La cosmogonie d'Urantia
La première publication française du Livre d'Urantia

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    • 11. L’île éternelle du Paradis
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    • 14. L'univers central et divin
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    • 16. Les sept maîtres esprits
    • 17. Les sept groupes spirituels suprêmes
    • 18. Les personnalités suprêmes de la trinité
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    • 20. Les fils paradisiaques de Dieu
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    • 22. Les fils de Dieu trinitisés
    • 23. Les messagers solitaires
    • 24. Personnalités supérieures de l'esprit infini
    • 25. Les armées des messagers de l'espace
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    • 27. Le ministère des supernaphins primaires
    • 28. Esprits tutélaires des superunivers
    • 29. Les directeurs de pouvoir de l'univers
    • 30. Personnalités du grand univers
    • 31. Le corps de la finalité
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    • 32. L'évolution des univers locaux
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    • 37. Personnalités de l'univers local
    • 38. Esprits tutélaires de l'univers local
    • 39. Les armés séraphiques
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    • 42. Energie - pensée et matière
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    • 44. Les artisans célestes
    • 45. L'administration du système local
    • 46. Le siège du système local
    • 47. Les sept mondes des maisons
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    • 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer
    • 55. Les sphères de lumière et de vie
    • 56. Unité universelle
  • 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
    • 57. L'origine d'Urantia
    • 58. L'établissement de la vie sur Urantia
    • 59. L'ère de la vie marine sur Urantia
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    • 61. L'ère des mammifères sur Urantia
    • 62. Les races à l'aurore de l'homme primitif
    • 63. La première famille humaine
    • 64. Les races évolutionnaires de couleur
    • 65. Le supercontrôle de l'évolution
    • 66. Le prince planétaire d'Urantia
    • 67. La rébellion planétaire
    • 68. L'aurore de la civilisation
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    • 70. L'évolution du gouvernement humain
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    • 75. La faute d'Adam et d’Ève
    • 76. Le second jardin
    • 77. Les créatures médianes
    • 78. La race violette après les jours d'Adam
    • 79. L'expansion Andite en orient
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    • 161. Suite des discussions avec Rodan
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3. L'HISTOIRE D'URANTIA

62. Les races à l'aurore de l'homme primitif

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 02 December 2025

LES RACES À L'AURORE DE L'HOMME PRIMITIF

IL y a environ un million d'années, les ancêtres immédiats de l'humanité firent leur apparition en trois mutations successives et soudaines à partir de la souche primitive du type lémurien de mammifères placentaires. Les facteurs dominants de ces lémurs primitifs dérivaient du plasma vital évolutif du groupe américain occidental ou récent. Avant de donner naissance à la ligne directe des ancêtres de l'homme, cette race fut renforcée par des apports de l'implantation centrale de vie qui avait évolué en Afrique. Le groupe oriental n'apporta qu'une contribution insignifiante à la création effective de l'espèce humaine.

1. -- LES TYPES PRIMITIFS DE LÉMURS

Les lémurs primitifs ayant un rapport avec les ancêtres de l'espèce humaine n'avaient pas de parents directe avec les tribus préexistantes de gibbons et de singes qui vivaient alors en Eurasie et en Afrique du Nord et dont la descendance a survécu jusqu'aux temps présents. Ils n'étaient pas davantage issus des lémurs du type moderne, bien qu'ils aient eu un ancêtre commun éteint depuis longtemps.

Tandis que ces lémurs primitifs évoluaient dans l'hémisphère occidental, les mammifères ancêtres directs de l'humanité s'affermissaient en Asie du sud-ouest, dans la zone originelle de l'implantation centrale de vie, mais vers la frontière est de cette zone. Plusieurs millions d'années auparavant, les lémurs du type nord-américain avaient émigré vers l'ouest par le pont terrestre de Béring et avaient progressé lentement vers le sud-ouest le long de la côte asiatique. Ces tribus migratrices atteignirent finalement les régions salubres qui s'étendaient entre la Mer Méditerranée, alors beaucoup plus vaste, et les régions montagneuses en cours d'exhaussement de la péninsule Indienne. Dans ces terres situées à l'ouest de l'Inde, elles s'unirent à d'autres lignées propices et établirent ainsi l'ascendance de la race humaine.

Au cours des temps, le littoral de l'Inde situé au sud-ouest des montagnes fut progressivement submergé, et la vie de cette région se trouva complètement isolée. La péninsule Mésopotamienne ou Persane n'avait plus aucune voie d'accès ou de fuite sauf au nord, et cette dernière elle-même fut coupée de façon répétée par des invasions glaciaires se dirigeant vers le sud. C'est dans cette région alors presque paradisiaque, et à partir des descendants supérieurs de ce type de mammifères lémuriens, que surgirent deux grands groupes, les tribus simiennes des temps modernes et l'espèce humaine d'aujourd'hui.

2. -- LES MAMMIFÈRES PRÉCURSEURS DE L'HOMME

Il y a un peu plus d'un million d'années apparurent soudain les mammifères précurseurs mésopotamiens descendant directement du type lémurien nord-américain de mammifères placentaires. C'étaient de petites créatures actives, hautes de presque un mètre. Elles ne marchaient pas habituellement sur leurs pattes de derrière, mais pouvaient facilement se tenir debout.

Elles étaient velues et agiles et bavardaient à la manière des singes, mais contrairement aux tribus simiennes elles étaient carnivores. Elles avaient un pouce opposable primitif ainsi qu'un gros orteil préhensile extrêmement utile. A partir de ce moment, le pouce opposable se développa chez les espèces pré-humaines successives, tandis que leur gros orteil perdait progressivement le pouvoir de saisir. Les tribus récentes de singes gardèrent le gros orteil préhensile, mais n'acquirent jamais le pouce typique de l'homme.

Ces mammifères précurseurs atteignaient leur taille adulte vers trois ou quatre ans, et leur durée de vie possible était en moyenne de vingt ans. En règle générale ils portaient un seul rejeton à la fois, quoiqu'il y eût de temps en temps, des jumeaux.

Les membres de cette nouvelle espèce avaient un cerveau plus volumineux par rapport à leur taille que tous les autres animaux ayant vécu jusque là sur terre. Ils éprouvaient une grande partie des sentiments et possédaient la plupart des instincts qui devaient caractériser plus tard les hommes primitifs. Ils étaient extrêmement curieux et faisaient montre d'une grande joie lorsqu'ils réussissaient dans une entreprise quelconque. L'appétit pour la nourriture et le désir sexuel étaient bien développés. Une sélection sexuelle se manifestait nettement sous forme d'une cour rudimentaire et du choix des compagnes ou compagnons. Ils étaient capables de lutter farouchement pour défendre les leurs. Très tendres au sein de leurs associations familiales, ils possédaient un sens de l'humilité qui atteignait la honte et le remords. Ils étaient très affectueux et d'une fidélité touchante envers leur conjoint, mais si les circonstances les séparaient, ils choisissaient un nouveau partenaire.

Comme ils étaient de petite taille et que leur intelligence aiguë leur permettait de bien comprendre les dangers de leur habitat forestier, un extraordinaire sentiment de peur se développa chez eux. Cela les amena à prendre les sages mesures de précaution dont l'importance fut capitale pour leur survivance: par exemple, ils construisaient tout en haut des arbres des abris grossiers qui écartaient bien des périls de la vie à ras de terre. L'apparition des tendances à la peur chez l'humanité date spécifiquement de ces temps-là.

Ces mammifères précurseurs avaient l'esprit de tribu le plus développé que l'on ait encore jamais vu. Ils étaient certes très grégaires, mais se montraient malgré tout extrêmement batailleurs s'ils étaient troublés d'une façon quelconque dans le cours ordinaire de leur vie quotidienne, et ils faisaient preuve d'un caractère impétueux quand leur colère était à son comble. Toutefois, leur nature belliqueuse servit à des fins favorables; les groupes supérieurs n'hésitèrent pas à entrer en guerre avec leurs voisins inférieurs, et l'espèce s'améliora progressivement par la survivance sélective des meilleurs. Les lémurs précurseurs dominèrent très tôt les créatures plus petites de cette région, et peu de tribus simiennes anciennes non carnivores réussirent à survivre.

Ces petits animaux agressifs se multiplièrent et envahirent la péninsule mésopotamienne tout entière pendant plus de mille ans, tandis que leur type physique et leur intelligence générale s'amélioraient constamment. Soixante-dix générations exactement après que le type le plus élevé d'ancêtres lémuriens eut donné naissance à cette nouvelle tribu se produisit un fait nouveau dont l'importance est capitale: la différenciation soudaine des ancêtres de l'étape vitale suivante dans l'évolution des êtres humains sur Urantia.

3. -- LES MAMMIFÈRES INTERMÉDIAIRES

Vers le début de l'évolution des mammifères précurseurs, deux jumeaux, un mâle et une femelle, naquirent au sommet d'un arbre dans l'abri d'un couple d'agiles lémurs. Comparés à leurs ancêtres, ils étaient vraiment de jolies petites créatures. Ils avaient peu de poil sur le corps, ce qui ne constituait pas un inconvénient, car ils vivaient dans un climat chaud et uniforme.

Leur taille d'adultes dépassait un mètre vingt. Ils étaient en tous points plus grands que leurs parents, avec des jambes plus longues et des bras plus courts. Ils avaient des pouces opposables presque parfaits, à peu près aussi bien adaptés aux travaux les plus variés que le pouce des hommes modernes. Ils marchaient debout, car leurs pieds convenaient presque aussi bien à la marche que ceux des races humaines ultérieures.

Leur cerveau était inférieur en qualité à celui des êtres humains, et plus petit, mais très supérieur à celui de leurs ancêtres et relativement beaucoup plus volumineux. Les jumeaux manifestèrent très tôt une intelligence supérieure et furent bientôt reconnus comme chefs de toute la tribu des mammifères précurseurs; ils instituèrent réellement une forme primitive d'organisation sociale et une ébauche de division économique du travail. Le frère et la soeur s'unirent et jouirent bientôt de la société de vingt-et-un enfants très semblables à eux-mêmes, qui avaient tous plus d'un mètre vingt de haut et étaient en tout point supérieurs à leur espèce ancestrale. Ce nouveau groupe forma le noyau des mammifères intermédiaires.

Quand les membres de ce groupe nouveau et supérieur devinrent nombreux, la guerre, une guerre implacable contre les précurseurs éclata. Après la fin du terrible conflit, aucun individu de la race ancestrale pré-existante ne subsistait. Les descendants intermédiaires de l'espèce, moins nombreux mais plus puissants et plus intelligents, avaient survécu aux dépens de leurs ancêtres.

Ils devinrent alors la terreur de cette partie du monde pendant près de quinze mille ans (six cents générations). Tous les grands animaux féroces des temps passés avaient péri. Les grosses bêtes originaires de ces régions n'étaient pas carnivores, et les grands félins, lions et tigres, n'avaient pas encore envahi ce recoin particulièrement abrité de la surface terrestre. Grâce à cela, les mammifères intermédiaires devinrent courageux et subjuguèrent tout leur secteur de la création.

Comparés à l'espèce ancestrale, les mammifères intermédiaires représentaient un progrès sous tous les rapports. Même la durée potentielle de leur vie était plus longue et atteignait vingt-cinq ans. Un certain nombre de traits humains rudimentaires apparurent chez cette espèce nouvelle. En plus des propensions innées que montraient leurs ancêtres, les mammifères intermédiaires étaient capables d'exprimer leur dégoût dans certaines situations répugnantes. Ils possédaient aussi un instinct bien défini de thésaurisation; ils faisaient des provisions de nourriture pour leurs besoins ultérieurs et étaient très enclins à collectionner des galets ronds et lisses et certains types de pierres rondes utilisables comme projectiles défensifs et offensifs.

Ces mammifères intermédiaires furent les premiers à manifester une tendance nette à bâtir, ainsi que le montrent leurs rivalités dans la construction de huttes à la cime des arbres et de retraites souterraines percées de multiples tunnels: ils furent la première espèce de mammifères à rechercher la sécurité à la fois dans des abris arboricoles et souterrains. Délaissant largement les arbres comme lieu de séjour, ils vivaient sur le sol pendant la journée et retournaient dormir la nuit à la cime des arbres.

Au cours des temps, l'accroissement naturel de leur nombre entraîna finalement une concurrence sévère pour la nourriture et une rivalité sexuelle culminant en une série de batailles meurtrières qui détruisirent presque entièrement l'espèce. Les batailles se perpétuèrent jusqu'à ce qu'un groupe de moins de cent individus restât seul vivant. La paix régna une fois de plus; cette unique tribu survivante rebâtit ses chambres à coucher à la cime des arbres et reprit une fois de plus le cours normal d'une existence semi-pacifique.

Vous pouvez à peine imaginer combien vos ancêtres préhumains ont depuis lors frisé à plusieurs reprises la destruction totale. Si la grenouille ancestrale de toute l'humanité avait sauté cinq centimètres de moins dans une certaine occasion, tout le cours de l'évolution aurait été notablement changé. La mère lémurienne immédiate de l'espèce des mammifères précurseurs échappa d'un cheveu à la mort au moins cinq fois avant d'enfanter le père du nouvel ordre de mammifères supérieurs. La dernière extrémité fut atteinte lorsque la foudre frappa l'arbre dans lequel dormait la future mère des jumeaux Primates. Les deux mammifères intermédiaires parents furent sérieusement choqués et brûlés, et trois de leurs sept enfants furent tués par ce coup tombé du ciel. Ces animaux en cours d'évolution étaient presque superstitieux. Les deux membres du couple dont la cime d'arbre avait été foudroyée étaient réellement les dirigeants du groupe le plus progressif de l'espèce mammifère intermédiaire. Suivant leur exemple, plus de la moitié de la tribu comprenant les familles les plus intelligentes s'écarta d'environ trois kilomètres de ce lieu; elle se mit à construire de nouveaux logis à la cime des arbres et de nouveaux abris souterrains -- leurs retraites temporaires en cas de danger soudain.

Peu après avoir terminé sa demeure, le couple vétéran de tant de combats se trouva fièrement père et mère de jumeaux qui étaient les animaux les plus importants et les plus intéressants apparus jusqu'alors en ce monde. En effet, c'étaient les premiers représentants de la nouvelle espèce des Primates qui constitue l'étape vitale suivante de l'évolution pré-humaine.

Au moment même où naquirent ces jumeaux primates, un autre couple -- un couple particulièrement retardé de la tribu des mammifères intermédiaires dont le mâle et la femelle étaient inférieurs au physique comme au mental -- donna également naissance à des jumeaux. Ces jumeaux, un mâle et une femelle, étaient indifférents aux conquêtes; ils s'occupaient uniquement de trouver de la nourriture, et comme ils ne voulaient pas manger de chair, ils perdirent bientôt tout intérêt à la recherche des proies. Ces jumeaux attardés furent les fondateurs des tribus simiennes modernes. Leurs descendants recherchèrent les climats doux et l'abondance de fruits tropicaux des régions méridionales plus chaudes; ils s'y sont perpétués sans grand changement jusqu'à ce jour, à l'exception des branches qui s'unirent à des types antérieurs de gibbons et de singes et s'abâtardirent en conséquence.

Il est donc facile de voir que la seule parenté de l'homme et du singe réside dans le fait qu'ils descendent tous deux des mammifères intermédiaires chez qui se produisit la naissance simultanée de deux paires de jumeaux: la paire inférieure destinée à engendrer les types modernes de singes, de babouins, de chimpanzés et de gorilles; et la paire supérieure destinée à continuer la lignée ascendante qui donna par évolution l'homme lui-même.

Les hommes modernes et les simiens sont issus de la même tribu et de la même espèce, mais non des mêmes parents. Les ancêtres de l'homme descendent de la lignée supérieure du reste sélectionné de cette tribu mammifère intermédiaire, tandis que les simiens modernes (à l'exception de certains types pré-existants de lémurs, de gibbons, de singes, et d'autres créatures du même genre) descendent du couple le plus inférieur du groupe mammifère intermédiaire. Ce couple ne survécut qu'en se cachant pendant plus de deux semaines dans une retraite souterraine servant de garde-manger au cours de la dernière bataille acharnée de leur tribu, et en n'en ressortant qu'après la fin des hostilités.

4. -- LES PRIMATES

Remontons à la naissance des jumeaux supérieurs, un mâle et une femelle, les deux membres dirigeants de la tribu des mammifères intermédiaires. Ces deux bébés animaux appartenaient à un ordre inhabituel; ils avaient encore moins de poil sur le corps que leurs parents et, dès leur plus tendre enfance, ils insistèrent pour marcher debout. Leurs ancêtres avaient toujours appris à marcher sur leurs membres postérieurs, mais ces jumeaux primates se tinrent droit spontanément dès le début. Ils atteignirent une hauteur de plus d'un mètre cinquante et leur tête devint relativement plus volumineuse que celle des autres membres de la tribu. Ils apprirent très tôt à communiquer l'un avec l'autre au moyen de signes et de sons, mais ne réussirent jamais à faire comprendre ces nouveaux symboles à leurs semblables.

Quand ils eurent environ quatorze ans, ils s'enfuirent de la tribu et partirent vers l'ouest pour élever leur famille et fonder l'espèce nouvelle des primates. C'est à très juste titre que ces nouvelles créatures sont appelées Primates, car elles furent les ancêtres animaux directs et immédiats de la famille humaine elle-même.

C'est ainsi que les primates vinrent occuper une région située sur la côte ouest de la péninsule mésopotamienne qui s'avançait alors dans les mers du sud, tandis que les tribus étroitement apparentées et moins intelligentes vivaient à la pointe de la péninsule le long de sa côte orientale.

Les primates étaient plus humains et moins bestiaux que les mammifères intermédiaires qui les précédèrent. Les proportions du squelette de cette nouvelle espèce étaient tout à fait similaires à celles des races humaines primitives. Le type humain de mains et de pieds s'était pleinement développé, et ces créatures pouvaient marcher et même courir aussi bien que n'importe lequel de leurs descendants humains ultérieurs. Ils abandonnèrent presque complètement la vie dans les arbres, tout en continuant à utiliser la cime des arbres comme mesure de sécurité pour la nuit, car, à l'instar de leurs ancêtres, ils étaient extrêmement sujets à la peur. L'emploi accru de leurs mains contribua beaucoup à développer leur intelligence innée, mais ils ne possédaient pas encore une mentalité que l'on puisse vraiment qualifier d'humaine.

La nature émotionnelle des primates différait peu de celle de leurs aïeux, mais ils faisaient preuve d'une tendance plus humaine dans tous leurs penchants. C'étaient réellement des animaux splendides et supérieurs; ils atteignaient la maturité vers dix ans, et la durée de leur vie naturelle était d'environ quarante ans. Cela signifie qu'ils auraient pu vivre quarante ans s'ils étaient morts de leur mort naturelle, mais en ces temps reculés bien peu d'animaux mouraient de mort naturelle, car la lutte pour la vie était trop âpre.

C'est alors, après un développement couvrant presque neuf cents générations, soit environ vingt et un mille ans depuis l'apparition des mammifères précurseurs, que les primates donnèrent soudain naissance à deux créatures remarquables, les premiers êtres vraiment humains.

C'est ainsi que les mammifères précurseurs issus du type nord-américain de lémurs furent les ancêtres des mammifères intermédiaires, et que ces derniers donnèrent à leur tour naissance aux primates plus évolués, qui furent les ancêtres immédiats de la race humaine primitive. Les tribus de primates furent le dernier chaînon vital dans l'évolution de l'homme, mais en moins de cinq mille ans, il ne resta plus un seul primate de ces tribus extraordinaires.

5. -- LES PREMIERS ÊTRES HUMAINS

La naissance des deux premiers êtres humains se situe exactement 993.419 ans avant l'année 1934 de l'ère chrétienne.

Ces deux remarquables créatures étaient de véritables êtres humains. Elles possédaient un pouce humain parfait comme beaucoup de leurs ancêtres, mais elles avaient également des pieds aussi bien formés que ceux des races humaines actuelles. Ces êtres étaient des marcheurs et des coureurs, non des grimpeurs; la fonction préhensile du gros orteil était absente, complètement absente. Quand le danger les chassait vers la cime des arbres, ils grimpaient exactement comme le feraient les humains d'aujourd'hui. Ils grimpaient le long des troncs d'arbres comme des ours, et non comme des chimpanzés ou des gorilles en sautant de branche en branche.

Ces premiers êtres humains (et leurs descendants) devenaient pleinement adultes à douze ans et avaient une durée de vie potentielle d'environ soixante-quinze ans.

De nombreux sentiments nouveaux apparurent de bonne heure chez les deux jumeaux humains. Ils éprouvaient de l'admiration tant pour les objets que pour les autres êtres et faisaient montre d'une extrême vanité. Le progrès le plus remarquable dans leur développement émotionnel fut l'apparition d'un nouveau groupe de sentiments vraiment humains, les sentiments de culte comprenant la crainte, le respect, l'humilité, et même une forme primitive de gratitude. La crainte, jointe à l'ignorance des phénomènes naturels, était sur le point de donner naissance à la religion primitive.

Non seulement ces sentiments humains se manifestaient, mais beaucoup de sentiments plus hautement évolués étaient également présents sous une forme rudimentaire. Ces humains primitifs avaient modérément conscience de la pitié, de la honte, et de l'opprobre, et une conscience très aiguë de l'amour, de la haine, et de la vengeance; ils étaient également susceptibles d'éprouver des sentiments marqués de jalousie.

Les deux premiers humains -- les jumeaux -- furent une grande épreuve pour leurs parents primates. Ils étaient si curieux et si aventureux qu'ils faillirent perdre la vie en de nombreuses occasions avant d'avoir huit ans. Quoi qu'il en soit, ils étaient sérieusement couverts de cicatrices au moment où ils eurent douze ans.

Ils apprirent très tôt à communiquer verbalement. À l'âge de dix ans, ils avaient élaboré un langage plus perfectionné de signes et de mots comportant une cinquantaine d'idées, et largement amélioré et élargi les techniques rudimentaires de communication de leurs ancêtres. En dépit de leurs efforts, ils ne purent enseigner à leurs parents que très peu de leurs signes et symboles nouveaux.

Vers leur neuvième année, ils s'en allèrent un beau jour le long de la rivière et eurent un important entretien. Toutes les intelligences célestes stationnées sur Urantia, y compris moi-même, étaient présentes et observaient le déroulement de ce rendez-vous en plein soleil. Au cours de ce jour mémorable, ils convinrent de vivre l'un avec l'autre et l'un pour l'autre; cette entente fut la première d'une série d'accords qui culminèrent dans la décision de fuir leurs compagnons animaux inférieurs et de partir vers le nord, sans bien savoir qu'ils allaient fonder la race humaine.

Nous étions tous très préoccupés par les projets de ces deux petits sauvages, mais nous étions impuissants à contrôler le travail de leur pensée. Nous ne voulions ni ne pouvions influencer arbitrairement leurs décisions mais, dans les limites admissibles de nos fonctions planétaires, nous, les Porteurs de Vie, en accord avec nos associés, nous conspirâmes tous pour orienter les jumeaux humains vers le nord, loin de leurs parents velus vivant partiellement dans les arbres. Ainsi, par suite de leur propre choix intelligent, les jumeaux émigrèrent, et à cause de notre supervision ils émigrèrent vers le nord, vers une région retirée où ils échappèrent aux possibilités de dégradation biologique par mélange avec les familles inférieures des tribus de primates.

Peu avant de quitter leur forêt natale, ils perdirent leur mère au cours d'une attaque menée par des gibbons. Bien qu'elle ne possédât pas leur intelligence, elle avait, en tant que mammifère, une affection admirable et d'un haut degré pour ses enfants et sacrifia courageusement sa vie pour tenter de sauver le couple merveilleux. Son sacrifice ne fut pas vain, car elle contint l'ennemi jusqu'à ce que le père arrivât avec des renforts et mît les envahisseurs en fuite.

Peu après que le jeune couple eût abandonné ses compagnons pour fonder la race humaine, leur père primate devint inconsolable -- il avait le coeur brisé. Il refusait de manger, même quand la nourriture lui était apportée par ses autres enfants. Ayant perdu ses brillants rejetons, la vie ne lui semblait plus digne d'être vécue parmi ses compagnons ordinaires; il partit donc errer dans la forêt, fut attaqué par des gibbons hostiles, et mourut sous leurs coups.

6. -- L'ÉVOLUTION DE LA PENSÉE HUMAINE

Nous, les Porteurs de Vie sur Urantia, nous avions vécu la longue veille de l'attente vigilante depuis le jour où nous avions implanté le premier plasma de vie dans les eaux de la planète. L'apparition des premiers êtres réellement volitifs et intelligents nous procura naturellement une grande joie et une satisfaction suprême

Nous n'avions pas cessé de suivre le développement mental des jumeaux en observant les opérations des sept esprits-mentaux adjuvats affectés à Urantia au moment de notre arrivée sur la planète. Durant le long développement évolutionnaire de la vie planétaire, ces infatigables ministres de la pensée avaient sans cesse noté leur propre aptitude croissante à entrer en contact avec les facultés cérébrales des animaux, facultés qui s'amplifiaient à mesure que les créatures animales progressaient.

Au début, seul l'esprit d'intuition pouvait agir sur le comportement instinctif et soumis aux réflexes de la vie animale élémentaire. Quand des types plus élevés se différencièrent, l'esprit de compréhension put attribuer à ces créatures la faculté d'associer spontanément des idées. Plus tard, nous vîmes opérer l'esprit de courage; les animaux en cours d'évolution acquirent réellement une forme rudimentaire de conscience protectrice. À la suite de l'apparition des groupes de mammifères, nous vîmes l'esprit de connaissance se manifester dans une mesure accrue. Puis l'évolution des mammifères supérieurs permit l'intervention de l'esprit de conseil, avec la croissance correspondante de l'instinct grégaire et les débuts d'un développement social primitif.

Nous avions observé avec une attention croissante le service accru des cinq premiers adjuvats pendant toute l'évolution des mammifères précurseurs, des mammifères intermédiaires, et des primates. Toutefois les deux derniers adjuvats, ministres supérieurs de la pensée, n'avaient jamais pu agir sur le type urantien de pensée évolutionnaire.

Imaginez notre joie lorsqu'un jour -- les jumeaux avaient à peu près dix ans l'esprit de culte (d'adoration selon un traduction plus fidèle de "spirit of worship" dans le texte original Anglais)   entra pour la première fois en contact avec la pensée de la jumelle, et peu après avec celle du jumeau. Nous savions que quelque chose d'intimement lié à la pensée humaine arrivait à son apogée. Un an plus tard, quand ils se résolurent finalement, sous l'effet d'une pensée recueillie et d'une décision mûrement réfléchie, à fuir le foyer familial et à partir vers le nord, alors l'esprit de sagesse commença à opérer sur Urantia et chez ces deux penseurs humains désormais reconnus comme tels.

Il y eut immédiatement un nouvel ordre de mobilisation des sept esprits-mentaux adjuvats. Nous étions vibrants d'espérance; nous nous rendions compte que l'heure si longtemps attendue approchait; nous savions que nous étions au seuil de la réalisation de notre effort de longue haleine pour faire naître par évolution des créatures volitives sur Urantia.

7. -- URANTIA RECONNUE COMME MONDE HABITÉ

Nous n'eûmes pas longtemps à attendre. A midi, le lendemain de la fuite des jumeaux, le premier éclair d'essai des signaux du circuit de l'univers se produisit au foyer récepteur planétaire d'Urantia. Nous étions naturellement tous très émus à l'idée qu'un grand événement était imminent; mais étant donné qu'Urantia était une station expérimentale de vie, nous n'avions pas la moindre idée de la manière exacte dont nous serions informés que la vie intelligente était reconnue sur la planète. Nous ne restâmes pas longtemps dans l'attente. Le troisième jour après la fuite des jumeaux, et avant le départ du corps des Porteurs de Vie, arriva l'archange de Nébadon chargé de l'établissement des circuits planétaires initiaux.

Ce fut un jour mémorable sur Urantia lorsque notre petit groupe se réunit autour du pôle planétaire de communication spatiale et reçut le premier message envoyé de Salvington sur le circuit de pensée nouvellement établi de la planète. Dicté par le chef du corps des archanges, ce premier message disait:

« Aux Porteurs de Vie sur Urantia -- Salut! Nous transmettons l'assurance qu'il y eut une grande joie sur Salvington, Edentia, et Jérusem quand le signal de l'existence sur Urantia d'une pensée ayant la dignité volitive fut enregistré au quartier général de Nébadon. La décision concertée des jumeaux de fuir vers le nord et de séparer leur descendance de leurs ancêtres inférieurs a été remarquée. C'est la première décision mentale -- par des penseurs du type humain -- sur Urantia, et elle établit automatiquement le circuit de communication sur lequel ce message initial de reconnaissance est transmis ».

Ensuite arrivèrent par ce nouveau circuit les salutations des Très Hauts d'Edentia, qui contenaient des instructions pour les Porteurs de Vie résidents nous interdisant d'interférer avec l'archétype de vie que nous avions établi. Nous reçûmes l'ordre de ne pas intervenir dans les affaires du progrès humain. Il ne faut pas en déduire que les Porteurs de Vie interfèrent arbitrairement et machinalement avec la réalisation naturelle des plans évolutionnaires de la planète, car nous ne le faisons pas. Jusqu'alors nous avions eu la permission d'agir sur l'espace ambiant et de protéger le plasma vital d'une manière spéciale. Notre supervision extraordinaire, bien que parfaitement naturelle, devrait prendre fin.

À peine les Très Hauts eurent-ils cessé de parler que le magnifique message de Lucifer, alors souverain du système de Satania, commença à se faire entendre sur la planète. Les Porteurs de Vie entendirent les mots de bienvenue de leur propre chef et reçurent sa permission de retourner sur Jérusem. Le message de Lucifer contenait l'acceptation officielle de l'oeuvre des Porteurs de Vie sur Urantia et nous absolvait de toute critique future sur n'importe lequel de nos efforts pour améliorer les archétypes de vie de Nébadon, tels qu'ils étaient établis dans le système de Satania.

Ces messages de Salvington, d'Edentia, et de Jérusem marquèrent officiellement la fin de la supervision séculaire de la planète par les Porteurs de Vie. Nous avions été à la tâche pendant des âges, assistés seulement par les sept esprits-mentaux adjuvats et les Maîtres Contrôleurs Physiques. La volonté, le pouvoir de choisir l'adoration et l'ascension, était maintenant apparue chez les créatures évolutionnaires de la planète; nous comprîmes alors que notre oeuvre était achevée, et notre groupe se prépara au départ. Urantia étant un monde modificateur de vie, nous reçûmes la permission de laisser derrière nous deux Porteurs de Vie seniors avec douze assistants; je fus choisi comme membre de ce groupe, et depuis lors je suis toujours resté sur Urantia.

Il y a exactement 993.408 ans (avant l'année 1934 de l'ère chrétienne) qu'Urantia a été officiellement reconnue comme planète d'habitat humain dans l'univers de Nébadon. L'évolution biologique avait une fois de plus atteint les niveaux humains de dignité volitive; l'homme était apparu sur la planète 606 de Satania.

 

[Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon résidant sur Urantia.]

61. L'ère des mammifères sur Urantia

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 02 December 2025

L'ÈRE DES MAMMIFÈRES SUR URANTIA

L'ÈRE des mammifères s'étend depuis l'époque des premiers mammifères placentaires jusqu'à la fin de l'âge glaciaire et couvre un peu moins de cinquante millions d'années.

Au cours de cet âge Cénozoïque, le panorama du monde offrit un spectacle séduisant: collines ondulées, larges vallées, grands fleuves, et vastes forêts. Pendant cette période, l'Isthme de Panama s'éleva et s'affaissa deux fois, et le pont terrestre du Détroit de Béring fit trois fois de même.

Les types d'animaux étaient à la fois nombreux et variés. Les arbres fourmillaient d'oiseaux et le monde entier était un paradis pour les animaux, malgré les luttes incessantes pour la suprématie de leurs espèces en évolution.

Les dépôts accumulés au cours des cinq périodes de cette ère de cinquante millions d'années contiennent les archives fossiles des dynasties successives de mammifères, et conduisent directement aux temps où l'homme lui-même apparut.

1. -- LE NOUVEAU STADE DU SOL CONTINENTAL

L'ÈRE DES PREMIERS MAMMIFÈRES

Il y a 50 millions d'années, les zones continentales du monde se trouvaient en majeure partie au-dessus de l'eau ou légèrement immergées. Les formations et les dépôts de cette période sont à la fois terrestres et marins, mais principalement terrestres. Pendant un temps considérable, les terres s'élevèrent graduellement, mais elles furent en même temps érodées et entraînées vers les plaines et les mers.

Au début de cette période, les mammifères du type placentaire apparurent soudain en Amérique du Nord; ils représentaient l'étape la plus importante de l'évolution jusqu'à cette époque. Des ordres de mammifères non-placentaires avaient existé auparavant, mais ce nouveau type jaillit directement et soudainement de l'ancêtre reptile pré-existant dont la descendance s'était perpétuée au long des temps du déclin des dinosaures. Le père des mammifères placentaires fut un petit dinosaure carnivore, très actif, du type sauteur.

Les instincts fondamentaux des mammifères commencèrent à se manifester chez ces types primitifs. Les mammifères possèdent sur toutes les autres formes de la vie animale un immense avantage pour survivre du fait qu'ils peuvent:

  1. Mettre au monde des petits relativement évolués et bien développés.
  2. Nourrir, instruire, et protéger leur descendance avec amour.
  3. Employer la supériorité de leur pouvoir cérébral pour se perpétuer.
  4. Utiliser leur agilité accrue pour échapper à leurs ennemis.
  5. Appliquer leur intelligence supérieure pour s'ajuster et s'adapter à l'entourage.

Il y a 45 millions d'années, les arêtes des continents s'élevèrent corrélativement à un affaissement généralisé des régions côtières. Les races de mammifères évoluaient rapidement. Un petit mammifère reptile du type ovipare prospérait, et les ancêtres des futurs kangourous rôdaient en Australie. Il y eut bientôt des petits chevaux, des rhinocéros agiles, des tapirs à trompe, des porcs primitifs, des écureuils, des lémures, des opossums, et plusieurs tribus d'animaux simiens. Ils étaient tous petits, primitifs, et surtout adaptés à la vie dans les forêts des régions montagneuses. Un grand oiseau terrestre du genre autruche se développa jusqu'à atteindre trois mètres de haut; il pondait des oeufs de vingt-trois centimètres sur trente-trois et fut l'ancêtre des gigantesques oiseaux transporteurs ultérieurs, qui étaient si remarquablement intelligents et véhiculaient jadis des êtres humains à travers les airs.

Les mammifères du début de l'ère cénozoïque vivaient sur terre, sous l'eau, dans l'air, et au sommet des arbres. Ils avaient de une à onze paires de glandes mammaires et étaient tous recouverts d'une épaisse toison. A l'instar des espèces qui devaient apparaître plus tard, ils portaient deux dentitions successives et possédaient un cerveau de grande taille par rapport à leur corps, mais aucune des espèces modernes ne figurait parmi eux.

Il y a 40 millions d'années, les zones terrestres de l'hémisphère nord commencèrent à s'élever; ce phénomène fut suivi par de nouvelles et vastes sédimentations, et par d'autres mouvements terrestres comprenant des coulées de laves, des gauchissements, des formations lacustres, et des ,érosions.

Pendant la dernière partie de cette période, presque toute l'Europe fut submergée. A la suite d'un léger exhaussement du sol, le continent se couvrit de lacs et de baies. L'Océan Arctique coula vers le sud par la dépression de l'Oural pour rejoindre la Méditerranée qui s'étendait alors plus au nord; les hautes terres des Alpes, des Karpathes, des Apennins, et des Pyrénées émergeaient nettement comme les îles au milieu de la mer. L'Isthme de Panama était émergé; les océans Atlantique et Pacifique étaient séparés. L'Amérique du Nord était reliée à l'Asie par le pont terrestre du Détroit de Béring et à l'Europe par le Groenland et l'Islande. Le circuit terrestre continental des latitudes nordiques n'était interrompu que par le Détroit de l'Oural, qui reliait les mers arctiques à la Méditerranée agrandie.

De grandes quantités de calcaires foraminifères se déposèrent dans les eaux européennes. Aujourd'hui, cette roche se retrouve à une altitude de 3.000 mètres dans les Alpes, 5.000 mètres dans les Himalayas, et 6.000 mètres au Thibet. Les dépôts crayeux de cette période apparaissent le long des côtes d'Afrique et d'Australie, sur la côte ouest de l'Amérique du Sud, et dans la région des Antilles.

Tout au long de cette période dite Eocène, l'évolution des mammifères et des formes de vie apparentées se poursuivit presque sans interruption. L'Amérique du Nord était alors reliée par des terres à tous les autres continents sauf l'Australie, et le monde était progressivement envahi par divers types d'une faune mammifère primitive.

2. -- LE STADE RÉCENT D'INONDATION

L'ÈRE DES MAMMIFÈRES ÉVOLUÉS

Cette période fut caractérisée par une nouvelle et rapide évolution des mammifères placentaires, les formes plus avancées de mammifères qui se développèrent au cours de ces temps.

Bien que les mammifères placentaires primitifs fussent issus d'ancêtres carnivores, des espèces herbivores apparurent très vite, et bientôt des familles de mammifères omnivores surgirent également. Les angiospermes constituaient la nourriture principale de ces mammifères qui se multipliaient rapidement, car la flore terrestre moderne, y compris la majorité des plantes et des arbres actuels, était apparue au cours de périodes antérieures.

Il y a 35 millions d'années commença l'âge de la domination mondiale des mammifères placentaires. Le pont terrestre du Sud était très large et reliait à nouveau l'immense continent Antarctique à l'Amérique du Sud, à l'Afrique du Sud, et à l'Australie. Malgré l'amoncellement des terres aux hautes latitudes, le climat du monde restait relativement doux parce que la surface des mers tropicales s'était énormément accrue et que les terres n'étaient pas encore assez élevées pour produire des glaciers. De vastes coulées de laves eurent lieu au Groënland et en Islande, et une certaine quantité de charbon fut déposée entre ces couches.

Des changements prononcés se dessinaient dans la faune de la planète. La vie marine était en train de subir de profondes modifications; la majeure partie des espèces actuelles d'animaux marins existait déjà, et les foraminifères continuaient à jouer un rôle important. Les insectes ressemblaient beaucoup à ceux de la période précédente. Les dépôts fossiles de Florissant, au Colorado, datent des dernières années de ces temps lointains. La majorité des familles d'insectes actuellement vivants remontent à cette période, mais beaucoup de celles qui existaient alors sont maintenant éteintes, bien que leurs fossiles subsistent.

Sur les continents, cet âge fut par excellence celui de la rénovation et de l'expansion des mammifères. Plus de cent espèces de mammifères antérieurs et plus primitifs s'étaient éteintes avant la fin de cette période. Les mammifères de grande taille pourvus d'un petit cerveau périrent rapidement. Le cerveau et l'agilité avaient remplacé l'armure et la taille dans le progrès de la survivance des animaux. Comme la famille des dinosaures était sur son déclin, les mammifères assumèrent peu à peu la domination de la terre en détruisant rapidement et complètement le reste de leurs ancêtres reptiles.

Parallèlement à la disparition des dinosaures d'autres changements importants se produisirent dans les diverses branches de la famille des sauriens. Les membres survivants des familles primitives de reptiles sont les tortues, les serpents, et les crocodiles, ainsi que les vénérables grenouilles, seul groupe subsistant pour représenter les plus lointains prédécesseurs de l'homme.

Divers groupes de mammifères tirèrent leur origine d'un animal unique maintenant éteint. Cette créature carnivore était quelque chose comme le croisement d'un chat et d'un phoque; elle pouvait vivre sur terre ou dans l'eau, possédait une intelligence supérieure, et était très active. En Europe, l'ancêtre de la famille canine apparut par évolution et donna bientôt naissance à de nombreuses espèces de petits chiens. Vers la même époque apparurent les rongeurs, castors, écureuils, saccophores, souris, et lapins, qui représentèrent bientôt une forme de vie importante; très peu de modifications se sont produites depuis lors dans cette famille. Les derniers dépôts de cette période contiennent des restes fossiles de chiens, de chats, de ratons laveurs, et de belettes de forme ancestrale.

Il y a 30 millions d'années, les types modernes de mammifères commencèrent à faire leur apparition. Jusque là, les mammifères avaient vécu en majorité dans les montagnes, car ils appartenaient à des types montagnards. Soudain commença l'évolution du type ongulé des plaines, l'espèce herbivore différenciée des carnivores à grilles. Ces animaux broutants descendaient d'un ancêtre non différencié qui avait cinq orteils et quarante-quatre dents et qui disparut avant la fin de cet âge. L'évolution des ongulés ne progressa pas au delà du stade à trois orteils pendant cette période.

Le cheval, remarquable exemple d'évolution, vécut à cette époque en Amérique du Nord et en Europe, mais il n'acheva pas totalement son développement avant l'ère glaciaire ultérieure. La famille des rhinocéros, déjà existante à la fin de cette période, ne connut sa plus grande expansion que plus tard. Une petite créature porcine se développa également et devint l'ancêtre des nombreuses espèces de suidés, de pécaris, et d'hippopotames. Chameaux et lamas eurent leur origine en Amérique du Nord vers le milieu de cette période et envahirent les plaines de l'Ouest. Plus tard, les lamas émigrèrent en Amérique du Sud, les chameaux en Europe, et les deux espèces s'éteignirent bientôt en Amérique du Nord. Quelques chameaux survécurent toutefois jusqu'à l'âge glaciaire.

Un fait important se produisit à cette époque dans l'ouest de l'Amérique du Nord; les ancêtres primitifs des anciens lémures apparurent pour la première fois. Bien que l'on ne puisse pas véritablement qualifier de lémurienne cette famille, son apparition marque l'établissement de la lignée d'où les vrais lémures sortirent ultérieurement.

A l'instar des serpents terrestres d'un âge antérieur qui s'étaient voués à la vie marine, une tribu entière de mammifères placentaires déserta alors la terre pour établir sa résidence dans les océans. Ils sont depuis lors restés dans la mer où ils ont donné naissance aux baleines, dauphins, marsouins, phoques, et otaries actuels.

Les oiseaux continuèrent à se développer sur la planète, mais avec peu de changements évolutionnaires importants. La majorité des oiseaux des temps modernes existait déjà, y compris les mouettes, hérons, flamants, buses, faucons, aigles, hiboux, cailles, et autruches.

Vers la fin de cette période dite Oligocène, qui couvrit dix millions d'années, la vie végétale, la vie marine, et les animaux terrestres avaient très largement évolué et se trouvaient présents sur la planète à peu près comme aujourd'hui. Des spécialisations très poussées apparurent par la suite, mais les ancêtres de la majorité des animaux étaient déjà en vie.

3. -- LE STADE DES MONTAGNES MODERNES

  L'ÈRE DE L'ÉLÉPHANT ET DU CHEVAL

L'élévation des terres et la ségrégation des mers changeaient lentement la météorologie du monde: le temps se refroidissait progressivement, mais le climat restait encore doux. Séquoias et magnolias poussaient au Groënland, mais les plantes subtropicales commençaient à émigrer vers le sud. A la fin de cette période, les plantes et les arbres des climats chauds avaient largement disparus des latitudes septentrionales; leur place avait été prise par des plantes plus résistantes et par les arbres à feuilles caduques.

Le nombre des variétés d'herbes augmenta considérablement; les dents de beaucoup d'espèces de mammifères se modifièrent progressivement pour se rapprocher du type actuel de dentition des herbivores broutants.

Il y a 25 millions d'années, une légère immersion des terres se produisit après une longue époque d'émersion. La région des Montagnes Rocheuses resta très élevée, de sorte que des matériaux d'érosion continuèrent à se déposer sur l'ensemble des basses terres de l'Est. Les Sierras furent à nouveau exhaussées; en fait, elles n'ont pas cessé de s'élever depuis lors. La grande faille verticale californienne de six kilomètres et demi date de ce temps-là.

Il y a 20 millions d'années, les mammifères connurent véritablement leur âge d'or. L'isthme du détroit de Béring était émergé, ce qui permit à de nombreux groupes d'animaux d'émigrer d'Asie vers l'Amérique du Nord; ils comprenaient des mastodontes à quatre défenses, des rhinocéros à courtes pattes, et de nombreuses variétés de félins.

Les premiers cervidés apparurent, et l'Amérique du Nord fut bientôt envahie par des ruminants -- cerfs, boeufs, chameaux, bisons, et plusieurs espèces de rhinocéros -- mais l'espèce des porcs géants qui atteignaient plus de deux mètres de haut s'éteignit.

Les immenses éléphants de cette période et des périodes suivantes avaient un cerveau proportionné à leur grand corps; ils envahirent bientôt le monde entier à l'exception de l'Australie. Pour une fois, le monde fut dominé par un animal énorme dont le cerveau était suffisamment important pour lui permettre de subsister. En présence de la vie hautement intelligente de ces âges, nul animal de la taille d'un éléphant n'aurait pu survivre à moins de posséder un cerveau de grande dimension et de qualité supérieure. En ce qui concerne l'intelligence et la faculté d'adaptation, le cheval est seul à s'approcher de l'éléphant, lequel n'est surpassé que par l'homme lui-même. Malgré cela, sur les cinquante espèces d'éléphants existant au début de cette période, deux seulement ont survécu.

Il y a 15 millions d'années, les régions montagneuses de l'Eurasie étaient en train de s'élever; une certaine activité volcanique s'y manifestait un peu partout, sans pourtant avoir rien de comparable aux coulées de lave de l'hémisphère occidental. Ces conditions instables prévalaient sur l'ensemble du monde.

Le détroit de Gibraltar se ferma, et l'Espagne fut reliée à l'Afrique par le vieil isthme, mais la Méditerranée s'écoulait dans l'Atlantique par un étroit canal qui traversait la France, tandis que les pics montagneux et les hautes terres formaient des îles à la surface de cette mer ancienne. Plus tard, ces mers européennes commencèrent à se retirer. Plus tard encore, la Méditerranée fut reliée à l'Océan Indien, tandis qu'à la fin de cette période la région de Suez se souleva, la Méditerrané fut transformée pendant un temps en une mer intérieure salée.

Le pont terrestre de l'Islande fut submergé, et les eaux arctiques se mélangèrent avec celles de l'Océan Atlantique. La côte Atlantique de l'Amérique du Nord se refroidit rapidement, mais la côte Pacifique resta plus chaude qu'à présent. Les grands courants' océaniques circulaient et affectaient le climat à peu près comme aujourd'hui.

La vie des mammifères continua d'évoluer. D'immenses troupeaux de chevaux se joignirent aux chameaux dans les plaines occidentales de l'Amérique du Nord; cet âge fut vraiment celui des chevaux aussi bien que celui des éléphants. Pour sa qualité animale, le cerveau du cheval vient immédiatement après celui de l'éléphant, bien qu'il soit nettement inférieur sur un point: le cheval ne triompha jamais complètement de sa propension profonde à fuir lorsqu'il est effrayé. Le cheval manque du contrôle émotionnel de l'éléphant, tandis que l'éléphant est gravement handicapé jar sa taille et son manque d'agilité. Au cours de cette période apparut par évolution un animal qui tenait à la fois du cheval et de l'éléphant, mais il fut bientôt détruit par la famille des félins qui se multipliaient rapidement.

Au moment où Urantia s'engage dans le soi-disant « âge sans chevaux » vous devriez faire une pause et songer à ce que cet animal signifiait pour vos ancêtres. Les hommes employèrent d'abord les chevaux pour se nourrir, puis pour voyager, et enfin pour l'agriculture et la guerre. Le cheval a servi l'humanité pendant longtemps et a joué un rôle important dans le développement de la civilisation humaine.

Les développements biologiques de cette période contribuèrent beaucoup à préparer le terrain pour l'apparition ultérieure de l'homme. En Asie Centrale, les véritables types de singes primitifs et de gorilles évoluèrent à partir d'un ancêtre commun maintenant éteint. Mais aucune de ces espèces n'est rattachée à la lignée des êtres vivants destinés à donner plus tard les ancêtres de la race humaine.

La famille des canins était représentée par plusieurs groupes, notamment par des loups et des renards; la tribu des félins l'était par des panthères et de grands tigres machérodes (à dents en forme de coutelas) dont les premiers apparurent d'abord en Amérique du Nord. Les familles félines et canines modernes se multiplièrent dans le monde entier. Belettes, maîtres, loutres, et ratons laveurs prospérèrent et se multiplièrent dans les latitudes septentrionales.

Les oiseaux continuèrent à évoluer sans subir de changements notables. Les reptiles étaient semblables aux types modernes -- serpents, crocodiles, et tortues.

Ainsi tirait à sa fin une période de l'histoire du monde très intéressante et fertile en événements. Cette ère de l'éléphant et du cheval est connue sous le nom de Miocène.

4. -- LE STADE RÉCENT D'ÉLÉVATION CONTINENTALE

LA DERNIÈRE GRANDE MIGRATION DES MAMMIFÈRES

Cette période est marquée par l'élévation pré-glaciaire des terres en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. La topographie de la Terre fut largement modifiée. Des chaînes de montagnes naquirent, des fleuves changèrent leur cours, et des volcans isolés apparurent dans le monde entier.

Il y a 10 millions d'années commença un âge de dépôts terrestres locaux disséminés sur les basses terres des continents, mais la plupart de ces sédimentations furent ultérieurement érodées. En ce temps-là, une grande partie de l'Europe était encore immergée, y compris certaines portions de l'Angleterre, de la Belgique, et de la France; la Mer Méditerranée recouvrait une grande partie de l'Afrique du Nord. En Amérique du Nord, des dépôts s'accumulèrent sur de grandes surfaces à la base des montagnes, dans les lacs, et dans les grandes cuvettes terrestres. Ces dépôts ont une épaisseur moyenne qui ne dépasse pas soixante mètres; ils sont plus ou moins colorés, et les fossiles y sont rares. Deux grands lacs d'eau douce existaient dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Les Sierras s'élevaient. Les monts Shasta, Hood, et Rainier débutaient dans leur carrière; mais ce n'est pas avant l'âge glaciaire suivant que l'Amérique du Nord commença son cheminement vers la dépression Atlantique.

Pendant une brève période, toutes les terres du monde se trouvèrent à nouveau jointes à l'exception de l'Australie, et la dernière migration animale à l'échelle mondiale eut lieu. L'Amérique du Nord était reliée à la fois à l'Amérique du Sud et à l'Asie, et des échanges s'effectuaient librement dans le règne animal. Les paresseux, les tatous, les antilopes, et les ours d'Asie pénétrèrent en Amérique du Nord, tandis que les chameaux nord-américains allèrent en Chine. Les rhinocéros émigrèrent dans le monde entier à l'exception de l'Australie et de l'Amérique du Sud mais, à la fin de cette période, leur race s'était éteinte dans l'hémisphère occidental.

En général, la vie de la période précédente continua à évoluer et à se répandre. La famille des félins dominait la vie animale, et la vie marine était presque stationnaire. Beaucoup de chevaux étaient encore du type à trois orteils, mais différentes races modernes allaient surgir; des lamas et des chameaux du genre girafe se mêlaient aux chevaux dans les plaines à pâturages. La girafe apparut en Afrique avec un cou aussi long qu'aujourd'hui. En Amérique du Sud, les paresseux les tatous, les fourmiliers, et les types sud-américains de singes primitifs évoluèrent. Avant que les continents ne soient définitivement isolés, les mastodontes, ces animaux massifs, émigrèrent dans le monde entier sauf en Australie.

Il y a 5 millions d'années, le cheval atteignit son point d'évolution actuel et émigra d'Amérique du Nord dans le monde entier. Mais la race chevaline s'était éteinte sur son continent d'origine bien avant l'arrivée de l'homme rouge.

Le climat se refroidissait progressivement, les plantes terrestres se déplaçaient lentement vers le sud. C'est d'abord le froid accru dans les régions nordiques qui arrêta les migrations animales par les isthmes du nord; plus tard, les ponts terrestres de l'Amérique du Nord s'affaissèrent. Bientôt après, la liaison terrestre entre l'Afrique et l'Amérique du Sud fut définitivement submergée, et l'hémisphère occidental se trouva isolé à peu près comme aujourd'hui. A partir de cette époque, des types de vie distincts commencèrent à se développer en Orient et en Occident.

Ainsi se clôtura cette période de près de dix millions d'années, alors que l'ancêtre de l'homme n'avait pas encore fait son apparition. Cette époque est généralement désignée sous le nom de Pliocène.

5. -- LE DÉBUT DE L'ÈRE GLACIAIRE

A la fin de la période précédente, les terres du nord-est de l'Amérique du Nord et de l'Europe septentrionale étaient extrêmement élevées sur de grandes surfaces; en Amérique du Nord, de vastes régions atteignaient une altitude de 9.000 mètres et plus. Des climats doux avaient régné jusqu'alors dans ces régions nordiques, et toutes les eaux arctiques étaient sujettes à l'évaporation; elles restèrent libres de glaces presque jusqu'à la fin de la période glaciaire.

En même temps que ces terres s'élevaient, les courants océaniques se déplacèrent et les vents saisonniers modifièrent leur direction. Ces conditions provoquèrent en fin de compte sur les hautes terres septentrionales une précipitation d'humidité presque constante par suite des mouvements de l'atmosphère fortement saturée. La neige commença à tomber sur ces régions élevées, donc froides, et elle continua jusqu'à ce qu'elle eut atteint une épaisseur de 6.000 mètres. Les zones de plus grande épaisseur de neige, ainsi que l'altitude, déterminèrent les points centraux des coulées glaciaires sous pression qui se produisirent plus tard. L'âge glaciaire persista tant que ces précipitations excessives continuèrent à couvrir les hautes terres nordiques d'un énorme manteau de neige qui se métamorphosait vite en glace compacte mais cheminante.

Les grandes couches glaciaires de cette époque étaient toutes situées sur des hautes terres, et non dans les régions montagneuses où elles se trouvent aujourd'hui. La moitié des formations glaciaires était située en Amérique du Nord, un quart en Eurasie, et un quart dans le reste du monde, principalement dans l'Antarctique. L'Afrique était peu touchée par les glaces, mais l'Australie était presque entièrement recouverte par le manteau de glace de l'Antarctique.

Les régions nordiques d'Urantia ont connu six invasions glaciaires séparées et distinctes, bien que des douzaines de progressions et de reculs se soient produits en liaison avec l'activité de chaque couche de glace individuelle. Les glaces de l'Amérique du Nord se rassemblèrent en deux centres, et plus tard en trois. Le Groenland était couvert de glace et l'Islande complètement ensevelie sous une coulée glaciaire. En Europe, la glace recouvrit à différentes époques les Iles Britanniques, à l'exception de la côte sud de l'Angleterre, et s'étendit sur l'Europe occidentale jusqu'en France.

Il y a 2 millions d'années, l'âge glaciaire était dans sa genèse. Le premier glacier nord-américain commença son mouvement vers le sud; il lui fallut presque un million d'années pour avancer, puis pour se retirer vers les centres de pression du nord. Le manteau de glace central s'étendit vers le sud jusqu'au Kansas; les centres glaciaires de l'est et de l'ouest n'étaient pas alors très étendus.

Il y a 1.500.000 ans, le premier grand glacier reculait vers le nord. Entre temps, d'énormes quantités de neige étaient tombées sur le Groenland et sur le nord-est de l'Amérique du Nord; cette masse glaciaire orientale ne tarda pas à couler lentement vers le sud. Ce fut la seconde invasion glaciaire.

Ces deux premières invasions ne furent pas très étendues en Eurasie. Au cours des époques primitives de l'ère glaciaire, l'Amérique du Nord était envahie de mastodontes, de mammouths laineux, de chevaux, de chameaux, de cerfs, de boeufs musqués, de bisons, de tardigrades terrestres, de castors géants, de tigres machérodes, de paresseux gros comme des éléphants, et de nombreux groupes des familles féline et canine. A partir de cette époque, leur nombre fut rapidement réduit par le froid croissant de la période glaciaire. Vers la fin de l'âge glaciaire, ces espèces animales s'étaient en majorité éteintes en Amérique du Nord.

En dehors des régions recouvertes de glace, la vie terrestre et aquatique n'avait pas beaucoup changé dans le monde. Entre les invasions glaciaires, le climat était à peu près aussi doux qu'aujourd'hui, peut-être même un peu plus chaud. Après tout, les glaciers n'étaient que des phénomènes locaux, bien qu'ils aient recouvert d'immenses surfaces. Le climat côtier varia grandement entre les périodes d'inactivité glaciaire et celles où d'énormes icebergs se laissaient glisser des côtes du Maine dans l'Atlantique; d'autres s'échappaient par le Puget Sound vers le Pacifique, ou s'écroulaient avec fracas dans les fjords norvégiens ouverts sur la Mer du Nord.

6. -- L'HOMME PRIMITIF DANS L'ÈRE GLACIAIRE

Le grand événement de cette période glaciaire fut l'apparition évolutive de l'homme primitif. Légèrement à l'ouest de l'Inde, sur une terre maintenant immergée et parmi les descendants des anciens lémures d'Amérique du Nord émigrés en Asie, les mammifères précurseurs de l'homme apparurent soudainement. Ces petits animaux marchaient principalement sur leurs pattes de derrière; ils possédaient un gros cerveau proportionnellement à leur taille et comparativement au cerveau des autres animaux. Dans la soixante-dixième génération de cet ordre de vie, un groupe nouveau et supérieur d'animaux se différencia soudain. Ces nouveaux mammifères intermédiaires -- qui avaient presque deux fois la taille de leurs ancêtres et possédaient des facultés cérébrales accrues en proportion -- venaient à peine de bien s'établir quand les Primates, représentant leur troisième mutation vitale, apparurent soudain. (Au même moment, un développement rétrograde, survenu au coeur de la souche des mammifères intermédiaires, donna naissance aux ancêtres de la race simienne; depuis ce jour et jusqu'aux temps présents, la branche humaine a progressé selon une évolution graduelle, tandis que les tribus simiennes sont restées stationnaires ou ont même réellement rétrogradé.)

Il y a un million d'années, Urantia fut enregistrée comme monde habité. Une mutation à l'intérieur de la souche des Primates en progression produisit soudain deux êtres humains primitifs, les véritables ancêtres de l'humanité.

Cet événement eut lieu à peu près au moment où commençait la troisième avancée glaciaire; on voit donc que vos premiers ancêtres naquirent et se formèrent dans une ambiance difficile, tonifiante, et stimulante. Les seuls survivants de ces aborigènes d'Urantia, les Esquimaux, préfèrent encore maintenant vivre dans les climats nordiques très froids.

Les êtres humains n'habitèrent pas l'hémisphère occidental avant les derniers temps de l'ère glaciaire; mais au cours des époques inter-glaciaires, ils passèrent vers l'ouest en contournant la Méditerranée et envahirent bientôt le continent européen. Dans les cavernes de l'Europe occidentale on trouve des ossements humains mêlés à des restes d'animaux aussi bien arctiques que tropicaux, ce qui témoigne que des hommes ont vécu dans ces régions pendant les dernières époques de progression et de recul des glaciers.

7. -- LA SUITE DE L'ÈRE GLACIAIRE

Tout au long de la période glaciaire, d'autres activités continuèrent à progresser, mais l'action des glaces éclipsa tous les phénomènes des latitudes nordiques. Nulle autre activité terrestre n'a laissé de preuves topographiques aussi nettes. Les gros cailloux caractéristiques et les clivages de la surface, tels que marmites de géants, lacs, pierres déplacées ou pulvérisées, ne sont liés à aucun autre phénomène de la nature. La glace est également responsable des molles ondulations de terrain connues sous le nom de drumlins. De plus, au cours de sa progression, un glacier déplace les rivières et modifie complètement la face de la terre. Seuls les glaciers laissent derrière eux comme débris révélateurs les moraines médianes, latérales, et frontales. Ces dépôts, en particulier les moraines médianes, s'étendent vers le nord et l'ouest en partant de la côte orientale de l'Amérique du Nord. On en trouve également en Europe et en Sibérie.

Il y a 750.000 ans, la quatrième nappe de glace, formée par l'union des champs glaciaires du centre et de l'est de l'Amérique du Nord, était bien en route vers le sud. A son apogée, elle atteignit le sud de l'Illinois et déplaça le Mississipi de quatre-vingts kilomètres vers l'ouest, tandis que la partie orientale de la nappe s'étendit vers le sud jusqu'au fleuve Ohio et à la Pennsylvanie centrale.

C'est en Asie que la nappe glaciaire sibérienne fit son invasion la plus méridionale, tandis qu'en Europe la glace en régression s'arrêta juste avant la barrière montagneuse des Alpes.

Il y a 500.000 ans, au cours de la cinquième avance glaciaire, un nouveau phénomène accéléra le cours de l'évolution humaine. Soudain, et en une seule génération, les six races de couleur apparurent par mutation à partir de la souche humaine aborigène. Cette date est doublement importante, car elle marque également l'arrivée du Prince Planétaire.

En Amérique du Nord, le cinquième glacier en progression consista en une invasion combinée partant des trois centres glaciaires. Toutefois, le lobe oriental ne s'étendit que peu au sud de la vallée du Saint-Laurent et la nappe occidentale n'avança que peu vers le sud. Par contre, le lobe central s'étendit suffisamment vers le sud pour recouvrir presque entièrement l'Etat d'Iowa. En Europe, cette invasion glaciaire ne fut pas aussi étendue que la précédente.

Il y a 250.000 ans commença la sixième et dernière poussée glaciaire. En dépôt du fait que les hautes terres nordiques avaient commencé à s'affaisser légèrement, cette période vit les plus grands dépôts de neige s'accumuler sur les champs de glace septentrionaux.

Au cours de cette invasion, les trois grandes nappes glaciaires se soudèrent en une seule immense masse, et toutes les montagnes de l'ouest participèrent à cette activité. Ce fut la plus grande de toutes les invasions glaciaires en Amérique du Nord; la glace se déplaça vers le sud à plus de deux mille cinq cents kilomètres de ses centres de pression, et l'Amérique du Nord connut les températures les plus basses de son histoire.

Il y a 200.000 ans, au cours de l'avance du dernier glacier, eut lieu un épisode qui influença beaucoup le cours des événements sur Urantia -- la rébellion de Lucifer.

Il y a 150.000 ans, la sixième et dernière invasion glaciaire atteignit les points extrêmes de sa progression vers le sud; la nappe occidentale dépassait juste la frontière canadienne, la nappe centrale atteignait le Kansas, le Missouri, et l'Illinois, et la nappe orientale recouvrait une grande partie de la Pennsylvanie et de l'Ohio.

C'est ce glacier qui projeta les nombreuses protubérances, ou langues glaciaires, qui sculptèrent les lacs actuels, grands et petits. Le système des grands lacs nord-américains fut établi par ce glacier pendant son recul. Les géologues d'Urantia ont retracé de façon très exacte les différents stades de cette évolution et ont correctement conjecturé que ces masses d'eau se sont vidées à des époques différentes, d'abord dans la vallée du Mississipi, puis, vers l'est dans la vallée de l'Hudson, et finalement par un passage nordique dans celle du Saint-Laurent. Il y a maintenant trente sept mille ans que les eaux du système communiquant des Grands Lacs s'écoulent par la voie actuelle du Niagara.

Il y a 100.000 ans, lors du recul du dernier glacier, les immenses nappes polaires de glace commencèrent à se former et le centre des accumulations glaciaires se déplaça considérablement vers le nord. Aussi longtemps que les régions polaires seront couvertes de glaces, il sera pratiquement impossible à un nouvel âge glaciaire de survenir, quelles que puissent être dans l'avenir les élévations de terrain ou les modifications des courants océaniques.

Le dernier glacier mit cent mille ans à avancer et il lui fallut un laps de temps égal pour achever son retrait vers le nord. Les régions tempérées sont libres de glaces depuis un peu plus de cinquante mille ans.

Les rigueurs de la période glaciaire détruisirent de nombreuses espèces animales et en modifièrent radicalement beaucoup d'autres. Maintes espèces furent cruellement sélectionnées au cours des migrations répétées rendues nécessaires par les avances et reculs des glaces. Les animaux qui suivirent les déplacements alternés des glaciers sur la terre furent l'ours, le bison, le renne, le boeuf musqué, le mammouth, et le mastodonte.

Les mammouths recherchaient les prairies dégagées et les mastodontes préféraient la lisière abritée des régions boisées. Jusqu'à une date récente, les mammouths vagabondèrent du Mexique au Canada; la variété sibérienne se couvrit de laine. Les mastodontes continuèrent à vivre en Amérique du Nord jusqu'à ce que les hommes rouges les aient exterminés, à peu près comme les hommes blancs massacrèrent plus tard les bisons.

Au cours de la dernière période glaciaire, les chevaux, les tapirs, les lamas, et les tigres machérodes disparurent de l'Amérique du Nord. Ils furent remplacés par des paresseux des tatous, et des cabiais ou cochons d'eau remontés de l'Amérique du Sud.

Les migrations forcées de la vie devant les progressions glaciaires amenèrent d'extraordinaires croisements de plantes et d'animaux. Après le retrait de la dernière invasion glaciaire, de nombreuses espèces arctiques, tant animales que végétales, restèrent échouées sur les hauteurs de certains pics montagneux où elles s'étaient réfugiées pour échapper à la destruction par le glacier. C'est pourquoi l'on trouve aujourd'hui ces plantes et ces animaux dissociés sur les hauteurs des Alpes en Europe, et même sur les Appalaches en Amérique du Nord.

L'ère glaciaire est la dernière période géologique parachevée; elle est dite Pléistocène et s'étend sur plus de deux millions d'années.

Il y a 35.000 ans s'acheva ce grand âge glaciaire, sauf pour les régions polaires de la planète. Cette date est également significative parce qu'elle coïncide à peu près avec l'arrivée d'un Fils et d'une Fille Matériels, le début de la dispensation Adamique, et le moment où commence la période Holocène ou post-glaciaire.

Cet exposé s'étend de l'apparition des mammifères à la régression glaciaire et jusqu'aux temps historiques; il couvre une période de presque cinquante millions d'années. C'est la dernière -- l'actuelle -- période géologique. Vos chercheurs la connaissent sous le nom d'ère Cénozoïque, ou ère des temps modernes.

 

[Présenté par un Porteur de Vie résident.]

60. Urantia pendant l'ère de la vie terrestre primitive

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 02 December 2025

URANTIA PENDANT L'ÈRE

DE LA VIE TERRESTRE PRIMITIVE

L'ÈRE de la vie exclusivement marine avait pris fin. L'élévation des terres, le refroidissement de la croûte et des océans, le resserrement des mers et leur approfondissement corrélatif, ainsi que le grand accroissement de la surface terrestre dans les latitudes septentrionales contribuèrent tous grandement à modifier le climat du monde dans les régions éloignées de la zone équatoriale.

L'époque terminale de l'ère précédente fut vraiment l'âge des grenouilles, mais ces ancêtres des vertébrés terrestres n'étaient plus dominants, car ils n'avaient survécu qu'en nombre réduit. Très peu de types sortirent vivants des rigoureuses épreuves de la période précédente de tribulation biologique. Même les plantes porteuses de spores avaient presque disparu.

1. -- L'ÈRE PRIMITIVE DES REPTILES

Les dépôts d'érosion de cette période étaient surtout des conglomérats, des schistes, et des grès. Le gypse et les couches rouges dans toutes ces sédimentations, en Amérique comme en Europe, indiquent que le climat de ces deux continents était aride. Ces régions très sèches furent soumises à une forte érosion provoquée par la chute de trombes d'eau violentes et périodiques sur les hautes terres environnantes.

On trouve peu de fossiles dans ces couches, mais on peut observer sur les gros de nombreuses empreintes de reptiles terrestres. Dans beaucoup de régions, des dépôts de grès rouge de trois cents mètres d'épaisseur ne contiennent aucun fossile. Les animaux terrestres ne vécurent de façon continue que dans certaines parties de l'Afrique.

L'épaisseur de ces dépôts d'érosion varie de 900 à 3.000 mètres, et atteint même 5.500 mètres sur la côte du Pacifique. Des laves forcèrent leur chemin entre beaucoup de ces couches. Les Palissades du Fleuve Hudson furent formées par épanchement de laves basaltiques entre ces strates triasiques. L'activité volcanique était intense dans différentes parties du monde.

On trouve des dépôts de cette période en Europe, spécialement en Allemagne et en Russie. Le gros bigarré de l'Angleterre appartient à cette époque. Du calcaire fut déposé dans les Alpes méridionales à la suite d'une invasion de la mer; il se présente dans cette région sous la forme particulière des murs, des pics, et des piliers de calcaire dolomitiques. Cette couche se retrouve sur toute la surface de l'Afrique et de l'Australie. Les marbres de Carrare proviennent de ce calcaire modifié. On ne trouve rien de cette période dans les régions méridionales de l'Amérique du Sud, du fait que cette partie du continent resta affaissée et ne présente donc que des dépôts d'origine marine ou aquatique sans solution de continuité avec les époques antérieures et postérieures.

Il y a 150 millions d'années commencèrent les périodes de vie terrestre primitive de l'histoire du monde. En général, la vie n'était pas facile, mais elle l'était plus qu'aux époques ardues et hostiles de la fin de l'ère de la vie marine.

Au moment où s'ouvrit cette ère, l'est et le centre de l'Amérique du Nord, la moitié nord de l'Amérique du Sud, la majeure partie de l'Europe, et l'Asie tout entière étaient nettement au-dessus des eaux. Pour la première fois, l'Amérique du Nord fut géographiquement isolée, mais pas pour longtemps, car l'isthme du Détroit de Béring émergea bientôt de nouveau, reliant le continent à l'Asie.

De grandes cuvettes se formèrent en Amérique du Nord parallèlement aux côtes de l'Atlantique et du Pacifique. La grande faille du Connecticut oriental apparut, un de ses côtés s'enfonçant finalement de trois kilomètres. Beaucoup de ces cuvettes nord-américaines et de nombreux bassins lacustres d'eau douce et d'eau salée des régions montagneuses furent remplis ultérieurement par des dépôts d'érosion. Plus tard, ces dépressions de terrain comblées furent soulevées à une grande hauteur par des coulées de lave souterraines. Les forêts pétrifiées de beaucoup de régions datent de cette époque.

La côte Pacifique nord-américaine, qui resta généralement au-dessus de l'eau au cours des submersions continentales, s'affaissa à l'exception de la Californie du Sud et de la grande île qui existait alors dans ce qui est aujourd'hui l'Océan Pacifique. Cette mer californienne ancienne, riche de vie marine, s'étendit vers l'est et rejoignit le vieux bassin maritime des régions du Middle-West.

Il y a 140 millions d'années, après le seul indice des deux ancêtres pré-reptiliens qui s'étaient développés en Afrique au cours de l'époque précédente, les reptiles apparurent soudain avec tous leurs attributs. Ils se développèrent rapidement; bientôt naquirent des crocodiles, des reptiles à écailles, et finalement des serpents de mer et des reptiles volants. Leurs ancêtres de transition disparurent très vite.

Les dinosaures reptiliens en voie d'évolution rapide devinrent bientôt les rois de cet âge. Ils étaient ovipares et se distinguaient de tous les autres animaux par la petite taille de leur cerveau. Celui-ci pesait moins d'une livre et devait contrôler un corps dont le poids finit par atteindre quarante tonnes. Les premiers reptiles étaient plus petits, carnivores, et marchaient sur leurs pattes de derrière à la façon des kangourous. Ils avaient des os creux d'oiseaux et n'eurent finalement que trois orteils à leurs pattes postérieures, si bien que beaucoup de leurs empreintes fossiles ont été attribuées à tort à des oiseaux géants. Plus tard, les dinosaures herbivores apparurent par évolution, Ils marchaient à quatre pattes, et une branche de ce groupe acquit peu à peu une armure protectrice.

Plusieurs millions d'années après, les premiers mammifères apparurent. Ils n'avaient pas de placenta et se révélèrent rapidement comme un échec; aucun d'eux ne survécut. Ils représentèrent un effort expérimental pour améliorer les types de mammifères, mais cette tentative n'eut pas de succès sur Urantia.

La vie marine de cette époque était réduite, mais s'amplifia rapidement grâce à une nouvelle invasion des mers qui provoqua encore une fois la formation de longues côtes littorales d'eaux peu profondes. Ces basses côtes se trouvaient davantage autour de l'Europe et de l'Asie, et c'est pourquoi les plus riches gisements de fossiles se trouvent près de ces continents. Si vous voulez étudier aujourd la vie de cette période, examinez les régions himalayennes, sibériennes, et méditerranéennes ainsi que l'Inde et les Iles du Pacifique Sud. Un trait saillant de la vie marine était la présence d'une multitude de belles ammonites dont les fossiles se retrouvent dans le monde entier.

Il y a 130 millions d'années, les mers avaient très peu changé. La Sibérie et l'Amérique du Nord étaient, reliées par l'isthme du Détroit de Béring. Une vie marine riche et particulière apparut sur la côte californienne du Pacifique, où plus d'un millier d'espèces d'ammonites se développèrent à partir des types supérieurs de céphalopodes. Au cours de cette période, les modifications de la vie furent certainement révolutionnaires, malgré leur caractère transitionnel et graduel.

Cette ère, qui s'étendit sur plus de 25 millions d'années, est connue sous le nom de Triasique.

2. -- LA SECONDE ÈRE DES REPTILES

Il y a 120 millions d'années commença une nouvelle phase de l'ère des reptiles. Le grand événement de cette période fut l'évolution et le déclin des dinosaures. Les animaux terrestres atteignirent alors leur plus grand développement au point de vue de la taille. Ils disparurent virtuellement de la surface de la terre à la fin de cet âge. Des dinosaures de toutes tailles évoluèrent, allant d'une espèce qui mesurait moins de soixante centimètres jusqu'aux énormes dinosaures non carnivores de vingt-deux mètres de longueur, dont la masse ne fut jamais plus égalée par aucune créature vivante.

Les plus grands dinosaures naquirent dans l'ouest de l'Amérique du Nord. Ces monstrueux reptiles sont ensevelis dans les Montagnes Rocheuses, le long de toute la côte atlantique de l'Amérique du Nord, en Europe Occidentale, en Afrique du Sud, et aux Indes, mais pas en Australie.

Ces créatures massives perdirent leur force et leur activité en même temps que leur taille augmentait constamment. Elles exigeaient des quantités de nourriture tellement énormes et elles avaient envahi la terre à un tel point qu'elles moururent littéralement de faim et s'éteignirent, faute d'avoir l'intelligence nécessaire pour faire face à la situation.

A cette époque, la majeure partie de l'est de l'Amérique du Nord, qui était restée longtemps émergée, fut nivelée et emportée par érosion dans l'Océan Atlantique, dont la côte s'étendit plusieurs centaines de kilomètres plus à l'est qu'aujourd'hui. La partie occidentale du continent était toujours au-dessus des eaux, mais ces régions elles-mêmes furent ultérieurement envahies tant par l'Océan Arctique que par le Pacifique qui s'étendit vers l'est jusqu'à la région des Montagnes Noires du Dakota.

Ce fut une ère d'eau douce caractérisée par de nombreux lacs intérieurs, ainsi qu'en témoigne l'abondance des fossiles d'eau douce accumulés dans les gisements dits « Morrison » du Colorado, du Montana, et du Wyoming. L'épaisseur de ces dépôts combinés d'eau douce et d'eau salée varie entre 600 et 1.500 mètres; mais ces couches renferment très peu de calcaires.

La même mer polaire qui s'étendit si loin vers le sud sur l'Amérique du Nord couvrit de la même façon toute l'Amérique du Sud à l'exception des Andes qui apparurent de bonne heure. La majeure partie de la Chine et de la Russie était inondée, mais c'est en Europe que l'invasion des eaux fut la plus importante. C'est au cours de cette submersion que fut déposée l'admirable pierre lithographique de l'Allemagne du Sud dont les strates ont conservés comme datant d'hier, des fossiles tels que les ailes les plus délicates des insectes anciens.

La flore de cet âge ressemblait beaucoup à celle du précédent. Les fougères persistaient, tandis que pins et conifères devenaient de plus en plus semblables aux variétés actuelles. Il se formait encore un peu de charbon le long des rives septentrionales de la Méditerranée.

Le retour des mers améliora le climat. Les coraux s'étendirent dans les eaux européennes, ce qui prouve que le climat était encore doux et régulier, mais ils n'apparurent jamais plus dans les mers polaires, qui se refroidissaient lentement. La vie marine de cette époque s'améliora et se développa grandement, spécialement dans les eaux européennes. Coraux et crinoïdes apparurent temporairement en nombre plus grand qu'auparavant, mais ce furent les ammonites qui dominèrent la vie invertébrée des océans; leur taille moyenne était de l'ordre de sept à dix centimètres, bien qu'une espèce eût atteint un diamètre de deux mètres cinquante. Il y avait des éponges partout, tandis que les seiches et les huîtres continuaient à évoluer.

Il y a 110 millions d'années, les êtres en puissance dans la vie marine continuaient d'apparaître. L'oursin de mer fut l'une des mutations les plus remarquables de cette époque. Les crabes, langoustes, et autres types de crustacés modernes atteignirent leur plein développement. Des changements marqués se produisirent dans la famille des poissons; un type d'esturgeon apparut d'abord, mais les féroces serpents de mer issus des reptiles terrestres infestaient encore toutes les mers et menaçaient de détruire la famille entière des poissons.

Cet âge restait essentiellement celui des dinosaures. Ils envahirent la terre à un tel point qu'au cours de la période précédente d'invasion de la mer, deux espèces s'étaient réfugiées dans l'eau pour subsister. Les serpents de mer représentent un recul dans l'évolution. Tandis que certaines espèces nouvelles étaient en progression, quelques lignées restaient stationnaires, et d'autres faisaient marche arrière, retournant à un état antérieur. Voici ce qui advint quand ces deux types de reptiles abandonnèrent la terre ferme.

A mesure que le temps passait, les serpents de mer atteignirent une telle dimension qu'ils devinrent léthargiques et finirent par périr faute d'avoir un cerveau assez gros pour assurer la protection de leur immense corps, Leur cerveau pesait moins de soixante grammes en dépôt du fait que ces énormes ichtyosaures atteignaient parfois quinze mètres de longueur, la plupart dépassant dix mètres. Les crocodiles marins furent également une réversion d'un type terrestre de reptile mais, à la différence des serpents de mer, ces animaux retournaient toujours sur terre pour pondre leurs oeufs.

Peu après, deux espèces de dinosaures émigrèrent dans l'eau en vue d'une vaine tentative d'auto-préservation, et l'âpre lutte pour la vie sur la terre contraignit deux autres types à chercher refuge dans l'air.

Ces ptérosaures volants ne furent pas les ancêtres des véritables oiseaux des âges suivants. Ils évoluèrent à partir des dinosaures sauteurs aux os creux, et leurs ailes étaient semblables à celles des chauves-souris avec une envergure de six à huit mètres. Ces anciens reptiles volants atteignirent trois mètres de long; ils avaient des mâchoires extensibles très semblables à celles des serpents modernes. Pendant un certain temps, ces reptiles volants semblèrent être un succès, mais ils ne réussirent pas à évoluer de manière à pouvoir survivre comme navigateurs aériens. Ils représentent les lignées éteintes de l'ascendance des oiseaux.

Les tortues se multiplièrent durant cette période et firent leur première apparition en Amérique du Nord. Leurs ancêtres étaient venus d'Asie en suivant l'isthme du Nord.

Il y a 100 millions d'années, l'ère des reptiles tirait à sa fin. Les dinosaures, malgré leur masse énorme, n'étaient que des animaux presque sans cervelle et manquaient de l'intelligence suffisante pour fournir la nourriture nécessaire à des corps aussi gigantesques. C'est pourquoi ces paresseux reptiles terrestres périrent en nombre toujours croissant. Désormais l'évolution suivra la croissance du cerveau et non la masse du corps; le développement du cerveau caractérisera chaque époque successive de l'évolution animale et du progrès planétaire.

Cette période, qui embrasse l'apogée des reptiles et le commencement de leur déclin, s'étend sur près de vingt-cinq millions d'années; elle est connue sous le nom de Jurassique.

3. -- LE STADE CRÉTACÉ

LA PÉRIODE DES PLANTES À FLEURS

L'ÈRE DES OISEAUX

La grande période crétacée tire son nom de la prédominance dans les mers des prolifiques foraminifères producteurs de craie. Cette période conduisit Urantia presque à la fin de la longue domination des reptiles et vit apparaître sur la terre les plantes à rieurs et les oiseaux. C'est également l'époque où se termina la dérive des continents vers l'ouest et vers le sud; elle s'accompagna de gigantesques déformations de la croûte terrestre ainsi que d'immenses coulées de lave et d'une grande activité volcanique.

Vers la fin de la période géologique précédente, la majeure partie des masses continentales était nettement émergée, bien qu'il n'y eût pas encore de hautes montagnes. En continuant, la dérive des terres continentales rencontra son premier grand obstacle sur le lit profond du Pacifique. Ce conflit de forces géologiques donna le branle à la formation de toute la chaîne de montagnes qui s'étend, dans une direction nord-sud, de l'Alaska au Cap Horn en passant par le Mexique.

Cette période marque ainsi dans l'histoire géologique le stade de formation des montagnes modernes. Avant cette époque, les pics montagneux étaient rares; il n'y avait que de hautes crêtes d'une grande largeur. A cette époque, la chaîne côtière du Pacifique commençait à s'élever, mais elle était située à onze cents kilomètres à l'ouest du littoral actuel. Les Sierras commençaient également à se former; leurs couches de quartz aurifères résultent des coulées de laves de cette époque. Dans l'est de l'Amérique du Nord, la pression de l'Atlantique travaillait également à provoquer une élévation de terrain.

Il y a 100 millions d'années, le continent nord-américain et une partie de l'Europe émergeaient franchement. Le gauchissement des continents américains continuait; il produisit la métamorphose des Andes sud-américaines et l'élévation progressive des plaines occidentales de l'Amérique du Nord. La majeure partie du Mexique s'enfonça sous la mer, et l'Atlantique Sud envahit la côte orientale de l'Amérique du Sud, atteignant finalement le littoral actuel. L'Océan Atlantique et l'Océan Indien avaient alors sensiblement la même configuration qu'aujourd'hui.

Il y a 95 millions d'années, les masses continentales de l'Amérique et de l'Europe recommencèrent à s'enfoncer. Les mers du Sud se mirent à envahir l'Amérique du Nord et s'étendirent progressivement vers le nord pour rejoindre l'Océan Arctique; ce fut la seconde en importance des submersions continentales. Lorsque cette mer finit par se retirer, elle laissa le continent à peu près tel qu'il est maintenant. Avant le début de cette grande submersion, les hautes terres de l'est des Appalaches avaient été presque complètement érodées et ramenées au niveau de la mer. Les nombreuses couches colorées d'argile pure, qui sont maintenant utilisées pour fabriquer des poteries, furent déposées sur les régions côtières de l'Atlantique au cours de cet âge; leur épaisseur moyenne avoisine 600 mètres.

Une grande activité volcanique se manifesta au sud des Alpes et le long de la chaîne montagneuse côtière de la Californie actuelle. Les plus grandes déformations de la croûte terrestre qui aient eu lieu depuis des millions et des millions d'années se produisirent au Mexique. De grands changements eurent lieu également en Europe, en Russie, au Japon, et dans la partie méridionale de l'Amérique du Sud. Le climat était de plus en plus diversifié.

Il y a 90 millions d'années, les angiospermes émergèrent de ces mers crétacées primitives et envahirent bientôt les continents. Ces plantes terrestres apparurent soudain en même temps que les figuiers, les magnolias, et les tulipiers. Peu après, figuiers, arbres à pain, et palmiers recouvrirent l'Europe et les plaines occidentales de l'Amérique du Nord. Aucun animal terrestre nouveau n'apparut.

Il y a 85 millions d'années, le détroit de Béring se ferma, isolant les eaux refroidissantes des mers septentrionales. Jusque là, la vie marine des eaux du Golfe du Mexique et de l'Atlantique avait grandement différé de celle de l'Océan Pacifique, du fait des variations de température entre ces deux masses d'eau; cette différence disparut alors.

Les dépôts de craie et de marnes gréseuses vertes donnent leur nom à cette période. Les sédimentations de cette époque sont variées et consistent en craie, schistes, grès, et petites quantités de calcaires, ainsi qu'en charbons inférieurs ou lignites; dans beaucoup de régions elles contiennent du pétrole. L'épaisseur de ces couches varie de 60 mètres dans certains lieux à 3.000 mètres dans l'ouest de l'Amérique du Nord et en beaucoup d'endroits de l'Europe. On peut observer ces dépôts dans les parties déformées des contreforts orientaux des Montagnes Rocheuses.

Dans le monde entier, ces couches poreuses mi-rocheuses sont imprégnées de craie; elles recueillent l'eau à leurs affleurements synclinaux et la dirigent vers le bas pour alimenter une grande partie des régions actuellement arides de la terre.

Il y a 80 millions d'années, de grandes perturbations se produisirent dans la croûte terrestre. La dérive continentale vers l'ouest approchait de sa fin, et l'énorme énergie de la force vive d'inertie acquise par les masses continentales d'arrière-plan bouleversa le littoral Pacifique des deux Amériques; elle provoqua par contre-coup de profonds changements le long des rives asiatiques du Pacifique. Cette élévation circumpacifique de terres, dont l'apogée est représenté par les chaînes de montagnes actuelles, a plus de quarante mille kilomètres de longueur. Les soulèvements qui accompagnèrent sa naissance furent les plus grandes déformations de surface qui aient eu lieu depuis l'apparition de la vie sur Urantia. Les coulées de laves, tant souterraines que superficielles, furent importantes et étendues.

La période d'il y a 75 millions d'années marque la fin de la dérive continentale. De l'Alaska au Cap Horn, les longues chaînes côtières du Pacifique étaient parachevées, mais elles ne comportaient encore que quelques pics.

Le contre-coup de l'arrêt de la dérive continentale accentue l'élévation des plaines occidentales de l'Amérique du Nord tandis que dans l'Est, sur la côte de l'Atlantique, la région complètement érodée des Appalaches était projetée verticalement vers le haut avec des pentes faibles ou nulles.

Il y a 70 millions d'années se produisirent les déformations de la croûte en rapport avec l'élévation maximum des Montagnes Rocheuses. Un large segment de roches chevaucha sur vingt-cinq kilomètres la surface de la Colombie Britannique; à cet endroit, les roches cambriennes recouvrent obliquement les couches crétacées. Un autre chevauchement spectaculaire se produisit sur le versant est des Montagnes Rocheuses, près de la frontière canadienne; on y trouve des couches rocheuses d'une époque antérieure à la vie, projetées par-dessus les dépôts crétacés alors récents.

Au cours de cet âge, l'activité volcanique régnant sur le monde entier fit surgir de nombreux petits cônes volcaniques isolés. Des volcans sous-marins entrèrent en activité dans la région submergée de l'Himalaya. Une grande partie du reste de l'Asie, y compris la Sibérie, se trouvait également encore sous l'eau.

Il y a 65 millions d'années se produisit l'un des plus grands écoulements de lave de tous les temps. Les couches accumulées par ces coulées et les précédentes se retrouvent dans toute l'Amérique, dans l'Afrique du Nord et du Sud, en Australie, et dans certaines parties de l'Europe.

Les animaux terrestres changèrent peu mais, du fait d'une plus grande émergence continentale, spécialement en Amérique du Nord, ils se multiplièrent rapidement. L'Amérique du Nord fut le grand champ d'évolution des animaux terrestres de ces temps, car la majeure partie de l'Europe était alors submergée.

Le climat était encore chaud et uniforme. Les régions arctiques bénéficiaient d'un temps très comparable à celui du climat actuel du centre et du sud de l'Amérique du Nord.

Une grande évolution avait lieu dans la vie végétale. Parmi les plantes terrestres, les angiospermes prédominaient, et beaucoup d'arbres actuels firent leur première apparition, y compris les hêtres, les bouleaux, les chênes, les noyers, les sycomores, les érables, et les palmiers actuels. Fruits, herbes, et céréales étaient abondants; ces herbes et ces arbres porteurs de graines jouèrent dans le monde des plantes le même rôle que les ancêtres de l'homme dans le monde animal; l'importance de cette étape dans l'évolution n'est dépassée que par l'apparition de l'homme lui-même. Soudain et sans transition préalable, la grande famille des plantes à fleurs apparut par mutation. Cette nouvelle flore recouvrit bientôt le monde entier.

Il y a 60 millions d'années, bien que les reptiles terrestres fussent sur leur déclin, les dinosaures étaient toujours les rois de la terre; mais la préséance fut prise par les types plus agiles et plus actifs de dinosaures carnivores, appartenant aux variétés sauteuses de petite taille du genre kangourou. Quelques temps auparavant étaient apparus de nombreux types de dinosaures herbivores qui se multiplièrent rapidement par suite de l'apparition des plantes terrestres de la famille des herbacées. Un de ces nouveaux dinosaures herbivores était un véritable quadrupède muni de deux cornes et d'un bourrelet en forme de cape sur le garrot. Le type de tortue terrestre de six mètres de diamètre apparut, ainsi que les crocodiles modernes et les vrais serpents des types actuels. De grands changements se produisaient aussi parmi les poissons et d'autres formes de vie marine.

Les pré-oiseaux échassiers et aquatiques des âges antérieurs n'avaient pas réussi à s'adapter à l'élément aérien, pas plus que les dinosaures volants; ce furent des espèces à faible longévité destinées à s'éteindre rapidement. Elles subirent le destin des dinosaures: la destruction par insuffisance de substance cérébrale par rapport à leur taille. Ce second essai pour créer des animaux capables de naviguer dans l'atmosphère échoua comme la tentative avortée pour produire des mammifères au cours de cet âge et d'un âge précédent.

Il y a 55 millions d'années, le mouvement évolutionnaire fut marqué par l'apparition soudaine du premier véritable oiseau, une petite créature du genre pigeon qui fut l'ancêtre de tous les oiseaux. Ce fut le troisième type de créature volante qui apparut sur terre; elle jaillit directement du groupe reptile, et non des dinosaures volants contemporains ni des types antérieurs d'oiseaux terrestres dentés. C'est pourquoi cet âge est appelé l'ère des oiseaux et celui du déclin des reptiles.

4. -- LA FIN DE LA PÉRIODE CRÉTACÉE

La grande période Crétacée se terminait; sa clôture marque la fin des grandes invasions des continents par les mers. Ceci est particulièrement vrai pour l'Amérique du Nord où il y avait eu vingt-quatre grandes inondations. Bien que des submersions d'importance moindre se soient produites par la suite, aucune de ces dernières ne peut se comparer aux vastes et longues invasions marines de l'âge crétacé et des âges précédents. Ces périodes où la terre et la mer avaient alternativement le dessus se sont déroulées par cycles de millions d'années. Les élévations et les affaissements des fonds océaniques et des masses continentales se sont effectués selon un rythme multimillénaire. Les mêmes mouvements rythmiques de la croûte terrestre se sont perpétués depuis lors tout au long de l'histoire de la terre, mais avec une amplitude et une fréquence en diminution constante.

Cette période vit aussi la fin de la dérive continentale et la formation des montagnes modernes d'Urantia. Pourtant, la pression des masses continentales et le blocage de la force vive de leur dérive séculaire ne sont pas les seuls facteurs de la formation des montagnes. Le facteur principal et sous-jacent qui détermine l'emplacement d'une chaîne montagneuse est l'existence préalable d'une basse terre, ou cuvette, qui a été comblée par les dépôts relativement plus légers de l'érosion terrestre et par les apports marins des âges précédents. L'épaisseur de ces zones de terrains plus légers atteint quelquefois 6.000 à 8.000 mètres; c'est pourquoi, quand la croûte terrestre est soumise à une pression d'origine quelconque, ces zones plus légères sont les premières à se froisser, à se plisser, et à s'élever pour fournir une contrepartie aux forces et aux pressions antagonistes à l'oeuvre dans la croûte terrestre ou au-dessous. Il arrive que ces soulèvements de terrains se produisent sans plissements. En liaison avec l'élévation des Montagnes Rocheuses, il se produisit des plissements et des retournements importants doublés d'énormes chevauchements des différentes couches tant superficielles que souterraines.

Les plus anciennes montagnes du monde sont situées en Asie, au Groenland, et en Europe septentrionale au milieu de celles des vieux systèmes Est-Ouest. Les montagnes d'âge moyen appartiennent au groupe circum-pacifique et au second système Est-Ouest Européen qui naquirent tous deux sensiblement à la même époque. Ce gigantesque soulèvement, long de près de seize mille kilomètres, s'étend de l'Europe aux élévations de terrain des Antilles. Les montagnes les plus récentes se trouvent dans le système des Montagnes Rocheuses où, pendant des âges, des élévations de terrain ne s'étaient produites que pour être successivement recouvertes par les eaux, bien que certaines des plus hautes terres aient subsisté sous forme d'îles. Après la période de formation des montagnes d'âge moyen, de véritables hautes terres montagneuses furent soulevées. Elles devinrent ultérieurement les Montagnes Rocheuses actuelles après avoir été ciselées par l'action combinée des éléments naturels.

La région actuelle des Montagnes Rocheuses en Amérique du Nord n'est pas celle de l'élévation de terrain originelle; cette dernière avait été depuis longtemps nivelée par l'érosion, puis élevée à nouveau. L'actuelle chaîne avancée est tout ce qui reste de la chaîne originelle re-soulevée. Le Pic Pikes et le Pic Longs sont des exemples marquants de cette activité montagneuse qui s'étendit au moins sur deux générations de la vie des montagnes. Ces deux pics avaient gardé leur sommet au-dessus de l'eau durant plusieurs inondations antérieures.

Tant sur le plan biologique que sur le plan géologique, cet âge fut actif et mouvementé sur terre et dans les eaux. Les oursins de mer se multiplièrent, tandis que coraux et crinoïdes diminuaient. Les ammonites, dont l'influence avait été prépondérante au cours d'un âge précédent, déclinèrent, elles aussi, rapidement. Sur terre, les forêts de fougères furent en grande partie remplacées par des pins et autres arbres actuels, dont les gigantesques séquoïas à feuilles d'if. Vers la fin de cette période, les mammifères placentaires n'étaient pas encore apparus, mais le cadre biologique était parfaitement prêt pour l'apparition, dans un âge ultérieur, des ancêtres primitifs des futurs types de mammifères.

Ainsi se termine une longue ère de l'évolution du monde s'étendant de la première apparition de la vie terrestre jusqu'aux temps plus récents des ancêtres immédiats de l'espèce humaine et de ses branches collatérales. Cet âge appelé Crétacé couvre cinquante millions d'années; il clôt l'ère pré-mammifère de la vie terrestre connue sous le nom de Mésozoïque, qui s'étend sur une période de cent millions d'années.

 

[Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon affecté à Satania et travaillant actuellement sur Urantia.]

59. L'ère de la vie marine sur Urantia

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Category: 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
Created: 02 December 2025

L'ÈRE DE LA VIE MARINE SUR URANTIA

Nous estimons que l'histoire d'Urantia commença il y a environ un milliard d'années et quelle s'étend sur cinq époques majeures:

   1. L'ère de la pré‑vie comprend les premiers 450 millions d'années, à peu près depuis le moment où la planète atteignit sa taille actuelle jusqu'au moment de l'établissement de la vie. Vos savants appellent cette période Archéozoïque.

 

   2. L'ère de l'aurore de la vie s'étend ensuite sur 150 millions d'années. Cette époque se place entre l'âge précédent, âge de la pré‑vie ou des cataclysmes, et la période suivante de vie marine plus hautement développée. Cette ère est connue de vos chercheurs sous le nom de Protérozoïque.

 

   3. L'ère de la vie marine couvre les 250 millions d'années suivantes; elle vous est surtout connue sous le nom de Paléozoïque.

 

   4. L'ère de la vie terrestre primitive s'étend sur les 100 millions d'années suivantes et s'appelle Mésozoïque.

 

   5. L'ère des mammifères occupe les derniers 50 millions d'années. Ces temps récents sont connus sous le nom de Cénozoïques.

 

L'ère de la vie marine couvre donc environ un quart de l'histoire de votre planète. On peut la subdiviser en six longues périodes, caractérisées chacune par des développements bien définis, tant dans les royaumes géologiques que dans les domaines biologiques.

 

Au moment où commence cette ère, les fonds marins, les grandes plates‑formes continentales, et les nombreux bassins littoraux peu profonds sont couverts d'une végétation prolifique. Les formes primitives assez simples de la vie animale se sont déjà développées à partir des organismes végétaux précédents, et les organismes animaux primitifs ont progressivement fait leur chemin le long des rivages des différentes masses continentales; les nombreuses mers intérieures fourmillent de vie marine primitive. Fort peu de ces organismes primitifs avaient des coquilles; il existe donc très peu de fossiles de cette époque. Néanmoins, la scène était prête pour les premiers chapitres du grand "livre de pierre" consacré à la préservation des annales de la vie, que les âges suivants rédigeront si méthodiquement.

 

Le continent de l'Amérique du Nord possède de merveilleuses richesses en dépôts fossiles couvrant toute l'ère de la vie marine. Les premières et plus anciennes couches sont séparées des dernières strates de la période précédente par de grands dépôts dus à l'érosion, qui divisent nettement ces deux stades du développement planétaire.

 

1. -- LA VIE MARINE PRIMITIVE DANS LES MERS PEU PROFONDES L'ÈRE DES TRILOBITES

A l'aube de cette période, la surface terrestre jouissait d'un calme relatif, et la vie était confinée dans les différentes mers intérieures et le long des rivages océaniques; pour le moment, aucune forme d'organisme terrestre n'était encore apparue. Les animaux marins primitifs étaient bien affermis et prêts pour le prochain développement évolutionnaire. Les amibes, qui avaient fait leur apparition vers la fin de la période de transition précédente, sont des survivants typiques de ce stade initial de la vie animale.

 

Il y a 400 millions d'années, la vie marine, tant végétale qu'animale, était assez bien répartie sur l'ensemble du monde. Le climat se réchauffait légèrement et devenait plus régulier. Il se produisit une inondation générale des rivages des différents continents, en particulier de l'Amérique du Nord et du Sud. De nouveaux océans apparurent et les masses d'eau plus anciennes s'agrandirent considérablement.

Pour la première fois, la végétation monta en rampant sur la terre ferme, et son adaptation à un habitat non marin y fit bientôt des progrès considérables.

 

Soudain et sans progression ancestrale, les premiers animaux multicellulaires firent leur apparition. Les trilobites apparurent, et pendant des âges ils dominèrent les mers. Du point de vue de la vie marine, ce fut l'ère des trilobites.

 

Vers la fin de cette période, une grande partie de l'Amérique du Nord et de l'Europe émergea de la mer. La croûte terrestre était temporairement stabilisée; des montagnes, ou plutôt des hautes terres, surgirent le long des côtes de l'Atlantique et du Pacifique, dans les Antilles, et dans le Sud de l'Europe. Toute la région des Caraïbes se trouva considérablement exhaussée.

 

Il y a 390 millions d'années, les continents se dressaient toujours. On peut trouver dans certaines parties de l'Est et de l'Ouest de l'Amérique et de l'Europe occidentale les strates rocheuses déposées à cette époque; ce sont les plus anciennes roches contenant des fossiles trilobites. Elles se déposèrent dans les longs et nombreux bras de mer qui s'enfonçaient profondément à l'intérieur des masses continentales.

 

Au bout de quelques millions d'années, l'Océan Pacifique commença à envahir les continents américains. L'affaissement des terres fut principalement causé par une adaptation de la croûte, bien que l'expansion latérale des terres, ou cheminement continental, ait également joué son rôle.

 

Il y a 380 millions d'années, l'Asie s'affaissa, tandis que tous les autres continents subissaient une émergence de courte durée. Au cours du progrès de cette époque, l'Océan Atlantique nouvellement apparu fit de grandes incursions sur tous les littoraux avoisinants. L'Atlantique Nord, où Océan Arctique, était alors relié aux eaux du Golfe méridional. Lorsque cette mer du Sud pénétra dans la coupure des Monts Appalaches, ses vagues s'écrasèrent à l'est contre des montagnes aussi hautes que les Alpes; mais en général les continents étaient formés de basses terres sans intérêt, totalement dépourvues de beauté naturelle.

 

Les dépôts sédimentaires de ces âges sont de quatre sortes:

  1. Des conglomérats -- matériaux déposés près du littoral.
  2. Des grès -- formés dans des eaux peu profondes dont les vagues étaient pourtant assez fortes pour empêcher la boue de se déposer.
  3. Des schistes -- déposés dans des eaux plus profondes et plus calmes.
  4. Des calcaires -- comprenant les dépôts de coquilles de trilobites en eau profonde.

 

Les fossiles trilobites de cette époque présentent à la fois une certaine uniformité fondamentale et des variantes bien marquées. Les animaux primitifs qui évoluèrent à partir des trois implantations originelles de vie étaient caractéristiques; ceux qui apparurent dans l'hémisphère occidental étaient légèrement différents de ceux du groupe Eurasien et du type Australasien ou Australien‑Antarctique.

 

Il y a 370 millions d'années se produisit la grande inondation qui submergea presque entièrement l'Amérique du Nord et du Sud, et fut suivie par l'effondrement de l'Afrique et de l'Australie. Seules certaines parties de l'Amérique du Nord émergeaient de ces mers cambriennes peu profondes. Cinq millions d'années plus tard, les mers se retiraient devant l'élévation des terres émergeantes. Aucun de ces phénomènes d'affaissement et d'élévation des terres ne fut spectaculaire, car ils s'effectuèrent lentement au cours de millions d'années.

 

Les couches fossilifères de cette époque contenant des trilobites, affleurent çà et là dans tous les continents sauf en Asie Centrale. Ces roches sont horizontales dans beaucoup de régions, mais dans les montagnes elles sont inclinées et tordues du fait de la pression et du plissement. En bien des endroits, cette pression a modifié le caractère originel des dépôts. Le grès a été transformé en quartz, les schistes changés en ardoises, et le calcaire converti en marbre.

 

Il y a 360 millions d'années, la terre continuait à s'élever. L'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud étaient nettement au‑dessus de l'eau. L'Europe Occidentale et les Iles Britanniques étaient en train d'émerger, à l'exception de quelques parties du pays de Galles qui étaient profondément immergées. Il n'y eut pas de grandes couches de glace pendant ces époques. Les dépôts présumés glaciaires, dont l'apparition est liée à ces couches en Europe, en Afrique, en Chine, et en Australie, sont dus à des glaciers de montagne isolés ou à des déplacements de débris glaciaires d'origine plus récente. Le climat mondial était océanique et non continental. Les mers équatoriales étaient plus chaudes qu'aujourd'hui et s'étendaient vers le nord par dessus l'Amérique du Nord jusqu'aux régions polaires. Le Gulf‑Stream parcourait la partie centrale de l'Amérique du Nord et déviait vers l'est pour baigner et réchauffer les rives du Groënland, faisant de ce continent, aujourd'hui couvert d'un manteau de glace, un véritable paradis tropical.

La vie marine était presque uniforme sur l'ensemble du monde et consistait en algues, en organismes unicellulaires, en éponges simples, en trilobites et autres crustacés -- crevettes, crabes, et homards. Trois mille variétés de brachiopodes, dont deux cents seulement ont survécu, apparurent à la fin de cette période. Ces animaux représentent une variété de la vie primitive qui est parvenue jusqu'à l'époque actuelle pratiquement sans changement.

 

Les trilobites dominaient parmi les créatures vivantes. C'étaient des animaux sexués existant sous de nombreuses formes; mauvais nageurs, ils flottaient paresseusement dans l'eau ou rampaient le long des fonds marins; ils s'enroulaient pour se protéger contre les attaques de leurs ennemis apparus plus tardivement. Ils atteignaient une longueur de cinq à trente centimètres et se divisèrent en quatre groupes distincts: carnivores, herbivores, omnivores, et "mangeurs de boue." La faculté qu'avaient ces derniers de se nourrir en grande partie de matières inorganiques -- ils furent les derniers animaux multicellulaires à la posséder -- explique leur multiplication et leur longue survie.

 

Tel était le tableau bio‑géologique d'Urantia à la fin de cette longue période de l'histoire du monde qui embrasse cinquante millions d'années et qui est appelée Cambrienne par vos géologues.

 

2. -- LE STADE DE LA PREMIÈRE INONDATION DES CONTINENTS. L'ÈRE DES INVERTÉBRÉS

Les phénomènes périodiques d'élévation et d'affaissement du sol qui caractérisèrent cette époque se produisirent tous progressivement et sans rien de spectaculaire, du fait que l'activité volcanique concomitante était infime ou nulle. Pendant toutes ces élévations et dépressions successives, le continent‑mère asiatique ne partagea pas complètement le sort des autres masses terrestres. Il subit de nombreuses inondations, s'affaissa dans une direction puis dans une autre, plus particulièrement au cours de son histoire primitive, mais il ne présente pas les dépôts rocheux uniformes que l'on peut découvrir sur les autres continents. Durant les figes récents, l'Asie a été la plus stable de toutes les masses continentales.

 

Il y a 350 millions d'années commença la grande période d'inondation de tous les continents, sauf de l'Asie Centrale. Les masses terrestres furent recouvertes à maintes reprises par les eaux; seules les hautes terres littorales demeurèrent au‑dessus de ces mers intérieures oscillantes peu profondes, mais très étendues. Trois inondations majeures marquèrent cette période, mais avant sa fin, les continents surgirent de nouveau, l'émergence terrestre totale dépassant de quinze pour cent celle qui existe actuellement. La région des Caraïbes était très élevée. Cette période ne se discerne pas très bien en Europe du fait que les fluctuations terrestres y furent moindres, tandis que l'activité volcanique y était plus continue.

 

Il y a 340 millions d'années se produisit un autre affaissement important des terres, sauf en Asie et en Australie. Les eaux des différents océans du monde subirent un brassage général. Ce fut un grand âge de dépôts calcaires, dont une grande partie provenait d'algues secrétant de la chaux.

 

Quelques millions d'années plus tard, de vastes portions des continents américain et européen commencèrent à émerger des eaux. Dans l'hémisphère occidental, seul un bras de l'Océan Pacifique subsista au‑dessus du Mexique et de la région des Montagnes Rocheuses actuelles, mais vers la fin de cette époque les côtes de l'Atlantique et du Pacifique recommencèrent à s'affaisser.

 

L'époque d'il y a 330 millions d'années marque le commencement d'une période de calme relatif sur l'ensemble du monde, avec beaucoup de terres au‑dessus des eaux. La seule exception à ce règne de calme terrestre fut l'éruption du grand volcan de l'Amérique du Nord à l'est du Kentucky, une des plus grandes manifestations volcaniques isolées que la Terre ait jamais connues. Les cendres de ce volcan couvrirent une surface de douze cent cinquante kilomètres carrés sur une profondeur de cinq à six mètres.

Il y a 320 millions d'années se produisit la troisième inondation majeure de cette période. Les eaux couvrirent toutes les terres submergées par le précédent déluge et s'étendirent plus loin dans beaucoup de directions sur l'ensemble de l'Amérique et sur toute l'Europe. L'Est de l'Amérique du Nord et l'Europe Occidentale se trouvèrent sous 3.000 à 4.500 mètres d'eau.

 

Il y a 310 millions d'années, les masses continentales du monde étaient à nouveau bien surélevées, à l'exception des parties méridionales de l'Amérique du Nord. Le Mexique émergea, créant le Golfe des Antilles qui a toujours conservé sa forme depuis lors.

 

La vie continua d'évoluer pendant cette période. Une fois de plus le monde était calme et relativement paisible; le climat restait doux et uniforme; les plantes terrestres gagnaient des zones de plus en plus ,éloignées du littoral. Les archétypes de vie étaient bien développés, quoique l'on trouve peu de fossiles végétaux de cette époque.

 

Ce fut le grand âge de l'évolution des organismes animaux individuels, bien que de nombreux changements fondamentaux, tels que la transition de la plante à l'animal, se fussent produits auparavant. La faune marine se développa au point que tous les types de vie inférieurs aux vertébrés furent représentés parmi les fossiles des roches déposées à cette époque. Tous ces animaux étaient des organismes marins. Nul animal terrestre n'était encore apparu, sauf quelques types de vers qui fouissaient le sol le long des côtes maritimes; les plantes terrestres n'avaient pas non plus couvert les continents. Il y avait encore trop de gaz carbonique dans l'atmosphère pour permettre l'existence des respirateurs d'air. En effet tous les animaux, sauf quelques‑uns des plus primitifs, dépendent directement ou indirectement de la vie végétale pour leur existence.

 

Les trilobites prédominaient encore. Ces petits animaux existaient sous des dizaines de milliers de types et furent les prédécesseurs des crustacés modernes. Certains trilobites avaient entre vingt‑cinq et quatre mille petits yeux ou ocelles minuscules, et d'autres avaient des yeux rudimentaires. A la fin de cette période, les trilobites partageaient la domination des mers avec plusieurs autres formes de la vie invertébrée, mais ils disparurent totalement au commencement de la période suivante.

 

Les algues secrétant de la chaux étaient largement répandues. Il existait des milliers d'espèces des ancêtres primitifs des coraux. Les vers de mer étaient abondants et il y avait de nombreuses variétés de méduses désormais éteintes. Les coraux et les types ultérieurs d'éponges évoluèrent. Les céphalopodes étaient bien développés; leurs survivants sont les modernes nautilus nacrés, poulpes, seiches, et calmars.

 

Il existait de nombreuses variétés d'animaux à coquilles, mais leurs coques ne leur étaient pas aussi nécessaires pour se défendre que dans les âges suivants. Les gastéropodes étaient présents dans les eaux des mers anciennes; ils comprenaient des univalvaires foreurs, des bigorneaux, et des escargots. Les gastéropodes bivalves ont traversé pratiquement sans changement les millions d'années qui nous séparent de cette époque et comprennent les moules, palourdes, huîtres, et pétoncles. Les organismes à coquille univalve évoluèrent également, et ces brachiopodes vécurent dans les mers anciennes à peu près sous la même forme qu'aujourd'hui; leur valve était même munie de charnières, de dentelures, et d'autres sortes de dispositifs protecteurs.

 

Ainsi se termine l'histoire évolutionnaire de la seconde période de la vie marine connue de vos géologues sous le nom d'Ordovicienne.

 

3. -- STADE DE LA SECONDE GRANDE INONDATION. LA PÉRIODE DU CORAIL -- L'ÈRE DES BRACHIOPODES

Il y a 300 millions d'années commença une autre grande période de submersion des terres. La progression des mers siluriennes anciennes vers le nord et vers le sud se préparait à engloutir la majeure partie de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Les terres n'étaient pas très élevées au‑dessus du niveau de la mer, si bien qu'il ne se produisit pas de dépôts importants près des rivages. Les mers fourmillaient d'animaux à coquilles calcaires, et la chute de ces coquilles sur le fond de la mer provoqua l'accumulation progressive de couches de calcaire très épaisses. Ce fut le premier dépôt calcaire largement répandu; il couvre pratiquement l'Europe et l'Amérique du Nord tout entières, mais n'apparaît qu'en peu d'endroits à la surface du sol. L'épaisseur moyenne de cette couche rocheuse ancienne est d'environ trois cents mètres, mais en beaucoup d'endroits ces dépôts ont été grandement déformés depuis lors par des renversements, des soulèvements, et des failles, et transformés ailleurs en quartz, en schistes, et en marbres.

On ne trouve ni roches ignées ni laves dans les couches rocheuses de cette période, à l'exception de celles des grands volcans du sud de l'Europe et de l'est du Maine et des coulées de lave du Québec. L'activité volcanique était en grande partie terminée. Ce fut l'apogée des grands dépôts marins, et il ne se forma que très peu de chaînes de montagnes.

 

Il y a 290 millions d'années, les mers s'étaient largement retirées des continents, et les fonds des océans environnants étaient en train de s'affaisser. Les masses continentales changèrent peu, avant d'être à nouveau submergées. Les premiers plissements montagneux commençaient sur tous les continents; les plus grands soulèvements de la croûte furent alors les Himalayas en Asie et les grandes Montagnes Calédoniennes s'étendant de l'Islande au Spitzberg par l'Ecosse.

 

C'est dans les dépôts de cet âge que se trouve la majeure partie du gaz, du pétrole, du zinc, et du plomb; le gaz et le pétrole dérivent des énormes accumulations de matériaux végétaux et animaux qui furent déposés au moment de la précédente submersion terrestre, tandis que les dépôts de minerais représentent la sédimentation de masses d'eau stagnantes. Beaucoup de dépôts de sel gemme datent de cette époque.

 

Les trilobites déclinaient rapidement; le centre de la scène fut occupé par de plus gros mollusques, les céphalopodes. Ces animaux atteignirent cinq mètres de long sur trente centimètres de diamètre et devinrent les maîtres des mers. Cette espèce d'animaux apparut soudainement et domina la vie marine.

 

La grande activité volcanique de cet âge eut lieu dans le secteur européen. Depuis des millions et des millions d'années il ne s'était pas produit d'éruptions volcaniques aussi violentes et aussi étendues que celles qui eurent alors lieu autour de la fosse méditerranéenne, et particulièrement au voisinage des Iles Britanniques. La coulée de lave sur la région des Iles Britanniques apparaît aujourd'hui sous forme de couches alternées de lave et de roches d'une épaisseur de huit mille mètres. Ces roches furent déposées par les coulées de lave intermittentes qui s'étalèrent sur un lit marin peu profond et se mêlèrent ainsi aux dépôts rocheux; le tout fut ensuite soulevé à une grande altitude au‑dessus de la mer. De violents tremblements de terre se produisirent dans le nord de l'Europe, particulièrement en Ecosse.

 

Le climat océanique restait doux et uniforme; les mers chaudes baignaient les rives des terres polaires. On peut trouver dans leurs dépôts jusqu'au Pôle Nord des fossiles de brachiopodes et autres spécimens de vie marine. Gastéropodes, brachiopodes, éponges, et coraux bâtisseurs de récifs continuèrent à se multiplier.

 

La fin de cette époque fut témoin de la seconde avancée des mers siluriennes et de la réunion des eaux océaniques du Nord et du Sud, accompagnée d'un nouveau brassage. Les céphalopodes dominaient la vie marine, tandis que des formes de vie associées se développaient et se différenciaient progressivement.

 

Il y a 280 millions d'années, les continents avaient largement émergé de la seconde inondation silurienne. Les dépôts rocheux datant de cette submersion sont connus en Amérique du Nord sous le nom de calcaires du Niagara, parce que le Niagara coule maintenant sur une couche de cette roche. Celle‑ci s'étend des montagnes de l'Est à la vallée du Mississipi, mais pas plus loin vers l'ouest, sauf au sud. Plusieurs couches recouvrent le Canada, des portions de l'Amérique du Sud, l'Australie, et la majeure partie de l'Europe; l'épaisseur moyenne de cette série de couches du Niagara est d'environ deux cents mètres. On trouve dans beaucoup de régions, juste au‑dessus du dépôt de type Niagara, des amas de conglomérats, de schistes, et de sel gemme. Ces accumulations sont dues à des affaissements secondaires. Le sel se fixa dans de grandes lagunes alternativement ouvertes sur la mer, puis coupées de la mer, si bien que l'évaporation laissa des dépôts de sel avec d'autres matières qui étaient en solution dans l'eau. Dans certaines régions, les couches de sel gemme atteignent vingt mètres d'épaisseur.

Le climat était doux et régulier, et des fossiles marins se déposaient dans les régions arctiques. Mais à la fin de cette époque, les mers étaient tellement salées qu'il y subsistait peu de vie.

 

Vers la fin de la submersion silurienne finale, les échinodermes -- les lis de pierre -- se multiplièrent rapidement ainsi qu'en témoignent les dépôts de calcaire crinoïde. Les trilobites avaient presque disparus et les mollusques étaient toujours les rois des mers. La formation de récifs coralliens s'accroissait fortement. Au cours de cet âge, les scorpions d'eau primitifs se développèrent pour la première fois dans les sites les plus favorables. Peu après, et soudain, les véritables scorpions -- respirant réellement de l'air -- firent leur apparition.

 

Ces développements terminent la troisième période de vie marine, qui couvre 25 millions d'années et que vos chercheurs appellent Silurienne.

 

              4. -- LE STADE DE LA GRANDE ÉMERGENCE DES TERRES.              LA PÉRIODE DE LA VIE VÉGÉTALE TERRESTRE.  L'ÈRE DES POISSONS.

Au cours du combat séculaire entre la terre et l'eau, les mers avaient été relativement victorieuses pendant de longues périodes, mais l'heure de la victoire des terres était toute proche. Les dérives continentales qui s'étaient produites jusque là avaient presque toujours laissé toutes les terres du monde réunies par de minces isthmes et d'étroits ponts de terre.

 

Quand la terre émergea de la dernière inondation silurienne, une importante période du développement du monde et de l'évolution de la vie prit fin. Ce fut l'aurore d'un nouvel âge. Le paysage nu et sans attrait des temps passés commençait à se couvrir d'une verdure luxuriante, et les premières grandes forêts magnifiques étaient sur le point d'apparaître.

 

La vie marine de cet âge était très variée parce que les espèces s'étaient séparées de bonne heure, mais tous ces différents types devaient ultérieurement s'associer et s'entremêler librement. Les brachiopodes atteignirent rapidement leur apogée, puis les arthropodes leur succédèrent, et enfin les bernacles firent leur première apparition; mais l'événement capital fut l'apparition soudaine de la famille des poissons. Cette époque devint l'ère des poissons, période de l'histoire du monde caractérisée par les types d'animaux vertébrés.

 

Il y a 270 millions d'années, tous les continents émergeaient nettement de la mer. Depuis des millions et des millions d'années il n'y avait pas eu simultanément autant de terres au‑dessus de l'eau; ce fut l'une des plus grandes époques d'émergence des terres dans l'histoire d'Urantia.

 

Cinq millions d'années plus tard, les terres de l'Amérique du Nord et du Sud, de l'Europe, de l'Afrique, de l'Asie du Nord, et de l'Australie, furent inondées pendant une courte durée, la submersion de l'Amérique du Nord étant presque complète de temps à autre; les couches calcaires qui en résultèrent ont des épaisseurs variant de cent cinquante à quinze cents mètres. Les différentes mers dévoniennes s'étendirent d'abord dans une direction, puis dans une autre, de sorte que l'immense mer intérieure arctique de l'Amérique du Nord trouva un débouché sur l'Océan Pacifique à travers la Californie du Nord.

 

Il y a 260 millions d'années, vers la fin de cette époque d'affaissement terrestre, l'Amérique du Nord était partiellement recouverte par des mers communiquant simultanément avec les eaux du Pacifique, de l'Atlantique, de l'Océan Arctique, et du Golfe du Mexique. Les dépôts de ces stades plus récents de la première inondation dévonienne ont une épaisseur moyenne d'environ trois cents mètres. Les récifs coralliens caractéristiques de cette époque indiquent que les mers intérieures étaient limpides et peu profondes. Ces dépôts coralliens apparaissent sur les berges de la rivière Ohio près de Louisville (Kentucky) et ont environ trente mètres d'épaisseur; ils contiennent plus de deux cents variétés de coraux. Ces formations coralliennes s'étendent à travers le Canada et le Nord de l'Europe jusqu'aux régions arctiques.

 

Après ces submersions, une grande partie du littoral fut considérablement exhaussée, si bien que les dépôts primitifs furent recouverts de boues ou de schistes. Il existe également une couche de grès rouge caractéristique de l'une des sédimentations dévoniennes; elle s'étend sur une grande partie de la surface de la terre; on la trouve en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Russie, en Chine, en Afrique, et en Australie. Ces dépôts rouges évoquent des conditions climatiques arides ou semi‑arides, mais le climat de cette époque resta doux et régulier.

Tout au long de cette période, les terres situées au sud‑est de l'Ile de Cincinnati restèrent nettement au‑dessus de l'eau. Mais une très grande partie de l'Europe occidentale, comprenant les Iles Britanniques, fut submergée. Au Pays de Galles, en Allemagne, et en différents endroits de l'Europe, les roches dévoniennes ont 6.000 mètres d'épaisseur.

 

Il y a 250 millions d'années se situe l'une des étapes les plus importantes de l'évolution pré‑humaine, l'apparition de la famille des poissons, des vertébrés.

 

Les arthropodes, ou crustacés, furent les ancêtres des premiers vertébrés. Les précurseurs de la famille des poissons furent deux ancêtres arthropodes modifiés; l'un avait un long corps reliant la tête et la queue et l'autre était un pré‑poisson sans arête dorsale ni mâchoires. Mais ces types préliminaires furent rapidement détruits quand les poissons, premiers vertébrés du monde animal, apparurent soudain venant du nord.

 

Beaucoup des plus grands poissons proprement dits appartiennent à cet âge; quelques variétés pourvues de dents avaient de huit à dix mètres de long. Les requins d'aujourd'hui sont les survivants de ces espèces anciennes. Les poissons dipneustes et cuirassés atteignirent l'apogée de leur évolution et, avant la fin de cette époque, la faune marine s'était adaptée à la vie en eau douce et en eau salée.

 

On trouve de véritables lits osseux de squelettes et de dents de poissons dans les dépôts accumulés vers la fin de cette période, de riches couches fossiles sont situées le long de la côte de Californie, du fait que beaucoup de baies abritées de l'Océan Pacifique s'enfonçaient dans les terres de cette région.

 

La terre était rapidement envahie par les nouveaux genres de végétation terrestre. Jusque là, peu de plantes poussaient sur terre, sauf au bord de l'eau. La prolifique famille des fougères apparut alors soudain et se répandit très vite à la surface des terres en cours d'élévation rapide dans toutes les parties du monde. Des types d'arbres dont le tronc avait soixante centimètres de diamètre et douze mètres de hauteur se développèrent bientôt; plus tard, les feuilles évoluèrent, mais les variétés primitives n'avaient qu'un feuillage rudimentaire. Il y avait aussi beaucoup de plantes plus petites, mais leurs fossiles sont introuvables car ces plantes furent généralement détruites par des bactéries, apparues précédemment.

 

Les continents s'élevaient, et l'Amérique du Nord fut reliée à l'Europe par des ponts terrestres s'étendant jusqu'au Groënland. Aujourd'hui, les restes des plantes terrestres primitives sont conservés sous le manteau de glace du Groënland.

 

Il y a 240 millions d' années, certaines parties des terres de l'Europe et des deux Amériques commencèrent à s'affaisser. Cet effondrement marqua l'apparition de la dernière et la moins étendue des inondations dévoniennes. Les mers arctiques se déplacèrent à nouveau vers le sud et envahirent une grande partie de l'Amérique du Nord; l'Atlantique inonda une large portion de l'Europe et de l'Asie occidentale, tandis que le Pacifique Sud recouvrait la majeure partie de l'Inde. Cette inondation fut aussi lente à apparaître qu'à se retirer. Les Monts Catskill, qui longent la rive occidentale du Fleuve Hudson, sont un des plus grands monuments géologiques de cette époque que l'on puisse trouver à la surface de l'Amérique du Nord.

 

Il y a 230 millions d'années, les mers continuaient à se retirer. Une grande partie de l'Amérique du Nord était au‑dessus de l'eau et une violente activité volcanique se produisit dans la région du Saint‑Laurent. Le Mont‑Royal, à Montréal, est la cheminée érodée de l'un de ces volcans. Les dépôts de toute cette époque sont nettement visibles dans les Monts Appalaches en Amérique du Nord, à l'endroit où la rivière Susquehanna a taillé une vallée qui met à nu ces couches successives dépassant 4.000 mètres d'épaisseur.

 

L'élévation des continents se poursuivait et l'atmosphère s'enrichissait en oxygène. La terre était recouverte d'immenses étendues de fougères de trente mètres de haut et de forêts d'arbres particuliers à cette époque, forêts silencieuses où l'on n'entendait pas le moindre bruit, pas même le bruissement d'une feuille, car ces arbres n'avaient pas de feuilles.

Ainsi se termina l'une des plus longues périodes de l'évolution de la vie marine, l'ère des poissons. Cette époque de l'histoire du monde dura presque cinquante millions d'années; vos chercheurs la connaissent sous le nom de Dévonienne.

 

5. -- LE STADE DE DÉRIVE DE LA CROUTE TERRESTRE. LA PÉRIODE CARBONIFÈRE DES FORETS DE FOUGÈRES.

L'ÈRE DES GRENOUILLES.

L'apparition des poissons au cours de la période précédente marque le point culminant de l'évolution de la vie marine; à partir de là, l'évolution de la vie terrestre devient de plus en plus importante. Cette période s'ouvre dans des conditions presque idéales pour l'apparition des premiers animaux terrestres.

 

Il y a 220 millions d'années, beaucoup de zones continentales, dont la majeure partie de l'Amérique du Nord, se trouvaient au‑dessus des eaux. La terre était envahie d'une végétation luxuriante; ce fut véritablement l'ère des fougères. Il y avait encore du gaz carbonique dans l'atmosphère, mais en moindre proportion.

 

Peu de temps après, la portion centrale de l'Amérique du Nord fut inondée, ce qui créa deux vastes mers intérieures. Les hautes terres des côtes de l'Atlantique et du Pacifique étaient situées juste au delà du littoral actuel. Ces deux mers se rejoignirent bientôt, mêlant leurs différentes formes de vie. La réunion de leurs faunes marines marque le commencement du rapide déclin mondial de la vie marine et le début de la période suivante de vie terrestre.

 

Il y a 210 millions d'années, les eaux chaudes des mers arctiques couvraient la majeure partie de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Les eaux polaires antarctiques inondaient l'Amérique du Sud et l'Australie, tandis que l'Afrique et l'Asie étaient surélevées.

 

Quand les mers atteignirent leur niveau maximum, un nouveau développement évolutionnaire se produisit soudain. Brusquement, les premiers animaux terrestres apparurent. Il y en eut de nombreuses espèces capables de vivre sur la terre ou dans l'eau. Ces amphibies respirant de l'air se développèrent à partir des arthropodes, dont les vessies natatoires s'étaient transformées en poumons.

 

Des serpents, des scorpions, et des grenouilles sortirent des eaux marines saumâtres et rampèrent sur la terre. Aujourd'hui encore les grenouilles pondent leurs oeufs dans l'eau, et leurs petits débutent dans l'existence sous forme de poissons minuscules, les tétards. On pourrait appeler cette période l'ère des grenouilles.

 

Très peu de temps après, les premiers insectes apparurent et envahirent bientôt les continents du monde en même temps que des araignées, des scorpions, des cancrelats, des grillons, et des sauterelles. Des libellules mesuraient soixante‑quinze centimètres d'envergure. Mille espèces de cancrelats se développèrent, dont certaines atteignirent une taille de dix centimètres.

 

Deux groupes d'échinodermes se développèrent particulièrement bien; en fait, ils sont les fossiles pilotes de cette époque. Les grands requins mangeurs de coquillages avaient également atteint un haut degré d'évolution; ils dominèrent les océans pendant plus de cinq millions d'années. Le climat était encore doux et régulier; la vie marine avait peu changé. Les poissons d'eau douce se multipliaient et les trilobites étaient près de disparaître. Il y avait peu de coraux et une grande partie du calcaire était produite par les crinoïdes. Les meilleurs calcaires à bâtir furent déposés à cette époque.

 

Les eaux de beaucoup de mers intérieures étaient si chargées de chaux et d'autres minéraux qu'elles gênèrent grandement le progrès et le développement de nombreuses espèces marines. Les mers se décantèrent finalement en laissant de vastes dépôts rocheux contenant par endroits du zinc et du plomb.

 

Les dépôts de cet âge carbonifère initial ont une épaisseur de 150 à 600 mètres et se composent de grès, de schistes, et de calcaires. Les couches les plus anciennes renferment des fossiles d'animaux et de plantes terrestres et marines, avec beaucoup de graviers et de sédiments. On trouve peu de charbon exploitable dans ces strates anciennes. Dans toute l'Europe, les dépôts de ce genre sont très similaires à ceux de l'Amérique du Nord.

Vers la fin de cette époque, les terres de l'Amérique du Nord commencèrent à s'élever. Il y eut une courte interruption, puis les mers revinrent couvrir environ la moitié de leurs anciens lits. Cette inondation fut brève, et la plupart des terres se retrouvèrent bientôt très au‑dessus de l'eau. L'Amérique du Sud était encore reliée à l'Europe par l'Afrique.

 

Le commencement de la formation des Vosges, de la Forêt Noire, et de l'Oural date de cette époque. On retrouve les assises d'autres montagnes plus anciennes en Grande Bretagne et dans toute l'Europe.

 

Il y a 200 millions d'années commencèrent les stades vraiment actifs de la période carbonifère. Pendant vingt millions d'années avant cette époque, les premières couches de charbon avaient commencé à se déposer, mais les processus formatif de charbon furent alors actifs sur une plus vaste échelle. La durée de l'époque proprement dite des dépôts de charbon dépassa vingt‑cinq millions d'années.

 

Les terres s'exhaussaient et s'enfonçaient périodiquement à cause des variations du niveau de la mer provoqués par les mouvements des fonds océaniques. Cette instabilité de la croûte -- le tassement et l'élévation des terres -- en corrélation avec la végétation prolifique des marécages littoraux, contribua à former d'immenses dépôts de charbon, ce qui a fait donner à cette période le nom de Carbonifère. Le climat était toujours doux sur l'ensemble du monde.

 

Les couches de charbon alternaient avec des schistes, des roches, et des conglomérats. L'épaisseur des gisements de charbon du centre et de l'Est des Etats‑Unis varie de douze à quinze mètres; mais beaucoup de ces dépôts ont été emportés par les eaux au cours d'élévations de terrains ultérieures. Dans certaines parties de l'Amérique du Nord et de l'Europe, les strates carbonifères ont 5.500 mètres d'épaisseur.

 

La présence de racines d'arbres poussant dans l'argile sous‑jacente aux gisements actuels de houille démontre que le charbon a été formé exactement à l'endroit où il se trouve maintenant. Il est constitué par les restes de la végétation exubérante qui croissait dans les marécages et sur les rives des marais de cet âge reculé. Ces résidus ont été préservés par l'eau et modifiés par la pression. Les couches de charbon contiennent souvent à la fois du gaz et du pétrole. Les gisements de tourbe, restes d'une ancienne végétation, se transforme raient en un type de charbon s'ils étaient soumis à une température et à une pression appropriées. L'anthracite a été soumis à une pression et à une température plus élevées que les autres charbons.

 

En Amérique du Nord, le nombre des couches carbonifères des divers gisements indique combien de fois la terre s'éleva et s'affaissa; ce nombre va de dix dans l'Illinois à vingt en Pennsylvanie, trente‑cinq dans l'Alabama, et jusqu'à soixante‑quinze au Canada. Dans les gisements de charbon, on trouve simultanément des fossiles d'eau douce et des fossiles d'eau salée.

 

Tout au long de cette époque, les montagnes de l'Amérique du Nord et du Sud furent en mouvement; les Andes et les très anciennes Montagnes Rocheuses du Sud surgissaient. Les grandes régions élevées de la côte de l'Atlantique et du Pacifique commencèrent à s'enfoncer et furent en fin de compte si érodées et submergées que le littoral des deux océans recula approximativement jusqu'à sa position actuelle. Les dépôts de cette inondation ont une épaisseur moyenne d'environ 300 mètres.

 

Il y a 190 millions d'années, la mer carbonifère de l'Amérique du Nord s'étendit vers l'ouest; elle recouvrit la région actuelle des Montagnes Rocheuses et déboucha sur l'Océan Pacifique à travers la Californie du Nord. Le charbon continua à s'accumuler sur l'ensemble des Amériques et de l'Europe, couche après couche, à mesure que les régions côtières s'élevaient et s'abaissaient au cours de cette période d'oscillations littorales.

 

L'époque d'il y a 180 millions d'années mit un terme à la période carbonifère au cours de laquelle le charbon s'était formé dans le monde entier -- en Europe, aux Indes, en Chine, en Afrique du Nord et dans les Amériques. A la fin de cette période, la partie de l'Amérique du Nord située à l'est de la vallée du Mississipi s'éleva, et la majeure partie de cette région est restée depuis lors au‑dessus du niveau de la mer. Cette époque de soulèvements de terrains marque le commencement de la formation des montagnes actuelles de l'Amérique du Nord, aussi bien dans la région des Appalaches que dans l'Ouest. Des volcans étaient actifs dans l'Alaska et en Californie, ainsi que dans les régions d'Europe et d'Asie où des montagnes étaient en voie de formation. L'Est de l'Amérique et l'Ouest de l'Europe étaient reliés par le continent du Groënland.

L'élévation du terrain commença à modifier le climat maritime des âges précédents et à y substituer les prémisses du climat continental, moins doux et plus variable.

 

Les plantes de ce temps étaient porteuses de spores que le vent pouvait disséminer dans toutes les directions. Le tronc des arbres carbonifères avait couramment deux mètres de diamètre et souvent trente‑cinq mètres de hauteur. Les fougères d'aujourd'hui ne sont plus que des vestiges de ces âges passés.

 

Dans l'ensemble, ces temps furent marqués par le développement des organismes vivant dans l'eau douce; la vie marine antérieure subit peu de changements. La caractéristique dominante de cette période fut l'apparition soudaine des grenouilles et de leurs nombreux cousins. Les caractéristiques de la vie durant l'ère carbonifère furent les fougères et les grenouilles.

 

6. -- LE STADE DE TRANSITION CLIMATIQUE.

LA PÉRIODE DES PLANTES À GRAINES.

L'ÈRE DES TRIBULATIONS BIOLOGIQUES.

Cette période marque le tournant entre la fin du développement évolutionnaire de la vie marine et l'ouverture de la période de transition qui conduisit aux âges ultérieurs des animaux terrestres.

 

Au cours de cette ère, la vie fut grandement appauvrie. Des milliers d'espèces marines périrent alors que la vie était à peine établie sur terre. Ce fut un temps de tribulations biologiques, l'ère où la vie disparut presque entièrement de la surface de la terre et des profondeurs des océans. Vers la fin de la longue ère de vie marine, plus de cent mille espèces d'animaux vivaient sur notre globe. A la fin de la période de transition, moins de cinq cents avaient survécu.

 

Les particularités de cette nouvelle période ne sont pas dues tellement au refroidissement de la croûte terrestre ou à la longue absence d'activité volcanique qu'à la combinaison inhabituelle d'influences banales et pré‑existantes: resserrement des mers et exhaussement croissant d'énormes masses continentales. Le doux climat maritime des temps passés était en voie de disparition, et le type plus rude de climat continental s'étendait rapidement.

 

Il y a 170 millions d'années, de grandes adaptations et de grands changements évolutionnaires se produisirent sur toute la surface de la terre. Les continents s'élevaient sur l'ensemble du monde tandis que les fonds océaniques s'abaissaient. Des chaînes montagneuses isolées apparurent. La partie orientale de l'Amérique du Nord s'élevait très haut au‑dessus de la mer; l'Ouest se soulevait lentement. Les continents étaient couverts de lacs salés de toutes tailles et de nombreuses mers intérieures reliées aux océans par de minces détroits. L'épaisseur des strates de cette période transitoire varie de 200 à 2.000 mètres.

 

Au cours de ces élévations de terrain, la croûte terrestre se plissa sur de vastes étendues. Ce fut une époque d'émergence continentale, bien que certains ponts terrestres aient alors disparu et, parmi eux, les continents qui avaient si longtemps relié l'Amérique du Sud à l'Afrique et l'Amérique du Nord à l'Europe.

 

Les mers intérieures et les lacs s'asséchaient progressivement sur l'ensemble du monde. Des glaciers montagneux régionaux isolés commencèrent à apparaître, spécialement dans l'hémisphère Sud; dans certaines régions, les dépôts de ces formations glaciaires locales se retrouvent même parmi les couches supérieures des derniers dépôts de charbon. Deux nouveaux facteurs climatiques apparurent, la glace et l'aridité. Beaucoup de hautes régions de la terre étaient devenues arides et stériles.

 

Tout au long de ces époques de changements climatiques, de grandes variations se produisirent également dans la végétation terrestre. Les plantes à graines apparurent les premières et procurèrent une meilleure alimentation aux animaux terrestres qui se multiplièrent par la suite. Les insectes subirent un changement radical. Leurs stades de repos évoluèrent pour s'adapter aux exigences des périodes d'hibernation et de sécheresse où la vie est en suspens.

Parmi les animaux terrestres, les grenouilles, qui avaient atteint leur apogée pendant l'âge précédent, déclinèrent rapidement. Elles survécurent parce qu'elles pouvaient vivre longtemps même dans les mares et les étangs en voie de dessèchement dans ces temps lointains extrêmement éprouvants. Durant le déclin de l'ère des grenouilles, la première étape de leur évolution en reptiles se produisit en Afrique. Comme les masses continentales étaient encore reliées entre elles, ces créatures pré‑reptiliennes, respirant de l'air, se répandirent sur le monde entier. A cette époque, l'atmosphère s'était si bien modifiée quelle convenait admirablement à l'entretien de la respiration animale. C'est peu après l'arrivée de ces grenouilles pré‑reptiliennes que l'Amérique du Nord fut temporairement isolée, coupée de l'Europe, de l'Asie, et de l'Amérique du Sud.

 

Le refroidissement progressif des eaux océaniques contribua beaucoup à la destruction de la vie dans les mers. Les animaux marins de ces âges se réfugièrent temporairement dans trois retraites propices: la région actuelle du Golfe du Mexique, la Baie du Gange aux Indes, et la Baie de Sicile dans le bassin méditerranéen. C'est à partir de ces trois régions que de nouvelles espèces marines, nées pour affronter l'adversité, partirent plus tard pour repeupler les mers.

 

Il y a 160 millions d'années, la terre était largement couverte d'une végétation adaptée à l'entretien de la vie animale terrestre, et l'atmosphère était devenue idéale pour la respiration animale. Ainsi se terminent la période de réduction de la vie marine et ces temps d'épreuves biologiques adverses qui éliminèrent toutes les formes de vie, sauf celles qui avaient une valeur de survivance; ces dernières devenaient ainsi qualifiées pour servir d'ancêtres à la vie plus hautement différenciée et au développement plus rapide des âges suivants de l'évolution planétaire.

 

La fin de cette période de tribulation biologique, connue de vos savants sous le nom de Permienne, marque également la fin de la longue ère Paléozoïque qui couvre un quart de l'histoire planétaire, soit 250 millions d'années.

 

La vaste pépinière de vie que furent les océans d'Urantia avait rempli son rôle. Au cours des longs âges pendant lesquels la terre fut impropre à entretenir la vie, avant que l'atmosphère ne contint assez d'oxygène pour sustenter les animaux terrestres supérieurs, la mer donna naissance aux formes de vie primitives du royaume et les entretint. Maintenant, l'importance biologique de la mer diminuait progressivement et le second stade de l'évolution commençait à se dérouler sur Urantia.

 

[Présenté par un Porteur de Vie de Nébadon, appartenant au corps originel affecté à Urantia.]

 

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