de l'évolution culturelle est sortie de la vallée de l'Euphrate en vagues successives qui s'affaiblirent avec le temps, jusqu'à ce que finalement la totalité des descendants de pur sang adamique fût partie enrichir les civilisations d'Asie et d'Europe. Les races ne s'amalgamèrent pas complètement, mais leurs civilisations se mêlèrent dans une large mesure. La culture se répandit lentement dans le monde. Il faut que cette civilisation soit maintenue et encouragée, car il n'existe plus aujourd'hui de nouvelles sources de culture, plus d'Andites pour renforcer et stimuler le lent progrès évolutif de la culture.
La civilisation qui évolue maintenant sur Urantia est fondée sur les facteurs suivants dont elle est issue:
1. Les circonstances naturelles. La nature et l'étendue d'une civilisation matérielle sont déterminées dans une large mesure par les ressources naturelles disponibles. Le climat, le temps, et de nombreuses conditions physiques sont des facteurs dans l'évolution de la culture.
Au début de l'ère andite, il n'y avait dans le monde entier que deux zones étendues et fertiles constituant des territoires de chasse ouverts. L'une se trouvait en Amérique du Nord et fut envahie par les Amérindiens; l'autre se trouvait au nord du Turkestan et fut occupée par une race andonique-jaune. Les facteurs essentiels de l'évolution d'une culture supérieure dans le sud-ouest de l'Asie furent la race et le climat. Les Andites étaient un grand peuple, mais le facteur décisif qui détermina le cours de leur civilisation fut l'aridité croissante de l'Iran, du Turkestan, et du Sinkiang, qui les força à inventer et à adopter des méthodes nouvelles et avancées pour arracher des moyens d'existence à leurs terres de moins en moins fertiles.
La configuration des continents et les autres dispositifs géographiques exercent une grande influence pour déterminer la paix ou la guerre. Très peu d'Urantiens ont pu bénéficier d'une occasion aussi favorable pour se développer avec continuité, et sans être molestés, que celle dont ont joui les peuples de l'Amérique du Nord -- protégés pratiquement de tous côtés par de vastes océans.
2. Les biens d'équipement. La culture ne se développe, jamais sous le règne de la misère; les loisirs sont essentiels au progrès de la civilisation. Les individus peuvent acquérir sans fortune matérielle un caractère ayant une valeur morale et spirituelle, mais une civilisation culturelle ne peut vivre que dans des conditions de prospérité matricée qui encouragent les loisirs conjugués avec l'ambition.
Durant les temps primitifs, la vie sur Urantia était une affaire sérieuse et grave. Ce fut pour échapper à cette lutte incessante et à ce labeur interminable que l'humanité tendit constamment à se laisser porter vers les climats salubres des tropiques. Ces zones plus chaudes d'habitation adoucirent sans doute quelque peu la lutte acharnée pour l'existence, mais les races et les tribus qui recherchèrent ainsi la facilité utilisèrent rarement leurs loisirs non gagnés pour faire avancer la civilisation. Les progrès sociaux sont invariablement venus des idées et des projets des races qui, par leurs efforts intelligents, ont appris à tirer de leur pays des moyens d'existence avec moins d'efforts et avec des journées de travail raccourcies, ce qui leur permettait de disposer d'une marge profitable de loisirs bien mérités.
3. Les connaissances scientifiques. Les aspects matériels de la civilisation doivent toujours attendre l'accumulation des données scientifiques. Après la découverte de l'arc et de la flèche, et l'utilisation des animaux comme force motrice, il se passa longtemps avant que les hommes apprennent à mettre en valeur la puissance du vent et des chutes d'eau, suivie de l'emploi de la vapeur et de l'électricité. Cependant les outils de la civilisation s'améliorèrent lentement. Le tissage, la céramique, la domestication des animaux, et le travail des métaux furent suivis par un âge d'écriture et d'imprimerie.
La connaissance équivaut au pouvoir. Les inventions précèdent toujours l'accélération du développement culturel à l'échelle mondiale. La science et les inventions furent les plus grandes bénéficiaires de la presse a imprimer, et l'interaction de toutes les activités culturelles et inventives a considérablement accéléré le rythme de la civilisation.
La science enseigne aux hommes parler le nouveau langage des mathématiques et leur apprend à penser selon des lignes d'une exigeante précision. La science stabilise aussi la philosophie en éliminant les erreurs, et purifie en même temps la religion en détruisant les superstitions.
4. Les ressources humaines. La main-d'oeuvre est indispensable pour répandre la civilisation. À conditions égales par ailleurs, un peuple nombreux dominera la civilisation d'une race plus réduite. En conséquence, une nation qui ne réussit pas à accroître le nombre de ses citoyens jusqu'à un certain chiffre se trouve empêchée de réaliser pleinement sa destinée, mais au delà d'un point donné, tout accroissement supplémentaire de la densité de la population devient un suicide. La multiplication des habitants au delà de la proportion normale des hommes par rapport aux terrains disponibles conduit soit à abaisser le niveau de vie, soit à étendre immédiatement les frontières terrestres par pénétration pacifique ou par conquête militaire -- à l'occupation par la force.
Bien que vous soyez parfois révoltés par les ravages de la guerre, vous devriez reconnaître la nécessité de faire naître un grand nombre de mortels pour fournir d'amples occasions au développement social et moral; mais avec cette fécondité planétaire surgit bientôt le grave problème de la surpopulation. La plupart des mondes habités sont petits. Urantia est dans la moyenne, peut-être un peu en dessous. La stabilisation de la population nationale au niveau optimum rehausse la culture et empêche la guerre. Une nation est sage quand elle connaît le moment de s'arrêter de croître.
Le continent le plus riche en dépôts naturels et le plus avancé en équipements mécaniques fera peu de progrès si l'intelligence de son peuple est sur son déclin. On peut obtenir la connaissance par l'éducation, mais la sagesse, qui est indispensable à la vraie culture, s'acquiert seulement grâce à l'expérience et par des hommes et des femmes nés intelligents. Des gens de cet ordre sont capables d'apprendre par la pratique et de devenir véritablement sages.
5. L'efficacité des ressources matérielles. Bien des événements dépendent de la sagesse déployée dans l'utilisation des ressources naturelles, des connaissances scientifiques, des biens d'équipement, et des potentiels humains. Le facteur principal de la civilisation primitive fut la force exercée par de sages chefs sociaux. Les hommes primitifs se virent littéralement imposer la civilisation par leurs contemporains qualifiés. Le monde a été largement régi par des minorités supérieures et bien organisées..
La puissance ne crée pas le droit, mais elle crée ce qui existe et ce qui a historiquement existé. Urantia vient seulement d'atteindre le point où la société est disposé mettre en discussion la philosophie morale de la puissance et du droit.
6. L'efficacité du langage. La civilisation a dû attendre le langage pour se répandre. Des langues qui vivent et qui s'enrichissent assurent l'expansion de la pensée et des projets civilisés. Durant les âges primitifs, d'importants progrès furent apportés au langage. Aujourd'hui, il y a grand besoin d'une terminologie nouvelle et plus ample pour faciliter l'expression de la pensée en évolution.
Le langage prit naissance dans des associations de groupes, chaque groupe local établissant son propre système d'échange de paroles. Le langage se développa par des gestes, des signes, des cris, des sons imitatifs, des intonations, et des accents, et parvint plus tard à la vocalisation d'alphabets. Le langage est le plus grand et le plus utile des instruments de la pensée humaine, mais il ne fleurit jamais avant que des groupes sociaux acquièrent certains loisirs. La tendance à jouer avec le langage crée de nouveaux mots -- l'argot. Si la majorité adopte l'argot, l'usage en fait le langage. Un exemple de l'origine des dialectes est l'habitude de « parler bébé » dans un groupe familial.
Les différences de langage ont toujours été le grand obstacle à l'extension a la paix. Il faut triompher des dialectes avant de pouvoir répandre une culture dans une race, sur un continent, ou dans un monde entier. Un langage universel encourage la paix, assure la culture, et accroît le bonheur. Il suffit même que les idiomes d'un monde soient réduits à un petit nombre pour que leur maîtrise par les peuples cultivés dirigeants influence puissamment la réalisation de la paix et de la prospérité mondiales.
Urantia a fait très peu de progrès dans le développement d'un langage international, mais l'établissement des échanges commerciaux internationaux a beaucoup apporté. Toutes les relations internationales devraient être encouragées, qu'il s'agisse de langages, de commerce, d'art, de science, de jeux de compétition, ou de religion.
7. L'efficacité des dispositifs mécaniques. Le progrès de la civilisation est directement lié au développement et à la possession d'outils, de machines, et de canaux de distribution. Des outils améliorés, des machines ingénieuses et efficaces, déterminent la survie des groupes en lutte dans le cadre de la civilisation qui progresse.
Dans les temps primitifs, la seule énergie employée pour la culture du sol était la main-d'oeuvre humaine. Il fallut une longue bataille pour substituer les boeufs aux hommes, car cela réduisait des hommes au chômage. Plus récemment, les machines ont commencé à remplacer les hommes, et toute avance dans ce domaine contribue directement au progrès de la société parce qu'elle libère de la main-d'oeuvre pour des tâches plus nobles.
La science, guidée par la sagesse, peut devenir la grande libératrice des hommes. Un âge de machinisme ne peut tourner au désastre que pour une nation dont le niveau intellectuel est trop faible pour découvrir les méthodes sages et les techniques saines lui permettant de s'adapter avec succès aux difficultés de transition. En effet, pour un grand nombre d'hommes, le progrès mécanique peut provoquer la perte soudaine de leur emploi à la suite de l'invention trop rapide de machines économisant la main-d'oeuvre.
8. Le caractère des porte-flambeau. L'héritage social permet aux hommes de faire la courte échelle en s'appuyant sur tous ceux qui les ont précédés et qui ont contribué si peu que ce soit à la somme de culture et de connaissances. Dans l'oeuvre de transmission du flambeau culturel à la génération suivante, le foyer restera toujours l'institution fondamentale. Les jeux et la vie sociale viennent ensuite, avec l'école en dernier lieu, mais également indispensable dans une société complexe et hautement organisée.
Les insectes naissent pleinement éduqués et équipés pour la vie -- une existence en vérité très étriquée et purement instinctive. Le bébé humain naît sans éducation; les hommes possèdent donc, en contrôlant l'entraînement éducatif des jeunes générations, le pouvoir de modifier considérablement le cours évolutionnaire de la civilisation.
Au XXième siècle, les plus grandes influences qui contribuent à faire avancer la civilisation et progresser la culture sont l'accroissement marqué des voyages dans le monde et les améliorations inouïes dans les moyens de communication. Mais les progrès de l'éducation n'ont pas marché de pair avec l'expansion de la structure sociale; l'appréciation moderne de l'éthique ne s'est pas non plus développée en proportion de la croissance dans les domaines plus purement intellectuels et scientifiques. En outre, la civilisation se trouve a un point mort dans son développement spirituel et dans la sauvegarde de l'institution du foyer.
9. Les idéaux raciaux. Les idéaux d'une génération creusent les chemins de la destinée pour sa postérité immédiate. La qualité des porte-flambeau sociaux déterminera l'avancement ou le recul de la civilisation. Les foyers, les Eglises, et les écoles dune génération prédéterminent la tendance de caractère de la suivante. La force vive morale et spirituelle d'une race détermine la rapidité du développement culturel de sa civilisation.
Les idéaux élèvent la source du courant social. Nul courant ne peut remonter plus haut que sa source, quels que soient la technique de pression ou le contrôle de direction employés. La force propulsive des aspects, même les plus matériels, d'une civilisation culturelle réside dans les accomplissements les plus spirituels de la société. L'intelligence peut contrôler le mécanisme de la civilisation, la sagesse peut le diriger, mais l'idéalisme spirituel est l'énergie qui élève réellement la culture humaine et la fait progresser d'un niveau d'accomplissement au suivant.
Au début, la vie était une lutte pour l'existence; aujourd'hui c'est une bataille pour le niveau de vie; demain ce sera une compétition pour la qualité de pensée, prochain but terrestre de l'existence humaine.
10. La coordination des spécialistes. La division du travail effectuée de bonne heure et son corollaire ultérieur de spécialisation ont prodigieusement fait avancer la civilisation; celle-ci dépend maintenant de la coopération efficace des spécialistes. Au fur et à mesure de l'expansion de la société, il faudra trouver une méthode pour regrouper les divers spécialistes.
Les spécialistes des affaires sociales, de l'art, de la littérature, de la technique, et de l'industrie continueront à se multiplier et à accroître leur habileté et leur dextérité. Cette spécialisation d'aptitudes et cette dissemblance d'emplois finiront par affaiblir et par désintégrer la société humaine si des moyens efficaces de coordination et de coopération ne sont pas mis en oeuvre. Des intelligences capables d'une telle fécondité d'invention et d'une telle spécialisation devraient être entièrement compétentes pour imaginer des méthodes appropriées de contrôle et d'adaptation permettant de résoudre tous les problèmes issus du développement rapide des inventions et de l'accélération de l'expansion culturelle.
11. Les procédés pour trouver des emplois. Le prochain âge de développement social sera concrétisé par une meilleure coopération et une coordination plus efficace des spécialisations en accroissement et en expansion continus. A mesure que le travail se diversifie davantage, il faut imaginer une technique pour orienter les individus vers des emplois appropriés. Le machinisme n'est pas la seule cause de chômage chez les peuples d'Urantia. La complexité économique et l'accroissement régulier des spécialités industrielles et processionnelles compliquent les problèmes de placement de la main-d'oeuvre.
Il ne suffit pas d'apprendre aux hommes à travailler; une société complexe doit aussi fournir des méthodes efficaces pour leur trouver un emploi. Avant d'apprendre aux citoyens des techniques hautement spécialisés pour gagner leur vie, il faudrait leur enseigner une ou plusieurs méthodes pour subsister par des travaux communs, des commerces, ou des occupations qu'ils pourraient pratiquer pendant un chômage temporaire dans leur travail spécialisé. Nulle civilisation ne peut survivre au maintien prolongé de grandes classes de chômeurs. Avec le temps, l'acceptation du soutien par le Trésor public déforme la mentalité des citoyens, même des meilleurs, et les démoralise. La charité privée elle-même devient pernicieuse si elle entretient longtemps des citoyens valides.
Une société très spécialisée ne s'adonnera pas volontiers aux anciennes pratiques communautaires et féodales des peules de l'antiquité. Il est vrai que beaucoup de services communs peuvent être utilement et profitablement socialisés, mais la meilleure manière de gouverner des êtres humains hautement entraînés et ultra spécialisés est une technique de coopération intelligente. Une coordination modernisée et une réglementation fraternelle aboutiront à une coopération plus durable que les anciennes et primitives méthodes communautaires ou les institutions réglementaires dictatoriales basées sur la force.
12. Le consentement à coopérer. L'un des plus grands obstacles au progrès de la société humaine est le conflit entre les intérêts et le bien-être des collectivités humaines les plus nombreuses et les plus socialisées d'une part, et les groupements moins nombreux d'opposants insociables d'autre part, sans compter les individus isolés à mentalité anti-sociale.
Nulle civilisation nationale ne dure longtemps à moins que ses méthodes éducatives et ses idéaux religieux n'inspirent un patriotisme intelligent et un dévouement national de type élevé. Sans cette espèce de patriotisme intelligent et de solidarité culturelle, toutes les nations tendent à se désagréger par suite des jalousies régionales et des égoïsmes locaux.
Pour maintenir une civilisation mondiale, il faut que les êtres humains apprennent à vivre ensemble dans la paix et la fraternité. Sans coordination efficace, la civilisation industrielle est mise en péril par les dangers de l'ultra-spécialisation: monotonie, étroitesse, et tendance à engendrer la méfiance et la jalousie.
13. Le commandement efficace et sage. La civilisation dépend dans une grande, une très grande mesure, de l'état d'esprit consistant à s'atteler à la besogne avec enthousiasme et efficacité. Dix hommes n'en valent pas beaucoup plus qu'un pour soulever un lourd fardeau, à moins qu'ils ne le soulèvent ensemble -- tous en même temps. Ce travail d'équipe -- la coopération sociale -- dépend de la qualité des chefs. Les civilisations culturelles du passé et du présent ont été basées sur la coopération intelligente des citoyens avec des chefs sages et progressifs. Jusqu'à ce que les hommes aient atteint par évolution des niveaux plus élevés, la civilisation continuera à dépendre d'un commandement sage et vigoureux.
Les hautes civilisations naissent dune liaison sagace entre la richesse matérielle, la grandeur intellectuelle, la valeur morale, l'habileté sociale, et la clairvoyance cosmique.
14. Les changements sociaux. La société n'est pas une institution divine; elle est un phénomène d'évolution progressive; une civilisation qui progresse est toujours retardée quand ses chefs sont lents à effectuer dans l'organisation sociale les changements essentiels pour marcher de pair avec les développements scientifiques de l'âge. Cela dit, if ne faut pas mépriser certaines choses simplement parce qu'elles sont vieilles, ni embrasser sans réserves une idée simplement parce quelle est originale et neuve.
Les hommes ne devraient pas avoir peur d'expérimenter avec les mécanismes de la société, mais les aventures d'adaptation culturelle devraient toujours être contrôlées par ceux qui sont pleinement au courant de l'histoire de l'évolution sociale; il faudrait toujours que les innovateurs soient conseillés par la sagesse de ceux qui ont l'expérience pratiqué dans les domaines des tentatives sociales ou économiques envisagées. Nul grand changement social ou économique ne devrait être essayé soudainement. Le temps est essentiel à tous les types d'adaptations humaines -- physiques, sociaux, ou économiques. Seuls les ajustements moraux et spirituels peuvent être effectués sous l'impulsion du moment, et même pour ceux-là il faut du temps pour mettre pleinement en oeuvre leurs répercussions matérielles et sociales. Ce sont les idéaux de la race qui servent principalement d'appui et de soutien pendant les périodes critiques où une civilisation se trouve en transition entre deux niveaux consécutifs.
15. Les mesures préventives contre les brusques déclins temporaires. La société est issue de nombreux âges de tâtonnements; elle représente ce qui a survécu aux ajustements et réajustements sélectifs dans les stades successifs de l'ascension millénaire des hommes depuis les niveaux animaux jusqu'aux niveaux humains de statut planétaire. Le grand danger pour une civilisation -- à n'importe quel moment -- est la menace de déclin pendant la transition entre les méthodes établies du passé et les procédés nouveaux et meilleurs, mais non éprouvés, de l'avenir.
Il faut de bons chefs pour progresser. La sagesse, la perspicacité et la prévoyance sont indispensables aux nations pour durer. La civilisation n'est jamais réellement en péril tant que les chefs capables ne commencent pas à disparaître. Le nombre des chefs sages n'a jamais dépassé un pour cent de la population.
Par ces degrés de l'échelle évolutionnaire, la civilisation s'est élevée au niveau où pouvaient être mises en oeuvre les puissantes influences qui ont culminé dans la culture en expansion rapide au XXe siècle. C'est seulement en adhérant à ces principes essentiels que les hommes peuvent espérer maintenir leurs civilisations actuelles, tout en assurant leur développement continu et leur survie certaine.
Telle est l'essence de la longue, longue lutte des peuples d'Urantia pour établir la civilisation depuis l'époque d'Adam. La culture d'aujourd'hui est le résultat de cette évolution opiniâtre. Avant la découverte de l'imprimerie, les progrès étaient relativement lents, parce que les hommes d'une génération ne pouvaient bénéficier aussi rapidement des accomplissements de leurs prédécesseurs. Mais en ce moment, la société humaine fonce en avant avec la puissance de la force vive accumulée de tous les âges au cours desquels la civilisation a livré bataille.
[Présenté par un Archange de Nébadon.]
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- Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
L'EXPANSION ANDITE EN OCCIDENT
BIEN que les hommes bleus d'Europe n'aient pas atteint par eux-mêmes une grande civilisation culturelle, ils fournirent une base biologique comportant des lignées imprégnées de sang adamique.
Quand ces dernières se mêlèrent aux envahisseurs andites ultérieurs, elles produisirent l'une des plus puissantes races capables d'atteindre une civilisation dynamique qui soit jamais apparue sur Urantia depuis l'époque de la race violette et des Andites qui lui succédèrent.
Les peuples blancs modernes incorporent les lignées survivantes des souches adamiques qui se mêlèrent aux races Sangik comprenant quelques éléments rouges et jaunes, mais plus spécialement des hommes bleus. Toutes les races blanches contiennent un pourcentage considérable des souches andonites originelles, et encore plus des lignées primitives de Nodites.
1. -- LES ADAMITES PÉNÈTRENT EN EUROPE
Avant que les derniers Andites eussent été chassés de la vallée de l'Euphrate, nombre de leurs frères avaient pénétré en Europe comme aventuriers, éducateurs, commerçants, ou guerriers. Durant les premiers temps de la race violette, le bassin de la Méditerranée était protégé par l'isthme de Gibraltar et le pont terrestre de Sicile. Tout à ses débuts, une partie du commerce maritime fut établie sur ces lacs intérieurs où les hommes bleus du nord et les Sahariens du sud rencontraient les Nodites et les Adamites de l'est.
Dans la cuvette orientale de la Méditerranée, les Nodites avaient installé un de leurs plus vastes centres de culture, et de là ils avaient pénétré quelque peu en Europe méridionale, mais plus spécialement en Afrique du Nord. Les Syriens nodites-andonites brachycéphales introduisirent de très bonne heure la poterie et l'agriculture dans leurs colonies du delta du Nil, qui s'exhaussait lentement. Ils y importèrent aussi des moutons, des chèvres, du bétail, et d'autres animaux domestiques, ainsi que des méthodes très améliorées pour le travail des métaux, car la Syrie était alors le centre de cette industrie.
Pendant plus de trente mille ans, l'Égypte reçut un courant constant de Mésopotamiens apportant leur art et leur culture pour enrichir ceux de la vallée du Nil. Mais l'entrée d'un grand nombre de Sahariens détériora considérablement la civilisation le long du Nil, de sorte que l'Égypte atteignit son plus bas niveau culturel il y a environ quinze mille ans.
Aux époques primitives, la migration des Adamites vers l'ouest ne rencontra guère d'obstacles. Le Sahara était un pâturage ouvert parsemé d'éleveurs et d'agriculteurs. Ses habitants ne se lancèrent jamais dans l'industrie; ils n'étaient pas non plus des bâtisseurs de villes. Les Sahariens étaient un groupe indigo-noir comportant de larges apports des races verte et orangée alors éteintes. Ils reçurent un contingent très limité d'hérédité violette avant que le soulèvement de la croûte terrestre et le changement d'orientation des vents humides eussent dispersé les restes de cette civilisation prospère et pacifique.
Le sang d'Adam avait été dilué dans la plupart des races humaines, mais certaines en avaient reçu plus que d'autres. Les races mêlées de l'Inde et les peuplades noirâtres d'Afrique ne présentaient pas d'attrait pour les Adamites. Ils se seraient volontiers mêlés aux hommes rouges si ces derniers n'avaient pas été aussi éloignés en Amérique, et ils étaient amicalement disposés envers les hommes jaunes, mais ceux-ci étaient également difficiles d'accès dans leur lointaine Asie. C'est pourquoi, quand les Adamites étaient poussés par l'aventure ou l'altruisme, ou chassés de la vallée de l'Euphrate, ils choisissaient tout naturellement l'union avec les races bleues d'Europe.
Les hommes bleus, alors dominants en Europe, n'avaient pas de pratiques religieuses rebutantes pour les premiers émigrants adamites, et il avait une grande attirance sexuelle entre la race violette et la race bleue. Les meilleurs parmi les hommes bleus considéraient comme un grand honneur la permission de se marier avec des Adamites. Chaque homme bleu entretenait l'ambition de devenir assez habile et assez artiste pour gagner l'affection d'une femme adamite, et la plus haute aspiration d'une femme bleue supérieure était de recevoir les hommages d'un Adamite.
Lentement, ces fils migrateurs d'Éden s'unirent avec les types supérieurs de la race bleue et vivifièrent leurs pratiques culturelles, tout en exterminant impitoyablement les lignées résiduelles des souches du Néanderthal. Cette technique de croisement de races, conjuguée avec l'élimination des lignées inférieures, produisit au moins une douzaine de groupes virils et progressifs d'hommes bleus supérieurs, dont vous avez désigné l'un d'eux par le nom de Cro-Magnon.
Pour ces raisons et pour d'autres, dont la moindre n'était pas des routes de migration plus favorables, les premières vagues de culture mésopotamienne se dirigèrent presque exclusivement vers l'Europe. Ce sont ces circonstances qui déterminèrent les antécédents de la civilisation, européenne moderne.
2. -- CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET GÉOLOGIQUES
L'expansion initiale de la race violette en Europe fut arrêtée par certains changements climatiques et géologiques plutôt soudains. Avec le recul des champs de glace septentrionaux, les vents apportant des pluies tournèrent de l'ouest au nord et transformèrent graduellement les vastes savanes du Sahara en un désert stérile. Cette sécheresse dispersa les habitants du grand plateau saharien; ceux-ci étaient de petite taille, bruns aux yeux noirs, mais dolichocéphales.
Les éléments plus purement indigo allèrent vers le sud dans les forêts d'Afrique centrale où ils sont toujours restés depuis lors. Les groupes les plus mêlés s'éparpillèrent vers l'ouest, émigrèrent en Espagne, et de là dans les parties adjacentes de l'Europe; ils formèrent le noyau des races méditerranéennes ultérieures de bruns dolichocéphales. La division la moins progressive de l'est du plateau saharien émigra en Arabie et de là, à travers la Mésopotamie du nord et l'Inde, jusqu'à la lointaine île de Ceylan. Le groupe central se dirigea vers le nord-est et s'installa dans la vallée du Nil et en Palestine.
C'est ce substratum Sangik secondaire qui suggère un certain degré de parenté entre les peuples modernes égaillés depuis le Deccan, la Mésopotamie, et l'Iran jusqu'au long des rivages nord et sud de la Méditerranée.
À peu près à l'époque de ces changements de climat en Afrique, l'Angleterre se sépara du continent et le Danemark surgit de la mer, tandis que l'isthme de Gibraltar protégeant le bassin occidental de la Méditerranée s'effondrait par suite d'un tremblement de terre, ce qui éleva rapidement le niveau de ce lac intérieur à celui de l'Océan Atlantique. Peu après, le pont terrestre de Sicile s'effondra, ce qui fit de la Méditerranée une seule mer reliée à l'Océan Atlantique. Ce cataclysme de la nature engloutit des centaines de colonies et causa la plus grande perte de vies humaines par inondation que l'histoire du monde ait jamais connue.
Cet affaissement du bassin méditerranéen restreignit immédiatement les déplacement des Adamites vers l'occident, tandis que le grand afflux de Sahariens les conduisait à rechercher au nord et à l'est d'Éden des débouchés pour leur surpopulation. À mesure que les descendants d'Adam quittèrent les vallées du Tigre et de l'Euphrate en voyageant vers le nord, ils rencontrèrent des barrières montagneuses et la Mer Caspienne, qui était alors plus étendue qu'aujourd'hui. Pendant de nombreuses générations, les Adamites s'adonnèrent à la chasse, à l'élevage, et à la culture autour de leurs colonies éparpillées dans tout le Turkestan. Ce peuple magnifique étendit lentement son territoire en Europe, mais maintenant les Adamites pénétraient en Europe par l'est et y trouvaient la culture des hommes bleus en retard de milliers d'années sur celle de l'Asie, car cette région n'avait presque pas eu de contacts avec la Mésopotamie.
3. -- L'HOMME BLEU DE CRO-MAGNON
Les anciens centres de culture des hommes bleus étaient situés le long de tous les fleuves d'Europe, mais la Somme est le seul à couler encore dans le lit quelle suivait à l'époque pré-glaciaire.
Nous parlons des hommes bleus comme occupant le continent européen, mais il y avait des dizaines de types raciaux. Il y a trente cinq mille ans, les races bleues d'Europe étaient déjà un peuple très mêlé contenant des hérédités de sang rouge et jaune, tandis que, dans les régions côtières de l'Atlantique et celles de la Russie actuelle, il avait absorbé une quantité considérable de sang andonite, et que vers le sud il était en contact avec les peuples sahariens. Il serait stérile de vouloir énumérer ces nombreux groupes raciaux.
La civilisation européenne de cette première période postérieure à Adam fut un mélange unique de la force et de l'art des hommes bleus avec l'imagination créative des Adamites. Les hommes bleus formaient une race de grande vigueur, mais ils dégradèrent considérablement le statut culturel et spirituel des Adamites. Il était très difficile à ces derniers de marquer l'empreinte de leur religion sur les Cro-Magnoïdes, parce que trop d'hommes de Cro-Magnon avaient tendance à tricher et à débaucher les jeunes filles. Pendant dix mille ans, la religion en Europe resta à un niveau très bas en comparaison de ses développements aux Indes et en Égypte.
Les hommes bleus étaient parfaitement honnêtes dans toutes leurs affaires et exempts des vices sexuels des Adamites mêlés. Ils respectaient la virginité et ne pratiquaient la polygamie que si la guerre avait amené une pénurie d'hommes.
Les peuplades du Cro-Magnon étaient une race courageuse et prévoyante. Elles entretenaient pour les enfants un système d'éducation efficace auquel les deux parents participaient. Les services des enfants les plus âgé étaient pleinement utilisés. On apprenait soigneusement à chaque enfant à garder les cavernes, à pratiquer les arts, et à tailler les silex. Dès leur jeunesse, les femmes avaient une bonne expérience des arts ménagers et d'une agriculture rudimentaire, tandis que les hommes étaient d'habiles chasseurs et de courageux guerriers.
Les hommes bleus étaient des chasseurs, des pêcheurs, des collecteurs de nourriture, et d'habiles constructeurs de bateaux. Ils fabriquaient des haches de pierre, coupaient des arbres, et bâtissaient des cabanes de rondins partiellement enterrées et munies de toits en cuir. Certaines peuplades construisent encore des huttes semblables en Sibérie. Les Cro-Magnons du sud vivaient généralement dans des cavernes et des grottes.
Durant les hivers rigoureux, il n'était pas rare que leurs sentinelles meurent de froid en assurant la garde de nuit à l'entrée des cavernes. Ils étaient courageux mais par-dessus tout ils étaient des artistes; le mélange de sang adamite activa brusquement leur imagination créative. L'apogée de l'art des hommes bleus se situe il y a environ quinze mille ans, avant l'époque où les races à épiderme plus foncé montèrent d'Afrique vers le nord à travers l'Espagne.
Il y a environ quinze mille ans, les forêts alpines envahirent des étendues considérables. Les chasseurs européens furent repoussés vers les vallées des fleuves et les bords de la mer par les mêmes contraintes climatiques qui avaient transformé les fertiles terrains de chasse en déserts secs et stériles. En même temps que les vents de pluie tournaient au nord, les vastes prairies européennes ouvertes se couvrirent de forêts. Ces grandes et relativement soudaines modifications de climat poussèrent les races d'Europe, qui pratiquaient la chasse sur des espaces libres, à se transformer en éleveurs, et dans une certaine mesure en pêcheurs et en travailleurs de la terre.
Tout en provoquant des progrès culturels, ces changements produisirent certaines régressions biologiques. Pendant l'ère précédente de chasse, les membres des tribus supérieures s'étaient mariés avec les prisonniers de guerre du type le plus évolué et avaient invariablement détruit ceux qu'ils estimaient inférieurs. Quand ils commencèrent à installer des colonies et à se lancer dans l'agriculture et le commerce, ils se mirent à épargner de nombreux captifs médiocres et à les conserver comme esclaves. Ce fut la progéniture de ces esclaves qui plus tard dégrada si considérablement l'ensemble du type Cro-Magnon. La culture continua à rétrograder jusqu'au moment où elle reçut une nouvelle impulsion de l'Orient, quand l'invasion finale et massive des Mésopotamiens balaya l'Europe en absorbant rapidement la culture et le type Cro-Magnon et en inaugurant la civilisation des races blanches.
4. LES INVASIONS DE L'EUROPE PAR LES ANDITES
Un courant régulier d'Andites afflua en Europe, mais il y eut sept invasions majeures, les derniers envahisseurs arrivant à cheval en trois grandes vagues. Certains entrèrent en Europe par les îles de la Mer Égée et en remontant la vallée du Danube, mais les premières et pures lignées émigrèrent en Europe du nord-ouest par la route du nord traversant les pâturages de la Volga et du Don.
Entre la troisième et la quatrième invasion, une horde d'Andonites pénétra en Europe par le nord, après être venue de Sibérie par les fleuves russes et la Baltique. Elle fut immédiatement assimilée par les tribus andites du nord.
Les expansions initiales de la race violette plus pure furent beaucoup plus pacifiques que celles de ses descendants andites ultérieurs qui étaient semi-militaires et aimaient les conquêtes. Les Adamites étaient pacifiques et les Nodites belliqueux. L'union de ces souches, telles qu'elles se mêlèrent plus tard avec les races Sangik, produisit les Andites, peuple capable et agressif qui faisait de réelles conquêtes militaires.
Toutefois, le cheval fut le facteur évolutionnaire qui détermina la domination des Andites en Occident. Le cheval donna aux Andites qui se dispersaient l'avantage auparavant inexistant de la mobilité, ce qui permit aux derniers groupes de cavaliers andites de progresser rapidement autour de la Mer Caspienne pour envahir l'Europe entière. Toutes les vagues antérieures d'Andites s'étaient déplacées si lentement qu'elles avaient tendance à se désagréger dès qu'elles s'étaient un peu éloignées de la Mésopotamie. Mais les vagues ultérieures avancèrent si rapidement qu'elles atteignirent l'Europe en groupes cohérents, conservant dans une certaine mesure leur culture supérieure.
Depuis dix mille ans, l'ensemble du monde habité, en dehors de la Chine et de la région de l'Euphrate, n'avait fait que des progrès culturels très limités lorsque les rudes cavaliers andites firent leur apparition au sixième et au septième millénaire avant le Christ. Tandis qu'ils se déplaçaient vers l'ouest à travers les plaines de Russie, absorbant les meilleurs éléments des hommes bleus et exterminant les moins bons, ils ne formèrent plus qu'un seul peuple mêlé. Ils furent les ancêtres des races dites Nordiques, les souches des populations scandinaves, germaniques, et anglo-saxonnes.
Les lignées supérieures bleues ne tardèrent pas à être entièrement absorbées par les Andites dans toute l'Europe du nord. C'est seulement en Laponie (et dans une certaine mesure en Bretagne) que les anciens Andonites conservèrent un semblant d'identité raciale.
5. -- LA CONQUÊTE DE L'EUROPE DU NORD PAR LES ANDITES
Les tribus de l'Europe du nord se trouvaient continuellement renforcées et relevées par le courant régulier de Mésopotamiens qui émigraient à travers le Turkestan et le sud de la Russie. Quand les dernières vagues de cavalerie andite balayèrent l'Europe, il y avait déjà dans cette région plus d'hommes ayant du sang andite que dans tout le reste du monde.
Pendant trois mille ans, le quartier général militaire des Andites du nord resta au Danemark. De ce point central partirent les vagues successives de conquête, dont les éléments perdirent progressivement leur caractère andite et devinrent de plus en plus blancs au cours des siècles à mesure que s'opérait le mélange final des conquérants mésopotamiens avec les peuples conquis.
Alors que les hommes bleus avaient été absorbés dans le nord et avaient fini par succomber devant les raids des cavaliers blancs pénétrant dans le sud, les tribus envahissantes de la race blanche mêlée rencontrèrent une résistance opiniâtre et prolongée de la part des Cro-Magnons; mais l'intelligence supérieure de la race blanche et ses réserves biologiques en constant accroissement lui permirent d'anéantir complètement la race plus ancienne.
Les combats décisifs entre les hommes blancs et les hommes bleus se déroulèrent dans la vallée de la Somme. C'est là que la fleur de la race bleue s'opposa avec acharnement aux Andites avançant vers le sud. Pendant plus de 500 ans, les Cro-Magnoïdes défendirent leurs territoires avec succès avant de succomber devant la stratégie militaire supérieure des envahisseurs blancs. Thor, le commandant victorieux des armées du nord dans la bataille finale de la Somme, devint le héros des tribus nordiques blanches et fut plus tard révéré comme un dieu par certaines d'entre elles.
Les forteresses des hommes bleus qui résistèrent le plus longtemps se trouvaient dans le sud de la France, mais la dernière grande résistance militaire fut vaincue le long de la Somme. La conquête ultérieure progressa par pénétration commerciale, par poussée de la population le long des fleuves, et par une suite de mariages avec les éléments bleus supérieurs accompagnée d'une extermination impitoyable des inférieurs.
Quand le conseil tribal andite des anciens avait jugé qu'un captif était inapte, on le remettait aux prêtres chamans au cours d'une cérémonie compliquée, et ceux-ci l'accompagnaient au fleuve où ils lui administraient, selon les rites, l'initiatiation vers les « heureux territoires de chasse » -- la noyade. De cette manière, les envahisseurs blancs de l'Europe exterminèrent tous les peuples qu'il rencontrèrent et qui ne furent pas rapidement absorbés dans leurs propres rangs; c'est ainsi que les hommes bleus virent leur fin -- et ce fut rapidement fait.
Les hommes bleus Cro-Magnoïdes constituèrent le fondement biologique des races européennes modernes, mais ils ne survécurent que dans la mesure où ils furent absorbés par les virils conquérants ultérieurs de leur pays natal. Les lignées bleues apportèrent beaucoup de robustesse et de vigueur physique aux races blanches d'Europe, mais l'humeur et l'imagination des peuples européens mêlés provenaient des Andites. L'union entre Andites et hommes bleus, dont les races blanches nordiques furent la conséquence, provoqua une chute immédiate de la civilisation andite, un retard de nature transitoire. Finalement la supériorité latente de ces barbares nordiques se manifesta et culmina dans la civilisation européenne d'aujourd'hui.
Vers l'an 5.000 avant J.C., les races blanches en évolution dominaient dans toute l'Europe septentrionale, y compris le nord de la France, le nord de l'Allemagne, et les Îles Britanniques. L'Europe Centrale fut contrôlée un certain temps par les hommes bleus et les Andonites à tête ronde. Ces derniers habitaient surtout la vallée du Danube et ne furent jamais entièrement déplacés par les Andites.
6. -- LES ANDITES LE LONG DU NIL
Depuis l'époque des migrations andites finales, la culture déclina dans la vallée de l'Euphrate, et le centre immédiat de la civilisation passa dans la vallée du Nil. L'Égypte succéda à la Mésopotamie comme quartier général du groupe le plus évolué d'Urantia.
La vallée du Nil commença à subir des inondations peu avant les vallées de Mésopotamie, mais en souffrit beaucoup moins. Le recul initial de la population par l'afflux constant d'immigrants andites, de sorte que la culture de l'Égypte, bien que provenant en réalité de la vallée de l'Euphrate, semblait plus avancée. En l'an 5.000 avant J.C., durant la période des inondations en Mésopotamie, il y avait en Égypte sept groupes distincts d'êtres humains, et tous sauf un venaient de Mésopotamie.
Quand le dernier exode de la vallée de l'Euphrate se produisit, l'Égypte eut la bonne fortune de recevoir un grand nombre des artistes et des artisans les plus habiles. Ces artisans andites ne se trouvèrent nullement dépaysés, en ce sens qu'ils étaient entièrement habitués à la vie fluviale, aux inondations, aux irrigations, et aux saisons sèches. Ils appréciaient la position abritée de la vallée du Nil, où ils étaient bien moins sujets à des attaques et à des raids hostiles que sur les rives de l'Euphrate. Ils accrurent grandement l'habileté des Égyptiens à travailler les métaux. Ils traitèrent là des minerais de fer provenant des régions de la Mer Noire au lieu des minerais du Mont Sinaï.
Les Égyptiens réunirent de très bonne heure leurs divinités locales en un minutieux système national de dieux. Ils développèrent une vaste théologie et eurent une prêtrise adéquate lourde à supporter. Plusieurs chefs différents cherchèrent à faire revivre les restes des premiers enseignements religieux des Séthites, mais ces efforts furent de courte durée. Les Andites construisirent les premiers édifices de pierre en Égypte. La première et la plus belle des pyramides de pierre fut élevée par Imhotep, un génie architectural andite, pendant qu'il servait comme premier ministre. Les bâtiments antérieurs avaient été construits en briques. Il est vrai que nombre d'édifices de pierre avait déjà été bâtis dans différentes parties du monde, mais celui-ci fut le premier en Égypte. L'art de la construction déclina constamment à partir de l'époque de ce grand architecte.
Cette brillante période de culture fut brusquement interrompue par des guerres internes le long du Nil, et le pays fut bientôt envahi, comme l'avait été la Mésopotamie, par les tribus inférieures venues de l'Arabie inhospitalière et par les Noirs du sud. Il en résulta un déclin continu du progrès social pendant plus de cinq cents ans.
7. -- LES ANDITES DES ÎLES DE LA MÉDITERRANÉE
Durant le déclin de la culture en Mésopotamie, une civilisation supérieure persista pendant un certain temps sur les îles de la Méditerranée orientale.
Vers l'an 12.000 avant J.C., une brillante tribu d'Andites émigra en Crète. Ce fut la seule île colonisée de si bonne heure par un groupe supérieur, et il s'écoula près de deux mille ans avant que ces marins se répandissent dans les îles voisines. Ce groupe était composé d'Andites de petite taille et à tête étroite qui s'étaient mariés avec des Nodites septentrionaux de la branche vanite. Ils mesuraient tous moins de six pieds de haut et avaient été littéralement chassés du continent par leurs compagnons plus grands mais inférieurs. Ces immigrants en Crète étaient fort habiles dans les arts du tissage, des métaux, de la poterie, de la plomberie, et de l'emploi de la pierre comme matériau de construction. Ils utilisaient l'écriture et vivaient de l'élevage et de l'agriculture.
Près de deux mille ans après la colonisation de la Crète, un groupe de descendants d'Adamson de haute stature parvint en Grèce par les îles septentrionales en venant à peu près directement de son foyer des hautes terres du nord de la Mésopotamie. Ces ancêtres des Grecs furent conduits vers l'occident par Sato, un descendant direct d'Adamson et de Ratta.
Le groupe qui s'établit finalement en Grèce se composait de 375 personnes provenant des peuplades choisies et supérieures faisant partie de la fin de la seconde civilisation des Adamsonites. Ces lointains descendants d'Adamson comprenaient les lignées alors les plus précieuses des races blanches émergentes. Leur intelligence était d'un ordre élevé, et du point de vue physique, ils étaient les plus beaux spécimens d'hommes depuis l'époque du premier Éden.
Bientôt la Grèce et les îles de la Mer Égée succédèrent à la Mésopotamie et à l'Égypte en tant que centre occidental du commerce, de l'art, et de la culture. Mais comme précédemment en Égypte, tout l'art et toute la science du monde égéen provenaient de Mésopotamie, à l'exception de la culture des Adamsonites précurseurs des Grecs. Tout l'art et le génie de ces peuples ultérieurs sont un legs direct de la postérité d'Adamson, le premier fils d'Adam et d'Ève, et de son extraordinaire seconde femme Ratta, une fille descendant en ligne ininterrompue du pur état-major nodite du prince Caligastia. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les Grecs aient eu des traditions mythologiques provenant directement de dieux et d'êtres surhumains.
La région égéenne passa par cinq stades différents de culture, chacun moins spiritualiste que le précédent. Bientôt la dernière époque de gloire artistique s'effondra sous le poids des médiocres descendants, rapidement multipliés, des esclaves danubiens importés par les générations ultérieurs de Grecs.
Ce fut en Crète, durant cet âge que chez les descendants de Caïn le culte de la mère atteignit sa plus grande vogue. Ce culte glorifiait Ève dans l'adoration de la « grande mère ». Il y avait partout des portraits d'Ève. Des milliers d'autels publics furent érigés en Crète et en Asie-Mineure. Ce culte de la mère persista jusqu'à l'époque du Christ, et fut plus tard incorporé dans la religion chrétienne sous le prétexte de glorifier et d'adorer Marie, la mère terrestre de Jésus.
Vers l'an 6.500 avant J.C., un grand déclin s'était produit dans l'héritage spirituel des Andites. Les descendants d'Adam étaient extrêmement éparpillés et avaient été virtuellement absorbés par les races humaines plus anciennes et plus nombreuses. Cette décadence de la civilisation andite, ainsi que la disparition de leurs critères religieux, laissa les races spirituellement appauvries de la terre dans un état déplorable.
Vers l'an 5.000 avant J.C., les trois lignées les plus pures des descendants d'Adam se trouvaient en Sumérie, en Europe du Nord, et en Grèce. Toute la Mésopotamie s'abâtardissait lentement par le courant des races mêlées et plus sombres qui s'infiltraient par l'Arabie. L'arrivée de ces peuplades inférieures contribua à éparpiller davantage au loin les restes biologiques et culturels des Andites. Partant de tout le croissant fertile, les populations les plus aventureuses allèrent vers l'ouest et affluèrent dans les îles. Ces émigrants cultivaient des céréales et des légumes et amenèrent avec eux des animaux domestiques.
À la même époque, une puissante armée de Mésopotamiens progressistes sortit de la vallée de l'Euphrate et s'installa dans l'île de Chypre; cette civilisation fut balayée quelque deux mille ans plus tard par les hordes barbares venues du nord.
Une autre grande colonie s'installa sur le rivage de la Méditerranée près de l'emplacement ultérieur de Carthage. Partant d'Afrique du Nord, un grand nombre d'Andites entrèrent en Espagne et se mêlèrent plus tard en Suisse à leurs frères partis antérieurement des Îles Égéennes pour habiter l'Italie.
Quand l'Égypte suivit la Mésopotamie dans son déclin culturel, bien des familles parmi les plus capables et les plus évoluées s'enfuirent en Crète, ce qui accrut grandement la civilisation crétoise déjà très avancée. Lorsque l'arrivée de groupes inférieurs venant d'Égypte menaça ultérieurement la civilisation de la Crète, les familles les plus cultivées partirent vers l'ouest pour la Grèce.
Les Grecs n'étaient pas seulement de grands éducateurs et de grands artistes, mais ils furent aussi les plus grands commerçants et colonisateurs du monde. Avant de succomber sous le flot d'infériorité qui finit par engloutir leur art et leur commerce, ils réussirent à implanter en Occident tant d'avant-postes de culture qu'une grande partie des progrès initiaux de la civilisation grecque persista chez les peuples ultérieurs de l'Europe du sud, et qu'un grand nombre de descendants mixtes de ces Adamsonites furent incorporés dans les tribus des terres continentales adjacentes.
8. -- LES ANDONITES DANUBIENS
Les Andites de la vallée de l'Euphrate émigrèrent vers le nord en Europe pour se mêler aux hommes bleus, et vers l'ouest dans les régions méditerranéennes pour se mélanger aux restes, eux-mêmes mixtes, des Sahariens et des hommes bleus du sud. Ces deux branches de la race blanche furent et sont encore séparées par les montagnards brachycéphales survivants des tribus andonites primitives qui avaient longtemps habité ces régions centrales.
Ces descendants d'Andon était dispersés dans la plupart des régions montagneuses de l'Europe du centre et du sud-est. Ils furent souvent renforcés par des arrivants d'Asie-Mineure, région qu'ils occupaient en nombre considérable. Les anciens Hittites provenaient directement de la souche andonite; leur épiderme pâle et leur tête large étaient typiques de cette race. Cette lignée se perpétua chez les ancêtres d'Abraham et contribua beaucoup à l'aspect caractéristique du visage de ses descendants ultérieurs juifs; ceux-ci, tout en ayant une culture et une religion dérivées les Andites, parlaient un langage très différent, nettement andonite.
Les tribus qui habitaient des maisons bâties sur des pilotis ou des jetées de bois sur les lacs d'Italie, de Suisse, et d'Europe méridionale étaient les avant-postes en expansion des migrations africaines, égéennes, et plus spécialement danubiennes. Les Danubiens étaient des Andonites, fermiers et éleveurs entrés en Europe par la Péninsule Balkanique, et se déplaçant lentement vers le nord par la route de la vallée du Danube. Ils fabriquaient des poteries et cultivaient la terre, préférant vivre dans les vallées. Ces tribus dégénérèrent rapidement à mesure qu'elles s'éloignèrent du centre et de la source de leur culture. Les plus belles poteries furent fabriquées par les premières colonies.
Les Danubiens pratiquèrent le culte de la mère à la suite du travail des missionnaires de Crète. Ces tribus s'amalgamèrent plus tard avec des groupes de marins andonites qui vinrent par bateau de la côte d'Asie Mineure et étaient aussi des adorateurs de la mère. Une grande partie de l'Europe centrale fut ainsi colonisée de blanches bonne heure par ces types mixtes des races blanche brachycéphales qui pratiquaient le culte de la mère et le rite religieux d'incinération des morts, car les zélateurs du culte de la mère avaient coutume de brûler leurs morts dans des huttes de pierre.
9. -- LES TROIS RACES BLANCHES
Les mélanges raciaux en Europe vers la fin des migrations andites donnèrent lieu au groupement suivant des trois races blanches:
1. La race blanche du nord. Cette race dite Nordique était essentiellement composée d'hommes bleus additionnés d'Andites, mais contenait aussi une quantité considérable de sang andonite avec des quantités moindres de sang rouge et jaune Sangik. La race blanche du nord englobait ainsi les quatre souches humaines les plus désirables, mais son hérédité majeure venait des hommes bleus. Le Nordique primitif typique était dolichocéphale, grand, et blond; mais il y a longtemps que cette race s'est entièrement mêlée avec toutes les branches des peuples blancs.
La culture primitive de l'Europe trouvée par les Nordiques envahisseurs était celle des Danubiens en régression, mêlés aux hommes bleus. La culture des Nordiques-Danois et celle des Danubiens-Andonites se rencontrèrent et se mêlèrent sur le Rhin, comme en témoigne l'existence de deux groupes raciaux en Allemagne contemporaine.
Les Nordiques continuèrent le commerce de l'ambre en partant de la côte balte, établissant un grand courant d'affaires avec les brachycéphales de la vallée du Danube par le col du Brenner. Le contact étendu avec les Danubiens amena ces hommes du nord à pratiquer le culte de la mère; pendant des millénaires, la crémation des morts fut à peu près universelle en Scandinavie. Ceci explique pourquoi l'on ne peut trouver d'ossements de Blancs de la race primitive, bien qu'ils aient été enterrés dans toute l'Europe -- on ne trouve que leurs cendres dans des urnes de pierre ou d'argile. Cela explique également la rareté des preuves de la culture primitive des Blancs, bien que les types de Cro-Magnons plus anciens soient bien conservés là où ils furent inhumés en sécurité dans des cavernes et des grottes. Quoi qu'il en soit, on trouve en Europe a un certain moment une culture primitive de Danubiens et d'hommes bleus en dégénérescence, puis, sans transition, la culture immensément supérieure des hommes blancs.
2. La race blanche centrale. Bien que ce groupe contienne des lignées bleues, et andites, il est à prédominance d'Andonites. Ces peuples sont brachycéphales, basanés, et trapus. Ils sont enfoncés entre les races nordiques et méditerranéennes comme un coin dont la base reposerait en Asie et la pointe pénétrerait l'est de la France.
Pendant près de vingt mille ans, les Andonites avaient été repoussés de plus en plus loin dans le nord de l'Asie centrale par les Andites. Vers l'an 3.000 avant J.C., l'aridité croissante de la Sibérie ramena les Andonites vers le Turkestan. Cette poussée andonite vers le sud continua pendant près de mille ans, se divisa autour de la Mer Caspienne et de la Mer Noire, et pénétra en Europe à la fois par les Balkans et par l'Ukraine. Cette invasion comprenait les groupes restants de descendants d'Adamson. Durant la dernière moitié de la période d'invasion, elle amena un nombre considérable d'Andites iraniens ainsi que beaucoup de descendants des prêtres séthites.
Vers l'an 2.500 avant J.C., la poussée des Andonites vers l'occident atteignit l'Europe. Cet envahissement de toute la Mésopotamie, de l'Asie-Mineure, et du bassin du Danube par les barbares des collines du Turkestan constitue le plus grave et le plus durable recul de la culture que l'on eût enregistré jusque-là. Ces envahisseurs « andonisèrent » nettement le caractère des races de l'Europe centrale, qui depuis lors sont toujours restées caractéristiquement alpines.
3. La race blanche du sud. Cette race méditerranéenne brune consistait en un mélange d'Andites et d'hommes bleus, avec moins de lignées andonites que dans le nord. Ce groupe absorba aussi par les Sahariens une quantité considérable de sang secondaire sangik. Plus récemment, cette branche méridionale de la race blanche reçut l'apport de forts éléments andites venant de la Méditerranée orientale.
Les régions côtières de la Méditerranée ne furent toutefois pas abondamment peuplées d'Andites avant l'époque des grandes invasions de nomades vers l'an 2.5000 avant J.C. Les transports et le commerce par voie de terre furent interrompus pendant les siècles où les nomades envahirent les districts de la Méditerranée orientale. Cette interférence avec les transports terrestres amena la grande expansion des transports et du commerce maritimes. Le négoce méditerranéen par voie de mer était en pleine activité il y a environ quatre mille cinq cents ans. Ce développement du trafic maritime amena l'expansion soudaine des descendants des Andites dans tous les territoires côtiers du bassin méditerranéen.
Ces mélanges raciaux posèrent les fondements de la race sud-européenne, la plus mêlée de toutes. Depuis cette époque, la race a subi encore de nouvelles incorporations, notamment par les peuples bleus-jaunes-andites d'Arabie. En fait, la race blanche méditerranéenne est tellement mêlée avec les peuples du voisinage quelle est virtuellement indiscernable en tant que type séparé, mais en général ses membres son petits, dolichocéphales, et bruns.
Dans le nord, les Andites éliminèrent les hommes bleus par des guerres et des mariages, mais ceux-ci survécurent en plus grand nombre dans le sud. Les Basques et les Berbères représentent la survivance de deux branches de cette race, mais ces peuples eux-mêmes se sont tout à fait mélangés avec les Sahariens.
Tel était le tableau du mélange de races offert par l'Europe centrale environ 3.000 ans avant l'ère chrétienne. Malgré la défection adamique partielle, des croisements avaient eu lieu entre les types d'hommes supérieurs.
L'Âge de Bronze arrivait, empiétant sur l'Âge de la Pierre Taillée. En Scandinavie, c'était déjà l'Âge de Bronze associé au culte de la mère. En France méridionale et en Espagne, c'était l'Âge de la Pierre Taillée associé au culte du Soleil. Ce fut l'époque où l'on construisit des temples du soleil circulaires et sans toit. Les Européens de race blanche étaient des bâtisseurs énergiques, prenant plaisir à dresser de grandes pierres servant de mémorials au soleil, comme le firent plus tard leurs descendants à Stonehedge. La vogue de l'adoration du soleil marque cette époque comme une grande période d'agriculture en Europe méridionale.
Les superstitions de cette ère relativement récente d'adoration du soleil persistent encore aujourd'hui dans les coutumes populaires de Bretagne. Bien qu'ils soient christianisés depuis plus de l.500 ans, les Bretons conservent encore des amulettes de l'Âge de la Pierre Taillée pour éloigner le mauvais oeil. Ils gardent encore des « pierres de tonnerre » dans leur cheminée pour se protéger de la foudre. Les Bretons ne se sont jamais mêlés aux Nordiques scandinaves. Ils sont les survivants des habitants originels andonites de l'Europe occidentale mêlées aux souches méditerranéennes.
Il serait fallacieux de prétendre classer les peuples blancs en Nordiques, Alpins, et Méditerranéens. Il y a eu dans l'ensemble beaucoup trop de mélanges pour permettre de tels groupements. A un moment donné, la race blanche se divisait assez nettement en classes de cet ordre, mais des mélanges très étendus se sont produits depuis lors, et il n'est plus possible d'identifier clairement les démarcations. Même en l'an 3.000 avant J.C., les anciens groupes sociaux ne formaient pas plus une race unique que les habitants actuels de l'Amérique Nord.
Les cultures européennes continuèrent pendant 5.000 ans à croître et dans une certaine mesure à se mélanger, mais la barrière des langages empêcha la pleine réciprocité des échanges entre les diverses nations occidentales. Au cours du XIXième siècle, c'est dans la population cosmopolite de l'Amérique du Nord que ces cultures ont eu la meilleure occasion de se mêler. L'avenir de ce continent sera déterminé par la qualité des facteurs raciaux que l'évolution laissera s'introduire dans ses populations présentes et futures, et par le niveau de culture sociale qui y sera maintenu.
[Présenté par un Archange de Nébadon.]
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- Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
L'EXPANSION ANDITE EN ORIENT
L'ASIE est le berceau de la race humaine. Ce fut sur une péninsule du sud de ce continent que naquirent Andon et Fonta. Dans les hautes terres de ce qui est maintenant l'Afganistan, leur descendant Badonan fonda un centre primitif de culture qui subsista plus d'un demi-million d'années. C'est là dans ce foyer oriental de la race humaine, que les peuplades Sangik se différencièrent de la souche andonique, et l'Asie fut leur premier foyer, leur premier terrain de chasse, leur premier champ de bataille. L'Asie du sud-ouest vit passer les civilisations successives des Dalamatiens, des Nodites, des Adamites, et des Andites; les potentiels de la civilisation moderne se répandirent sur le monde en partant de ces régions.
1. LES ANDITES DU TURKESTAN
Pendant près de vingt-cinq mille ans, presque jusqu'à l'an 2.000 avant J.C., les Andites furent prépondérants au coeur de l'Eurasie, bien que leur influence allât en diminuant. Dans les basses terres du Turkestan, les Andites tournèrent à l'ouest autour des lacs intérieurs vers l'Europe; ils s'infiltrèrent aussi vers l'est en partant des hautes terres de cette région. Le Turkestan oriental (Sinkiang), et à un moindre degré le Thibet, furent les anciennes portes par lesquelles ces peuplades de Mésopotamie pénétrèrent dans les montagnes conduisant vers les plaines nordiques des hommes jaunes. L'infiltration andite de l'Inde partit des plateaux du Turkestan vers le Punjab, et des pâturages de l'Iran à travers le Béloutchistan. Ces migrations primitives n'étaient nullement des conquêtes; elles représentaient plutôt le courant continuel des tribus andites s'infiltrant dans les Indes Occidentales et en Chine.
Pendant près de quinze mille ans, des centres de culture mixte andite subsistèrent dans le bassin du fleuve Tarim au Sinkiang, et au sud sur les plateaux du Thibet, où les Andites et les Andonites s'étaient largement mêlés. La vallée du Tarim était le poste oriental le plus avancé de la véritable culture des Andites. Ils y établirent leurs colonies et entrèrent en relations commerciales d'une part à l'est avec les Chinois progressifs, et d'autre part au nord avec les Andonites. A cette époque, la région du Tarim était fertile et les pluies y étaient abondantes. À l'est du Gobi, il y avait des savanes où les éleveurs de troupeaux se transformèrent graduellement en agriculteurs. Cette civilisation périt quand les vents de pluie changèrent et vinrent du sud-est, mais en son temps elle rivalisa même avec celle de la Mésopotamie.
Vers l'an 8.000 avant J.C., l'aridité lentement croissante des hauts plateaux de l'Asie centrale commença à chasser les Andites vers les fonds de vallées et les côtes maritimes. Non seulement la sécheresse les poussa vers les vallées du Nil, de l'Euphrate, de l'Indus, et du Fleuve Jaune, mais elle provoqua un nouveau développement de la civilisation andite. Les commerçants apparurent en grand nombre et formèrent une nouvelle classe d'hommes.
Quand les conditions climatiques leur rendirent la chasse peu profitable, les Andites migrateurs ne suivirent pas la ligne de conduite évolutionnaire des anciennes races en élevant des troupeaux. Le commerce et la vie citadine firent leur apparition. Depuis l'Égypte, la Mésopotamie, et le Turkestan, jusqu'aux fleuves de Chine et des Indes, les tribus les plus civilisées commencèrent à se rassembler dans des villes consacrées à l'industrie et au commerce. Adonia, située près de la ville actuelle d'Ashkabad, devint la métropole commerciale de l'Asie centrale. Par voie de terre et par voie d'eau, le commerce des pierres, des métaux, du bois, et de la poterie fut accéléré.
La sécheresse toujours croissante provoqua graduellement le grand exode andite du sud et de l'est de la Mer Caspienne. Le flux de la migration vers le nord s'inversa vers le sud, et les cavaliers de Babylone commencèrent à envahir la Mésopotamie.
L'aridité croissante de l'Asie centrale agit à son tour pour réduire la population et la rendre moins belliqueuse. Quand la décroissance des pluies au nord obligea le Andonites nomades à s'orienter vers le sud, les Andites partirent du Turkestan en un prodigieux exode. Ce fut la pénétration finale des peuplades dites Aryennes dans le Levant et dans les Indes. Elle marqua l'apogée de la longue dispersion des descendants mixtes d'Adam au cours de laquelle tous les peuples asiatiques et la plupart des peuplades insulaires du Pacifique furent améliorés dans une certaine mesure par ces races supérieures.
Ainsi, tandis qu'ils se dispersaient sur l'hémisphère oriental, les Andites furent dépossédés de leur pays natal de Mésopotamie et du Turkestan, car ce fut ce vaste déplacement des Andonites vers le sud qui dilua la présence des Andites en Asie centrale presque au point de les faire disparaître.
Même au XXième siècle après le Christ, on trouve des traces de sang andite parmi les Touraniens et les Thibétains, ainsi qu'en témoignent les types blonds que l'on rencontre occasionnellement dans ces régions. Les annales chinoises primitives décrivent la présence de nomades aux cheveux roux au nord des colonies pacifiques du Fleuve Jaune, et il subsiste encore des peintures qui rappellent la présence des deux types Andite-blond et Mongol-brun dans le bassin du Tarim de jadis.
La dernière manifestation du génie militaire maintenant disparu des Andites asiatiques eut lieu en l'an 1200 de l'ère chrétienne lorsque les Mongols, sous le commandement de Gengis Khan, commencèrent la conquête de la majeure partie du continent asiatique. Comme les Andites de jadis, ces guerriers proclamèrent l'existence « d'un seul Dieu dans le ciel ». La dislocation rapide de leur empire retarda longtemps les rapports culturels entre l'Orient et l'Occident et nuisit beaucoup a la croissance du concept monothéiste en Asie.
2. -- LA CONQUÊTE DE L'INDE PAR LES ANDITES
L'Inde est le seul endroit où toutes les races d'Urantia se soient trouvées mêlées, l'invasion andite y ajoutant la dernière souche représentée. Les races Sangik prirent naissance dans les hautes terres du nord-ouest de l'Inde. Des membres de chaque race sans exception pénétrèrent à leurs débuts dans le subcontinent de l'Inde, laissant derrière eux le mélange de races le plus hétérogène qui ait jamais existé sur Urantia. L'Inde ancienne opéra comme une nasse pour les races en migration. La base nord de la péninsule était autrefois un peu plus étroite que maintenant, car une grande partie des deltas de l'Indus et du Gange s'est formée au cours des derniers cinquante mille ans.
Les tout premiers mélanges de races aux Indes consistèrent en une fusion des races migratrices rouge et jaune avec les aborigènes andonites. Plus tard, ce groupe fut affaibli par l'absorption de la plus grande portion des peuplades vertes orientales maintenant éteintes; il fut ensuite légèrement amélioré par une admission limitée d'hommes bleus, mais souffrit extrêmement quand il assimila un grand nombre de membres de la race indigo. Les soi-disant aborigènes de l'Inde ne sont guère représentatifs de ces peuplades primitives; ils en forment plutôt la lisière la plus inférieure au sud et à l'est, qui ne fut jamais complètement absorbée par les Andites primitives ni par leurs cousins Aryens apparus plus tard.
Vers l'an 20.000 avant J.C., la population occidentale de l'Inde s'était déjà imprégnée de sang adamique, et jamais dans l'histoire d'Urantia un peuple quelconque ne combina tant de facteurs raciaux différents. Il est malheureux que les lignées Sangik secondaires aient prédominé, et ce fut une vraie calamité que les hommes bleus et rouges aient été si peu nombreux dans ce creuset racial; s'il y avait eu plus de lignées Sangik primaires, cela aurait beaucoup contribué à rehausser une civilisation qui aurait pu être supérieure. La situation se développait comme suit: les hommes rouges se détruisaient eux-mêmes dans les Amériques, les hommes bleus se répandaient en Europe, et les premiers enfants d'Adam (ainsi que la plupart de leurs descendants) répugnaient à s'unir aux peuples de couleur plus sombre, aussi bien aux Indes qu'en Afrique ou ailleurs.
Vers l'an 15.000 avant J.C., la poussée de la population croissante dans tout le Turkestan et l'Iran provoqua la première émigration de grande envergure vers l'Inde. Pendant plus de quinze siècles, ces peuples supérieurs affluèrent à travers les hautes terres du Béloutchistan, se répandirent dans les vallées de l'Indus et du Gange, et gagnèrent lentement le Deccan au sud. Cette pression andite du nord-ouest chassa nombre de peuplades inférieures du sud et de l'est en Birmanie et en Chine du sud, mais pas suffisamment pour sauver les envahisseurs d'une annihilation raciale.
L'Inde ne réussit pas à asseoir son hégémonie sur l'Eurasie, et son échec fut largement une affaire de topographie. La pression des populations venant du nord ne fit que repousser la majorité des habitants vers le sud, ce qui surpeupla le territoire de plus en plus étroit au Deccan entours de tous côtés par la mer. S'il y avait eu des terres voisines offrant un exutoire à l'émigration, les peuplades inférieures auraient été expulsées dans toutes les directions, et les souches supérieures auraient établi une civilisation plus évoluée.
En fait, les conquérants andites primitifs firent un effort désespéré pour préserver leur identité et endiguer la marée d'engloutissement racial en restreignant rigoureusement les mariages mixtes. Malgré cela, vers l'an 10.000 avant J.C., les Andites avaient été assimilés, mais la masse entière de la population avait été notablement améliorée par cette absorption.
Les mélanges de races sont toujours avantageux en ce sens qu'ils favorisent la variété de talents culturels et assurent les progrès de la civilisation, mais si les éléments inférieurs des souches raciales prédominent, la réussite ne dure pas longtemps. On ne peut préserver une culture polyglotte que si les lignées supérieures se reproduisent avec une marge de sécurité suffisante par rapport aux inférieures. Si les inférieurs se reproduisent sans restrictions alors que les supérieurs limitent leur progénitures, cela conduit infailliblement au suicide de la civilisation culturelle.
Si les conquérants Andites avaient été trois fois plus nombreux qu'ils ne le furent, et s'ils avaient chassé ou détruit le tiers le moins désirable des habitants mêlés d'orangé, de vert, et d'indigo, l'Inde serait devenue l'un des pôles directeurs de la civilisation culturelle; elle aurait alors indubitablement attiré une plus grande partie des vagues d'émigration mésopotamiennes qui affluèrent au Turkestan et se dirigèrent de là vers l'Europe par le nord.
3. -- L'INDE DRAVIDIENNE
Le mélange des conquérants de l'Inde avec les indigènes produisit finalement les peuplades mixtes dites dravidiennes. Les premiers et purs Dravidiens possédaient une grande aptitude aux accomplissements culturels, mais cette qualité s'affaiblit continuellement à mesure que leur hérédité andite s'atténuait progressivement. C'est cela qui sonna le glas de la civilisation indienne il y a près de douze mille ans; mais l'infusion de sang d'Adam, même en petite quantité, provoqua une accélération notable du développement social. Cette race composite produisit immédiatement la civilisation comportant les talents les plus variés de cette époque.
Peu de temps après avoir conquis l'Inde, les Andites dravidiens perdirent leurs attaches raciales et culturelles avec la Mésopotamie, mais les connexions furent rétablies par l'ouverture ultérieure des lignes maritimes et des routes de caravanes. Au cours des dix derniers millénaires, l'Inde n'a jamais entièrement perdu contact à l'ouest avec la Mésopotamie et à l'est avec la Chine, bien que les barrières montagneuses aient grandement favorisé le commerce maritime avec l'Occident.
La culture supérieure et les tendances religieuses des peuples de l'Inde datent des premiers temps de la domination dravidienne; elles sont dues en partie au grand nombre de prêtres séthites qui pénétrèrent aux Indes, tant au cours des premières invasions andites que pendant les invasions aryennes ultérieures. Le fil conducteur du monothéisme traversant l'histoire religieuse de l'Inde part donc des enseignements des Adamites dans le second jardin.
Dès l'an 16.000 avant J .C., une compagnie de cent prêtres séthites pénétra aux Indes et réussit presque à conquérir religieusement la moitié occidentale de ce peuple polyglotte, mais leur religion ne subsista pas. En l'espace de cinq mille ans, leur doctrine de la Trinité du Paradis avait dégénéré pour devenir le symbole trin du dieu du feu.
Toutefois,, pendant plus de sept mille ans et jusqu'à a fin des migrations andites, le statut religieux des habitants de l'Inde fut très supérieur à celui du reste de la terre. À cette époque, l'Inde promettait de produire la civilisation culturelle, religieuse, philosophique, et commerciale la plus avancée du monde. Si les Andites n'avaient pas été complètement submergés par les peuplades du sud, cette destinée se serait probablement réalisée.
Les centres dravidiens de culture étaient situés dans les vallées des fleuves, principalement de l'Indus et du Gange, et dans le Deccan le long des trois grands fleuves qui coulent à travers les Ghâtes Orientales vers la mer. Leurs colonies le long de la côte maritime des Ghâtes Occidentales durent leur importance aux relations par mer avec la Sumérie.
Les Dravidiens furent parmi les premiers peuples à construire des villes et a se lancer à une grande échelle dans les affaires d'importation et d'exportation, tant par voie terrestre que par voie maritime. Dès l'an 7.000 avant J.C., d'importantes caravanes de chameaux faisaient régulièrement le voyage de la lointaine Mésopotamie. Les bateaux dravidiens s'avançaient le long de la côte en traversant la Mer d'Arabie jusqu'aux ports sumériens du Golfe Persique, et s'aventuraient sur les eaux de la Baie du Bengale jusqu'en Indonésie. Les marins et marchands importèrent de Sumérie un alphabet ainsi que l'art d'écrire.
Ces relations commerciales contribuèrent largement à diversifier encore davantage une culture déjà cosmopolite, et provoquèrent très tôt l'apparition de nombreux raffinements et même d'objets de luxe de la vie citadine. Quand les Aryens survenus plus tard entrèrent aux Indes, ils ne reconnurent pas chez les Dravidiens leurs cousins Andites absorbés par les races Sangik, mais ils les trouvèrent fort civilisés. Malgré leurs limitations biologiques, les Dravidiens avaient fondu une civilisation supérieure qui fut largement propagée dans toute l'Inde et survécut au Deccan jusque dans les temps modernes.
4. -- L'INVASION DE L'INDE PAR LES ARYENS
La seconde pénétration andite aux Indes fut l'invasion par les Aryens; elle s'étendit sur une période de cinq cents ans au milieu du troisième millénaire avant le Christ. Cette migration marque l'exode final des Andites hors de leur foyer du Turkestan.
Les premiers centres aryens étaient éparpillés sur la moitié nord de l'Inde, surtout au nord-ouest. Les envahisseurs ne parachevèrent jamais la conquête du pays, et leur négligence causa ultérieurement leur perte. Leur minorité numérique les rendit vulnérables à l'absorption par les Dravidiens du sud, qui envahirent plus tard toute la péninsule à l'exception des provinces himalayennes.
Les Aryens n'exercèrent qu'une très faible action raciale aux Indes, sauf dans les provinces du nord. Au Deccan, leur influence fut culturelle et religieuse plutôt que raciale. La persistance plus prolongée du sang dit Aryen dans l'Inde du nord n'est pas seulement due à ce que les Aryens restèrent en plus grand nombre dans ces régions, mais aussi au fait qu'ils furent renforcés ultérieurement par d'autres conquérants, commerçants, et missionnaires. Jusqu'au premier siècle avant le Christ, il y eut une infiltration continue de sang aryen dans le Punjab, le dernier influx accompagnant les campagnes militaires des Hellènes.
Dans la plaine du Gange, les Aryens et les Dravidiens finirent par se mêler et engendrèrent une haute culture; ce centre fut ultérieurement renforcé par des apports du nord-est venant de Chine.
Aux Indes, de nombreux types d'organisations sociales fleurirent de à autre, allant des systèmes semi-démocratiques des Aryens a des formes et despotiques et monarchiques de gouvernement. Le trait le plus caractéristique de la société fut la persistance des grandes castes sociales instituées par les Aryens dans leur effort pour perpétuer leur identité raciale. Ce système minutieux de castes a été préservé jusqu'à nos jours.
Parmi les grandes castes, toutes sauf la première furent établies au cours d'efforts futiles pour empêcher l'amalgamation raciale des conquérants Aryens avec leurs sujets inférieurs; mais la caste majeure, celle des prêtres-instructeurs, provient des Séthites. Les brahmanes du XXième siècle de l'ère chrétienne sont les descendants culturels en ligne directe des prêtres du second jardin, bien que leurs enseignements diffèrent considérablement de ceux de leurs illustres prédécesseurs.
Quand les Aryens pénétrèrent aux Indes, ils apportèrent avec eux leurs concepts de la Déité tels que ceux-ci avaient été préservés dans les vagues traditions de la religion du second jardin. Mais les prêtres brahmanes ne furent jamais capables de résister à la force vive païenne établie par le soudain contact avec les religions inférieures du Deccan après la disparition raciale des Aryens. La vaste majorité de la population tomba donc dans l'esclavage des superstitions asservissantes de religions inférieures. C'est ainsi que l'Inde ne réussit pas à produire la haute civilisation que les temps plus anciens laissaient entrevoir.
L'éveil spirituel du sixième siècle avant le Christ ne persista pas aux Indes; il s'était graduellement éteint même avant l'invasion musulmane. Toutefois il peut arriver un jour qu'un plus grand Gautama surgisse pour conduire l'Inde à la recherche du Dieu vivant; alors le monde observera l'épanouissement du potentiel culturel d'un peuple aux talents variés resté longtemps inerte sous l'influence engourdissante d'une vision spirituelle non orientée vers le progrès.
La culture repose bien sur une base biologique, mais les castes à elles seules ne purent perpétuer la culture aryenne, car la religion, la vraie, est la source indispensable de l'énergie supérieure qui pousse les hommes à établir une civilisation plus haute fondée sur la fraternité humaine.
5. -- LES HOMMES ROUGES ET LES HOMMES JAUNES
Alors que l'histoire de l'Inde est celle de sa conquête par les Andites et de leur absorption par les peuples évolutionnaires plus anciens, l'histoire de l'Asie orientale est plus spécialement celle des Sangiks primaires, et en particulier celle des hommes rouges, et des hommes jaunes. Ces deux races échappèrent largement au mélange avec les lignées avilies du Néanderthal qui retardèrent considérablement les hommes bleus en Europe; les hommes rouges et jaunes préservèrent ainsi le potentiel supérieur du type Sangik primaire.
Les hommes du Néanderthal étaient répandus sur toute la largeur de l'Eurasie, mais leur aile orientale était la plus contaminée par des lignées animales dégradées. Ces types subhumains furent repoussés vers le sud par le cinquième glacier, la même calotte glaciaire qui bloqua si longtemps la migration des Sangiks vers l'Asie orientale. Quand les hommes rouges se dirigèrent vers le nord-est en contournant les hautes terres de l'Inde, ils trouvèrent l'Asie du nord-est dépourvue de ces types subhumains. Les races rouges s'organisèrent en tribus plus tôt que tous les autres peuples, et elles furent les premières à émigrer du foyer Sangik d'Asie Centrale. Les lignées inférieures du Néanderthal furent détruites ou chassées du continent par les tribus jaunes qui émigrèrent ultérieurement, mais les hommes rouges avaient régné souverainement en Asie orientale pendant près de trois cent mille ans avant l'arrivée des tribus jaunes.
Il y a plus de trois cent mille ans, la masse principale des hommes jaunes entra en Chine en venant du sud par migration le long de la côte maritime. À chaque millénaire, ils pénétrèrent de plus en lus loin à l'intérieur des terres, mais n'établirent pas le contact avec leurs frères thibétains migrateurs avant une époque relativement récente.
La pression de la surpopulation amena la race jaune, qui se déplaçait vers le nord à pénétrer dans les terrains de chasse des hommes rouges. Cet empiètement, doublé d'un antagonisme racial naturel, aboutit à des hostilités croissantes, et c'est ainsi que commença la lutte décisive pour la possession des terres fertiles de l'Asie lointaine.
Le récit de cette bataille millénaire entre les races jaune et rouge est une épopée de l'histoire d'Urantia. Pendant plus de deux cent mille ans, ces deux races supérieures se firent une guerre acharnée et incessante. Au cours des premières batailles, les hommes rouges eurent généralement le dessus; leurs expéditions ravageaient les colonies jaunes. Mais les hommes jaunes étaient de bons élèves dans l'art de la guerre et manifestèrent de bonne heure une aptitude marquée à vivre en paix avec leurs compatriotes. Les Chinois furent les premiers à apprendre que l'union fait la force. Les tribus rouges continuèrent à se battre entre elles et commencèrent bientôt à subir des défaites répétées de la part des implacables agresseurs chinois qui poursuivaient leur marche inexorable vers le nord.
Il y a cent mille ans, les tribus décimées de la race rouge luttaient acculées au mur du dernier glacier polaire en recul. Dès qu'il leur fut possible de passer par l'isthme de Béring, elles ne tardèrent pas à quitter les rives inhospitalières du continent asiatique. Il y a maintenant 85.000 ans que les derniers hommes rouges de race pure sont partis d'Asie, mais leur longue lutte a laissé son empreinte génétique sur la race jaune victorieuse. Les Chinois du nord ainsi que les Sibériens andonites assimilèrent de nombreuses souches rouges et en tirèrent un bénéfice considérable.
Les Indiens d'Amérique du Nord n'entrèrent jamais en contact même avec les descendants andites d'Adam et d'Ève, car ils avaient été dépossédés de leurs terres natales d'Asie environ cinquante mille ans avant l'arrivée d'Adam. Durant l'âge des migrations andites, les lignées rouges pures se répandirent sur l'Amérique du Nord sous forme de tribus nomades de chasseurs pratiquant l'agriculture dans une mesure très limitée. Ces races et groupes culturels restèrent à peu près complètement isolés du reste du monde depuis leur arrivée dans les Amériques jusqu'à la fin du premier millénaire de l'ère chrétienne, où elles furent découvertes par les races blanches d'Europe. Jusque-là les tribus nordiques d'hommes rouges n'avaient jamais vu d'hommes plus proches des blancs que les Esquimaux.
La race jaune et la race rouge sont les deux seules qui aient jamais atteint un haut degré de civilisation en dehors de l'influence des Andites. Le plus ancien centre de culture des Amérindiens fut celui d'Onamonalonton en Californie, mais en l'an 35.000 avant J.C., il avait disparu depuis longtemps. Au Mexique, en Amérique centrale, et dans les montagnes de l'Amérique du Sud, des civilisations plus tardives et plus durables furent fondée par une race a prédominance rouge, mais contenant un mélange considérable d'hommes jaunes, orangés, et bleus.
Ces civilisations furent des produits évolutionnaires des Sangiks, bien qu'un faible apport de sang andite eût atteint le Pérou. À l'exception des Esquimaux en Amérique du Nord et de quelques Andites polynésiens en Amérique du Sud, les peuples de l'hémisphère occidental n'eurent aucun contact avec le reste du monde avant la fin du premier millénaire de l'ère chrétienne. Dans le plan original des Melchizédeks pour améliorer les races d'Urantia, il avait été prévu qu'un million de descendants en ligne directe d'Adam se rendraient dans les Amériques pour rehausser la race rouge.
6. -- L'AURORE DE LA CIVILISATION CHINOISE
Quelque temps après avoir repoussé les hommes rouges en Amérique du Nord, les Chinois chassèrent les Andonites des vallées fluviales d'Asie orientale en les repoussant vers le nord en Sibérie, et vers l'ouest au Turkestan où ils entrèrent bientôt en contact avec la culture supérieure des Andites.
En Birmanie et dans la péninsule d'Indochine, les cultures de l'Inde et de la Chine se mêlèrent pour donner naissance aux civilisations successives de ces régions. La race verte disparue avait persisté dans ces pays plus longtemps que nulle part ailleurs dans le monde.
De nombreuses races différentes habitèrent les îles du Pacifique. En général les îles du sud, qui étaient alors plus grandes, furent envahies par des peuplades ayant un fort pourcentage de sang vert et indigo. Les îles du nord furent occupées par des Andonites, et plus tard par des races comportant une grande proportion de souches jaunes et rouges. Les ancêtres du peuple japonais ne furent pas chassés du continent asiatique avant l'an 12.000 avant J.C.; ils furent délogés par une puissante poussée des tribus chinoises nordiques descendant vers le sud le long de la côte. Leur exode final ne résulta pas tant de la pression de la population que de l'initiative d'un chef qu'ils finirent par considérer comme un personnage divin.
À l'instar des peuples de l'Inde et du Levant, les tribus victorieuses de race jaune établirent leurs premiers centres le long de la mer et en remontant le cours des fleuves. Les colonies côtières eurent ensuite de la difficulté à vivre, car les inondations croissantes et le lit changeant des fleuves rendaient intenables les villes des basses terres.
Il y a vingt mille ans, les ancêtres des Chinois avaient bâti une douzaine de grands centres d'instruction et de culture primitive, spécialement le long du fleuve Jaune et du Yang-Tsé. Ces centres furent bientôt renforcés par un courant constant de peuplades mixtes supérieures venant du Sinkiang et du Thibet. Les émigrants du Thibet vers la vallée du Yang-Tsé ne furent pas aussi nombreux que dans le nord, et les centres thibétains n'étaient pas aussi avancés que ceux du bassin du Tarim, mais les deux mouvements apportèrent une certaine quantité de sang andite vers l'est aux colonies fluviales.
La supériorité de l'ancienne race jaune était due à quatre grands facteurs:
1. Le facteur génétique. Contrairement à leurs cousins bleus d'Europe, les races jaune et rouge avaient toutes deux échappé au mélange avec des souches humaines dégradées. Les Chinois du nord, déjà renforcés par de petits apports des lignées supérieures rouges et andoniques, devaient bientôt bénéficier d'un afflux considérable de sang andite. Les Chinois du sud ne furent pas aussi favorisés sous ce rapport. Ils avaient longtemps souffert d'avoir absorbé trop d'éléments de la race verte, et ils allaient encore être affaiblis plus tard par l'infiltration de nuées de peuplades inférieures chassées des Indes par l'invasion dravidienne-andite. Il y a aujourd'hui en Chine une différence marquée entre les races du nord et celles du sud.
2. Facteur social. La race jaune apprit de bonne heure la valeur de la paix entre compatriotes. Son caractère pacifique lui permit d'accroître sa population au point de répandre sa civilisation parmi des millions d'individus. Entre l'an 25.000 et l'an 5.000 avant J.-C., la masse d'hommes la plus hautement civilisée d'Urantia se trouvait dans le centre et le nord de la Chine. Les hommes jaunes furent les premiers a réaliser une solidarité raciale les premiers à atteindre une civilisation culturelle, sociale, et politique sur une grande échelle.
Les Chinois de l'an 15.000 avant J.-C., étaient agressivement militaristes; ils n'avaient pas été affaiblis par un excès de respect pour le passé; ils formaient un corps compact d'une douzaine de millions d'hommes parlant tous la même langue. Durant cet âge, ils bâtirent une véritable nation, bien plus unie et plus homogène que leurs unions politiques des temps historiques.
3. Facteur spirituel. Durant l'ère des migrations andites, les Chinois comptaient parmi les peuples les plus spiritualistes de la terre. Leur longue adhésion au culte de la Vérité Unique proclamée par Singlangton les maintenait à l'avant-garde de la plupart des autres races. Le stimulant d'une religion progressive et avancée est souvent un facteur décisif du développement culturel. Tandis que l'Inde languissait, la Chine allait de l'avant sous le tonique vivifiant d'une religion dans laquelle la vérité était enchâssée comme Déité suprême.
L'adoration de la vérité provoquait des enquêtes et faisait explorer avec intrépidité les lois de la nature et les potentiels de l'humanité. Il y a six mille ans encore, les Chinois étudiaient toujours avec ardeur et poursuivaient avec dynamisme leur recherche de la vérité.
4. Facteur géographique. La Chine est protégée du sud à l'ouest par des montages et à l'est par l'Océan Pacifique. C'est seulement au nord qu'elle est ouverte aux attaques; or, depuis l'époque des hommes rouges jusqu'à l'arrivée des descendants ultérieurs des Andites, le nord de la Chine ne fut jamais occupé par une race agressive.
Sans les barrières montagneuses et le déclin ultérieur de sa culture spirituelle, la race jaune aurait indubitablement attiré à elle la majeure partie des Andites émigrant du Turkestan et aurait incontestablement dominé rapidement la civilisation du monde.
7. -- LES ANDITES PÉNÈTRENT EN CHINE
Il y a environ quinze mille ans, les Andites franchirent en nombre considérable le col de Ti Tao et se répandirent dans la vallée supérieure du Fleuve Jaune parmi les peuplades chinoises du Kaons. Bientôt ils pénétrèrent à l'est dans le Honan ou se trouvaient les colonies les plus progressives. Cette infiltration venant de l'ouest était mi-andonite et mi-andite.
Les centres septentrionaux de culture le long du Fleuve Jaune avaient toujours évolué plus vite que les centres méridionaux du Yang-Tsé. En quelques milliers d'années après l'arrivée de ces hommes supérieurs, même peu nombreux, les colonies du Fleuve Jaune avaient distancé les villages du Yang-Tsé. Par rapport à leurs frères du sud, elles avaient atteint une position culturelle avancée qu'elles ont toujours conservée depuis lors.
Les Andites étaient en nombre relativement restreint et leur culture n'était pas tellement supérieure, mais l'amalgamation avec eux produisit une race aux talents plus variés. Les Chinois du nord reçurent juste assez de sang andite pour stimuler modérément leur mentalité naturellement douée, mais pas assez pour enflammer la curiosité exploratrice fébrile si caractéristique des races blanches nordiques. Cet influx d'hérédité andite apportait moins de troubles à la stabilité innée du type Sangik.
Les flots ultérieurs d'Andites amenèrent avec eux certains progrès culturels de Mésopotamie; ceci est spécialement vrai pour les dernières vagues d'émigration venant de l'ouest. Elles améliorèrent grandement les pratiques économiques et éducatives des Chinois du nord. Leur influence sur la culture religieuse de la race jaune fut éphémère, mais leurs descendants contribuèrent beaucoup à un éveil spirituel ultérieur. Toutefois, les traditions andites de la beauté d'Éden et de Dalamatia influencèrent les traditions chinoises; les légendes chinoises primitives situent « le pays des dieux » à l'occident.
Le peuple chinois ne commença à bâtir des villes et à se lancer dans l'industrie que vers l'an 10.000 avant J.-C., à la suite de changements climatiques dans le Turkestan et de l'arrivée des derniers immigrants andites. L'infusion de ce sang nouveau n'eut pas tant pour effet d'ajouter beaucoup à civilisation des hommes jaunes que de stimuler un nouveau et rapide développement des tendances latentes des lignées chinoises supérieures. Depuis le Honan jusqu'au Shansi, les potentiels d'une civilisation avancée arrivaient à se manifester. Le travail des métaux et tous les arts et métiers datent de cette époque.
Les similitudes entre certaines méthodes des Chinois et des Mésopotamiens primitifs, pour le calcul du temps, l'astronomie, et l'administration gouvernementale étaient dues aux relations commerciales entre ces deux centres fort éloignés. Même au temps des Sumériens, les marchands chinois voyageaient par les routes terrestres traversant le Turkestan pour aller jusqu'en Mésopotamie. Ces échanges ne furent pas unilatéraux -- la vallée de l'Euphrate en bénéficia considérablement ainsi que les peuples de la plaine du Gange. Les changements de climat et les invasions des nomades au troisième millénaire avant J.-C., réduisirent considérablement le volume du commerce passant par les pistes des caravanes de l'Asie centrale.
8. -- LA SUITE DE LA CIVILISATION CHINOISE
Alors que les hommes rouges souffrirent d'avoir trop fait la guerre, il n'est pas entièrement faux de dire que le développement structurel de l'État parmi les Chinois fut retardé par l'intégralité de leur conquête de l'Asie. Ils avaient un grand potentiel de solidarité raciale qui ne réussit pas à s'extérioriser, parce qu'il lui manquait le stimulant continu que représente le danger toujours présent d'une agression venant de l'extérieur.
Avec l'achèvement de la conquête de l'Asie orientale, l'ancien État militaire se désintégra progressivement -- les guerres du passé furent oubliées. De la bataille épique contre la race rouge, il ne persista que les vagues traditions d'une ancienne lutte contre le peuple des archers. Les Chinois s'orientèrent de bonne heure vers l'agriculture, ce qui accrut leurs tendances pacifiques; en même temps, la densité de la population était très inférieure à la normale pour une contrée agricole, ce qui contribua à la vie de plus en plus paisible du pays.
La conscience des accomplissements passés (quelque peu diminuée dans le présent), le conservatisme d'un peuple dans son immense majorité agricole, et une vie de famille bien développée donnèrent naissance à la vénération des ancêtres, qui culmina dans l'habitude d'honorer les hommes du passé au point de friser l'adoration. Un comportement très similaire prévalut parmi les races blanches d'Europe. Un comportement très similaire prévalut parmi les races blanches d'Europe pendant cinq cents ans environ après la dislocation de la civilisation gréco-romaine.
La croyance et le culte le la « Vérité Unique » telle que l'avait enseignée Singlangton ne disparurent jamais complètement; mais, avec l'écoulement du temps, la recherche des vérités nouvelles et supérieures fut dominée par une tendance croissante à vénérer l'état de choses établi. Le génie de la race jaune se détourna lentement de la recherche de l'inconnu vers la préservation du connu. Telle est la raison pour laquelle la civilisation qui avait progressé la plus rapidement dans le monde resta stagnante.
Entre l'an 4.000 et l'an 500 avant J.-C., la réunification politique de la race jaune fut consommée; l'union culturelle des centres du Yang-Tsé et du Fleuve Jaune avait déjà été effectuée auparavant. La réunification politique des groupes tribaux n'alla pas sans conflits, mais les tendances belliqueuses de la société restèrent faibles. Le culte des ancêtres, la croissance des dialectes, et l'absence d'enrôlement pour des actions militaires pendant des milliers et des milliers d'années avaient rendu ce peuple ultra-pacifique.
Bien que la race jaune ait failli à ses promesses de développer rapidement un État moderne, elle avança progressivement dans la réalisation des arts de la civilisation, spécialement dans les domaines de l'agriculture et de l'horticulture. Les problèmes hydrauliques confrontant les paysans dans le Shansi et le Honan exigeaient une coopération collective pour être résolus. Les difficultés de l'irrigation et de la conservation du sol contribuèrent largement à développer l'interdépendance, avec la promotion correspondante de la paix parmi les groupes de fermiers.
Les développements de l'écriture ainsi que la mise en place d'écoles contribuèrent bientôt à diffuser les connaissances à une échelle jusqu'alors inégalée. Mais la nature encombrante du système d'écriture idéographique limita le nombre des classes instruites, bien que l'imprimerie fût apparue de bonne heure. Par-dessus tout, le processus de nivellement social et de développement du dogmatisme religio-philosophique se poursuivit à grands pas. Le développement religieux de la vénération des ancêtres se compliqua d'un flot de superstitions impliquant l'adoration de la nature, mais les vestiges d'un véritable concept de Dieu restèrent préservés dans le culte impérial du Shang-Ti.
La grande faiblesse de la vénération des ancêtres vient de ce quelle encourage une philosophie tournée vers le passé. Si avisé qu'il puisse être de glaner de la sagesse dans le passé, c'est une folie de le regarder comme la source exclusive de vérité. La vérité est relative et s'amplifie; elle vit toujours dans le présent, réalisant de nouvelles expressions dans chaque génération d'hommes et même dans chaque vie humaine.
La grande force de la vénération des ancêtres est la valeur que ce comportement attribue à la famille. La stabilité et la persistance étonnantes de la culture chinoise sont une conséquence du rôle majeur accordé à la famille, car la civilisation dépend directement du fonctionnement efficace de la famille. En Chine, la famille atteignit une importance sociale, et même une signification religieuse, que peu d'autres peuples approchèrent.
La dévotion finale et la loyauté familiale exigées par le culte croissant de l'adoration des ancêtres assura l'établissement de relations familiales supérieures et de groupes familiaux durables, qui développèrent ces facteurs suivants préservateurs de la civilisation:
| 1. La conservation des biens et de la richesse. | |
| 2. La mise en commun de l'expérience de plusieurs générations. | |
| 3. L'éducation efficace des enfants dans les arts et sciences du passé. | |
| 4. Un fort sens du devoir, l'élévation de la moralité, et l'accroissement de la sensibilité éthique. |
La période formative de la civilisation chinoise, débutant par l'arrivée des Andites, s'étend jusqu'au grand réveil éthique, moral, et semi-religieux du sixième siècle avant le Christ. La tradition chinoise conserve vaguement l'histoire du passé évolutionnaire. La transition de la famille matriarcale à la famille patriarcale, le développement de l'architecture, l'avènement de l'industrie -- tout cela est successivement raconté. Plus que tout autre compte-rendu similaire, cette histoire présente l'image de la magnifique ascension d'un peuple supérieur à partir du niveau de la barbarie. Durant ce temps, les Chinois passèrent d'une société agricole primitive à une organisation sociale supérieure englobant l'urbanisation, l'industrie, le travail des métaux, des échanges commerciaux, un gouvernement, l'écriture, les mathématiques, les arts, les sciences, et l'imprimerie.
C'est ainsi que l'ancienne civilisation de la race jaune a persisté à travers les siècles. Il y a presque quarante mille ans que les premiers progrès importants furent accomplis dans la culture chinoise. Bien qu'il ait eu de nombreuses récessions, la civilisation des fils de Han est celle qui est le plus près de présenter une image ininterrompue de progrès continu jusqu'à l'époque du XXe siècle de l'ère chrétienne. Les races blanches ont eu un développement mécanique et religieux d'ordre élevé, mais elles n'ont jamais dépassé les Chinois en loyauté familiale en éthique collective, ni en moralité personnelle.
Cette ancienne culture a beaucoup contribué au bonheur des hommes. Des millions d'êtres humains ont vécu et sont morts, bénis par ses accomplissements. Pendant des siècles cette grande civilisation a reposé sur les lauriers du passé, mais aujourd'hui elle se réveille pour envisager à nouveau les buts transcendants de l'existence humaine et reprendre à nouveau la lutte continue pour un progrès sans fin.
[Présenté par un Archange de Nébadon.]



