La cosmogonie d'Urantia
La première publication française du Livre d'Urantia

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  • 1. L'UNIVERS CENTRAL ET LES SUPERUNIVERS
    • Introduction
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    • 2. La nature de Dieu
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    • 7. Relations du fils éternel avec l'univers
    • 8. L'esprit infini
    • 9. Relations de l'esprit infini avec l'univers
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    • 11. L’île éternelle du Paradis
    • 12. L'univers des univers
    • 13. Les sphères sacrées du Paradis
    • 14. L'univers central et divin
    • 15. Les sept superunivers
    • 16. Les sept maîtres esprits
    • 17. Les sept groupes spirituels suprêmes
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    • 22. Les fils de Dieu trinitisés
    • 23. Les messagers solitaires
    • 24. Personnalités supérieures de l'esprit infini
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    • 28. Esprits tutélaires des superunivers
    • 29. Les directeurs de pouvoir de l'univers
    • 30. Personnalités du grand univers
    • 31. Le corps de la finalité
  • 2. L'UNIVERS LOCAL
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    • 33. Administration de l'univers local
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    • 37. Personnalités de l'univers local
    • 38. Esprits tutélaires de l'univers local
    • 39. Les armés séraphiques
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    • 41. Aspects physiques de l'univers local
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    • 43. Les constellations
    • 44. Les artisans célestes
    • 45. L'administration du système local
    • 46. Le siège du système local
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    • 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer
    • 55. Les sphères de lumière et de vie
    • 56. Unité universelle
  • 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
    • 57. L'origine d'Urantia
    • 58. L'établissement de la vie sur Urantia
    • 59. L'ère de la vie marine sur Urantia
    • 60. Urantia pendant l'ère de la vie terrestre primitive
    • 61. L'ère des mammifères sur Urantia
    • 62. Les races à l'aurore de l'homme primitif
    • 63. La première famille humaine
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    • 66. Le prince planétaire d'Urantia
    • 67. La rébellion planétaire
    • 68. L'aurore de la civilisation
    • 69. Les institutions humaines primitives
    • 70. L'évolution du gouvernement humain
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    • 72. Un gouvernement sur une planète voisine
    • 73. Le jardin d’Éden
    • 74. Adam et Ève
    • 75. La faute d'Adam et d’Ève
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    • 86. L'évolution primitive de la religion
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    • 146. La première tournée de prédication en Galilée
    • 147. La visite intérimaire à Jérusalem
    • 148. La formation d'évangélistes à Bethsaïde
    • 149. La seconde tournée de prédication
    • 150. La troisième tournée de prédication
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    • 161. Suite des discussions avec Rodan
    • 162. À la fête des tabernacles
    • 163. L'ordination des 70 à Magadam
    • 164. La fête de la dédicace
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4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS

147. La visite intérimaire à Jérusalem

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

LA VISITE INTÉRIMAIRE À JÉRUSALEM

Jésus et les apôtres arrivèrent à Capharnaüm le mercredi 17 mars et passèrent deux semaines à leur quartier général de Bethsaïde avant de partir pour Jérusalem. Pendant ces deux semaines, les apôtres enseignèrent le peuple au bord de la mer, tandis que Jésus passait beaucoup de temps seul dans les montagnes à s'occuper des affaires de son Père. Au cours de cette période, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean Zébédée, fit deux voyages secrets à Tibériade où ils rencontrèrent les croyants et les instruisirent dans l'évangile du royaume.

Divers membres de la maison d'Hérode croyaient en Jésus et assistèrent à ces réunions. L'influence de ces proches parents d'Hérode avait contribué à diminuer l'inimitié de ce chef envers Jésus. Ces croyants de Tibériade avaient clairement expliqué à Hérode que le « royaume » proclamé par Jésus était de nature spirituelle, et non une aventure politique. Hérode avait tendance à croire ces membres de sa propre maison; il ne se laissa donc pas indûment alarmer par la large diffusion des rapports concernant les enseignements et les guérisons de Jésus. Il n'avait pas d'objections contre les activités de Jésus en tant que guérisseur ou instructeur religieux. Nonobstant l'attitude favorable de bien des conseillers d'Hérode, et même d'Hérode en personne, un certain nombre de ses subordonnés étaient tellement influencés par les chefs religieux de Jérusalem qu'ils restaient des ennemis acharnés et menaçants de Jésus et des apôtres; plus tard, ce groupe gêna considérablement leurs activités publiques. C'étaient les chefs religieux de Jérusalem, et non Hérode, qui constituaient le plus grand danger pour Jésus. C'est pour cette seule raison que Jésus et les apôtres passèrent tant de temps en Galilée et y firent la plupart de leurs sermons publics, plutôt qu'à Jérusalem et en Judée.

1. -- LE SERVITEUR DU CENTURION (1)

  (1) Cf. Matthieu VIII-6 à 13 et Luc VII-2 à 10.

La veille du jour où ils allaient partir pour la fête de la Pâque à Jérusalem, Mangus, un centurion ou capitaine de la garde romaine stationnée à Capharnaüm, vint trouver les chefs de la synagogue en disant:    « Mon fidèle ordonnance est malade et à l'article de la mort. Voudriez-vous aller voir Jésus de ma part et  le supplier de guérir mon serviteur? » Le capitaine romain agit ainsi parce qu'il croyait que les dirigeants juifs auraient plus d'influence sur Jésus. Les anciens allèrent donc trouver Jésus, et leur porte-parole lui dit: « Maître, nous te demandons instamment de te rendre à Capharnaüm et de sauver le serviteur favori du centurion romain. Ce capitaine est digne de ton attention, car il aime notre nation, et c'est même lui qui a fait bâtir la synagogue où tu as si souvent pris la parole ».

Après les avoir entendus, Jésus leur dit « Je vais vous accompagner ». À l'approche de la maison du centurion et avant que la compagnie ne soit entrée dans sa cour, le soldat romain envoya ses amis à la rencontre de Jésus avec instruction de lui dire: « Seigneur, ne te dérange pas pour entrer dans ma maison, car je ne suis pas digne que tu viennes sous mon toit. Je ne m'estime pas non plus digne de m'approcher de toi, et c'est pourquoi je t'ai envoyé les anciens de ton propre peuple. Mais je sais que tu peux prononcer la parole à l'endroit où tu te trouves et que mon serviteur sera guéri. Car je suis moi-même sous les ordres d'autrui, et j'ai des soldats sous mes ordres, et je dis à l'un d'aller, et il va; à un autre de venir, et il vient; et à mes serviteurs de faire ceci ou cela, et ils le font ».

Lorsque Jésus entendit ces paroles, il se tourna vers ses apôtres et vers ceux qui les accompagnaient et  leur dit: « Je suis émerveillé de la croyance de ce Gentil. En vérité, en vérité, je vous le dis, je n'ai trouvé nulle part une si grande foi, non, pas même en Israël ». Jésus tourna ensuite le dos à la maison et dit:          « Allons-nous en ». Les amis du centurion entrèrent dans la maison et répétèrent à Mangus ce que Jésus avait dit. À partir de cet instant, le serviteur commença à se rétablir et retrouva finalement sa santé normale et ses capacités.

Nous n'avons jamais su exactement ce qui s'était passé en cette occasion. Nous relatons simplement l'histoire. Quant à savoir si des êtres invisibles apportèrent, ou non, la guérison au serviteur du centurion, cela ne fut pas révélé aux accompagnateurs de Jésus. Nous connaissons seulement le fait que le serviteur fut complètement rétabli.

2. -- LE VOYAGE À JÉRUSALEM

De bonne heure dans la matinée du mardi 30 mars, Jésus et le groupe apostolique partirent pour assister à la Pâque à Jérusalem en prenant l'itinéraire de la vallée du Jourdain. Ils arrivèrent le vendredi 2 avril et établirent comme d'habitude leur quartier général à Béthanie. En passant à Jéricho, ils firent une pause pendant que Judas déposait une partie de leurs fonds communs à la banque d'un ami de sa famille. C'était la première fois que Judas transportait un excédent d'argent. Le dépôt resta intact jusqu'au moment où le groupe repassa par Jéricho au cours de son dernier et mémorable voyage, juste avant le jugement et la mort de Jésus.

Le trajet jusqu'à Jérusalem se passa sans incident, mais à peine le groupe s'était-il installé à Béthanie que  de loin et de près commencèrent à s'assembler des gens qui cherchaient la guérison pour leur corps, la consolation pour leur pensée troublée, et le salut pour leur âme. Leur nombre était tel que Jésus n'avait guère le temps de se reposer. Son groupe alla donc planter ses tentes à Gethsémani, et le Maître fit la navette entre Béthanie et Gethsémani pour éviter les foules qui le débordaient constamment. Les apôtres passèrent près de trois semaines à Jérusalem, mais Jésus leur enjoignit de ne pas prêcher en public et de se limiter à l'enseignement privé et au travail personnel.

Ils célébrèrent paisiblement la Pâque à Béthanie, et ce fut la première fois que Jésus et les douze au complet mangèrent la Pâque sans effusion de sang. Les apôtres de Jean ne mangèrent pas la Pâque avec Jésus et ses apôtres; ils célébrèrent la fête avec Abner et un grand nombre des premiers croyants aux prédications de Jean. C'était la seconde Pâque que Jésus observait avec ses apôtres à Jérusalem.

Quand Jésus et les douze repartirent pour Capharnaüm, les apôtres de Jean ne revinrent pas avec eux. Ils restèrent à Jérusalem et aux environs sous la direction d'Abner, travaillant tranquillement à l'expansion du royaume, tandis que Jésus et les douze retournaient oeuvrer en Galilée. Jamais plus les vingt-quatre ne furent tous réunis jusqu'au moment précédant de peu celui où les soixante-dix évangélistes reçurent leur mission et leur ordre de départ. Mais les deux groupes s'entraidaient et restaient dans les meilleurs termes, malgré leurs divergences d'opinion.

3. -- À L'ÉTANG DE BÉTHESDA

L'après-midi de leur second sabbat à Jérusalem, tandis que le Maître et les apôtres allaient participer aux offices du temple, Jean dit à Jésus: « Viens avec moi, je voudrais te montrer quelque chose ». Jean fit sortir Jésus par l'une des portes de Jérusalem et le conduisit à un étang appelé Béthesda. Sur ses bords, on avait édifié cinq porches sous lesquels un grand nombre de malades se traînaient en quête de guérison. Cet étang était une source chaude dont les eaux rougeâtres bouillonnaient à des intervalles irréguliers par suite d'accumulations de gaz dans les cavernes rocheuses sous-jacentes. La perturbation périodique des eaux chaudes était considérée par la foule comme due à des influences surnaturelles, et la croyance populaire affirmait que la première personne entrant dans l'eau après une perturbation serait guérie de ses infirmités.

Sous l'effet des restrictions imposées par Jésus, les apôtres étaient quelque peu agités, et cette contrainte rendait Jean, le plus jeune des douze, particulièrement nerveux. Il avait amené Jésus à l'étang en espérant que la vue des malades assemblés ferait un appel suffisant à la compassion du Maître pour qu'il accomplisse une guérison miraculeuse, et qu'ainsi tout Jérusalem serait stupéfait et amené à croire à l'évangile du royaume. Jean dit à Jésus: « Maître, regarde tous ces malades; n'y a-t-il rien que nous puissions faire pour eux? » Jésus répondit: « Jean, pourquoi me soumets-tu à la tentation de m'écarter du chemin que j'ai choisi? Pourquoi persistes-tu dans ton désir de substituer l'accomplissement de prodiges et la guérison des malades à la proclamation de l'évangile de la vérité éternelle? Mon fils, il ne m'est pas permis de faire ce que tu désires, mais rassemble ces malades et ces affligés pour que je leur adresse des paroles d'encouragement et de consolation éternelle ».

S'adressant à ceux qui s'étaient rassemblés, Jésus dit: « Beaucoup d'entre vous sont ici, malades et affligés, parce que vous avez vécu de longues années dans de mauvaises voies. Les uns souffrent des accidents du temps, d'autres par suite des fautes de leurs ancêtres, alors que certains d'entre vous luttent sous les handicaps des conditions imparfaites de votre existence temporelle. Mais mon Père travaille, et je voudrais travailler aussi, à améliorer votre état terrestre, et plus spécialement à assurer votre statut éternel. Aucun de nous ne peut largement contribuer à aplanir les difficultés de la vie, à moins de découvrir que le Père céleste a voulu ce changement. Après tout, nous sommes tous tenus de faire la volonté de l'Éternel. Si vous pouviez être guéris de vos afflictions physiques, vous vous émerveilleriez certainement, mais il est encore plus important que vous soyez purifiés de toute maladie spirituelle et que vous vous trouviez guéris de toutes les infirmités morales. Vous êtes tous les enfants de Dieu; vous êtes les fils du Père céleste. Les liens du temps peuvent paraître vous affliger, mais le Dieu de l'éternité vous aime. Quand viendra le moment du jugement, ne craignez pas; vous trouverez tous non seulement la justice, mais une abondante miséricorde. En vérité, en vérité, je vous le dis: Quiconque entend l'évangile du royaume, et croit à cet enseignement de la filiation avec Dieu, possède la vie éternelle. Déjà ces croyants passent du jugement et de la mort à la lumière et à la vie. Et l'heure arrive où même ceux qui sont dans les tombes entendront la voix de la résurrection ».

Beaucoup d'auditeurs crurent à l'évangile du royaume. Certains affligés furent tellement inspirés et spirituellement revivifiés qu'ils allèrent de ci de là en proclamant qu'ils avaient également été guéris de leurs maux physiques.

Un homme qui avait été déprimé durant de longues années et gravement atteint de troubles mentaux se réjouit aux paroles de Jésus. Il ramassa son lit et rentra chez lui, bien que ce fût un jour de sabbat. Durant des années, cet homme avait attendu que quelqu'un l'aide. Il était tellement victime du sentiment de sa propre impuissance qu'il n'avait pas eu une seule fois l'idée de s'aider lui-même; or c'était la seule chose qu'il avait à faire pour se remettre -- ramasser son lit et marcher.

Jésus dit alors à Jean: « Partons d'ici avant que les chefs des prêtres et les scribes ne nous surprennent et ne s'offensent de ce que nous ayons adressé des paroles de vie à ces affligés ». Ils retournèrent au temple rejoindre leurs compagnons, et bientôt ils partirent tous passer la nuit à Béthanie. Jean ne raconta jamais aux autres apôtres la visite qu'il avait faite avec Jésus ce samedi après-midi à l'étang de Béthesda.

4. -- LA RÈGLE DE VIE

Le soir de ce même jour de sabbat, à Béthanie, tandis que Jésus, les douze, et un groupe de croyants étaient réunis autour du feu dans le jardin de Lazare, Nathanael posa à Jésus la question suivante: « Maître, bien que tu nous aies appris la version positive de l'ancienne règle de vie nous commandant de faire aux autres ce que nous voudrions qu'ils nous fassent, je ne vois pas comment nous pouvons toujours obéir à cette injonction. Permets-moi d'éclairer le débat en citant l'exemple d'un homme sensuel qui regarde avec lubricité la partenaire qu'il a l'intention d'associer à son péché. Comment pouvons-nous apprendre à cet homme mal intentionné à faire aux autres ce qu'il voudrait qu'on lui fasse? »

Lorsque Jésus entendit la question de Nathanael, il se leva immédiatement, montra l'apôtre du doigt, et dit: « Nathanael, Nathanael! Quelles sortes de pensées entretiens-tu dans ton coeur? Ne reçois-tu pas mes enseignements comme un homme né d'esprit? N'entendez-vous pas la vérité comme des hommes sages et spirituellement intelligents? Quand je vous ai recommandé de faire à autrui ce que vous voudriez que l'on vous fasse, je parlais à des hommes ayant un idéal élevé, et non à ceux qui seraient tentés de déformer mon enseignement et de le transformer en licence pour encourager les mauvaises actions ».

Quand le Maître eut ainsi parlé, Nathanael se leva et dit: » Maître, il ne faut pas croire que j'approuve cette interprétation contraire à ton enseignement. J'ai posé cette question parce que j'ai supposé que beaucoup d'hommes pourraient méjuger ainsi tes recommandations, et j'espérais que tu complèterais tes instructions sur ce point. « Après que Nathanael se fût rassis, Jésus poursuivit: « Je sais bien, Nathanael, que ta pensée n'approuve aucune mauvaise idée de cette sorte, mais je suis déçu de voir que vous manquez tous si souvent de véritable spiritualité pour interpréter mes enseignements ordinaires; il faut bien que je vous les donne en langage humain et à la façon dont les hommes doivent parler. Laissez-moi maintenant vous apprendre les divers niveaux de signification attachés à l'interprétation de cette règle de vie, à cette recommandation de « faire aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent »:

   1. Le niveau charnel. Cette interprétation purement égoïste et lascive trouve un bon exemple dans l'hypothèse de ta question.

   2. Le niveau sentimental. Ce plan se situe immédiatement au-dessus de celui de la chair; il implique que la sympathie et la pitié rehaussent votre interprétation de notre règle de vie.

   3. Le niveau mental. Le raisonnement de la pensée et l'intelligence de l'expérience entrent maintenant en jeu. Un bon jugement dicte que la règle de vie doit être interprétée en harmonie avec l'idéalisme le plus élevé concrétisé dans la noblesse d'un profond respect de soi.

   4. Le niveau de l'amour fraternel. En s'élevant encore, on découvre le niveau de dévouement désintéressé au bonheur de vos semblables. Ce plan supérieur de service social sincère est issu de la conscience de la paternité de Dieu et de la récognition corollaire de la fraternité des hommes. On y découvre une interprétation nouvelle et beaucoup plus belle de la règle de vie fondamentale.

   5. Le niveau moral. Ensuite, quand vous atteignez les vrais niveaux philosophiques d'interprétation, quand vous apercevez réellement et clairement ce qui est bien et mal dans les événements, quand vous percevez l'éternel à-propos des relations humaines, vous commencez à voir le problème sous un autre angle. Vous interprétez la règle de vie en l'imaginant de la même manière qu'une tierce personne de mentalité élevée, idéaliste, sage, et impartiale, considérerait et interpréterait cette injonction en l'appliquant à vos problèmes personnels d'adaptation, à vos situations dans la vie.

   6. Le niveau spirituel. En dernier lieu nous atteignons le niveau de clairvoyance d'esprit et d'interprétation spirituelle, le plus élevé de tous. Il nous pousse à reconnaître dans cette règle de vie le divin commandement de traiter tous les hommes comme nous concevrions que Dieu les traiterait. Tel est l'idéal universel des relations humaines, et tel est aussi votre comportement envers tous ces problèmes quand votre suprême désir est de toujours faire la volonté du Père. Je voudrais donc que vous fassiez à tous les hommes ce que vous savez que je ferais pour eux dans des circonstances semblables.

Rien de ce que Jésus avait dit jusqu'à ce jour aux apôtres ne les avait jamais étonnés davantage. Ils continuèrent à discuter les préceptes du Maître bien après qu'il se fût retiré. Nathanael mit du temps à se remettre de l'hypothèse que Jésus avait mal interprété l'esprit de sa question, mais les autres furent plus que reconnaissants à leur collègue philosophe d'avoir eu le courage de poser une question incitant pareillement à réfléchir.

5. -- LA VISITE À SIMON LE PHARISIEN

Bien que Simon ne fût pas membre du sanhédrin juif, il était un pharisien influent de Jérusalem. Il croyait avec tiédeur à l'évangile. Au risque d'en être sévèrement critiqué, il osa inviter chez lui Jésus et ses apôtres personnels, Pierre, Jacques, et Jean, pour un banquet. Simon avait observé le Maître depuis longtemps; il était très impressionné par ses enseignements, et encore plus par sa personnalité.

Les riches pharisiens pratiquaient l'aumône et ne fuyaient pas la publicité au sujet de leur philanthropie. Ils annonçaient même parfois à son de trompe la charité qu'ils se proposaient de faire à un mendiant. Quand ces pharisiens offraient un banquet à des hôtes distingués, ils avaient l'habitude de laisser ouvertes les portes de leur maison, de sorte que même les mendiants des rues pouvaient entrer; ces mendiants se tenaient debout le long des murs de la salle, derrière les divans des dîneurs, de manière à être en bonne place pour attraper les morceaux de nourriture que les participants au banquet pourraient leur lancer.

En cette occasion particulière, il se trouva parmi les gens qui venaient de la rue une femme de réputation douteuse, qui s'était récemment mise à croire à la bonne nouvelle de l'évangile du royaume. Elle était bien connue dans tout Jérusalem comme l'ancienne tenancière d'une luxueuse maison de prostitution attenante à la cour des Gentils dans le temple. En acceptant l'enseignement de Jésus, elle avait fermé la maison où elle exerçait son vil métier et incité la majorité de ses pensionnaires à accepter l'évangile et à changer leur mode de vie. Malgré cela, elle était fort méprisée des pharisiens et obligée de porter ses cheveux flottants -- le signe distinctif de la prostitution. Cette femme non dénommée avait apporté avec elle un grand flacon de lotion parfumée. Elle se tint derrière Jésus allongé pour son repas, et commença à oindre ses à pieds en les mouillant aussi de ses larme de reconnaissance et en les essuyant avec ses cheveux. Lorsqu'elle eut terminé l'onction, elle continua à pleurer et à lui embrasser les pieds.

Voyant tout cela, Simon se dit en lui-même: « Si cet homme était un prophète, il saurait qui le touche ainsi et de quel genre de femme il s'agit, une pécheresse notoire ». Sachant ce qui se passait dans la pensée de Simon, Jésus prit la parole et dit: « Simon, il y a quelque chose que j'aimerais te dire ». Simon répondit:      « Maître, dis-le ». Alors Jésus répondit: « Un riche prêteur d'argent avait deux débiteurs. L'un lui devait cinq cents deniers, l'autre cinquante. Aucun des deux n'ayant de quoi le payer, il remit leur dette à tous deux. À ton avis, Simon, lequel des deux l'aimera le plus? Simon répondit: «Je suppose que c'est celui à qui il a remis le plus ». Et Jésus dit: « Tu as bien jugé ». Puis, montrant du doigt la femme, il poursuivit: « Simon, regarde bien cette femme. Je suis entré dans ta maison comme invité, et cependant tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds. Cette femme reconnaissante m'a lavé les pieds avec des larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné le baiser d'accueil amical, mais cette femme, depuis quelle est entrée, n'a pas cessé de m'embrasser les pieds. Tu as négligé d'oindre d'huile ma tête, mais elle a oint mes pieds avec une lotion précieuse. Que signifie tout ceci? Simplement que ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, ce qui l'a conduite à beaucoup aimer. Ceux qui n'ont reçu qu'un peu de pardon n'aiment parfois qu'un peu ». Puis Jésus se retourna vers la femme, la prit par la main, la fit lever, et dit: « En vérité, tu t'es repentie de tes péchés, et ils sont pardonnés. Ne te laisse pas décourager par le comportement irréfléchi et désagréable de tes semblables; va ton chemin dans la joie et la liberté du royaume des cieux.

À l'audition de ces paroles, Simon et ses convives furent encore plus étonnés et commencèrent à chuchoter entre eux: « Qui est cet homme qui ose même pardonner les péchés? » En les entendant murmurer ainsi, Jésus se retourna pour congédier la femme en disant: « Femme, va en paix, ta foi t'a sauvée ».

Lorsque Jésus se leva avec ses amis pour prendre congé, il se tourna vers Simon et dit: « Je connais ton coeur, Simon. Je sais combien tu es bouleversé par la peur et troublé par l'orgueil, mais je prie pour toi, pour que tu t'abandonnes à la lumière. Je prie pour que, dans ta situation, tu subisses de puissantes transformations de pensée et d'esprit, comparables aux prodigieux changements que l'évangile du royaume a déjà opérés dans le coeur de la convive qui n'était ni invitée ni bienvenue. Je vous déclare à tous que le Père a ouvert les portes du royaume céleste à tous ceux qui ont assez de foi pour y entrer. Nul homme et nulle association d'hommes ne peuvent fermer ces portes, même à l'âme la plus humble ou au pécheur supposé le plus flagrant de la terre s'ils désirent sincèrement y entrer ». Puis Jésus, Pierre, Jacques, et Jean, prirent congé de leur hôte et allèrent rejoindre les autres apôtres au camp, dans le jardin de Gethsémani.

Le même soir, Jésus fit aux apôtres le mémorable discours sur la valeur relative du statut auprès de Dieu et du progrès dans l'ascension éternelle du Paradis. Jésus dit: « Mes enfants, s'il existe un véritable lien vivant entre l'enfant et le Père, l'enfant est certain de progresser continuellement vers les idéaux du Père. Il est vrai que les progrès de l'enfant peuvent d'abord être lents, mais ils n'en sont pas moins sûrs. La chose importante n'est pas tant la rapidité de vos progrès que leur certitude. Vos accomplissements actuels sont moins importants que la direction de vos progrès vers Dieu. Ce que vous devenez jour après jour a infiniment plus d'importance que ce que vous êtes aujourd'hui.

« La femme convertie que trois d'entre vous ont vue tout à l'heure chez Simon vit actuellement sur un niveau très inférieur à celui de Simon et de ses amis bien intentionnés. Mais ces pharisiens s'occupent du progrès illusoire consistant à pratiquer des rites trompeurs dépourvus de signification, tandis que cette femme est partie résolument sur la route longue et mouvementée de la recherche de Dieu; son sentier vers le ciel n'est bloqué ni par l'orgueil spirituel ni par le contentement moral de soi. Humainement parlant, cette femme est beaucoup plus éloignée de Dieu que Simon, mais son âme suit un mouvement progressif; elle est en route pour un but éternel. Cette femme offre de prodigieuses possibilités spirituelles pour l'avenir. Certains d'entre vous peuvent ne pas se trouver à des niveaux réellement élevés d'âme et d'esprit, mais vous faites des progrès quotidiens vers Dieu sur le chemin vivant que votre foi a ouvert. Mieux vaut avoir une foi restreinte, mais vivante et croissante, que de posséder un puissant intellect avec son poids mort de sagesse temporelle et d'incrédulité spirituelle.

Jésus mit ses apôtres sérieusement en garde contre la folie de l'enfant de Dieu qui abuse de l'amour du Père. Il déclara que le Père céleste n'est pas un père négligent, détaché, ou sottement indulgent, toujours prêt à excuser le péché et à pardonner l'insouciance. Il recommanda à ses auditeurs de ne pas abuser de la comparaison en faisant apparaître Dieu comme semblable à certains parents malavisés et trop indulgents qui conspirent avec la folie de la terre pour consommer la ruine morale de leur progéniture écervelée, et qui contribuent ainsi certainement et directement à démoraliser de bonne heure leurs propres enfants et à en faire des délinquants. Jésus dit: « Mon Père n'excuse pas avec indulgence les pratiques de ses enfants quand elles mènent à la destruction automatique de toute croissance morale et à la ruine de tout progrès spirituel. Ces pratiques impies sont une abomination aux yeux de Dieu ».

Jésus assista à bien d'autres réunions et banquets semi-privés avec des grands et des humbles, avec       des riches et des pauvres de Jérusalem, avant de partir finalement avec ses apôtres pour Capharnaüm. Beaucoup de convives se mirent à croire à l'évangile du royaume et furent ensuite baptisés par Abner et  ses adeptes restés en arrière pour soutenir les intérêts du royaume à Jérusalem et aux environs.

6. -- LE RETOUR À CAPHARNAÜM

Au cours de la dernière semaine d'avril, Jésus et les douze quittèrent leur quartier général de Béthanie près de Jérusalem et commencèrent leur voyage de retour à Capharnaüm par la route de Jéricho et du Jourdain.

Les principaux prêtres et les chefs religieux des Juifs tinrent de nombreuses réunions secrètes pour décider du sort de Jésus. Ils étaient tous d'accord sur le point qu'il fallait faire quelque chose pour mettre fin à son enseignement, mais ils ne pouvaient s'entendre sur la méthode à employer. Ils avaient espéré que les autorités civiles disposeraient de Jésus de la manière dont Hérode avait mis fin à la carrière de Jean, mais ils découvrirent que Jésus conduisait ses opérations de telle sorte que les fonctionnaires romains n'étaient pas trop alarmés par ses sermons. En conséquence, à une réunion tenue la veille du départ de Jésus pour Capharnaüm, ils décidèrent qu'il fallait l'appréhender sous l'inculpation d'une infraction religieuse et le faire juger par le sanhédrin. Une commission de six espions secrets fut donc nommée pour suivre Jésus et observer ses paroles et ses actes. Quand cette commission aurait accumulé suffisamment de preuves de blasphèmes et de violations de la loi, elle devait revenir à Jérusalem avec son rapport. Les six Juifs rattrapèrent à Jéricho le groupe apostolique qui comptait une trentaine de membres. Sous prétexte qu'ils désiraient devenir des disciples, ils s'attachèrent à la famille des fidèles de Jésus et restèrent avec le groupe jusqu'au commencement de la seconde tournée de prédication en Galilée. Ensuite, trois d'entre eux retournèrent à Jérusalem pour soumettre leur rapport aux chefs des prêtres et au sanhédrin.

Pierre prêcha à la multitude assemblée au gué du Jourdain, et le lendemain matin le groupe remonta le fleuve vers Amathée. Les apôtres voulaient aller droit dans la direction de Capharnaüm, mais une foule si nombreuse se rassembla autour du gué qu'ils y restèrent trois jours à prier, à enseigner, et à baptiser. Ils ne repartirent vers leur foyer que le premier mai de bonne heure dans la matinée. C'était un jour de sabbat. Les espions de Jérusalem étaient maintenant certains de pouvoir formuler leur première accusation contre Jésus -- celle d'avoir violé le sabbat -- car il avait la présomption de commencer son voyage le jour du sabbat. Mais ils allaient être déçus car, juste avant le départ, Jésus appela André et lui donna devant toute la compagnie des instructions pour limiter le trajet à mille mètres, ce qui représentait la distance légale maximum pour un déplacement le jour du sabbat.

Toutefois, les espions m'eurent pas longtemps à attendre pour trouver l'occasion d'accuser Jésus et ses compagnons de violer le sabbat. Tandis que le groupe cheminait le long de la route étroite, il y avait des deux côtés, à portée de la main, du blé ondulant qui venait de mûrir, et certains apôtres, qui avaient faim, cueillirent des grains mûrs et les mangèrent. C'était la coutume pour les voyageurs de grappiller du blé en passant le long de la route, de sorte qu'aucune idée de mauvaise action ne s'attachait à cette manière de faire. Mais les espions saisirent cela comme prétexte pour attaquer Jésus. Quand ils virent André triturer  les grains dans sa main, ils allèrent à lui en disant: « Ne sais-tu pas qu'il est illicite de cueillir et de triturer   du blé le jour du sabbat? » André répondit: « Mais nous avons faim et nous n'en triturons que juste assez pour nos besoins. Depuis quand est-ce un péché de manger du blé le jour du sabbat? » Mais les pharisiens rétorquèrent: « Il n'y a rien de mal à en manger, mais tu violes la loi en cueillant le blé et en triturant les grains entre tes mains; ton Maître n'approuverait certainement pas ces agissements ». Alors André dit: « S'il n'est pas contraire à la loi de manger les grains, leur trituration entre les mains ne représente guère plus de travail que leur mastication, qui est permise. Alors pourquoi ergotez-vous sur de pareilles vétilles ». Lorsqu'André les traita d'ergoteurs, ils furent indignés et se précipitèrent vers Jésus qui marchait en causant avec Matthieu; ils protestèrent en disant: « Regarde, Maître, tes apôtres font ce qui est illégal le jour du sabbat; ils cueillent, triturent, et mangent du blé. Nous sommes surs que tu vas leur ordonner de cesser ». Jésus répondit aux accusateurs: « Vous avez en vérité beaucoup de zèle pour la loi, et vous faites bien de vous rappeler le jour du sabbat pour le garder sanctifié. Mais n'avez-vous jamais lu dans les Écritures qu'un jour où David avait faim il entra dans la maison de Dieu avec ses compagnons et mangea des pains de proposition (1) que nul n'avait le droit de manger sauf les prêtres? Et David donna aussi de ce pain à ceux qui étaient avec lui. Et n'avez-vous pas lu dans notre loi qu'on a le droit de faire beaucoup de choses utiles le jour du sabbat? Et ne vais-je pas vous voir, avant la fin de la journée, manger ce que vous avez emporté pour les besoins d'aujourd'hui? Mes bons amis, vous avez raison d'être des zélateurs du sabbat, mais vous feriez mieux de veiller à la santé et au bien-être de vos semblables. Je déclare que le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat. Si vous êtes ici avec nous pour surveiller mes paroles, alors je proclamerai ouvertement que le Fils de l'Homme est maître même du sabbat ».

  (1) Matthieu XII-4 et I Samuel XXI-3 à 6.

Les pharisiens furent confondus par son discernement et sa sagesse. Pendant le reste de la journée ils se tinrent cois et n'osèrent plus poser de questions.

L'antagonisme de Jésus envers les traditions juives et les rites serviles était toujours positif; il se traduisait par des actes et des affirmations. Le Maître passait peu de temps à des critiques négatives. Il enseignait que quiconque connaît Dieu peut jouir de la liberté de vivre sans se tromper lui-même par les licences du péché. Jésus dit aux apôtres: « Mes amis, si vous êtes éclairés par la vérité et si vous savez réellement ce que vous faites, vous êtes bénis; mais si vous ne connaissez pas la voie divine, alors vous êtes malheureux et vous violez déjà la loi ».

7. -- DE RETOUR À CAPHARNAÜM

C'est vers midi le lundi 3 mai que Jésus et les douze arrivèrent par le lac à Bethsaïde, venant de Tarichée. Ils avaient voyagé par bateau pour échapper à ceux qui les accompagnaient; mais dès le lendemain ceux-ci, y compris les espions officiels de Jérusalem, avaient rejoint Jésus.

Le mardi soir, alors que Jésus dirigeait l'une de ses conférences coutumières faites de questions et de réponses, le chef des six espions lui dit: « Je parlais aujourd'hui à l'un des disciples de Jean, ici présent pour assister à ton enseignement, et nous n'arrivions pas à comprendre pourquoi tu ne commandes jamais à tes disciples de jeûner et de prier comme nous autres pharisiens nous jeûnons, et comme Jean le recommande à ses disciples ». Jésus se référa à une affirmation de Jean et répondit à l'interrogateur: « Les garçons d'honneur jeûnent-ils pendant que le marié est avec eux ?(1) Tant que l'époux est avec eux, ils ne peuvent guère jeûner. Mais le temps arrive où l'époux sera enlevé, et alors les garçons d'honneur jeûneront et prieront indubitablement. La prière est naturelle aux enfants de lumière, mais le jeûne ne fait pas partie de l'évangile du royaume des cieux. Je vous rappelle qu'un bon tailleur ne coud pas un morceau de drap neuf et non décati sur un vieil habit, de crainte qu'au moment où le morceau sera mouillé il ne rétrécisse et ne produise une déchirure pire. Les hommes ne mettent pas non plus le vin nouveau dans de vieilles outres, de crainte que le vin nouveau ne fasse éclater les outres et que le vin et les outres ne soient perdus. Le sage met le vin nouveau dans des outres neuves. Mes disciples font donc preuve de sagesse en n'incorporant pas trop d'anciennes traditions dans le nouvel enseignement de l'évangile du royaume. Vous qui avez perdu votre instructeur Moïse, vous pouvez à juste titre jeûner un certain temps. Le jeûne fait peut-être correctement partie de la loi de Moïse mais, dans le royaume à venir, les fils de Dieu seront libérés de la peur et ils éprouveront de la joie dans l'esprit divin ». En entendant ces paroles, les disciples de Jean furent réconfortés, tandis que les pharisiens furent encore plus déconcertés.

  (1) Cf. Matthieu IX-14 et la suite.

Le Maître mit ensuite ses auditeurs en garde contre la notion que tous les anciens enseignements devaient être entièrement remplacés par de nouvelles doctrines. Jésus dit: « Ce qui est ancien, mais vrai, doit demeurer. De même, ce qui est nouveau, mais faux, doit être rejeté. Ayez le courage d'accepter ce qui est nouveau et vrai. Rappelez-vous qu'il est écrit: « N'abandonne pas un vieil ami, car le nouveau ne lui est pas comparable. Un nouvel ami est comme un vin nouveau; s'il devient vieux, tu le boiras avec bonheur ».

8. -- LA FÊTE DE LA BONTÉ SPIRITUELLE

Ce soir-là, longtemps après que les auditeurs habituels se fussent retirés, Jésus continua à enseigner ses apôtres. Il commença cette instruction spéciale en citant le prophète Isaïe (1):

  (1) Cf. Isaïe LVIII-3 à 12.

« Pourquoi avez-vous jeûné? Pour quelle raison mortifiez-vous votre âme, alors que vous trouvez plaisir à opprimer vos semblables et que vous vous délectez dans l'injustice? Voici, vous priez pour pouvoir contester et discuter, et pour frapper du poing avec méchanceté. Mais ce n'est pas en jeûnant de cette manière que vous ferez entendre votre voix au ciel.

« Est-ce là le jeûne que j'ai choisi -- un jour pour que l'homme afflige son âme? Faut-il qu'il baisse la      tête comme un roseau, qu'il se traîne avec le sac et la cendre? Oserez-vous appeler cela un jour faste et acceptable aux yeux du Seigneur? N'est-ce pas ici le jeûne que j'ai choisi: rompre les chaînes de l'iniquité, délier les noeuds des lourds fardeaux, renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs? Ne consiste-  t-il pas à partager mon pain avec l'affamé et à mener dans ma maison les pauvres qui errent sans asile? Et quand je verrai des gens nus, je les vêtirai.

« Alors ta lumière jaillira comme l'aurore et ta santé s'épanouira promptement. Ta droiture te précédera et la gloire de l'Éternel sera ton arrière-garde. Alors tu feras appel à l'Éternel, et il te répondra. Tu crieras, et il dira: Me voici. Il fera tout cela si tu t'abstiens d'opprimer, de condamner, et de montrer de la vanité. Le Père désire plutôt que tu prodigues ton coeur aux affamés et tes soins aux âmes affligées; alors ta lumière brillera dans les ténèbres, et ton obscurité ressemblera au soleil de midi. Alors l'Éternel te guidera continuellement, satisfaisant ton âme et renouvelant ta vigueur. Tu deviendras semblable à un jardin arrosé, à une source dont les eaux ne tarissent pas. Ceux qui font ces choses rétabliront les gloires ruinées; ils relèveront les souches de nombreuses générations; on les appellera les reconstructeurs des murs ébréchés, les rénovateurs des chemins sûrs que l'on peut fréquenter ».

Ensuite, durant de longues heures jusque tard dans la nuit, Jésus exposa à ses apôtres que c'était leur foi qui leur assurait la sécurité dans le royaume du présent et de l'avenir, et non le jeûne du corps et de l'âme.  Il exhorta les apôtres à vivre au moins à la hauteur des idées du prophète de jadis; il exprima l'espoir qu'ils progresseraient très loin, même au delà des idéaux d'Isaïe et des anciens prophètes. Ses dernières paroles furent les suivantes: « Grandissez en grâce par la foi vivante qui saisit le fait que vous êtes les fils de Dieu, et qui reconnaît en même temps chaque homme comme un frère ».

Il était plus de deux heures du matin lorsque Jésus cessa de parler et que les auditeurs se séparèrent pour aller dormir.

 

146. La première tournée de prédication en Galilée

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

 

LA PREMIÈRE TOURNÉE DE PRÉDICATION EN GALILÉE

LA première tournée de prédication publique en Galilée commença le samedi 18 janvier de l'an 28; elle dura environ deux mois et se termina par un retour à Capharnaüm le 17 mars. Au cours de cette tournée, Jésus et les douze apôtres, assistés des anciens apôtres de Jean, prêchèrent l'évangile et baptisèrent des croyants à Rimmon, Jotapata Rama, Zabulon, Iron, Gishala, Chorazin, Madon, Cana, Naïn, et Endor. Ils habitèrent dans ces villes pour y enseigner, tandis que dans beaucoup de villes moins importantes ils proclamaient l'évangile du royaume à leur passage.

C'était la première fois que Jésus permettait à ses associés de prêcher librement. Au cours de cette tournée, il ne les mit en garde qu'en trois occasions: il leur recommanda de ne pas aller à Nazareth et d'être discrets lors de leur passage à Capharnaüm et à Tibériade. Ce fut une grande source de satisfaction pour les apôtres de sentir qu'ils étaient enfin libres de prêcher et d'enseigner sans restriction. Ils se lancèrent avec beaucoup de sérieux et une grande joie dans la prédication de l'évangile, les soins aux malades, et le baptême des croyants.

1. -- PRÉDICATION À RIMMON

La petite ville de Rimmon avait jadis été vouée à l'adoration de Ramman, un dieu babylonien de l'air. Beaucoup d'enseignements babyloniens primitifs et d'enseignements ultérieurs de Zoroastre étaient encore inclus dans les croyances des Rimmonites; c'est pourquoi Jésus et les vingt-quatre consacrèrent beaucoup de temps à bien leur expliquer la différence entre ces anciennes croyances et le nouvel évangile du royaume. Pierre y prêcha sur «Aaron et le Veau d'Or », l'un des grands sermons du début de sa carrière.

Beaucoup de citoyens de Rimmon se mirent à croire aux enseignements de Jésus, mais ils causèrent de grandes difficultés à leurs coreligionnaires quelques années plus tard. Dans le court espace d'une seule vie, il est malaisé de convertir des adorateurs de la nature à la pleine communion de l'adoration d'un idéal spirituel.

Un grand nombre des meilleures conceptions babyloniennes et persanes sur la lumière et les ténèbres, le bien et le mal, le temps et l'éternité, furent incorporées plus tard dans les doctrines du christianisme actuel; leur inclusion rendit les enseignements chrétiens plus immédiatement acceptables aux peuples du Proche Orient. De la même manière, l'inclusion de nombreuses théories de Platon sur l'esprit idéal ou les archétypes invisibles de toutes les choses visibles et matérielles, telles que Philon les adapta à la théologie hébraïque, rendit les enseignements chrétiens de Paul plus faciles à accepter par les Grecs occidentaux.

Ce fut à Rimmon que Todan entendit pour la première fois l'évangile du royaume; il porta plus tard ce message en Mésopotamie et plus loin encore. Il fut parmi les premiers à prêcher la bonne nouvelle aux habitants d'au delà de l'Euphrate.

2. -- À JOTAPATA

Bien que les habitants de Jotapata eussent écouté Jésus et ses apôtres avec bonheur et que beaucoup d'entre eux eussent accepté l'évangile du royaume, c'est le discours de Jésus aux vingt-quatre, le second soir de leur séjour dans cette petite ville, qui fut l'événement marquant de la mission à Jotapata. Nathanael avait des pensées confuses sur les enseignements du Maître concernant la prière, les actions de grâces, et l'adoration. En réponse à ses questions, Jésus parla très longuement pour mieux expliquer son enseignement. Résumé en langage moderne, son discours peut être présenté comme mettant l'accent sur les points suivants:

   1. Quand un homme éprouve dans son coeur un respect conscient et persistant pour l'iniquité, il détruit graduellement la liaison établie par l'âme en prière avec les circuits spirituels de communication entre l'homme et son Créateur. Naturellement, Dieu entend la supplique de son enfant, mais si le coeur humain héberge délibérément et avec persistance des concepts d'iniquité, il s'ensuit que la communion personnelle entre l'enfant terrestre et son Père céleste se perd progressivement.

   2. Les prières incompatibles avec les lois de Dieu connues et établies sont en abomination aux Déités du Paradis. Si les hommes ne veulent pas écouter les Dieux parlant à leur création par les lois de l'esprit, de la pensée, et de la matière, cet acte de dédain conscient et délibéré des créatures détourne les personnalités spirituelles de prêter l'oreille aux requêtes personnelles de ces mortels anarchiques et désobéissants. Jésus cita à ses apôtres le passage suivant du Prophète Zacharie: « Mais ils refusèrent d'écouter et opposèrent une épaule revêche et se bouchèrent les oreilles pour ne pas entendre. Oui, ils rendirent leur coeur dur comme de la pierre, de crainte d'entendre ma loi et les paroles que mon esprit leur a envoyées par les prophètes; c'est pourquoi les résultats de leurs mauvaises pensées retombent comme un grand courroux sur leurs têtes coupables. Et il arriva qu'ils crièrent pour recevoir miséricorde, mais nulle oreille n'était ouverte pour les écouter » (1). Puis Jésus cita le proverbe du sage qui disait: « Si quelqu'un détourne son oreille d'écouter la loi divine, même sa prière sera une abomination » (2).

  (1) Cf. Zacharie VII-11 à 13.
  (2) Proverbes XXVIII-9.

   3. En ouvrant de leur côté le chenal reliant Dieu à l'homme, les mortels rendent immédiatement disponible le flot constant du ministère divin auprès des créatures des mondes. Quand un homme entend l'esprit de Dieu parler dans son coeur, cette expérience comporte en soi le corollaire que simultanément Dieu entend la prière de cet homme. Le pardon du péché opère de la même façon infaillible. Le Père céleste vous a pardonné avant même que vous ayez pensé à le lui demander, mais ce pardon n'est pas utilisable dans votre expérience religieuse personnelle avant le moment où vous pardonnez à votre prochain. En fait, le pardon de Dieu n'est pas conditionné par votre pardon à vos semblables, mais en expérience, tout se passe comme s'il l'était. Le synchronisme entre le pardon divin et le pardon humain était reconnu et inclus dans la prière enseignée par Jésus à ses apôtres.

   4. Il existe dans l'univers une loi fondamentale de justice, que la miséricorde est impuissante à tourner. Les gloires désintéressées du Paradis ne peuvent être reçues par une créature complètement égoïste des royaumes du temps et de l'espace. Même l'amour infini de Dieu ne peut imposer le salut de la survie éternelle à une créature qui ne choisit pas de survivre. La miséricorde dispose d'une grande latitude d'effusion, mais après tout, il y a des mandats de justice que l'amour, même conjugué à la miséricorde, ne peut efficacement abroger. Jésus cita de nouveau les Écritures hébraïques: « Je vous ai appelés, et vous n'avez pas voulu entendre; j'ai tendu la main, mais nul n'y a pris garde. Vous avez réduit à néant tous mes conseils et refusé mes reproches. À cause de ce comportement rebelle, il est inévitable que vous ne receviez pas de réponse quand vous ferez appel à moi. Ayant rejeté le chemin de la vie, vous pourrez me rechercher avec diligence à l'époque de vos souffrances, mais vous ne me trouverez point »(3).

  (3) Cf. Proverbes I-24 à 28.

   5. Quiconque veut recevoir miséricorde doit montrer de la miséricorde; ne jugez point afin de n'être pas jugés. C'est avec l'esprit dont vous jugez autrui que vous serez également jugés. La miséricorde n'abroge pas entièrement l'équité universelle. À la fin, il s'avérera que « quiconque ferme son oreille au cri du pauvre criera à l'aide un jour à son tour, et nul ne l'entendra ». La sincérité d'une prière est l'assurance qu'elle sera entendue. La sagesse spirituelle et la compatibilité universelle d'une demande déterminent le moment, le mode, et le degré de la réponse. Un père avisé ne répond pas à la lettre aux sottes prières de ses enfants ignorants et inexpérimentés, bien qu'en formulant des demandes absurdes ces enfants puissent éprouver beaucoup de plaisir et réellement satisfaire leur âme.

   6. Quand vous serez entièrement consacrés à faire la volonté du Père céleste, toutes vos demandes seront exaucées, parce que vos prières seront pleinement conformes à la volonté du Père, et que celle-ci est constamment manifeste dans son immense univers. Lorsqu'un véritable fils désire une chose et que le Père infini la veut, cette chose EXISTE. Une telle prière ne peut rester sans réponse, et nulle autre sorte de requête ne peut être pleinement exaucée.

   7. Le cri du juste est l'acte de foi de l'enfant de Dieu qui ouvre la porte de la maison du Père où sont tenues en réserve la bonté, la vérité, et la miséricorde; tous ces beaux présents attendent depuis longtemps que les fils s'approchent et se les approprient. La prière ne change pas le comportement de Dieu envers l'homme, mais elle change le comportement de l'homme envers le Père invariant. C'est le mobile d'une prière qui lui donne le droit d'accès à l'oreille divine, et non le statut social, économique, ou extérieurement religieux de celui qui prie.

   8. On ne doit employer la prière ni pour éluder les délais du temps, ni pour transcender les handicaps de l'espace. La prière n'est pas une technique destinée à se mettre en avant ou à obtenir des avantages injustes sur ses semblables. Une âme entièrement égoïste est incapable de prier au sens véritable du mot. Jésus dit: « Que votre délice suprême soit le caractère de Dieu, et il exaucera certainement les désirs sincères de votre coeur ». « Remettez vos voies au Seigneur, confiez-vous à lui, et il agira ». « Car le Seigneur entend le cri de l'indigent et il aura égard à la prière du miséreux».

   9. « Je suis venu du Père. Si donc vous avez jamais un doute sur ce qu'il faut demander au Père, demandez-le en mon nom; je présenterai votre supplique d'une manière adaptée à vos besoins et désirs réels, et conforme à la volonté de mon Père ». Gardez-vous contre le grand danger de devenir égocentriques dans vos prières. Évitez de prier beaucoup pour vous-mêmes; priez davantage pour le progrès spirituel de vos frères. Évitez les prières matérialistes; priez spirituellement et pour l'abondance des dons de l'esprit.

   10. Quand vous priez pour les malades et les affligés, ne vous attendez pas à ce que vos suppliques remplacent les soins affectueux et intelligents nécessaires à ces affligés. Priez pour le bonheur de votre famille, de vos amis, et de vos semblables, mais priez spécialement pour ceux qui vous maudissent, et faites des prières miséricordieuses pour ceux qui vous persécutent. « Quant au moment où il faut prier, je ne vous l'indiquerai pas. Seul l'esprit qui demeure en vous peut vous inciter à formuler les requêtes exprimant vos relations intérieures avec le Père des esprits ».

   11. Nombre de personnes n'ont recours à la prière qu'au moment où elles se trouvent en difficulté. Cette pratique est sotte et fallacieuse. Il est vrai que vous faites bien de prier quand vous êtes tourmentés, mais vous devriez également songer a parler à votre Père en tant que fils, même quand tout va bien pour votre âme. Que vos suppliques réelles soient toujours faites en secret. Ne laissez pas les hommes entendre vos prières personnelles. Les prières d'actions de grâces conviennent à des groupes d'adorateurs, mais la prière de l'âme est une affaire personnelle. La seule forme de prière qui convienne à tous les enfants de Dieu est:  « Néanmoins, que ta volonté soit faite ».

   12. Tous les croyants à cet évangile devraient prier sincèrement pour l'expansion du royaume des cieux. Parmi toutes les prières des Écritures hébraïques, c'est sur la supplique suivante du Psalmiste que Jésus fit les commentaires les plus approbateurs: « Crée en moi un coeur pur, O Dieu, et renouvelle en moi un esprit droit. Débarrasse-moi de mes péchés secrets et préserve ton serviteur de toute transgression présomptueuse » (4). Jésus fit de longs commentaires sur les relations entre la prière et les paroles étourdies et offensantes. Il cita le passage: « Mets une garde à ma bouche, O Éternel, et veille sur la porte de mes lèvres » (5). Et Jésus dit encore: « La langue humaine est un organe que peu d'hommes savent dompter, mais l'esprit intérieur peut transformer ce membre indiscipliné en une aimable voix de tolérance un vivifiant ministère de miséricorde »(6).

  (4) Psaume LI-10.
  (5) Psaume CXLI-3.
  (6) Cf. Jacques III-5 et 8.

   13. Jésus enseigna que, dans l'ordre d'importance, la prière pour connaître la volonté du Père occupe la première place. La prière pour recevoir les directives divines sur le sentier de la vie terrestre vient immédiatement après. En réalité, cela signifie que l'on prie pour obtenir la sagesse divine. Jésus n'enseigna jamais que l'on pouvait gagner des connaissances humaines et une habileté spéciale par la prière, mais il enseigna que la prière est un facteur dans l'expansion de notre aptitude à recevoir la présence de l'esprit divin. Quand Jésus apprenait à ses associés à prier en esprit et en vérité, il expliquait qu'il s'agissait de prier sincèrement et conformément aux lumières que l'on possède, de prier de tout coeur avec intelligence, sérieux, et persévérance.

   14. Jésus mit ses disciples en garde contre l'idée que leurs prières seraient rendues plus efficaces par des répétitions imagées, par une phraséologie éloquente, ou par des jeûnes, des pénitences, et des sacrifices. Mais il exhorta ses partisans à employer la prière pour s'élever à la véritable adoration au moyen des actions de grâces. Jésus déplorait de trouver si peu de l'esprit des actions de grâces dans les prières et le culte de ses disciples. À cette occasion, il fit la citation suivante des Écritures: «C'est une bonne chose que de rendre grâces à l'Éternel et de louer par des cantiques le nom du Très Haut, de reconnaître tous les matins sa tendre bonté et tous les soirs sa fidélité, car Dieu m'a rendu heureux par ses oeuvres. En toutes choses je rendrai grâces conformément à la volonté de Dieu » (1).

   15. Jésus dit ensuite: « Ne vous préoccupez pas constamment de vos besoins ordinaires. N'ayez pas d'appréhension au sujet du problème de votre existence terrestre. En toutes ces matières, par des prières  et des suppliques et dans un sincère esprit d'actions de grâces, exposez vos besoins au Père qui est aux cieux ». Puis il cita encore les Écritures: « Je louerai le nom du Seigneur par un cantique et je le magnifierai par mes actions de grâces. Cela plaira plus à l'Éternel qu'un boeuf ou un taureau avec ses cornes et son sabot divisé » (2).

  (1) Cf. Psaume XCII-1 et 2.
  (2) Psaume LXIX-30 et 31.

   16. Jésus enseigna à ses disciples qu'après avoir fait leur prière au Père ils devaient rester quelque temps dans un recueillement silencieux pour donner à l'esprit intérieur les meilleures chances de parler à l'âme attentive. C'est au moment où la pensée humaine est dans une attitude de sincère adoration que l'esprit du Père parle le mieux aux hommes. Nous adorons Dieu grâce à l'aide de l'esprit intérieur du Père et à l'illumination de la pensée humaine par le ministère de la vérité. Jésus enseigna que l'adoration rend l'adorateur de plus en plus semblable à l'être qu'il adore. L'adoration est une expérience transformatrice par laquelle le fini s'approche graduellement de l'Infini, et en dernier lieu atteint sa présence.

Jésus exposa encore beaucoup d'autres vérités sur la communion de l'homme avec Dieu, mais la plupart de ses apôtres ne pouvaient assimiler complètement son enseignement.

3. -- L'ARRÊT À RAMA

C'est à Rama que Jésus eut la mémorable discussion avec le vieux philosophe grec qui enseignait que la science et la philosophie sont suffisantes pour satisfaire les besoins de l'expérience humaine. Jésus écouta avec patience et sympathie cet éducateur grec et reconnut la vérité de bon nombre de ses affirmations. Mais lorsqu'il eut achevé son exposé, Jésus lui dit que, dans son analyse de l'existence humaine, il avait omis d'expliquer «d'où, pourquoi, et vers quoi ». Jésus ajouta: « C'est à l'endroit où tu finis que nous commençons. Pour l'âme humaine, la religion est une révélation traitant des réalités spirituelles que la pensée seule ne pourrait jamais découvrir ni sonder complètement. Les efforts intellectuels peuvent révéler les faits de la vie, mais l'évangile du royaume dévoile les vérités de l'existence. Tu as analysé les ombres matérielles de la vérité; veux-tu maintenant m'écouter pendant que je te parlerai des réalités éternelles et spirituelles qui projettent comme des ombres temporelles transitoires les faits matériels de l'existence? » Durant plus d'une heure, Jésus enseigna à ce Grec les vérités salutaires de l'évangile du royaume. Le vieux philosophe fut sensible au mode d'approche du Maître et, vu que son coeur était sincèrement honnête, il crut très vite à cet évangile de salut.

Les apôtres étaient un peu déconcertés par la manière franche dont Jésus avait donné son assentiment à de nombreuses propositions du Grec, mais un peu plus tard Jésus leur dit en privé: « Mes enfants, ne vous étonnez pas de ma tolérance pour la philosophie grecque. Une certitude intérieure véritable et authentique ne craint rien d'une analyse extérieure, pas plus que la vérité n'est froissée par une critique honnête. N'oubliez jamais que l'intolérance est le masque couvrant ceux qui entretiennent des doutes secrets sur la véracité de leurs croyances. Nul n'est jamais dérangé par le comportement de ses voisins s'il a parfaitement confiance dans la vérité qu'il croit de tout coeur. Le courage est la confiance des gens consciencieusement honnêtes au sujet des choses qu'ils professent de croire. Les hommes sincères ne craignent pas l'examen critique de leurs convictions profondes et de leurs nobles idéaux.

Le second soir à Rama, Thomas posa à Jésus la question suivante: «Maître, comment un néophyte de ton enseignement peut-il vraiment savoir, être réellement certain de la vérité de cet évangile du royaume? »

Jésus répondit à Thomas: « L'assurance que tu es entré dans la famille du royaume du Père, et que tu survivras éternellement avec les enfants du royaume, est entièrement une affaire d'expérience personnelle    -- de foi dans la parole de vérité. L'assurance spirituelle est l'équivalent de ton expérience religieuse personnelle dans les réalités éternelles de la vérité divine; en d'autres termes, elle est égale à ta compréhension intelligente des réalités de la vérité, augmentée de ta foi spirituelle et diminués de tes doutes honnêtes.

« Le Fils de l'Homme possède par nature la vie du Père. Vous avez été dotés de l'esprit vivant du Père; vous êtes donc fils de Dieu. Vous survivrez à la vie incarnée du monde matériel parce que vous êtes identifiés avec l'esprit vivant du Père, avec le don de la vie éternelle. En vérité, nombreux sont ceux qui avaient cette vie avant que je ne vienne ici de chez le Père, et de nombreux autres ont reçu cet esprit parce qu'ils ont cru à ma parole. Toutefois, je vous déclare qu'au moment ou je retournerai auprès du Père, il enverra son esprit dans le coeur de tous les hommes.

« Vous ne pouvez observer l'esprit divin à l'oeuvre dans votre pensée, mais il existe une méthode pratique pour découvrir le degré auquel vous avez abandonné le contrôle de vos pouvoirs psychiques à l'enseignement et aux directives de l'esprit intérieur venu du Père céleste: c'est le degré de votre amour pour vos semblables. Cet esprit du Père participe à l'amour du Père; quand il vous domine, il vous conduit infailliblement dans la direction de l'adoration divine et de la considération affectueuse pour votre prochain. Au début, vous croyez que vous êtes fils de Dieu parce que mon enseignement vous a rendus plus conscients des directives de la « présence intérieure » de notre Père; mais l'Esprit de Vérité sera bientôt répandu sur toute chair: il vivra parmi les hommes et les enseignera tous, comme moi-même je vis actuellement parmi vous et vous adresse des paroles de vérité. Cet Esprit de Vérité, parlant pour les dons spirituels de votre âme, vous aidera à savoir que vous êtes des fils de Dieu. Il témoignera infailliblement auprès de la « présence intérieure du Père », auprès de votre esprit, qui habitera alors tous les hommes, comme il en habite actuellement quelques-uns, et vous dira que vous êtes en réalité des fils de Dieu.

« Tout enfant terrestre qui suit les directives de cet esprit finira par connaître la volonté de Dieu, et quiconque s'abandonne à la volonté de mon Père vivra éternellement. Le chemin allant de la vie terrestre à l'état éternel ne vous a pas été décrit clairement. Il y a cependant un chemin, un chemin qui a toujours existé, et je suis venu le rendre nouveau et vivant. Quiconque entre dans le royaume a déjà la vie éternelle  -- il ne périra jamais. Vous comprendrez mieux tout ceci quand je serai retourné vers mon Père et que vous serez capables d'examiner rétrospectivement vos expériences actuelles ».

Tous ceux qui entendirent ces paroles bénies furent grandement encouragés. Les enseignements juifs au sujet de la survie des justes étaient confus et incertains. Il était donc reposant et vivifiant pour les disciples de Jésus d'entendre ces paroles très précises et positives promettant la survie éternelle à tous les croyants.

Les apôtres continuèrent à prêcher et à baptiser les croyants, tout en conservant l'habitude d'aller de porte en porte réconforter les déprimés et apporter leur ministère aux malades et aux affligés. L'organisation apostolique fut agrandie, en ce sens que chaque apôtre de Jésus avait désormais pour associé un apôtre de Jean le Baptiste. Abner était l'associé d'André. Ce plan prévalut jusqu'au moment où tous descendirent à Jérusalem pour la Pâque suivante.

Durant le séjour à Zabulon, l'instruction spéciale donnée par Jésus consista principalement en de nouvelles discussions sur les obligations réciproques dans le royaume. Elles comprenaient un enseignement destiné à clarifier les différences entre l'expérience religieuse personnelle et les bons rapports résultant des obligations religieuses sociales. Ce fut l'une des rares occasions où le Maître analysa les aspects sociaux de la religion. Durant son existence terrestre, Jésus donna très peu d'instructions à ses disciples au sujet de la socialisation de la religion.

À Zabulon, la population était de race mixte; les habitants n'étaient ni des Juifs ni des Gentils, et très peu d'entre eux crurent réellement en Jésus, bien qu'ils eussent entendu parler de la guérison des malades à Capharnaüm.

4. -- L'ÉVANGILE À IRON

À Iron, comme dans bien des villes de Galilée et de Judée, même les plus petites, il y avait une synagogue, et au début de son ministère Jésus avait l'habitude de prendre la parole dans ces synagogues le jour du sabbat. Parfois il prêchait à l'office du matin, et alors Pierre ou l'un des autres apôtres faisait un sermon l'après-midi. Bien souvent Jésus et les apôtres prêchaient également en semaine aux assemblées du soir à  la synagogue. Bien que les chefs religieux eussent pris de plus en plus violemment parti contre Jésus à Jérusalem, ils n'exerçaient aucun contrôle direct sur les synagogues en dehors de cette ville. C'est seulement à une époque plus tardive du ministère public de Jésus qu'ils réussirent à faire naître contre lui une opposition suffisamment générale pour provoquer la fermeture à peu près complète des synagogues à son enseignement. En cette année 28, toutes les synagogues de Galilée et de Judée lui étaient ouvertes.

Il y avait à Iron des mines très importantes pour l'époque, et Jésus n'avait jamais partagé la vie des mineurs. Durant son séjour à Iron, il passa donc la majeure partie de son temps dans les mines. Il y travailla avec les mineurs du fond, pendant que les apôtres visitaient les foyers et prêchaient sur les places publiques. La réputation de Jésus comme guérisseur s'était répandue même jusqu'à ce village lointain, et de nombreux malades et affligés cherchèrent secours auprès de lui. Beaucoup d'entre eux tirèrent grand profit de son ministère de guérison, mais dans aucun de ces cas, sauf dans celui du lépreux, le Maître n'accomplit de guérison dite miraculeuse.

Tard dans l'après-midi du troisième jour à Iron, Jésus revenant des mines et se dirigeant vers son logement passa par hasard dans une ruelle latérale où se trouvait la misérable masure d'un certain lépreux. Alors qu'il en approchait, le malade, qui avait entendu parler de la réputation de Jésus comme guérisseur, osa l'accoster au passage devant sa porte et s'agenouilla devant lui en disant: « Seigneur, si seulement tu le voulais, tu pourrais me purifier. J'ai entendu le message de tes disciples, et j'entrerais dans le royaume si je pouvais être purifié ». Le lépreux disait cela parce que, chez les Juifs, on interdisait aux lépreux d'assister aux offices de la synagogue ou de pratiquer tout autre culte public. Cet homme croyait réellement qu'il ne pouvait être reçu dans le royaume à venir avant d'avoir obtenu la guérison de sa lèpre. Lorsque Jésus le vit dans cette affliction et entendit ses paroles de foi opiniâtre, son coeur humain fut touché et sa pensée divine émue de compassion. Tandis que Jésus le regardait, l'homme tomba face contre terre en adoration. Alors le Maître étendit sa main, le toucha, et dit: « Je le veux -- sois pur. Et l'homme fut immédiatement guéri; la lèpre avait cessé de l'affliger.

Jésus releva l'homme et lui ordonna: « Prends garde de ne parler à personne de ta guérison, mais vaque plutôt en paix à tes affaires; montre-toi aux prêtres et offre les sacrifices commandés par Moïse en témoignage de ta purification ». Mais cet homme ne fit pas ce que Jésus lui avait ordonné; il répandit dans la localité la nouvelle que Jésus avait effacé sa lèpre, et comme il était connu dans tout le village, les gens pouvaient constater de visu qu'il avait été guéri de sa maladie. Il n'alla pas trouver les prêtres comme Jésus le lui avait prescrit. À la suite de la diffusion de la nouvelle que Jésus l'avait guéri, le Maître fut assailli par des malades au point qu'il fut obligé de se lever de bonne heure le lendemain et de quitter les lieux. Il n'y revint pas, mais resta deux jours dans les faubourgs, près des mines, en continuant à enseigner les mineurs croyants au sujet de l'évangile du royaume.

Cette guérison du lépreux fut le premier soi-disant miracle que Jésus ait accompli intentionnellement et délibérément jusqu'alors. Et il s'agissait d'un cas de lèpre réelle.

D'Iron le groupe partit pour Gischala, où il passa deux jours à proclamer l'évangile, puis il se rendit à Chorazin, où il consacra près d'une semaine à prêcher la bonne nouvelle sans pouvoir gagner beaucoup de croyants au royaume. En aucun endroit où Jésus enseigna, il ne rencontra un refus aussi général de son message. Le séjour à Chorazin fut très déprimant pour la plupart des apôtres; André et Abner eurent beaucoup de peine à soutenir le courage de leurs collègues. Puis ils traversèrent tranquillement Capharnaüm pour aller au village de Madon, où ils réussirent un peu mieux. Dans la pensée de la plupart des apôtres prévalait l'idée que leur échec dans les villes si récemment visitées provenait de l'insistance de Jésus pour que, ni dans leur enseignement ni dans leurs sermons, ils ne fassent allusion à lui en tant que guérisseur. Combien ils auraient désiré qu'il guérisse encore un lépreux ou manifeste son pouvoir d'une autre manière pour attirer l'attention de la population! Mais le Maître resta insensible à leurs instantes sollicitations.

5. -- DE RETOUR À CANA

Le groupe apostolique fut grandement encouragé lorsque Jésus annonça: «Demain nous irons à Cana ». Les apôtres savaient qu'ils y rencontreraient un auditoire sympathique, car Jésus y était bien connu. À Cana, ils réussissaient bien dans leurs efforts pour faire entrer des croyants dans le royaume lorsque Titus, un noble citoyen de Capharnaüm, arriva le troisième jour. Il ne croyait que partiellement, et son fils était très gravement malade. Ayant appris que Jésus était à Cana, il se hâta d'aller l'y trouver. Les croyants de Capharnaüm estimaient que Jésus pouvait guérir n'importe quelle maladie.

Lorsque ce noble eut rejoint Jésus, il le supplia de venir en hâte à Capharnaüm et de guérir son fils malade. Tandis que les apôtres attendaient la réponse en retenant leur respiration, Jésus regarda le père de l'enfant malade et dit: « Combien de temps vous supporterai-je? Le pouvoir de Dieu est au milieu de vous, mais à moins de voir des signes et de contempler des prodiges, vous refusez de croire ». Mais le noble implora Jésus et dit: « Seigneur, je crois, mais viens avant que mon enfant ne périsse, car au moment où je l'ai quitté il était à l'article de la mort ». Jésus baissa la tête, prit un instant de méditation silencieuse, puis reprit soudain: « Retourne chez toi, ton fils vivra ». Titus crut à la parole de Jésus et se hâta de retourner à Capharnaüm. À son retour, ses serviteurs sortirent à sa rencontre en lui disant: « Réjouis-toi, car l'état de ton fils s'est amélioré -- il est vivant ». Alors Titus leur demanda à quelle heure la convalescence avait commencé, et les serviteurs lui répondirent: « La fièvre l'a quitté hier soir vers sept heures ». Et le père se rappela que c'était à peu près l'heure où Jésus lui avait dit: « Ton fils vivra ». Titus crut désormais de tout coeur, et sa famille se mit également à croire. Son fils devint un puissant ministre du royaume et sacrifia plus tard sa vie avec ceux qui souffrirent à Rome. Toute la maisonnée de Titus, leurs amis, et même les apôtres considérèrent cet épisode comme un miracle, mais ce n'en était pas un. Du moins ce ne fut pas un miracle de guérison d'une maladie physique. C'était simplement un cas de pré-connaissance concernant le jeu d'une loi naturelle, le genre de connaissance auquel Jésus eut fréquemment recours après son baptême.

À nouveau, Jésus fut obligé de quitter hâtivement Cana à cause de l'intérêt excessif soulevé par le second épisode de cette sorte accompagnant son ministère dans ce village. Les habitants se souvenaient de l'eau et du vin, et maintenant que Jésus était supposé avoir guéri le fils du noble à une si grande distance, non seulement ils lui amenaient les malades et les affligés, mais ils lui envoyaient aussi des messagers lui demandant de guérir des malades à distance. Voyant que tout le pays était en effervescence, Jésus dit        « Allons à Naïn ».

6. -- LE FILS DE LA VEUVE DE NAÏN

Ces gens croyaient aux signes; c'était une génération cherchant des prodiges. À ce moment-là, les habitants de la Galilée centrale et méridionale s'étaient mis à penser à Jésus et à son ministère personnel en termes de miracles. Des dizaines, puis des centaines de personnes honnêtes, souffrant de désordres purement nerveux et affligées de troubles émotionnels, se présentaient devant Jésus puis retournaient chez elles en annonçant à leurs amis que Jésus les avait guéries. Ces gens ignorants et simples d'esprit considéraient les cas de guérison mentale comme des guérisons physiques et des cures miraculeuses.

Lorsque Jésus chercha à quitter Cana pour aller à Naïn, une grande multitude de croyants et une foule de curieux le suivirent. Ils voulaient voir des miracles et des prodiges et n'allaient pas être déçus. Tandis que Jésus et ses apôtres approchaient de la porte de la ville, ils croisèrent une procession funéraire se rendant au cimetière voisin pour y porter le fils unique d'une veuve de Naïn. Cette femme était très respectée, et la moitié du village suivait les porteurs du cercueil du garçon supposé mort. Lorsque le cortège arriva à la hauteur de Jésus et de sa suite, la veuve et ses amis reconnurent le Maître et le supplièrent de ramener le fils à la vie. Leur attente d'un miracle était portée à un tel diapason qu'ils croyaient Jésus capable de guérir n'importe quelle maladie humaine; pourquoi ce guérisseur ne pourrait-il pas aussi ressusciter les morts? Importuné de la sorte, Jésus s'avança, souleva le couvercle du cercueil, et examina le garçon. Il découvrit que le jeune homme n'était pas réellement mort et perçut la tragédie que sa présence pouvait éviter. Il se tourna donc vers la mère et dit « Ne pleure pas. Ton fils n'est pas mort il vit. Il te sera rendu ». Puis il prit le jeune homme par la main et dit: « Réveille-toi et lève-toi ». Et le garçon censément mort ne tarda pas à s'asseoir et à parler, et Jésus renvoya chacun chez soi.

Jésus s'efforça de calmer la multitude et tenta vainement d'expliquer que le garçon n'était pas réellement mort, qu'il ne l'avait pas ramené de la tombe, mais tout fut inutile. La foule qui le suivait et tout le village de Naïn furent excités au plus haut degré de frénésie émotive. Beaucoup furent saisis de peur, d'autres de panique, tandis que d'autres se mettaient à prier et à se lamenter sur leurs péchés. On ne put disperser que longtemps après la tombée de la nuit la foule qui poussait des clameurs. Bien entendu, malgré l'affirmation de Jésus que le garçon n'était pas mort, tout le monde répéta avec insistance qu'un miracle avait eu lieu et que le mort avait été ressuscité. Jésus eut beau leur dire que le garçon était simplement en catalepsie, ils expliquèrent que c'était sa manière de parler et attirèrent l'attention sur le fait que sa grande modestie l'incitait toujours à dissimuler ses miracles.

La nouvelle que Jésus avait ressuscité d'entre les morts le fils de la veuve se répandit donc dans toute la Galilée et en Judée, et un grand nombre de ceux qui l'apprirent y crurent. Jamais Jésus ne réussit à faire entièrement comprendre, même à ses apôtres, que le fils de la veuve n'était pas réellement mort au moment où il l'invita à se réveiller et à se lever. Toutefois Jésus les convainquit suffisamment pour faire supprimer l'épisode dans tous les écrits ultérieurs, sauf dans l'évangile de Luc qui le raconta tel qu'on le lui avait rapporté. À nouveau Jésus fut tellement assiégé en tant que guérisseur qu'il partit de bonne heure le lendemain matin pour Endor.

7. -- À ENDOR

À Endor, Jésus échappa pour quelques jours aux clameurs des foules réclamant la guérison physique. Durant le séjour en ce lieu, le Maître raconta, pour l'instruction des apôtres, l'histoire du roi Saül et de la sorcière d'Endor. Jésus exposa clairement à ses apôtres que les médians égarés et rebelles, qui avaient si souvent personnifié les esprits supposés des morts, seraient bientôt maîtrisés, de sorte qu'ils ne pourraient plus accomplir ces actes étranges. Il dit à ses disciples qu'après son retour auprès du Père, et après que le Père et lui auraient répandu leur esprit sur toute chair, ces êtres semi-spirituels -- appelés esprits impurs -- ne pourraient plus posséder les mortels ayant l'intelligence débile ou tournée vers le mal.

Jésus expliqua en outre à ses apôtres que les esprits des humains trépassés ne reviennent pas sur le   monde de leur origine pour communiquer avec les vivants. C'est seulement après l'écoulement d'un âge dispensationnel qu'il serait possible à l'esprit évolué de certains mortels de revenir sur terre, et même alors ce ne serait que dans des cas exceptionnels et comme un facteur de l'administration spirituelle de la planète.

Après deux jours de repos, Jésus dit à ses apôtres: « Retournons demain matin à Capharnaüm pour y demeurer et y enseigner pendant que les environs se calment. Entre temps, chez nous, ils se seront déjà partiellement remis de cette sorte d'excitation ».

 

145. Quatre journées mémorables à Capharnaüm

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

QUATRE JOURNÉES MÉMORABLES À CAPHARNAÜM

Jésus et les apôtres arrivèrent à Capharnaüm le soir du mardi 13 janvier de cet an 28. Comme à l'habitude, ils installèrent leur quartier général dans la maison de Zébédée à Bethsaïde. Maintenant que Jean le Baptiste avait été mis à mort, Jésus se prépara à inaugurer ouvertement sa première tournée de prédication publique en Galilée. La nouvelle du retour de Jésus se répandit rapidement dans la ville, et le lendemain matin de bonne heure Marie, mère de Jésus, se hâta de partir pour Nazareth afin de s'entretenir avec son fils Joseph.

Jésus passa le mercredi, le jeudi, et le vendredi chez Zébédée, instruisant ses apôtres et les préparant à leur première grande tournée de prédication publique. Il reçut aussi, soit isolément soit en groupes, un grand nombre d'investigateurs sérieux. Par le truchement d'André, il s'arrangea pour parler dans la synagogue le jour du sabbat suivant.

Tard le vendredi, Ruth, la plus jeune soeur de Jésus, lui rendit secrètement visite. Ils passèrent presque une heure ensemble dans un bateau ancré à courte distance du rivage. Nul être humain, sauf Jean Zébédée, ne connut jamais cette visite, et le Maître lui recommanda de n'en parler à personne. Ruth était le seul membre de la famille de Jésus qui ait cru, avec constance et sans défaillance, à la divinité de la mission terrestre de son frère dès qu'elle eut acquis une conscience spirituelle et tout au long du ministère mouvementé de Jésus, de sa mort, de sa résurrection, et de son ascension. Finalement, elle passa dans les mondes de l'au-delà sans avoir jamais douté du caractère surnaturel de la mission incarnée de son frère-père. En ce qui concernait sa famille terrestre, la petite Ruth fut la principale consolation de Jésus durant les cruelles épreuves de son jugement, de sa condamnation, et de sa crucifixion.

1. -- LE FRUCTUEUX COUP DE FILET

Le vendredi matin de la même semaine, tandis que Jésus enseignait sur le rivage, son auditoire le serra de tellement près au bord de l'eau qu'il fit signe à des pêcheurs occupant un bateau voisin de venir à son secours. Il monta dans le bateau et continua pendant plus de deux heures à enseigner la foule assemblée. Cet esquif s'appelait « Simon »; c'était l'ancien bateau de pêche de Simon Pierre, et il avait été construit des propres mains de Jésus. Ce matin-là, il était utilisé par David Zébédée et deux amis qui venaient de retourner vers la côte après une nuit de pêche infructueuse sur le lac. Ils nettoyaient et réparaient leurs filets au moment où Jésus fit appel à leur assistance.

Après que Jésus eut fini d'enseigner la foule, il dit à David: « Tu as perdu du temps en venant à mon secours, alors permets-moi de travailler avec toi. Allons pêcher. Dirige-toi vers les fonds qui sont là-bas, et jette tes filets pour une prise ». Mais Simon, l'un des aides de David, répondit: «Maître, c'est inutile. Nous avons peiné toute la nuit et nous n'avons rien pris; toutefois, puisque tu le demandes, nous allons sortir et lancer les filets ». Simon consentit à suivre les directives de Jésus parce que son patron David lui avait fait signe d'un geste. Quand ils furent arrivés à l'endroit désigné par Jésus, ils immergèrent leurs filets et prirent une telle quantité de poissons qu'ils craignirent de voir leurs filets se déchirer; ils firent signe à leurs associés restés au bord du rivage de venir à la rescousse. Lorsqu'ils eurent rempli les trois bateaux de poissons presque au point de les faire chavirer, Simon tomba aux genoux de Jésus en disant: «Écarte-toi de moi, Maître, car je suis coupable ». Simon et tous les participants à cet épisode furent stupéfaits de ce fructueux coup de filet. À partir de ce jour, David Zébédée, son aide Simon, et leurs associés abandonnèrent leurs filets et suivirent Jésus.

Ce ne fut en aucun sens une pêche miraculeuse. Jésus avait étudié de près la nature; il était un pêcheur expérimenté et connaissait les habitudes des poissons dans la Mer de Galilée. En cette occasion, il avait simplement dirigé les pêcheurs vers l'endroit où les poissons se trouvaient généralement à cette heure-là de la journée. Mais les disciples de Jésus considérèrent toujours le fait comme un miracle.

2. -- UN APRÈS-MIDI À LA SYNAGOGUE

Lors du sabbat suivant, au service de l'après-midi dans la synagogue, Jésus prêcha son sermon sur « La Volonté du Père qui est aux Cieux ». Le matin, Pierre avait prêché sur « Le Royaume ». À la réunion du jeudi soir à la synagogue, André avait enseigné en prenant pour sujet: « La Nouvelle Voie ». À cette date, le nombre de personnes qui croyaient en Jésus était plus élevé à Capharnaüm que dans toute autre ville de la terre.

Cet après-midi de sabbat, tandis que Jésus enseignait dans la synagogue et prenait, conformément à la coutume, son premier texte dans La Loi, il lut dans le Livre de l'Exode: « Tu serviras le Seigneur, ton Dieu, et il bénira ton pain et ton eau, et toute maladie sera ôtée de toi (1) » Il choisit son second texte dans Les Prophètes et lut dans Isaïe: « Lève-toi et resplendis, car ta lumière est venue et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi. L'obscurité peut couvrir la terre, et de profondes ténèbres recouvrir le peuple, mais l'esprit de l'Éternel se lèvera sur toi, et l'on verra la gloire divine t'accompagner. Même les Gentils viendront vers cette lumière, et beaucoup de grands penseurs s'abandonneront à son éclat » (2).

  (1) Exode XXIII-25.
  (2) Isaïe LX-1 à 3.

Ce sermon fut un effort de la part de Jésus pour exposer clairement le fait que la religion est une expérience personnelle. Entre autres choses, le Maître dit:

Vous savez bien que si un père au coeur tendre aime sa famille comme un tout, il la considère comme un groupe à cause de sa solide affection pour chaque membre de cette famille. Il faut cesser d'approcher le Père en tant qu'enfant d'Israël, mais le faire comme enfant de Dieu. En tant que groupe, vous êtes en vérité les enfants d'Israël, mais à titre individuel chacun de vous est un enfant de Dieu. Je ne suis pas venu révéler le Père aux enfants d'Israël, mais plutôt apporter individuellement aux croyants la connaissance de Dieu et la révélation de son amour et de sa miséricorde, en tant qu'expérience personnelle authentique. Les prophètes ont tous enseigné que Jéhovah rend soin de son peuple, que Dieu aime Israël. Moi je suis venu parmi vous proclamer une vérité plus grande, une vérité que beaucoup des derniers prophètes avaient déjà saisie, la vérité que Dieu vous aime -- chacun de vous -- en tant qu'individus. Pendant toutes ces générations vous avez eu une religion raciale ou nationale; maintenant je suis venu vous donner une religion personnelle.

« Ce n'est même pas une idée nouvelle. Parmi vous, bien des personnes spirituellement douées ont connu cette vérité, car certains prophètes vous l'ont enseignée. N'avez-vous pas lu dans les Écritures le passage où le Prophète Jérémie dit: « En ces jours on ne dira plus: les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants ont été agacées. Chaque homme mourra pour sa propre iniquité; tout homme qui mangera des raisins verts aura ses propres dents agacées. Voici, les jours viennent où je ferai une nouvelle alliance avec mon peuple, non selon l'alliance que j'ai conclue avec leurs pères quand je les ai fait sortir de la terre d'Égypte, mais selon la nouvelle voie. J'écrirai ma loi dans leur coeur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Ce jour-là un homme ne dira plus à son voisin: Connais-tu l'Éternel? Non! Car ils me connaîtront tous personnellement depuis le plus humble jusqu'au plus grand » (3).

  (3) Cf. Jérémie XXXI-29 à 34.

« N'avez-vous pas lu ces promesses? Ne croyez-vous pas aux Écritures? Ne comprenez-vous pas que les paroles du prophète sont accomplies par ce que vous voyez aujourd'hui même? Jérémie ne vous a-t-il pas exhorté à faire de la religion une affaire du coeur, à vous lier à Dieu en tant qu'individus? Le prophète ne vous a-t-il pas dit que le Dieu du ciel sonderait le coeur de chacun? Et n'avez-vous pas été avertis que par nature le coeur humain est plus trompeur que tout, et souvent désespérément pervers?

« N'avez-vous pas lu aussi le passage où Ezéchiel a enseigné à vos pères que la religion doit devenir une réalité dans votre expérience individuelle? Vous cesserez d'employer le proverbe qui dit: « Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants ont été agacées ». « Aussi sûrement que je suis vivant, dit le Seigneur Dieu, voici, toutes les âmes sont à moi, l'âme du père comme celle du fils. Seule mourra l'âme pécheresse » (4). Ensuite Ezéchiel prévit même le présent jour lorsqu'il annonça de la part de Dieu: «Je vous donnerai aussi un nouveau coeur, et je mettrai en vous un nouvel esprit».

  (4) Ezéchiel XVIII-2 et la suite.

« Vous devriez cesser de craindre que Dieu punisse une nation pour le péché d'un individu. Le Père céleste ne punira pas non plus un de ses enfants croyants pour le péché d'une nation, bien qu'un membre individuel d'une famille doive souvent supporter les conséquences matérielles des fautes familiales et des transgressions collectives. Ne saisissez-vous pas que l'espoir d'une nation meilleure -- ou d'un monde meilleur -- est lié au progrès et à l'éclairement des individus? »

Ensuite le Maître expliqua que le Père céleste (après que les hommes aient discerné cette liberté spirituelle) veut que ses enfants terrestres commencent l'ascension éternelle de la carrière du Paradis. Celle-ci consiste en une réponse consciente de la créature à l'invitation divine de l'esprit intérieur qui la pousse à trouver le Créateur, à connaître Dieu, et à chercher à lui ressembler.

Les apôtres furent grandement aidés par ce sermon. Ils comprirent tous plus pleinement que l'évangile du royaume est un message destiné aux individus, et non à la nation.

Bien que les habitants de Capharnaüm fussent habitués à l'enseignement de Jésus, ils furent étonnés par son sermon de ce jour de sabbat. En vérité, il enseigna avec autorité, et non comme les scribes.

Juste au moment où Jésus finissait de parler, un jeune homme de la congrégation, qui avait été très agité par ses paroles, fut saisi d'une violente attaque d'épilepsie et poussa de grands cris. À la fin de la crise, lorsqu'il reprit conscience, il parla dans un état de rêve et dit: « Qu'avons-nous à faire avec toi, Jésus de Nazareth? Tu es le saint de Dieu; es-tu venu pour nous détruire? » Jésus pria l'assistance de rester tranquille, prit le jeune homme par la main, et dit: « Sors de cet état » -- et le garçon fut immédiatement réveillé.

Ce jeune homme n'était pas possédé par un esprit impur, un démon; il était victime d'une épilepsie ordinaire. Mais on lui avait fait croire que son infirmité provenait du fait qu'il était possédé par un démon. Il y croyait, et se comportait en conséquence dans tout ce qu'il pensait ou disait au sujet de sa maladie. Toute la population croyait que ces phénomènes étaient directement causés par la présence d'esprits impurs. Elle crut donc que Jésus avait chassé un démon de cet homme (5) -- mais ce n'est pas à ce moment-là que Jésus guérit cet épileptique. Comme on va le voir, c'est plus tard dans la même journée, après le coucher du soleil, que ce jeune homme fut réellement guéri. Longtemps après la Pentecôte, l'Apôtre Jean, qui fut le dernier à relater par écrit les actes de Jésus, évita toute allusion à ces soi-disant « expulsions de démons » en raison du fait qu'après la Pentecôte il ne se produisit plus jamais de cas de possession par des démons.

  (5) Cf. Luc IV-31 à 37; Marc I-21 à 27.

À la suite de cet incident banal, l'histoire se répandit rapidement dans Capharnaüm que Jésus avait chassé un démon d'un homme qui s'était trouvé miraculeusement guéri dans la synagogue à la fin de son sermon de l'après-midi. Le sabbat était le moment propice pour la diffusion rapide et efficace de cette rumeur sensationnelle. L'histoire fut également transmise aux hameaux des environs de Capharnaüm et beaucoup de gens y crurent.

Dans la grande maison de Zébédée, où Jésus et les douze avaient établi leur quartier général, la majeure partie de la cuisine et du ménage était faite par la femme de Simon Pierre et la mère de celle-ci. La maison de Pierre était proche de celle de Zébédée. Jésus et ses amis s'y arrêtèrent en revenant de la synagogue, parce que la belle-mère de Pierre souffrait depuis plusieurs jours de refroidissement et de fièvre. Il se trouva par hasard que la fièvre la quitta au moment où Jésus était debout auprès d'elle, tenant sa main, lui caressant le front, et lui prodiguant des paroles de consolation et d'encouragement. Jésus n'avait pas encore eu le temps d'expliquer à ses apôtres qu'il ne s'était produit aucun miracle à la synagogue. Ayant cet incident tout frais et vivace dans leur mémoire, et se rappelant l'eau et le vin de Cana, ils prirent cette coïncidence pour un nouveau miracle, et plusieurs d'entre eux sortirent précipitamment pour en répandre la nouvelle dans la ville.

Anatha, la belle-mère de Pierre, souffrait de malaria. Elle non plus ne fut pas miraculeusement guérie par Jésus à ce moment-là. C'est seulement plusieurs heures plus tard, après le coucher du soleil, que sa guérison survint en relation avec l'événement extraordinaire qui se produisit dans la cour devant la maison de Zébédée.

Ces cas sont typiques de la manière dont une génération cherchant des prodiges et un peuple imaginant des miracles saisirent infailliblement toutes ces coïncidences comme prétexte pour proclamer qu'un nouveau miracle avait été accompli par Jésus.

3. -- LA GUÉRISON AU COUCHER DU SOLEIL

Au moment où Jésus et ses apôtres s'apprêtaient à prendre leur repas du soir à la fin de ce mémorable  jour de sabbat, tout Capharnaüm et ses environs étaient en émoi au sujet des prétendues guérisons miraculeuses. Tous les gens malades ou souffrants se préparèrent à aller trouver Jésus ou à se faire transporter près de lui dès que le soleil se serait couché. D'après les enseignements juifs, il était même interdit de rechercher la santé durant les heures sacrées du sabbat.

Donc, aussitôt que le soleil eut disparu à l'horizon, des centaines d'hommes, de femmes, et d'enfants souffrants commencèrent à se diriger vers la maison de Zébédée à Bethsaïde. Un homme partit avec sa fille paralysée dès que le soleil eut disparu derrière la maison de son voisin.

Les événements de la journée avaient préparé le cadre de cette scène extraordinaire au coucher du soleil. Même le texte que Jésus avait employé pour son sermon de l'après-midi laissait entendre que la maladie devait être bannie. Et il avait parlé avec une puissance et une autorité sans précédent! Son message était irrésistible! Sans avoir fait appel à l'autorité humaine, il avait parlé directement à la conscience et à l'âme des gens. Il n'avait eu recours ni à la logique, ni à des arguties de la loi, ni à des explications ingénieuses, mais il avait fait un puissant appel, direct, clair, et personnel, au coeur de chacun de ses auditeurs.

Ce sabbat fut un grand jour dans la vie terrestre de Jésus, et même dans la vie d'un univers. À tous égards en ce qui concernait l'univers local, la petite ville juive de Capharnaüm fut alors la capitale de Nébadon. La poignée de Juifs dans la synagogue de Capharnaüm ne représentait nullement les seuls êtres qui entendirent l'importante proclamation clôturant le sermon de Jésus: « La haine est l'ombre de la peur; la vengeance est le masque de la lâcheté ». Les auditeurs ne purent jamais oublier non plus ses paroles bénies proclamant que « l'homme est le fils de Dieu, et non un enfant du démon ».

Peu après le coucher du soleil, alors que Jésus et les apôtres s'attardaient encore autour de la table du souper, la femme de Pierre entendit des voix dans la cour de devant et alla regarder à la porte. Elle vit qu'un grand nombre de malades se rassemblaient et que la route venant de Capharnaüm était encombrée d'arrivants qui venaient chercher la guérison des mains de Jésus. À ce spectacle, elle repartit immédiatement informer son mari, qui prévint Jésus.

Lorsque le Maître arriva sur le perron de la maison de Zébédée, son regard rencontra des rangs serrés d'infirmes et d'affligés. Il aperçut près de mille êtres humains malades et souffrants; c'était du moins le nombre de personnes assemblées devant lui, mais toutes n'étaient pas en mauvaise santé. Quelques-unes étaient venues assister ceux qu'elles aimaient dans leur effort pour obtenir la guérison.

La vue de ces mortels accablés, hommes, femmes, et enfants, souffrant en grande partie par suite des fautes et des transgressions commises par ses propres Fils auxquels il avait confié l'administration de l'univers, toucha particulièrement les sentiments humains de Jésus et mit au défi la divine miséricorde de ce bienveillant Fils Créateur. Jésus savait bien qu'il ne pourrait jamais créer un mouvement spirituel durable en s'appuyant sur des prodiges purement matériels. Il avait suivi avec persévérance la ligne de conduite consistant à ne pas faire valoir ses prérogatives de créateur. Depuis Cana, rien de surnaturel ni de prodigieux n'avait accompagné son enseignement. Néanmoins, cette multitude affligée de maux toucha son coeur compatissant et fit un puissant appel à sa tendresse compréhensive.

De la cour de devant partit une voix criant: « Maître, prononce la parole, guéris nos malades, et sauve nos âmes ». À peine ces mots eurent-ils été prononcés qu'une immense légion de séraphins, de contrôleurs physiques, de Porteurs de Vie, et de médians, semblable à celle qui accompagnait toujours ce Créateur incarné d'un univers, s'apprêta à manifester son pouvoir créatif si son Souverain lui en donnait le signal. Ce fut l'un des moments de la carrière terrestre de Jésus où la sagesse divine et la compassion humaine se trouvèrent tellement enchevêtrées dans le jugement du Fils de l'Homme qu'il chercha refuge en faisant appel à la volonté de son Père.

Lorsque Pierre implora le Maître de prêter l'oreille à ces cris de détresse, Jésus abaissa son regard sur la foule des malades et dit: « Je suis venu dans le monde pour révéler le Père et pour établir le royaume. J'ai vécu jusqu'à ce jour ma vie dans ce dessein. Si cependant c'était la volonté de Celui qui m'a envoyé, et si ce n'était pas incompatible avec ma consécration à proclamer l'évangile du royaume céleste, je désirerais voir mes enfants guéris -- et .. ». le reste de ses paroles se perdit dans le tumulte.

Jésus avait transféré à son Père la responsabilité de la décision de guérir. Evidemment la volonté du Père n'opposa aucune objection, car à peine les paroles du Maître eurent-elles été prononcées que l'ensemble des personnalités célestes servant sous le commandement de l'Ajusteur de Pensée Personnalisé de Jésus fut puissamment mobilisé. La vaste légion descendit au milieu de cette foule bigarrée de mortels souffrants, et en quelques instants hommes, femmes, et enfants furent guéris, parfaitement guéris de toutes leurs maladies physiques et de leurs autres troubles de santé. Jamais on n'avait vu pareille scène sur terre avant ce jour, et jamais on n'en a revu depuis lors. Pour ceux d'entre nous qui étaient présents et virent ce flot d'énergie curative, ce fut vraiment un spectacle passionnant.

Parmi tous les êtres stupéfaits par cette explosion soudaine et inattendue de guérison surnaturelle, Jésus fut le plus surpris. À un moment où sa sympathie et son intérêt humains étaient centrés sur la scène de souffrance et d'affliction étalée devant lui, il avait négligé de garder présentes à sa pensée humaine les recommandations de son Ajusteur Personnalisé au sujet du temps. L'Ajusteur l'avait averti que, sous certaines conditions et dans certaines circonstances, il était impossible de limiter l'élément temps dans les prérogatives créatrices d'un Fils Créateur. Jésus désirait voir ces malades rendus bien portants si cela n'était pas contraire à la volonté de son Père. L'Ajusteur Personnalisé de Jésus décida instantanément qu'un tel acte d'énergie créative accompli à ce moment-là ne transgresserait pas la volonté du Père du Paradis. Par cette décision compte tenu de l'expression préalable du désir de guérison de Jésus -- l'acte créatif exista. Ce qu'un Fils Créateur désire et que son Père veut EXISTE. Dans toute la vie ultérieure de Jésus sur terre, jamais plus une telle guérison physique massive de mortels n'eut lieu.

Comme on pouvait s'y attendre, la renommée de cette guérison au coucher du soleil à Bethsaïde, le port de Capharnaüm, se répandit dans toute la Galilée et la Judée, ainsi que dans des régions plus lointaines. Une fois de plus les craintes d'Hérode furent éveillées; il envoya des observateurs pour lui rendre compte de l'oeuvre et des enseignements de Jésus, et aussi pour savoir s'il était l'ancien charpentier de Nazareth, ou bien Jean le Baptiste ressuscité d'entre les morts.

Durant le reste de sa carrière terrestre, et principalement à cause de cette démonstration involontaire de guérison physique, Jésus devint autant un médecin qu'un prédicateur. Il est vrai qu'il continua son enseignement, mais son travail personnel consistait surtout en soins donnés aux malades et aux affligés, tandis que ses apôtres s'occupaient de prêcher en public et de baptiser les croyants.

La majorité de ceux qui profitèrent de la guérison physique surnaturelle, ou créative, lors de cette démonstration d'énergie divine au coucher du soleil, ne tirèrent pas un bénéfice spirituel permanent de cette extraordinaire manifestation de miséricorde. Un petit nombre d'entre eux furent vraiment édifiés par ce ministère physique, mais cette stupéfiante manifestation curative indépendante du temps ne fit aucunement progresser le royaume spirituel dans le coeur des hommes.

Les guérisons miraculeuses qui accompagnèrent de temps à autre la mission de Jésus sur terre ne faisaient pas partie de son plan pour proclamer le royaume. Elles furent incidentes et inhérentes à la présence sur terre d'un être divin jouissant de prérogatives créatrices presque illimitées, en association avec une combinaison sans précédent de miséricorde divine et de compassion humaine. Toutefois, ces prétendus miracles valurent beaucoup de désagréments à Jésus, en ce sens qu'ils lui procurèrent une publicité soulevant des préventions et lui apportèrent une notoriété qu'il ne désirait pas.

4. -- LA FIN DE LA SOIRÉE

Durant toute la soirée qui suivit ce grand déchaînement de guérisons, la foule heureuse et réjouie envahit la maison de Zébédée, et l'enthousiasme émotif des apôtres de Jésus s'éleva à son plus haut diapason. Du point de vue humain, ce fut probablement le plus grand jour de tous les grands jours de leur association avec Jésus. Jamais avant ni après leurs espoirs ne s'élevèrent à de telles hauteurs d'expectative confiante. Quelques jours seulement auparavant, alors qu'ils étaient encore à l'intérieur des frontières de la Samarie, Jésus leur avait dit que l'heure était venue où le royaume devait être proclamé en puissance, et maintenant ils avaient vu de leurs propres yeux ce qu'ils supposaient être l'accomplissement de cette promesse. Ils étaient passionnés par la vision de ce qui allait arriver si cette stupéfiante manifestation de pouvoir curatif n'était qu'un commencement. Les doutes qui flottaient encore chez eux sur la divinité de Jésus furent bannis. Ils étaient littéralement enivrés et abasourdis par l'extase de leur enchantement.

Mais quand ils cherchèrent Jésus, ils ne purent le trouver. Le Maître était fort troublé de ce qui s'était produit. Les hommes, femmes, et enfants qui avaient été guéris de diverses maladies s'attardèrent longtemps dans la soirée, espérant que Jésus reviendrait et qu'ils pourraient le remercier. Voyant les heures passer et le Maître rester dans l'isolement, les apôtres ne parvenaient pas à comprendre sa conduite; sans la persistance de son absence, leur joie aurait été complète et parfaite. Lorsque Jésus revint, il était tard, et pratiquement tous les bénéficiaires de la guérison étaient rentrés chez eux. Jésus refusa les félicitations et l'adoration des douze et des retardataires restés pour le saluer; il se borna à dire: « Ne vous réjouissez pas de ce que mon Père ait le pouvoir de guérir le corps, mais plutôt de ce qu'il ait la puissance de sauver l'âme. Allons nous reposer, car demain il faudra nous occuper des affaires du Père ».

À nouveau déçus, perplexes, et le coeur attristé, les douze hommes allèrent se coucher mais, sauf les jumeaux, peu d'entre eux dormirent beaucoup cette nuit-là. À peine le Maître faisait-il quelque chose pour encourager l'âme et réjouir le coeur de ses apôtres, qu'il semblait immédiatement mettre en pièces leurs espoirs et démolir de fond en comble leur courage et leur enthousiasme. Tandis que ces pêcheurs désorientés se regardaient les uns les autres dans les yeux, ils n'avaient qu'une pensée: « Nous ne pouvons le comprendre. Que signifie tout cela? »

5. -- DE BONNE HEURE LE DIMANCHE MATIN

Jésus ne dormit pas non plus beaucoup cette nuit de samedi. Il se rendit compte que le monde était plein de détresse et de difficultés matérielles. Il prévit le grand danger qu'il y aurait à être obligé de consacrer aux soins des malades et des affligés une partie de son temps si importante que cela interférerait avec sa mission d'établir le royaume spirituel dans le coeur des hommes, ou tout au moins que cela subordonnerait sa mission à des facteurs physiques. À cause de ces idées, et d'autres idées similaires, qui occupèrent la pensée humaine de Jésus durant la nuit, il se leva le dimanche matin bien avant l'aurore et se rendit seul dans un des sites retirés qu'il préférait pour communier avec le Père.

En cette heure matinale, Jésus prit pour thème de prière la sagesse et le jugement; il voulait empêcher sa compassion humaine, jointe à sa miséricorde divine, de l'influencer en présence des souffrances matérielles au point que tout son temps serait occupé à des cures physiques au détriment du domaine spirituel. Il ne souhaitait pas éviter complètement de soigner les malades, mais il savait qu'il lui faudrait également accomplir son oeuvre plus importante d'enseignement spirituel et d'éducation religieuse.

Jésus s'en allait souvent prier dans la montagne parce qu'il n'avait pas de local isolé pour faire ses dévotions personnelles.

Pierre ne put dormir cette nuit-là; peu après que Jésus fit sorti pour prier, il réveilla de très bonne heure Jacques et Jean, et tous trois allèrent trouver leur Maître. Après plus d'une heure de recherches, ils découvrirent Jésus et le supplièrent de leur donner les raisons de son étrange conduite. Ils désiraient savoir pourquoi il était troublé par la puissante effusion de l'esprit de guérison, alors que tous les gens débordaient de joie et que ses apôtres se réjouissaient tellement.

Durant plus de quatre heures, Jésus s'efforça d'expliquer aux trois apôtres ce qui était arrivé. Il leur apprit ce qui s'était passé et leur exposa les dangers de ce genre de manifestations. Jésus leur confia le motif pour lequel il était allé prier à l'écart. Il chercha à faire comprendre à ses collaborateurs immédiats les vraies raisons pour lesquelles on ne pouvait bâtir le royaume du Père ni sur l'accomplissement de prodiges, ni sur des guérisons physiques. Mais ils ne parvenaient pas à comprendre cet enseignement.

Entre temps, tôt dans la matinée du dimanche, beaucoup d'autres âmes en peine ainsi que de nombreux curieux commencèrent à se réunir autour de la maison de Zébédée. Ils réclamaient Jésus à grands cris. Les apôtres étaient tellement désorientés qu'André et plusieurs de ses compagnons partirent à la recherche de Jésus en laissant Simon le Zélote parler à l'assemblée. Lorsqu'André eut trouvé Jésus en compagnie des trois, il dit: « Maître, pourquoi nous laisses-tu seuls avec la foule? Regarde, tout le monde te cherche; jamais auparavant tant de personnes n'ont recherché ton enseignement. Actuellement la maison est entourée de gens venus de près et de loin à cause de tes oeuvres puissantes. Ne veux-tu pas revenir avec nous leur apporter ton ministère? »

Quand Jésus entendit cela, il répondit « André, ne t'ai-je pas appris, ainsi qu'aux autres, que ma mission sur terre consiste à révéler le Père, et mon message à proclamer le royaume? Comment donc se fait-il que tu souhaites me détourner de mon travail pour contenter des curieux et satisfaire ceux qui cherchent des signes et des prodiges? N'avons-nous pas été parmi eux durant tous ces mois? Se sont-ils attroupés en foule pour entendre la bonne nouvelle du royaume? Pourquoi viennent-ils maintenant nous assiéger? Est-ce pour la guérison de leur corps physique ou parce qu'ils ont reçu la vérité spirituelle pour le salut de leur âme? Quand les hommes sont attirés vers nous par des manifestations extraordinaires, la plupart ne viennent pas chercher la vérité et le salut, mais plutôt la guérison de leurs maladies physiques et la délivrance de leurs difficultés matérielles.

« Tous ces temps-ci j'ai été à Capharnaüm. Aussi bien dans la synagogue qu'au bord de la mer, j'ai proclamé la bonne nouvelle du royaume à ceux qui avaient des oreilles pour entendre et un coeur pour recevoir la vérité. La volonté de mon Père n'est pas que je revienne avec vous pour alimenter des curiosités et m'occuper du ministère des choses physiques, à l'exclusion des affaires spirituelles. Je vous ai ordonnés pour prêcher l'évangile et soigner les maladies, mais il ne faut pas que je me laisse absorber par les guérisons en laissant de côté mon enseignement. Non, André, je ne retournerai pas avec vous à Bethsaïde. Allez dire aux gens de croire à ce que nous leur avons enseigné et à se réjouir dans la liberté des fils de Dieu. Et apprêtez-vous à partir avec moi pour les autres villes de Galilée où le chemin a déjà été préparé pour la prédication de la bonne nouvelle du royaume. C'est dans ce but que je suis venu de chez le Père. Donc, allez et préparez notre départ immédiat pendant que j'attends ici votre retour ».

Après que Jésus eut ainsi parlé, André et les autres apôtres repartirent tristement vers la maison de Zébédée, renvoyèrent la foule assemblée, et s'apprêtèrent rapidement pour le voyage comme Jésus l'avait ordonné. Ainsi, ce dimanche après-midi 18 janvier de l'an 28, Jésus et ses apôtres partirent pour leur première tournée réellement publique et franche de prédication dans les villes de Galilée. Au cours de ce premier périple, ils prêchèrent l'évangile dans bien des villes, mais m'allèrent pas à Nazareth.

Ce dimanche après-midi, peu après que Jésus et ses apôtres furent partis pour Rimmon, ses frères Jacques et Jude arrivèrent à la maison de Zébédée pour le voir. À midi, Jude avait cherché son frère Jacques et insisté auprès de lui pour qu'ils rendent visite à Jésus, mais lorsque Jacques consentit à accompagner Jude, Jésus était déjà parti.

Les apôtres répugnaient à quitter Capharnaüm où tant d'intérêt avait été suscité. Pierre calcula que mille croyants au moins auraient pu être baptisés dans le royaume. Jésus les écouta patiemment, mais refusa de revenir sur sa décision. Le silence régna pendant un certain temps, puis Thomas dit en s'adressant à ses compagnons: « Allons-y! Le Maître a parlé. Peu importe que nous ne puissions comprendre pleinement les mystères du royaume des cieux. Nous sommes certains d'une chose, c'est que nous suivons un instructeur qui ne cherche pas de gloire pour lui-même ». Et, à contre-coeur, ils s'en allèrent prêcher la bonne nouvelle dans les villes de Galilée.

 

144. À Gilboa et dans la Décapole

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 08 December 2025

À GILBOA ET DANS LA DÉCAPOLE

LES mois de septembre et d'octobre de cet an 27 furent employés à une retraite dans un camp isolé sur les pentes du Mont Gilboa. Jésus y passa le mois de septembre seul avec ses apôtres, les enseignant et les instruisant dans les vérités du royaume.

Il y avait bien des raisons pour que Jésus et ses apôtres fissent à ce moment-là une retraite sur la frontière de la Samarie et de la Décapole. Les chefs religieux de Jérusalem étaient très hostiles. Hérode Antipas détenait toujours Jean en prison, craignant autant de le libérer que de l'exécuter, et il continuait à suspecter Jean et Jésus d'être quelque peu de connivence. Ces conditions rendaient contre-indiqué le projet d'une campagne active soit en Judée, soit en Galilée. Il y avait encore une troisième raison d'être prudent: la tension lentement croissante entre les chefs des disciples de Jean et les apôtres de Jésus, tension qui s'aggravait avec l'augmentation du nombre des croyants.

Jésus savait que les temps du travail préliminaire d'enseignement et de prédication étaient à peu près passés, et que ses prochains actes impliqueraient le commencement du plein effort final de sa vie terrestre; il ne voulait pas que le déclenchement de cette entreprise fût en aucune manière éprouvant ou embarrassant pour Jean le Baptiste. C'est pourquoi Jésus avait décidé de passer quelque temps dans une retraite à instruire ses apôtres, et ensuite de travailler paisiblement dans les villes de la Décapole jusqu'à ce que Jean fût ou bien exécuté, ou bien libéré pour se joindre à eux dans un effort unifié.

1. - LE CAMPEMENT DE GILBOA

A mesure que le temps passait, les douze étaient de plus en plus dévoués à Jésus et s'engageaient plus à fond dans le travail du royaume. Leur dévotion était surtout une affaire de fidélité personnelle. Ils ne saisissaient pas son enseignement complexe; ils ne comprenaient pleinement ni la nature de Jésus, ni la signification de son effusion sur terre.

Jésus expliqua clairement à ses apôtres qu'ils faisaient une retraite pour trois raisons:

   1. Pour confirmer qu'ils avaient foi dans l'évangile du royaume et le comprenaient.
   2. Pour permettre à l'opposition à leur oeuvre de se calmer, tant en Judée qu'en Galilée.
   3. Pour attendre la décision sur le sort de Jean le Baptiste.

Durant leur séjour sur le Mont Gilboa, Jésus donna aux douze beaucoup de détails sur sa jeunesse et sur ses expériences sur le Mont Hermon. Il leur révéla également une partie de ce qui s'était passé dans les montagnes durant les quarante jours qui suivirent immédiatement son baptême, et il les adjura instamment de ne parler à personne de cet épisode avant qu'il ne soit retourné vers le Père.

Au cours de ces semaines de septembre, les apôtres se reposèrent, eurent des entretiens, racontèrent leurs expériences depuis le moment où Jésus les avait appelés au service, et s'engagèrent dans un sérieux effort pour coordonner ce que le Maître leur avait enseigné jusqu'alors. Dans une certaine mesure, ils avaient tous le sentiment que ce serait leur dernière occasion de prendre un repos prolongé. Ils comprirent clairement que leur prochain effort public, soit en Judée soit en Galilée, marquerait le commencement de la proclamation définitive du royaume à venir, mais ils n'avaient pas d'idées bien définies sur ce que serait ce royaume lors de sa venue. Jean et André pensaient que le royaume était déjà venu; Pierre et Jacques croyaient qu'il était encore à venir; Nathanael et Thomas confessaient franchement qu'ils étaient perplexes; Matthieu, Philippe, et Simon Zélotès étaient incertains et troublés; les deux jumeaux étaient béatement ignorants de la controverse; et Judas Iscariot était silencieux et très réservé.

Jésus passa une grande partie de ce temps seul dans la montagne près du camp. A l'occasion, il emmenait Pierre, Jacques, ou Jean, mais le plus souvent il s'éloignait pour prier ou se recueillir seul. Après le baptême de Jésus et ses quarante jours dans les montagnes de Pérée, il n'est guère exact de qualifier de prière ces périodes de communion avec son Père, et il n'est pas non plus logique de dire que Jésus était en adoration. Par contre, il est entièrement correct d'appeler ces périodes des moments de communion personnelle avec son Père.

Le thème central des discussions durant tout le mois de septembre fut la prière et l'adoration. Après avoir analysé l'adoration pendant quelques jours, Jésus finit par prononcer son mémorable discours sur la prière, en réponse à la requête de Thomas: « Maître, apprends-nous à prier ».

Jésus avait enseigné une prière à ses disciples, une prière pour le salut dans le royaume à venir. Bien qu'il n'eût jamais interdit à ses disciples d'employer la forme de prière de Jean, les apôtres perçurent très tôt que Jésus n'approuvait pas entièrement la pratique de prononcer des prières immuables et officielles. Néanmoins, les croyants demandaient constamment qu'on leur apprenne à prier. Les douze désiraient ardemment connaître la forme de supplique que Jésus approuverait. Ce fut principalement à cause de ce besoin d'une supplique simple pour le commun du peuple que Jésus consentit alors, en réponse à la requête de Thomas, à leur enseigner une forme suggestive de prière. Jésus donna cette leçon un après-midi de la troisième semaine de leur séjour sur le Mont Gilboa.

2. - LE DISCOURS SUR LA PRIÈRE

« Jean vous a en vérité appris une simple forme de prière: « O Père, purifie-nous du péché, montre-nous ta gloire, révèle ton amour, et laisse ton esprit sanctifier notre coeur à toujours. Amen! » Il a enseigné cette prière pour que vous ayez quelque chose à enseigner à la multitude. Il n'avait pas l'intention de vous voir utiliser cette supplique immuable et officielle comme expression de votre propre âme dans vos prières.

« La prière est entièrement une expression personnelle et spontanée du comportement de l'âme envers l'esprit; la prière devrait être la communion des fils et l'expression de la fraternité. Quand elle est dictée par l'esprit, la prière mène au progrès spirituel coopératif. La prière idéale est une forme de communion spirituelle qui conduit à l'adoration intelligente. La vraie prière est l'attitude sincère d'un élan vers le ciel pour atteindre nos idéaux.

« La prière est le souffle de l'âme et devrait vous inciter à persévérer dans vos tentatives pour mieux connaître la volonté du Père. Si l'un de vous a un voisin et va vers lui à minuit en disant: « Ami, prête-moi trois miches, car un de mes amis en voyage est venu me voir et je n'ai rien à lui offrir », et si votre voisin répond: « Ne me dérange pas, car la porte est maintenant fermée et je suis au lit avec les enfants; je ne peux donc te donner de pain », vous insisterez en expliquant que votre ami a faim et que vous n'avez pas de nourriture à lui offrir. Votre voisin ne se lèvera pas pour vous donner du pain par amitié pour vous, mais je vous dis qu'à cause de votre importunité il se lèvera et vous donnera autant de miches qu'il vous en faut. Si donc la persistance gagne les faveurs même des hommes mortels, combien plus votre persistance dans l'esprit obtiendra-t-elle pour vous le pain de vie des mains bienveillantes du Père qui est aux cieux. Je vous le dis à nouveau: Demandez, et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit; celui qui cherche trouve; et la porte du salut est ouverte à celui qui frappe.

« Quel père d'entre vous, si son fils fait une demande inconsidérée, hésitera à lui donner selon la sagesse parentale (1) plutôt que selon les termes de la requête défectueuse du fils? Si l'enfant a besoin d'une miche, lui donnerez-vous une pierre simplement parce qu'il vous l'a étourdiment demandée? Si votre fils a besoin d'un poisson, lui donnerez-vous un serpent d'eau simplement parce que vous en avez attrapé un dans vos filets avec les poissons, et que l'enfant vous demande sottement le serpent? Si donc, étant mortels et finis, vous savez répondre aux prières et faire à vos enfants de bons cadeaux appropriés, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l'esprit et nombre de bénédictions supplémentaires à ceux qui les lui demanderont? Les hommes devraient toujours prier et ne pas se décourager (2).

« Laissez-moi vous raconter l'histoire d'un certain juge qui vivait dans une ville perverse. Ce juge ne craignait pas Dieu et n'avait pas de respect pour les hommes. Or il y avait dans cette ville une veuve nécessiteuse qui allait constamment chez ce juge injuste en lui disant: « Protège-moi de mon adversaire ». Pendant quelque temps il ne voulut pas lui prêter attention, mais bientôt il se dit en lui-même: « Je ne crains pas Dieu et n'ai pas de considération pour les hommes, mais parce que cette veuve ne cesse de me déranger, je ferai droit à sa revendication de peur qu'elle ne m'épuise par ses visites continuelles » (3). Je vous raconte ces histoires pour vous encourager à persévérer dans la prière, et non pour vous laisser croire que vos suppliques modifieront la justice et la droiture du Père céleste. Votre persistance n'est pas destinée à gagner la faveur de Dieu, mais à changer votre comportement terrestre et à accroître l'aptitude de votre âme à recevoir l'esprit.

« Mais lorsque vous priez, votre foi est bien faible. Une foi authentique déplacera les montagnes de difficultés matérielles qui peuvent barrer le sentier de l'expansion de l'âme et du progrès spirituel.

  (1) Le mot anglais parental, signifiant aussi bien paternel que maternel, a été repris tel quel dans le texte français. 
  (2) Cf. Luc XI-1 à 13.
  (3) Cf. Luc XVIII-1 à 8.

3. - LA PRIÈRE DU CROYANT

Les apôtres n'étaient pas encore satisfaits; ils désiraient que Jésus leur donne une prière modèle qu'ils puissent enseigner aux nouveaux disciples. Après avoir écouté le discours sur la prière, Jacques Zébédée dit: « Très bien, Maître, mais c'est moins pour nous que nous désirons une forme de prière que pour les nouveaux croyants qui nous demandent si souvent: Apprenez-nous à adresser des prières acceptables au Père qui est aux cieux ».

Lorsque Jacques eut fini de parler, Jésus dit: « Si donc vous désirez encore une telle prière, je vous offrirai celle que j'ai apprise à mes frères et soeurs à Nazareth.

Notre Père qui es aux cieux,
       Que ton nom soit sanctifié.
Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite
       Sur terre comme elle l'est au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain pour demain
       Rafraîchis nos âmes avec l'eau vivante
Et remets à chacun de nous ses dettes
       Comme nous les avons aussi remises à nos débiteurs.
Sauve-nous dans la tentation, délivre-nous du mal,
       Et rends-nous de plus en plus parfaits comme toi-même.

Il n'est pas étonnant que les apôtres aient désiré que Jésus leur apprenne une prière modèle pour les croyants. Jean le Baptiste avait enseigna plusieurs prières à ses disciples; tous les grands instructeurs ont formulé des prières pour leurs élèves. Les éducateurs religieux des Juifs avaient vingt-cinq ou trente prières immuables qu'ils récitaient dans les synagogues et même aux coins des rues. Jésus était particulièrement opposé à la prière en public. Jusqu'alors, les disciples ne l'avaient entendu prier qu'en de rares occasions. Ils le voyaient passer des nuits entières en prière ou en adoration, et ils étaient très curieux de connaître la nature ou la forme de ses suppliques. Ils étaient poussés dans leurs derniers retranchements pour répondre aux multitudes demandant qu'on leur apprenne à prier comme Jean l'avait appris à ses disciples.

Jésus enseigna aux douze à toujours prier en secret, à partir seuls dans les tranquilles paysages de la nature ou à aller dans leur chambre et à fermer les portes quand ils entreprendraient de prier.

Après la mort de Jésus et son ascension auprès du Père, la pratique s'établit chez beaucoup de croyants de finir la soi-disant prière du Seigneur en y ajoutant: « Au nom du Seigneur Jésus-Christ ». Plus tard encore, deux lignes furent perdues dans les copies et l'on y ajouta la déclaration supplémentaire: « Car à toi appartiennent le royaume, le pouvoir, et la gloire, pour l'éternité ».

Jésus donna aux apôtres sous forme collective la prière telle que sa famille la formulait au foyer de Nazareth. Il n'enseigna jamais de prière personnelle officielle, mais seulement des suppliques collectives, familiales, ou sociales. Et il ne le fit jamais spontanément.

Jésus enseigna que la prière efficace doit être:

  1. Désintéressée — pas seulement pour soi-même.
  2. Croyante — conforme à la foi.
  3. Sincère — honnête de coeur.
  4. Intelligente — conforme à la lumière.
  5. Confiante — en soumission à la volonté infiniment sage du Père.

Quand Jésus passait des nuits entières sur la montagne à prier, c'était surtout pour ses disciples, et en particulier pour les douze. Le Maître priait très peu pour lui-même, mais il pratiquait beaucoup l'adoration, une adoration dont la nature était une communion compréhensive avec son Père du Paradis.

4. - COMPLÉMENTS SUR LA PRIÈRE

Pendant les jours qui suivirent le discours sur la prière, les apôtres continuèrent à poser au Maître des questions concernant cette pratique cultuelle d'une importance capitale. On peut résumer comme suit en langage moderne les instructions sur la prière et l'adoration que Jésus donna aux apôtres durant ces journées:

Quand vous répétez une supplique quelconque d'une manière fervente, quand cette prière est l'expression sincère d'un enfant de Dieu et qu'elle est formulée avec foi, si peu susceptible qu'elle soit de recevoir une réponse directe et si malavisée qu'elle puisse être, elle ne manque jamais d'accroître l'aptitude de l'âme à la réceptivité spirituelle.

Dans toutes vos prières, souvenez-vous toujours que la filiation est un don. Nul enfant ne doit s'occuper de gagner le statut de fils ou de fille; cela ne le regarde pas. L'enfant terrestre vient à l'existence par la volonté de ses parents. De même, l'enfant de Dieu parvient à la grâce et acquiert la nouvelle vie de l'esprit par la volonté du Père qui est aux cieux. Il faut donc que le royaume des cieux — la filiation divine — soit reçu comme par un petit enfant. On gagne la droiture — le développement progressif du caractère — mais on reçoit la filiation par grâce et au moyen de la foi.

La prière éleva Jésus à la super-communion de son âme avec les Chefs Suprêmes de l'univers des univers. La prière élèvera les humains à la communion du véritable culte. L'aptitude de l'âme à recevoir l'esprit détermine la quantité de bénédictions célestes que l'on peut s'approprier personnellement et comprendre consciemment comme une réponse à la prière.

La prière, et l'adoration qui lui est associée, sont une technique pour se détacher des besognes de la vie courante, des travaux monotones de l'existence matérielle. C'est une méthode pour s'épanouir spirituellement et acquérir l'individualité intellectuelle et religieuse.

La prière est un antidote contre l'introspection nuisible; au moins, la prière telle que le Maître l'a enseignée apporte ce bienfait à l'âme. Jésus employa avec persistance l'influence bénéfique de la prière pour autrui. Le Maître priait en général pour plusieurs personnes et non pour une seule. C'est seulement dans les grandes crises de sa vie qu'il pria pour lui-même.

La prière est le souffle de la vie de l'esprit au milieu de la civilisation matérielle des races de l'humanité. L'adoration constitue le salut pour les générations de mortels qui recherchent le plaisir.

De même que l'on peut assimiler la prière à la recharge des batteries spirituelles de l'âme, de même on peut comparer l'adoration à la synchronisation de l'âme pour capter les télécommunications universelles de l'esprit infini du Père Universel.

La prière est le regard sincère et plein de désir jeté par l'enfant sur son Père spirituel; c'est un processus psychologique consistant à troquer la volonté humaine contre la volonté divine. La prière fait partie du plan divin pour remodeler ce qui existe en ce qui devrait exister.

L'une des raisons pour lesquelles Pierre, Jacques, et Jean, qui accompagnaient si souvent le Maître dans ses longues veilles nocturnes, n'entendirent jamais Jésus prier vient de ce que leur Maître exprimait fort rarement ses prières en langage parlé. Pratiquement, toutes les prières de Jésus étaient faites dans son esprit et dans son coeur — en silence.

Parmi tous les apôtres, ce furent Pierre et Jean qui comprirent le mieux l'enseignement du Maître sur la prière et l'adoration.

5. - AUTRES FORMES DE PRIÈRE

Durant le reste de son séjour sur terre, Jésus attira de temps en temps l'attention des apôtres sur plusieurs autres formes de prière, mais il ne le fit que pour illustrer d'autres questions et enjoignit aux douze de ne pas enseigner aux foules ces « prières en paraboles ». Beaucoup d'entre elles venaient d'autres planètes, mais Jésus ne révéla pas ce fait aux douze. Parmi elles se trouvaient les suivantes:

Notre Père en qui existent les royaumes de l'univers,
  Que ton nom soit exalté et ton caractère glorifié.
Ta présence nous englobe et ta gloire est manifestée
  Imparfaitement à travers nous, comme elle se montre en perfection au ciel.
Donne-nous aujourd'hui les forces vivifiantes de lumière,
  Et ne nous laisse pas errer
Dans les mauvaises voies détournées de notre imagination.
  Car à toi appartiennent la glorieuse présence, le pouvoir éternel,
Et à nous le don éternel de l'amour infini de ton Fils.
  Ainsi soit-il, en vérité perpétuelle.
***
Notre Parent créateur, qui es au centre de l'univers,
  Effuse sur nous ta nature et donne-nous ton caractère.
Fais de nous par ta grâce tes fils et tes filles
  Et glorifie ton nom par notre entrée dans l'éternité.
Laisse ton esprit d'adaptation et de contrôle vivre et habiter en nous
  Pour nous permettre de faire ta volonté sur cette sphère
Comme les anges sont à tes ordres dans la lumière.
  Soutiens aujourd'hui nos progrès dans le sentier de la vérité.
Délivre-nous de l'inertie, du mal, et de toute transgression impie.
  Sois patient avec nous,
De même que nous témoignons une bonté aimante à notre prochain.
  Répands l'esprit de miséricorde dans notre coeur de créatures.
Conduis-nous de ta propre main, pas à pas, dans le dédale incertain de la vie,
  Et quand viendra notre fin, reçois dans ton sein nos esprits fidèles.
Ainsi soit-il, que ta volonté soit faite. et non nos désirs.
***
Notre Père céleste parfait et juste,
  Guide et dirige aujourd'hui notre voyage.
Sanctifie nos pas et coordonne nos pensées.
  Conduis-nous toujours dans les voies du progrès éternel.
Remplis-nous de sagesse jusqu'à la plénitude du pouvoir
  Et vivifie-nous de ton énergie infinie.
Inspire-nous par la conscience divine
  De la présence et de la gouverne des armées séraphiques.
Guide-nous toujours plus haut dans le sentier de lumière
  Justifie-nous pleinement au jour du grand jugement.
Rends-nous semblables à toi en gloire éternelle
  Et reçois-nous à perpétuité dans ton service exalté.
***
Notre Père qui es dans le mystère,
  Révèle-nous ton saint caractère.
Donne aujourd'hui à tes enfants terrestres
  De voir le chemin, la vérité, et la vie.
Montre-nous le sentier du progrès éternel
  Et donne-nous la volonté d'y marcher.
Établis en nous ta divine souveraineté
  Et effuse ainsi sur nous la pleine maîtrise de soi.
Ne nous laisse pas errer dans des sentiers de ténèbres et de mort;
  Conduis-nous perpétuellement auprès des eaux vivantes.
Par égard pour toi-même, écoute les prières que nous faisons;
  Sois heureux de nous rendre de plus en plus semblables à toi.
À la fin, pour l'amour du divin Fils,
  Reçois-nous dans les bras éternels.
Ainsi soit-il, que ta volonté soit faite et non la nôtre.
***
Glorieux Père et Mère, unifiés en un seul ascendant,
  Nous voudrions être fidèles à ta nature divine.
Que ta propre personne revive en nous et à travers nous
  Par le don et l'effusion de ton esprit divin;
Nous te copierons ainsi imparfaitement dans cette sphère
  Tel que tu te montres en perfection et en majesté au ciel.
Donne-nous jour après jour notre doux ministère de fraternité
  Et conduis-nous d'instant en instant dans la voie de l'entraide d'amour.
Sois toujours et infailliblement patient avec nous
  Comme nous témoignons ta patience à nos enfants.
Donne-nous la divine sagesse qui accomplit bien toutes choses
  Et l'amour infini qui est bienveillant envers toute créature
Effuse sur nous ta patience et ta bonté aimante
  Afin que notre charité enveloppe les faibles du royaume.
Et quand notre carrière sera achevée, fais d'elle un honneur pour ton nom,
  Un plaisir pour ton esprit, et une satisfaction pour le soutien de notre âme.
Que le bien éternel de tes enfants mortels ne soit pas celui que nous souhaitons,
  O notre Père aimant, mais celui que tu désires.
Ainsi soit-il.
***
Notre Source toujours fidèle et notre Centre tout-puissant,
  Que le nom de ton Fils plein de grâce soit saint et révéré.
Tes bontés et tes bénédictions sont retombées sur nous,
  Nous donnant le pouvoir d'accomplir ta volonté et d'exécuter tes commandements.
Donne-nous d'instant en instant le soutien de l'arbre de vie;
  Rafraîchis-nous jour après jour avec les eaux vives de ce fleuve.
Conduis-nous pas à pas hors des ténèbres et dans la lumière divine.
  Renouvelle nos pensées par les transformations de l'esprit intérieur,
Et quand la fin mortelle finira par nous atteindre,
  Reçois-nous près de toi et envoie-nous dans l'éternité.
Couronne-nous des diadèmes célestes du service fructueux,
  Et nous glorifierons le Père, le Fils, et la Sainte Influence.
Ainsi soit-il, dans tout un univers sans fin.
***
Notre Père qui habites dans les lieux secrets de l'univers,
  Que ton nom soit honoré, ta miséricorde révérée, et ton jugement respecté.
Que le soleil de la droiture brille sur nous au milieu du jour,
  Tandis que nous te supplions de guider nos pas indociles dans le clair-obscur.
Conduis-nous par la main dans les voies que tu auras choisies.
  Et ne nous abandonne pas quand la route est dure et l'heure sombre.
Ne nous oublie pas comme nous t'oublions et te négligeons si souvent.
  Sois miséricordieux et aime-nous comme nous souhaitons t'aimer.
Regarde-nous d'en haut avec bonté et pardonne-nous avec miséricorde
  Comme nous pardonnons en justice à ceux qui nous chagrinent et nous blessent.
Puissent l'amour, le dévouement, et l'effusion du Fils majestueux
  Nous procurer la vie éternelle avec ta miséricorde et ton amour sans fin.
Puisse le Dieu des univers effuser sur nous la pleine mesure de son esprit;
  Donne-nous la grâce de nous plier aux directives de cet esprit.
Puisse le Fils nous guider et nous mener jusqu'à la fin de l'âge
  Par le ministère aimant d'armées séraphiques dévouées.
Rends-nous toujours de plus en plus semblables à toi-même,
  Et lors de notre fin, reçois-nous dans l'embrassement éternel du Paradis.
Ainsi soit-il, au nom du Fils d'effusion
  Et pour l'honneur et la gloire du Père Suprême.

Bien que les apôtres ne fussent pas libres de présenter ces leçons sur la prière dans leurs enseignements publics, ils profitèrent beaucoup de toutes ces révélations dans leur expérience religieuse personnelle. Jésus utilisa ces modèles de prière et d'autres encore comme exemples liés à l'instruction intime des douze. La permission de reproduire ces sept spécimens de prière dans le présent exposé a été spécifiquement accordée.

6. - CONFÉRENCE AVEC LES APÔTRES DE JEAN

Vers le 1ier octobre, Philippe et plusieurs autres apôtres se trouvaient dans un village voisin, achetant des vivres, lorsqu'ils rencontrèrent quelques uns des apôtres de Jean le Baptiste. Cette rencontre fortuite sur la place du marché eut pour résultat une conférence de trois semaines au camp de Gilboa entre les apôtres de Jésus et les apôtres de Jean, car Jean, imitant le précédent de Jésus, avait récemment nommé apôtres douze de ses principaux disciples. Il l'avait fait en réponse à la demande pressante d'Abner, chef de ses loyaux partisans. Jésus resta présent au camp de Gilboa durant toute la première semaine de cette conférence commune, mais s'absenta durant les deux dernières semaines.

Vers le 8 octobre, Abner avait rassemblé tous ses disciples au camp de Gilboa et se trouvait prêt à conférer avec les apôtres de Jésus. Durant trois semaines, ces vingt-quatre hommes tinrent session trois fois par jour et six jours par semaine. La première semaine, Jésus se mêla à eux entre leurs sessions du matin, de l'après-midi, et du soir. Ils voulaient que le Maître se joigne à eux et préside leurs délibérations conjointes,,mais il refusa fermement de participer à leurs discussions. Ils consentit cependant à leur parler en trois occasions, et ces allocutions de Jésus aux vingt-quatre portèrent sur les sujets de la compassion, de la coopération, et de la tolérance.

André et Abner prirent alternativement la présidence de ces réunions communes des deux groupes apostoliques. Il y avait bien des difficultés à débattre et de nombreux problèmes à résoudre. Maintes et maintes fois ils voulurent soumettre leurs ennuis à Jésus, sans autre résultat que de l'entendre dire: « Je ne m'occupe que de vos problèmes personnels et purement religieux. Je suis le représentant du Père auprès des individus et non auprès des groupes. Si vous êtes personnellement en difficulté dans vos relations avec Dieu, venez à moi; je vous écouterai et vous conseillerai dans la solution de votre problème. Mais si vous entreprenez de coordonner des interprétations humaines divergentes relatives à des questions religieuses et d'établir une religion sociale, il vous faut résoudre tous ces problèmes en prenant vos propres décisions. Toutefois, je vous accompagnerai toujours de ma sympathie et de mon intérêt. Quand vous arriverez à des conclusions sur ces affaires d'importance non-spirituelle, et pourvu que vous soyez tous d'accord, je vous garantis d'avance ma pleine approbation et ma sincère coopération. Maintenant, pour ne pas vous gêner dans vos délibérations, je vous quitte pour quinze jours. Ne vous inquiétez pas de moi. Je m'occuperai des affaires de mon Père, car nous avons d'autres royaumes en dehors de celui-ci.

Après avoir ainsi parlé, Jésus descendit la pente de la montagne, et ils ne le virent plus pendant deux semaines entières. Ils ne surent jamais où il était allé ni ce qu'il avait fait durant ces jours-là. Il fallut quelque temps aux vingt-quatre pour s'atteler sérieusement à l'étude de leurs problèmes, tant ils étaient déconcertés par l'absence du Maître. Toutefois, au bout d'une semaine, ils se retrouvèrent au coeur de leurs discussions, sans pouvoir faire appel à l'aide de Jésus.

La première question sur laquelle le groupe se mit d'accord fut l'adoption de la prière que Jésus leur avait si récemment apprise. Ils votèrent à l'unanimité d'accepter cette prière comme celle qui devait être enseignée aux croyants par les deux groupes d'apôtres.

Ils décidèrent ensuite qu'aussi longtemps que Jean vivrait, soit en prison soit en liberté, les deux groupes de douze apôtres poursuivraient leur propre travail et tiendraient tous les trois mois des réunions d'une semaine en des lieux à convenir de temps en temps.

Leur problème le plus sérieux était la question du baptême. Leurs difficultés étaient d'autant plus graves que Jésus avait refusé de faire une déclaration quelconque sur le sujet. Ils parvinrent finalement à l'accord suivant: « Tant que Jean vivrait, ou tant qu'ils n'auraient pas éventuellement modifié cette décision, seuls les apôtres de Jean baptiseraient les croyants et seuls les apôtres de Jésus instruiraient définitivement les nouveaux disciples. En conséquence, depuis ce moment-là et jusqu'après la mort de Jean, deux apôtres de Jean accompagnèrent Jésus et ses apôtres pour baptiser les croyants, car le conseil conjoint avait voté unanimement que le baptême deviendrait l'étape initiale dans l'alliance des étrangers avec les affaires du royaume.

Il fut ensuite convenu que si Jean mourait, les apôtres de Jean se présenteraient à Jésus et se soumettraient à ses directives; ils cesseraient alors de baptiser, à moins d'y être autorisés par Jésus ou ses apôtres.

Ils votèrent ensuite qu'au cas où Jean mourrait, les apôtres de Jésus commenceraient à baptiser avec de l'eau en symbole du baptême de l'Esprit divin. La repentance devait-elle ou non être attachée à la prédication du baptême? La question fut laissée au choix de chacun, et aucune décision obligatoire pour le groupe ne fut prise. Les apôtres de Jean prêchaient: «Repentez-vous et soyez baptisés », et les apôtres de Jésus proclamaient: «Croyez et soyez baptisés ».

Telle est l'histoire de la première tentative des disciples de Jésus pour coordonner des efforts divergents, régler des différences d'opinion, organiser des entreprises collectives, légiférer sur des observances extérieures, et rendre sociales les pratiques religieuses personnelles.

Ils étudièrent bien d'autres questions mineures et se mirent unanimement d'accord sur les solutions. Ces vingt-quatre hommes eurent une expérience vraiment remarquable pendant les deux semaines où ils furent obligés d'affronter les problèmes et de régler les difficultés sans Jésus. Ils apprirent à différer d'opinion, à discuter, à lutter, à prier, et à transiger, tout en respectant le point de vue de l'interlocuteur et en maintenant au moins un certain degré de tolérance pour ses opinions sincères.

L'après-midi de leur discussion finale sur les questions financières, Jésus revint, entendit leurs délibérations, écouta leurs décisions, et dit: «Telles sont donc vos conclusions; j'aiderai chacun de vous à mettre en pratique l'esprit de vos décisions communes ».

Deux mois et demi plus tard, Jean fut exécuté. Durant ce laps de temps, ses apôtres restèrent avec Jésus et les douze. Ils travaillèrent tous ensemble et baptisèrent des croyants au cours de cette période d'apostolat dans les villes de la Décapole. Le camp de Gilboa fut levé le 2 novembre de l'an 27.

7. - DANS LES VILLES DE LA DÉCAPOLE

Durant les mois de novembre et de décembre, Jésus et les vingt-quatre travaillèrent tranquillement dans les villes grecques de la Décapole, principalement à Scythopolis, Féras, Abila, et Gadara. Ce fut réellement la fin de la période préliminaire de reprise en mains de l'oeuvre et de l'organisation de Jean. La religion collective d'une nouvelle révélation doit toujours payer le prix du compromis avec les formes et usages établis de la religion précédente qu'elle cherche à sauver. Les disciples de Jésus durent accepter le principe du baptême pour entraîner avec eux, en tant que groupe religieux social, les disciples de Jean le Baptiste. Quant aux disciples de Jean, en se joignant à ceux de Jésus, ils renoncèrent à presque toutes leurs pratiques, sauf au baptême avec de l'eau.

Jésus enseigna peu en public au cours de cette mission dans les villes de la Décapole. Il passa beaucoup de temps à instruire les vingt-quatre et tint de nombreuses sessions spéciales avec les douze apôtres de Jean. Avec le temps, ils comprirent mieux pourquoi Jésus n'allait pas visiter Jean en prison et ne faisait aucun effort pour assurer sa libération. Mais ils ne purent jamais comprendre pourquoi Jésus n'accomplissait pas d'oeuvres miraculeuses, pourquoi il ne manifestait pas de signes extérieurs de son autorité divine. Avant de venir au camp de Gilboa, ils avaient surtout cru en lui à cause du témoignage de Jean, mais bientôt ils commencèrent à croire en lui par suite de leur propre contact avec le Maître et ses enseignements.

Durant ces deux mois, les membres du groupe travaillèrent la plupart du temps deux par deux, un apôtre de Jésus avec un apôtre de Jean. L'apôtre de Jean baptisait, l'apôtre de Jésus instruisait, et tous deux prêchaient l'évangile du royaume tel qu'ils le comprenaient. Et ils gagnèrent beaucoup d'âmes parmi les Juifs apostats et les Gentils.

Abner, chef des apôtres de Jean, devint un dévoué croyant en Jésus, qui le nomma plus tard chef d'un groupe de soixante-dix éducateurs chargés par le Maître de prêcher l'évangile.

8. - AU CAMP PRÈS DE PELLA

À la fin de décembre, ils allèrent tous près du Jourdain, à proximité de Pella, où ils recommencèrent à enseigner et à prêcher. Les Juifs et les Gentils venaient à ce camp pour entendre l'évangile. Un après-midi, pendant que Jésus enseignait la foule, certains amis intimes de Jean apportèrent au Maître le dernier message qu'il devait recevoir du Baptiste.

Jean était maintenant en prison depuis un an et demi, et durant presque tout ce temps-là Jésus avait travaillé très discrètement; il n'était donc pas étonnant que Jean s'inquiétât du royaume. Les amis de Jean interrompirent la leçon de Jésus en lui disant: « Jean le Baptiste nous a envoyés te demander si tu es vraiment le Libérateur ou si nous devons en chercher un autre ».

Jésus s'arrêta pour dire aux amis de Jean: « Retournez dire à Jean qu'il n'est pas oublié. Dites-lui ce que vous avez vu et entendu, que la bonne nouvelle est prêchée aux pauvres. Après avoir dit encore quelques mots aux messagers de Jean, Jésus se tourna à nouveau vers la foule et dit: « Ne croyez pas que Jean mette en doute l'évangile du royaume. Il s'enquiert seulement pour rassurer ses disciples qui sont aussi mes disciples. Jean n'est pas un faible. A vous qui avez entendu Jean prêcher avant qu'Hérode ne le mette en prison, laissez-moi vous demander ce que vous avez vu en lui. Un roseau secoué par le vent? Un homme d'humeur changeante et habillé de vêtements douillets? En règle générale, ceux qui sont vêtus somptueusement et vivent en sybarites se rencontrent dans les cours des rois et les châteaux des riches. Mais qu'avez-vous aperçu en voyant Jean? Un prophète? Oui, je vous le dis, et bien plus qu'un prophète. Il a été écrit de Jean Voici, j'envoie mon messager devant ta face; il préparera le chemin devant toi (1).

« En vérité, en vérité, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femme, il ne s'en est pas élevé de plus grand que Jean le Baptiste; pourtant, même le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui, parce qu'il est né d'esprit et sait qu'il est devenu un fils de Dieu » (2).

Beaucoup de ceux qui entendirent Jésus ce jour-là se soumirent au baptême de Jean, proclamant ainsi publiquement leur entrée dans le royaume. Et depuis lors les apôtres de Jean restèrent étroitement liés à Jésus. Cette circonstance marqua l'union réelle des disciples de Jean et de ceux de Jésus.

Après que les messagers se furent entretenus avec Abner, ils partirent pour Macharée raconter tout cela à Jean, qui fut fortement encouragé et fortifié dans sa foi par les paroles de Jésus et le message d'Abner.

Ce même après-midi, Jésus continua à enseigner, disant: « A quoi comparerai-je cette génération? Beaucoup d'entre vous ne recevront ni le message de Jean ni mon enseignement. Vous ressemblez à des enfants jouant sur la place du marché, qui appellent leurs camarades et disent: « Nous avons joué de la flûte pour vous et vous n'avez pas dansé; nous avons gémi et vous ne vous êtes pas affligés ». Il en est de même pour certains d'entre vous. Jean est venu, ne mangeant pas et ne buvant pas, et ils ont dit qu'il était possédé par un démon. Le Fils de l'Homme vient, mangeant et buvant, et les mêmes personnes disent: « Voyez, il est un gourmand et un buveur de vin, un ami des publicains et des pêcheurs! » En vérité, les enfants de la sagesse légitiment la sagesse.

« Il semble que le Père céleste ait caché quelques-unes de ces vérités aux intelligents et aux arrogants, tandis qu'il les a dévoilées à de petits enfants (3). Mais le Père fait bien toutes choses; il se révèle à l'univers par les méthodes de son propre choix. Venez donc, vous tous qui peinez et portez de lourds fardeaux, et vous trouverez du repos pour votre âme. Prenez sur vous le joug divin, et vous éprouverez l'indicible paix de Dieu » (4).

  (1) Malachie III-1.
  (2) Cf. Matthieu XI-11
  (3) Cf. Matthieu XI-25.
  (4) Cf. Matthieu XI-28 à 30.

 9. - LA MORT DE JEAN LE BAPTISTE

Jean le Baptiste fut exécuté par ordre d'Hérode Antipas le soir du 10 janvier de l'an 28. Le lendemain, quelques disciples de Jean qui étaient allés à Macharée entendirent parler de l'exécution. Ils allèrent trouver Hérode et réclamèrent le corps, qu'ils placèrent dans une sépulture. Plus tard, ils l'inhumèrent à Sébaste, le village où habitait Abner. Le lendemain 12 janvier, ils partirent vers le nord, en direction du camp des apôtres de Jean et de Jésus près de Pella, et racontèrent à Jésus la mort de Jean. Jésus écouta leur rapport, congédia la multitude, appela les vingt-quatre autour de lui, et leur dit: « Jean est mort. Hérode l'a fait décapiter. Tenez ensemble ce soir une séance de conseil, et arrangez vos affaires en conséquence. Il n'y aura plus de délai. L'heure est venue de proclamer le royaume ouvertement et énergiquement. Demain nous irons en Galilée ».

De bonne heure le matin du 13 janvier, Jésus et les apôtres, accompagnés de quelque vingt-cinq disciples, se rendirent à Capharnaüm et logèrent pour la nuit dans la maison de Zébédée.

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