La cosmogonie d'Urantia
La première publication française du Livre d'Urantia

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  • 1. L'UNIVERS CENTRAL ET LES SUPERUNIVERS
    • Introduction
    • 1. Le père universel
    • 2. La nature de Dieu
    • 3. Les attributs de Dieu
    • 4. Relations de Dieu avec l'univers
    • 5. Relations de Dieu avec les individus
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    • 7. Relations du fils éternel avec l'univers
    • 8. L'esprit infini
    • 9. Relations de l'esprit infini avec l'univers
    • 10. La trinité du Paradis
    • 11. L’île éternelle du Paradis
    • 12. L'univers des univers
    • 13. Les sphères sacrées du Paradis
    • 14. L'univers central et divin
    • 15. Les sept superunivers
    • 16. Les sept maîtres esprits
    • 17. Les sept groupes spirituels suprêmes
    • 18. Les personnalités suprêmes de la trinité
    • 19. Les êtres coordonnés d'origine trinitaire
    • 20. Les fils paradisiaques de Dieu
    • 21. Les fils paradisiaques créateurs
    • 22. Les fils de Dieu trinitisés
    • 23. Les messagers solitaires
    • 24. Personnalités supérieures de l'esprit infini
    • 25. Les armées des messagers de l'espace
    • 26. Les esprits tutélaires de l'univers central
    • 27. Le ministère des supernaphins primaires
    • 28. Esprits tutélaires des superunivers
    • 29. Les directeurs de pouvoir de l'univers
    • 30. Personnalités du grand univers
    • 31. Le corps de la finalité
  • 2. L'UNIVERS LOCAL
    • 32. L'évolution des univers locaux
    • 33. Administration de l'univers local
    • 34. L'esprit mère de l'univers local
    • 35. Les fils de Dieu de l'univers local
    • 36. Les porteurs de vie
    • 37. Personnalités de l'univers local
    • 38. Esprits tutélaires de l'univers local
    • 39. Les armés séraphiques
    • 40. Les fils ascendants de Dieu
    • 41. Aspects physiques de l'univers local
    • 42. Energie - pensée et matière
    • 43. Les constellations
    • 44. Les artisans célestes
    • 45. L'administration du système local
    • 46. Le siège du système local
    • 47. Les sept mondes des maisons
    • 48. La vie morontielle
    • 49. Les mondes habités
    • 50. Les princes planétaires
    • 51. Les Adams planétaires
    • 52. Stades planétaires de la vie humaine
    • 53. La rébellion de Lucifer
    • 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer
    • 55. Les sphères de lumière et de vie
    • 56. Unité universelle
  • 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
    • 57. L'origine d'Urantia
    • 58. L'établissement de la vie sur Urantia
    • 59. L'ère de la vie marine sur Urantia
    • 60. Urantia pendant l'ère de la vie terrestre primitive
    • 61. L'ère des mammifères sur Urantia
    • 62. Les races à l'aurore de l'homme primitif
    • 63. La première famille humaine
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    • 65. Le supercontrôle de l'évolution
    • 66. Le prince planétaire d'Urantia
    • 67. La rébellion planétaire
    • 68. L'aurore de la civilisation
    • 69. Les institutions humaines primitives
    • 70. L'évolution du gouvernement humain
    • 71. Développement de l'état
    • 72. Un gouvernement sur une planète voisine
    • 73. Le jardin d’Éden
    • 74. Adam et Ève
    • 75. La faute d'Adam et d’Ève
    • 76. Le second jardin
    • 77. Les créatures médianes
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    • 79. L'expansion Andite en orient
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    • 81. Développement de la civilisation moderne
    • 82. L'évolution du mariage
    • 83. L'institution du mariage
    • 84. Le mariage et la vie familiale
    • 85. Les origines de l'adoration
    • 86. L'évolution primitive de la religion
    • 87. Le culte des fantômes
    • 88. Fétiches, amulettes, et magie
    • 89. Péché, sacrifice, et expiation
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    • 91. L'évolution de la prière
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    • 97. L'évolution du concept de Dieu chez les Hébreux
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    • 100. La religion dans l'expérience humaine
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    • 107. Origine et nature des ajusteurs de pensée
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    • 109. Relations des ajusteurs avec les créatures de l'univers
    • 110. Relations des ajusteurs avec les mortels individuels
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    • 112. La survivance de la personnalité
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  • 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
    • 120. Effusion de Micael sur Urantia
    • 121. L’époque de l'effusion de Micael
    • 122. Naissance et petite enfance de Jésus
    • 123. La prime enfance de Jésus
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    • 128. La vie de jeune homme de Jésus
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    • 130. Sur le chemin de Rome
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    • 136. Le baptême et les quarante jours
    • 137. Séjour en Galilée
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    • 143. La traversée de la Samarie
    • 144. À Gilboa et dans la Décapole
    • 145. Quatre journées mémorables à Capharnaüm
    • 146. La première tournée de prédication en Galilée
    • 147. La visite intérimaire à Jérusalem
    • 148. La formation d'évangélistes à Bethsaïde
    • 149. La seconde tournée de prédication
    • 150. La troisième tournée de prédication
    • 151. Séjour et enseignement au bord de la mer
    • 152. Les prodromes de la crise de Capharnaüm
    • 153. La crise à Capharnaüm
    • 154. Derniers jours à Capharnaüm
    • 155. En fuite à travers la Galilée du nord
    • 156. Le séjour à Tyr et à Sidon
    • 157. A Césarée-Philippe
    • 158. La montagne de la transfiguration
    • 159. La tournée en Décapole
    • 160. Rodan d'Alexandrie
    • 161. Suite des discussions avec Rodan
    • 162. À la fête des tabernacles
    • 163. L'ordination des 70 à Magadam
    • 164. La fête de la dédicace
    • 165. La mission en Pérée commence
    • 166. Dernière tournée en Pérée du nord
    • 167. Le séjour à Philadelphie
    • 168. La résurrection de Lazare
    • 169. Derniers enseignements à Pella
    • 170. Le royaume des cieux
    • 171. Sur le chemin de Jérusalem
    • 172. L'entrée à Jérusalem
    • 173. Le lundi à Jérusalem
    • 174. Le mardi matin au temple
    • 175. Le dernier discours au temple

 

 

 

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4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS

155. En fuite à travers la Galilée du nord

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

EN FUITE À TRAVERS LA GALILÉE DU NORD

PEU après avoir accosté près de Gérasa lors de ce dimanche mouvementé, Jésus et les vingt-quatre remontèrent un peu vers le nord et passèrent la nuit dans un parc magnifique au sud de Bethsaïde-Juliade. Ils connaissaient bien ce campement pour s'y être arrêtés dans le passé. Avant de se retirer pour la nuit, le Maître appela ses disciples autour de lui et discuta avec eux l'itinéraire de leur voyage vers la côte de Phénicie en passant par Batanée et le nord de la Galilée.

1. -- POURQUOI LES PAÏENS SONT-ILS FURIEUX?

Jésus dit: « Rappelez-vous tous comment le Psalmiste à parlé de notre époque en disant: « Pourquoi les païens sont ils furieux et les peuples complotent-ils en vain? Les rois de la terre s'établissent eux-mêmes et les chefs du peuple prennent conseil entre eux, contre l'Éternel et contre son Oint, en disant: Brisons les liens de la miséricorde et rejetons les chaînes de l'amour ».

« Vous voyez cette prophétie s'accomplir aujourd'hui sous vos yeux, mais vous ne verrez pas se réaliser le reste, car le Psalmiste avait des idées fausses sur le Fils de l'Homme et sa mission sur terre. Mon royaume est fondé sur l'amour, proclamé en miséricorde, et établi par le service désintéressé. Mon Père ne siège pas au ciel en tournant les païens en dérision. Dans son grand déplaisir, il n'est pas courroucé. Il est fidèle à la promesse que le Fils aura pour héritage ces soi-disant païens -- en réalité ces frères ignorants et dépourvus d'instruction. Et je recevrai ces Gentils les bras ouverts avec miséricorde et affection. Je témoignerai cet affectueux amour aux soi-disant païens, malgré la malencontreuse proclamation du Psaume affirmant que le Fils triomphant « les brisera avec une verge de fer et les mettra en pièces comme un vase de potier ». Le Psalmiste vous a exhortés à « servir le Seigneur avec crainte », -- mais moi je vous invite à jouir des privilèges supérieurs de la filiation divine par la foi. Il vous commande de vous réjouir en tremblant; moi je vous demande de vous réjouir avec assurance. Il dit: «Embrassez le Fils, de crainte qu'il ne s'irrite et que vous périssiez quand sa colère sera allumée ». Mais vous qui avez vécu avec moi, vous savez bien que ni la colère ni le courroux ne contribuent à établir le royaume des cieux dans le coeur des hommes. Par contre, le Psalmiste eut un aperçu de la vraie lumière lorsqu'il dit à la fin de son exhortation: « Bénis soient ceux qui mettent leur confiance dans ce Fils ».

Jésus continua à enseigner les vingt-quatre en disant: « Les païens où quelques excuses quand ils sont furieux contre nous. Du fait que leur point de vue est mesquin et étriqué, ils peuvent concentrer leurs énergies avec enthousiasme. Leur but est proche d'eux et plus ou moins visible; c'est pourquoi ils font de vaillants efforts et sont efficaces dans l'exécution. Vous avez proclamé votre entrée dans le royaume des cieux, mais la conduite de votre enseignement est trop vacillante et imprécise. Les païens portent des coups directs pour atteindre leurs objectifs. Vous êtes coupables d'avoir trop de désirs latents. Si vous voulez entrer dans le royaume, pourquoi ne pas vous en emparer par un assaut spirituel, comme les païens s'emparent d'une ville qu'ils assiègent? Vous n'êtes guère dignes du royaume quand votre service consiste principalement à regretter le passé, à gémir sur le présent, et à formuler de vains espoirs pour l'avenir. Pourquoi les païens sont-ils furieux? Parce qu'ils ne connaissent pas la vérité. Pourquoi languissez-vous dans des désirs futiles? Parce que vous n'obéissez pas à la vérité. Cessez le formuler vos désirs inutiles, et allez courageusement faire ce qui concerne l'établissement du royaume.

« Dans tout ce que vous ferez, ne soyez partiaux et ne vous spécialisez pas à l'excès. Les pharisiens qui cherchent à nous anéantir croient véritablement servir Dieu. La tradition les a tellement étriqués qu'ils sont aveuglés par les préjugés et en endurcis par la peur. Considérez les Grecs, qui ont une science dépourvue de religion, alors que les Juifs ont une religion dépourvue de science. Quand les hommes s'égarent ainsi en acceptant de désintégrer la vérité dans l'étroitesse et la confusion, leur seul espoir de salut consiste à se coordonner avec la vérité -- à se convertir.

« Laissez-moi vous affirmer énergiquement cette vérité éternelle: « Si, en vous harmonisant avec la vérité, vous apprenez à donner dans votre vie l'exemple de cette magnifique droiture, vos semblables vous rechercheront pour obtenir ce que vous aurez ainsi acquis. La mesure dans laquelle les chercheurs de vérité seront attirés vers vous représente la mesure de votre don de vérité, de votre droiture. La mesure dans laquelle il faut que vous fassiez de la propagande représente, en un certain sens, la mesure de votre inaptitude à vivre la vie saine et droite, la vie harmonisée avec la vérité ».

Le Maître enseigna encore bien des choses à ses apôtres et aux évangélistes avant qu'ils ne lui souhaitent le bonsoir et aillent se reposer pour la nuit.

2. -- LES ÉVANGELISTES À CHORAZIN

Le lundi matin 23 mai, Jésus ordonna à Pierre d'aller à Chorazin avec les douze évangélistes. De son côté, avec les onze autres apôtres, il partit pour Césarée-Philippe en remontant le Jourdain jusqu'à la route de Damas à Capharnaüm, puis en allant vers le nord-est rejoindre la route conduisant à Césarée-Philippe. Ils arrivèrent dans cette ville au cours de l'après-midi du mardi 24 mai; ils y demeurèrent et y enseignèrent pendant quinze jours.

Pierre et les évangélistes restèrent deux semaines à Chorazin, prêchant l'évangile du royaume à un groupe de croyants peu nombreux, mais sérieux. Ils ne purent convertir beaucoup de monde. Aucune ville de Galilée ne fournit moins d'âmes au royaume que Chorazin. Conformément aux instructions de Pierre, les douze évangélistes parlèrent moins de guérisons -- de choses physiques --- mais prêchèrent et enseignèrent avec une vigueur accrue les vérités spirituelles du royaume des cieux. Ces deux semaines à Chorazin constituèrent un véritable baptême d'adversité pour les douze évangélistes, en ce sens que ce fut et la plus difficile et la plus improductive qu'ils eussent vécue jusque-là. Privés de la satisfaction de gagner des âmes au royaume, chacun d'eux scruta plus sérieusement et honnêtement sa propre âme et ses progrès dans les voies spirituelles de la vie nouvelle.

Le mardi 7 juin, il devint clair qu'il n'y aurait plus à Chorazin de nouveaux candidats cherchant à entrer dans le royaume. Pierre rassembla donc ses compagnons et partit rejoindre Jésus et les apôtres à Césarée-Philippe. Ils y arrivèrent le mercredi 8 vers midi et passèrent toute la soirée à raconter leurs aventures parmi les incroyants de Chorazin. Durant les discussions de cette soirée, Jésus reparla de la parabole du semeur et leur donna de longues explications sur la signification des échecs apparents dans les entreprises de la vie.

3. -- À CÉSARÉE-PHILIPPE

Jésus n'enseigna pas en public durant ce séjour de deux semaines près de Césarée-Philippe, mais les apôtres tinrent dans la ville des réunions nombreuses et paisibles; beaucoup de croyants vinrent au camp pour converser avec le Maître, mais très peu d'entre eux s'intégrèrent au groupe à la suite de leur visite. Jésus s'entretint quotidiennement avec les apôtres; ils discernèrent plus clairement qu'une nouvelle phase de la prédication du royaume entrait en jeu. Ils commencèrent à comprendre que « le royaume des cieux n'est pas nourriture et boisson, mais la réalisation de la joie spirituelle d'accepter la filiation divine ».

Le séjour à Césarée-Philippe fut une réelle épreuve pour les onze apôtres; ce fut pour eux une quinzaine difficile à passer. Ils étaient assez déprimés, et il leur manquait le stimulant périodique de la personnalité enthousiaste de Pierre. A cette époque, le fait de croire en Jésus et de partir pour le suivre était vraiment une grande aventure et une épreuve. Ils firent peu de conversions durant cette quinzaine, mais entendirent beaucoup de leçons profitables durant leurs conférences quotidiennes avec le Maître.

Les apôtres apprirent que les Juifs étaient spirituellement stagnants et mourants parce qu'ils avaient cristallisé la vérité en un credo. Si l'on formule la vérité sous l'aspect d'une ligne frontière d'exclusivisme pharisaïque, au lieu de la présenter comme des poteaux indicateurs de directives et de progrès spirituels, les enseignements correspondants perdent leur pouvoir créatif et vivifiant et finissent par devenir simplement conservateurs et fossilisants.

Jésus leur enseigna progressivement à regarder les personnalités humaines sous l'aspect de leurs possibilités dans le temps et l'éternité. Ils apprirent que la meilleure manière d'amener bien des âmes à aimer le Dieu invisible consiste à leur enseigner d'abord à aimer leurs semblables qu'ils peuvent voir. A cette occasion, une nouvelle signification fut attachée à la proclamation du Maître concernant le service désintéressé d'autrui: « Dans la mesure où vous l'avez fait au plus humble de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait».

L'une des grandes leçons de ce séjour à Césarrée porta sur l'origine des traditions religieuses et le grave danger de laisser attacher un caractère sacré a des choses non sacrées, à des idées ordinaires, ou à des événements quotidiens. Une conférence se termina par l'enseignement que la véritable religion d'un homme est la fidélité qu'il ressent dans son coeur envers ses convictions les plus élevées et les plus sincères.

Jésus prévint ses partisans que, si leurs aspirations religieuses étaient uniquement matérielles, leur connaissance croissante de la nature remplacerait progressivement leurs hypothèses sur l'origine surnaturelle des choses et finirait par leur ôter leur foi en Dieu. Par contre, si leur religion était spirituelle jamais les progrès des sciences physiques ne pourraient troubler leur foi clans les réalités éternelles et les valeurs divines.

Les apôtres et les évangélistes apprirent que si a religion a des mobiles entièrement spirituels, elle rend la vie plus digne d'être vécue; elle la meuble de buts élevés, lui confère la majesté des valeurs transcendantales, lui apporte l'inspiration de motifs magnifiques, et réconforte constamment l'âme humaine par une espérance sublime et fortifiante. La vraie religion est destinée à diminuer les tensions de l'existence; elle inspire de la foi et du courage pour la vie quotidienne et le service désintéressé. La foi développe la vitalité spirituelle et la fécondité de la droiture.

Jésus enseigna maintes fois à ses apôtres que nulle civilisation ne peut survivre longtemps à la perte de l'essentiel de sa religion. Il ne se lassa jamais de signaler aux douze le très grave danger de substituer des cérémonies et des symboles religieux à l'expérience religieuse personnelle. Toute sa vie terrestre fut consacrée à dégeler les formes cristallisées de la religion pour leur donner la libre fluidité d'une filiation éclairée.

4. -- SUR LA ROUTE DE PHÉNICIE

Le jeudi matin 9 juin, après que les messagers de David eurent apports de Bethsaïde les nouvelles sur les progrès du royaume, le groupe des vingt-cinq instructeurs de la vérité quitta Césarée-Philippe et se dirigea vers la Phénicie. Ils contournèrent la contrée marécageuse par Luz, rejoignirent la piste allant de Magdala au Mont Liban, et là suivirent jusqu'au croisement avec la route conduisant a Sidon où ils arrivèrent le vendredi après-midi.

Au cours d'une pause pour le déjeuner à l'ombre d'une corniche rocheuse surplombante, Jésus fit aux apôtres l'un des discours les plus remarquables qu'ils eussent entendus durant leurs années de collaboration avec lui. A peine s'étaient-ils assis pour rompre le pain que Simon Pierre demanda à Jésus: «Maître, puisque le Père céleste connaît toutes choses, et puisque son esprit est notre soutien pour établir sur terre le royaume des cieux, comment se fait-il que nous devions fuir devant les menaces de nos ennemis? Pourquoi ne faisons-nous pas face aux ennemis de la vérité? » Avant que Jésus ait pu répondre, Thomas intervint en demandant: « Maître, je voudrais réellement savoir ce qu'il y a de faux dans la religion de nos ennemis à Jérusalem. Quelle est la différence fondamentale entre leur religion et la nôtre? » Après l'interruption de Thomas, Jésus dit: « Je ne me désintéresse pas de la question de Pierre, car je sais parfaitement combien il est facile de mal interpréter mes raisons d'éviter en ce moment un conflit ouvert avec les chefs des Juifs; mais je crois plus profitable pour vous tous qui je choisisse plutôt de répondre à la question de Thomas. Je ne manquerai pas de le faire dès que vous aurez fini de déjeuner ».

5. -- LE DISCOURS SUR LA VRAIE RELIGION

Ce mémorable discours sur la religion, résumé et retranscrit en langage moderne, exprima les vérités suivantes:

Bien que les religions du monde aient une origine double dans la nature et dans la révélation on retrouve à tout moment, chez n'importe quel peuple, trois formes distinctes de dévotion religieuse, et voici les trois manifestations de ce besoin de religion:

   1. La religion primitive. Le besoin semi-naturel et instinctif de craindre des énergies mystérieuses et d'adorer des forces supérieures; c'est principalement la religion de la nature physique, la religion de la peur.

   2. La religion de la civilisation. Ce sont les conceptions et les pratiques religieuses évoluantes des races qui se civilisent -- la religion de la pensée -- la théologie intellectuelle appuyée sur l'autorité de la tradition religieuse établie.

   3. La vraie religion, celle de la révélation. C'est la révélation des valeurs surnaturelles, une pénétration partielle des réalités éternelles, un aperçu de la bonté et de la beauté du caractère infini du Père céleste -- la religion de l'esprit telle quelle est démontrée dans l'expérience humaine.

Le Maître refusa de minimiser la religion des sens physiques et les craintes superstitieuses de l'homme primitif, mais il déplora le fait que cette forme initiale d'adoration subsistât encore à un pareil degré dans les pratiques religieuses des races les plus intelligentes de l'humanité. Jésus exposa clairement la grande différence entre la religion intellectuelle et la religion spirituelle: alors que la première est soutenue par l'autorité ecclésiastique, la seconde est entièrement fondée sur l'expérience humaine.

Puis le Maître poursuivit cette leçon d'une heure en dégageant les vérités suivantes:

Jusqu'à ce que les races deviennent très intelligentes et plus complètement civilisées, on verra subsister beaucoup de ces cérémonies enfantines et superstitieuses si caractéristiques des pratiques religieuses évolutionnaires des peuples primitifs et arriérés. Jusqu'à ce que la race humaine atteigne un niveau supérieur où elle reconnaîtra d'une manière plus générale les réalités de l'expérience spirituelle, un grand nombre d'hommes et de femmes continueront à faire montre d'une préférence personnelle pour les religions d'autorité n'exigeant qu'un assentiment intellectuel. Elles contrastent avec la religion de l'esprit, qui implique une participation active de la pensée et de l'âme à l'entreprise de foi consistant à en venir aux prises avec les rigoureuses réalités de l'expérience humaine progressive.

L'acceptation des religions traditionnelles d'autorité offre un exutoire facile au besoin qu'ont les hommes de satisfaire les ardents désirs de leur nature spirituelle. Les religions d'autorité, bien assises, cristallisées, et établies, fournissent un abri tout prêt où les âmes humaines désaxées et bouleversées peuvent se réfugier quand elles sont assaillies de craintes et tourmentées d'incertitudes. Comme prix à payer pour les satisfactions et les assurances qu'elles donnent, elles n'exigent qu'un assentiment passif et purement intellectuel.

On verra encore longtemps vivre sur terre des individus timides, craintifs, et hésitants qui préfèrent obtenir ainsi leurs consolations religieuses. Pourtant, en liant leur sort à celui des religions d'autorité, ils compromettent la souveraineté de la personnalité, avilissent la dignité du respect de soi, et renoncent complètement au droit de participer à la plus passionnante et vivifiante de toutes les expériences humaines: la recherche personnelle de la vérité, la joie d'affronter les périls de la découverte intellectuelle, la résolution d'explorer les réalités de l'expérience religieuse personnelle, la satisfaction suprême du triomphe personnel dans la victoire de la foi spirituelle sur les doutes intellectuels; cette victoire se gagne honnêtement dans l'aventure suprême de toute l'existence humaine -- celle de l'homme qui recherche Dieu pour lui-même et en tant que lui-même, et qui le trouve.

La religion de l'esprit signifie effort, lutte, conflit, foi, résolution, amour, fidélité, et progrès. La religion dogmatique la théologie d'autorité -- n'exige de ses croyants officiels qu'une partie infime de ces efforts. La tradition est un refuge sûr et un sentier facile pour les âmes tièdes et craintives qui évitent instinctivement les luttes spirituelles et les incertitudes mentales accompagnant les aventures audacieuses. Les hommes de foi voyagent en haute mer, sur les océans des vérités inexplorées, à la recherche des rivages lointains, des réalités spirituelles susceptibles d'être découvertes par la pensée humaine progressive et expérimentées par l'âme humaine en évolution.

Puis Jésus continua en disant: « à Jérusalem, les chefs religieux ont cristallisé les diverses doctrines de leurs maîtres traditionnels et des prophètes d'autrefois en un système établi de credos intellectuels, en une religion d'autorité. Les religions de ce genre font principalement appel à l'intellect. Nous sommes maintenant sur le point d'entrer dans une lutte à mort avec cette religion, car nous allons bientôt commencer à proclamer une nouvelle religion qui n'en est pas une au sens couramment attribué à ce mot -- une religion qui fait principalement appel à l'esprit divin de mon Père habitant la pensée des hommes; une religion qui tirera son autorité des fruits de son acceptation, et ces fruits apparaîtront avec certitude dans l'expérience personnelle de tous ceux qui croiront réellement et sincèrement aux vérités de cette communion spirituelle supérieure ».

Montrant successivement du doigt les vingt-quatre, et les appelant chacun par leur nom, Jésus dit: « Et maintenant, qui d'entre vous préférerait prendre le chemin facile du conformisme à une religion établie et fossilisée comme celle que défendent les pharisiens de Jérusalem, plutôt que de subir les difficultés et les persécutions accompagnant la proclamation d'une meilleure voie de salut pour les hommes? Vous savez qu'en annonçant l'évangile, vous aurez la satisfaction de découvrir, pour vous-mêmes les beautés d'une expérience vivante et personnelle des vérités éternelles et des grandeurs suprêmes du royaume des cieux. Etes-vous craintifs, mous, et douillets? Avez-vous peur de confier votre avenir aux mains du Dieu de vérité dont vous êtes les fils? Vous méfiez-vous du Père, dont vous êtes les enfants? Allez-vous reprendre le sentier facile de la certitude et de la fixité intellectuelle de la religion traditionnelle d'autorité, ou allez-vous vous cuirasser pour vous avancer avec moi dans l'avenir incertain et trouble où nous proclamerons les vérités nouvelles de la religion de l'esprit, le royaume des cieux dans le coeur des hommes? »

Les vingt-quatre auditeurs se levèrent tous avec l'intention de notifier leur réponse fidèle et unanime à cet appel émotif, l'un des rares que Jésus leur eût jamais adressés, mais leva la main pour les arrêter et dit: « Séparez-vous maintenant; que chacun aille seul avec le Père et trouve la réponse non sentimentale à ma question. Quand vous aurez découvert le véritable et sincère comportement de votre âme, donnez franchement et audacieusement votre réponse à mon Père, qui est aussi le vôtre, et dont la vie infinie d'amour est l'esprit de la religion que nous proclamons ».

Les évangélistes et les apôtres allèrent chacun de leur côté pendant un bref moment. Leurs esprits étaient soulevés, leurs pensées étaient inspirées, et leurs émotions puissamment remuées par les paroles de Jésus. Toutefois, lorsqu'André les rassembla, le Maître se borna à dire: « Reprenons notre route. Nous partons pour la Phénicie où nous resterons un certain temps; chacun de vous devrait prier le Père de transformer vos émotions mentales et corporelles en fidélités mentales supérieures et en expériences spirituelles plus satisfaisantes ».

Le long de la route, les apôtres furent d'abord silencieux, mais ils ne tardèrent pas à échanger leurs vues entre eux et, à trois heures de l'après-midi, ils n'y tinrent plus. Ils s'arrêtèrent, et Pierre alla trouver Jésus en lui disant: « Maître, tu nous as adressé des paroles de vie et de vérité. Nous voudrions en entendre davantage; nous te supplions de nous parler encore de ces questions ».

6. -- LE SECOND DISCOURS SUR LA RELIGION

Ils s'arrêtèrent alors sur un flanc de coteau ombragé, et Jésus continua à leur enseigner la religion de l'esprit en leur disant en substance:

Vous avez émergé parmi vos compagnons qui ont choisi de se satisfaire d'une religion mentale; ils désirent ardemment la sécurité et préfèrent le conformisme. Vous avez décidé d'échanger vos sentiments de certitude autoritaire contre les assurances de l'esprit de foi aventureux et progressif. Vous avez osé protester contre l'épuisante servitude des traditions écrites actuellement considérées comme la parole de Dieu. Il est exact que notre Père a parlé par la bouche de Moïse, d'Elie, d'Isaïe, d'Amos, et d'Osée, mais il n'a pas cessé d'apporter des paroles de vérité au monde après que ces prophètes de jadis eurent terminé leurs proclamations. Mon Père ne fait pas acception de races ni de générations en octroyant la parole de vérité à une époque et en la refusant à la suivante. Ne commettez pas la folie d'appeler divin ce qui est purement humain, et ne manquez pas de discerner les paroles de vérité, même si elles ne proviennent pas des oracles traditionnels de la prétendue vérité.

Je vous ai appelés à naître de nouveau, à naître d'esprit. Je vous ai fait sortir des ténèbres de l'autorité et de la léthargie de la tradition pour vous faire entrer dans la lumière transcendante où vous apercevrez la possibilité de faire la plus grande découverte possible pour l'âme humaine -- l'expérience de trouver Dieu pour vous-mêmes, en vous-mêmes, et par vous-mêmes, et d'incorporer tout ceci dans votre expérience personnelle. Vous pourrez alors passer de la mort à la vie, de l'autorité de la tradition à l'expérience de connaître Dieu. Vous passerez ainsi des ténèbres à la lumière, de la foi raciale héritée à une foi personnelle acquise par une expérience réelle. Cela vous fera progresser d'une théologie intellectuelle transmise par vos ancêtres à une véritable religion spirituelle bâtie dans votre âme comme un don éternel.

Votre religion était une simple croyance intellectuelle à une autorité traditionnelle; elle deviendra l'expérience réelle de la foi vivante capable de saisir la réalité de Dieu et de tout ce qui se rapporte à l'esprit divin du Père. La religion dogmatique vous attache irrémédiablement au passé. La religion spirituelle consiste en une révélation progressive et vous appelle à des accomplissements plus élevés et plus saints dans les idéaux spirituels et les réalités éternelles.

La religion d'autorité peut communiquer le sentiment d'une sécurité assurée, mais le prix que vous payez pour cette satisfaction temporaire est la perte de votre liberté spirituelle et religieuse. Comme prix d'entrée d'entrée dans le royaume des cieux, mon Père ne vous demande pas de vous forcer à croire à des choses spirituellement répugnantes, impies, et mensongères. On n'exige pas que vous outragiez vos propres sentiments de miséricorde, de justice, et de vérité en vous soumettant à un système désuet de formalités et de cérémonies religieuses. La religion de l'esprit vous laisse perpétuellement libres de suivre la vérité, ou que vous emmènent les directives de l'esprit. Et qui sait -- cet esprit voudrait peut-être communiquer à cette génération quelque chose que les précédentes ont refusé d'entendre?

Honte aux faux éducateurs religieux qui voudraient ramener les âmes assoiffées dans l'obscur et lointain passé pour les y abandonner! Ces âmes infortunées sont alors condamnées à s'effrayer de toute nouvelle découverte et à être décontenancées par chaque nouvelle révélation de la vérité. Le prophète qui a dit: « Celui dont la pensée est fixée sur Dieu sera gardé dans une paix parfaite » n'était pas un simple croyant à une théologie d'autorité. Cet initié à la vérité avait découvert Dieu; il ne se bornait pas à parler de Dieu.

Je vous recommande de perdre l'habitude de toujours citer les prophètes de jadis et de louer les héros d'Israël. Au lieu de cela, aspirez à devenir des prophètes vivants du Très-Haut et des héros spirituels du royaume qui vient. Il est peut-être bon d'honorer les chefs du passé qui connaissaient Dieu, mais pourquoi, en faisant cela, sacrifieriez-vous l'expérience suprême de l'existence humaine: trouver Dieu pour vous-mêmes et le connaître dans votre propre âme?

Chaque race de l'humanité a son point de vue mental particulier sur l'existence humaine; la religion mentale doit donc toujours s'harmoniser avec ces divers points de vue. Les religions d'autorité ne parviendront jamais à s'unifier. Seul le don supérieur de la religion de l'esprit peut réaliser l'unité des hommes et la fraternité des mortels. Les mentalités raciales peuvent différer, mais toute l'humanité est habitée par le même esprit éternel et divin. L'espoir d'une fraternité des hommes ne peut se réaliser que si les religions d'autorité, mentales divergentes, se laissent imprégner et dominer par la religion unifiante et ennoblissante de l'esprit de la religion de l'expérience spirituelle personnelle.

Les religions d'autorité ne peuvent que diviser les hommes et dresser les consciences les unes contre les autres. La religion de l'esprit attirera progressivement les hommes les uns vers les autres et provoquera une sympathie compréhensive entre eux. Les religions d'autorité exigent des hommes une croyance uniforme, chose impossible à réaliser dans l'état actuel du monde. La religion de l'esprit n'exige qu'une unité d'expérience -- une destinée uniforme -- tenant entièrement compte de la diversité des croyances. La religion de l'esprit ne demande que l'uniformité de clairvoyance, et non l'uniformité de point de vue; elle ne requiert pas l'uniformité des vues intellectuelles, mais seulement l'unité de sentiment spirituel. Les religions d'autorité se cristallisent en credos. La religion de l'esprit devient la joie et la liberté croissantes dues à l'ennoblissement par des actes de service amical et des soins miséricordieux.

Mais veillez à ce qu'aucun de vous ne considère avec dédain les enfants d'Abraham parce qu'ils vivent durant ces mauvais jours de tradition stérile. Nos ancêtres s'étaient adonnés à la recherche persévérante et passionnée de Dieu; ils s'en rapprochèrent plus que toute autre race humaine depuis l'époque d'Adam, qui connaissait mieux le Père, car il était lui-même un Fils de Dieu. Mon Père n'a pas manqué de remarquer la longue et infatigable lutte d'Israël, depuis l'époque de Moïse, pour trouver Dieu et le connaître. Des générations de Juifs se sont épuisées sans cesser de peiner, d'ahaner, de gémir, d'oeuvrer, et supporter les souffrances et chagrins d'un peuple méconnu et méprisé , tout cela pour découvrir d'un peu plus près la vérité au sujet de Dieu. Depuis l'époque de Moïse jusqu'à celle d'Amos et d'Osée, et malgré les échecs et les défaillances d'Israël, nos pères ont progressivement révélé au monde une idée toujours plus claire et plus véridique du Dieu éternel. Le chemin fut ainsi préparé pour la révélation encore plus grande du Père, révélation à laquelle vous avez été appelés à participer.

N'oubliez jamais que la seule aventure plus satisfaisante et plus passionnante que la tentative de découvrir le Dieu vivant consiste à essayer de faire la volonté divine. Rappelez -vous toujours que, dans toute occupation terrestre, on peut faire la volonté de Dieu. Il n'y a pas des métiers saints et des métiers laïques. Toutes choses sont sacrées dans la vie ceux qui sont guidés par l'esprit, c'est-à-dire qu'elles sont alors subordonnées à la vérité, ennoblies par l'amour, dominées par la miséricorde, et tempérées par l'équité -- par la justice. L'esprit que mon Père et moi nous enverrons dans le monde n'est pas seulement l'Esprit de Vérité, mais aussi l'esprit de beauté idéaliste.

Il faut cesser de rechercher la parole de Dieu uniquement dans les pages des vieux livres de théologie faisant autorité. Quiconque est né de l'esprit de Dieu discernera désormais la parole de Dieu, indépendamment de son origine apparente. Il ne faut pas minimiser la parole de Dieu parce quelle vous est parvenue par un canal apparemment humain. Beaucoup de vos contemporains acceptent intellectuellement la théorie de Dieu, mais ne ressentent pas spirituellement la présence de Dieu. C'est précisément pourquoi je vous ai si souvent enseigné que la meilleure manière de concevoir clairement le royaume des cieux consiste à acquérir le comportement spirituel d'un enfant sincère. Ce n'est pas le manque de maturité mentale d'un enfant que je vous recommande, mais bien la simplicité spirituelle d'un petit qui croit facilement et qui a pleine confiance. Il est moins important pour vous de connaître le fait de l'existence de Dieu que d'acquérir une aptitude croissante à sentir la présence de Dieu.

Une fois que vous aurez commencé à découvrir Dieu dans votre âme, vous ne tarderez pas à le découvrir dans l'âme des autres hommes, et finalement dans toutes les créatures et créations d'un puissant univers. Mais dans l'âme des hommes qui ne consacrent guère ou pas de temps à contempler attentivement ces réalités éternelles, quelle chance le Père a-t-il d'apparaître en tant que Dieu des allégeances suprêmes et des idéaux divins? Bien que la pensée ne soit pas le siège de la nature spirituelle, elle est en vérité la porte qui y conduit.

Ne commettez pas l'erreur d'essayer de prouver à autrui que vous avez trouvé Dieu; vous ne pouvez en apporter consciemment la preuve valable. Toutefois, il existe deux démonstrations puissantes et positives du fait que vous connaissez Dieu:

   1. L'apparition des fruits de l'esprit dans votre vie quotidienne ordinaire.

   2. Le fait que tout votre plan de vie apporte la preuve positive que vous avez risqué sans réserve tout ce que vous êtes et tout ce que vous possédez dans l'aventure de la survie après la mort, en poursuivant l'espoir de trouvez le Dieu de l'éternité après avoir eu un avant-goût de sa présence dans le temps.

Maintenant, ne vous y trompez pas, mon Père répondra toujours a la plus faible lueur de foi. Il prend note des émotions physique et superstitieuses de l'homme primitif. Quant aux âmes honnêtes et craintives dont la foi est si faible quelle ne représente guère plus qu'un conformisme intellectuel à une attitude passive d'assentiment aux religions d'autorité, le Père est toujours vigilant pour honorer et soutenir même ces faibles tentatives pour l'atteindre. Mais pour vous qui avez été tirés des ténèbres et appelés dans la lumière, on s'attend à ce que vous croyiez de tout coeur; votre foi dominera les comportements conjugués du corps, de la pensée, et de l'esprit.

Vous êtes mes apôtres, et pour vous la religion ne deviendra pas un abri théologique où vous pourrez fuir dans la peur d'affronter les rudes réalités du progrès spirituel et de l'aventure idéaliste. Votre religion deviendra plutôt une expérience réelle témoignant que Dieu vous a trouvés, idéalisés, ennoblis, et spiritualisés, et que vous vous êtes enrôlés dans l'aventure éternelle de trouver le Dieu qui vous a lui-même trouvés et pris pour fils.

Après avoir fini de parler, Jésus fit signe à André, montra du doigt vers l'occident la route de Phénicie, et dit: « Repartons ».

154. Derniers jours à Capharnaüm

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

DERNIERS JOURS À CAPHARNAÜM

LORS de cette mémorable soirée du 30 avril de l'an 29, tandis que Jésus adressait des paroles de réconfort et de courage à ses disciples abattus et perplexes Hérode Antipas tenait conseil à Tibériade avec un groupe de commissaires spéciaux représentant le sanhédrin de Jérusalem. Ces scribes et pharisiens pressèrent Hérode d'arrêter Jésus; ils firent de leur mieux pour convaincre le tétrarque que Jésus poussait le peuple à la dissension et même à la révolte. Mais Hérode refusa de l'inculper comme criminel politique. Ses agents lui avaient fait un rapport correct sur l'épisode intervenu de l'autre côté du lac où la foule avait voulu proclamer Jésus roi, et sur la manière dont il avait rejeté la proposition.

Un membre de la famille d'Hérode, Chuza, dont la femme appartenait au groupe apostolique féminin, l'avait informée Jésus ne se proposait pas de se mêler des affaires de la souveraineté terrestre et, qu'il s'occupait uniquement d'établir la confraternité spirituelle de ses fidèles, confraternité qu'il appelait le royaume des cieux. Hérode avait confiance dans les rapports de Chuza, si bien qu'il refusa de s'immiscer dans les activités de Jésus. À cette époque, le comportement d'Hérode envers Jésus était également influencé par sa crainte superstitieuse de Jean le Baptiste. Hérode était l'un des Juifs apostats qui, tout en ne croyant à rien, craignaient tout. Il avait mauvaise conscience pour avoir exécuté Jean et ne voulait pas se laisser impliquer dans des intrigues contre Jésus. Il connaissait de nombreux cas de maladies apparemment guéries par Jésus, et il le considérait comme un prophète ou comme un fanatique religieux relativement inoffensif.

Quand les Juifs le menacèrent de rendre compte à César qu'il protégeait un sujet traître, Hérode les expulsa de la chambre du conseil. Les choses en restèrent là pendant une semaine, durant laquelle Jésus prépara ses disciples à la dispersion imminente.

1. -- UNE SEMAINE DE CONSEILS

Du 1ier au 7 mai, Jésus tint des conseils privés avec ses partisans dans la maison de Zébédée. Seuls les disciples éprouvés et dignes de confiance furent admis à ces conférences. À l'époque, il n'y avait qu'une centaine de disciples ayant le courage moral de braver l'opposition des pharisiens et de déclarer ouvertement leur fidélité à Jésus. Il eut des réunions avec eux le matin, l'après-midi, et le soir. De petits groupes d'investigateurs se rassemblaient tous les après-midi au bord du lac, où certains évangélistes ou apôtres les haranguaient. Ces groupes comptaient rarement plus de cinquante personnes.

Le vendredi de cette semaine, les dirigeants de la synagogue de Capharnaüm prirent la décision officielle de fermer la maison de Dieu à Jésus et à tous ses disciples. Cette décision fut prise à l'instigation des pharisiens de Jérusalem. Jaïre donna sa démission de chef et prit ouvertement parti pour Jésus.

La dernière réunion au bord du lac eut lieu l'après-midi du sabbat du 7 mai. Jésus s'adressa à cent cinquante personnes rassemblées à ce moment-là. La soirée de ce samedi marqua le point le plus bas de la grande vague de popularité pour Jésus et ses enseignements. Ensuite les sentiments favorables à son égard s'accrurent d'une manière lente et continue, mais plus saine et digne de confiance. Il se développa un nouveau parti mieux fonds sur la foi spirituelle et la véritable expérience religieuse. Le stade de transition, plus ou moins composite et basé sur des compromis, entre les concepts matérialistes du royaume entretenus par les disciples du Maître et les conceptions plus idéalistes et spirituelles qu'il enseignait avait définitivement pris fin. Désormais l'évangile du royaume fut proclamé plus ouvertement dans son aspect le plus large et avec ses vastes implications spirituelles.

2. -- UNE SEMAINE DE REPOS

À Jérusalem, le dimanche 8 mai de l'an 29, le sanhédrin adopta un décret fermant toutes les synagogues de Palestine à Jésus et à ses disciples. Ce fut une usurpation d'autorité nouvelle et sans précédent par le sanhédrin de Jérusalem. Jusque-là, chaque synagogue avait existé et fonctionné comme une congrégation d'adorateurs indépendante, et chacune était commandée et dirigée par son propre comité de gouverneurs. Seules les synagogues de Jérusalem étaient soumises à l'autorité du sanhédrin. Cinq membres du sanhédrin démissionnèrent a la suite de cette résolution. Cent messagers furent immédiatement envoyés pour transmettre et imposer le décret. En moins de quinze jours, toutes les synagogues de Palestine s'étaient inclinées devant cette proclamation, sauf celle d'Hébron. Les dirigeants de cette dernière refusèrent de reconnaître au sanhédrin le droit d'exercer cette juridiction sur leur assemblée. Ce refus d'accepter le décret de Jérusalem était basé sur l'affirmation de leur autonomie paroissiale plutôt que sur leur sympathie pour la cause de Jésus. Peu après, la synagogue d'Hébron fut détruite par un incendie.

Le même dimanche matin, Jésus décréta une semaine de vacances; il incita tous ses disciples à retourner chez eux ou chez leurs amis pour reposer leur âme troublée et adresser des paroles d'encouragement à leurs êtres chers. Il dit: « Allez chacun de votre côté vous distraire ou pêcher, tout en priant pour l'expansion du royaume ». Cette semaine de repos permit à Jésus de rendre visite à de nombreux groupes et familles aux environs des bords du lac. En plusieurs occasions, il alla également pêcher avec David Zébédée. Cependant il se promena seul la plupart du temps, mais deux ou trois des plus sûrs messagers de David avaient reçu des ordres précis pour veiller à sa sécurité et le suivaient toujours en se dissimulant. Il n'y eut aucune sorte d'enseignement public durant cette semaine de repos.

Au cours de la même semaine, Nathanael et Jacques Zébédée furent assez sérieusement malades. Durant trois jours et trois nuits ils souffrirent de troubles intestinaux graves et douloureux. La troisième nuit, Jésus envoya Salomé, mère de Jacques, se reposer pendant qu'il soignait ses apôtres souffrants. Bien entendu, Jésus aurait pu guérir instantanément les deux hommes mais ce n'est ni la méthode du Père ni celle du Fils pour traiter ces troubles et afflictions ordinaires des enfants des hommes sur les mondes évolutionnaires du temps et de l'espace. Pas une seule fois durant sa vie mouvementée en incarnation, Jésus n'appliqua de soins surnaturels quelconques à aucun membre de sa famille ni à aucun de ses disciples immédiats.

Il faut faire face aux difficultés de l'univers et aux obstacles rencontrés sur la planète, en les considérant comme une partie de l'éducation expérimentale fournie pour la croissance et le développement (la perfection progressive) des âmes évoluantes. La spiritualisation de l'âme humaine exige la solution éducative d'une vaste étendue de problèmes réellement universels. La nature animale et les formes inférieures de créatures volitives ne progressent pas bien dans une ambiance trop facile. Les situations problématiques, doublées de stimulants exigeant des efforts, font naître les activités mentales, psychiques, et spirituelles qui contribuent puissamment à faire atteindre les buts valables de la progression humaine et les niveaux supérieurs de la destinée spirituelle.

3. -- LA SECONDE CONFÉRENCE À TIBÉRIADE

La seconde conférence entre les autorités de Jérusalem et Hérode Antipas fut convoquée à Tibériade le 16 mai. Les chefs religieux et les chefs politiques de Jérusalem y étaient présents: Les dirigeants juifs purent rendre compte à Hérode que pratiquement toutes les synagogues de Galilée et de Judée étaient fermées aux enseignements de Jésus. Ils entreprirent un nouvel effort pour obtenir l'arrestation de Jésus, mais Hérode refusa d'accéder à leur demande. Toutefois, le 18 mai, Hérode accepta le plan consistant à permettre aux autorités du sanhédrin d'arrêter Jésus et de l'emmener à Jérusalem pour le faire juger sur   des inculpations religieuses, pourvu que le gouverneur romain de la Judée participe à cet arrangement. Entre-temps, les ennemis de Jésus répandaient activement dans toute la Galilée la rumeur qu'Hérode était devenu hostile à Jésus et avait l'intention d'exterminer tous ceux qui croyaient à ses enseignements.

Le samedi soir 21 mai parvint à Tibériade la nouvelle que les autorités civiles de Jérusalem n'avaient pas d'objections contre l'accord conclu entre Hérode et les pharisiens, accord stipulant que Jésus serait arrêté et emmené à Jérusalem pour être jugé devant le sanhédrin sous l'inculpation d'avoir nargué les lois sacrées de la nation juive. En conséquence, un peu avant minuit du même jour, Hérode signa le décret autorisant les officiers du sanhédrin à s'emparer de Jésus à l'intérieur du domaine de la juridiction d'Hérode, et à l'emmener de force à Jérusalem pour y être jugé. De fortes pressions de diverses sources furent exercées sur Hérode avant qu'il ne consentit à accorder cette permission; il savait bien que Jésus ne pouvait espérer que ses ennemis acharnés de Jérusalem le jugeraient équitablement.

4. -- LE SAMEDI SOIR À CAPHARNAÜM

Le même samedi soir, un groupe de cinquante citoyens de Capharnaüm se réunit a la synagogue pour examiner l'importante question: « Qu'allons-nous faire de Jésus? » Ils s'entretinrent et discutèrent jusqu'à minuit sans pouvoir trouver de terrain d'entente. À part quelques personnes ayant tendance à croire que Jésus pouvait être le Messie, ou au moins un saint homme, ou peut-être un prophète, l'assemblée était divisée en quatre groupes à peu près égaux, qui soutenaient respectivement les points de vue suivants:

1. Que Jésus était un fanatique religieux abusé et inoffensif.
2. Qu'il était un agitateur dangereux et un organisateur susceptible de soulever une rébellion.
3. Qu'il était allié aux démons, et qu'il pouvait même être un prince des démons.
4. Qu'il n'était pas dans son bon sens, qu'il était un fou, un déséquilibré mental.

Jésus prêchait-il des doctrines bouleversantes pour les gens du peuple? On en discuta beaucoup. Ses ennemis soutinrent que ses enseignements étaient impraticables, que tout irait à vau-l'eau si tout le monde faisait un effort honnête pour vivre conformément aux idées de Jésus. Bien des personnes des générations subséquentes où dit la même chose. Même à l'époque plus éclairée des présentes révélations, beaucoup d'hommes intelligents et bien intentionnés soutiennent que la civilisation moderne n'aurait pas pu être bâtie sur les enseignements de Jésus -- et ils ont partiellement raison. Mais en exprimant ces doutes, ils oublient que l'on aurait pu bâtir une civilisation bien meilleure sur ces mêmes enseignements, et qu'un jour elle sera bâtie. Ce monde n'a jamais essayé de mettre en pratique sur une grande échelle les leçons de Jésus, bien que des tentatives timides aient souvent été faites pour suivre les doctrines d'un *prétendu christianisme. (*"so-called" Christianity selon la version originale anglaise.  J'ai personnellement traduit cela comme suit : "pour suivre les doctrines de ce qui est appelé le christianisme." afin d'être plus fidèle à l'esprit du livre.       

5. -- LE DIMANCHE MATIN MOUVEMENTÉ

Le 22 mai fut un jour mouvementé dans la vie de Jésus. Ce dimanche matin avant le lever du jour, l'un des messagers de David arriva en grande hâte de Tibériade en apportant la nouvelle qu'Hérode avait autorisé, ou allait autoriser l'arrestation de Jésus par les officiers du sanhédrin.

Au reçu de cette nouvelle, David Zébédée réveilla ses messagers et les envoya à tous les groupes locaux de disciples pour les convoquer a une réunion d'urgence le même matin à sept heures. Lorsque la belle-soeur de Jude (frère de Jésus) entendit ce rapport alarmant, elle prévint en hâte toute la famille de Jésus, qui habitait dans le voisinage, en la priant de se réunir immédiatement chez Zébédée. Marie, Jacques, Joseph, Jude, et Ruth ne tardèrent pas à répondre à cet appel précipité.

À cette réunion fort matinale, Jésus donna d'ultimes instructions à ses disciples rassemblés; il leur fit momentanément ses adieux, sachant qu'ils seraient bientôt chassés de Capharnaüm. Il leur recommanda à tous de rechercher les directives de Dieu et de poursuivre l'oeuvre du royaume sans se soucier des conséquences. Les évangélistes devaient travailler de leur mieux jusqu'au moment où ils recevraient un appel. Il choisit douze évangélistes pour l'accompagner. Il ordonna aux douze apôtres de rester avec lui quoi qu'il arrive. Il donna pour instructions aux douze femmes de rester dans les maisons de Zébédée et de Pierre jusqu'à ce qu'il les envoie chercher.

Jésus consentit a ce que David Zébédée continuât son service de messagers dans tout le pays. David ne tarda pas à lui faire ses adieux en disant: « Poursuis ton oeuvre, Maître. Ne laisse pas les sectaires s'emparer de toi, et ne mets jamais en doute que mes messagers te suivront. Mes hommes ne perdront jamais le contact avec toi. Par eux tu auras des nouvelles du royaume dans les autres parties du pays, et par eux nous aurons tous de tes nouvelles. Rien de ce qui peut m'arriver n'interrompra ce service, car j'ai nommé un premier remplaçant, et un deuxième, et même un troisième. Je ne suis ni un instructeur ni un prédicateur, mais j'ai à coeur de faire cela, et rien ne m'arrêtera ».

À sept heures et demie, Jésus commença son allocution de départ à une centaine de croyants qui se pressaient à l'intérieur de la maison pour l'entendre. Ce fut un événement solennel pour tout l'auditoire, mais Jésus faisait montre d'une gaîté inhabituelle; il se trouvait à nouveau dans son état normal. Son air grave des semaines passées avait disparu, et ses paroles de foi, d'espérance, et de courage furent vivifiantes pour tout son auditoire.

6. -- LA FAMILLE DE JÉSUS ARRIVE

Il était à peu près huit heures du matin ce dimanche-là lorsque cinq membres de la famille terrestre de Jésus arrivèrent sur les lieux en réponse à la convocation urgente de la belle-soeur de Jude. Seule de sa famille terrestre, Ruth avait continuellement cru de tout coeur à la divinité de la mission de Jésus sur terre. Jude, Jacques, et même Joseph, conservaient en grande partie leur foi en Jésus, mais ils avaient laissé l'orgueil fausser leur jugement et leurs vraies tendances spirituelles. Marie également était déchirée entre l'amour et la crainte, entre l'amour maternel et l'orgueil familial. Bien quelle fit assaillie de doutes, elle ne put jamais oublier complètement la visite de Gabriel avant la naissance de Jésus. Les pharisiens s'étaient efforcés de persuader Marie que Jésus ne jouissait pas de son bon sens, qu'il était fou. Ils le pressaient d'aller auprès de lui avec ses fils pour chercher à le dissuader de poursuivre ses efforts d'enseignement public. Ils affirmaient à Marie que la santé de Jésus ne résisterait pas, et si on lui permettait de continuer, il n'en résulterait que déshonneur et opprobre pour toute a famille. Aussi, lorsque les cinq membres de la famille reçurent l'avertissement de la belle-soeur de Jude, ils partirent immédiatement pour la maison de Zébédée, car ils se trouvaient tous chez Marie où ils avaient reçu les pharisiens la veille au soir. Ils s'étaient entretenus jusqu'à une heure tardive de la nuit avec les dirigeants de Jérusalem, et ils étaient tous plus ou moins convaincus que Jésus agissait d'une manière étrange, qu'il se conduisait bizarrement depuis quelque temps. Ruth ne pouvait expliquer tous les motifs, de sa conduite, mais elle insista sur le fait que Jésus avait toujours équitablement traité sa famille, et elle refusa son adhésion au programme destiné à le dissuader de poursuivre son oeuvre.

Sur le chemin de la maison de Zébédée, ils reparlèrent encore de ces questions et se mirent tous d'accord pour essayer de faire revenir Jésus à leur foyer car, disait Marie, « je sais que je pourrais influencer mon fils si seulement il voulait venir à la maison et m'écouter ». Jacques et Jude avaient entendu des rumeurs au sujet des plans pour arrêter Jésus et l'emmener à Jérusalem pour être jugé. Ils craignaient aussi pour leur propre sécurité. Tant que Jésus avait été une figure populaire aux yeux du public, les membres de sa famille avaient laissé aller les choses, mais maintenant que la population de Capharnaüm et les chefs de Jérusalem s'étaient soudain retournés contre lui, ils commençaient à ressentir douloureusement la soi-disant disgrâce de leur situation embarrassante.

Ils comptaient voir Jésus, le prendre à part, et le presser de rentrer au foyer avec eux. Ils se proposaient  de l'assurer qu'ils oublieraient que Jésus les avait négligés -- qu'ils pardonneraient et oublieraient -- si seulement il voulait renoncer à la folie de prêcher une nouvelle religion ne pouvant aboutir qu'à le mettre en difficulté et à couvrir d'opprobre sa famille. Devant tous ces raisonnements, Ruth se bornait à dire: « Je dirai à mon frère que je crois qu'il est un homme de Dieu; j'espère qu'il aimerait mieux mourir que de laisser ces méchants pharisiens mettre fin à ses prédications ». Joseph promit de faire tenir Ruth tranquille pendant que les autres essayeraient de convaincre Jésus.

Quand les cinq arrivèrent à la maison de Zébédée, Jésus était en plein milieu de son allocution de départ aux disciples. Ils cherchèrent à entrer dans la maison, mais elle était bondée à déborder. Ils finirent par s'installer sous le porche de derrière et firent passer à Jésus de bouche en bouche la nouvelle de leur arrivée. Finalement, Simon Pierre l'annonça à voix basse à Jésus en interrompant le discours pour dire:      « Voici, ta mère et tes frères sont dehors et très désireux de te parler ». Or Marie ne se rendait pas compte de l'importance du message de séparation aux disciples; elle ne savait pas non plus que cette allocution avait des chances de prendre fin à tout moment par l'arrivée des hommes venant arrêter Jésus. Après une  si longue séparation apparente, et vu la grâce que sa mère et ses frères lui faisaient en venant jusqu'à lui, Marie croyait réellement que Jésus s'arrêterait de parler et viendrait les saluer dès qu'il serait averti de leur présence.

Or ce fut simplement un nouveau cas où sa famille terrestre ne pouvait comprendre que Jésus devait s'occuper des affaires de son Père. Sa mère et ses frères furent donc profondément froissés lorsqu'ils  virent que, malgré l'interruption de son discours pour recevoir le message, Jésus ne se précipitait pas à leur rencontre. Au lieu de cela, ils entendirent sa voix musicale élever le ton et dire: « Dites à ma mère et à    mes frères qu'ils ne craignent rien pour moi. Le Père qui m'a envoyé dans le monde ne m'abandonnera pas, et ma famille ne subira aucun dommage. Priez-la d'avoir bon courage et de se confier au Père du Royaume. Mais après tout, qui est ma mère et qui sont mes frères? » Puis il étendit les mains vers tous les disciples assemblés dans la salle et dit: « Je n'ai pas de mère, je n'ai pas de frères. Voilà ma mère et voila mes  frères! Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-la est ma mère, mon frère, et ma soeur » (1).

  (1) Cf. Matthieu XII-48 à 50 et Marc III-34 et 35.

Lorsque Marie entendit ces paroles, elle s'évanouit dans les bras de Jude. On la transporta dans le jardin pour la ranimer, tandis que Jésus achevait son message d'adieu. Il serait alors sorti pour conférer avec sa mère et ses frères, si un messager arrivant en hâte de Tibériade n'était venu annoncer que les officiers du sanhédrin étaient en route avec mandat d'arrêter Jésus et de l'emmener à Jérusalem. Le message fut reçu par André, qui interrompit Jésus pour le lui communiquer.

André ne se rappelait pas que David avait posté deux douzaines de sentinelles autour de la maison de Zébédée, de sorte que personne ne pouvait entrer par surprise. Il demanda donc à Jésus ce qu'il fallait faire. Le Maître se tenait là en silence pendant que, dans le jardin, sa mère se remettait du choc de l'avoir entendu dire: « Je n'ai pas de mère ». À ce moment précis une femme se leva dans la salle et s'écria: « Béni soit le ventre qui t'a porté et bénis soient les seins qui t'ont allaité ». Jésus se détourna un instant de sa conversation avec André pour répondre à cette femme: « Non, Béni soit plutôt celui qui entend la parole de Dieu et ose lui obéir ».

Marie et les frères de Jésus croyaient que Jésus ne les comprenait pas et qu'il s'était désintéressé d'eux; ils ne se rendaient pas compte que c'étaient eux qui ne réussissaient pas à le comprendre. Jésus comprenait parfaitement combien il est difficile aux hommes de rompre avec leur passé. Il savait que les êtres humains se laissent emporter par l'éloquence des prédicateurs et que leur conscience répond à l'appel émotif comme la pensée répond à la logique et à la raison, mais il savait aussi combien il est difficile de persuader les hommes de désavouer le passé.

Il est éternellement vrai que quiconque se croit incompris ou mal apprécié possède en Jésus un ami compatissant et un conseiller compréhensif. Il avait averti ses apôtres qu'un homme pouvait avoir pour ennemis les gens de sa propre maison, mais n'avait guère imaginé que cette prédiction s'appliquerait d'aussi près à sa propre expérience. Ce ne fut pas Jésus qui abandonna les membres de sa famille terrestre pour accomplir l'oeuvre de son Père -- ce furent eux qui l'abandonnèrent. Plus tard, après la mort et la résurrection du Maître, son frère Jacques s'attacha au mouvement chrétien primitif et souffrit immensément de n'avoir pas profité de son association initiale avec Jésus et ses disciples.

Au cours de ces événements, Jésus décida de se laisser guider par les connaissances limitées de sa pensée humaine. Il désirait subir l'expérience avec ses collaborateurs en tant que simple humain. Son idée humaine était de voir sa famille avant de partir. Il ne voulut pas s'arrêter au milieu son discours et transformer ainsi en affaire publique cette première réunion après une si longue séparation. Il avait eu l'intention de terminer son allocution, puis de rendre visite à sa famille avant son départ, mais ce plan fut contrecarré par le concours de circonstances qui suivit immédiatement.

La hâte de leur fuite fut accrue par l'arrivée d'un groupe de messagers de David à la porte de derrière de la maison de Zébédée. L'agitation produite par leur apparition fit craindre aux apôtres que ces nouveaux arrivants ne soient venus les appréhender. De peur d'être immédiatement arrêtés, ils se précipitèrent par la porte de devant dans le bateau qui les attendait. Cela explique pourquoi Jésus ne vit pas sa famille qui attendait sous le porche de derrière.

Toutefois, en montant dans le bateau au cours de cette fuite précipitée, il dit à David Zébédée: « Dis à ma mère et à mes frères que j'apprécie leur venue et que j'avais l'intention de les voir. Recommande-leur de ne pas se froisser de ma conduite, mais plutôt de chercher à connaître la volonté de Dieu et d'avoir la grâce et le courage de faire cette volonté ».

7. -- LA FUITE PRÉCIPITÉE

Ce dimanche matin 22 mai de l'an 29, le Maître, avec ses douze apôtres et les douze évangélistes, s'enfuit donc précipitamment devant les officiers du sanhédrin qui étaient en route pour Bethsaïde avec mandat d'Hérode Antipas d'arrêter Jésus et de l'emmener à Jérusalem pour y être jugé sous l'inculpation de blasphème et autres violations de la loi sacrée des Juifs. La matinée était magnifique, et il était presque huit heures et demie lorsque ce groupe de vingt-cinq personnes se mit à ramer vers la rive orientale de la Mer de Galilée.

Un bateau plus petit suivait celui du Maître. Il transportait six messagers de David qui avaient des ordres pour garder le contact avec Jésus et ses compagnons, et veiller à ce que des renseignements sur leurs déplacements fussent régulièrement transmis à Bethsaïde, à la maison de Zébédée, qui avait servi depuis quelque temps de quartier général pour l'oeuvre du royaume. Mais Jésus ne devait plus jamais faire son foyer de la maison de Zébédée. Désormais, et durant tout le reste de sa vie sur terre, le Fils de l'Homme n'eut vraiment « nulle part où reposer sa tête » (1). Jamais plus il n'eut même un semblant de domicile fixe.

  (1) Matthieu VIII-20.

Les rameurs accostèrent près du village de Gérasa, confièrent leur bateau à des amis, et commencèrent les pérégrinations de cette ultime année de la vie du Maître sur terre. Ils restèrent quelque temps dans les domaines de Philippe, allant de Gérasa à Césarée-Philippe, puis ils traversèrent le pays jusqu'à la côte de Phénicie.

La foule s'attarda autour de la maison de Zébédée, regardant les deux bateaux qui faisaient route vers la rive orientale du lac. Ils étaient déjà loin lorsque les officiers de Jérusalem arrivèrent en hâte et commencèrent à rechercher Jésus. Ils refusèrent de croire que Jésus leur avait échappé. Pendant que Jésus et son groupe se dirigeaient vers le nord par Batanée, les pharisiens et leurs auxiliaires passèrent presque une semaine entière a le rechercher en vain aux environs de Capharnaüm.

Les membres de la famille de Jésus retournèrent chez eux à Capharnaüm et passèrent également presque une semaine à s'entretenir, discuter, et prier. Ils étaient pleins de confusion et consternés. Ils ne furent rassurés que le jeudi après-midi, lorsque Ruth revint d'une visite a la maison de Zébédée, ou David lui avait appris que Jésus était sain et sauf et se dirigeait vers la côte de Phénicie.

 

153. La crise à Capharnaüm

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

LA CRISE À CAPHARNAÜM

LE vendredi soir, jour de leur arrivée à Bethsaïde, et le matin du samedi, les apôtres remarquèrent que Jésus était sérieusement préoccupé par quelque grave problème; ils se rendaient compte que le Maître réfléchissait d'une manière inhabituelle à une importante affaire. Il ne mangea rien le matin et très peu à midi. Pendant toute la matinée du sabbat et la soirée de la veille, les douze et leurs compagnons s'étaient réunis par petits groupes dans la maison, dans le jardin, et le long du rivage. Une atmosphère de tension, d'incertitude, et d'appréhension régnait autour d'eux. Jésus ne leur avait presque rien dit depuis leur départ de Jérusalem.

Depuis des mois ils n'avaient pas vu le Maître aussi préoccupé et taciturne. Même Simon Pierre était déprimé, sinon abattu. André ne savait que faire pour ses compagnons découragés. Nathanael disait que l'on était au milieu de « l'accalmie avant la tempête ». Thomas exprima l'opinion « qu'un événement sortant de l'ordinaire allait se produire ». Philippe recommanda à David Zébédée « de ne plus rien prévoir pour loger et nourrir la multitude avant que nous ne sachions a quoi le Maître pense ». Matthieu renouvela ses efforts pour renflouer sa trésorerie. Jacques et Jean parlaient du prochain sermon dans la synagogue et faisaient des hypothèses sur sa nature et sa portée probables. Simon le Zélote exprimait la croyance, en réalité l'espoir, que « le Père céleste était sur le point d'intervenir d'une manière inattendue pour justifier et soutenir son fils ». Quant à Judas Iscariot, il osait se complaire dans la pensée que Jésus était peut-être accablé de regrets « pour n'avoir pas eu le courage et l'audace de permettre aux cinq mille de le proclamer roi des Juifs ».

Sortant de ce groupe de disciples déprimés et désolés, Jésus partit, ce magnifique après-midi de      sabbat, pour prêcher son sermon historique dans la synagogue de Capharnaüm. Les seules paroles d'encouragement ou souhaits de bonne chance qu'il reçut de ses disciples immédiats lui furent adressés par l'un des candides jumeaux Alphée. Celui-ci salua gaîment le Maître au moment où il quittait la maison pour se rendre à la synagogue, en disant: « Nous prions pour que le Père t'aide et pour que des multitudes plus nombreuses que jamais viennent nous écouter ».

1. -- LA MISE EN SCÈNE

Une congrégation distinguée accueillit Jésus à trois heures de l'après-midi de cette exquise journée dans la nouvelle synagogue de Capharnaüm. Jaïre présidait et passa les Écritures à Jésus pour la lecture. La veille, cinquante-trois pharisiens et sadducéens étaient arrivés de Jérusalem. Plus de trente chefs et dirigeants des synagogues voisines étaient également présents. Ces chefs religieux juifs agissaient selon des ordres reçus directement du sanhédrin de Jérusalem; ils constituaient l'avant-garde orthodoxe venue pour déclarer une guerre ouverte à Jésus et à ses disciples. Assis auprès d'eux sur les sièges d'honneur de la synagogue se trouvaient les observateurs officiels d'Hérode Antipas; ils avaient reçu pour instructions de vérifier l'exactitude des rapports troublants annonçant que la populace avait fait une tentative pour proclamer  Jésus roi des Juifs, là-bas dans les domaines de Philippe, frère d'Hérode.

Jésus comprit que ses ennemis, dont le nombre croissait, allaient immédiatement lui déclarer une guerre avouée et ouverte, et il décida audacieusement de prendre l'offensive. Quand il avait nourri les cinq mille, il avait contesté leurs idées sur le Messie matériel; maintenant il décida à nouveau d'attaquer leur concept du libérateur des Juifs. Cette crise, qui débuta avec le ravitaillement des cinq mille et se termina par le sermon de cet après-midi de sabbat, marqua le reflux de la marée de la renommée et des acclamations populaires. Désormais l'oeuvre du royaume devait consister de plus en plus en la tâche majeure de gagner durablement des convertis spirituels à la confraternité vraiment religieuse de l'humanité. Ce sermon marqua la crise de transition entre la période de discussion, de controverse, et de décision et celle de la guerre ouverte conduisant à une acceptation finale ou à un rejet définitif.

Le Maître savait bien qu'en pensée un grand nombre de ses disciples se préparaient lentement mais sûrement à le désavouer définitivement. Il savait également qu'un bon nombre de ses partisans acquéraient lentement mais sûrement l'éducation mentale et la discipline psychique qui leur permettraient de triompher des doutes et d'affirmer leur foi totale dans l'évangile du royaume. Jésus comprenait pleinement comment les hommes se préparent aux décisions d'une crise et à l'accomplissement soudain d'actes impliquant un choix courageux, par le lent processus du choix réitéré entre le bien et le mal dans des situations toujours récurrentes. Il soumit ses messagers élus à des déceptions répétées et leur fournit des occasions fréquentes d'épreuves où ils devaient choisir entre la bonne et la mauvaise manière de faire face aux difficultés spirituelles. Il savait qu'au moment de l'épreuve finale ses disciples prendraient leurs décisions essentielles conformément aux attitudes mentales et aux réactions spirituelles dont ils auraient pris l'habitude antérieurement.

Cette crise dans la vie de Jésus commença par le ravitaillement des cinq mille et se termina par ce sermon dans la synagogue. Par contre, la crise dans la vie des apôtres commença avec ce sermon dans la synagogue et continua pendant toute une année, pour ne prendre fin qu'au moment du jugement et de la crucifixion du Maître.

Avant que Jésus n'ait commencé à parler cet après-midi là tout l'auditoire assis dans la synagogue ne pensait qu'à un seul grand mystère, ne se posait qu'une question suprême. Ses amis aussi bien que ses ennemis ne songeaient qu'à ceci: « Pourquoi avait-il lui-même si délibérément et si efficacement renversé le sens du courant de l'enthousiasme populaire? » Ce fut immédiatement avant et après ce sermon que les doutes et les déceptions de ses adhérents mécontents se traduisirent par une opposition inconsciente et finirent par se transformer en véritable haine. Ce fut après ce sermon dans la synagogue que pour la première fois Judas Iscariot songea consciemment à déserter; mais pour l'instant, il domina efficacement toutes les tendances de cet ordre.

Chacun était perplexe. Jésus avait laissé tout le monde abasourdi et confondu. Il s'était récemment engagé dans la plus grande démonstration de pouvoir surnaturel de toute sa carrière. Le ravitaillement des cinq mille fut l'événement de sa vie terrestre qui fit le maximum d'appel au concept juif du Messie attendu. Mais cet avantage extraordinaire fut immédiatement contrebalancé d'une manière inexplicable par son prompt et net refus d'être proclamé roi.

Le vendredi soir, puis à nouveau le samedi matin, les dirigeants venus de Jérusalem avaient fait de longs et persévérants efforts auprès de Jaïre pour qu'il empêche Jésus de parler dans la synagogue, mais ce fut en vain. À toute leur argumentation, Jaïre ne faisait qu'une réponse: « J'ai accordé la permission demandée et je ne reviendrai pas sur ma parole ».

2. -- LE SERMON HISTORIQUE

Jésus préluda à ce sermon en lisant dans la Loi les passages suivants du Deutéronome: « Si ce peuple n'écoute pas la voix de Dieu, il sera certainement maudit pour ses transgressions. L'Éternel te fera frapper par tes ennemis; tu seras emmené dans tous les royaumes de la terre. L'Éternel te livrera, avec le roi que tu auras mis sur ton trône, à une nation étrangère. Tu deviendras un sujet d'étonnement, de proverbe, et de risée parmi toutes les nations. Tes fils et tes filles iront en captivité. Les étrangers en Israël acquerront une haute autorité et tu seras abaissé jusqu'à terre. Et toutes ces choses t'arriveront perpétuellement, à toi et à ta semence, parce que tu n'as pas voulu écouter la parole de l'Éternel. Tu endureras la faim et la soif, et tu subiras le joug de fer de l'étranger. L'Éternel élèvera contre toi une nation venant de loin, des confins de la terre, une nation au visage dur qui aura peu de considération pour toi. Et ils t'assiégeront dans toutes les villes jusqu'à ce que tous les remparts dans lesquels tu as mis ta confiance soient abattus; et tout le pays tombera entre leurs mains. Et il arrivera que tu seras forcé de manger le fruit, de ton propre corps, la chair de tes fils et de tes filles, durant ce temps de siège, à cause de la pénurie dans laquelle tes ennemis t'enserreront » (1).

  (1) Cf. Deutéronome XXVIII-15 à 68.

Lorsque Jésus eut terminé cette citation, il passa aux Prophètes et lut dans Jérémie: « Si vous ne voulez pas écouter les paroles de mes serviteurs, les prophètes que je vous ai envoyés, je rendrai cette maison semblable à Silo et je ferai de cette ville une malédiction pour toutes les nations de la terre. Les prêtres et les éducateurs entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans la maison de l'Éternel. Et lorsque Jérémie eut fini de dire tout ce que l'Éternel lui avait commandé d'annoncer au peuple, les prêtres et les éducateurs s'emparèrent de lui en disant: « Tu vas certainement mourir ». Et tout le peuple afflua autour de Jérémie dans la maison de l'Éternel. Quand les princes de Juda entendirent ces choses, ils jugèrent Jérémie. Et les prêtres et les éducateurs parlèrent aux princes et à tout le peuple en disant: « Cet homme a mérité la mort, car il a prophétisé contre notre ville, et vous l'avez entendu de vos propres oreilles ». Alors Jérémie dit à tous les princes et à tout le peuple: « L'Éternel m'a envoyé prophétiser contre cette maison et contre cette ville toutes les paroles que vous avez entendues. Amendez donc votre conduite et vos actions et obéissez à la voix de l'Éternel votre Dieu, afin d'échapper au mal qui a été prononcé contre vous. Quant à moi, me voici entre vos mains. Traitez-moi comme il vous semblera bon et juste, mais sachez bien que si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous et sur les habitants de cette ville, car en vérité le Seigneur m'a envoyé pour faire retentir toutes ces paroles à vos oreilles » (2).

  (2) Cf. Jérémie XXVI.

« Les prêtres et les éducateurs de l'époque cherchèrent à tuer Jérémie, mais les juges ne voulurent pas y consentir. Toutefois, à cause de ses paroles d'avertissement, ils le firent descendre par des cordes dans un cachot fangeux où il s'enfonça dans la boue jusqu'aux aisselles. Voilà ce que ce peuple fit au Prophète Jérémie lorsqu'il obéit au commandement du Seigneur de prévenir ses frères de leur chute politique imminente. Aujourd'hui je voudrais vous demander: Comment les principaux prêtres et les chefs religieux de ce peuple traiteront-ils un homme qui ose les avertir du jour de leur condamnation spirituelle? Voudrez-vous aussi mettre à mort l'instructeur qui a l'audace de proclamer la parole de l'Éternel, et qui ne craint pas de signaler comment vous refusez de marcher dans le chemin de lumière qui conduit à l'entrée du royaume des cieux.?

« Que cherchez-vous comme preuve de ma mission sur terre? Nous vous avons laissés tranquilles dans vos positions d'influence et de pouvoir pendant que nous prêchions de bonnes nouvelles aux pauvres et aux opprimés. Nous n'avons pas lancé d'attaque hostile contre ce que vous respectez; nous avons plutôt proclamé une nouvelle liberté pour l'âme craintive des hommes. Je suis venu dans le monde pour révéler mon Père et pour établir sur terre la confraternité spirituelle des fils de Dieu, le royaume céleste. Bien que je vous aie maintes fois rappelé que mon royaume n'est pas de ce monde, mon Père vous a néanmoins accordé de nombreuses manifestations de prodiges matériels s'ajoutant à des transformations et régénérations spirituelles plus probantes.

« Quel nouveau signe cherchez-vous autour de moi? Je déclare que vous avez déjà suffisamment de preuves pour prendre vos décisions. En vérité, en vérité, je le dis à beaucoup de mes auditeurs d'aujourd'hui, vous êtes obligés de choisir le chemin que vous allez prendre. Comme Josué l'a dit à vos ancêtres, je vous dis de choisir maintenant qui vous voulez servir. Beaucoup d'entre vous se trouvent aujourd'hui à la croisée des chemins.

« Quand vous n'avez pas pu me trouver après que la multitude eut été nourrie de l'autre côté du lac, vous avez loué les bateaux de pêche de Tibériade qui s'étaient abrités dans le voisinage pendant la tempête de la semaine dernière, et vous vous êtes lancés à ma poursuite, mais pourquoi? Non pour rechercher la vérité et la droiture, ni pour mieux servir ou soigner vos semblables, mais pour avoir plus de pain sans travailler! Ce n'était pas pour remplir votre âme de la parole de vie, mais pour remplir votre ventre du pain de la facilité. Depuis longtemps on vous a enseigné que, lors de sa venue, le Messie accomplirait des prodiges qui rendraient la vie facile et agréable à tout le peuple élu. Il n'est donc pas étonnant qu'imbus de ces idées vous désiriez ardemment du pain et des poissons. Mais je vous déclare que telle n'est pas la mission du Fils de l'Homme. Je suis venu proclamer la liberté spirituelle, enseigner la vérité éternelle, et nourrir la foi vivante.

« Mes frères, ne convoitez pas les denrées périssables, mais recherchez plutôt les aliments spirituels qui nourrissent jusque dans la vie éternelle. C'est le pain de vie que le Fils donne à tous ceux qui veulent le prendre et le manger, car le Père a donné au Fils cette vie illimitée. Lorsque vous m'avez demandé: « Que devons-nous faire pour accomplir les ouvres de Dieu? » je vous ai clairement dit: « L'oeuvre de Dieu consiste à croire en celui qu'il a envoyé ».

Puis Jésus montra du doigt le dessin d'un vase plein de manne orné de grappes de raisin et décorant le linteau de la nouvelle synagogue, et dit: « Vous avez cru que, dans le désert, vos pères avaient mangé la manne -- le pain du ciel -- mais je vous dis que c'était le pain de la terre. Alors que Moïse n'a pas donné à vos ancêtres de pain venant du ciel, mon Père est maintenant prêt à vous donner le véritable pain de vie.  Le pain du ciel est ce qui vient de Dieu et donne la vie éternelle aux hommes de ce monde. Si vous me dites: Donne-nous de ce pain vivant, je répondrai: Je suis ce pain de vie. Quiconque vient vers moi n'aura pas faim, et quiconque croit en moi n'aura jamais soif. Vous m'avez vu, vous avez vécu avec moi, vous avez contemplé mes oeuvres, et pourtant vous ne croyez pas que je sois venu du Père. Mais que les croyants ne craignent pas. Tous ceux qui sont conduits par le Père viendront vers moi, et quiconque vient vers moi ne sera aucunement rejeté.

« Maintenant, laissez-moi vous déclarer une fois pour toutes que je suis descendu sur terre non pour faire ma propre volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé. Et la volonté finale de Celui qui m'a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés. Voici la volonté du Père: Que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. Hier encore je vous ai nourris de pain destiné à votre corps; aujourd'hui j'offre le pain de vie à votre âme affamée. Voulez-vous maintenant absorber le pain de l'esprit comme vous avez alors si volontiers mangé le pain de ce monde? »

Tandis que Jésus s'arrêtait un instant pour regarder l'assistance, l'un des pédagogues de Jérusalem (membre du sanhédrin) se leva et demanda: « Dois-je comprendre que tu affirmes être le pain descendu du ciel, et que la manne donnée par Moïse à nos pères dans le désert ne l'était pas? » Et Jésus répondit au pharisien: « Tu as bien compris ». Alors le pharisien dit: « Mais n'es-tu pas Jésus de Nazareth, le fils de Joseph le charpentier? Ton père et ta mère ainsi que tes frères et soeurs ne sont-ils pas connus de beaucoup d'entre nous? Comment se fait-il donc que tu apparaisses ici dans la maison de Dieu et que tu déclares être descendu du ciel? » L'auditoire se mit alors à murmurer dans la synagogue, et le tumulte devint si menaçant que Jésus se leva et dit: « Soyons patients; la vérité n'a rien à craindre d'un examen honnête. Je suis tout ce que vous dites, mais plus encore. Le Père et moi nous sommes un. Le Fils fait seulement ce que le Père lui enseigne. Quant à tous ceux qui sont donnés au Fils par le Père, le Fils les recevra en lui-même. Vous avez lu les passages suivants des Prophètes: « Vous serez tous enseignés par Dieu » et « Ceux que le Père enseigne écouteront aussi son Fils ». Quiconque suit les directives de l'esprit intérieur envoyé par le Père finira par venir à moi. Nul homme n'a vu le Père, mais l'esprit du Père vit chez les hommes. Quant au Fils descendu du ciel, il a certainement vu le Père, et ceux qui croient sincèrement à ce Fils ont déjà la vie éternelle.

« Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts. Quant au pain qui vient de Dieu, si un homme en mange, il ne mourra jamais en esprit. Je répète que je suis le pain vivant, et que toute âme réalisant l'unité des natures divine et humaine vivra éternellement. Ce pain de vie que je donne à quiconque veut le recevoir est ma propre nature vivante et conjuguée. Le Père est dans le Fils, et le Fils ne fait qu'un avec le Père -- c'est cela ma révélation qui apporte la vie au monde, et mon don de salut à toutes les nations ».

Lorsque Jésus eut fini de parler, le chef de la synagogue congédia la foule, mais elle ne voulut pas s'en aller. Elle se pressa autour de Jésus pour poser d'autres questions, tandis que certains auditeurs murmuraient et discutaient entre eux. Cette situation dura plus de trois heures, et ce fut seulement bien après sept heures du soir que l'auditoire finit par se disperser.

3. -- APRES LA RÉUNION

Bien des questions furent posées à Jésus après la réunion, quelques unes par ses disciples perplexes, mais la majorité par des incroyants chicaneurs qui cherchaient seulement à l'embarrasser et à le prendre au piège.

L'un des visiteurs pharisiens monta sur un socle de lampadaire et cria cette question: « Tu nous dis que tu es le pain de vie. Comment peux-tu nous donner ta chair à manger ou ton sang à boire? À quoi sert ton enseignement si l'on ne peut le mettre en pratique? » Jésus répondit à cette question en disant: « Je ne vous ai pas enseigné que ma chair soit le pain de vie, ni mon sang l'eau vivante, mais je vous ai dit que ma vie incarnée est une effusion de pain céleste. Le fait de la Parole de Dieu effusée dans la chair et le phénomène du Fils de l'Homme soumis à la volonté de Dieu constituent une expérience réelle équivalente au soutien divin. Vous ne pouvez ni manger ma chair ni boire mon sang, mais vous pouvez vous unir spirituellement à moi comme je ne fais qu'un en esprit avec mon Père. Vous pouvez vous nourrir de la parole éternelle de Dieu, qui est en vérité le pain de vie, et qui a été effusée dans la similitude d'une chair mortelle; et votre âme peut être arrosée par l'esprit divin qui est véritablement l'eau vivante. Le Père m'a envoyé dans le monde pour montrer comment il désire habiter et diriger tous les hommes; et j'ai vécu cette vie incarnée de manière à inspirer aussi tous les hommes pour qu'ils cherchent toujours à connaître et à faire la volonté du Père céleste qui demeure en eux ».

Alors l'un des espions de Jérusalem qui avait surveillé Jésus et les apôtres dit: « Nous remarquons que ni toi ni les apôtres ne vous lavez convenablement les mains avant de manger du pain. Vous devez bien savoir que la pratique de manger avec des mains souillées et non lavées est une transgression de la loi des anciens. Vous ne lavez pas non plus correctement vos coupes de boisson ni votre vaisselle. Pourquoi montrez-vous si peu de respect pour les traditions de vos pères et les lois de vos anciens? » Après l'avoir écouté, Jésus répondit: « Pourquoi transgressez-vous les commandements de Dieu par les lois de votre tradition? Le commandement dit: « Honore ton père et ta mère » et il ordonne que vous partagiez avec eux vos ressources si c'est nécessaire; mais vous promulguez une loi de tradition qui permet aux enfants manquant à leurs devoirs de dire que l'argent qui aurait pu aider les parents a été « donné à Dieu ». La loi des anciens dégage ainsi de leur responsabilité ces enfants sournois, même s'ils emploient ultérieurement cet argent pour leur propre confort. Comment se fait-il que vous annuliez ainsi le commandement par votre tradition? Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous lorsqu'il a dit: « Ce peuple m'honore de ses lèvres, mais son coeur est éloigné de moi. C'est en vain qu'ils me rendent un culte, car ils enseignent comme doctrines des préceptes humains » (1).

  (1) Cf. Isaïe XXIX-13.

« Voyez comment vous abandonnez le commandement pour vous accrocher à des traditions humaines. Vous ne demandez pas mieux que de désavouer la parole de Dieu pour maintenir vos propres traditions.  Et de bien d'autres manières vous osez établir votre propre enseignement au-dessus de la Loi et des Prophètes ».

Puis Jésus adressa ses observations à tout l'auditoire. Il dit: «Écoutez-moi tous. L'homme n'est pas spirituellement souillé par ce qui entre dans sa bouche, mais plutôt par ce qui sort de sa bouche et de son coeur » (2). Les apôtres eux-mêmes ne réussirent pas à saisir complètement le sens de ces paroles, car Simon Pierre lui demanda aussi: « De crainte que certains auditeurs ne soient inutilement froissés, voudrais-tu nous expliquer ce que signifient tes paroles? » Alors Jésus dit à Pierre: « As-tu aussi la tête dure? Ne sais-tu pas que toute plante non plantée par mon Père céleste sera arrachée? Tourne maintenant ton attention vers ceux qui voudraient connaître la vérité. On ne peut forcer les hommes à aimer la vérité. Beaucoup de ces éducateurs sont des guides aveugles, et tu sais que si des aveugles conduisent des aveugles, ils tombent tous dans le fossé. Prête l'oreille pendant que je te dis la vérité au sujet des choses qui souillent moralement et contaminent spirituellement les hommes. Je proclame que ce n'est pas ce qui entre dans le corps par la bouche ou pénètre dans la pensée par les yeux et les oreilles qui souille les hommes. Un homme n'est souillé que par le mal qui prend naissance dans son coeur et trouve à s'exprimer dans les paroles et les actes de cet impie. Ne sais-tu pas que c'est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les méchants projets de meurtre, de vol, et d'adultère, ainsi que la jalousie, l'orgueil, la colère, la vengeance, les injures, et les faux témoignages? Voilà ce qui souille les hommes, et non le fait de manger du pain avec des mains non lavées cérémoniellement ».

  (2) Cf. Matthieu XV-17 à 20, et Marc VII-15 à 20.

Les commissaires pharisaïques du sanhédrin de Jérusalem étaient maintenant à peu près convaincus qu'il fallait arrêter Jésus sous inculpation de blasphème ou sous celle d'avoir fait fi de la loi sacrée des Juifs, d'où leurs efforts pour l'impliquer dans une discussion sur certaines traditions des anciens, et si possible dans une attaque contre les soi-disant lois orales de la nation. Si rare que fût l'eau, ces Juifs esclaves de la tradition ne manquaient jamais d'accomplir la cérémonie exigée de se laver les mains avant chaque repas. Ils avaient pour croyance « qu'il vaut mieux mourir que de transgresser les commandements des anciens ». Les espions avaient posé la question sur la purification des mains parce que le bruit courait que Jésus avait dit:  « Le salut est une affaire de coeur pur plutôt que de mains pures ». Il est difficile de renoncer à de telles croyances une fois qu'elles font partie de votre religion. Bien des années plus tard, l'apôtre Pierre était encore asservi par la peur à beaucoup de ces traditions concernant les choses pures et impures; il n'en fut délivré qu'après avoir eu un rêve impressionnant et extraordinaire. On peut mieux comprendre tout cela en se rappelant que les Juifs mettaient sur le même pied le fait de manger avec des mains non lavées et celui d'avoir commerce avec une prostituée; les deux étaient également passibles d'excommunication.

C'est ainsi que le Maître décida d'analyser et d'exposer la folie de tout le système rabbinique de lois et de règlements représenté par la loi orale -- les traditions des anciens, qui étaient toutes considérées comme plus sacrées et plus obligatoires pour les Juifs que les enseignements des Écritures. Jésus s'exprima avec moins de réserve parce qu'il savait que l'heure était venue où il ne pouvait rien faire de plus pour empêcher une rupture ouverte de relations avec les chefs religieux des Juifs.

4. -- DERNIÈRES PAROLES DANS LA SYNAGOGUE

Au milieu des discussions qui suivirent la réunion, l'un des pharisiens de Jérusalem amena à Jésus un jeune dément qui était possédé par un démon indiscipliné et rebelle. En le présentant à Jésus, il demanda: « Que peux-tu faire dans le cas d'une affliction comme celle-ci? Peux-tu chasser les démons? » Le Maître regarda le garçon et fut ému de compassion; il le pria d'approcher, le prit par la main, et dit: « Tu sais qui je suis; sors de lui; je charge l'un de tes compagnons loyaux de veiller à ce que tu ne reviennes pas ». Et aussitôt le jeune homme redevint normal et reprit son bon sens. Ce fut le premier cas où Jésus chassa réellement un   « mauvais esprit » d'un être humain. Dans tous les cas antérieurs, il s'agissait seulement de prétendues possessions par des démons; mais en l'espèce c'était un cas authentique de possession démoniaque, comme il s'en produisait parfois à cette époque. À partir de la Pentecôte, l'esprit du Maître répandu sur toute chair rendit définitivement impossible à des rebelles célestes de dominer ainsi certains types instables d'êtres humains.

Quand la population s'émerveilla, l'un des pharisiens se leva et accusa Jésus de pouvoir faire ces choses grâce à son alliance avec les démons. Il fit remarquer que le langage employé par Jésus pour chasser ce démon impliquait qu'ils se connaissaient mutuellement. Il continua en affirmant que les éducateurs religieux et les dirigeants de Jérusalem avaient conclu que Jésus accomplissait tous ses prétendus miracles par le pouvoir de Belzébuth, prince des démons. Le pharisien ajouta « N'ayez rien de commun avec cet homme il est un partenaire de Satan ».

Alors Jésus dit: (1) « Comment Satan peut-il chasser Satan? Un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister. Si une maison est divisée contre elle-même, elle est bientôt vouée à la ruine. Une ville peut-elle soutenir un siège si elle est désunie? Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même, et alors comment son royaume subsistera-t-il? Vous devriez savoir que nul ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et le dépouiller de ses biens, à moins de l'avoir d'abord dominé et enchaîné. Si c'est par le pouvoir de Belzébuth que je chasse les démons, par qui vos fils les chassent-ils? C'est pourquoi ils seront vos juges. Mais si c'est par l'esprit de Dieu que je chasse les démons, alors le royaume de Dieu est venu à vous. Si vous n'étiez pas aveuglés par les préjugés et égarés par la peur et l'orgueil, vous percevriez facilement qu'un être plus grand que les démons se trouve parmi vous. Vous m'obligez à proclamer que quiconque n'est pas avec moi est contre moi, et que quiconque n'assemble pas avec moi disperse. Laissez-moi vous donner un avertissement solennel, à vous qui, avec les yeux ouverts et une perversité préméditée, osez attribuer sciemment les oeuvres de Dieu aux actes des démons! En vérité, en vérité, je vous le dis, tous vos péchés seront pardonnés, et même vos blasphèmes, mais quiconque blasphèmera contre Dieu avec une intention méchante et délibérée n'obtiendra jamais le pardon. Puisque ces incorrigibles ouvriers d'iniquité ne chercheront ni ne recevront jamais le pardon, ils sont coupables du péché de rejeter éternellement le pardon divin.

  (1) Cf. Matthieu XII-25 à 37.

« Beaucoup d'entre vous sont arrivés aujourd'hui à la bifurcation des chemins; vous commencez à faire le choix inévitable entre la volonté du Père et la route égoïste des ténèbres. Vous finirez par ressembler à l'idéal que vous choisissez maintenant. Ou bien il faut assainir l'arbre et son fruit, ou bien l'arbre et son fruit se corrompront. Je déclare que, dans le royaume éternel de mon Père, l'arbre est connu par ses fruits. Mais certains d'entre vous ressemblent à des vipères; ayant déjà choisi le mal, comment pourraient-ils produire de bons fruits? Après tout, c'est en puisant dans l'abondance du mal contenu dans votre coeur que votre bouche parle.

Alors un autre pharisien se leva pour dire: « Maître, nous voudrions que tu nous donnes un signe prédéterminé que nous acceptions comme établissant ton autorité et ton droit d'enseigner. Serais-tu d'accord pour cet arrangement? (2) » Après avoir entendu ces paroles, Jésus dit: « Cette génération sans foi cherche des signes, mais il ne vous sera pas donné d'autre signe que celui que vous avez déjà (3) et celui que vous verrez quand le Fils de l'Homme vous quittera ».

  (2) Cf. Marc VIII-12.
  (3) Cf. le signe de Jonas : Matthieu XII-39 et XVI-4, Luc XI-29.

Lorsque Jésus eut fini de parler, les apôtres l'entourèrent et l'emmenèrent hors de la synagogue. Ils l'accompagnèrent en silence jusqu'au foyer de Bethsaïde. Ils étaient tous stupéfaits et quelque peu effrayés par le changement soudain dans la tactique d'enseignement du Maître. Ils n'avaient aucunement l'habitude de le voir agir aussi agressivement.

5. -- LE SAMEDI SOIR

Maintes et maintes fois Jésus avait brisé les espoirs de ses apôtres et réduit à néant leurs plus chers désirs, mais jamais ils n'avaient subi de moments de déception ni de périodes de tristesse équivalents à ceux qui les frappaient maintenant. En outre, une crainte réelle pour leur sécurité se mêlait aujourd'hui à leur dépression. Ils avaient tous été surpris et épouvantés par la désertion si soudaine et si complète de la multitude. Ils étaient aussi un peu effrayés et déconcertés par l'audace inattendue et la résolution affirmée dont faisaient preuve les pharisiens venus de Jérusalem. Mais par dessus tout ils étaient désorientés par le soudain changement de tactique de Jésus. En temps ordinaire, ils auraient bien accueilli l'apparition de ce comportement plus agressif, mais en l'espèce il accompagnait tant d'événements inattendus qu'il les effraya.

Un autre souci s'ajouta aux précédents lorsqu'ils arrivèrent chez eux et que Jésus refusa de manger. Il s'isola durant des heures dans l'une des chambres du haut. Un peu avant minuit, Joab, le chef des évangélistes, revint avec la nouvelle qu'un tiers de ses associés avaient abandonné la cause. Durant toute la soirée, des disciples fidèles avaient fait la navette pour rendre compte que le revirement des sentiments envers le Maître était général à Capharnaüm. Les dirigeants de Jérusalem s'empressèrent d'attiser ce sentiment de désaffection et de chercher par tous les moyens à développer le mouvement écartant la population de Jésus et de ses enseignements. Durant ces heures éprouvantes, les douze femmes tenaient une réunion dans la maison de Pierre. Elles étaient profondément bouleversées, mais aucune ne déserta.

Un peu après minuit, Jésus descendit de sa chambre et revint parmi les douze et leurs compagnons, une trentaine d'hommes en tout. Il dit: « Je reconnais que ce passage au crible du royaume vous cause de l'angoisse, mais il est inévitable. Néanmoins, après tout l'entraînement que vous avez subi, aviez-vous une raison valable de trébucher sur mes paroles? Pourquoi êtes-vous remplis de crainte et de consternation en voyant le royaume débarrassé de ces multitudes sans enthousiasme et de ces disciples hésitants? Pourquoi vous chagrinez-vous à l'aurore du jour où les enseignements spirituels du royaume des cieux vont briller d'une nouvelle gloire? Si déjà vous trouvez difficile de supporter cette épreuve, que direz-vous le jour où il faudra que le Fils de l'Homme retourne vers le Père? Quand et comment vous préparerez-vous pour le moment où je remonterai à la place d'où je suis venu dans ce monde?

« Mes bien-aimés, il faut vous rappeler que c'est l'esprit qui vivifie; la chair et tout ce qui s'y rapporte est  de peu de profit. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Ayez bon courage! Je ne vous ai pas abandonnés. Bien des gens s'offusqueront de mon franc-parler durant ces journées. Vous avez déjà entendu que bon nombre de mes disciples où fait volte-face et ne me suivent plus. Depuis le commencement, je savais que ces croyants sans enthousiasme quitteraient nos rangs le long du chemin. Ne vous ai-je pas choisis tous les douze et traités à part comme ambassadeurs du royaume? Et maintenant, en un moment comme celui-ci, déserteriez-vous aussi? Que chacun de vous s'appuie sur sa propre foi, car l'un de vous est menacé d'un grave danger ». Lorsque Jésus eut fini de parler, Simon Pierre dit: « Oui Seigneur, nous sommes tristes et déconcertés, mais nous ne t'abandonnerons jamais. Tu nous as enseigné les paroles de la vie éternelle. Nous avons cru en toi et nous t'avons toujours suivi. Nous ne reviendrons pas en arrière parce que nous savons que tu es envoyé par Dieu ». Lorsque Pierre eut fini de parler, les autres apôtres firent unanimement un signe de tête pour approuver sa promesse de fidélité.

Alors Jésus dit: « Allez vous reposer, car nous allons avoir fort à faire. Les prochaines journées vont être très animées ».

 

152. Les prodromes de la crise de Capharnaüm

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

LES PRODROMES DE LA CRISE DE CAPHARNAÜM

L'HISTOIRE de la guérison d'Amos, le démoniaque de Gergésa, s'était déjà répandue à Bethsaïde et à Capharnaüm, de sorte qu'une grande affluence attendait Jésus lorsque son bateau accosta ce mardi matin. Dans cette foule se trouvaient les nouveaux observateurs envoyés à Capharnaüm par le sanhédrin de Jérusalem pour trouver un motif d'arrêter et d'inculper Jésus. Tandis que le Maître parlait avec les gens qui s'étaient rassemblés pour l'accueillir, Jaïre (1), l'un des chefs de la synagogue, se fraya un passage dans la foule, tomba à ses pieds, et lui demanda de l'accompagner immédiatement en lui disant: « Maître, ma petite fille, une enfant unique, est couchée chez moi à l'article de la mort. Je te supplie de venir la guérir ». Après avoir entendu la requête de ce père, Jésus lui dit: « Je vais t'accompagner ».

  (1) Cf. Luc VIII-41 et les parallèles.

Tandis qu'il parlait avec Jaïre, la multitude, qui avait entendu la supplique du père, les suivit pour voir ce  qui allait se passer. Un peu avant leur arrivée à la maison du chef, et alors qu'ils passaient rapidement dans une rue étroite où la foule les bousculait, Jésus s'arrêta soudain en s'écriant: « Quelqu'un m'a touché ». Les personnes proches de lui ayant nié tout contact volontaire, Pierre dit: « Maître, tu peux voir que cette foule te presse; elle risque de nous écraser, et cependant tu dis que quelqu'un t'a touché. Qu'est-ce que cela signifie? » Jésus dit: « J'ai demandé qui m'a touché, car j'ai perçu qu'une énergie vivante était sortie de    moi ». Il regarda autour de lui, et ses yeux tombèrent sur une femme de Césarée-Philippe, nommée Véronique, qui s'avança, s'agenouilla à ses pieds, et dit: « Durant des années j'ai été affligée d'une hémorragie épuisante. De nombreux médecins m'ont fait beaucoup souffrir; j'ai dépensé tout ce que je possédais, mais aucun n'a pu me guérir. Puis j'ai entendu parler de toi et j'ai pensé que, si je pouvais seulement toucher le bord de ton vêtement, je serais guérie. Alors j'ai avancé avec la foule jusqu'à ce que j'aie pu approcher de toi, Maître, et j'ai touché le bord de ton vêtement; cela m'a rendue bien portante; je sais que j'ai été guérie de mon affliction » (2).

  (2) Cf. Matthieu IX-20, Marc V-25, et Luc VIII-43.

En entendant cela, Jésus prit la femme par la main, la relava, et lui dit: « Ma fille, ta foi t'a guérie; va en   paix ». C'était la foi de Véronique, et non le contact, qui l'avait guérie. Ce cas est un bon exemple des cures apparemment miraculeuses qui émaillèrent la carrière terrestre de Jésus, mais qui, en aucun sens, ne résultèrent d'un acte conscient de sa volonté. La suite des temps prouva que Véronique était réellement guérie de sa maladie. Sa foi était d'une nature qui lui permettait de saisir le pouvoir créateur résidant dans la personne du Maître. Avec la foi quelle avait, il lui aurait suffit de s'approcher de la personne du Maître. Il n'était nullement nécessaire quelle touchât son vêtement; ce contact représentait simplement la partie superstitieuse de sa croyance. Jésus avait voulu parler à Véronique pour corriger deux erreurs susceptibles de demeurer dans sa pensée ou de subsister dans celle des témoins de cette guérison. Il ne voulait pas que cette femme s'en allât en pensant que l'on avait respecté sa peur lorsqu'elle avait essayé de dérober sa guérison, ou que cette cure était due au fait d'avoir superstitieusement touché son vêtement. Jésus désirait faire savoir à tout le monde que c'était la foi pure et vivante de Véronique qui avait opéré la cure.

1. -- DANS LA MAISON DE JAÏRE

Bien entendu, ce retard avait terriblement impatienté Jaïre, de sorte que le groupe se remit en marche à une allure accélérée. Avant qu'il ne fût entré dans la cour, l'un de ses serviteurs sortit en disant au chef: « Ne dérange pas le Maître; ta fille est morte ». Mais Jésus ne parut pas prêter attention aux paroles du serviteur; emmenant Pierre, Jacques, et Jean, il se tourna vers le père désolé et lui dit: « N'aie aucune crainte, crois seulement ». En entrant dans la maison, il vit que les joueurs de flûte étaient déjà là avec les membres du service funéraire et faisaient un tapage indécent; déjà la famille s'était mise à pleurer et à se lamenter. Jésus fit sortir de la pièce tous les pleureurs et y entra avec le père, la mère, et ses trois apôtres. Il avait dit aux pleureurs que la jeune fille n'était pas morte, mais ils s'étaient moqués de lui. Jésus s'adressa alors à la mère en lui disant: « Ta fille n'est pas morte; elle dort seulement ». Quand l'agitation dans la maison fut calmée, Jésus s'approcha de l'enfant étendue, la prit par la main, et lui dit: « Ma fille, je te le dis, réveille-toi et lève-toi ». Et lorsque la jeune fille entendit ces paroles, elle se leva immédiatement et traversa la chambre. Bientôt après elle se remit de son étourdissement, et Jésus ordonna qu'on lui donne à manger, car elle était restée longtemps sans prendre de nourriture.

Il y avait beaucoup d'agitation à Capharnaüm contre Jésus. Il réunit donc la famille et expliqua que la fillette était tombée dans le coma à la suite d'une longue fièvre, qu'il s'était borné à la réveiller, et qu'il ne l'avait pas ressuscitée d'entre les morts. Il expliqua la même chose à ses apôtres, mais ce fut en vain. Ils crurent tous qu'il avait ressuscité la fillette d'entre les morts. Tout ce que Jésus pouvait dire dans ces cas de miracles apparents avait peu d'effet sur ses disciples. Ils espéraient des miracles et ne manquaient aucune occasion d'attribuer un nouveau prodige à l'action de Jésus. Le Maître et les apôtres retournèrent à Bethsaïde après que Jésus leur eût spécifiquement recommandé de ne raconter cet épisode à personne.

Lorsqu'il sortit de la maison de Jaïre, deux aveugles conduits par un garçon muet le suivirent en réclamant à grands cris d'être guéris. À ce moment, la renommée de Jésus en tant que guérisseur était à son apogée. Partout où il allait, des malades et des affligés l'attendaient. Le Maître paraissait maintenant très fatigué, et tous ses amis se faisaient du souci, de crainte qu'en continuant à enseigner et à guérir il n'aille, au bout de ses forces et ne s'effondre.

Les apôtres de Jésus, sans parler des gens du peuple, ne pouvaient comprendre la nature et les attributs de ce Dieu-homme. Nulle génération ultérieure n'a d'ailleurs été capable d'évaluer ce qui se passa sur terre dans la personne de Jésus de Nazareth. Jamais la science ni la religion n'auront l'occasion de contrôler ces événements remarquables, pour la simple raison que cette situation extraordinaire ne pourra plus jamais se reproduire sur cette planète ni sur aucune autre de Nébadon. Jamais plus, sur aucun monde de cet univers, un être n'apparaîtra dans la similitude d'une chair mortelle, en incorporant en même temps tous les attributs de l'énergie créatrice conjugués avec les dons spirituels qui transcendent le temps et la plupart des autres limitations matérielles.

Jamais avant que Jésus n'ait séjourné sur terre, et jamais depuis lors, il n'a été possible d'obtenir d'une manière aussi directe et pittoresque les résultats accompagnant la foi solide et vivante des mortels des deux sexes. Pour répéter ces phénomènes, il faudrait retourner en présence immédiate de Micaël, le Créateur, et le trouver tel qu'il était à cette époque -- le Fils de l'Homme. Aujourd'hui, alors que son absence empêche ces manifestations matérielles, il faut s'abstenir de limiter en quoi que ce soit la démonstration possible de son pouvoir spirituel. Bien que le Maître soit absent en tant qu'être matériel, il est présent dans le coeur des hommes en tant qu'influence spirituelle. En quittant ce monde, Jésus a permis à son esprit de vivre aux côtés de celui de son Père, qui habite les penseurs de toute l'humanité.

2. -- LE RAVITAILLEMENT DES CINQ MILLE

Jésus continua à enseigner le peuple durant la journée et à instruire les apôtres et les évangélistes dans la soirée. Le vendredi, il ordonna une semaine de vacances pour permettre à tous ses disciples d'aller passer quelques jours chez eux ou chez leurs amis avant d'aller à Jérusalem pour la Pâque. Mais plus de la moitié, de ses disciples refusèrent de le quitter, et la foule s'accrut chaque jour au point que David Zébédée voulut établir un nouveau campement, mais Jésus refusa d'y consentir. Le Maître avait eu si peu de repos durant le sabbat que, le dimanche matin 27 mars, il chercha à s'éloigner de la foule. Quelques évangélistes furent laissés en arrière pour parler à la multitude, tandis que Jésus et les douze projetaient de s'échapper incognito et d'aller sur la rive opposée du lac, où ils trouveraient, dans un magnifique parc au sud de Bethsaïde-Juliade, le répit dont ils avaient tant besoin. La région était un lieu de promenade favori pour les habitants de Capharnaüm, qui connaissaient bien ces parcs de la rive orientale.

Mais la foule ne l'entendit pas ainsi. Les intéressés virent la direction que prenait le bateau de Jésus, louèrent toutes les barques disponibles, et se lancèrent à sa poursuite. Ceux qui ne purent trouver de bateau partirent à pied en contournant l'extrémité nord du lac.

Tard dans l'après-midi, plus de mille personnes avaient repéré le Maître dans l'un des parcs. Il leur parla brièvement, et Pierre le relaya. Beaucoup de ces gens avaient apporté de la nourriture. Ils prirent leur repas du soir, puis s'assemblèrent par petits groupes tandis que les apôtres et les disciples de Jésus les enseignaient.

Le lundi après-midi, la multitude s'était accrue. Elle comptait maintenant trois mille personnes et -- tard dans la soirée -- il continuait d'en arriver qui amenaient avec elles toutes sortes de malades. Des centaines de zélateurs avaient établi leurs plans pour s'arrêter à Capharnaüm afin de voir et d'entendre Jésus en cours de route en se rendant à la Pâque. Et ils ne voulaient à aucun prix y renoncer. Le mercredi à midi, plus de cinq mille hommes, femmes et enfants s'étaient rassemblés dans ce parc au sud de Bethsaïde-Juliade. Le temps était agréable, et la fin de la saison des pluies approchait dans cette région.

Philippe s'était procuré des provisions pour nourrir Jésus et les douze pendant trois jours; il en avait confié la garde au jeune Jean Mare, leur factotum. Cet après-midi était la troisième journée de présence pour la moitié de la foule, et les provisions de bouche que les gens avaient apportées étaient presque épuisées. David Zébédée n'avait pas ici de ville de toile pour loger et nourrir les foules. Philippe n'avait pas non plus fait de provisions pour une si grande multitude. Mais bien que les gens eussent faim, ils ne voulaient pas s'en aller. On chuchota que Jésus, désireux d'éviter les difficultés à la fois avec Hérode et avec les dirigeants de Jérusalem, avait choisi ce lieu situé hors de la juridiction de ses ennemis comme endroit favorable pour être couronné roi. L'enthousiasme de la foule croissait d'heure en heure. On ne disait rien a Jésus, mais bien entendu il savait tout ce qui se passait. Même les douze apôtres, et spécialement les jeunes évangélistes, avaient les idées faussées par ces notions de royauté. Les apôtres qui favorisaient cette tentative pour proclamer Jésus roi étaient Pierre, Jean, Simon Zélotès, et Judas Iscariot. Ceux qui s'opposaient au plan étaient André, Jacques Zébédée, Nathanael, Thomas, Matthieu, et Philippe. Quant aux jumeaux Alphée, ils étaient neutres. Le meneur du complot pour couronner Jésus était Joab, l'un des plus jeunes évangélistes.

Telle était la situation le mercredi après-midi à cinq heures, lorsque Jésus demanda à Jacques Alphée de convoquer André et Philippe. Jésus leur dit: « Qu'allons-nous faire de la multitude? Ces gens sont avec nous depuis trois jours, et beaucoup d'entre eux ont faim. Ils n'ont pas de vivres ». Philippe et André échangèrent un coup d'oeil, puis Philippe répondit: « Maître, tu devrais les renvoyer pour qu'ils aillent dans les villages des environs s'acheter de la nourriture ». André craignait que le complot pour instituer un roi ne prenne corps; il appuya donc rapidement Philippe en disant: « Oui Maître, je crois qu'il vaut mieux renvoyer la foule afin quelle aille son chemin et achète des vivres pendant que tu prendras un temps de repos ». À cet instant, d'autres apôtres parmi les douze s'étaient joints à l'entretien. Jésus dit alors: « Mais je ne désire pas les renvoyer affamés; ne pouvez-vous les nourrir? » C'en fut trop pour Philippe qui s'écria: « Maître, ce lieu en pleine campagne est-il un endroit où nous pouvons acheter du pain pour cette foule? Avec deux cents deniers nous n'en aurions pas assez pour un repas ».

Avant que les autres apôtres n'aient eu la possibilité de s'exprimer, Jésus se tourna vers André et Philippe en disant: « Je ne veux pas renvoyer ces gens. Ils sont là telles des brebis sans berger, et je voudrais les nourrir. De quoi disposons-nous comme nourriture? » Tandis que Philippe s'entretenait avec Matthieu et Judas, André chercha le jeune Marc pour vérifier ce qui restait de leurs provisions. Il revint vers Jésus en disant: « Il ne reste au garçon que cinq pains d'orge et deux poissons séchés » -- et Pierre ajouta promptement: « Et il faut encore que nous mangions ce soir ».

Pendant un moment Jésus resta silencieux. Il y avait dans ses yeux un regard lointain. Les apôtres ne disaient rien. Jésus se tourna soudain vers André et dit « Apporte moi les miches et les poissons. Lorsqu'André lui eut apporté le panier, le Maître dit: « Ordonne aux gens de s'asseoir sur l'herbe par compagnies de cent, et de désigner un chef par groupe pendant que tu amènes tous les évangélistes ici auprès de nous ».

Jésus prit les pains dans ses mains et rendit grâces. Après quoi il rompit le pain et en donna à ses apôtres, qui le passèrent aux évangélistes, lesquels à leur tour le portèrent à la multitude. Jésus rompit et distribua les poissons de la même manière. La multitude mangea et fut rassasiée, et lorsqu'elle eut fini de manger, Jésus dit aux disciples: « Ramassez ce qui reste afin que rien ne se perde ». Quand ils eurent achevé de rassembler les morceaux, ils en avaient rempli douze paniers (1). Environ cinq mille hommes, femmes, et enfants participèrent à ce repas extraordinaire.

  (1) Cf. Matthieu XIV-15 à 21, Marc VI-35 à 44, Luc IX-12 à 17, et Jean VI-5 à 13.

Ce fut le premier et unique miracle de la nature que Jésus accomplit après l'avoir sciemment projeté. Il est vrai que ses disciples avaient tendance à qualifier de miracles des phénomènes qui n'en étaient pas, mais en l'espèce il s'agissait bien d'un authentique ministère surnaturel. D'après ce qui nous a été dit, Micaël multiplia les éléments nutritifs comme il le fait toujours, sauf qu'en l'espèce il élimina le facteur temps et le processus vital physiquement observable.

3. -- LA TENTATIVE DE COURONNEMENT

La nourriture des cinq mille au moyen de l'énergie surnaturelle fut un autre de ces cas où l'événement représentait la pitié humaine alliée au pouvoir créateur. Maintenant que la foule avait été rassasiée, et du fait que la renommée de Jésus avait été accrue séance tenante par ce prodigieux miracle, le projet de s'emparer du Maître et de le proclamer roi n'avait plus besoin des directives de personne. L'idée parut se répandre comme une contagion. Lorsque la foule vit ses besoins physiques assurés d'une manière soudaine et spectaculaire, sa réaction fut profonde et irrésistible. Depuis longtemps on avait enseigné aux Juifs qu'à son avènement le Messie, le fils de David, ferait à nouveau couler le lait et le miel dans le pays, et que le pain de vie leur serait offert, comme la manne du ciel était jadis censément tombée sur leurs ancêtres dans le désert. Cette expectative ne venait-elle pas de se réaliser sous leurs yeux? Quand cette foule affamée et manquant d'aliments eut fini de se gorger le la nourriture miraculeuse, sa réaction fut unanime: «Voilà notre roi ». Le libérateur d'Israël, auteur de prodiges, était venu. Aux yeux de ces âmes simples, le pouvoir de nourrir entraînait le droit de régner. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que la multitude rassasiée se soit levée comme un seul homme et ait crié: « Faites-le roi! »

Cette puissante clameur enthousiasma Pierre et ceux des apôtres qui conservaient encore l'espérance de voir Jésus affirmer son droit de régner. Leurs faux espoirs n'allaient pas subsister longtemps. À peine l'écho de la puissante clameur de la multitude avait-il fini de se répercuter sur les rochers voisins, que Jésus monta sur une énorme pierre, leva la main pour attirer l'attention, et dit: « Mes enfants, vos intentions sont bonnes, mais vous avez la vue courte et votre pensée est matérielle ». Il y eut une brève interruption; le vaillant Galiléen se tenait là, majestueusement cambré dans la lumière enchanteresse de ce crépuscule oriental. Jusqu'au bout des ongles il avait une allure de roi, tandis qu'il continuait à parler à la foule qui retenait son souffle: « Vous voudriez m'établir roi, non parce que vos âmes où été éclairées par une grande vérité, mais parce que vos estomacs ont été remplis de pain. Combien de fois vous ai-je dit que mon royaume n'est pas de ce monde? Le royaume des cieux que nous proclamons est une confraternité spirituelle, et nul ne siège sur un trône matériel pour y régner. Mon Père céleste est le Souverain infiniment sage et tout-puissant de cette confraternité spirituelle des fils de Dieu sur terre. Ai-je échoué dans ma révélation du Père des esprits au point que vous vouliez faire un roi de son Fils incarné? Partez maintenant et rentrez chez vous. S'il vous faut un roi, que le Père des lumières siège sur un trône dans le coeur de chacun de vous en tant que Souverain spirituel de toutes choses ».

Ces paroles de Jésus renvoyèrent la foule abasourdie et découragée. Beaucoup de ceux qui avaient cru en lui firent volte-face et cessèrent dorénavant de le suivre. Les apôtres se tenaient cois, réunis silencieusement autour des douze paniers remplis des restes de nourriture; seul le jeune Mare, leur garçon à toutes mains, ouvrit la bouche pour dire: « Et il a refusé d'être notre roi ». Avant de partir seul dans la montagne, Jésus se tourna vers André et dit: « Remmène tes frères à la maison de Zébédée et prie avec eux, spécialement pour ton frère Simon Pierre ».

4. -- LA VISION NOCTURNE DE SIMON PIERRE

Les apôtres sans leur Maître -- livrés à eux-mêmes -- montèrent dans leur bateau et commencèrent à ramer silencieusement vers Bethsaïde, sur la rive occidentale du lac. Aucun des douze n'était aussi écrasé et abattu que Simon Pierre. Ils prononcèrent à peine quelques paroles; ils pensaient tous au Maître dans la montagne. Les avait-il abandonnés? Jamais auparavant il ne les avait tous renvoyés en refusant de les accompagner. Que pouvait signifier tout cela?

L'obscurité les enveloppa bientôt, car un fort vent contraire s'était levé et il leur était presque impossible d'avancer. Tandis que les heures de nuit s'écoulaient à ramer péniblement, Pierre épuisé tomba dans un profond sommeil. André et Jacques l'étendirent sur le siège capitonné à l'arrière du bateau. Pendant que les autres apôtres peinaient contre le vent et les vagues, Pierre eut un rêve, une vision de Jésus s'approchant d'eux en marchant sur la mer. Quand le Maître parut passer près du bateau, Pierre cria: « Sauve-nous, Maître, sauve-nous ». Et ceux qui se trouvaient à l'arrière du bateau entendirent ces paroles. Tandis que cette apparition nocturne continuait dans la pensée de Pierre, il rêva que Jésus disait: « Ayez bon courage; c'est moi; ne craignez point ». Cela fit l'effet d'un baume de Galaad sur l'âme agitée de Pierre: cela calma son esprit troublé, de sorte que (dans son rêve) il cria au Maître: « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir et de marcher avec toi sur les eaux ». Et quand Pierre se mit (dans son rêve) à marcher sur l'eau, les vagues tumultueuses l'effrayèrent et il allait sombrer lorsqu'il cria: « Seigneur, sauve-moi! » La plupart des douze l'entendirent pousser ce cri. Pierre rêva ensuite que Jésus venait à son secours, le prenait par la main, et le soulevait en disant: « O homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? (1)»

  (1) Cf. Matthieu XIV-31.

En liaison avec la dernière partie de son rêve, Pierre se leva véritablement du banc où il dormait, passa par dessus bord, et se mit réellement à l'eau. Il se réveilla de son rêve tandis qu'André, Jacques, et Jean se penchaient sur le bastingage et le retiraient de la mer.

Pierre considéra toujours cet épisode comme réel. Il crut sincèrement que Jésus était venu vers eux cette nuit-là. Il ne réussit que partiellement à convaincre Jean Marc, ce qui explique pourquoi celui-ci élimina de son évangile une partie de l'histoire. Quant à Luc, le médecin, il fit des recherches approfondies sur le sujet et conclut que l'épisode était une simple vision de Pierre; en conséquence, il refusa d'incorporer cette histoire dans son évangile.

5. -- DE RETOUR À BETHSAÏDE

Le mardi avant le lever du jour, ils ancrèrent leur bateau près de la maison de Zébédée, puis dormirent jusqu'à midi. André fut le premier à se lever. Il se promena sur le rivage et trouva Jésus, en compagnie de Jean Marc, leur factotum, assis sur une pierre au bord de l'eau. Beaucoup de zélateurs et de jeunes évangélistes avaient passé toute la nuit et une grande partie du lendemain à chercher Jésus dans les montagnes de la rive orientale. Mais Jésus, accompagné du jeune Marc, était parti à pied peu après minuit pour contourner le lac, traverser le fleuve, et revenir à Bethsaïde.

Parmi les cinq mille qui avaient été miraculeusement nourris et qui, l'estomac plein et le coeur vide, voulaient faire de Jésus un roi, cinq cents seulement persistèrent à le suivre. Avant que ces derniers n'eussent été informés de son retour à Bethsaïde, Jésus pria André de réunir les douze apôtres et leurs compagnons, y compris les femmes, en lui disant: « Je voudrais leur parler ». Et quand ils furent tous prêts, Jésus dit:

« Combien de temps vous supporterai-je? Vous est-il difficile de comprendre par l'esprit et manquez-vous de foi vivante? Durant tous ces mois je vous ai enseigné les vérités du royaume, et malgré cela vous restez dominés par des mobiles matériels au lieu de l'être par des considérations spirituelles. N'avez-vous même pas lu dans les Écritures le passage où Moïse exhorte les enfants incroyants d'Israël en leur disant: « Ne craignez pas, restez tranquilles, et contemplez le salut du Seigneur »? Le psalmiste a dit: « Mettez votre foi dans le Seigneur ». « Soyez patients, attendez le Seigneur, et ayez bon courage. Il fortifiera votre coeur ». « Remettez votre fardeau au Seigneur, et il vous soutiendra. Ayez toujours confiance en lui et déversez-lui votre coeur, car Dieu est votre refuge ». « Celui qui habite dans le lieu secret du Très-Haut demeurera à l'ombre du Tout-Puissant ». « Mieux vaut avoir foi dans le Seigneur que de donner sa confiance à des princes humains ».

« Avez-vous compris maintenant que l'accomplissement de miracles et de prodiges matériels ne gagnera pas d'âmes au royaume spirituel? Nous avons nourri une foule de gens, mais après cela ils n'ont eu ni faim du pain de vie ni soif de l'eau de la droiture spirituelle. Quand leur appétit a été calmé, ils n'ont pas cherché à entrer dans le royaume des cieux, mais plutôt à proclamer la royauté du Fils de l'Homme à la manière des rois de ce monde, uniquement pour pouvoir continuer à manger du pain sans avoir à travailler pour le gagner. Vous avez tous plus ou moins participé à cela, qui ne contribue en rien à révéler le Père céleste ni à faire progresser son royaume sur terre. N'avons-nous donc pas assez d'ennemis parmi les chefs religieux du pays sans faire ce qui nous aliénera également les chefs civils? Je prie le Père d'oindre vos yeux pour que vous puissiez voir, et d'ouvrir vos oreilles pour que vous puissiez entendre, afin que vous ayez pleinement foi dans l'évangile que je vous ai enseigné.

Jésus annonça ensuite qu'il voulait se retirer pendant quelques jours avec ses apôtres avant de se rendre à Jérusalem pour la Pâque, et il défendit à tous ses disciples et à la foule de le suivre. Jésus et les douze se rendirent donc par bateau dans la région de Génézareth pour deux ou trois jours de repos et de sommeil. Jésus se préparait à une grande crise de sa vie terrestre et passait donc beaucoup de temps en communion avec son Père céleste.

La nouvelle du ravitaillement des cinq mille et de la tentative pour faire de Jésus un roi excita une vaste curiosité et aiguillonna les craintes des chefs civils et religieux dans toute la Galilée et la Judée. Ce grand miracle ne fit aucunement progresser l'évangile du royaume dans l'âme des croyants peu enthousiastes et orientés matériellement, mais il provoqua une crise dans la famille des apôtres et des proches disciples de Jésus, qui avaient tendance à rechercher des miracles et à désirer ardemment un roi. Cet épisode spectaculaire mit fin à la première période d'enseignement, d'éducation, et de guérison; il inaugura la dernière année consacrée à proclamer les phases supérieures et plus spirituelles du nouvel évangile du royaume -- la filiation divine, la liberté spirituelle, et le salut éternel.

6. -- À GÉNÉZARETH

Pendant qu'il se reposait chez un riche croyant de la région de Génézareth, Jésus tint chaque après-midi des réunions privées avec les douze apôtres. Ces ambassadeurs du royaume formaient un groupe sérieux, calme, et assagi d'hommes désillusionnés. Même après tout ce qui était arrivé, les événements ultérieurs révélèrent que ces douze hommes n'étaient pas encore complètement délivrés de leurs notions ancrées et longtemps chéries sur la venue du Messie juif. Les événements des quelques semaines précédentes s'étaient déroulés trop rapidement pour que ces pêcheurs étonnés aient pu en saisir pleinement la signification. Il faut du temps aux hommes et aux femmes pour effectuer des changements importants et radicaux dans leurs conceptions fondamentales sur la conduite sociale, sur le comportement philosophique, et sur les convictions religieuses.

Tandis que Jésus et les douze se reposaient à Génézareth, la nombreuses assistance se dispersa, les uns rentrant chez eux, les autres se rendant à Jérusalem pour la Pâque. En moins d'un mois, les disciples enthousiastes de Jésus, qui le suivaient ouvertement au nombre de plus de cinquante mille dans la seule Galilée, se réduisirent à moins de cinq cents. Jésus désirait faire subir à ses apôtres l'expérience de l'inconstance des acclamations populaires, afin qu'ils ne soient pas tentés de s'appuyer sur de telles manifestations temporaires d'hystérie religieuse après qu'il les aurait laissés oeuvrer seuls pour le royaume; mais il ne réussit que partiellement dans son effort.

Le second soir de leur séjour à Génézareth, le Maître répéta aux apôtres la parabole du semeur et leur adressa l'allocution suivante: « Vous voyez, mes enfants, que l'appel aux sentiments humains est transitoire et totalement décevant; de même, l'appel exclusif à l'intellect est vide de sens et stérile; c'est seulement en adressant votre appel à l'esprit qui vit dans la pensée humaine que vous pouvez espérer obtenir un succès durable. Vous accomplirez alors les merveilleuses transformations de caractère qui se traduiront bientôt par une abondante récolte des véritables fruits de l'esprit dans la vie quotidienne de ceux qui sont ainsi délivrés des ténèbres du doute en naissant d'esprit dans la lumière de la foi -- dans le royaume des cieux ».

Jésus enseigna l'appel aux émotions en tant que technique pour arrêter et focaliser l'attention intellectuelle.  Il qualifia la pensée, ainsi éveillée et vivifiée, de porte d'entrée vers l'âme où réside la nature spirituelle de l'homme; c'est cette nature qui doit reconnaître la vérité et répondre à l'appel spirituel de l'évangile, pour procurer les résultats permanents des vraies transformations de caractère.

Jésus s'efforça ainsi de préparer les apôtres au choc imminent -- la crise du comportement public envers lui, qui allait éclater quelques jours plus tard. Il expliqua aux douze que les chefs religieux de Jérusalem conspireraient avec Hérode Antipas pour les anéantir. Les douze commencèrent à comprendre plus pleinement (mais non définitivement) que Jésus ne siégerait pas sur le trône de David. Ils saisirent plus complètement que les prodiges matériels ne feraient pas progresser la vérité spirituelle. Ils commencèrent à réaliser que la nourriture miraculeuse des cinq mille et le mouvement populaire pour faire de Jésus un roi marquaient l'apogée des espérances du peuple recherchant des miracles et attendant des prodiges, ainsi que le point culminant des acclamations de Jésus par la populace. Ils discernèrent vaguement et prévirent obscurément l'approche du passage au crible spirituel et de la cruelle adversité. L'intelligence de ces douze hommes s'éveillait lentement à la compréhension de la nature réelle de leur tâche d'ambassadeurs du royaume, et ils commencèrent à se cuirasser pour les rudes et sévères épreuves de la dernière année du ministère du Maître sur terre.

Avant leur départ de Génézareth, Jésus s'expliqua au sujet de la nourriture miraculeuse des cinq mille. Il raconta exactement aux douze pourquoi il s'était engagé dans cette manifestation extraordinaire de pouvoir créateur. Il leur assura qu'il n'avait pas cédé à un mouvement de compassion envers la foule avant d'avoir vérifié que son sentiment était « conforme à la volonté du Père ».

7. -- À JÉRUSALEM

Le samedi 3 avril de l'an 29, Jésus, accompagné seulement des douze apôtres, partit de Bethsaïde pour Jérusalem. Afin d'éviter les foules et d'attirer un minimum d'attention, ils passèrent par Gérasa et Philadelphie. Jésus défendit aux apôtres d'enseigner publiquement durant ce voyage; il ne leur permit pas non plus d'enseigner ni de prêcher pendant leur séjour à Jérusalem. Ils arrivèrent à Béthanie près de Jérusalem tard dans la soirée du mercredi 6 avril. Ils s'arrêtèrent pour une nuit seulement chez Lazare, Marthe, et Marie, mais dès le lendemain ils se séparèrent. Jésus resta avec Jean chez un croyant nommé Simon, voisin de Lazare à Béthanie. Judas Iscariot et Simon Zélotès s'arrêtèrent chez des amis à Jérusalem, tandis que les autres apôtres séjournaient deux par deux dans différents foyers.

Durant cette Pâque, Jésus ne pénétra qu'une seule fois dans Jérusalem, lors du grand jour de la fête. Beaucoup de croyants sortirent de la ville sous la conduite d'Abner pour rencontrer Jésus à Béthanie. Durant ce séjour à Jérusalem, les douze apprirent combien les sentiments d'amertume croissaient contre leur Maître. Ils quittèrent la ville convaincus qu'une crise était imminente.

Le dimanche 24 avril, Jésus et les apôtres partirent de Jérusalem pour Bethsaïde en passant par les villes côtières de Joppé, Césarée, et Ptolémaïs. De là ils allèrent par Rama et Chorazin à Bethsaïde, où ils arrivèrent le vendredi 29 avril. Aussitôt rentré chez lui, Jésus envoya André demander au chef de la synagogue l'autorisation de prendre la parole le lendemain, jour de sabbat, à l'office de l'après-midi. Jésus savait bien que c'était la dernière fois qu'on lui permettrait de parler dans la synagogue de Capharnaüm.

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