3. L'HISTOIRE D'URANTIA
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ADAM ET ÈVE
ADAM et Ève arrivèrent sur Urantia 37 848 ans avant l'an 1934 de l'ère chrétienne, au milieu de la belle saison, au moment où le Jardin était à l'apogée de sa floraison. A midi, et sans être annoncés, les deux convois séraphiques, accompagnés du personnel de Jérusem chargé du transport sur Urantia des élévateurs biologiques, atterrirent lentement sur la surface de la planète en rotation, à proximité du temple du Père Universel. Tout le travail de rematérialisation des corps d'Adam et d'Ève fut exécuté dans l'enceinte de ce mausolée récemment créé. Après leur arrivée, il s'écoula dix jours avant qu'ils fussent recréés sous leur forme humaine pour être présentés au monde comme ses nouveaux chefs. Ils reprirent conscience simultanément. Les Fils et Filles Matériels servent toujours ensemble. En tous temps et en tous lieux, l'essence de leur service est de n'être jamais séparés. Ils sont destinés à travailler par couples, et il est rare qu'ils agissent séparément.
1. -- ADAM ET ÈVE SUR JÉRUSEM
L'Adam et l'Ève planétaires d'Urantia étaient membres du plus ancien corps de Fils Matériels sur Jérusem, où ils étaient inscrits conjointement sous le numéro 14 311. Ils appartenaient à la troisième série physique, et leur taille était de deux mètres cinquante.
À l'époque ou Adam fut choisi pour aller sur Urantia, il était employé avec sa compagne dans les laboratoires d'essais et d'épreuves physique de Jérusem. Pendant plus de quinze mille ans ils avaient dirigés le département d'énergie expérimentale appliquée à la modification des formes vivantes. Longtemps auparavant, ils avaient été instructeurs dans les écoles de citoyenneté, pour les nouveaux arrivants sur Jérusem. Tout ceci doit être gardé présent à la mémoire en connexion avec le récit de la conduite du couple sur Urantia.
Lorsque fut émise la proclamation appelant des volontaires pour la mission d'aventure adamique sur Urantia, tous les Fils et Filles du corps doyen des Fils Matériels se portèrent candidats. Les examinateurs Melchizédeks, avec l'approbation de Lanaforge et des Très Hauts d'Édentia, choisirent finalement l'Adam et l'Ève qui vinrent ultérieurement faire fonction d'élévateurs biologiques sur Urantia.
Adam et Ève étaient restés fidèles à Micaël pendant la rébellion de Lucifer. Le couple fut néanmoins appelé devant le Souverain du Système et tout son cabinet pour être examiné et recevoir des instructions. Les affaires d'Urantia leur furent exposées complètement en détail. On leur expliqua à fond les plans qu'ils devaient suivre en acceptant la responsabilité de régir un monde aussi déchiré par des luttes. Ils prêtèrent conjointement serment de fidélité aux Très Hauts d'Édentia et à Micaël de Salvington. Ils furent dûment avisés de se considérer comme soumis au comité urantien des syndics Melchizédeks jusqu'à ce que ce corps gouvernemental juge bon d'abandonner la direction de la planète dont il avait la charge.
Adam et Ève laissèrent derrière eux, sur la capitale de Satania et ailleurs, cent descendants -- cinquante fils et cinquante filles -- créatures magnifiques qui avaient échappé aux embûches de la progression et étaient tous en place comme fidèles serviteurs de confiance de l'univers à l'époque où leurs parents partirent pour Urantia. Ils étaient tous présents dans le superbe temple des Fils Matériels pour assister aux célébrations d'adieux associées aux dernières cérémonies d'acceptation de l'effusion. Les enfants accompagnèrent leurs parents au siège de dématérialisation de leur ordre; ils furent les derniers à leur souhaiter bon voyage et prospérité divine, tandis que le couple sombrait dans la perte de conscience de la personnalité préalable à la préparation au transport séraphique. Les enfants passèrent quelque temps au rendez-vous de famille en se réjouissant de ce que leurs parents dussent bientôt devenir les dirigeants visibles, et en réalité les seuls chefs de la planète 606 du système de Satania.
C'est ainsi qu'Adam et Ève quittèrent Jérusem au milieu des acclamations et des bons voeux de ses citoyens. Ils partirent vers leurs nouvelles responsabilités, bien équipés et pleinement instruits de tous leurs devoirs et de tous les dangers qu'ils rencontreraient sur Urantia.
2. -- L'ARRIVÉE D'ADAM ET D'ÈVE
Adam et Ève s'endormirent sur Jérusem, et lorsqu'ils se réveillèrent sur Urantia, dans le temple du Père en présence de la grande foule assemblée pour les accueillir, ils se trouvèrent en face de deux êtres dont ils avaient beaucoup entendu parler, Van et son fidèle associé Amadon. Ces deux héros de la sécession de Caligastia furent les premiers à leur souhaiter la bienvenue dans leur nouveau foyer-jardin.
La langue d'Éden était un dialecte andonique tel que le parlait Amadon. Van et Amadon avaient notablement amélioré ce langage en créant un nouvel alphabet de vingt-quatre lettres; ils espéraient le voir devenir la langue d'Urantia à mesure que la culture édénique se répandrait dans le monde. Adam et Ève avaient acquis la pleine maîtrise de ce dialecte avant leur départ de Jérusem, de sorte que le fils andonite entendit le chef supérieur de son monde lui parler dans sa propre langue.
Ce jour-là, il eut grande excitation et joie dans tout le Jardin d'Éden, tandis que les coureurs se précipitaient au rendez-vous des pigeons voyageurs assemblés de près et de loin et criaient: « Lâchez les pigeons; qu'ils portent la nouvelle que le Fils promis est venu ». Année après année, des groupes de croyants avaient fidèlement entretenu le nombre voulu de pigeons élevés à leurs foyers précisément pour cette occasion.
Tandis que la nouvelle de l'arrivée d'Adam se répandait au loin, des milliers de membres des tribus voisines acceptèrent les enseignements de Van et d'Amadon, et pendant bien des mois des pèlerins continuèrent à affluer dans Éden pour saluer Adam et Ève et rendre hommage à leur Père invisible.
Peu après leur réveil, Adam et Ève furent escortés à la réception officielle sur le grand tertre situé au nord du temple. Cette colline naturelle avait été agrandie et aménagée pour l'installation des nouveaux dirigeants du monde. C'est là qu'à midi le comité de réception d'Urantia souhaita la bienvenue à ce Fils et à cette Fille du système de Satania. Amadon présidait ce comité qui était composé de douze membres: un représentant de chacune des six races Sangik; le chef adjoint des médians; Annan, une fille loyale porte-parole des Nodites; Noé, fils de l'architecte constructeur du Jardin et exécuteur des plans de son père décédé; et les deux Porteurs de Vie résidant sur Urantia.
L'acte suivant fut la remise de la responsabilité de la garde de la planète à Adam et Ève par le doyen Melchizédek, chef du conseil des syndics d'Urantia. Le Fils et la Fille Matériels prêtèrent serment de fidélité aux Très Hauts de Norlatiadek et à Micaël de Nébadon. Ils furent proclamés souverains d'Urantia par Van, qui abandonnait ainsi l'autorité nominale qu'il avait détenue pendant plus de cent cinquante mille ans en vertu d'une décision des syndics Melchizédeks.
Adam et Ève furent revêtus de robes royales à cette occasion, le moment de leur installation officielle dans la souveraineté du monde. Les arts de Dalamatia n'avaient pas tous été perdus sur la planète; le tissage était encore pratiqué au temps d'Éden.
On entendit alors la proclamation des archanges et la voix télédiffusée de Gabriel ordonnant le second appel nominal de jugement pour Urantia et la résurrection des survivants endormis de la seconde dispensation de grâce et de miséricorde sur la 606 de Satania. La dispensation du Prince avait passé; l'âge d'Adam, la troisième époque planétaire, s'ouvrait au milieu de scènes grandioses et simples; et les nouveaux souverains inauguraient leur règne dans des conditions apparemment favorables, malgré le désordre général provoqué par l'absence de coopération de leur prédécesseur en autorité sur la planète.
3. -- ADAM ET ÈVE FONT CONNAISSANCE AVEC LA PLANÈTE
Maintenant, après leur installation officielle, Adam et Ève devinrent douloureusement conscients de leur isolement planétaire. Silencieuses étaient les télédiffusions familières, et absents tous les circuits de communications extra-planétaires. Leurs compagnons de Jérusem étaient allés sur des planètes où tout se passait normalement, avec un Prince Planétaire bien établi et un état-major expérimenté prêt à les recevoir et à coopérer avec eux durant leurs expériences initiales sur ces mondes. Mais sur Urantia la rébellion avait tout changé. Le Prince Planétaire y était bien présent. Quoiqu'il eût été privé de la majeure partie de son pouvoir de faire du mal, il restait capable de rendre difficile et quelque peu hasardeuse la tâche d'Adam et d'Ève. Ce soir-là, tandis qu'ils se promenaient dans le Jardin, sous l'éclat de la pleine lune, en discutant de leurs plans pour le lendemain, le Fils et la Fille de Jérusem étaient graves et désillusionnés.
C'est ainsi que se termina le premier jour d'Adam et d'Ève sur Urantia, la planète isolée et troublée de la trahison de Caligastia. Ils marchèrent et parlèrent tard dans la nuit, leur première nuit sur terre -- et ils se sentirent très seuls.
Le deuxième jour d'Adam sur terre se passa en session avec les Syndics planétaires et le conseil consultatif. Les Melchizédeks et leurs associés en apprirent davantage à Adam et Ève sur les détails de la rébellion de Caligastia et l'effet de ce soulèvement sur le progrès du monde. Dans l'ensemble, ce long récit de la mauvaise gestion des affaires de la planète était une histoire décourageante. Adam et Ève apprirent tous les faits concernant l'effondrement complet du plan de Caligastia pour accélérer le processus de l'évolution sociale. Ils parvinrent aussi à comprendre clairement et entièrement la folie de toute tentative pour obtenir une civilisation planétaire avancée indépendamment du plan divin de progression. C'est ainsi que se termina une journée triste mais bien instructive -- leur second jour sur Urantia.
Le troisième jour fut consacré à une inspection du Jardin. Installés sur les grands oiseaux transporteurs -- les fandors -- Adam et Ève contemplèrent de haut les vastes étendues du Jardin tandis qu'ils étaient transportés dans les airs au-dessus du plus magnifique paysage de la terre. Ce jour d'inspection se termina par un énorme banquet en l'honneur de tous ceux qui avaient travaillé à créer ce jardin d'une beauté et d'une splendeur édéniques. A nouveau, jusque tard dans la soirée de leur troisième jour, le Fils et sa compagne se promenèrent dans le Jardin et parlèrent de l'immensité de leurs problèmes.
Le quatrième jour, Adam et Ève firent un discours à l,assemblée du Jardin. Du haut du tertre inaugural, ils parlèrent au peuple de leurs plans pour réhabiliter le monde et esquissèrent les méthodes par lesquelles ils chercheraient à relever la culture sociale d'Urantia des bas niveaux auxquels elle était tombée par suite du péché et de la rébellion. Ce fut un grand jour; il se termina par un banquet pour le conseil d'hommes et de femmes qui avaient été sélectionnés pour prendre des responsabilités dans la nouvelle administration des affaires du monde. Prenez note! Il y avait dans ce groupe des femmes aussi bien que des hommes, et c'était la première fois qu'un tel événement se produisait sur terre depuis l'époque de Dalamatia. Ce fut une innovation abasourdissante de voir Ève, une femme, partager avec un homme les honneurs et les responsabilités des affaires du monde. C'est ainsi que se termina leur quatrième journée sur terre.
Le cinquième jour fut occupé à organiser le gouvernement temporaire, l'administration qui devait fonctionner jusqu'au moment où les syndics Melchizédek quitteraient Urantia.
Le sixième jour fut consacré à inspecter de nombreux types d'hommes et d'animaux. Le long des murs orientaux d'Éden, Adam et Ève furent escortés toute la journée, observant la vie animale de la planète et arrivant à mieux comprendre ce qu'il fallait faire pour établir de l'ordre dans la confusion d'un monde habité par une telle variété de créatures vivantes.
Les personnes qui accompagnèrent Adam et Ève dans ce déplacement furent grandement surprises de constater combien Adam comprenait pleinement la nature et la fonction des milliers et des milliers d'animaux qu'on lui montrait. Dès qu'il avait jeté un coup d'oeil sur un animal, il indiquait sa nature et son comportement. Adam pouvait donner à toutes les créatures matérielles qu'il voyait des noms décrivant leur origine, leur nature, et leur fonction. Ceux qui le conduisaient dans sa tournée d'inspection ne savaient pas que le nouveau chef du monde était un des anatomistes les plus experts de Satania. Ève était tout aussi savante. Adam stupéfia ses associés en leur décrivant une foule de créatures vivantes trop petites pour être aperçues à l'oeil nu.
Lorsque le sixième jour de leur séjour sur terre fut écoulé, Adam et Ève se reposèrent pour la première fois dans leur nouveau foyer « à l'orient d'Éden ». Les six premières journées de l'aventure d'Urantia avaient été très remplies, et le couple escomptait avec grand plaisir une journée entière dégagée de toute activité.
Mais les circonstances en décidèrent autrement. L'expérience de la veille où Adam avait analysé avec tant d'intelligence et de profondeur la vie animale d'Urantia, son magistral discours inaugural, et ses charmantes manières avaient gagné le coeur et subjugué la pensée des habitants du Jardin. Non seulement ils étaient disposés à accepter pour chefs le Fils et la Fille nouvellement arrivés de Jérusem, mais en majorité ils étaient presque prêts à tomber à genoux et à les adorer comme des dieux.
4. -- LA PREMIÈRE COMMOTION
Cette nuit-là, celle qui suivit le sixième jour, il se passa des choses étranges à proximité du temple du Père dans le secteur central d'Éden. Sous la douce lumière de la lune, des centaines d'hommes et de femmes enthousiastes et surexcités écoutèrent pendant des heures les arguments passionnés de leurs chefs. Ils avaient de bonnes intentions, mais ne pouvaient absolument pas comprendre la simplicité des manières fraternelles et démocratiques de leurs nouveaux souverains. Longtemps avant l'aurore, les nouveaux administrateurs temporaires des affaires du monde arrivèrent à la conclusion quasi-unanime qu'Adam et sa compagne étaient beaucoup trop modestes et effacés. Ils décidèrent que la Divinité était descendue sur terre sous forme corporelle, et qu'Adam et Ève étaient en réalité des dieux, ou si proches de l'être qu'ils étaient dignes d'un culte respectueux.
Les événements stupéfiants des six premiers jours d'Adam et d'Ève sur terre dépassaient complètement l'entendement des penseurs mal préparés d'Urantia, même des meilleurs. Leurs pensées tourbillonnaient. Ils furent entraînés par la proposition d'amener le noble couple au temple du Père à midi afin que tous les assistants puissent s'incliner en adoration respectueuse et se prosterner en humble soumission. Les habitants du Jardin étaient réellement sincères dans toute leur conduite.
Van protesta. Amadon était absent, ayant la charge de la garde d'honneur qui avait veillé toute la nuit auprès d'Adam et d'Ève. Mais la protestation de Van fut balayée. On lui dit que lui aussi était trop modeste, trop effacé, et qu'il n'était pas loin d'être un dieu lui-même; autrement, comment aurait-il pu vivre si longtemps sur terre et amener un événement aussi considérable que la venue d'Adam? Les Édénites surexcités étaient sur le point de le saisir et de le transporter sur le haut du tertre pour l'adorer lorsque Van réussit à frayer son chemin hors de la foule. Sachant communiquer avec les médians, il envoya en toute hâte leur chef à Adam.
L'aurore du septième jour d'Adam et d'Ève sur terre approchait lorsqu'ils entendirent la saisissante nouvelle de la proposition de ces mortels bien intentionnés mais dépourvus de jugement. Alors, tandis que les oiseaux transporteurs battaient rapidement des ailes pour amener les adorateurs au temple du Père, les médians (qui sont capables de faire de telles choses) y transportèrent aussi Adam et Ève. Aux premières heures du matin du septième jour, et du haut du tertre où il avait si récemment été reçu, Adam fit un discours pour expliquer les ordres de filiation divine et fit comprendre à ces penseurs terrestres que seuls le Père et ceux qu'il désigne peuvent faire l'objet d'un culte. Adam précisa qu'il accepterait tous les honneurs et recevrait toutes les marques de respect, mais refuserait toujours d'être adoré.
Ce fut un jour mémorable. Juste avant midi, à peu près au moment où arrivait le messager séraphique apportant de Jérusem le constat d'installation des souverains planétaires, Adam et Ève s'écartèrent de la foule, montrèrent du doigt le temple du Père, et dirent: « Allez maintenant vers l'emblème matériel de la présence invisible du Père, et inclinez-vous en adorant celui qui nous a tous créés et qui nous maintient en vie. Que cet acte soit la promesse sincère que vous ne serez plus jamais tentés de rendre un culte à d'autres qu'à Dieu ». Ils firent tous ce qu'Adam leur avait commandé. Le Fils et la Fille Matériels se tenaient seuls sur le tertre avec la tête inclinée, tandis que le peuple se prosternait autour du temple.
Telle fut l'origine de la tradition du jour du sabbat. Dans Éden, le septième jour fut toujours consacré à l'assemblée de midi au temple; la coutume persista longtemps de consacrer le reste de la journée à la culture de soi. La matinée était consacrée aux améliorations physiques, l'heure de midi au culte spirituel, l'après-midi à la culture mentale, tandis que le soir se pas sait en réjouissances sociales. Ce ne fut jamais une loi dans Éden, mais cela resta la coutume tant que l'administration adamique conserva son pouvoir sur terre.
5. -- L'ADMINISTRATION D'ADAM
Pendant près de sept ans après l'arrivée d'Adam, les syndics Melchizédeks restèrent à leur poste, mais le moment finit par arriver où ils transmirent l'administration des affaires du monde à Adam et retournèrent à Jérusem.
Les adieux des syndics occupèrent toute une journée; au cours de la soirée, les Melchizédeks donnèrent individuellement leurs derniers conseils à Adam et Ève et leur offrirent leurs meilleurs voeux. Adam avait plusieurs fois demandé à ses conseillers de rester, mais ses requêtes avaient toujours été rejetées. Le moment était venu où les Fils Matériels devaient assumer la pleine responsabilité de la conduite des affaires du monde. Donc, à minuit, les transports séraphiques de Satania quittèrent la planète avec quatorze êtres à destination de Jérusem, car le transfert de Van et d'Amadon eut lieu en même temps que le départ des douze Melchizédeks.
Tout alla bien pendant un certain temps sur Urantia, et il apparut qu'Adam finirait par mettre sur pied un plan pour promouvoir l'expansion graduelle de la civilisation édénique. Conformément à l'avis des Melchizédeks, il commença par encourager les arts de manufacture avec l'idée de développer les relations commerciales avec le monde extérieur. Quand Éden se désagrégea, il y vivait plus de cent ateliers primitifs en fonctionnement, et des relations commerciales étendues avaient été établies avec les tribus environnantes.
Pendant des âges, Adam et Ève avaient été instruits dans la technique d'amélioration d'un monde pour être prêts à apporter leur contribution spécialisée à l'avancement de la civilisation évolutionnaire. Maintenant ils se trouvaient en face de problèmes urgents tels que l'établissement de la loi et de l'ordre dans un monde de sauvages, de barbares, et d'êtres humains à demi civilisés. À part l'élite de la population terrestre rassemblée dans le Jardin, seuls de rares groupes, çà et là, semblaient quelque peu susceptibles de recevoir la culture adamique.
Adam fit un effort héroïque et résolu pour établir un gouvernement mondial, mais il rencontra une résistance obstinée à tous les tournants. Adam avaient déjà mis en oeuvre dans tout Éden un système de contrôle collectif et avait fédéré tous les groupes en une ligue édénique. Mais des troubles, des troubles graves, eurent lieu quand il sortit du Jardin et chercha à appliquer ces idées aux tribus extérieures. Dès qu'Adam et ses associés cherchèrent à travailler hors du Jardin, ils se heurtèrent à la résistance directe et bien organisée de Caligastia et de Daligastia. Le Prince déchu avait été déposé comme souverain du monde, mais n'avait pas été retiré de la planète. Il était toujours présent sur terre et capable, au moins dans une certaine mesure, de résister à tous les plans d'Adam pour réhabiliter la société humaine. Adam essaya de mettre les races en garde contre Caligastia, mais sa tâche fut rendue très difficile parce que son ennemi majeur était invisible aux yeux des mortels.
Même parmi les Édénites, on trouvait des mentalités confuses qui penchaient vers l'enseignement de Caligastia sur la liberté personnelle effrénée; elles causèrent à Adam des difficultés sans fin en démolissant toujours les plans les mieux préparés pour une progression ordonnée et un développement substantiel. Adam fut finalement obligé de renoncer à son programme de construction sociale immédiate et revint à la méthode d'organisation de Van; il divisa les Édénites en compagnies de cent, avec un capitaine pour chacune et des lieutenants responsables pour chaque groupe de dix.
Adam et Ève étaient venus pour instituer un gouvernement représentatif à la place d'un gouvernement monarchique, mais sur toute la surface de la terre ils ne trouvèrent nul gouvernement digne de ce nom. Pour l'instant, Adam abandonna tout effort pour établir un gouvernement représentatif. Avant l'effondrement du régime édénique, il réussit à établir une centaine de centres commerciaux et sociaux où de fortes personnalités commandaient en son nom. La plupart de ces centres avaient été organisés d'avance par Van et Amadon.
L'envoi d'ambassadeurs d'une tribu à une autre date du temps d'Adam. Ce fut un grand pas en avant dans l'évolution du gouvernement.
6. -- LA VIE FAMILIAL, D'ADAM ET D'ÈVE
Le terrain du foyer d'Adam couvrait treize cents hectares. Aux alentours immédiats de ce domicile, des dispositions avaient été prises pour pouvoir loger plus de trois cent mille de ses descendants de pur sang, mais on ne construisit jamais que la première unité des bâtiments projetés . Avant que la famille adamique eût grandi au delà de cette réserve initiale, tout le plan édénique avait été bouleversé et le Jardin évacué.
Adamson fut le premier-né de la race violette sur Urantia, suivi d'une soeur puis d'Eveson, le second fils d'Adam et d'Ève. Avant le départ des Melchizédeks, Ève était mère de cinq enfants, trois fils et deux filles. Les deux suivants furent des jumeaux. Avant sa faute, elle avait mis au monde soixante-trois enfants, trente-deux fils et trente et une filles. Lorsqu'Adam et Ève quittèrent le Jardin, leur famille comportait quatre générations comptant 1.647 descendants directs de sang pur. Après leur départ du Jardin, ils eurent encore quarante-deux enfants sans compter les deux descendants de parents conjointe avec une souche mortelle d'Urantia. Ces chiffres ne comprennent pas la descendance qu'Adam engendra chez les Nodites et les races évolutionnaires.
Quand les enfants adamiques cessaient de se nourrir au sein de leur mère à l'âge d'un an, ils ne buvaient pas de lait d'animaux. Ève pouvait se procurer le lait d'une grande variété de noix et le jus de nombreux fruits; connaissant parfaitement la chimie et l'énergie de ces aliments, elle les combinait pour nourrir ses enfants jusqu'à l'apparition de leurs dents.
La cuisson était universellement employée en dehors du secteur adamique proprement dit d'Éden, mais on ne cuisait rien au foyer d'Adam. Les membres de sa famille trouvaient leur nourriture -- des fruits, des noix, et des céréales -- toute prête à mesure qu'elle mûrissait. Ils mangeaient une fois par jour, un peu après midi. Adam et Ève absorbaient aussi « de la lumière et de l'énergie » directement à partir de certaines énergies spatiales en conjonction avec le soutien de l'arbre de vie.
Le corps d'Adam et d'Ève émettait une lumière diffuse, mais ils s'habillaient toujours conformément aux coutumes de leurs associés. Ils étaient très légèrement vêtus dans la journée, mais s'enveloppaient le soir dans des couvertures. L'origine du halo traditionnel autour de la tête des gens supposés pieux et saints date du temps d'Adam et d'Ève. Les émanations lumineuses de leur corps étant presque totalement arrêtées par leurs vêtements, seule la lueur émanant de leurs têtes était perceptible. Les descendants d'Adamson décrivirent toujours de la sorte leur concept des individus dont le développement spirituel était supposé extraordinaire.
Adam et Ève pouvaient communiquer l'un avec l'autre et avec leurs enfants au premier degré à une distance d'environ quatre-vingts kilomètres. Leur échange de pensées s'effectuait au moyen des délicats alvéoles à gaz situés à proximité étroite de leur structure cervicale. Par ce mécanisme, ils pouvaient envoyer et recevoir des vibrations mentales, mais ce pouvoir fut instantanément suspendu lorsqu'ils abandonnèrent leur pensée à la discorde et à la désagrégation du mal.
Les enfants adamiques fréquentaient leurs propres écoles jusqu'à l'âge de seize ans, et les aînés donnaient des leçons aux cadets. Les petits changeaient d'activité toutes les trente minutes, et les plus grands toutes les heures. Ce fut certainement un spectacle nouveau sur Urantia de voir les enfants d'Adam et d'Ève déployer une activité joyeuse et vivifiante pour le seul plaisir de jouer. Les jeux et l'humour des races modernes proviennent en grande partie de la souche adamique. Tous les Adamites appréciaient beaucoup la musique et avaient un sens aigu de l'humour.
L'âge moyen des fiançailles était de dix-huit ans, et les jeunes gens suivaient alors un cours d'instruction de deux ans pour se préparer à assumer les responsabilités conjugales. À vingt ans, ils avaient le droit de se marier;après le mariage, ils commençaient le travail de leur vie ou une préparation spéciale à cet effet.
Certaines nations crurent plus tard que leurs familles royales descendaient des dieux et leur permirent les mariages entre frère et soeur. Cette pratique date des traditions des descendants d'Adam, qui étaient bien obligés de se marier entre eux. Les cérémonies de mariage de la première et de la seconde génération du Jardin furent toujours présidées par Adam et Ève.
7. -- LA VIE DANS LE JARDIN
À part les quatre années où ils fréquentaient les écoles de l'ouest, les enfants d'Adam vivaient et travaillaient à l'orient d'Éden. Jusqu'à l'âge de seize ans, ils recevaient une éducation intellectuelle conforme aux méthodes des écoles de Jérusem. De seize à vingt ans, ils s'instruisaient dans les écoles d'Urantia, à l'autre extrémité du Jardin, où ils servaient aussi de professeurs pour les classes inférieures.
Le système des écoles occidentales du Jardin avait pour but essentiel la vie sociale. Les récréations matinales étaient consacrées à la pratique de l'horticulture et de l'arboriculture, et celles de l'après-midi à des jeux de compétition. Les soirées étaient employées à des rapports sociaux et à l'entretien d'amitiés personnelles. L'éducation religieuse et sexuelle était considérée comme relevant du foyer, comme le devoir des parents.
L'instruction dans les écoles comprenait des cours concernant:
| 1. La santé et les soins du corps. | |
| 2. La règle d'or, l'étalon des rapports sociaux. | |
| 3. La relation des droits individuels avec les droits collectifs et les obligations envers la communauté. | |
| 4. L'histoire et la culture des diverses races terrestres. | |
| 5. Les méthodes pour améliorer et faire progresser le commerce mondial. | |
| 6. La coordination des conflits entre devoirs et sentiments. | |
| 7. La pratique des jeux, de l'humour, et des substituts pouvant concurrencer les batailles physiques. |
Les écoles, et en fait toutes les activités du Jardin, étaient toujours ouvertes aux visiteurs. Les observateurs non armés étaient largement admis à Éden pour de courtes visites. Pour séjourner dans le Jardin, un Urantien devait être « adopté ». On l'instruisait du plan et du dessein de l'effusion adamique, il notifiait son intention d'adhérer a cette mission, et proclamait ensuite sa fidélité à la règle sociale d'Adam et à la souveraineté spirituelle du Père Universel.
Les lois du Jardin étaient basées sur les anciens codes de Dalamatia et promulguées sous sept titres:
| 1. Les lois de santé et d'hygiène | |
| 2. Les règles sociales du Jardin. | |
| 3. Le code des échanges et du commerce. | |
| 4. Les lois de la bonne foi et de la concurrence. | |
| 5. Les lois de la vie familiale. | |
| 6. Le code civil de la règle d'or. | |
| 7. Les sept commandements de la loi morale suprême. |
La loi morale d'Éden était peu différente des sept commandements de Dalamatia, mais les Adamites enseignaient nombre de raisons supplémentaires pour les justifier. Par exemple au sujet de l'injonction contre le meurtre, la présence intérieure de l'Ajusteur de Pensée était donnée comme un motif additionnel pour ne pas détruire la vie humaine. On enseignait que « quiconque verse le sang de l'homme par l'homme aura son propre sang versé, car Dieu a fait l'homme a son image ».
L'heure d'Éden pour le culte public était midi; le coucher du soleil était l'heure du culte familial. Adam fit de son mieux pour décourager l'emploi de prières toutes faites, enseignant qu'une prière efficace doit être entièrement individuelle, quelle doit représenter le « désir de l'âme »; mais les Édénites continuèrent à employer les prières et les formes traditionnelles transmises depuis l'époque de Dalamatia. Adam s'efforça aussi de substituer des offrandes de fruits du pays aux sacrifices de sang dans les cérémonies religieuses, mais ne fit guère de progrès dans ce sens avant la dislocation du Jardin.
Adam tenta d'expliquer aux races l'égalité des sexes. La manière dont Ève travaillait aux côtés de son mari impressionna profondément tous les habitants du Jardin. Adam leur enseigna nettement que la femme apporte au même titre que l'homme les facteurs de vie qui s'unissent pour former un nouvel être. Auparavant les hommes avaient supposé que toute procréation résidait dans les « reins du père ». Ils avaient considéré la mère comme un simple instrument pour nourrir l'enfant à naître et allaiter ce nouveau-né.
Adam enseigna à ses contemporains tout ce qu'ils pouvaient comprendre, mais comparativement parlant ce n'était pas grand chose. Néanmoins les individus les plus intelligents des races de la terre attendaient impatiemment le moment où ils auraient la permission de se marier avec les enfants supérieurs de la race violette. Quel monde différent Urantia serait devenu si le grand plan pour élever les races avait été mis à exécution! Même à la manière dont les choses se sont passées, le faible apport de sang que les peuples évolutionnaires ont reçu incidemment de la race importée a procuré des gains prodigieux.
C'est ainsi , qu'Adam travailla pour le bien-être et l'élévation du monde de son séjour, mais c'était une tâche bien difficile que de conduire dans la meilleure voie ces peuples mêlés et bâtards.
8. -- LA LÉGENDE DE LA CRÉATION
L'histoire de la création d'Urantia en six jours fut basée sur la tradition qu'Adam et Ève avaient passé,précisément six jours à leur examen initial du Jardin. Cette circonstance apporta une sanction presque sacrée à la période de temps de la semaine, qui avait originellement été introduite par les Dalamatiens. Le fait qu'Adam ait passé six jours à inspecter le Jardin et a formuler des plans préliminaires d'organisation n'était pas préconçu, mais fut élaboré au jour le jour. Le choix du, septième jour pour le culte fut une conséquence accessoire des événements que nous venons de relater.
La légende du monde créé en six jours fut une pensée venue après coup, en fait plus de trente mille ans après l'arrivée d'Adam. Il est possible qu'un passage du récit, l'apparition soudaine du soleil et de la lune, provienne des traditions rappelant que le monde avait jadis émergé soudain d'un nuage dense de poussière cosmique qui avait longtemps obscurci le soleil et la lune.
L'histoire de la création d'Ève à partir d'une côte d'Adam est un résumé confus de l'arrivée d'Adam et de la chirurgie céleste concernant l'échange de substances vivantes associé à la venue de l'état-major corporel du Prince Planétaire plus de 450.000 ans auparavant.
La majorité des peuples du monde a été influencée par la tradition que des formes physiques furent créées pour Adam et Ève lors de leur arrivée sur Urantia. La croyance que l'homme a été créé avec de l'argile fut à peu près universelle dans l'hémisphère oriental; on retrouve cette tradition tout autour du monde depuis les Philippines jusqu'en Afrique. De nombreux groupes ethniques acceptèrent l'histoire de l'homme tiré de l'argile par une forme spéciale de création, alors qu'antérieurement ils croyaient à la création progressive de l'évolution.
En dehors des influences de Dalamatia et d'Éden, l'humanité tendait à croire à l'ascension graduelle de la race humaine. Le fait de l'évolution n'est pas une découverte moderne; les anciens comprenaient le lent caractère évolutionnaire du progrès humain. Les Grecs primitifs en avaient une idée claire, malgré leur proximité de la Mésopotamie. Bien que les diverses races de la terre se fussent déplorablement embrouillées dans leurs notions sur l'évolution, nombre de tribus primitives croyaient et enseignaient qu'elles descendaient de divers animaux. Les peuplades primitives prirent l'habitude de choisir pour « totems » les animaux qu'elles supposaient avoir eus pour ancêtres. Plusieurs tribus indiennes nord-américaines se croyaient issues de castors et de coyotes. Aujourd'hui encore, certaines tribus africaines enseignent qu'elles descendent de l'hyène, une tribu malaise du lémur, un groupe de Nouvelle Guinée du perroquet.
À cause de leur contact immédiat avec les restes de la civilisation des Adamites, les Babyloniens élargirent et embellirent l'histoire de la création de l'homme; ils enseignèrent l'opinion que la race avait une origine aristocratique, ce qui était incompatible même avec la doctrine de la création à partir de l'argile.
Le récit de la création dans l'Ancien Testament date de longtemps après l'époque de Moïse, qui n'enseigna jamais aux Hébreux une histoire aussi déformée. En fait, il avait présenté aux Israélites un récit simple et condensé de la création, espérant par là donner du poids à son appel à l'adoration du Créateur, le Père Universel qu'il nommait le Seigneur Dieu d'Israël.
Dans ses premiers enseignements, Moïse évita fort sagement de remonter jusqu'à l'époque d'Adam, et puisque Moïse était instructeur suprême des Hébreux, les histoires d'Adam furent intimement reliées à celles de la création. Les traditions plus anciennes reconnaissaient une civilisation pré-adamique; cela ressort clairement du fait, que les éditeurs ultérieurs de la Genèse, qui avaient l'intention d'éliminer toute référence aux affaires humaines antérieures à Adam, négligèrent de faire disparaître la référence révélatrice de l'émigration de Caïn dans la « terre de Nod (1) » où il prit femme.
Pendant longtemps après leur installation en Palestine, les Hébreux n'eurent pas de langage écrit d'emploi général. Ils apprirent l'usage de l'alphabet par leurs voisins les Philistins, qui étaient des réfugiés politiques de la civilisation supérieure de Crète. Les Hébreux écrivirent peu jusqu'à l'an 900 avant J.-C. Faute de langage écrit avant cette date tardive, différentes histoires de la création circulaient chez eux, mais après la captivité de Babylone ils eurent avantage tendance à accepter une version mésopotamienne modifiée.
La tradition juive se cristallisa autour de Moïse, et parce qu'il s'était efforcé de faire remonter la généalogie d'Abraham jusqu'à Adam, les Juifs supposèrent qu'Adam était le premier homme de toute l'humanité. Jéhovah était le créateur, et puisqu'Adam était censé être le premier homme, il fallait que Jéhovah eût créé le monde juste avant de créer Adam. La tradition des six jours d'Adam fut alors imbriquée dans l'histoire, avec le résultat que, près de mille ans après le séjour de Moïse sur terre, la tradition de la création du monde en six jours fut écrite et lui fut ultérieurement attribuée.
Lorsque les prêtres juifs retournèrent à Jérusalem, ils avaient déjà achevé d'écrire leur récit du commencement des choses. Ils prétendirent bientôt que cette narration était une histoire de la création écrite par Moïse et récemment découverte. Par contre, les Hébreux contemporains d'environ 500 ans avant J.-C. ne considéraient pas ces écrits comme des révélations divines, mais plutôt de la même manière que les peuples ultérieurs considèrent les récits mythologiques.
Ce document apocryphe, censé représenter l'enseignement de Moïse, fut porté à l'attention de Ptolémée, le roi grec d'Egypte, qui le fit traduire en grec par une commission de soixante-dix érudits pour sa nouvelle bibliothèque d'Alexandrie. La Genèse trouva ainsi sa place parmi les écrits qui firent ensuite partie des collections ultérieures d'« écritures saintes » des religions hébraïque et chrétienne. Par identification avec ces derniers systèmes théologiques, ces conceptions ont profondément influencé pendant très longtemps la philosophie.
Les instructeurs chrétiens perpétuèrent la croyance que la race humaine avait été créée par un acte souverain. Tout ceci conduisit directement à former l'hypothèse qu'il y avait eu jadis un âge d'or de félicité utopique, et à la théorie de la chute de l'homme ou du surhomme, qui expliquait la condition peu idéale de la société. Ces aperçus sur la vie et la place de l'homme dans l'univers étaient au moins décourageants puisqu'ils se basaient sur une croyance à la régression plutôt qu'à la progression, et qu'ils impliquaient également une Déité vengeresse épanchant sa colère sur la race humaine comme sanction des erreurs de certains anciens administrateurs planétaires.
L'âge d'or est un mythe, mais Éden était un fait, et la civilisation du Jardin fut effectivement ruinée. Adam et Ève persévérèrent dans le Jardin pendant cent dix-sept ans, après quoi, par l'impatience d'Ève et les erreurs de jugement d'Adam, ils eurent la présomption de s'écarter de la voie ordonnée, ce qui amena rapidement la catastrophe sur eux-mêmes et retarda d'une façon désastreuse le développement progressif de tout Urantia.
[Relaté par Solonia, [« la voix séraphique dans le Jardin ».]
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- Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
LE JARDIN D'ÉDEN
LA décadence culturelle et l'indigence spirituelle résultant de la chute de Caligastia et du désordre social qui suivit eurent peu d'effet sur le statut biologique ou physique des peuples d'Urantia. L'évolution organique se poursuivit à grands pas, tout à fait indépendamment du recul moral et culturel qui suivit si rapidement la dissidence de Caligastia et de Daligastia.
Il y a presque quarante mille ans vint un moment dans l'histoire planétaire où les Porteurs de Vie en service prirent note qu'au point de vue purement biologique le progrès du développement des races d'Urantia approchait de son apogée. Les syndics Melchizédeks partagèrent cette opinion et acceptèrent aisément de se joindre aux Porteurs de Vie pour demander aux Très Hauts d'Édentia de faire inspecter Urantia en vue d'autoriser l'envoi d'élévateurs biologiques, un Fils et une Fille Matériels.
La requête fut adressée aux Très Hauts d'Édentia parce qu'ils avaient exercé une juridiction directe sur beaucoup d'affaires d'Urantia depuis la chute de Caligastia et la carence temporaire d'autorité sur Jérusem.
Tabamantia, superviseur souverain des séries de mondes décimaux ou expérimentaux, vint inspecter la planète. Après examen du progrès racial, il recommanda dûment que des Fils Matériels fussent accordés a Urantia. Un peu moins de cent ans après son inspection, Adam et Ève, un Fils et une Fille Matériels du système local, arrivèrent et commencèrent leur tâche difficile. Il leur fallait essayer de débrouiller les affaires confuses d'une planète retardée par la rébellion et mise au ban par isolement spirituel.
1. -- LES NODITES ET LES AMADONITES
Sur une planète normale, l'arrivée du Fils Matériel annonce généralement l'approche d'un grand âge d'inventions, de progrès matériel, et d'éclairement intellectuel. L'ère post-adamique est le grand âge scientifique sur la plupart des mondes, mais il n'en fut pas ainsi sur Urantia. Bien que la planète fut peuplée de races physiquement aptes, les tribus languissaient dans des abîmes de sauvagerie et de stagnation morale.
Dix mille ans après la rébellion, pratiquement tous les gains de l'administration du Prince avaient été annulés; les races du monde n'étaient guère plus avancées que si ce Fils égaré n'était jamais venu sur Urantia. Les traditions de Dalamatia et la culture du Prince Planétaire ne subsistaient que chez les Nodites et les Amadonites.
Les Nodites étaient les descendants des membres rebelles de l'état-major du Prince et tiraient leur nom de leur premier chef, Nod; qui avait jadis présidé la commission de l'industrie et du commerce de Dalamatia. Les Amadonites étaient les descendants des Andonites qui avaient choisi de rester loyaux avec Van et Amadon. « Amadonite » est davantage une dénomination culturelle et religieuse qu'un nom racial; du point de vue racial, les Amadonites étaient essentiellement des Andonites. « Nodite » est un nom à la fois culturel et racial, car les Nodites eux-mêmes constituaient la huitième race d'Urantia.
Il existait une hostilité traditionnelle entre les Nodites et les Amadonites. Cette inimitié revenait constamment à la surface toutes les fois que les descendants des deux groupes essayaient de se lancer dans une entreprise commune. Même plus tard, dans les affaires d'Ève, il leur fut extrêmement difficile de travailler ensemble en paix.
Peu après la destruction de Dalamatia, les partisans de Nod se divisèrent en trois groupes. Le groupe central resta dans le voisinage immédiat de son foyer originel, près du fond du golfe Persique. Le groupe oriental émigra vers les hauts plateaux d'Élam, juste à l'est de la vallée de l'Euphrate. Le groupe occidental résida sur le rivage syrien du nord-est de la Méditerranée et dans le territoire adjacent.
Les Nodites s'étaient souvent mariés avec les races Sangik et avaient laissé une progéniture de qualité. Quelques descendants des rebelles Dalamatiens rejoignirent ultérieurement Van et ses partisans loyaux dans les terres situées au nord de la Mésopotamie. Là, au voisinage du lac Van et dans la région au sud de la mer Caspienne, les Nodites se mêlèrent et se mélangèrent aux Amadonites et furent comptés au nombre des « puissants hommes d'autrefois ».
Avant l'arrivée d'Adam et d'Ève, ces groupes - les Nodites et les Amadonites -- étaient les races les plus évoluées et les plus cultivées de la Terre.
2. -- PROJETS DE JARDIN
Pendant près de cent ans avant l'inspection de Tabamantia, Van et ses associés, opérant à partir de leur quartier général d'éthique et de culture sur de hautes terres, avaient prêché la venue d'un Fils promis de Dieu, un élévateur racial, un instructeur de la vérité, et un successeur digne de confiance au traître Caligastia. La majorité des habitants du monde en ces jours-là n'accordait guère ou pas d'intérêt à ces prédictions, mais ceux qui se trouvaient en contact immédiat avec Van et Amadon prirent cet enseignement au sérieux et commencèrent à faire des projets pour recevoir effectivement le Fils de la promesse.
Van raconta à ses plus proches collaborateurs l'histoire des Fils Matériels sur Jérusem, en leur disant ce qu'il avait connu d'eux avant de venir sur Urantia. Il savait bien que les Fils Adamiques vivaient toujours dans des foyers simples et charmants entourés de jardins. Quatre-vingt-trois ans avant l'arrivée d'Adam et d'Ève, il proposa a ceux qui l'entouraient de se consacrer à proclamer la venue des Fils Matériels et à préparer un foyer-jardin pour les recevoir.
Depuis leur quartier général des hautes terres et depuis soixante et un établissements très dispersés, Van et Amadon recrutèrent un corps de plus de trois mille travailleurs enthousiastes et de bonne volonté. Ils se réunirent en une assemblée solennelle où ils se dédièrent à la mission de préparer l'arrivée du Fils promis ou tout au moins attendu.
Van divisa ses volontaires en cent compagnies avec un capitaine pour chacune et un associé qui servait dans son état-major personnel comme officier de liaison . Il garda Amadon comme associé personnel. Les commissions commencèrent toutes sérieusement leurs travaux préliminaires, et la commission du site du jardin se mit à parcourir le pays à la recherche de l'endroit idéal.
Bien que Caligastia et Daligastia eussent été privés d'une grande partie de leur pouvoir de nuire, ils firent tout ce qui leur était possible pour contrecarrer et gêner le travail de préparation du Jardin. Mais leurs manoeuvres perverses furent largement compensées par les activités loyales de presque dix mille médians qui travaillèrent infatigablement à faire progresser l'entreprise.
3. -- L'EMPLACEMENT DU JARDIN
Le comité du site fut absent pendant près de trois ans. Il fit un rapport favorable sur trois emplacements possibles le premier était une île du golfe Persique; le second était un emplacement fluvial qui servit plus tard pour le second jardin; le troisième était une longue péninsule étroite -- presque une île -- qui faisait saillie vers l'ouest sur la côte orientale de la Méditerranée.
Le comité était presque unanime à préférer la troisième solution. Le site fut choisi, et deux années furent occupées à transférer le quartier général culturel du monde, y compris l'arbre de vie, sur cette péninsule méditerranéenne. À l'exception d'un seul groupe, tous les habitants de la péninsule évacuèrent paisiblement les lieux lorsque Van et sa suite arrivèrent.
Cette péninsule méditerranéenne jouissait d'un climat salubre et d'une température régulière. La stabilité du temps était due aux montagnes qui l'entouraient et au fait que ce territoire était virtuellement une île dans une mer intérieure. Il pleuvait abondamment sur les hautes terres environnantes, mais rarement sur Éden proprement dit. Par contre chaque nuit « un brouillard s'élevait (1) » pour rafraîchir la végétation du Jardin.
Le rivage de la péninsule était très surélevé, et l'isthme qui la reliait au continent n'était large que d'une quarantaine de kilomètres à son point le plus étroit. Le grand fleuve qui arrosait le Jardin descendait des hautes terres de la péninsule, coulait vers l'orient jusqu'au continent, et de là traversait les basses terres de la Mésopotamie jusqu'à la mer située au delà. Il était grossi de quatre affluents qui prenaient leur source dans les collines côtières de la péninsule Édénique. C'était les « quatre têtes » du fleuve qui « sortait d'Éden (2) » et que l'on confondit plus tard avec les affluents des fleuves qui entouraient le second jardin.
Les pierres précieuses et les métaux abondaient dans les montagnes entourant le Jardin, mais on n'y prêtait que très peu d'attention. L'idée dominante était de glorifier l'horticulture et d'exalter l'agriculture.
Le site choisi pour le Jardin était probablement le plus bel endroit de cette sorte dans le monde entier, et le climat y était alors idéal. Nulle part ailleurs il n'y avait d'emplacement susceptible de se prêter aussi parfaitement à devenir un paradis d'expression botanique. L'élite de la civilisation d'Urantia se rassembla en ce lieu de rencontre. À l'extérieur et au delà, le monde vivait dans les ténèbres, l'ignorance, et la sauvagerie. Éden était l'unique endroit brillant d'Urantia. Par nature, il était un rêve de beauté, et il devint bientôt un poème où la gloire des paysages était exquise et perfectionnée.
4. -- L'ÉTABLISSEMENT DU JARDIN
Quand des Fils Matériels, des élévateurs biologiques, commencent leur séjour sur un monde évolutionnaire, leur demeure est souvent appelée le Jardin d'Éden parce qu'elle est caractérisée par la beauté florale et la splendeur botanique d'Édentia, capitale de la constellation. Van connaissait bien ces coutumes et veilla en conséquence à ce que la péninsule tout entière fût consacrée au Jardin. Des projets de pâturages et d'élevages furent établis pour les terres contiguës de la zone continentale. Du règne animal, on ne trouvait dans le parc que les oiseaux et les diverses espèces d'animaux domestiques. Van avait ordonné qu'Éden soit un jardin et seulement un jardin. Jamais il n'y eut d'animaux massacrés dans son enceinte. Toute la viande mangée par les ouvriers du Jardin pendant les années de sa construction provenait des troupeaux entretenus sous bonne garde sur le continent.
La première tâche fut de construire un mur de briques isolant la péninsule. Après son achèvement, on put se mettre sans encombre au vrai travail d'embellissement du paysage et de construction des foyers.
Un jardin zoologique fut créé en construisant un mur plus petit juste au delà du mur principal. L'espace intermédiaire, occupé par toutes sortes d'animaux sauvages, servait de défense supplémentaire contre les attaques hostiles. Cette ménagerie fut organisée en douze grandes divisions, avec des sentiers muraux séparant les groupes et conduisant aux douze portes du Jardin. Le fleuve et ses pâturages adjacents occupaient la zone centrale.
On n'employa que des volontaires pour préparer le Jardin; jamais aucun salarié n'y prit part. Ils cultivaient le Jardin et soignaient leurs troupeaux pour vivre ils recevaient aussi des contributions en nourriture de la part de croyants du voisinage. La grande entreprise fut menée à bonne fin, malgré les difficultés accompagnant le désordre du statut mondial pendant ces temps troublés.
Ne sachant pas dans quel délai le Fils et la Fille attendus pourraient venir, Van causa une grande déception en suggérant qu'il fallait aussi entraîner les jeunes générations à poursuivre l'entreprise au cas où l'arrivée d'Adam et d'Ève serait retardée. Cette suggestion parut impliquer un manque de foi chez Van et provoqua un trouble considérable accompagné de nombreuses désertions. Mais Van persista dans son plan de préparation et combla les places vides des déserteurs avec des volontaires plus jeunes.
5. -- LE FOYER DU JARDIN
Au centre de la péninsule Édénique se trouvait le charmant temple de pierre du Père Universel, l'autel sacré du Jardin. Le quartier général administratif fut établi vers le nord, et les maisons des ouvriers et de leurs familles furent construites vers le sud. À l'ouest on réserva les terrains nécessaires aux écoles que l'on se proposait de bâtir pour le système éducatif du Fils attendu, tandis qu'à l'orient d'Éden on construisait les domiciles destinés au Fils de la promesse et à sa descendance en ligne directe. Les plans architecturaux d'Éden prévoyaient des foyers et des terres abondantes pour un million d'êtres humains.
Au moment de l'arrivée d'Adam, le Jardin n'était qu'au quart achevé, mais il avait déjà des milliers de kilomètres de rigoles d'irrigation et plus de vingt mille kilomètres de routes et de sentiers pavés. Plus de cinq mille bâtiments en briques s'élevaient dans les divers secteurs, et les variétés d'arbres et de plantes étaient innombrables. Le nombre des maisons constituant une agglomération dans le parc était limité à un maximum de sept. Bien que les structures du Jardin fussent simples, elles étaient fort artistiques. Les routes et les sentiers étaient bien construits, et le dessin des paysages était exquis.
Les dispositifs sanitaires du Jardin étaient très en avance sur tout ce que l'on avait tenté jusqu'alors sur Urantia. L'eau potable d'Éden était maintenue saine par la stricte observation des règlements d'hygiène destinés à conserver sa pureté. À ces époques primitives, la négligence de ces règles entraînait beaucoup d'ennuis, mais Van fit bien sentir à ses associés l'importance qu'il y avait à ne rien faire tomber dans les réservoirs d'eau du Jardin.
Un réseau d'égouts fut établi plus tard mais, en attendant, les Edénites pratiquèrent l'enfouissement scrupuleux de tous les déchets ou des matières en décomposition. Les inspecteurs d'Amadon faisaient leur ronde tous les jours en recherchant les causes possibles de maladie. L'importance de la lutte préventive contre les maladies humaines ne fut pas remise en vedette chez les Urantiens avant la fin du XIXième siècle et au XXième siècle de l'ère chrétienne. Avant la dislocation du régime adamique, on avait construit en briques un système d'égouts qui passaient sous les murs du Jardin et se vidaient dans la rivière d'Éden plus d'un kilomètre en aval de la muraille extérieure.
À l'époque de l'arrivée d'Adam, des spécimens de la plupart des plantes de cette région du monde poussaient dans Éden. D'importante améliorations avaient déjà été apportées aux fruits, aux céréales et aux noix. Beaucoup de légumes et de céréales modernes y furent cultivés, pour la première fois, mais des dizaines de variétés de plantes nutritives furent ultérieurement perdues pour le monde.
Les cultures intensives artificielles s'étendaient sur environ cinq pour cent du Jardin, et les cultures moins poussées sur quinze pour cent; le reste de la surface fut laissé plus ou moins à l'état naturel en attendant l'arrivée d'Adam, car on estima préférable d'achever le parc selon ses idées.
C'est ainsi que le Jardin d'Éden fut préparé pour la réception de l'Adam promis et de son épouse, et ce Jardin aura fait honneur à un monde évoluant sous une administration perfectionnée et un contrôle normal. Adam et Ève furent très contents du plan général d'Éden, tout en apportant de nombreux changements à l'aménagement de leur demeure personnelle.
Bien que le travail d'embellissement ne fut pas tout à fait terminé au moment de l'arrivée d'Adam, l'endroit était déjà un de splendeur botanique; durant les début de son séjour, l'ensemble du Jardin prit une nouvelle forme et assuma de nouvelles proportions de beauté et de grandeur. Ni avant ni après cette époque, Urantia n'a jamais abrité une exposition d'horticulture et d'agriculture aussi superbe et aussi complète.
6. -- L'ARBRE DE VIE
Au centre du temple du Jardin, Van planta l'arbre de vie qu'il avait si longtemps gardé, dont les feuilles étaient destinées a « la guérison des nations » (1) , dont les fruits l'avaient si longtemps sustenté sur terre. Van savait bien qu'Adam et Ève dépendraient aussi de ce don d'Édentia pour se maintenir en vie une fois qu'ils et se seraient rematérialisés sur Urantia.
Sur les capitales des systèmes, les Fils Matériels n'ont pas besoin de l'arbre de vie pour subsister. C'est seulement dans leur repersonnalisation planétaire qu'ils dépendent de cet accessoire pour être physiquement immortels.
Il est possible que « l'arbre de la connaissance du bien et du mal (1) » soit une figure de rhétorique, une désignation couvrant une multitude d'expériences humaines, mais « l'arbre de vie (2) » n'était pas un mythe; il était réel et fut longtemps présent sur Urantia. Lorsque les Très Hauts d'Édentia approuvèrent la nomination de Caligastia comme Prince Planétaire d'Urantia, et celle des cent citoyens de Jérusem pour son état-major administratif, ils envoyèrent sur la planète par les Melchizédeks un arbuste d'Édentia, qui grandit et devint l'arbre de vie sur Urantia. Cette forme de vie non intelligente est propre aux sphères-sièges des constellations; on la trouve également sur les mondes-sièges des univers locaux et des superunivers, ainsi que sur les sphères de Havona, mais non sur les capitales systémiques.
| (1) Genèse II-9 et 17. |
| (2) Genèse II-9 ; Genèse III-22 et 24 ; Apocalypse II-7 ; Apocalypse XXII-2 et 14. |
Cette super-plante emmagasinait certaines énergies de l'espace, antidotes des éléments produisant la sénescence dans l'existence animale. Le fruit de l'arbre de vie agissait comme une batterie d'accumulateurs super-chimiques, libérant mystérieusement, lorsqu'on le mangeait, la force prolongatrice de vie de l'univers. Cette forme de sustentation était complètement inassimilable par les mortels évolutionnaires d'Urantia, mais elle était spécifiquement utile aux cent membres matérialisés de l'état-major de Caligastia et aux cent Andonites modifiés qui avaient apporté une contribution de leur plasma vital, à l'état-major du Prince. Rappelons qu'en retour ces derniers avaient reçu en pleine propriété le complément de vie qui leur rendait possible d'utiliser le fruit de l'arbre de vie pour prolonger indéfiniment leur existence.
Pendant le règne du Prince, l'arbre planté en terre croissait dans la cour circulaire centrale du temple du Père. Quand la rébellion éclata, Van et ses associés en prirent une bouture qu'ils repiquèrent dans leur campement temporaire. Cet arbuste d'Édentia fut ensuite emporté dans leur retraite des hautes terres où il servit à Van et Amadon pendant plus de cent cinquante mille ans.
Lorsque Van et ses associés préparèrent le Jardin pour Adam et Ève, ils transportèrent l'arbre d'Édentia dans le Jardin d'Éden où il poussa de nouveau dans la cour circulaire centrale d'un temple du Père. Adam et Ève prenaient périodiquement un repas de ses fruits pour entretenir leur forme duelle de vie physique.
Quand les plans du Fils Matériel furent détournés de la bonne voie, Adam et sa famille n'obtinrent pas l'autorisation de déménager l'arbre du Jardin. Quand les Nodites envahirent Éden, on leur raconta qu'ils deviendraient comme « des dieux s'ils mangeaient du fruit de l'arbre » (3). A leur grande surprise, ils le trouvèrent non gardé. Ils mangèrent abondamment de son fruit pendant des années, mais cela ne leur produisit aucun effet. Ils étaient tous des mortels matériels du royaume, dépourvus du facteur à agit comme compliment du fruit de l'arbre. Leur inaptitude à bénéficier de l'arbre de vie les rendit furieux et, à l'occasion d'une de leurs guerres intestines, ils détruisirent le temple et l'arbre par le feu. Seul le mur de pierre subsista jusqu'à l'engloutissement ultérieur du Jardin dans les eaux. Ce fut le second temple du Père à être ruiné.
Il fallut alors que toute chair sur Urantia suive le cours naturel de la vie et de la mort. Adam, Ève, leurs enfants, les enfants de leurs enfants, et leurs associés moururent tous dans la suite des temps, devenant ainsi soumis au plan d'ascension de l'univers local, où la résurrection sur les mondes des maisons suit la mort physique.
7. -- LE SORT D'ÉDEN
Après le départ d'Adam, le premier jardin fut diversement occupé par les Nodites, les Cutites, et les Suntites. Il devint plus tard le lieu d'habitation des Nodites du nord qui s'opposaient à la coopération avec les Adamites. Il y avait près de quatre mille ans que la péninsule avait été envahie par ce Nodites inférieurs lorsque le fond oriental de la mer Méditerranée s'enfonça, entraînant sous les eaux la péninsule Édénique tout entière. L'événement eut lieu en connexion avec une violente activité des volcans du voisinage et la submersion de l'isthme reliant la Sicile et l'Afrique. En même temps que ce vaste effondrement, la côte orientale de la Méditerranée fut considérablement surélevée. Telle fut la fin de la plus belle création naturelle qu'Urantia ait jamais abritée. L'enfoncement ne fut pas soudain; il fallut plusieurs centaines d'années pour submerger complètement la totalité de la péninsule.
Nous ne pouvons considérer cette disparition du Jardin comme résultant en aucune manière de l'avortement du plan divin ou des fautes d'Adam et d'Ève. Nous estimons que la submersion d'Éden ne fut rien d'autre qu'une occurrence naturelle, mais il nous semble que la date de l'engloutissement du Jardin fut fixée pour coïncider à peu près avec celle ou les réserves de la race violette suffiraient pour entreprendre la réhabilitation des peuples du monde.
Les Melchizédeks avaient conseillé à Adam de ne pas inaugurer le programme d'élévation et de mélange des races avant que sa propre famille ne compte un demi-million de membres. Le Jardin ne fut jamais destiné à être la demeure permanente des Adamites. Ceux-ci devaient être les émissaires d'une nouvelle vie pour le monde entier et se mobiliser pour une effusion désintéressée sur les races de la terre qui en avaient besoin.
Les instructions données à Adam par les Melchizédeks impliquaient qu'il aurait à établir des quartiers généraux raciaux, continentaux, et divisionnaires dirigés par ses fils et ses filles immédiats, tandis que lui et Ève partageraient leur temps entre ces diverses capitales mondiales comme conseillers et coordonnateurs du ministère mondial d'élévation biologique, de progrès intellectuel, et de réhabilitation morale.
[Présenté par Solonia,« la voix séraphique dans le Jardin ».]
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- Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
UN GOUVERNEMENT SUR UNE PLANÈTE VOISINE
AVEC la permission de Lanaforge et l'approbation des Très Hauts d'Édentia, je suis autorisé à vous décrire certains aspects de la vie sociale, morale, et politique de la race humaine la plus évoluée d'une planète peu éloignée appartenant au système de Satania.
Parmi tous les mondes de Satania qui furent isolés pour avoir participé à la rébellion de Lucifer, c'est cette planète dont l'histoire ressemble le plus à celle d'Urantia. La similitude des deux sphères explique indubitablement pourquoi la permission de faire cette présentation extraordinaire fut accordée, car il est fort inhabituel aux chefs systémiques de laisser raconter sur une planète les affaires d'une autre.
La planète en question fut égarée comme Urantia par la déloyauté de son Prince Planétaire en liaison avec la rébellion de Lucifer. Elle reçut un Fils Matériel peu après l'arrivée d'Adam sur Urantia, et ce Fils fit également défaut; cela laissa ce monde isolé, car jamais un Fils Magistral ne fut attribué à ses races humaines.
1. -- LA NATION CONTINENTALE
Malgré tous ces handicaps planétaires, une civilisation très supérieure est en voie d'évolution sur un continent isolé ayant à peu près les dimensions de l'Australie. Cette nation compte environ 140 millions d'habitants. Ils sont de race mixte, avec prédominance de sang bleu et de sang jaune, et une proportion de sang violet un peu plus élevée que chez la race dite blanche d'Urantia. Les différentes races ne sont pas encore pleinement mêlées, mais elles fraternisent et forment une société très acceptable. La durée moyenne de la vie humaine sur ce continent est maintenant de quatre-vingt-dix ans, soit quinze pour cent de plus que pour n'importe quel autre peuple de cette planète.
Le mécanisme industriel de cette nation bénéficie d'un grand avantage dû à la topographie exceptionnelle de son continent. Les hautes montagnes, sur lesquelles de fortes pluies tombent huit mois par an, sont situées au centre même du pays. Ce dispositif naturel favorise l'emploi de l'énergie hydraulique et facilite grandement l'irrigation du quart occidental relativement aride du continent.
Ces peuples sont autarchiques, c'est-à-dire qu'ils peuvent vivre indéfiniment sans rien importer des nations environnantes. Leurs ressources naturelles sont surabondantes, et ils ont appris par des techniques scientifiques la manière de compenser la pénurie de certains produits indispensables à la vie. Ils ont un commerce intérieur très actif, mais peu de commerce extérieur à cause de l'hostilité universelle de leurs voisins moins progressifs.
Dans les grandes lignes, cette nation continentale a suivi la tendance évolutionnaire de la planète. Son développement entre le stade de la tribu et l'apparition de puissants chefs et rois occupa des milliers d'années. La monarchie absolue fut suivie de nombreux genres différents de gouvernements. Républiques avortées, États communautaires, et dictateurs apparurent et disparurent en une profusion sans fin. Cette croissance se poursuivit jusqu'à cinq siècles environ avant l'époque actuelle. Durant une période de fermentation politique, l'un des puissants triumvirs-dictateurs de la nation changea alors de sentiment. Il offrit d'abdiquer volontairement à condition que l'un des deux autres chefs, le plus indigne des deux qui restaient, renonce également à sa dictature. La souveraineté du continent fut donc placée entre les mains d'un seul chef. L'État unifié progressa sous une forte loi monarchique pendant plus de cent ans durant lesquels une magistrale charte de liberté fut mise au point.
La transition subséquente entre la monarchie et une forme représentative de gouvernement fut graduelle. Les rois subsistèrent comme de simples figurants sociaux ou sentimentaux et finirent par disparaître quand la lignée de leurs descendants mâles s'éteignit. La république actuelle a maintenant (1) juste deux cents ans d'existence, durant lesquels elle a progressé d'une manière continue vers les techniques gouvernementales que nous allons décrire. Les derniers développements dans les domaines industriel et politique ont été effectués au cours des dix années qui viennent de s'écouler.
(1) En l'année 1934 sur Urantia.
2. -- L'ORGANISATION POLITIQUE
La nation continentale dont nous parlons a maintenant un gouvernement représentatif avec une capitale nationale située au centre du pays. Le gouvernement central consiste en une solide fédération de cent États relativement libres. Ces États élisent pour dix ans leurs gouverneurs et leurs législateurs, dont aucun n'a le droit d'être réélu. Des juges d'État sont nommés à vie par les gouverneurs et confirmés par leurs législatures qui comprennent un représentant par tranche de cent mille citoyens.
Il y a cinq types différents de gouvernements urbains, selon la dimension de la ville, mais aucune ville n'est autorisée à avoir plus d'un million d'habitants. Dans l'ensemble, l'organisation municipale est très simple, directe, et économique. Les rares postes d'administration urbaine sont ardemment recherchés par les citoyens du type le plus élevé.
Le gouvernement fédéral comporte trois départements coordonnés, l'exécutif, le législatif, et le judiciaire: Le chef exécutif fédéral est élu tous les six ans par suffrage territorial universel. Il n'est pas rééligible, sauf sur la demande d'au moins soixante-quinze parlements d'État appuyés par leurs gouverneurs, et dans ce cas pour un terme seulement. Il est conseillé par un super-cabinet composé de tous les chefs exécutifs encore vivants.
Le département législatif comprend trois chambres:
1. La chambre haute est élue par des groupes de travailleurs de l'industrie, des professions libérales, de l'agriculture, et d'autres métiers, votant selon leur fonction économique.
2. La chambre basse est élue par certaines organisations de la société comprenant les groupes sociaux, politiques, et philosophiques non inclus dans l'industrie et les autres métiers. Tous les citoyens honorablement connus participent à l'élection des deux classes de représentants, mais ils sont groupés différemment selon que l'élection concerne la chambre haute ou la chambre basse.
3. La troisième chambre -- les doyens des hommes d'État -- englobe les vétérans du service civique et comprend de nombreuses personnes distinguées nommées par le chef exécutif, par les administrateurs régionaux (sub-fédéraux), et par les présidents de chacune des deux autres chambres législatives. Ce groupe est limité à cent membres qui sont élus à la majorité par les anciens hommes d'État eux-mêmes. Les titulaires sont nommés à vie, et si une vacance se produit, la personne figurant sur la liste des candidats et qui a recueilli le plus grand nombre de votes se trouve régulièrement élue. Ce corps a une action purement consultative, mais il est un grand régulateur de l'opinion publique et il exerce une puissante influence sur toutes les branches du gouvernement.
Une partie importante du travail administratif est exécutée par les dix autorités régionales (sub-fédérales) dont chacune consiste en l'association de dix États. Ces départements régionaux sont entièrement exécutifs et administratifs, sans fonctions législatives ni judiciaires. Les dix chefs exécutifs régionaux sont nommés personnellement par le chef exécutif fédéral pour une durée égale à celle de son propre mandat -- six ans. Le tribunal fédéral suprême approuve la nomination de ces dix administrateurs régionaux. Bien que leur mandat ne puisse être renouvelé, chacun de ceux qui se retirent devient automatiquement l'associé et le conseiller de son successeur. Par ailleurs, les chefs régionaux choisissent leur propre état-major d'agents administratifs.
L'action judiciaire s'exerce dans la nation par deux systèmes majeurs de tribunaux -- les tribunaux civils et les tribunaux socio-économiques. Les tribunaux civils fonctionnent aux trois niveaux ci-après:
1. Les cours mineures de juridiction municipale et locale, dont les décisions sont susceptibles d'appel auprès des hauts tribunaux d'État.
2. Les cours suprêmes des États, dont les décisions sont finales dans toutes les affaires où le gouvernement fédéral n'est pas impliqué et où les droits et libertés des citoyens ne sont pas en danger. Les administrateurs régionaux ont le pouvoir de soumettre immédiatement n'importe quel cas à la barre du tribunal fédéral suprême.
3. La cour fédérale suprême -- le haut tribunal pour le jugement des litiges nationaux et des appels provenant des tribunaux des États. Ce tribunal suprême se compose de douze hommes âgés de plus de quarante ans et de moins de soixante-quinze ans, ayant servi au moins deux ans dans un tribunal d'État. Ils sont nommés à cette haute position par le chef exécutif avec l'approbation de la majorité du super-cabinet et de la troisième chambre de l'assemblée législative. Toutes les décisions de ce corps judiciaire suprême sont prises à la majorité d'au moins deux tiers des voix.
Les tribunaux socio-économiques fonctionnent dans les trois divisions suivantes:
1. Tribunaux des familles, associés aux départements législatif et économique des foyers et du système social.
2. Tribunaux de l'enseignement -- les corps juridiques reliés aux systèmes scolaires des États et des régions et associés aux branches exécutive et législative du mécanisme administratif de l'éducation.
3. Tribunaux de l'industrie -- les tribunaux juridictionnels investis de la pleine autorité pour régler tous les malentendus économiques.
La cour fédérale suprême ne juge pas les cas socio-économiques à moins d'y être invitée par la troisième branche législative du gouvernement national, la chambre des anciens votant à la majorité des trois quarts. Autrement, toutes les décisions des hauts tribunaux familiaux, éducatifs, et industriels sont sans appel.
3. -- LA VIE AU FOYER
Sur le continent dont nous parlons, la loi interdit à deux familles de vivre sous le même toit. Les habitations collectives ayant été proscrites, la plupart des maisons à appartements ont été démolies. Cependant les célibataires vivent encore dans des clubs, des hôtels, et d'autres bâtiments collectifs. Le plus petit logis familial autorisé doit comporter un demi hectare de terre. Toutes les terres et tous les bâtiments à usage de foyers sont exempts de taxes sur dix fois le minimum de surface exigé pour une famille.
La vie de famille de ce peuple s'est grandement améliorée au cours du dernier siècle. Il est obligatoire aussi bien pour les pères que pour les mères d'assister aux cours des écoles de puériculture pour parents. Même les agriculteurs qui résident dans de petits hameaux de campagne suivent ces cours par correspondance et se rendent aux centres voisins d'instruction orale une fois tous les dix jours -- toutes les deux semaines, car la semaine est de cinq jours.
Les familles ont une moyenne de cinq enfants qui restent pleinement sous le contrôle de leurs parents. Si l'un des deux parents ou les deux font défaut, la garde est exercée par les personnes désignées par les tribunaux des familles. Toute famille considère comme un grand honneur de se voir confier la garde d'un orphelin de père et de mère. Des concours ont lieu entre parents, et l'orphelin est attribué au foyer de ceux qui font preuve des meilleures qualifications parentales.
Ces gens considèrent le foyer comme l'institution fondamentale de leur civilisation. Ils escomptent que la partie la plus précieuse de l'éducation et du caractère d'un enfant sera fournie par ses parents et à son foyer. Les pères consacrent autant d'attention que les mères à la formation des enfants.
Toute l'éducation sexuelle est donnée à la maison par les parents ou les gardiens légaux. L'instruction morale est offerte par des maîtres pendant les périodes de repos dans les ateliers-écoles, mais il n'en va pas de même pour l'éducation religieuse. On estime que celle-ci est le privilège exclusif des parents, car la religion est considérée comme faisant partie intégrante de la vie de famille. L'instruction religieuse n'est donnée publiquement que dans les temples de philosophie, car aucune institution purement religieuse ressemblant aux Églises d'Urantia ne s'est développée parmi ces populations. Dans leur philosophie, la religion est l'effort pour connaître Dieu et pour manifester de l'amour aux compagnons de route en les servant, mais cela n'est nullement typique du statut religieux des autres nations de cette planète. Chez celle que nous étudions, la religion est si complètement une affaire de famille qu'il n'existe pas de lieux publics exclusivement consacrés à des assemblées religieuses. Pour employer le langage des Urantiens, l'Église et l'État sont entièrement séparés politiquement, mais il existe un étrange chevauchement de la religion et de la philosophie.
Jusqu'à il y a vingt ans, les instructeurs spirituels (comparables aux pasteurs d'Urantia), qui visitent périodiquement chaque famille pour examiner les enfants et vérifier qu'ils ont été convenablement instruits par leurs parents, étaient placés sous la supervision du gouvernement. Ces conseillers et examinateurs spirituels se trouvent maintenant sous la direction de la Fondation du Progrès Spirituel, une institution nouvellement créée et soutenue par des contributions volontaires. Il est possible que cette institution n'évolue pas davantage avant l'arrivée d'un Fils Magistral du Paradis.
Les enfants restent légalement soumis à leurs parents jusqu'à l'âge de quinze ans, où ils reçoivent leur première initiation aux responsabilités civiques. Ensuite, tous les cinq ans et durant cinq périodes successives, des exercices similaires ont lieu pour les groupes de même âge. Les obligations vis-à-vis des parents y sont chaque fois diminuées, tandis que de nouvelles responsabilités civiques et sociales envers l'État sont assumées. Le droit de vote est conféré à vingt ans, le droit de se marier sans le consentement des parents n'est pas accordé avant vingt-cinq ans, et les enfants doivent quitter leur foyer quand ils atteignent l'âge de trente ans.
Les lois du mariage et du divorce sont uniformes dans toute la nation. Le mariage avant vingt ans -- âge de l'admission au suffrage -- n'est pas permis. L'autorisation de se marier n'est accordée qu'un an après le préavis d'intention, et après que les deux fiancés aient présenté des certificats montrant qu'ils ont été dûment instruits dans les écoles de parents au sujet des responsabilités de la vie conjugale.
Les règles du divorce sont un peu vagues, mais on ne peut obtenir le jugement de séparation émis par le tribunal des familles avant qu'un an se soit écoulé depuis l'enregistrement de la demande, et les années sur cette planète sont considérablement plus longues que sur Urantia. Malgré les lois qui rendent le divorce facile, la proportion actuelle des divorces n'atteint que le dixième de celle des races civilisées
4. -- LE SYSTÈME ÉDUCATIF
Le système éducatif de cette nation est obligatoire et mixte dans les écoles que les élèves fréquentent entre cinq ans et dix-huit ans, avant d'aller au collège. Ces écoles sont extrêmement différentes de celles d'Urantia. Il n'y a pas de classes, on ne poursuit qu'une étude à la fois et, après les trois premières années, tous les élèves deviennent des instituteurs adjoints pour instruire ceux qui en savent moins qu'eux. On n'emploie des livres que pour se procurer les renseignements qui aident à résoudre les problèmes surgissant dans les ateliers-écoles et les fermes-écoles. On produit dans ces ateliers une grande partie des meubles employés sur le continent et de nombreux appareils mécaniques -- car c'est une grande époque d'inventions et de machinisme. Attenante à chaque atelier se trouve une bibliothèque pratique où les élèves peuvent consulter les livres de référence nécessaires. Pendant toute la période éducative, on enseigne également l'agriculture et l'horticulture dans les vastes fermes contiguës à chaque école locale.
On n'apprend aux débiles mentaux que l'agriculture et l'élevage et on les envoie pour la vie dans des colonies de surveillance spéciales où ils sont séparés par sexes pour empêcher la procréation, qui est interdite à tous les anormaux. Ces mesures restrictives sont en vigueur depuis soixante-quinze ans. Les mandats d'internement sont délivrés par les tribunaux pour parents.
Tout le monde prend un mois de vacances chaque année. L'année a dix mois; les écoles pré-collégiales sont ouvertes pendant neuf mois; les vacances se passent à voyager avec des parents ou des amis. Les voyages font partie du programme d'éducation des adultes et se continuent pendant toute la vie; les fonds pour y faire face sont accumulés par les mêmes méthodes que les fonds d'assurance vieillesse.
Un quart du temps à l'école est consacré aux jeux -- aux compétitions athlétiques. Les élèves progressent dans les concours locaux, puis provinciaux, puis régionaux, vers les épreuves nationales d'habileté et de prouesses. Les concours oratoires et musicaux ainsi que les épreuves de science et de philosophie occupent également l'attention des élèves depuis les sections locales mineures jusqu'aux épreuves récompensées par des honneurs nationaux.
Le ministère de l'instruction publique est une réplique du gouvernement national avec ses trois branches en corrélation. L'état-major éducatif opère à titre consultatif comme la troisième division législative. L'objet principal de l'éducation sur ce continent consiste à faire de chaque élève un citoyen capable de gagner sa vie.
Tous les élèves qui sortent diplômés du système scolaire pré-collégial à dix-huit ans sont des artisans habiles. Alors commencent l'étude des livres et la recherche des connaissances spéciales, soit dans les collèges, soit dans les écoles d'adultes. Quand un brillant élève achève son travail en avance sur le programme, on lui accorde en récompense le temps et les moyens d'exécuter un projet cher à sa propre imagination. Tout le système éducatif est prévu pour éduquer les individus d'une manière appropriée.
5. -- L'ORGANISATION INDUSTRIELLE
La situation industrielle chez ce peuple est loin de ses idéaux. Le capital et le travail ont encore leurs difficultés, mais ils tendent à se conformer à un plan de coopération sincère. Sur ce continent exceptionnel, les ouvriers deviennent de plus en plus les actionnaires de toutes les affaires industrielles; tout travailleur intelligent se transforme lentement en un petit capitaliste.
Les antagonismes sociaux diminuent, et la bonne volonté grandit rapidement. L'abolition de l'esclavage (il y a plus de cent ans) n'a suscité aucun problème grave parce qu'il a été effectué graduellement en libérant deux pour cent des esclaves chaque année. Le droit de citoyenneté fut accordé aux esclaves qui passaient d'une manière satisfaisante des épreuves morales, mentales, et physiques. Beaucoup de ces esclaves supérieurs étaient des prisonniers de guerre ou des enfants de ces captifs. Il y a environ cinquante ans, la nation déporta le reste de ses esclaves inférieurs; plus récemment encore, elle entreprit la tâche de réduire le nombre des individus appartenant aux classes dégénérées et vicieuses.
Ce peuple a récemment développé de nouvelles techniques pour dissiper les malentendus industriels et pour corriger les abus économiques; elles représentent une amélioration marquée sur les anciennes méthodes employées pour résoudre ces problèmes. La violence a été proscrite comme procédé pour régler les différends personnels ou industriels. Les salaires, les profits, et les autres questions industrielles ne sont pas rigidement réglementés; ils sont en général contrôlés par les corps législatifs industriels, tandis que toutes les querelles issues de l'industrie sont jugées par les tribunaux industriels.
Ces derniers n'existent que depuis trente ans, mais fonctionnent d'une manière très satisfaisante. Les dernières dispositions prévoient que les tribunaux industriels reconnaîtront dorénavant que les rémunérations légales sont de trois sortes:
| 1. Le taux légal d'intérêt sur le capital investi; | |
| 2. Des appointements raisonnables pour les cadres employés aux opérations industrielles. | |
| 3. Des salaires justes et équitables pour les ouvriers. |
Pour faire face à ces obligations, on commence par se référer aux contrats. Si les bénéfices ont diminué, les trois classes subissent une réduction temporaire proportionnelle. Ensuite, tous les bénéfices dépassant ces charges fixes sont considérés comme des dividendes et distribués au prorata à chacune des trois divisions, capital, cadres, et main-d'oeuvre.
Tous les dix ans, les chefs exécutifs régionaux fixent et décrètent les heures légales de labeur quotidien rémunéré. L'industrie travaille actuellement quatre jours par semaine de cinq jours, le cinquième jour étant consacré aux délassements. Ce peuple travaille six heures par jour ouvrable et, à l'instar des étudiants, neuf mois sur les dix de l'année. Les vacances sont généralement employées à voyager. En conséquence, de nouveaux modes de transport ont été récemment développés, de sorte que toute la nation pense à voyager. Le climat est propice aux déplacements environ huit mois sur dix, et les habitants tirent le meilleur parti des occasions qui leur sont offertes.
Il y a deux cents ans, le mobile du profit dominait complètement l'industrie, mais aujourd'hui il est rapidement remplacé par des impulsions différentes et supérieures. La concurrence est active sur ce continent, mais elle a été transférée en grande partie de l'industrie aux jeux, à l'habileté, aux réalisations scientifiques, et aux réussites intellectuelles. Elle est fort vive dans les services sociaux et dans la loyauté envers le gouvernement. Chez ce peuple, le service public devient rapidement le principal but de l'ambition. L'homme le plus riche du continent travaille six heures par jour dans le bureau de son usine de mécanique et se hâte ensuite d'aller à la branche locale de l'école pour hommes d'État où il cherche à se qualifier pour le service public.
La main d'oeuvre acquiert plus de considération sur ce continent. Tous les citoyens valides de plus de dix-huit ans travaillent, soit à leur foyer et dans les fermes, soit dans une industrie reconnue, soit aux travaux publics qui absorbent les chômeurs temporaires, soit enfin dans le corps du travail forcé dans les mines.
Ce peuple commence également à développer une nouvelle forme de dégoût social -- le dégoût de l'oisiveté aussi bien que de la fortune non gagnée. Lentement mais sûrement, les citoyens triomphent de leurs machines. Eux aussi luttèrent jadis pour la liberté politique et ensuite pour la libération économique. Ils commencent maintenant à jouir des deux et en outre à apprécier leurs loisirs bien gagnés qu'ils peuvent consacrer à mieux s'épanouir.
6. -- L'ASSURANCE VIEILLESSE
Cette nation fait un effort résolu pour remplacer l'espèce de charité destructrice du respect de soi-même par des garanties de sécurité pour la vieillesse, dignifiées par des assurances gouvernementales. La nation fournit une éducation à tous les enfants et une occupation à tous les hommes; elle peut donc mettre en oeuvre avec succès un plan d'assurance pour la protection des vieux et des infirmes.
Chez ce peuple, toutes les personnes doivent se retirer des fonctions rémunérées à l'âge de soixante-cinq ans, à moins de recevoir du commissaire d'État au travail une permis leur donnant droit de travailler jusqu'à soixante-dix ans. Cette limite d'âge ne joue ni pour les serviteurs du gouvernement ni pour les philosophes. Les mutilés physiques ou les invalides permanents peuvent être inscrits à n'importe quel âge sur la liste des retraités, sur un ordre du tribunal contresigné par le commissaire aux pensions du gouvernement régional.
Les fonds pour les pensions de vieillesse proviennent de quatre sources:
| 1. Le gain d'une journée par mois est réquisitionné à cet effet par le gouvernement fédéral, et tout le monde travaille dans le pays. | |
| 2. Les legs -- nombre de citoyens riches laissent des fonds à cet effet. | |
| 3. Les gains du travail forcé dans les mines de l'État. Après que les ouvriers enrôlés par conscription aient pourvu à leurs propres besoins et mis de côté leur contribution à leur propre retraite, tout l'excédent du bénéfice de leur travail est versé à ce fonds de pensions. | |
| 4. Le revenu des ressources naturelles. Toutes les richesses naturelles du continent sont détenues comme dépôt social par le gouvernement fédéral, et le revenu qu'elles procurent est employé à des buts sociaux tels que la lutte préventive contre les maladies, l'éducation des génies, et l'entretien des élèves spécialement prometteurs dans les écoles pour hommes d'État. La moitié du revenu des ressources naturelles va au fonds de pensions pour la vieillesse. |
Bien que des fondations provinciales et régionales basées sur les calculs d'actuaires fournissent de nombreuses formes d'assurances protectrices, les pensions de vieillesse sont exclusivement administrées par le gouvernement fédéral et par l'intermédiaire des dix départements régionaux.
Ces fonds gouvernementaux ont été administrés honnêtement depuis longtemps. Après la trahison et le meurtre, c'est à la trahison de la confiance publique que les tribunaux infligent les châtiments les plus sévères. La déloyauté sociale et politique est maintenant considérée comme le plus odieux des crimes.
7. -- LES IMPÔTS
Le gouvernement fédéral n'est paternaliste que dans l'administration des pensions de vieillesse et l'aide apportée au génie et à l'imagination créative. Les gouvernements d'État s'occupent un peu plus des individus, tandis que les gouvernements locaux sont beaucoup plus paternalistes ou socialistes. La ville (ou l'une de ses subdivisions) s'occupe d'affaires telles que la santé, l'hygiène, l'urbanisme, les embellissements, l'adduction d'eau, l'éclairage, le chauffage, les récréations, la musique, et les communications.
Dans toute l'industrie, la première préoccupation est la santé. Certaines phases de bien-être physique sont considérées comme des prérogatives de l'industrie et de la communauté, mais la santé individuelle et essentiellement des affaires personnelles. En médecine comme dans toutes les questions purement personnelles, le plan du gouvernement consiste de plus en plus à s'abstenir d'interférer.
Les villes n'ont ni le pouvoir de taxer ni le droit d'emprunter. Elles reçoivent de la trésorerie d'État une allocation par habitant; il leur faut compléter ce revenu par le bénéfice de leurs entreprises socialisées et en donnant des licences pour l'exercice de diverses activités commerciales.
Les facilités de transit rapide, qui permettent une extension considérable des limites urbaines, sont placées sous contrôle municipal. Les départements urbains des pompiers sont soutenus par les fondations de protection et d'assurance contre l'incendie. Tous les bâtiments de la ville ou de la campagne sont ignifugés -- et l'ont été depuis soixante-quinze ans.
Il n'y a pas d'officiers de paix appointés par les municipalités; les forces de police sont entretenues par les gouvernements des États. Les hommes de ce département sont recrutés à peu près exclusivement parmi les célibataires de vingt-cinq à cinquante ans. La plupart des États taxent assez lourdement les célibataires, mais ceux qui entrent dans les rangs de la police d'État sont dispensés de cet impôt. Dans la moyenne des États, les forces de police n'atteignent que le dixième de leur importance d'il y a cinquante ans.
Il n'y a guère d'uniformité dans les plans fiscaux des cent États relativement libres et souverains, car les conditions économiques ou autres varient grandement dans les différents secteurs du continent. La constitution de chaque État comporte dix clauses fondamentales qui ne peuvent être modifiées sans le consentement de la cour fédérale suprême, et l'une d'elle empêche d'établir un impôt de plus de un pour cent par an sur la valeur d'un bien quelconque, les domiciles urbains ou ruraux restant totalement exemptés.
Le gouvernement fédéral n'a pas le droit de s'endetter, et il faut un référendum à la majorité des trois quarts pour permettre à un État d'emprunter, sauf pour les besoins de la guerre. En cas de guerre, puisque le gouvernement fédéral ne peut contracter de dettes, le Conseil National de la Défense a le pouvoir d'exiger des États une contribution en argent aussi bien qu'en hommes et en matériels, selon les besoins. Tout emprunt doit être remboursé en moins de vingt-cinq ans.
Les revenus destinés à entretenir le gouvernement fédéral proviennent des cinq sources suivantes:
1. Les droits d'importation. Toutes les importations sont soumises à un droit de douane destiné à protéger le standard de vie qui est beaucoup plus élevé sur ce continent que dans n'importe quelle autre nation de la planète. Les tarifs douaniers sont fixés par le plus haut tribunal industriel après que les deux chambres du parlement industriel aient ratifié les recommandations du chef exécutif des affaires économiques, lequel est nommé conjointement par ces deux corps législatifs. La chambre haute industrielle est élue par les travailleurs, la chambre basse par les capitalistes.
2. Les redevances. Le gouvernement fédéral encourage les inventions et les créations originales dans les dix laboratoires régionaux. Il aide les génies de tous genres -- artistes, auteurs, et savants -- et protège leurs brevets. En retour, il prélève la moitié des bénéfices provenant de toutes leurs inventions et créations, qu'elles concernent des machines, des livres, des oeuvres d'art, des plantes, ou des animaux.
3. Les taxes successorales. Le gouvernement fédéral prélève un impôt successoral progressif allant de un à cinquante pour cent selon l'importance de la succession et certaines autres conditions.
4. L'équipement militaire. Le gouvernement tire des sommes considérables de la location d'équipements militaires et navals pour des usages commerciaux ou récréatifs.
5. Les ressources naturelles. Le revenu des ressources naturelles, quand il n'est pas entièrement affecté aux buts désignés dans la charte des États Fédéraux, est versé au trésor national.
Les autorisations de dépenses fédérales, sauf les fonds de guerre évalués par le Conseil National de la Défense, sont proposées dans la haute chambre législative, soumises à l'accord de la chambre basse, approuvées par le chef exécutif, et finalement validées par la commission du budget fédéral. Les cent membres de cette commission sont nommés par les gouverneurs des États et élus par les législatures des États pour servir pendant vingt-quatre ans. Ils se renouvellent par quarts tous les six ans. Tous les six ans également, à la majorité des trois quarts, ce corps choisit un chef dans ses rangs, et celui-ci devient par là-même directeur-contrôleur des finances fédérales.
8. -- LES COLLÈGES SPÉCIAUX
En plus du programme fondamental d'instruction obligatoire entre les âges de cinq ans et de dix-huit ans, on entretient les écoles spéciales suivantes:
1. Les écoles d'administration. Elles se divisent en trois classes: les écoles nationales, régionales, et celles des États. Les offices publics de la nation sont groupés en quatre divisions. La première division de responsabilité publique concerne principalement l'administration nationale; tous les détenteurs de postes dans ce groupe doivent avoir le double diplôme des écoles d'administration régionales et nationales. Dans la seconde division, les candidats peuvent accepter un poste politique, électoral, ou par nomination, après avoir obtenu leur diplôme de l'une des dix écoles régionales d'administration; leur mission concerne des responsabilités dans l'administration régionale et dans le gouvernement des États. La troisième division comprend des responsabilités dans les États, et ses fonctionnaires ont seulement besoin d'avoir le grade correspondant à l'administration des États. Les fonctionnaires de la quatrième et dernière division n'ont besoin d'aucun diplôme d'administration, tous leurs postes étant attribués par nomination. Ils représentent des situations mineures d'assistants, de secrétaires, ou de techniciens, remplies par les membres des différentes professions libérales qui opèrent avec capacité administrative gouvernementale.
Les juges des tribunaux mineurs et des tribunaux des États sont diplômés des écoles d'administration des États. Les juges des tribunaux jugeant les affaires sociales, éducatives, et industrielles sont gradués des écoles régionales. Les juges du tribunal fédéral suprême doivent avoir des diplômes des trois classes d'écoles d'administration.
2. Écoles de philosophie. Ces écoles sont affiliées aux temples de philosophie et plus ou moins attachées à la religion en tant que fonction publique.
3. Instituts scientifiques. Ces écoles techniques sont coordonnées avec l'industrie plutôt qu'avec le système éducatif. Elles sont administrées en quinze divisions.
4. Écoles d'éducation professionnelle. Ces institutions spéciales procurent l'instruction technique pour les diverses professions libérales, qui sont au nombre de douze.
5. Écoles militaires et navales. Près du quartier général national et dans les vingt-cinq centres militaires côtiers, on entretient les institutions consacrées à l'instruction militaire des citoyens volontaires âgés de dix-huit à trente ans. Pour être admis à ces écoles avant vingt-cinq ans, le consentement des parents est exigé.
9. -- LE PLAN DU SUFFRAGE UNIVERSEL
Bien qu'un diplôme de l'une des écoles d'administration provinciales, régionales, ou fédérales ait été obligatoire pour faire acte de candidature à toutes les fonctions publiques, les chefs éclairés de cette nation découvrirent un sérieux défaut dans leur plan de suffrage universel. Il y a environ cinquante ans, ils prirent des dispositions constitutionnelles pour adopter un mode de scrutin modifié comportant les caractéristiques suivantes:
1. Chaque homme et chaque femme de vingt ans et plus dispose d'une voix. Quand ils atteignent cet âge, tous les citoyens doivent appartenir à deux groupes d'électeurs: ils s'inscrivent au premier selon leur fonction économique -- industrielle, artisanale, agricole, ou commerciale; ils entrent dans le second selon leurs inclinations politiques, philosophiques, et sociales. Tous les travailleurs appartiennent ainsi à un groupe électoral économique. A l'instar des associations non économiques, ces corporations ont des règlements très semblables à ceux du gouvernement national avec sa triple division des pouvoirs. L'inscription à un groupe ne peut plus être changée pendant douze ans.
2. Sur la proposition des gouverneurs des États ou des chefs exécutifs régionaux, et sur confirmation des conseils régionaux suprêmes, les personnes qui ont rendu de grands services à la société, ou fait preuve d'une sagesse extraordinaire au service du gouvernement, peuvent recevoir un droit de vote additionnel, mais pas plus souvent que tous les cinq ans, et sans dépasser neuf voix additionnelles. Le suffrage maximum d'un électeur à vote multiple est donc de dix voix. Les savants, les inventeurs, les éducateurs, les philosophes, et les chefs spirituels sont ainsi reconnus et honorés d'un pouvoir politique accru. Ces privilèges civiques élevés sont conférés par les conseils suprêmes des États et des régions d'une manière très semblable aux diplômes offerts par les collèges spéciaux. Les bénéficiaires sont fiers de joindre ces symboles de reconnaissance civique, à côté de leurs autres diplômes, à la liste de leurs accomplissements personnels.
3. Tous les individus condamnés au travail forcé dans les mines et tous les fonctionnaires payés par le revenu des impôts perdent leur droit de vote pendant la période où ils exécutent ces services. Cette disposition ne s'applique pas aux personnes âgées qui reçoivent une pension après avoir pris leur retraite à soixante-cinq ans.
4. Il y a cinq échelons de suffrage traduisant la moyenne des impôts payés durant chaque période quinquennale. Les contribuables ayant beaucoup payé reçoivent un droit de vote supplémentaire allant jusqu'à cinq voix. Cette concession est indépendante de toute autre reconnaissance, mais en aucun cas un électeur ne dispose de plus de dix voix.
5. Au moment où l'on adopta ce plan électoral, la méthode territoriale de vote fut abandonnée en faveur du système fonctionnel ou économique. Tous les citoyens votent maintenant en tant que membres de groupes industriels, sociaux, ou professionnels, indépendamment de leur résidence. Le corps électoral est donc composé de groupes intégrés, unifiés, et intelligents qui élisent seulement leurs meilleurs membres aux postes gouvernementaux de confiance et de responsabilité. Ce plan de suffrage fonctionnel ou collectif comporte une exception; l'élection d'un chef exécutif fédéral tous les six ans s'effectue par un vote national où nul citoyen ne dispose de plus d'une voix.
Ainsi, sauf dans l'élection du chef exécutif, le suffrage est exercé par des groupements économiques, professionnels, intellectuels, et sociaux de citoyens. L'État idéal est organique, et chaque groupe libre et intelligent d'habitants représente un organe vital et fonctionnel à l'intérieur du plus grand organisme gouvernemental.
Les écoles d'administration ont le pouvoir d'engager une action devant les tribunaux d'État pour faire retirer le droit de vote à tout individu vicieux, oisif, apathique, ou criminel. Ces gens reconnaissent que si une nation a cinquante pour cent d'éléments inférieurs ou dégénérés possédant le droit de vote, elle est condamnée à périr. Ils croient que la domination de la médiocrité provoque l'effondrement de n'importe quelle nation. Le vote est obligatoire, et les électeurs qui ne déposent pas leur bulletin sont frappés de lourdes amendes.
10. -- DISPOSITIONS À L'ÉGARD DU CRIME
Les méthodes de ce peuple pour traiter les criminels, les fous, et les dégénérés, plairont à la plupart des Urantiens sous certains rapports, mais sous d'autres ils les choqueront. Les anormaux et les criminels ordinaires sont placés par sexes dans différentes colonies agricoles où ils font plus que de subvenir à leurs besoins. Les criminels les plus invétérés et les aliénés incurables sont condamnés par les tribunaux à mourir dans des chambres à gaz. De nombreux crimes autres que le meurtre, y compris la trahison de la confiance du gouvernement, comportent aussi la peine de mort, et l'action de la justice est certaine et rapide.
Ce peuple est en train de sortir de l'ère négative de la loi pour entrer dans l'ère positive. Récemment l'on est allé jusqu'à essayer d'empêcher préventivement les crimes en condamnant à la détention à vie dans les colonies pénitentiaires les individus que l'on croit être potentiellement des assassins ou de grands criminels. Si ces condamnés démontrent ultérieurement qu'ils sont devenus plus normaux, ils peuvent être libérés sur parole ou pardonnés. Le nombre des homicides sur ce continent n'atteint qu'un pour cent de celui des autres nations.
Des efforts pour empêcher la reproduction des criminels et des dégénérés ont été entrepris il y a plus de cent ans et ont déjà donné des résultats très satisfaisants. Il n'existe ni prisons ni hôpitaux pour les aliénés. Ces efforts ont suffi pour que ces groupes soient dix fois moins nombreux que sur Urantia.
11. -- L'ÉTAT DE PRÉPARATION MILITAIRE
Les diplômes des écoles militaires fédérales peuvent être commissionnés comme « gardiens de la civilisation » en sept grades, selon leur compétence et leur expérience, par le président du Conseil National de la Défense. Ce conseil est composé de vingt-cinq membres nommés par les tribunaux familiaux, éducatifs, et industriels les plus élevés; il est confirmé par la cour fédérale suprême et présidé d'office par le chef d'état-major des affaires militaires coordonnées. Ses membres servent jusqu'à l'âge de soixante-dix ans.
Les cours suivis par ces officiers commissionnés durent quatre ans et sont invariablement en corrélation avec la maîtrise dans un commerce ou un métier. L'instruction militaire n'est jamais donnée sans que l'on y associe cette éducation industrielle, scientifique, ou professionnelle. Quand l'instruction militaire est terminée, l'intéressé a reçu pendant ses quatre ans de cours la moitié de l'éducation donnée dans n'importe quelle école spéciale où les cours durent également quatre ans. De cette manière, on évite la formation d'une classe de militaires de carrière en fournissant à un grand nombre d'hommes l'occasion de gagner leur vie tout en acquérant la première moitié d'une instruction technique ou professionnelle.
Le service militaire en temps de paix est purement volontaire. On s'engage dans chaque branche de service pour quatre ans, pendant lesquels chaque homme poursuit des études dans une branche spéciale en plus de l'approfondissement de la tactique militaire. L'éducation musicale est l'une des principales visées des écoles militaires centrales et des vingt-cinq camps d'entraînement répartis à la périphérie du continent. Durant les périodes de ralentissement dans l'industrie, des milliers de chômeurs sont employés automatiquement à renforcer les défenses militaires du continent sur terre, sur mer, et dans les airs.
Bien que cette nation entretienne de puissants effectifs de guerre pour se défendre contre les invasions des peuples environnants, on peut inscrire à son crédit que depuis plus de cent ans elle n'a employé ces ressources militaires à aucune guerre offensive. Ces gens se sont civilisés au point où ils peuvent vigoureusement défendre la civilisation sans céder à la tentation d'employer leur potentiel de guerre à des agressions. Ils n'ont pas connu de guerres civiles depuis l'établissement de l'État continental unifié, mais ils ont été appelés à soutenir neuf guerres défensives acharnées, dont trois contre de puissantes confédérations de pouvoirs mondiaux. Bien que cette nation entretienne une défense adéquate contre toute attaque par des voisins hostiles, elle consacre beaucoup plus de soins à éduquer des hommes d'État, des savants, et des philosophes.
Quand elle est en paix avec le monde, tous les mécanismes mobiles de défense sont pleinement employés aux affaires, au commerce, et aux divertissements. Quand la guerre est déclarée, la nation tout entière est mobilisée. Pendant la durée des hostilités, toute l'industrie paye son personnel au tarif des soldes militaires, et les chefs de tous les départements militaires deviennent membres du cabinet du chef exécutif.
12. -- LES AUTRES NATIONS
Bien que la société et le gouvernement de ce peuple unique soient sous beaucoup de rapports supérieurs à ceux des nations d'Urantia, il faudrait préciser que sur les autres continents (il y en a onze sur cette planète) les gouvernements sont nettement inférieurs à ceux des nations les plus évoluées d'Urantia.
À l'heure actuelle, ce gouvernement supérieur projette d'établir des relations d'ambassades avec les peuples inférieurs, et pour la première fois a surgi un grand chef religieux qui recommande l'envoi de missionnaires aux nations environnantes. Nous craignons que cette nation soit sur le point de faire la faute que tant d'autres ont commise en essayant d'imposer une culture et une religion supérieures à d'autres races. Quel merveilleux résultat on obtiendrait sur ce monde si cette nation continentale de culture avancée se bornait à se faire connaître et à amener chez elle les hommes d'élite des peuples voisins pour ensuite, après les avoir éduqués, les renvoyer comme émissaires de culture chez leurs frères plongés dans l'ignorance! Bien entendu, si un Fils Magistral devait bientôt venir chez cette notion évoluée, de grands événements pourraient se produire rapidement sur ce monde.
Ce récit des affaires d'une planète voisine est fait par autorisation spéciale dans le but de faire progresser la civilisation et d'accélérer l'évolution gouvernementale sur Urantia. On pourrait donner beaucoup plus de détails qui sans aucun doute intéresseraient et surprendraient les Urantiens, mais les révélations ci-dessus vont à la limite de ce que notre mandat nous permet.
Les Urantiens devraient toutefois prendre note que leur sphère soeur dans Satania n'a bénéficié ni de missions magistrales ni de missions d'effusion des Fils du Paradis. Les divers peuples d'Urantia ne sont pas non plus séparés les uns des autres par des disparités de culture offrant le même contraste que cette nation continentale avec les autres nations de la même planète.
L'effusion de l'Esprit de Vérité fournit la base pour réaliser de grands accomplissements dans l'intérêt de la race humaine de la planète qui en bénéficie. Urantia est donc beaucoup mieux préparée pour mettre au point un gouvernement planétaire avec ses lois, ses mécanismes, ses conventions, ses symboles, et son langage -- qui tous pourraient contribuer si puissamment à établir la paix mondiale sous l'égide de la loi et laisser présager l'aurore d'un véritable âge d'efforts spirituels. Cet âge serait le seuil spirituel conduisant aux âges utopiques de lumière et de vie.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]
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- Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
DÉVELOPPEMENT DE L'ÉTAT
L'ÉTAT marque une évolution utile de la civilisation; il représente le gain net que la société a retiré des ravages et des souffrances de la guerre. Même l'habileté politique n'est qu'une accumulation de techniques pour ajuster les rivalités de forces entre les tribus et nations en lutte.
L'État moderne est l'institution qui a survécu dans la longue bataille pour le pouvoir collectif. Un pouvoir supérieur a finalement prévalu et produit une créature de fait -- l'Etat -- avec le mythe moral que le citoyen est absolument obligé de vivre et de mourir pour l'Etat. Mais l'Etat n'a pas de genèse divine; il n'a même pas été fondé par une action humaine intelligemment voulue; il est purement une institution évolutionnaire et a pris naissance d'une manière entièrement machinale.
1. -- L'ÉTAT EMBRYONNAIRE
L'État est une organisation réglementaire territoriale et sociale. L'État le plus fort, le plus efficace, et le plus durable se compose d'une seule nation dont la population possède un langage, des moeurs, et des institutions communes.
Les premiers États étaient petits et furent tous le résultat de conquêtes. Ils ne naquirent pas d'associations volontaires. Beaucoup furent fondés par des nomades conquérants qui s'abattaient sur de paisibles bergers ou sur des cultivateurs établis pour les subjuguer et les réduire en esclavage. Ces États résultant de conquêtes étaient obligatoirement stratifiés; les classes étaient inévitables, et les luttes de classes ont toujours été sélectives.
Les tribus nordiques de Peaux-Rouges américains ne réussirent jamais à s'organiser réellement en États. Elles ne progressèrent pas au delà d'une vague confédération de tribus, d'une forme nationale très primitive. Celle qui se rapprocha le plus de l'intégration fut la fédération des Iroquois, mais ce groupe de six nations ne fonctionna jamais tout à fait comme un État et ne réussit pas à survivre parce qu'il lui manquait certains éléments essentiels de la vie nationale moderne tels que:
| 1. L'acquisition et l'héritage de la propriété, privée. | |
| 2. Des villes doublées d'une industrie et d'une agriculture. | |
| 3. Des animaux domestiques utiles. | |
| 4. Une organisation pratique de la famille. Les hommes rouges s'accrochaient à la famille maternelle et à l'héritage d'oncle à neveu. | |
| 5. Un territoire défini. | |
| 6. Un chef exécutif vigoureux. | |
| 7. L'esclavage des prisonniers -- ils les adoptaient ou les massacraient. | |
| 8. Des conquêtes décisives. |
Les hommes rouges étaient trop démocratiques; ils avaient un bon gouvernement, mais qui échoua. Ils auraient finalement donné naissance à un État s'ils n'avaient prématurément rencontré la civilisation plus avancée des hommes blancs qui employaient les méthodes gouvernementales des Grecs et des Romains.
La réussite de l'État romain -- fut basée sur:
| 1. La famille paternelle. | |
| 2. L'agriculture et la domestication des animaux. | |
| 3. La concentration de la population -- les villes. | |
| 4. La propriété privée des objets et de la terre. | |
| 5. L'esclavage -- les classes de citoyens. | |
| 6. La conquête et la réorganisation des peuples faibles et arriérés. | |
| 7. Un territoire défini avec des routes. | |
| 8. Des chefs personnels et forts. |
La grande faiblesse de la civilisation romaine et l'un des facteurs de l'effondrement final de l'empire fut la prise de dispositions soi-disant libérales et progressistes pour émanciper les garçons à vingt-et-un ans et pour libérer inconditionnellement les jeunes filles en leur laissant la faculté d'épouser un homme de leur choix ou de circuler dans le pays en s'adonnant à l'immoralité. Le tort causé à la société ne provint pas de ces réformes elles-mêmes, mais de la manière soudaine et générale dont elles furent adoptées. L'effondrement de Rome montre à quoi l'on peut s'attendre quand un État subit une expansion trop rapide accompagnée d'une dégénérescence interne.
L'État embryonnaire fut rendu possible par le déclin des liens du sang au profit des liens territoriaux, et ces fédérations de tribus étaient généralement cimentées fermement par des conquêtes. Un véritable État est caractérisé par une souveraineté qui transcende toutes les disputes mineures et tous les différends collectifs; cependant de nombreuses classes et castes subsistèrent dans les organisations d'État plus tardives, comme vestiges des tribus et clans des anciens temps. Les États territoriaux plus grands et ultérieurs livrèrent une bataille longue et acharnée à ces groupes de clans consanguins et moins nombreux, et le gouvernement tribal se révéla comme une précieuse transition entre l'autorité de la famille et celle de l'État. Au cours des temps plus récents, de nombreux clans prirent origine dans le commerce et dans d'autres associations industrielles.
Quand l'État ne réussit pas à s'intégrer, il en résulte une régression des techniques gouvernementales aux conditions antérieures; on en trouve un exemple dans le Moyen âge européen. Durant cet âge de ténèbres l'État s'effondra; on en revint aux petits groupes des châteaux-forts et à la réapparition des clans et des stades tribaux de développement. Des semi-États semblables existent encore maintenant en Asie et en Afrique, mais ils ne représentent pas tous des régressions évolutionnaires; beaucoup forment les noyaux embryonnaires des États de l'avenir.
2. -- L'ÉVOLUTION DU GOUVERNEMENT REPRÉSENTATIF
Bien que la démocratie soit un idéal, elle est un produit de la civilisation et non de l'évolution. Allez lentement! Choisissez soigneusement! Car voici les dangers de la démocratie:
| 1. La glorification de la médiocrité. | |
| 2. Le choix de chefs ignorants et vils. | |
| 3. L'incapacité de reconnaître les faits fondamentaux de l'évolution sociale. | |
| 4. Le danger du suffrage universel aux mains de majorités frustes et indolentes. | |
| 5. L'obéissance servile à l'opinion publique; la majorité n'a pas toujours raison. |
L'opinion publique, l'opinion commune, a toujours retardé la société. Elle est néanmoins précieuse, car tout en freinant l'évolution sociale, elle préserve la civilisation. L'éducation de l'opinion publique est la seule méthode saine et sûre pour accélérer la civilisation. La force n'est qu'un expédient temporaire, et la croissance culturelle sera d'autant plus accélérée que les balles de fusil céderont la place aux bulletins de vote. L'opinion publique (les moeurs) est l'énergie fondamentale et originelle dans l'évolution sociale et le développement de l'État; mais pour avoir une valeur susceptible de cimenter l'État, il faut que son expression soit dépourvue de violence.
La mesure du progrès d'une société est directement déterminée par le degré auquel l'opinion publique parvient à contrôler la conduite personnelle et les règlements d'État sans recourir à la violence. L'apparition du premier gouvernement réellement civilisé coïncida avec le moment où l'opinion publique put s'exprimer sous le couvert des pouvoirs d'immunité personnelle. Les élections populaires ne décident pas toujours la chose exacte à faire, mais elles représentent la manière juste de commettre même une erreur. L'évolution ne produit pas instantanément une perfection superlative, mais plutôt un ajustement comparatif avec des progrès pratiques.
L'évolution d'une forme pratique et efficace de gouvernement représentatif comporte les dix étapes ou stades suivants:
| 1. La liberté des personnes. L'esclavage, le servage, et toutes les formes de servitude humaine doivent disparaître. | |
| 2. La liberté de pensée. A moins que les hommes libres d'un peuple ne soient éduqués -- qu'on leur ait appris à penser intelligemment et à faire des projets sagement -- la liberté fait généralement plus de mal que de bien. | |
| 3. Le règne de la loi. On ne peut jouir de la liberté que si la volonté et les caprices des chefs humains sont remplacés par des actes législatifs conformes à la loi fondamentale acceptée. | |
| 4. La liberté de parole. Un gouvernement représentatif est impensable sans la possibilité pour les aspirations et opinions humaines de s'exprimer librement sous toutes les formes. | |
| 5. La sécurité de la propriété. Nul gouvernement ne peut durer longtemps s'il ne réussit pas à assurer le droit de jouir de la propriété privée sous une forme quelconque. Les hommes ont le désir ardent d'utiliser leurs biens personnels, de les donner, de les vendre, de les louer, et de les léguer. | |
| 6. Le droit de pétition. Un gouvernement représentatif implique le droit pour les citoyens d'être entendus. Le privilège de la pétition est inhérent à la libre citoyenneté. | |
| 7. Le droit de gouverner. Il ne suit pas d'être entendu. Il faut que le droit de requête progresse jusqu'à la direction réelle du gouvernement. | |
| 8. Le suffrage universel. Le gouvernement représentatif présuppose un électorat intelligent, efficace, et universel. Le caractère de ce gouvernement sera toujours déterminé par le caractère et l'envergure de ceux qui le composent. A mesure que la civilisation progressera, le suffrage, tout en restant universel pour les deux sexes, sera efficacement modifié, regroupé, et différencié encore autrement. | |
| 9. Le contrôle des fonctionnaires. Nul gouvernement civil ne jouera de rôle utile et efficace à moins que ses citoyens ne possèdent et n'emploient de sages techniques pour guider et contrôler les détenteurs de charges publiques et les fonctionnaires. | |
| 10. Des représentants intelligents et éduqués. La survie de la démocratie dépend de la réussite des gouvernements représentatifs, et cette réussite est conditionnée par la pratique de ne nommer aux charges publiques que les individus techniquement préparés, intellectuellement compétents, socialement loyaux, et moralement dignes. Ces dispositions sont indispensables pour préserver le gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple. |
3. -- LES IDÉAUX DE L'ÉTAT
La forme politique ou administrative d'un gouvernement a peu d'importance pourvu quelle fournisse les éléments essentiels du progrès civil -- la liberté, la sécurité, l'éducation, et la coordination sociale. Le cours de l'évolution sociale est déterminé par ce que l'État fait, et non par ce qu'il est. Après tout, nul État ne peut transcender les valeurs morales de ses citoyens mises en évidence par leurs chefs choisis. L'ignorance et l'égoïsme assurent la chute d'un gouvernement, même du type le plus élevé.
Si regrettable que ce soit, l'égoïsme national a été indispensable à la survie sociale. La doctrine du peuple élu a été un facteur primordial dans la fusion des tribus et l'édification des nations jusque dans les temps modernes. Mais nul État ne peut atteindre des niveaux idéaux de fonctionnement avant que toutes les formes d'intolérance aient été maîtrisées. L'intolérance est éternellement l'ennemie du progrès humain; la meilleure manière de la combattre est de coordonner la science, le commerce, les divertissements, et la religion.
L'État idéal fonctionne sous la poussée de trois puissantes impulsions coordonnées:
| 1. La loyauté bienveillante dérivée de l'épanouissement de la fraternité humaine. | |
| 2. Le patriotisme intelligent basé sur de sages idéaux. | |
| 3. La clairvoyance cosmique interprétée en termes de faits, de besoins, et de buts planétaires. |
Les lois de l'État idéal sont peu nombreuses. Elles ont dépassé l'âge négatif des tabous pour entrer dans l'ère du progrès positif de la liberté individuelle résultant d'une meilleure maîtrise de soi. Non seulement un État supérieur oblige ses citoyens à travailler, mais il les incite à utiliser de façon profitable et vivifiante les loisirs croissants dont ils peuvent jouir à mesure que les progrès de l'âge des machines les libèrent des corvées. Les loisirs doivent contribuer à produire aussi bien qu'à consommer.
Nulle société n'a progressé bien loin en autorisant la paresse et en tolérant la misère. D'autre part, il est impossible d'éliminer la pauvreté et la dépendance tant que l'on soutient largement des familles tarées et dégénérées et qu'on leur permet de se reproduire librement.
Une société morale devrait viser à préserver le respect de soi parmi ses citoyens et à fournir à tout individu normal des chances convenables de s'épanouir. L'adoption de ce plan d'accomplissement social donnerait naissance à une société culturelle de l'ordre le plus élevé. L'évolution sociale devrait être encouragée par une supervision gouvernementale exerçant un minimum de contrôle réglementaire. Le meilleur État est celui qui coordonne le plus en gouvernant le moins.
Les idéaux de l'État doivent être atteints par évolution, par la lente croissance de la conscience civique, par la récognition que le service social est une obligation et un privilège. Après la fin de l'administration par les pillards politiques, les hommes commencent par assumer les fardeaux du gouvernement comme un devoir, mais plus tard ils recherchent ce ministère comme un privilège et un honneur. Le statut d'un niveau quelconque de civilisation est fidèlement dépeint par l'envergure des hommes qui se portent volontaires pour accepter les responsabilités de l'État.
Dans une véritable communauté, le gouvernement des villes et des provinces est assuré par des experts et organisé exactement comme toutes les autres formes d'associations économiques et commerciales.
Dans les États évolués, on estime que les services politiques représentent le dévouement supérieur de la citoyenneté. La plus grande ambition des citoyens les plus sages et les plus nobles est de gagner la récognition civile, d'être élus ou nommés à un poste gouvernemental de confiance. Les gouvernements de ces États confèrent leurs plus hauts honneurs en reconnaissance de services à leurs délégués civils et sociaux. Les honneurs sont ensuite octroyés, dans l'ordre suivant, aux philosophes, aux éducateurs, aux savants, aux industriels, et aux militaires. Les parents sont dûment récompensés par l'excellence de leurs enfants. Quant aux chefs religieux, ils sont les ambassadeurs d'un royaume spirituel et reçoivent leur véritable récompense dans un autre monde.
4. -- LA CIVILISATION PROGRESSIVE
L'économie, la société, et le gouvernement doivent évoluer s'ils veulent subsister. Les conditions statiques sur un monde évolutionnaire dénotent la décadence. Seules persistent les institutions qui vont de l'avant avec le courant de l'évolution.
Le programme progressif d'une civilisation en expansion englobe:
| 1. La préservation des libertés individuelles. | |
| 2. La protection des foyers. | |
| 3. La promotion de la sécurité économique. | |
| 4. La lutte préventive contre les maladies. | |
| 5. L'instruction obligatoire. | |
| 6. L'emploi obligatoire. | |
| 7. L'utilisation profitable des loisirs. | |
| 8. Les soins aux malheureux. | |
| 9. L'amélioration de la race. | |
| 10. La promotion des sciences et des arts. | |
| 11. L'avancement de la philosophie -- la sagesse. | |
| 12. L'accroissement de l'intelligence cosmique -- la spiritualité. |
Ces progrès dans les arts de la civilisation conduisent directement à atteindre les buts humains et divins les plus élevés recherchés par les mortels -- l'accomplissement social de la fraternité des hommes et le statut personnel d'être conscient de Dieu. Ce statut se révèle dans le désir suprême de chaque individu de faire la volonté du Père céleste.
L'apparition d'une fraternité authentique signifie qu'un ordre social est arrivé où tous les hommes se réjouissent de porter les fardeaux les uns des autres et désirent réellement pratiquer la règle d'or. Toutefois, cette société idéale ne peut voir le jour tant que les faibles et les méchants ne cessent de guetter l'occasion de tirer des avantages injustes et impies de ceux qui sont principalement poussés par leur dévouement au service de la vérité, de la beauté, et de la bonté. Dans cette situation, il n'y a qu'une seule ligne de conduite pratique à suivre. Les adeptes de la règle d'or peuvent établir une société progressiste dans laquelle ils vivront selon leurs idéaux, tout en maintenant une défense adéquate contre leurs compagnons ignorants et incompétents qui pourraient chercher soit à exploiter leur prédilection pour la paix, soit à détruire leur civilisation en progrès.
L'idéalisme ne peut jamais survivre sur une planète en évolution si les idéalistes de chaque génération se laissent exterminer par les ordres humains inférieurs. Le grand test de l'idéalisme est le suivant: une société évoluée peut-elle maintenir un état de préparation militaire qui assure sa sécurité contre toute attaque par ses voisins belliqueux, sans céder à la tentation d'employer cette force militaire en opérations offensives contre d'autres peuples en vue de bénéfices égoïstes ou d'agrandissement national? La survie nationale exige un état de préparation, et seul l'idéalisme religieux peut empêcher de prostituer la préparation en agression. Seul l'amour (la fraternité) peut détourner les forts d'opprimer les faibles.
5. -- L'ÉVOLUTION DE LA CONCURRENCE
La concurrence est indispensable au progrès social, mais si elle est désordonnée, elle engendre la violence. Dans la société actuelle, la concurrence est en voie de remplacer lentement la guerre en déterminant la place de chaque individu dans l'industrie en même temps quelle décide de la survie des industries elles-mêmes. (Le meurtre et la guerre ont des statuts différents devant les moeurs; le meurtre a été mis hors la loi depuis les premiers jours de la société, tandis que la guerre n'a encore jamais été proscrite par l'humanité dans son ensemble.)
Un État idéal n'entreprend de régler la conduite sociale que juste assez pour éliminer la violence dans la concurrence individuelle et pour empêcher l'injustice dans l'initiative personnelle. Voici un grand problème pour les hommes d'État: Comment pouvez-vous garantir la paix et la tranquillité dans l'industrie, faire payer les impôts pour soutenir le pouvoir de l'État, et en même temps empêcher la fiscalité de handicaper l'industrie, et l'État de devenir parasitaire ou tyrannique?
Dans les âges primitifs de tous les mondes, la concurrence est indispensable au progrès de la civilisation. À mesure que l'évolution des hommes progresse, la coopération devient de plus en plus effective; dans les civilisations avancées, elle est plus efficace que la concurrence. Les hommes primitifs sont stimulés par la compétition. L'évolution primitive est caractérisée par la survie des êtres biologiquement valides, mais la meilleure manière de promouvoir les civilisations ultérieures est la coopération intelligente, la confrérie compréhensive, et la fraternité spirituelle.
Il est exact que la concurrence industrielle conduit à des gaspillages excessifs et manque tout à fait son but, mais nulle tentative pour éliminer cette perte d'activité économique ne devrait être encouragée si les ajustements correspondants impliquent la plus légère atteinte à l'une quelconque des libertés individuelles fondamentales.
6. -- LE MOBILE DU PROFIT
L'économie d'aujourd'hui, motivée par la recherche du bénéfice, est condamnée, à moins que les mobiles de service ne puissent s'ajouter aux mobiles de profit. La concurrence impitoyable basée sur l'intérêt égoïste à vues étroites finit par détruire les choses mêmes quelle cherchait à maintenir. L'intention de rechercher exclusivement un bénéfice pour soi-même est incompatible avec les idéaux chrétiens -- et bien plus encore avec les enseignements de Jésus.
Dans l'économie, le mobile du profit se situe par rapport au mobile du service à la même place relative que la peur par rapport à l'amour dans la religion. Mais il ne faudrait pas détruire ou supprimer brusquement le mobile du profit. Il maintient assidûment au travail bien des gens qui autrement seraient indolents. Il stimule l'énergie sociale, mais il n'est pas nécessaire que ses objectifs restent perpétuellement égoïstes.
Le mobile du profit dans les activités économiques est entièrement vil et totalement indigne d'un ordre social avancé; il est néanmoins un facteur indispensable dans les phases initiales de la civilisation.
Il ne faut pas enlever aux hommes le mobile du profit avant qu'ils aient fermement incorporé des buts non lucratifs dans leurs efforts économiques et leurs services sociaux -- le besoin transcendant d'une sagesse superlative, d'une fraternité mystérieuse, et d'une perfection dans l'accomplissement spirituel.
7. -- L'ÉDUCATION
Un État durable est fondé sur la culture, dominé par des idéaux, et motivé par le service. Le but de l'éducation devrait consister à acquérir de l'habileté, rechercher la sagesse, réaliser l'autonomie, et atteindre les valeurs spirituelles.
Dans un État idéal, l'éducation continue tout au long de la vie, et la philosophie devient parfois la principale visée de ses citoyens. Les membres d'une telle communauté recherchent la sagesse pour élever leur perspicacité au niveau où ils verront clairement le sens des relations humaines, les significations de la réalité, la noblesse des valeurs, les buts de la vie, et les gloires de la destinée cosmique.
Les Urantiens devraient avoir la vision d'une société culturelle nouvelle et supérieure. L'éducation fera un bond et atteindra de nouveaux niveaux de valeur lors de la disparition du système économique purement basé sur la recherche du profit. L'éducation a été trop longtemps nationaliste et militariste, exaltant l'ego et cherchant le succès personnel; il faut quelle devienne finalement mondiale et idéaliste, permettant aux individus de s'épanouir et de saisir le point de vue cosmique.
L'éducation est récemment sortie de l'emprise du clergé pour passer sous celle des avocats et des hommes d'affaires. En fin de compte, elle devra être confiée aux philosophes et aux savants. Il faut que les instructeurs soient des êtres libres, de vrais conducteurs, afin que la philosophie, la recherche de la sagesse, puisse devenir la principale visée de l'éducation.
La vie est là pour vous éduquer; il faut que l'éducation continue pendant toute la vie, de façon à ce que l'humanité acquière graduellement l'expérience des niveaux ascendants de la sagesse humaine, qui sont les suivants:
| 1. La connaissance des choses. | |
| 2. La conception claire des significations. | |
| 3. L'appréciation des valeurs. | |
| 4. La noblesse du travail -- le devoir. | |
| 5. La motivation des buts -- la moralité. | |
| 6. L'amour du service -- le caractère. | |
| 7. L'intelligence cosmique -- le discernement spirituel. |
Ensuite, grâce à ces accomplissements, nombre d'hommes s'élèveront au niveau ultime que la pensée mortelle puisse atteindre, la conscience de Dieu.
8. -- LE CARACTÈRE DE L'ÉTAT
Le seul caractère sacré de tout gouvernement humain est la division de l'État en trois domaines, ceux des fonctions exécutive, législative, et judiciaire. L'univers est administré selon ce plan qui sépare les fonctions et l'autorité. À part ce divin concept de réglementation sociale ou de gouvernement civil efficaces, peu importe la forme d'État qu'un peuple se choisisse, pourvu que la citoyenneté progresse toujours vers le but d'un meilleur contrôle de soi-même et de services sociaux accrus. L'acuité intellectuelle, la sagesse économique, l'intelligence sociale, et le courage moral d'un peuple se reflètent fidèlement dans l'aspect de l'État.
L'évolution de l'État progresse de niveau en niveau comme suit:
| 1. La création d'un gouvernement triple ayant des départements exécutif, législatif, et judiciaire. | |
| 2. La liberté pour les citoyens d'exercer des activités sociales, politiques, et religieuses. | |
| 3. L'abolition de toutes les formes d'esclavage et de servitude humaine. | |
| 4. L'aptitude des citoyens à réglementer l'établissement des impôts. | |
| 5. L'instauration d'une éducation universelle -- l'instruction depuis le berceau jusqu'à la tombe. | |
| 6. L'ajustement approprié entre les autorités locales et le gouvernement national. | |
| 7. L'encouragement de la science et la victoire sur la maladie. | |
| 8. La récognition de l'égalité des sexes et le comportement coordonné des hommes et des femmes, au foyer, à l'école, et à l'église, avec des services féminins spécialisés dans l'industrie et le gouvernement. | |
| 9. L'élimination de l'esclavage des corvées par l'invention de machines, et la domination subséquente de l'âge mécanique. | |
| 10. La victoire sur les dialectes, le triomphe d'un langage universel. | |
| 11. La fin des guerres -- l'arbitrage international des différends raciaux et nationaux par des cours continentales de nations, présidées par un tribunal planétaire suprême recruté automatiquement parmi les chefs des cours continentales arrivant périodiquement à la retraite. Les décisions des tribunaux continentaux sont exécutoires; le rôle du tribunal mondial est consultatif -- moral. | |
| 12. La tendance dans le monde entier à rechercher la sagesse -- l'exaltation de la philosophie. L'évolution d'une religion mondiale laissant présager l'entrée de la planète dans les phases primitives d'ancrage dans la lumière de la vie. |
Telles sont les conditions préalables d'un gouvernement de progrès et les marques distinctives d'un État idéal. Urantia est loin d'avoir réalisé ces idéaux élevés, mais ses races civilisées ont fait leurs débuts -- l'humanité est en marche vers des destinées évolutionnaires plus hautes.
[Présenté par un Melchizédek de Nébadon.]



