La cosmogonie d'Urantia
La première publication française du Livre d'Urantia

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  • 1. L'UNIVERS CENTRAL ET LES SUPERUNIVERS
    • Introduction
    • 1. Le père universel
    • 2. La nature de Dieu
    • 3. Les attributs de Dieu
    • 4. Relations de Dieu avec l'univers
    • 5. Relations de Dieu avec les individus
    • 6. Le fils éternel
    • 7. Relations du fils éternel avec l'univers
    • 8. L'esprit infini
    • 9. Relations de l'esprit infini avec l'univers
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    • 11. L’île éternelle du Paradis
    • 12. L'univers des univers
    • 13. Les sphères sacrées du Paradis
    • 14. L'univers central et divin
    • 15. Les sept superunivers
    • 16. Les sept maîtres esprits
    • 17. Les sept groupes spirituels suprêmes
    • 18. Les personnalités suprêmes de la trinité
    • 19. Les êtres coordonnés d'origine trinitaire
    • 20. Les fils paradisiaques de Dieu
    • 21. Les fils paradisiaques créateurs
    • 22. Les fils de Dieu trinitisés
    • 23. Les messagers solitaires
    • 24. Personnalités supérieures de l'esprit infini
    • 25. Les armées des messagers de l'espace
    • 26. Les esprits tutélaires de l'univers central
    • 27. Le ministère des supernaphins primaires
    • 28. Esprits tutélaires des superunivers
    • 29. Les directeurs de pouvoir de l'univers
    • 30. Personnalités du grand univers
    • 31. Le corps de la finalité
  • 2. L'UNIVERS LOCAL
    • 32. L'évolution des univers locaux
    • 33. Administration de l'univers local
    • 34. L'esprit mère de l'univers local
    • 35. Les fils de Dieu de l'univers local
    • 36. Les porteurs de vie
    • 37. Personnalités de l'univers local
    • 38. Esprits tutélaires de l'univers local
    • 39. Les armés séraphiques
    • 40. Les fils ascendants de Dieu
    • 41. Aspects physiques de l'univers local
    • 42. Energie - pensée et matière
    • 43. Les constellations
    • 44. Les artisans célestes
    • 45. L'administration du système local
    • 46. Le siège du système local
    • 47. Les sept mondes des maisons
    • 48. La vie morontielle
    • 49. Les mondes habités
    • 50. Les princes planétaires
    • 51. Les Adams planétaires
    • 52. Stades planétaires de la vie humaine
    • 53. La rébellion de Lucifer
    • 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer
    • 55. Les sphères de lumière et de vie
    • 56. Unité universelle
  • 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
    • 57. L'origine d'Urantia
    • 58. L'établissement de la vie sur Urantia
    • 59. L'ère de la vie marine sur Urantia
    • 60. Urantia pendant l'ère de la vie terrestre primitive
    • 61. L'ère des mammifères sur Urantia
    • 62. Les races à l'aurore de l'homme primitif
    • 63. La première famille humaine
    • 64. Les races évolutionnaires de couleur
    • 65. Le supercontrôle de l'évolution
    • 66. Le prince planétaire d'Urantia
    • 67. La rébellion planétaire
    • 68. L'aurore de la civilisation
    • 69. Les institutions humaines primitives
    • 70. L'évolution du gouvernement humain
    • 71. Développement de l'état
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    • 73. Le jardin d’Éden
    • 74. Adam et Ève
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    • 79. L'expansion Andite en orient
    • 80. L'expansion Andite en occident
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    • 85. Les origines de l'adoration
    • 86. L'évolution primitive de la religion
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    • 100. La religion dans l'expérience humaine
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    • 119. Les effusions de Christ Micael
  • 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
    • 120. Effusion de Micael sur Urantia
    • 121. L’époque de l'effusion de Micael
    • 122. Naissance et petite enfance de Jésus
    • 123. La prime enfance de Jésus
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    • 125. Jésus à Jérusalem
    • 126. Les deux années décisives
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    • 128. La vie de jeune homme de Jésus
    • 129. Suite de la vie d'adulte de Jésus
    • 130. Sur le chemin de Rome
    • 131. Les religions du monde
    • 132. Le séjour à Rome
    • 133. Le retour de Rome
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    • 135. Jean le baptiste
    • 136. Le baptême et les quarante jours
    • 137. Séjour en Galilée
    • 138. La formation des messagers du royaume
    • 139. Les douze apôtres
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    • 142. La pâque à Jérusalem
    • 143. La traversée de la Samarie
    • 144. À Gilboa et dans la Décapole
    • 145. Quatre journées mémorables à Capharnaüm
    • 146. La première tournée de prédication en Galilée
    • 147. La visite intérimaire à Jérusalem
    • 148. La formation d'évangélistes à Bethsaïde
    • 149. La seconde tournée de prédication
    • 150. La troisième tournée de prédication
    • 151. Séjour et enseignement au bord de la mer
    • 152. Les prodromes de la crise de Capharnaüm
    • 153. La crise à Capharnaüm
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    • 156. Le séjour à Tyr et à Sidon
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    • 158. La montagne de la transfiguration
    • 159. La tournée en Décapole
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    • 161. Suite des discussions avec Rodan
    • 162. À la fête des tabernacles
    • 163. L'ordination des 70 à Magadam
    • 164. La fête de la dédicace
    • 165. La mission en Pérée commence
    • 166. Dernière tournée en Pérée du nord
    • 167. Le séjour à Philadelphie
    • 168. La résurrection de Lazare
    • 169. Derniers enseignements à Pella
    • 170. Le royaume des cieux
    • 171. Sur le chemin de Jérusalem
    • 172. L'entrée à Jérusalem
    • 173. Le lundi à Jérusalem
    • 174. Le mardi matin au temple
    • 175. Le dernier discours au temple

 

 

 

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4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS

171. Sur le chemin de Jérusalem

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 10 December 2025

SUR LE CHEMIN DE JÉRUSALEM

LE lendemain du mémorable sermon sur « Le Royaume des Cieux », Jésus annonça qu'il partirait le jour suivant avec les apôtres pour assister à la Pâque à Jérusalem, en visitant sur le chemin de nombreuses villes de la Pérée méridionale.

L'allocution sur le royaume et l'annonce qu'il assisterait à la Pâque incitèrent tous ses disciples à croire qu'il allait à Jérusalem pour inaugurer le royaume temporel de la suprématie juive. Malgré ses explications sur le caractère abstrait du royaume, Jésus ne put ôter entièrement de la pensée de ses auditeurs juifs l'idée que le Messie devait établir une sorte de gouvernement nationaliste ayant son siège à Jérusalem.

Les indications que Jésus donna dans son sermon de sabbat n'aboutirent qu'à dérouter la majorité de ses disciples; très peu d'entre eux furent éclairés par le discours du Maître. Les principaux disciples comprenaient quelque peu ses enseignements concernant le royaume intérieur, « le royaume des cieux en vous », mais ils savaient aussi que Jésus avait parlé d'un autre royaume futur, et ils croyaient que c'était pour établir ce royaume que Jésus allait maintenant à Jérusalem. Quand ils furent déçus dans leur attente, quand le Maître fut rejeté par les Juifs, et quand Jérusalem fut entièrement détruite, ils s'attachèrent encore à cette espérance, croyant sincèrement que le Maître reviendrait bientôt dans le monde avec un grand pouvoir et une gloire majestueuse pour établir le royaume promis.

Ce dimanche après-midi, Salomé, la mère de Jacques et de Jean Zébédée, vint vers Jésus avec ses deux fils apôtres, à la manière dont on s'approche d'un potentat oriental; elle chercha à obtenir que Jésus lui promette d'avance de lui accorder ce qu'elle demanderait. Mais le Maître ne voulut rien promettre; au lieu de cela il lui demanda: « Que désires-tu que je fasse pour toi? » et Salomé répondit: « Maître, maintenant que tu vas à Jérusalem pour établir le royaume, je voudrais ta promesse que mes fils seront à l'honneur avec toi, l'un siégeant à ta droite et l'autre à ta gauche dans ton royaume » (1).

  (1) Cf. Luc XIV-28.

Lorsque Jésus entendit la requête de Salomé, il dit: « Femme, tu ne sais pas ce que tu demandes ». Puis, regardant droit dans les yeux les deux apôtres qui recherchaient des honneurs, il dit: « Parce que je vous connais et vous aime depuis longtemps, parce que j'ai même vécu dans la maison de votre mère, parce qu'André vous a désignés pour être constamment auprès de moi, vous permettez à votre mère de venir secrètement vers moi en formulant cette demande inconvenante. Laissez-moi vous demander ceci: Etes-vous capables de boire la coupe que je suis sur le point de boire? » Sans prendre un instant de réflexion, Jacques et Jean répondirent: « Oui, Maître, nous en sommes capables». Jésus dit alors: « Je suis attristé de voir que vous ne savez pas pourquoi nous allons à Jérusalem; je suis chagriné de constater que vous ne comprenez pas la nature de mon royaume. Je suis déçu que vous ameniez votre mère pour me présenter cette requête. Mais je sais que vous m'aimez dans votre coeur. Je vous déclare donc qu'en vérité vous boirez ma coupe d'amertume et que vous partagerez mon humiliation, mais il ne m'appartient pas de vous conférer un siège à ma droite ou à ma gauche. Ces honneurs sont réservés à ceux qui ont été désignés par mon Père ».

Entre-temps, quelqu'un avait rapporté cet entretien à Pierre et aux autres apôtres; ceux-ci furent indignés de ce que Jacques et Jean aient cherché à leur être préférés et soient allés secrètement avec leur mère formuler une telle demande. Lorsqu'ils en vinrent à discuter entre eux, Jésus les appela tous et dit: « Vous comprenez bien comment les chefs des Gentils cherchent à dominé leurs sujets, et comment les grands exerçent l'autorité. Si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il devienne d'abord votre serviteur. Si quelqu'un veut être le premier dans le royaume, qu'il se porte à votre secours. Je vous déclare que le Fils de l'Homme n'est pas venu pour être secouru, mais pour secourir. Je vais maintenant à Jérusalem pour sacrifier ma vie en faisant la volonté de mon Père, et pour servir mes frères ». Lorsque les apôtres entendirent ces paroles, ils se retirèrent pour prier. Ce soir-là, en réponse aux efforts de Pierre, Jacques et Jean firent des excuses appropriées aux dix et rentrèrent en grâce auprès de leurs compagnons.

En demandant des places à la droite et à la gauche de Jésus à Jérusalem, les fils de Zébédée ne s'imaginaient guère qu'avant un mois leur maître bien-aimé serait pendu sur une croix romaine avec à sa droite un voleur mourant et à sa gauche un autre malfaiteur. Et leur mère, qui assista à la crucifixion, se rappela la sotte requête qu'elle avait présentée à Jésus à Pella au sujet des honneurs qu'elle avait si inconsidérément recherchés pour ses fils apôtres.

1. -- LE DÉPART DE PELLA

Le lundi matin 13 mars, Jésus et ses douze apôtres prirent définitivement congé du camp de Pella et partirent vers le sud pour leur tournée dans les villes de la Pérée méridionale, où Abner et ses collaborateurs étaient à l'oeuvre. Ils passèrent plus de quinze jours à s'entretenir avec les soixante-dix, puis se rendirent directement à Jérusalem pour la Pâque.

Quand le Maître partit de Pella, les disciples, au nombre d'un millier, qui campaient avec les apôtres, le suivirent. La moitié environ du groupe le quitta en apprenant qu'il allait à Hesbon, et après qu'il eut prêché son sermon sur « L'Évaluation du Prix ». Cette moitié se rendit à Jérusalem, tandis que l'autre moitié du groupe suivit Jésus pendant deux semaines durant sa tournée dans les villes de la Pérée du sud.

D'une manière générale, la plupart des disciples immédiats de Jésus comprirent que le camp de Pella avait été abandonné, mais ils prenaient cela pour une indication que leur Maître se proposait enfin d'aller à Jérusalem pour faire valoir ses prétentions au trône de David. La grande majorité de ses disciples ne fut jamais capable de saisir un autre concept du royaume des cieux. Quels que fussent les enseignements de Jésus, ils ne voulurent pas renoncer à cette conception juive du royaume.

Agissant sur instructions de l'apôtre André, David Zébédée ferma le camp des visiteurs à Pella le mercredi 15 mars. À ce moment, près de quatre mille pèlerins s'y trouvaient en résidence, sans compter plus de mille personnes qui séjournaient avec les apôtres en un lieu dénommé « camp d'instruction », et qui accompagnèrent Jésus et les douze vers le sud. Malgré sa répugnance à le faire, David vendit tout l'équipement du camp à de nombreux acheteurs et se rendit à Jérusalem avec les fonds ainsi recueillis, qu'il remit ultérieurement à Judas Iscariot.

David fut présent à Jérusalem durant la dernière et tragique semaine; il ramena sa mère avec lui à Bethsaïde après la crucifixion. En attendant Jésus et les apôtres, David s'arrêta chez Lazare à Béthanie et fut profondément troublé par la manière dont les pharisiens avaient commencé à persécuter et à harceler Lazare depuis sa résurrection. André avait ordonné à David d'interrompre le service des messagers, ce qui fut interprété par tous comme une indication que le royaume allait bientôt être établi à Jérusalem. David se trouvait désoeuvré et, dans son indignation, il avait à peu près décidé de devenir le défenseur volontaire de Lazare, lorsque l'objet de sa sollicitude s'enfuit précipitamment à Philadelphie. En conséquence, quelque temps après la résurrection de Jésus et après la mort de sa mère, David se rendit à Philadelphie, non sans avoir d'abord aidé Marthe et Marie à vendre leurs propriétés. Il passa là le reste de sa vie en association avec Abner et Lazare, et devint le superviseur financier des grands investissements en faveur du royaume qui eurent leur centre à Philadelphie durant la vie d'Abner.

Peu de temps après la destruction de Jérusalem, Antioche devint le quartier général du christianisme paulinien, tandis que Philadelphie restait le centre du royaume abnérien des cieux. D'Antioche, la version paulinienne des enseignements de Jésus et à propos de Jésus se répandit dans tout le monde occidental. Partant de Philadelphie, les missionnaires de la version abnérienne du royaume des cieux se répandirent dans toute la Mésopotamie et l'Arabie, jusqu'à l'époque ultérieure où ces émissaires intransigeants des enseignements de Jésus furent débordés par le soudain développement de l'Islam.

2. -- L'ÉVALUATION DU PRIX

Quand Jésus et son groupe d'un millier de zélateurs arrivèrent au bord du Jourdain, au gué de Béthanie parfois dénommé Béthabara, ses disciples commencèrent à comprendre que le Maître n'allait pas directement à Jérusalem. Tandis qu'ils hésitaient et discutaient entre eux, Jésus monta sur un gros rocher et prononça le discours que l'on a intitulé « L'Evaluation du Prix ». Le Maître dit:

À partir de maintenant, ceux qui veulent me suivre doivent accepter de payer le prix d'une consécration sincère à faire la volonté de mon Père. Si vous voulez être mes disciples, il faut que vous soyez disposés à abandonner père, mère, femme, enfants, frères, et soeurs. Quiconque veut désormais être mon disciple doit accepter de renoncer même à sa vie, de même que le Fils de l'Homme est sur le point d'offrir sa vie pour parachever sa mission de faire la volonté du Père, sur terre et en incarnation.

« Si vous n'êtes pas disposés à payer entièrement le prix, vous ne pouvez guère être mes disciples. Avant de continuer, chacun de vous devrait s'asseoir et calculer ce qu'il en coûte d'être mon disciple. Qui d'entre vous entreprendrait de bâtir une tour de garde sur ses terres sans commencer par s'asseoir pour en estimer le coût et voir s'il possède assez d'argent pour l'achever? (1) Si vous ne faites pas d'abord un devis, vous découvririez peut-être, après avoir posé les fondations, que vous êtes incapables de terminer ce que vous avez commencé. Alors tous vos voisins se moqueront de vous en disant: « Voyez, cet homme a commencé à bâtir, mais il a été incapable de terminer son travail ». Et encore, un roi, se préparant à faire la guerre à un autre roi, ne commence-t-il pas par s'asseoir et réfléchir pour savoir si, avec dix mille hommes, il pourra faire face à celui qui vient contre lui avec vingt mille? Si ce roi ne peut affronter son ennemi faute de préparation, il envoie une ambassade à l'autre roi pendant que ce dernier est encore loin, et s'informe des conditions de paix (2).

« Il faut donc maintenant que chacun de vous s'arrête pour évaluer ce qu'il en coûte d'être mon disciple. Désormais vous ne pourrez plus nous suivre en écoutant l'enseignement et en observant les oeuvres. Il vous faudra subir des persécutions acharnées et témoigner en faveur de cet évangile en face de déceptions écrasantes. Si vous n'acceptez pas de renoncer à tout ce que vous êtes et de consacrer à cette oeuvre tout ce que vous possédez, alors vous n'êtes pas dignes d'être mes disciples. Si vous avez déjà triomphé de vous-même dans votre coeur, vous n'avez rien à craindre de la victoire extérieure qu'il vous faudra bientôt gagner quand le Fils de l'Homme sera rejeté par les chefs des prêtres et les sadducéens, et remis entre les mains d'incroyants railleurs.

« C'est maintenant qu'il faut vous analyser et découvrir votre mobile pour être mon disciple. Si vous recherchez honneurs et gloire, si votre pensée incline vers le monde, vous ressemblez à du sel qui a perdu sa saveur. Quand le sel a perdu son pouvoir salant, avec quoi le lui rendra-t-on? Ce condiment est alors inutile; il n'est bon qu'à être jets au rebut (3). Maintenant je vous ai avertis de retourner paisiblement chez vous si vous n'êtes pas disposés à boire avec moi la coupe qui se prépare. Maintes et maintes fois je vous ai dit que mon royaume n'est pas de ce monde, mais vous ne voulez pas me croire. Que celui qui a des oreilles entende ce que je dis ».

Immédiatement après avoir prononcé cette allocution, Jésus, conduisant les douze, partit pour Hesbon, suivi d'environ cinq cents personnes. Peu de temps après, l'autre moitié de la multitude se dirigea vers Jérusalem. Les apôtres, ainsi que les principaux disciples, réfléchirent longuement sur ces paroles, mais ils restèrent attachés à la croyance qu'après une brève période d'adversité et d'épreuves le royaume serait certainement instauré quelque peu en conformité avec leurs espérances longtemps chéries.

  (1) Cf. Luc XIV-28.
  (2) Luc XIV-31 et 32.
  (3) Cf. Luc XIV-34 et Marc IX-50.

3. -- LA TOURNÉE EN PÉRÉE

Pendant plus de quinze jours, Jésus et les douze, suivis d'une foule de plusieurs centaines de disciples, circulèrent dans le sud de la Pérée et visitèrent toutes les villes où opéraient les soixante-dix. Beaucoup de Gentils vivaient dans cette région, mais peu d'entre eux fêtaient la Pâque à Jérusalem. Les messagers du royaume purent donc continuer sans interruption leur oeuvre d'enseignement et de prédication.

Jésus rencontra Abner à Hesbon, et André ordonna que les travaux des soixante-dix ne fussent pas interrompus par la fête de la Pâque. Jésus recommanda aux messagers de poursuivre leur oeuvre sans tenir aucun compte de ce qui allait se passer à Jérusalem. Il conseilla également à Abner de permettre aux femmes du corps évangélique, tout au moins à celles qui le désiraient, d'aller pour la Pâque à Jérusalem. Ce fut la dernière fois qu'Abner vit Jésus en incarnation. Le Maître lui fit ses adieux en disant: «Mon fils, je sais que tu seras fidèle au royaume, et je prie le Père de t'accorder de la sagesse, afin que tu puisses aimer et comprendre tes semblables ».

Au cours de leur voyage de ville en ville, un grand nombre de leurs accompagnateurs les quittèrent pour aller à Jérusalem, si bien qu'au moment où Jésus partit pour la Pâque, le nombre de ceux qui l'avaient suivi jour après jour s'était réduit à moins de deux cents.

Les apôtres comprirent que le Maître allait à Jérusalem pour la Pâque. Ils savaient que le sanhédrin avait diffusé dans tout Israël un message annonçant que Jésus avait été condamné à mort, et ordonnant que toute personne connaissant sa résidence en informe le sanhédrin. Malgré cela, les apôtres n'étaient pas aussi alarmés qu'au moment où Jésus leur avait dit à Philadelphie qu'il se rendait à Béthanie pour voir Lazare. Ce changement d'attitude, passant d'une peur intense à un état de calme expectative, était principalement dû à la résurrection de Lazare. Les apôtres étaient parvenus à la conclusion qu'en cas d'urgence Jésus pourrait affirmer son pouvoir divin et confondre de honte ses ennemis. Cette confiance, doublée de leur foi plus profonde et plus mûre dans la suprématie spirituelle de leur Maître, explique le courage extérieur déployé par ses disciples immédiats; ceux-ci se préparaient maintenant à le suivre à Jérusalem, en affrontant la proclamation publique du sanhédrin que Jésus devait mourir.

La majorité des apôtres et beaucoup de ses proches disciples ne croyaient pas que Jésus puisse mourir. Estimant qu'il était « la résurrection et la vie », ils le considéraient comme immortel et déjà triomphant de la mort.

4. -- ENSEIGNEMENT À LIVIAS

Le mercredi soir 29 mars, Jésus et ses disciples campèrent à Livias, sur le chemin de Jérusalem, après avoir achevé leur tournée des villes de la Pérée méridionale. Ce fut durant cette nuit à Livias que Simon Zélotès et Simon Pierre, qui avaient comploté de se faire livrer en cet endroit plus de cent épées, reçurent et distribuèrent ces armes à tous ceux qui voulurent les accepter et les porter dissimulées sous leur manteau. Simon Pierre portait encore son épée la nuit où le Maître fut trahi dans le parc de Gethsémani.

Le jeudi matin de bonne heure, avant que les autres ne fussent réveillés, Jésus appela André et lui dit: « Réveille tes compagnons! J'ai quelque chose à leur dire ». Jésus était au courant de la livraison des épées; il savait quels apôtres en avaient reçu et en portaient, mais il ne leur révéla jamais qu'il connaissait cette affaire. Lorsqu'André eut réveillé ses compagnons et qu'ils se furent rassemblés, Jésus leur dit: « Mes enfants, vous avez vécu longtemps auprès de moi, et je vous ai enseigné bien des choses utiles pour notre époque; je voudrais maintenant vous avertir de ne mettre votre confiance ni dans les incertitudes de la chair, ni dans les faiblesses de la défense humaine contre les épreuves qui nous attendent sous peu. Je vous ai pris ici à part pour vous dire clairement que nous allons à Jérusalem, où vous savez que le Fils de l'Homme a déjà été condamné à mort. Je vous répète que le Fils de l'Homme sera livré aux principaux prêtres et dirigeants religieux; ils le condamneront et le livreront aux mains des Gentils. Ils se moqueront du Fils de l'Homme; ils iront jusqu'à cracher sur lui et à le fouetter, et ils le livreront à la mort. Ne soyez pas consternés quand ils tueront le Fils de l'Homme, car je vous déclare qu'il ressuscitera au troisième jour. Prenez garde à vous-mêmes et souvenez-vous que je vous ai prévenus d'avance.

À nouveau les apôtres furent stupéfaits et abasourdis, mais ils ne purent arriver à prendre ses paroles à la lettre; ils ne pouvaient comprendre que le Maître avait parlé sans ambages. Ils étaient tellement aveuglés par leur croyance persistante à un royaume temporel sur terre, avec siège à Jérusalem, qu'ils ne pouvaient pas -- ne voulaient pas -- accepter comme littérales les indications de Jésus. Ils méditèrent toute la journée sur ce que le Maître avait voulu dire par ces déclarations étranges, mais nul n'osa lui poser de questions à leur sujet. C'est seulement après sa mort que les apôtres désorientés en vinrent à comprendre que le Maître leur avait parlé franchement et directement en prévision de sa crucifixion.

Ce fut ici, à Livias, que certains pharisiens sympathisants vinrent trouver Jésus après le déjeuner et lui dirent: « Hâte-toi de fuir ces parages, car Hérode cherche maintenant à te tuer, exactement comme il l'a fait pour Jean le Baptiste. Il craint un soulèvement du peuple et a décidé ta mort. Nous t'apportons cet avertissement pour te permettre de t'échapper ».

Or ceci était partiellement vrai. La résurrection de Lazare avait effrayé et alarmé Hérode. Sachent que le sanhédrin avait osé condamner Jésus avant même de le juger, Hérode avait résolu soit de tuer Jésus, soit de le chasser de ses domaines. Il désirait réellement la seconde solution, car il craignait tellement Jésus qu'il espérait ne pas être obligé de l'exécuter.

Après avoir écouté ce que les pharisiens avaient à dire, Jésus répondit: « Je connais bien Hérode et je sais qu'il a peur de l'évangile du royaume, mais plutôt que de tuer lui-même le Fils de l'Homme, il préférerait de beaucoup le voir aller à Jérusalem et que ce soient les chefs religieux qui le fassent souffrir et mourir. Ayant souillé ses mains du sang de Jean, il n'est pas désireux de porter la responsabilité de la mort du Fils de l'Homme. Allez dire à ce renard que le Fils de l'Homme prêche aujourd'hui en Pérée, qu'il ira demain en Judée, et qu'au bout de quelques jours il aura parachevé sa mission sur terre et sera prêt pour son ascension vers le Père ».

Puis Jésus se tourna vers ses apôtres et dit: «: Depuis les temps anciens les prophètes où péri à Jérusalem, et il sied que le Fils de l'Homme aille dans la cité de la maison du Père pour être offert en sacrifice comme prix du sectarisme humain et comme conséquence des préjugés religieux et de l'aveuglement spirituel. O Jérusalem, Jérusalem qui tue les prophètes et lapide les instructeurs de la vérité! Que de fois j'aurais voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous n'avez pas voulu me laisser faire! Voici, votre maison va vous être abandonnée dans la désolation. Vous désirerez maintes fois me voir, mais vous ne me trouverez pas » (1). Après avoir ainsi parlé, Jésus se tourna vers ceux qui l'entouraient et dit: « Quoi qu'il en soit, allons à Jérusalem pour assister à la Pâque et faire notre devoir en accomplissant la volonté du Père qui est aux cieux ».

  (1) Cf. Matthieu XXIII - 37 et Luc XIII - 34.

Le groupe de croyants qui suivit Jésus à Jéricho ce jour-là était troublé et déconcerté. Dans les déclarations de Jésus sur le royaume, les apôtres ne pouvaient discerner que la certitude du triomphe final. Ils ne parvenaient pas à reprendre leurs esprits au point de saisir les avertissements concernant son échec imminent. Quand Jésus parla de « ressusciter au troisième jour », ils interprétèrent cette affirmation comme signifiant un triomphe certain immédiatement consécutif à une désagréable escarmouche préliminaire avec les chefs religieux juifs. Le « troisième jour » était une expression courante de la langue juive signifiant « bientôt » ou « peu après ». Quand Jésus parla de « ressusciter », ils crurent qu'il faisait allusion à la « résurrection du royaume ».

Ces croyants avaient accepté Jésus en tant que Messie, et les Juifs ne savaient rien ou presque rien d'un Messie condamné à souffrir. Ils ne comprenaient pas que, par sa mort, Jésus allait accomplir bien des choses qu'il n'aurait pu faire aboutir par sa vie. La résurrection de Lazare avait donné aux apôtres le courage d'entrer à Jérusalem, mais ce fut le souvenir de la transfiguration qui soutint le Maître durant cette pénible période de son effusion.

5. -- L'AVEUGLE DE JÉRICHO

Tard dans l'après-midi du jeudi 30 mars, Jésus et ses apôtres, suivis d'une compagnie d'environ deux cents disciples, approchaient des remparts de Jéricho. En arrivant à proximité des portes de la ville, ils rencontrèrent une foule de mendiants parmi lesquels se trouvait Bartimée, un homme d'un certain âge qui était aveugle depuis sa jeunesse. Ce mendiant aveugle avait beaucoup entendu parler de Jésus, et il était au courant de la guérison de l'aveugle Josias à Jérusalem. Il n'avait pas été informé du dernier passage de Jésus à Jéricho avant que le Maître ne fût reparti pour Béthanie. Bartimée avait résolu de ne plus jamais laisser Jésus visiter Jéricho sans faire appel à lui pour rétablir sa vue.

La nouvelle de l'approche de Jésus avait été annoncée dans tout Jéricho, et des centaines d'habitants s'étaient rassemblés pour aller à sa rencontre. Quand cette foule revint en escortant le Maître à son entrée dans la ville, Bartimée entendit le grand bruit du piétinement de la multitude et sut qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Il demanda donc à ses voisins ce qui arrivait, et l'un des mendiants répondit: « Jésus de Nazareth est en train de passer ». Quand Bartimée entendit que Jésus était à proximité, il éleva la voix et commença à crier: « Jésus, Jésus, aie pitié de moi! » Et tandis qu'il criait de plus en plus fort, certains accompagnateurs de Jésus allèrent vers lui et le réprimandèrent en le priant de se tenir tranquille; mais cela ne servit à rien; Bartimée n'en cria que plus fort.

Quand Jésus entendit l'aveugle crier, il s'arrêta, et quand il le vit, il dit à ses amis: « Amenez-moi cet homme ». Sur quoi ils allèrent trouver Bartimée en disant: « Aie bon courage, et viens avec nous, car le Maître t'appelle ». A l'audition de ces paroles, Bartimée rejeta son manteau et sauta au milieu de la route, tandis que les personnes les plus proches le guidaient vers Jésus. S'adressant à Bartimée, Jésus dit: « Que veux-tu que je fasse pour toi? » Et l'aveugle répondit: « Je voudrais que ma vue soit rétablie ». A audition de cette demande et devant cette foi, Jésus dit « Tu recouvreras la vue; va ton chemin ta foi t'a guéri ». Et Bartimée recouvra immédiatement la vue; il resta près de Jésus, glorifiant Dieu, jusqu'au départ de Jésus le lendemain matin pour Jérusalem; et alors il précéda la multitude en proclamant à tout le monde comment sa vue lui avait été rendue à Jéricho (1).

  (1) Cf. Marc X - 46 à 52.

6. -- LA VISITE À ZACHÉE

Quand la procession du Maître entra dans Jéricho, le soleil était sur le point de se coucher, et Jésus était disposé à demeurer dans la ville pour la nuit. Au moment où il passa devant le bureau des impôts, Zachée, le chef publicain ou percepteur des taxes, se trouvait là; or il désirait grandement voir Jésus. Ce chef publicain était fort riche et avait beaucoup entendu parler du prophète de Galilée. Il avait résolu de voir quelle sorte d'homme était Jésus la prochaine fois qu'il viendrait à Jéricho. En conséquence, Zachée chercha à se frayer un chemin à travers la foule, mais elle était trop dense, et Zachée était de petite taille, de sorte qu'il ne pouvait voir par-dessus les têtes. Alors le chef publicain suivit la foule jusqu'au centre de la ville, non loin de l'endroit où il habitait. Voyant qu'il ne parviendrait pas à fendre la foule, et imaginant que Jésus allait peut-être traverser la ville sans s'y arrêter, il courut en avant et grimpa dans un sycomore dont les branches étendues surplombaient la route. Il savait que de cette manière il pourrait bien voir le Maître lors de son passage. Et il ne fut pas déçu, car en passant par là Jésus s'arrêta, leva les yeux vers Zachée, et dit: « Dépêche-toi de descendre, Zachée, car ce soir il faudra que je demeure dans ta maison ». Quand Zachée entendit ces paroles surprenantes, il tomba presque de l'arbre dans sa hâte d'en descendre. Allant vers Jésus, il exprima sa grande joie de ce que le Maître veuille bien s'arrêter chez lui.

Ils s'y rendirent immédiatement, et les habitants de Jéricho furent bien étonnés que Jésus consente à demeurer chez le chef des publicains. Tandis que le Maître et ses apôtres s'attardaient avec Zachée devant la porte de sa maison, l'un des pharisiens de Jéricho qui se trouvait dans le voisinage dit: « Vous voyez que cet homme est allé loger chez un fils apostat d'Abraham, un pécheur qui est un exacteur et vole son propre peuple ». Quand Jésus entendit cela, il regarda Zachée et sourit. Alors Zachée monta sur une chaise et dit: « Hommes de Jéricho, écoutez-moi! Je suis peut-être un publicain et un pécheur, mais le grand instructeur est venu demeurer dans ma maison. Avant qu'il n'entre, je vous dis que je vais donner aux pauvres la moitié de tous mes biens; et dès demain, si j'ai exigé à tort quelque chose de quelqu'un, je le lui restituerai au quadruple. Je vais rechercher le salut de tout mon coeur et apprendre à agir avec droiture aux yeux de Dieu ».

Quand Zachée eut fini de parler, Jésus dit: « Aujourd'hui le salut est venu dans cette maison, et tu es devenu en vérité un fils d'Abraham ». Puis se tournant vers la foule assemblée autour d'eux, Jésus dit: « Ne vous étonnez pas de ce que je dis et ne vous offensez pas de ce que nous faisons, car j'ai constamment déclaré que le Fils de l'Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».

Jésus et ses apôtres logèrent chez Zachée pour la nuit, et le lendemain matin ils partirent par la « route des voleurs » en direction de Béthanie, pour assister à la Pâque à Jérusalem.

7. -- (( TANDIS QUE JÉSUS PASSAIT ))

Jésus répandait le réconfort partout où il passait. Il était plein de grâce et de vérité. Ses collaborateurs ne cessèrent de s'émerveiller des paroles aimables qui sortaient de sa bouche. On peut cultiver l'amabilité, mais la grâce est l'arène de l'amitié qui émane d'une âme saturée d'amour.

La bonté force toujours le respect, mais quand elle est dépourvue d'aménité, elle repousse souvent l'affection. C'est seulement quand la bonté est gracieuse qu'elle exerce un attrait universel. La bonté n'est efficace que si elle est attirante.

Jésus comprenait réellement les hommes; c'est pourquoi il pouvait manifester une véritable sympathie et montrer une sincère compassion. Mais il se laissait rarement aller à la pitié. Sa compassion était illimitée, mais sa sympathie était pratique, personnelle, et constructive. Jamais son contact avec la souffrance n'engendrait l'indifférence, et il savait apporter son ministère aux âmes affligées sans accroître leur apitoiement sur elles-mêmes.

Jésus pouvait beaucoup aider les hommes parce qu'il les aimait sincèrement. Il aimait véritablement chaque homme, chaque femme, et chaque enfant. Il pouvait être un véritable ami à cause de sa remarquable perspicacité -- il connaissait entièrement le contenu du coeur et de la pensée des hommes. Il s'intéressait aux gens et avait une faculté aiguë d'observation. Il était expert à comprendre les besoins des hommes et habile à détecter leurs désirs.

Jésus n'était jamais pressé. Il avait le temps de réconforter ses semblables « en passant ». Il s'arrangeait toujours pour que ses amis se sentent à l'aise. Il ne se lançait jamais dans un interrogatoire importun de l'âme de ses collaborateurs. Quand il encourageait des penseurs affamés de vérité et soignait des âmes assoiffées de droiture, les bénéficiaires de sa miséricorde n'avaient pas tellement le sentiment de se confesser à lui, mais plutôt de conférer avec lui. Ils avaient en lui une confiance illimitée parce qu'ils voyaient la grande foi qu'il avait en eux.

Jésus ne semblait jamais curieux de connaître les gens et ne manifestait jamais le désir de les commander, de les diriger, ou d'insister auprès d'eux. Il inspirait une profonde confiance en soi et un solide courage à tous ceux qui jouissaient de sa compagnie. Quand il souriait à une personne, celle-ci ressentait une aptitude accrue à résoudre ses multiples problèmes.

Jésus aimait tellement les hommes, et si sagement, qu'il n'hésitait jamais à être sévère avec eux quand l'occasion exigeait cette discipline. Pour aider une personne, il commençait souvent par lui demander de l'aide. De cette manière, il suscitait de l'intérêt et faisait appel aux meilleurs éléments de la nature humaine.

Le Maître put discerner la foi qui sauve dans la grossière superstition de la femme qui cherchait la guérison par contact avec le bord de son vêtement. Il était toujours prêt et disposé à interrompre un sermon ou à faire attendre une multitude pendant qu'il pourvoyait aux besoins d'une créature isolée, ou même d'un petit enfant. De grands événements se produisaient non seulement parce que les gens avaient foi en Jésus, mais aussi parce que Jésus avait une grande foi en eux.

La plupart des choses réellement importantes que Jésus dit ou fit semblèrent se produire occasionnellement, « tandis qu'il passait ». Le ministère terrestre du Maître présenta fort peu d'aspects professionnels, bien prévus, ou prémédités. Il dispensa la santé et répandit le bonheur avec naturel et grâce au cours de son voyage à travers la vie. Il est littéralement vrai qu'il « circulait en faisant du bien ».

Dans tous les âges, il sied que les disciples du Maître apprennent à soigner « au passage » -- à faire du bien avec désintéressement en vaquant à leurs devoirs quotidiens.

8. -- LA PARABOLE DES MINES

Le groupe apostolique ne quitta Jéricho que peu avant midi, car il avait veillé tard durant la soirée précédente pendant que Jésus enseignait l'évangile du royaume à Zachée et à sa famille. A peu près à mi-chemin de la route allant à Béthanie, le groupe fit halte pour déjeuner, tandis que la multitude continuait à cheminer vers Jérusalem sans savoir que Jésus et les apôtres allaient s'installer cette nuit-là sur le Mont des Oliviers.

Contrairement à la parabole des talents, qui était destinée à tous les disciples, la parabole des mines (1) fut racontée plus exclusivement aux apôtres. Elle était largement fondée sur l'expérience d'Archelaüs et sur sa futile tentative pour gagner la souveraineté sur le royaume de Judée. C'est l'une des rares paraboles du Maître basée sur un caractère historique réel. Il n'était pas étonnant que les apôtres aient pensé à Archelaüs, car la maison de Zachée à Jéricho était très proche du palais d'Archelaüs, surchargé d'ornements, et son aqueduc longeait la route par laquelle ils étaient partis de Jéricho.

      (1) La mine grecque était à la fois une unité de monnaie et une unité de poids. Comme monnaie d'argent, elle valait 100 drachmes. Comme poids, elle représentait un peu moins d'une livre.

Jésus dit: « Vous pensez que le Fils de l'homme va à Jérusalem pour recevoir un royaume, mais je déclare que vous allez être déçus. Ne vous rappelez-vous pas l'histoire d'un prince qui alla dans un pays lointain pour recevoir un royaume? Avant même qu'il ait pu revenir, les citoyens de sa province, qui l'avaient déjà rejeté de leur coeur, lui envoyèrent une ambassade en se disant: « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous ». De même que la souveraineté temporelle de ce roi fut repoussée, de même la souveraineté spirituelle du Fils de l'Homme va être rejetée. Je déclare à nouveau que mon royaume n'est pas de ce monde. Mais si l'on avait accordé au Fils de l'Homme la souveraineté spirituelle sur son peuple, il aurait accepté ce royaume d'Ames humaines et aurait régné sur cette colonie de coeurs humains. Bien qu'ils repoussent ma souveraineté spirituelle sur eux, je reviendrai pour recevoir des mains d'autres personnes le royaume spirituel qui m'est maintenant refusé. Vous allez voir le Fils de l'Homme rejeté aujourd'hui, mais, dans un autre âge, ce que les enfants d'Abraham renient actuellement sera reçu et exalté.

« Maintenant, tel le prince rejeté de cette parabole, je voudrais convoquer devant moi mes douze serviteurs, mes intendants spéciaux, et donner à chacun de vous la somme d'une mine. Je vous recommande de bien veiller à mon commandement de commercer diligemment avec l'argent qui vous est confié pendant mon absence, afin que vous ayez de quoi justifier votre gérance quand je reviendrai, quand un compte rendu vous sera demandé.

« Même si le Fils rejeté ne devait pas revenir, un autre Fils serait envoyé pour recevoir ce royaume, et ce Fils vous enverra tous chercher pour recevoir votre rapport de gérance et se réjouir de vos gains.

« Quand ces intendants furent ultérieurement convoqués pour la reddition des comptes, le premier s'avança en disant: « Seigneur, avec ta mine j'en ai gagné dix de plus ». Et son Maître lui dit: « Bravo, tu es un bon serviteur, et puisque tu t'es montré fidèle en cette affaire, je te donnerai autorité sur dix villes ». Puis le second vint en disant: « La mine que tu m'as confiée, Seigneur, en a produit cinq ». Et le Maître dit: « En conséquence je t'établirai chef de cinq villes ». Et ainsi de suite pour tous les autres serviteurs, jusqu'à ce que le dernier fût appelé à rendre ses comptes et dit: « Seigneur, voici ta mine que j'ai gardée soigneusement enveloppée dans ce linge. J'ai fait cela parce que je te craignais. J'ai pensé que tu étais trop exigeant, vu que tu ramasses là où tu n'a rien déposé, et que tu cherches à récolter là où tu n'as pas semé ». Alors son maître dit: « Serviteur négligent et infidèle, je vais te juger d'après tes propres paroles. Tu sais que je récolte là où je ne parais pas avoir semé; tu savais donc que l'on exigerait de toi cette reddition de comptes. Sachant cela, tu aurais au moins dû remettre mon argent au banquier, afin qu'à mon retour je le retrouve avec un intérêt convenable ».

Puis le prince dit à ceux qui se tenaient là: « Prenez l'argent de ce serviteur paresseux et donnez-le à celui qui a dix mines ». Lorsqu'ils firent observer que le premier serviteur avait déjà dix mines le prince dit « à quiconque possède, il sera donné davantage; mais à qui ne possède rien, on ôtera même ce qu'il détient ».

Les apôtres cherchèrent alors à connaître la différence entre la signification de cette parabole et celle de l'ancienne parabole des talents, mais Jésus ne voulut répondre que ceci à leurs nombreuses questions: « Méditez bien ces paraboles dans votre coeur pendant que chacun de vous en découvre le véritable sens ».

Nathanael, qui enseigna si bien la signification de ces deux paraboles au cours des années ultérieures, résuma ses enseignements dans les conclusions suivantes:

   1. L'aptitude est la mesure pratique des occasions offertes par la vie. On ne vous tiendra jamais pour responsable de ne pas accomplir ce qui dépasse vos aptitudes.

   2. La fidélité mesure infailliblement le degré auquel un homme est digne de confiance. Il est probable que celui qui est fidèle dans les petites choses fera également preuve de fidélité dans tout ce qui est compatible avec ses facultés.

   3. Le Maître accorde une récompense moindre pour une fidélité moindre quand les chances étaient égales.

   4. Il accorde une récompense égale pour une fidélité égale quand les chances étaient moindres.

Quand ils eurent fini de déjeuner et que la multitude des zélateurs eut poursuivi sa route vers Jérusalem, Jésus se dressa devant les apôtres à l'ombre d'un rocher qui surplombait la route. Avec une dignité sereine et une majesté pleine de grâce, il montra l'occident du doigt et dit: « Venez, mes frères, entrons dans Jérusalem pour y recevoir ce qui nous attend. Nous accomplirons ainsi en toutes choses la volonté du Père céleste ».

Jésus et les apôtres se remirent donc en route. C'était le dernier voyage à Jérusalem du Maître incarné dans la similitude d'un mortel.

 

170. Le royaume des cieux

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 10 December 2025

LE ROYAUME DES CIEUX

LE samedi après-midi 11 mars de l'an 30, Jésus prêcha son dernier sermon à Pella. Ce fut l'une des allocutions les plus remarquables de son ministère public, embrassant une analyse complète et détaillée du royaume des cieux. Il se rendait compte de la confusion qui régnait dans la pensée de ses apôtres et de ses disciples au sujet du sens et de la signification des expressions « royaume des cieux » et « royaume de Dieu » qu'il employait comme synonymes de sa mission d'effusion. Le terme même royaume des cieux aurait du suffire à séparer ce qu'il représentait de toute connexion avec les royaumes terrestres et les gouvernements temporels, mais ce résultat ne fut pas atteint. L'idée d'un roi temporel était trop profondément enracinée dans la pensée des Juifs pour en être délogée en une seule génération. C'est pourquoi Jésus ne s'opposa pas ouvertement de prime abord à ce concept longtemps entretenu du royaume.

Au cours de cet après-midi de sabbat, le Maître chercha à clarifier son enseignement sur le royaume des cieux. Il analysa le sujet sous tous les angles et s'efforça d'expliquer les nombreux sens différents dans lesquels le terme avait été employé Dans cet exposé, nous ajouterons à son discours maintes indications données par Jésus en des occasions antérieures, et nous y inclurons certaines remarques faites exclusivement aux apôtres au cours des discussions de la soirée du même jour. Nous ferons également certains commentaires sur le développement ultérieur de l'idée du royaume en relation avec l'Église chrétienne édifiée plus tard.

1. -- CONCEPTS DU ROYAUME DES CIEUX

En liaison avec le récit du sermon de Jésus, il faut noter que l'ensemble des Ecritures hébraïques comporte un double concept du royaume des cieux. Les prophètes ont présenté le royaume de Dieu comme étant:

   1. Une réalité présente.

   2. Un espoir futur -- quand le royaume serait réalisé dans sa plénitude à la suite de l'apparition du Messie. C'est le concept du royaume enseigné par Jean le Baptiste.

Dès le début, Jésus et les apôtres enseignèrent ces deux concepts. Il faut garder présentes à la mémoire deux autres idées du royaume:

   3. Le concept juif ultérieur d'un royaume mondial et transcendantal, d'origine surnaturelle et d'inauguration miraculeuse.

   4. Les enseignements persans décrivant l'établissement d'un royaume divin en tant qu'aboutissement du triomphe du bien sur le mal à la fin du monde.

Juste avant la venue de Jésus sur terre, les Juifs combinaient et confondaient toutes ces idées du royaume dans leur concept apocalyptique de la venue du Messie pour établir l'âge du triomphe juif, l'âge éternel de la souveraineté suprême de Dieu sur terre, le nouveau monde, l'ère où l'humanité adorerait Jéhovah. En choisissant d'utiliser ce concept du royaume des cieux, Jésus décida de s'approprier l'héritage majeur le plus essentiel des deux religions juive et persane.

Le royaume de Dieu, tel qu'il a été tantôt justement et tantôt faussement compris durant les siècles de l'ère chrétienne, embrasse quatre groupes distincts d'idées:

  1. Le concept des Juifs.
  2. Le concept des Persans.
  3. Le concept d'expérience personnelle de Jésus, « le royaume de Dieu en vous ».
  4. Les concepts composites et confus que les fondateurs et promoteurs du christianisme ont cherché à inculquer au monde.

À différentes époques et dans des circonstances variées, il semble que Jésus ait présenté de nombreux concepts du « royaume » dans ses leçons publiques. Mais à ses apôtres, il enseigna toujours le royaume comme embrassant l'expérience personnelle d'un homme par rapport à ses contemporains sur terre et au Père dans les cieux. Ses derniers mots au sujet du royaume étaient toujours: « Le royaume est en vous ».

Trois facteurs ont causé des siècles de confusion au sujet du sens de l'expression « le royaume des cieux »:

   1. Le fait que l'idée du royaume a été progressivement remaniée par Jésus et ses apôtres, en passant par diverses phases.

   2. La confusion qui accompagna inévitablement la transplantation du christianisme primitif juif sur un terrain païen.

   3. La confusion inhérente au fait que le christianisme devint une religion organisée autour de l'idée centrale de la personne de Jésus. L'évangile du royaume devint de plus en plus une religion à propos de Jésus.

2. -- LE CONCEPT DU ROYAUME CHEZ JÉSUS

La paternité de Dieu et le fait corrélatif de la fraternité des hommes constituent un double concept de la vérité. Le Maître expliqua que le royaume de Dieu doit commencer par là et rester axé sur cette vérité. Selon Jésus, l'acceptation de cet enseignement devait libérer les hommes de l'asservissement millénaire à la crainte animale, et en même temps enrichir la vie humaine avec les dons suivants de la nouvelle vie de liberté spirituelle:

   1. La possession d'un nouveau courage et d'un pouvoir spirituel accru. L'évangile du royaume devait libérer les hommes et les enhardir à espérer la vie éternelle.

   2. L'évangile apportait un message de nouvelle confiance et de vraie consolation à tous les hommes, même aux pauvres.

   3. L'évangile était en lui-même un nouvel étalon des valeurs morales, un nouveau critère éthique permettant de mesurer la conduite humaine. Il décrivait l'idéal d'un nouvel ordre social qui en serait la conséquence.

   4. Il enseignait la primauté du spirituel comparé au matériel; il glorifiait les réalités spirituelles et exaltait les idéaux surhumains.

   5. Ce nouvel évangile présentait l'aboutissement spirituel comme le vrai but de la vie. La vie humaine recevait une nouvelle dotation de valeur morale et de dignité divine.

   6. Jésus enseigna que les réalités éternelles étaient le résultat (la récompense) de la droiture dans les efforts terrestres. Le séjour des mortels sur terre acquit de nouvelles significations comme conséquence de la noble destinée promise.

   7. Le nouvel évangile affirmait que le salut humain révèle un profond dessein divin devant être accompli et réalisé dans la destinée future du service sans fin des fils de Dieu qui seraient sauvés.

Ces enseignements couvrent l'idée amplifiée du royaume que Jésus présentait. Ce grand concept n'était guère inclus dans les notions élémentaires et confuses que Jean le Baptiste enseignait sur le royaume.

Les apôtres étaient incapables de saisir la signification réelle des propos du Maître concernant le royaume. La déformation ultérieure des enseignements de Jésus tels qu'ils sont enregistrés dans le Nouveau Testament provient de ce que le concept des auteurs évangéliques était coloré par l'idée que Jésus s'était seulement absenté de la planète pour une brève période, et qu'il ne tarderait pas à revenir pour établir le royaume en puissance et en gloire -- exactement l'idée à laquelle ils s'étaient attachés pendant que le Maître était incarné avec eux. Mais Jésus n'avait pas lié l'établissement du royaume à celle de son retour dans ce monde. Les siècles ont passé sans aucun signe de l'apparition du « Nouvel Age », et cela ne contredit en rien l'enseignement de Jésus.

Le grand effort incorporé dans ce sermon fut la tentative pour transformer le concept du royaume des cieux en un idéal, en l'idée de faire la volonté de Dieu. Depuis longtemps le Maître avait appris à ses disciples à prier: « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». A cette époque, il chercha sérieusement à leur faire abandonner l'emploi de l'expression « royaume de Dieu » en faveur d'un meilleur équivalent, la volonté de Dieu, mais il n'y parvint pas.

Jésus désirait substituer aux idées de royaume, de roi, et de sujets, le concept de la famille céleste, du Père céleste, et des fils de Dieu libérés, engagés dans un service joyeux et volontaire en faveur de leur prochain et dans l'adoration sublime et intelligente de Dieu le Père.

Jusque là, les apôtres avaient acquis un double point de vue sur le royaume. Ils le considéraient comme:

   1. Une affaire d'expérience personnelle actuellement présente dans le coeur des vrais croyants.

   2. Une question de phénomène racial ou mondial; le royaume était dans l'avenir, quelque chose qu'il fallait envisager avec plaisir.

Les apôtres considéraient la venue du royaume dans le coeur des hommes comme un développement graduel, semblable au levain dans la pâte ou à la croissance du grain de sénevé. Ils croyaient que la venue du royaume au sens racial ou mondial serait à la fois souhaitable et spectaculaire. Jamais Jésus ne se lassa de leur dire que le royaume des cieux était leur expérience personnelle consistant à réaliser les qualités supérieures de la vie spirituelle, et que ces réalités de l'expérience spirituelle sont progressivement transférées à des plans nouveaux et supérieurs de certitude divine et de grandeur éternelle.

Cet après-midi-là, le Maître enseigna nettement un nouveau concept de la double nature du royaume, en ce sens qu'il en décrivit les deux phases suivantes:

Premièrement, le royaume de Dieu dans ce monde, le suprême désir de faire la volonté de Dieu, l'amour humain désintéressé qui donne les bons fruits d'une éthique améliorée et d'une conduite morale.

Deuxièmement, le royaume céleste de Dieu, le but des croyants mortels, l'état où l'amour pour Dieu est plus parfait, et où la volonté de Dieu est accomplie plus divinement.

Jésus enseigna que, par la foi, le croyant entre dès maintenant dans le royaume. Dans ses divers discours, il enseigna que deux choses sont essentielles pour entrer par la foi dans le royaume:

1. La foi, la sincérité. Venir comme un petit enfant, recevoir le bénéfice de la filiation comme un don; accepter de faire sans discussion la volonté du Père, avec une confiance pleine et sincère dans la sagesse du Père; entrer dans le royaume sans préjugés ni idées préconçues; avoir l'esprit ouvert et être enseignable comme un enfant non gâté.

2. Avoir faim de vérité. La soif de droiture, un changement de pensée, l'acquisition du mobile qui pousse à ressembler à Dieu et à trouver Dieu.

Jésus enseigna que le péché n'est pas la conséquence d'une nature défectueuse, mais plutôt le fruit d'une pensée consciente dominée par une volonté insoumise. En ce qui concerne le péché, il enseigna que Dieu a pardonné, et l'acte de pardonner à notre prochain rend le pardon de Dieu disponible en notre faveur personnelle. Quand vous pardonnez à votre frère incarné, vous créez ainsi dans votre âme l'aptitude à recevoir la réalité du pardon de Dieu pour vos propres méfaits.

À l'époque où l'apôtre Jean commença à écrire l'histoire de la vie et des enseignements de Jésus, les Chrétiens primitifs avaient éprouvé de graves ennuis parce que l'idée du royaume de Dieu avait engendré des persécutions: les difficultés furent telles qu'ils abandonnèrent à peu près l'emploi du terme royaume. Jean parle beaucoup de la « vie éternelle ». Jésus en parla souvent comme du « royaume de vie ». Souvent aussi il faisait allusion au « royaume de Dieu en vous ». Il qualifia une fois cette expérience de « communauté familiale avec Dieu le Père ». Jésus chercha à substituer de nombreuses expressions au mot « royaume », mais toujours sans succès. Il employa entre autres: la famille de Dieu, la volonté du Père, les amis de Dieu, la communauté des croyants, la confraternité des hommes, le bercail du Père, les enfants de Dieu, la communion des fidèles, le service du Père, et les fils de Dieu libérés.

Mais il ne put éviter d'utiliser l'idée du royaume. C'est seulement un demi-siècle plus tard, après la destruction de Jérusalem par les armées romaines, que le concept du royaume commença à changer. Il se transforma en culte de la vie éternelle, tandis que ses aspects sociaux et institutionnels étaient pris en charge par l'Église chrétienne en voie de développement et de cristallisation rapides.

3. -- AU SUJET DE LA DROITURE

Jésus s'efforça toujours d'inculquer à ses apôtres et disciples la nécessité d'acquérir, par la foi, une droiture qui dépasserait celle des oeuvres serviles que certains scribes et pharisiens étalaient avec tant de vanité devant le monde.

Jésus enseigna que la foi, la simple croyance enfantine, est la clef de la porte du royaume, mais il enseigna également qu'après avoir passé la porte, il y a les étapes successives de droiture que chaque enfant croyant doit franchir après sa mort pour grandir jusqu'au plein développement des robustes fils de Dieu.

C'est par l'étude de la technique pour recevoir le pardon de Dieu que se révèle la manière d'atteindre la droiture du royaume. La foi est le prix que l'on paye pour entrer dans la famille de Dieu; mais le pardon est l'acte de Dieu acceptant votre foi comme prix d'admission. Et la réception du pardon de Dieu par un croyant au royaume implique une expérience précise et réelle comprenant les quatre étapes suivantes, les étapes du royaume de la droiture intérieure:

   1. L'homme peut disposer du pardon de Dieu et en faire l'expérience personnelle dans la mesure exacte où il pardonne à ses semblables.

   2. Un homme ne pardonne pas véritablement à son prochain à moins de l'aimer comme lui-même.

   3. Le fait d'aimer ainsi son prochain comme soi-même est l'éthique la plus élevée.

   4. La conduite morale, la vraie doiture, est alors le résultat naturel de cet amour.

Il est donc évident que la vraie religion intérieure du royaume tend infailliblement, et de plus en plus, à se manifester dans les voies pratiques du service social. Jésus enseigna une religion vivante qui obligeait ses fidèles à s'engager dans des actes de service amical. Mais Jésus ne substitua pas l'éthique à la religion. Il enseigna la religion comme une cause, et l'éthique comme un résultat.

La droiture d'un acte doit se mesurer à son mobile; les formes les plus élevées du bien sont donc inconscientes. Jésus ne s'intéressa jamais à la morale ni à l'éthique en elles-mêmes. Il s'occupa exclusivement de la communion intérieure et spirituelle avec Dieu le Père, communion qui se manifeste directement avec tant de certitude sous forme de services extérieurs rendus aux hommes. Il enseigna que la religion du royaume est une expérience personnelle authentique que nul ne peut conserver pour lui-même. La conscience d'être un membre de la famille des croyants conduit inévitablement à pratiquer les préceptes de la bonne conduite familiale, le service des frères et soeurs pour rehausser et développer la confraternité.

La religion du royaume est personnelle, individuelle; ses fruits, ses résultats, sont familiaux et sociaux. Jésus ne manquait jamais d'exalter le caractère sacré des individus par contraste avec la communauté. Mais il reconnaissait également que les hommes développent leur caractère par le service social; ils déploient leur nature morale dans des rapports affectueux avec leurs semblables.

En enseignant que le royaume est intérieur, en exaltant la personnalité, Jésus donna le coup de grâce à l'ancien ordre social, en ce sens qu'il inaugura la nouvelle dispensation de la vraie droiture sociale. Le monde a peu connu ce nouvel ordre social, parce qu'il a refusé de pratiquer les principes de l'évangile du royaume des cieux. Quand ce royaume de prééminence spirituelle s'établira sur terre, il ne se manifestera pas simplement par une amélioration des conditions matérielles et sociales; il se traduira plutôt par la gloire des valeurs spirituelles supérieures et enrichies qui caractérisent l'approche de l'âge des relations humaines améliorées et des accomplissements spirituels avancés.

4. -- L'ENSEIGNEMENT DE JÉSUS SUR LE ROYAUME

Jésus ne donna jamais une définition précise du royaume. Tantôt il discourait sur une phase du royaume, et tantôt il analysait un aspect différent du règne de la confraternité de Dieu dans le coeur des hommes. Au cours du sermon de cet après-midi de sabbat, Jésus fit allusion à au moins cinq phases, ou époques, qui sont les suivantes:

   1. L'expérience personnelle et intérieure de la vie spirituelle du croyant communiant individuellement avec Dieu le Père.

   2. La croissance de la confraternité des croyants à l'évangile, les aspects sociaux de la morale supérieure et de l'éthique vivifiée résultant du règne de l'esprit de Dieu dans le coeur des croyants individuels.

   3. La confraternité supra-mortelle des êtres spirituels invisibles qui prévaut sur terre et dans le ciel, le royaume supra-humain de Dieu.

   4. La perspective d'un accomplissement plus parfait de la volonté de Dieu, le progrès vers l'aurore d'un nouvel ordre social en liaison avec une vie spirituelle améliorée -- l'ère suivante de l'humanité.

   5. Le royaume dans sa plénitude, l'âge spirituel futur de lumière et de vie sur terre.

C'est pourquoi il faut toujours analyser l'enseignement du Maître pour savoir à laquelle de ces cinq phases il veut se référer quand il emploie l'expression « royaume des cieux ». Par ce processus de changement graduel de la volonté des hommes et de modification corrélative des décisions humaines, Micaël et ses collaborateurs changent progressivement, mais avec certitude, tout le cours de l'évolution humaine, sociale et autre.

En cette occasion, le Maître mit l'accent sur les cinq points suivants représentant selon lui les caractéristiques essentielles de l'évangile du royaume.

   1. La prééminence de l'individu.
   2. La volonté comme facteur déterminant dans l'expérience humaine.
   3. La communion spirituelle avec Dieu le Père.
   4. La satisfaction suprême de servir amicalement les hommes.
   5. La transcendance du spirituel sur le matériel dans la personnalité humaine.

Le monde n'a jamais sérieusement, sincèrement, ni honnêtement mis à l'épreuve les idées dynamiques et les idéaux divins de la doctrine du royaume céleste exposée par Jésus. Mais il n'y a pas lieu de se laisser décourager par la lenteur apparente du progrès de l'idée du royaume sur Urantia. Rappelez-vous que l'évolution progressive est sujette à des changements périodiques soudains et inattendus à la fois dans le monde matériel et dans le monde spirituel. L'effusion de Jésus en tant que Fils incarné fut précisément l'un de ces événements étranges et inattendus dans la vie spirituelle du monde. En recherchant la manifestation du royaume dans l'âge contemporain, ne commettez pas non plus l'erreur fatale d'omettre de l'établir dans votre propre âme.

Jésus fit allusion à une phase du royaume comme située dans l'avenir, et suggéra en de nombreuses occasions qu'elle pourrait apparaître comme élément d'une crise mondiale. Par ailleurs, en plusieurs circonstances, il promit nettement qu'il reviendrait certainement sur Urantia. Mais il faut noter qu'il n'a jamais établi un lien positif entre ces deux idées. Il promit une nouvelle révélation du royaume sur terre à un moment donné de l'avenir; il promit également qu'il reviendrait un jour, en personne, sur ce monde; mais il n'a jamais dit que ces deux événements coïncideraient. D'après tout ce que nous savons, ces promesses peuvent se référer ou non au même événement.

Il est absolument certain que ses apôtres et disciples établirent un lien entre ces deux promesses. Quand le royaume ne se matérialisa pas comme ils l'avaient espéré, ils se rappelèrent l'enseignement du Maître concernant un royaume futur et se souvinrent de sa promesse de revenir; ils conclurent aussitôt que ces promesses se référaient au même événement. C'est pourquoi ils vécurent dans l'espoir que Jésus reviendrait incessamment une seconde fois pour établir le royaume dans sa plénitude, avec puissance et gloire. Depuis lors, des générations successives de croyants ont vécu sur terre en entretenant le même espoir vivifiant, mais trompeur.

5. -- IDÉES ULTÉRIEURES SUR LE ROYAUME

Ayant résumé les enseignements de Jésus sur le royaume des cieux, nous sommes autorisés à décrire certaines idées ultérieures qui s'attachèrent au concept du royaume, et à nous engager dans une provision prophétique du royaume tel qu'il pourrait évoluer dans l'âge à venir.

Durant les premiers siècles de la propagande chrétienne, l'idée du royaume des cieux fut prodigieusement influencée par les notions de l'idéalisme grec, qui se répandaient alors rapidement, l'idée du monde spirituel -- du temporel en tant qu'ombre de l'éternel dans le temps.

Toutefois, la grande étape qui marqua la transplantation des enseignements de Jésus d'un sol juif sur un sol païen fut franchie quand, pour l'Église, le Messie du royaume devint le Rédempteur. L'Église était une organisation religieuse et sociale issue des activités de Paul et de ses successeurs; elle était fondée sur les enseignements de Jésus auxquels on avait ajouté les idées de Philon et les doctrines persanes du bien et du mal.

Les idées et les idéaux de Jésus, incorporés dans l'enseignement de l'évangile du royaume, faillirent cesser d'être compris quand ses disciples déformèrent progressivement ses déclarations. Le concept du royaume présenté par le Maître fut notablement modifié par deux grandes tendances:

   1. Les croyants juifs persistaient à considérer Jésus comme le Messie. Ils croyaient que le Maître reviendrait dans un très proche avenir pour établir un royaume mondial plus ou moins matériel.

   2. Les Gentils chrétiens commencèrent de très bonne heure à accepter les doctrines de Paul, qui conduisirent de plus en plus à la croyance générale que Jésus était le Rédempteur des enfants de l'Église; ce concept nouveau et institutionnel succéda au concept primitif de la confraternité purement spirituelle du royaume.

L'Église, en tant que conséquence sociale du royaume, aurait été entièrement naturelle et même désirable. Le mal de l'Église ne fut pas son existence, mais plutôt le fait qu'elle supplanta presque complètement le concept du royaume présenté par Jésus. L'Église de Paul, élevée au rang d'institution, se substitua virtuellement au royaume des cieux que Jésus avait proclamé.

Mais le royaume des cieux, tel que le Maître l'enseigna, existe dans le coeur des croyants. Sans aucun doute, il sera de nouveau proclamé à cette Église chrétienne, ainsi qu'à toutes les autres religions, races, et nations de la terre -- et même à chaque individu.

Le royaume enseigné par Jésus, l'idéal spirituel de la droiture individuelle et le concept de la divine communion de l'homme avec Dieu, se fondit graduellement dans la conception mystique de la personne de Jésus en tant que Rédempteur-Créateur et chef spirituel d'une communauté religieuse socialisée. De cette manière, une Église officielle et institutionnelle devint le substitut de la confraternité spirituelle individuelle du royaume.

L'Église fut un résultat social inévitable et utile de la vie et des enseignements de Jésus. La tragédie consiste dans le fait que cette réaction sociale aux enseignements du royaume déplaça complètement le concept spirituel du vrai royaume, tel que Jésus l'enseigna et le vécut.

Pour les Juifs, le royaume était la communauté israélite; pour les Gentils, il devint l'Église chrétienne. Pour Jésus, il était l'ensemble des individus qui avaient confessé leur foi dans la paternité de Dieu, proclamant de la sorte leur consécration sincère à faire la volonté de Dieu, et devenant ainsi membres de la confraternité spirituelle des hommes.

Le Maître comprenait parfaitement que certains résultats sociaux apparaîtraient dans le monde comme conséquence de la diffusion de l'évangile du royaume. Mais son intention était que toutes ces manifestations sociales désirables surviennent comme des conséquences naturelles, inconscientes et inévitables, comme des fruits spontanés de l'expérience personnelle intérieure des croyants individuels, de cette communauté et de cette communion purement spirituelles avec l'esprit divin qui habite et anime les croyants.

Jésus prévoyait qu'une organisation sociale, ou Église, suivrait le progrès du véritable royaume spirituel, et c'est pourquoi il ne s'opposa jamais à ce que les apôtres pratiquent le rite du baptême de Jean. Il enseigna que l'âme qui aime la vérité -- l'homme qui a faim et soif de droiture et de Dieu -- est admise par la foi dans le royaume spirituel; en même temps, les apôtres enseignaient que le même croyant est admis dans l'organisation sociale des disciples par le rites extérieur du baptême.

Quand les disciples immédiats de Jésus reconnurent leur échec partiel pour réaliser l'idéal consistant à établir le royaume dans le coeur des hommes par la domination et la gouverne de l'esprit chez les croyants individuels, ils cherchèrent à éviter que l'enseignement du Maître ne fût entièrement perdu; à cet effet, ils substituèrent à son idéal du royaume la création progressive d'une organisation sociale visible, l'Église chrétienne. Quand ils eurent accompli ce programme de substitution, ils se mirent à situer le royaume dans l'avenir, afin de maintenir la logique et d'assurer la récognition des enseignements du Maître sur le fait du royaume. Dès que l'Église fut solidement établie, elle commença à enseigner qu'en réalité le royaume devait apparaître à l'apogée de l'ère chrétienne, à la seconde venue du Christ.

De cette manière, le royaume devint le concept d'un âge, l'idée d'une visitation future, et l'idéal de la rédemption finale des saints du Très-Haut. Les Chrétiens primitifs (et beaucoup trop de chrétiens ultérieurs) perdirent généralement de vue l'idée de Père-et-fils incorporée dans l'enseignement de Jésus sur le royaume, tandis qu'ils y substituaient la communauté sociale bien organisée de l'Église. En somme, l'Église devint ainsi une confraternité sociale qui se substitua effectivement au concept et à l'idéal de Jésus d'une fraternité spirituelle.

Le concept idéal de Jésus ne réussit pas à s'imposer mais, sur les fondements de la vie et des enseignements personnels du Maître, complétés par les concepts grecs et persans de la vie éternelle, et accrus par la doctrine de Philon sur le contraste du temporel avec le spirituel, Paul se mit à bâtir l'une des sociétés humaines les plus progressives qui aient jamais existé sur Urantia.

Le concept de Jésus est encore vivant dans les religions évoluées du monde. L'Église chrétienne de Paul est l'ombre socialisée et humanisée du royaume des cieux que Jésus avait l'intention d'établir -- et de ce que ce royaume va certainement devenir. Paul et ses successeurs enlevèrent partiellement aux individus les problèmes de la vie éternelle pour les transférer à l'Église. Le Christ devint ainsi le chef de l'Église plutôt que le frère aîné de chaque croyant de la famille du Père dans le royaume. Paul et ses contemporains appliquèrent à l'Église en tant que groupe de croyants toutes les données spirituelles de Jésus concernant sa propre personne et les croyants individuels. Ce faisant, ils portèrent un coup mortel au concept de Jésus proclamant le royaume divin dans le coeur de chaque croyant.

Ainsi, durant des siècles, l'Église chrétienne a été fort gênée dans ses oeuvres parce qu'elle a osé s'attribuer les mystérieux pouvoirs et privilèges du royaume; or ceux-ci ne peuvent être exercés et expérimentés qu'entre Jésus et ses frères spirituels croyants. Il devient ainsi clair que l'appartenance à l'Église ne signifie pas nécessairement communauté dans le royaume; la seconde est spirituelle, l'autre est principalement sociale.

Tôt ou tard, un Jean le Baptiste nouveau et plus grand se dressera en proclamant que « le royaume de Dieu est à portée de la main » -- signifiant un retour au concept supérieur de Jésus. Le Maître proclamait que le royaume est la volonté de son Père céleste, dominante et transcendante dans le coeur des croyants. Le nouveau prophète accomplira tout cela sans faire la moindre allusion à l'Église terrestre visible, et sans anticiper sur la seconde venue du Christ. Il faut qu'il se produise une renaissance des enseignements réels de Jésus, que sa doctrine soit réexposée de manière à rectifier l'oeuvre des disciples initiaux qui parcoururent le monde en créant un système socio-philosophique de croyances concernant le fait du séjour de Micaël sur terre. En très peu de temps, l'enseignement de cette histoire à propos de Jésus supplanta presque entièrement la prédication de l'évangile de Jésus. De cette manière, une religion historique se substitua à l'enseignement dans lequel Jésus avait mêlé les idées morales et les idéaux spirituels les plus élevés des hommes avec leurs plus sublimes espérances de vie future -- éternelle. Or c'était là l'évangile du royaume.

C'est précisément parce que l'évangile de Jésus se présentait sous tant d'aspects différents, qu'en l'espace de quelques siècles ceux qui étudièrent les récits de ses enseignements se divisèrent en tant de cultes et de sectes. Cette pitoyable subdivision des croyants chrétiens résulte de ce qu'ils n'ont pas discerné, dans les multiples enseignements du Maître, la divine unité de sa vie incomparable. Mais il viendra un jour où les vrais croyants en Jésus ne seront pas divisés de la sorte dans leur comportement devant les incroyants. Nous aurons toujours une diversité de compréhension et d'interprétation intellectuelles, et même divers degrés de socialisation, mais le défaut de confraternité spirituelle est à la fois inexcusable et répréhensible.

Ne vous y trompez pas! Il y a dans les enseignements de Jésus une nature éternelle qui ne leur permettra pas de rester indéfiniment stériles dans le coeur des hommes réfléchis. Le royaume tel que Jésus le concevait a échoué dans une grande mesure sur terre; pour l'instant, une Église extérieure a pris sa place; mais vous devriez comprendre que cette Église est seulement l'état embryonnaire du royaume spirituel contrecarré; elle fera traverser au royaume le présent âge matériel et le conduira jusqu'à une dispensation plus spirituelle où les enseignements du Maître trouveront de meilleures occasions de se développer. L'Église dite chrétienne est donc la chrysalide où dort actuellement le concept évangélique de Jésus. Le royaume de la confraternité divine est toujours vivant; il est sur de sortir finalement de sa longue submersion, tout aussi sûrement que le papillon finit par émerger en tant que magnifique développement de sa chrysalide métamorphique moins attrayante.

 

169. Derniers enseignements à Pella

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 10 December 2025

DERNIERS ENSEIGNEMENTS À PELLA

LE lundi 6 mars de l'an 30, tard dans la soirée, Jésus et les dix apôtres arrivèrent au camp de Pella. Ce fut la dernière semaine que Jésus y passa, et il l'employa très activement à enseigner la multitude et à instruire les apôtres. Tous les après-midi il prêchait aux foules, et tous les soirs il répondait aux questions des apôtres et de certains disciples évolués résidant au camp.

La nouvelle de la résurrection de Lazare était parvenue au camp deux jours avant l'arrivée du Maître, et toute l'assemblée était en émoi. Depuis l'épisode où il avait nourri les cinq mille, jamais rien ne s'était passé qui eût pareillement excité l'imagination des gens. Ce fut donc à l'apogée de la seconde phase de son ministère public que Jésus décida d'enseigner à Pella, durant une courte semaine, puis de commencer la tournée de la Pérée méridionale, suivie directement par les expériences finales et tragique de la dernière semaine à Jérusalem.

Les pharisiens et les chefs des prêtres avaient commencé à formuler leurs inculpations et à cristalliser leurs accusations. Ils s'opposaient aux enseignements du Maître pour les motifs suivants:

   1. Jésus est un ami des publicains et des pécheurs; il reçoit les impies et mange même avec eux.
   2. Il est un blasphémateur; il dit que Dieu est son Père et se croit l'égal de Dieu.
   3. Il viole la loi. Il guérit des malades le jour du sabbat et tourne en dérision de bien d'autres manières la loi sacrée d'Israël.
   4. Il est l'allié des démons. Il opère des prodiges et fait des miracles apparents par le pouvoir de Belzébuth, prince des démons.

1. -- LA PARABOLE DU FILS PERDU (1)

  (1) Pour tout ce chapitre, cf. Luc XV.

Le jeudi après-midi, Jésus parla à la multitude de la « Grâce du Salut ». Au cours de ce sermon, il raconta à nouveau l'histoire de la brebis perdue et celle de la drachme perdue, puis il ajouta sa parabole favorite du fils prodigue Jésus dit:

« De Samuel à Jean, les prophètes vous ont recommandé de chercher Dieu -- de rechercher la vérité. Ils ont toujours dit: « Cherchez le Seigneur pendant qu'on peut le trouver ». Tout cet enseignement doit être pris à coeur, mais je suis venu vous montrer que, pendant que vous essayez de trouver Dieu, lui cherche également à vous trouver. Je vous ai raconté bien des fois l'histoire du bon berger qui abandonna les quatre-vingt-dix-neuf brebis au bercail pour aller à la recherche de celle qui était perdue; et lorsqu'il eut trouvé la brebis égarée, il la chargea sur son épaule et la rapporta tendrement au bercail. Quand elle eut réintégré le bercail, vous vous souvenez que le bon berger convoqua tous ses amis et les invita à se réjouir avec lui de la récupération de la brebis perdue. À nouveau, je vous dis qu'il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. Le fait que des âmes soient perdues accroît simplement l'intérêt que leur porte le Père céleste. Je suis venu dans ce monde pour accomplir les ordres de mon Père, et l'on a dit à juste titre du Fils de l'Homme qu'il est un ami des publicains et des pécheurs.

« On vous a enseigné que votre admission auprès de Dieu vient après votre repentir et comme conséquence de toutes vos oeuvres de sacrifice et de pénitence, mais je vous assure que le Père vous accepte même avant que vous vous soyez repentis; il envoie son Fils et ses collaborateurs pour vous trouver et vous ramener avec allégresse au bercail -- le royaume de la filiation et du progrès spirituel. Vous ressemblez tous à des brebis égarées, et je suis venu chercher et trouver ceux qui sont perdus.

Rappelez-vous aussi l'histoire de la femme qui avait comme parure dix pièces d'argent enfilées en un collier, et qui avait perdu l'une des pièces; elle alluma la lampe, balaya diligemment la maison, et poursuivit sa recherche jusqu'à ce qu'elle eût retrouvé la pièce d'argent perdue. Dès qu'elle l'eut trouvée, elle convoqua ses amis et ses voisins en disant: « Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la drachme qui était perdue ». Je répète donc qu'il y a toujours de la joie chez les anges du ciel pour un pécheur qui se repent et revient au bercail du Père. Je raconte cette histoire pour vous apprendre que le Père et le Fils vont à la recherche de ceux qui sont perdus. Dans cette recherche, nous employons toutes les influences susceptibles d'aider nos efforts diligents pour trouver les égarés, ceux qui ont besoin d'être sauvés. Ainsi le Fils de l'Homme s'en va dans les lieux désertiques pour chercher la brebis égarée, mais il cherche aussi la pièce d'argent perdue à la maison La brebis s'égare inconsciemment; la drachme est couverte par la poussière du temps et dissimulée sous un monceau d'objets.

« Maintenant je voudrais vous raconter l'histoire du fils écervelé d'un riche fermier, qui quitta délibérément la maison de son père et s'en alla dans un pays étranger où il subit de nombreuses tribulations. Vous vous rappelez que la brebis s'égara par mégarde, mais ce jeune homme quitta son foyer avec préméditation. L'histoire se passa comme suit:

Un homme avait deux fils. Le plus jeune était enjoué et insouciant, cherchant toujours à prendre du bon temps et à esquiver les responsabilités, tandis que son frère aîné était sérieux, sobre, travailleur, et prêt à assumer les responsabilités. Les deux frères ne s'entendaient pas bien; ils se disputaient et se querellaient constamment. Le cadet était gaie et vif, mais indolent, et l'on ne pouvait se fier à lui; l'aîné était assidu et industrieux, mais en même temps égocentrique, bourru, et vaniteux. Leur association devint si pénible que le cadet alla trouver son pore et lui dit: «Père, donne-moi le tiers de ton avoir, ce qui me reviendrait en héritage, et permets-moi de partir dans le monde tenter ma propre chance ». Le père savait combien le jeune homme était malheureux à la maison du fait de son frère aîné. Après avoir entendu cette requête, il divisa son bien et donna sa part au cadet.

« En quelques semaines le jeune homme réunit tous ses fonds et partit en voyage pour un pays lointain. Ne trouvant rien à faire qui fût à la fois profitable et agréable, il dilapida bientôt son héritage en menant une vie dissolue. Lorsqu'il eut tout dépensé, une famine prolongée survint dans ce pays, et le jeune homme se trouva dans la misère. Après avoir souffert de la faim et d'une grande détresse, il trouva un emploi chez un habitant de ce pays, qui l'envoya dans les champs nourrir des pourceaux. Le jeune homme se serait volontiers rassasié des épluchures destinées aux pourceaux, mais personne ne voulait rien lui donner.

« Un jour qu'il avait très faim, il se ressaisit et dit: « Combien de serviteurs de mon père où du pain en surabondance, tandis que je meurs de faim en nourrissant des pourceaux dans un pays étranger! Je vais me reprendre, aller chez mon père, et lui dire: Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Accepte seulement de m'embaucher comme un de tes serviteurs à gages ». Et lorsque le jeune homme fut parvenu à cette décision, il se leva et partit vers la maison de son père.

« Or le père avait été très peiné au sujet de son fils. Le jeune homme enjoué, mais écervelé, lui avait beaucoup manqué. Ce père aimait ce fils et guettait toujours son retour, de sorte que le jour où le fils approcha de la maison, le père le vit, bien qu'il fût encore très loin. Emu de compassion et d'amour, il courut à sa rencontre, l'entoura affectueusement de ses bras, et l'embrassa. Après ce premier contact, le fils regarda le visage ruisselant de larmes de son père et dit: « Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi Je ne suis plus digne d'être appelé un fils -- » mais il n'eut pas la possibilité d'achever sa confession, car le père transporté de joie dit aux serviteurs alors accourus: « Apportez vite sa plus belle robe, celle que j'ai conservée, et mettez-la-lui, et passez-lui au doigt l'anneau du fils, et cherchez des sandales pour ses pieds ».

« Ensuite, après que l'heureux père eût conduit à la maison le garçon fatigué aux pieds endoloris, il cria à ses serviteurs: « Amenez le veau gras et tuez-le; mangeons et réjouissons-nous, car mon fils que voici était mort et vit de nouveau. Il était perdu et il est retrouvé ». Et ils se réunirent tous autour du père pour se réjouir avec lui de ce que son fils lui était rendu.

« À ce moment, tandis qu'ils festoyaient, le fils aîné revint de son travail quotidien dans les champs; en approchant de la maison, il entendit la musique et les danses. En arrivant à la porte de derrière, il appela l'un des serviteurs et lui demanda la signification de toutes ces festivités. Le serviteur répondit: « Ton frère perdu depuis longtemps est revenu au foyer, et ton père a tué le veau gras pour se réjouir de l'avoir vu rentrer sain et sauf. Entre pour saluer aussi ton frère et l'accueillir à son retour au foyer de ton père ».

« Lorsque le frère aîné entendit cela, il fut tellement froissé et irrité qu'il ne voulut pas entrer dans la maison. Apprenant la rancune de l'aîné à propos de la bienvenue réservée au cadet, le père sortit pour supplier son fils aîné de venir. Mais l'aîné ne voulut pas céder à la persuasion et répondit à son père: « Durant toutes ces années je t'ai servi ici sans jamais transgresser le moindre de tes commandements, et cependant tu ne m'as jamais donné même un chevreau pour que je puisse festoyer avec mes amis. Je suis resté constamment ici à prendre soin de toi, et tu n'as jamais donné de réjouissances à propos de mon fidèle service; mais quand ton cadet revient après avoir dissipé tout ton bien avec des prostituées, tu te hâtes de tuer le veau gras et de faire un festin pour lui ».

« Or le père aimait sincèrement ses deux fils; il essaya donc de raisonner l'aîné: « Mais, mon fils, tu as toujours été avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. Tu aurais pu avoir un chevreau à tout moment si tu t'étais fait des amis pour partager ton allégresse. Il convient aujourd'hui que tu te joignes à moi pour être heureux et joyeux du retour de ton frère. Pense à cela, mon fils, ton frère était perdu et il est retrouvé; il est revenu vivant auprès de nous.

Ce fut l'une des paraboles les plus émouvantes et les plus efficaces que Jésus présenta pour expliquer à ses auditeurs la bonne volonté du Père à recevoir ceux qui cherchent à entrer dans le royaume des cieux. Jésus avait une grande prédilection pour raconter ces trois histoires à la suite. Il présentait l'histoire de la brebis perdue pour montrer que, si les hommes s'écartent involontairement du sentier de la vie, le Père se soucie de ces enfants perdus et sort avec ses Fils, les vrais bergers du troupeau, pour rechercher la brebis égarée. Il racontait ensuite l'histoire de la pièce d'argent perdue dans la maison, pour illustrer la minutie de la recherche divine de tous ceux qui sont troublés, déconcertés, ou autrement aveuglés spirituellement par les soucis matériels et la masse des détails de la vie. Ensuite Jésus se lançait dans la narration de la parabole du fils perdu, de l'accueil du prodigue à son retour, pour montrer combien est complète la réintégration du fils perdu dans la maison et le coeur de son Père.

Maintes et maintes fois durant les années de son enseignement, Jésus raconta et répéta l'histoire du fils prodigue. Cette parabole et l'histoire du bon Samaritain étaient son moyen favori pour enseigner l'amour du Père et la fraternité des hommes.

2. -- LA PARABOLE DE L'INTENDANT AVISÉ (1)

  (1) Pour tout ce chapitre, cf. Luc XVI - 1 à 13.

Un soir, en commentant l'un des points exposés par Jésus, Simon le Zélote dit: « Maître ' qu'as-tu voulu dire aujourd'hui lorsque tu as affirmé que beaucoup d'enfants du monde sont plus avisés parmi leurs contemporains que les enfants du royaume, car ils sont habiles à se faire des amis avec le Mammon de l'iniquité? » Jésus répondit:

« Avant d'entrer dans le royaume, certains d'entre vous étaient très habiles dans leurs rapports d'affaires avec leurs associés. Si vous étiez injustes et souvent déloyaux, vous étiez néanmoins prudents et clairvoyants en ce sens que vous traitiez vos opérations avec le seul souci de votre profit immédiat et de votre sécurité future. De même vous devriez savoir ordonner votre vie dans le royaume de manière à ce qu'elle vous procure une joie immédiate et vous assure également la jouissance future de trésors accumulés au ciel. Puisque vous étiez si diligents à faire des profits personnels quand vous étiez au service de vous-mêmes, pourquoi montreriez-vous moins d'empressement à gagner des âmes pour le royaume, puisque vous êtes maintenant les serviteurs de la confraternité des hommes et les intendants de Dieu?

« Vous pouvez tous tirer une leçon de l'histoire d'un homme riche qui avait un intendant habile, mais injuste. Non seulement ce mandataire avait pressuré les clients de son maître pour son profit personnel, mais il avait également gaspillé et dissipé les fonds de son maître. Lorsque tout ceci finit par lui être rapporté, le maître convoqua son intendant et lui demanda la signification de ces rumeurs; il exigea que l'intendant lui rendit compte immédiatement de son administration et se prépara à passer à quelqu'un d'autre les affaires qui lui avaient été confiées.

« L'intendant infidèle commença à se dire en lui-même: « Que vais-je devenir, puisque je vais perdre cette gérance? Je n'ai pas la force de bêcher la terre et j'ai honte de mendier. Je sais ce que je vais faire pour être certainement bien accueilli dans les maisons de tous ceux qui font des affaires avec mon maître, quand je serai destitué de mon emploi ». Alors il convoqua tous les débiteurs de son maître et dit au premier: « Combien dois-tu à mon maître? » Le débiteur répondit: « Cent mesures d'huile ». L'intendant dit: « Prends ta planchette de cire, assieds-toi vite, et change ton reçu en cinquante ». Ensuite il dit à un autre débiteur « Combien dois-tu? » Et celui-ci répondit « Cent mesures de froment ». Et l'économe dit: « Prends ton reçu et écris quatre-vingts ». Et il fit de même pour de nombreux autres débiteurs. Cet intendant infidèle cherchait ainsi à se faire des amis après qu'il aurait été destitué de sa gérance. Quand son seigneur et maître découvrit ultérieurement le procédé, il fut lui-même obligé d'admettre que son intendant infidèle avait au moins montré de l'astuce dans la manière dont il avait cherché à s'assurer des ressources pour ses futures années de misère et d'adversité.

« C'est de cette manière que les enfants de ce monde montrent parfois plus de sagacité que les enfants de lumière pour préparer leur avenir. A vous qui professez d'acquérir un trésor dans les cieux, je vous dis: Prenez des leçons de ceux qui se font des amis avec le Mammon de l'injustice, et conduisez de même votre vie de manière à vous lier d'amitié éternelle avec les forces de droiture; ainsi, quand toutes les ressources terrestres viendront à vous manquer, vous serez joyeusement reçus dans les habitacles éternels.

« J'affirme que quiconque est fidèle dans les petites choses sera également fidèle dans les grandes; et celui qui est injuste dans les petites choses sera également injuste dans les grandes. Si vous n'avez pas montré de clairvoyance et d'intégrité dans les affaires de ce monde, comment pouvez-vous espérer être fidèles et prudents quand on vous confiera l'administration des véritables richesses du royaume céleste? Si vous n'êtes pas de bons économes et de fidèles banquiers, si vous n'avez pas été loyaux pour ce qui appartient à autrui, qui sera assez fou pour vous donner en propre un grand trésor?

« J'affirme à nouveau que nul ne peut servir deux maîtres à la fois. Ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un en méprisant l'autre. On ne peut servir Dieu et Mammon ».

Lorsque les pharisiens présents entendirent cela, ils commencèrent à se moquer de Jésus et à le railler, car ils étaient fort adonnés à l'acquisition des richesses. Ces auditeurs hostiles cherchèrent à engager Jésus dans des discussions stériles, mais il refusa d'argumenter avec ses ennemis. Quand les pharisiens en vinrent à se quereller entre eux, leurs éclats de voix attirèrent un grand nombre de campeurs des environs, et quand la dispute s'envenima, Jésus se retira dans sa tente pour la nuit.

3. -- L'HOMME RICHE ET LE MENDIANT (1)

  (1) Pour tout ce chapitre, cf. Luc XVI - 19 à 31.

Quand la réunion devint trop bruyante, Simon Pierre se leva, prit le commandement et dit: « Mes frères, il est indécent de vous disputer ainsi Le Maître a parlé, et vous feriez bien de méditer ses paroles. Il ne vous a pas proclamé une nouvelle doctrine. N'avez-vous pas également entendu l'allégorie des Naziréens sur l'homme riche et le mendiant? Certains d'entre nous ont entendu Jean le Baptiste fulminer l'avertissement de cette parabole à ceux qui aiment les richesses et convoitent la fortune mal acquise. Cette ancienne parabole n'est pas conforme à l'évangile que nous prêchons, mais vous feriez tous bien de prêter attention à ses leçons jusqu'au moment où vous comprendrez la lumière du royaume des cieux. L'histoire que racontait Jean était à peu près celle-ci:

Il y avait un homme riche nommé Divès qui, vêtu de pourpre et de lin fin, vivait tous les jours dans le luxe et les plaisirs. Il y avait un mendiant nommé Lazare, couché à sa porte, couvert d'ulcères, et désireux de se nourrir des miettes qui tombaient de la table de l'homme riche; oui, les chiens venaient même lécher ses plaies. Et il advint que le mendiant mourut et fut emporté par les anges pour reposer dans le sein d'Abraham. Bientôt après, l'homme riche mourut à son tour et fut enterré en grande pompe avec une splendeur royale. Après avoir quitté ce monde, il se réveilla dans le Hadès, où il se trouva dans les tourments. Levant les yeux, il vit au loin Abraham avec Lazare sur son sein. Alors Divès cria à haute voix: « Père Abraham, aie pitié de moi et envoie-moi Lazare, pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau et me rafraîchisse la langue, car je suis dans une grande détresse à cause de ma punition ». Abraham répondit: « Mon fils, souviens-toi que tu as joui des bonnes choses durant ta vie, pendant que Lazare souffrait de mille maux. Maintenant, tout est changé, car Lazare est réconforté, tandis que tu es tourmenté. En outre, entre nous et toi il y a un grand abîme, de sorte que nous ne pouvons aller à toi et que tu ne peux venir à nous ». Alors Divès dit à Abraham: « Je te prie de renvoyer Lazare à la maison de mon père, car j'ai cinq frères; c'est pour qu'il leur atteste ces choses et qu'il empêche mes frères de venir en ce lieu de tourment ». Mais Abraham dit « Mon fils, ils ont Moïse et les prophètes qu'ils les écoutent ». Et Divès répondit: « Non, non, Père Abraham, mais si quelqu'un des morts vient à eux, ils se repentiront ». Et Abraham dit: « S'ils n'écoutent ni Moïse ni les prophètes, ils ne seront pas non plus persuadés, même si quelqu'un ressuscite d'entre les morts ».

Après que Pierre eut raconté cette ancienne parabole de la confraternité naziréenne, et vu que la foule s'était calmée, André se leva et congédia l'assistance pour la nuit. Les apôtres et les disciples interrogèrent souvent Jésus sur la parabole de Divès et de Lazare, mais il ne consentit jamais à la commenter.

4. -- LE PÈRE ET SON ROYAUME

Alors que les apôtres proclamaient l'établissement du royaume de Dieu, Jésus eut toujours de la peine à leur expliquer que le Père céleste n'est pas un roi. A l'époque où Jésus incarné vivait et enseignait sur terre, les peuples d'Urantia connaissaient surtout l'existence de rois et d'empereurs dans le gouvernement des nations, et les Juifs avaient espéré depuis longtemps la venue du royaume de Dieu. Pour ces raisons et pour d'autres encore, le Maître pensa que le meilleur terme pour désigner la confraternité des hommes était le royaume de Dieu, et appela Père céleste le chef spirituel de cette confraternité. Jamais Jésus ne qualifia son Père de roi. Dans ses entretiens privés avec ses apôtres, il se qualifiait toujours lui-même de « Fils de l'Homme » et de « frère aîné de ses apôtres ». Il donnait à tous ses disciples les qualificatifs de « serviteurs de l'humanité » et de « messagers de l'évangile du royaume ».

Jamais Jésus ne fit à ses apôtres une leçon systématique sur la personnalité et les attributs du Père céleste. Jamais il ne demanda aux hommes de croire à son Père, car il considérait la chose comme acquise. Jésus ne s'abaissa jamais à offrir des arguments pour prouver l'existence du Père. Son enseignement concernant le Père était entièrement centré sur les déclarations suivantes: Lui et le Père ne font qu'un; quiconque a vu le Fils a vu le Père; le Père, comme le Fils, connaît toutes choses; seuls le Fils et ceux à qui le Fils veut bien le révéler connaissent réellement le Père; quiconque connaît le Fils connaît aussi le Père; le Père a envoyé le Fils dans le monde pour révéler leurs natures conjuguées et pour annoncer leur oeuvre commune. Il ne fit jamais d'autres déclarations sur son Père, sauf à la Samaritaine au puits de Jacob lorsqu'il dit: « Dieu est esprit ».

C'est en observant la divinité de la vie de Jésus, et non en se basant sur ses enseignements, que l'on apprend à connaître Dieu par Jésus. Dans la vie du Maître, chacun peut assimiler un concept de Dieu représentant la mesure de son aptitude à percevoir les réalités spirituelles et divines, les vérités réelles et éternelles. Le fini ne peut jamais espérer comprendre l'Infini, sauf quand l'Infini a été focalisé dans l'espace-temps sous forme de personnalité, comme dans l'expérience finie de la vie humaine de Jésus de Nazareth.

Jésus savait bien que Dieu n'est connaissable que par les réalités de l'expérience; on ne peut jamais le comprendre par le seul enseignement intellectuel. Jésus apprit à ses apôtres qu'ils ne pourraient jamais entièrement comprendre Dieu, mais qu'ils pourraient très certainement le connaître, de même qu'ils avaient connu le Fils de l'Homme. On peut connaître Dieu, non en comprenant ce que Jésus a dit, mais en sachant ce que Jésus était. Jésus était une révélation de Dieu.

Sauf quand il citait les Ecritures hébraïques, Jésus ne se référait à la Déité que sous deux noms: Dieu et Père. Quand le Maître se référait à son Père en tant que Dieu, il employait généralement le mot hébreu Elohim, signifiant le Dieu plural (la Trinité), et non le mot Jéhovah, qui représentait la conception évoluante du Dieu tribal des Juifs.

Jésus n'appela jamais le Père un roi et regrettait beaucoup que les Juifs s'attendissent au rétablissement d'un royaume. Lorsque Jean le Baptiste proclama le royaume à venir, Jésus fut obligé d'appeler « royaume des cieux » la confraternité spirituelle qu'il se proposait d'établir. Sauf une seule exception -- la déclaration que « Dieu est esprit » -- Jésus ne fit aucune référence à la Déité autrement qu'en termes décrivant ses propres relations personnelles avec la Source-Centre Première du Paradis.

Jésus employait le mot Dieu pour désigner l'idée de la Déité, et le mot Père pour désigner l'expérience de connaître Dieu. Quand le mot Père est employé pour désigner Dieu, il faut l'interpréter dans sa signification la plus large. Le mot Dieu ne peut être défini; il représente donc le concept infini du Père, tandis que le mot Père, étant susceptible d'une définition partielle, peut être employé pour représenter le concept humain du Père divin associé à l'homme au cours de l'existence terrestre.

Pour les Juifs, Elohim était le Dieu des dieux, tandis que Jéhovah était le Dieu d'Israël. Jésus accepta le concept des Elohim et appela Dieu cette trinité d'êtres suprêmes. A la place du concept de Jéhovah, déité raciale, il introduisit l'idée de la paternité de Dieu et de la confraternité mondiale des hommes. Il éleva le concept de Jéhovah, Père racial déifié, jusqu'à l'idée d'un Père de tous les enfants humains, d'un Père divin des croyants individuels. En outre, il enseigna que ce Dieu des univers et ce Père de tous les hommes ne formaient qu'une seule et même Déité du Paradis.

Jésus ne prétendit jamais être la manifestation incarnée des Elohim (Dieu). Il ne proclama jamais qu'il était une révélation des Elohim (Dieu) pour les mondes. Il n'enseigna jamais que quiconque l'avait vu avait vu les Elohim (Dieu). Mais il proclama qu'il était la révélation incarnée du Père, et il affirma que quiconque l'avait vu avait vu le Père. En tant que Fils divin, il ne prétendait représenter que le Père.

En vérité, il était même le Fils du Dieu Elohim; mais durant son incarnation, et pour les fils mortels de Dieu, il décida de limiter la révélation de sa vie au portrait du caractère de son Père, dans la mesure où cette révélation serait comprise par les hommes. En ce qui concerne le caractère des autres personnes de la Trinité du Paradis, nous devrons nous contenter d'apprendre qu'elles ressemblent entièrement au Père, dont le portrait personnel a été révélé dans la vie de son Fils incarné, Jésus de Nazareth.

Bien que dans sa vie terrestre Jésus ait révélé la nature du Père céleste, il enseigna peu de choses sur lui. En fait, il en enseigna seulement deux: que Dieu est esprit et que, dans le domaine des rapports avec ses créatures, il est un Père. Ce soir-là, Jésus fit la proclamation définitive de ses relations avec Dieu lorsqu'il déclara: « Je suis issu du Père et je suis venu dans le monde; à nouveau, je quitterai le monde et je retournerai au Père».

Attention! Jésus n'a jamais dit: « Quiconque m'a entendu a entendu Dieu ». Mais il a dit: « Celui qui m'a vu a vu le Père ». Ecouter l'enseignement de Jésus n'équivaut pas à connaître Dieu, mais voir Jésus est une expérience qui est en elle-même une révélation du Père de l'âme. Le Dieu des univers règne sur l'immense création, mais c'est le Père céleste qui envoie son esprit habiter votre pensée.

La personnalité humaine de Jésus est le télescope spirituel qui rend visible aux créatures matérielles. Celui qui est invisible. Jésus est votre frère aîné qui, en incarnation, vous fait connaître un Être aux attributs infinis, que les armées célestes elles-mêmes ne peuvent prétendre connaître complètement. Tout ceci doit consister dans l'expérience personnelle des croyants individuels. C'est seulement en tant qu'expérience spirituelle que l'on peut connaître Dieu, qui est esprit. C'est seulement en tant que Père que le divin Fils des royaumes spirituels peut révéler Dieu aux enfants finis des mondes matériels. Vous pouvez connaître l'Éternel comme un Père, mais vous pouvez l'adorer en tant que Dieu des univers, Créateur infini de toutes les existences.

168. La résurrection de Lazare

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 10 December 2025

LA RÉSURRECTION DE LAZARE

IL était un peu plus de midi le jeudi où Marthe partit à la rencontre de Jésus qui franchissait la crête de la colline près de Béthanie. Son frère Lazare était mort depuis quatre jours et, à la fin de l'après-midi du dimanche, il avait été couché dans leur caveau de famille situé à l'extrémité du jardin. La pierre fermant l'entrée du caveau avait été roulée en place le matin même.

Quand Marthe et Marie avaient envoyé à Jésus la nouvelle de la maladie de Lazare, elles espéraient bien que le Maître ferait quelque chose à ce sujet. Elles savaient que leur frère était très gravement malade, et n'osaient guère espérer que Jésus quitterait son travail d'instructeur et de prédicateur pour venir à leur secours. Mais elles avaient tellement confiance en son pouvoir de guérir les maladies qu'elles croyaient qu'il lui suffirait de prononcer les paroles curatives, et qu'aussitôt Lazare serait bien portant. Lorsque Lazare mourut quelques heures après le départ de Béthanie du messager, elles conclurent que le Maître n'avait pas appris la maladie de leur frère avant qu'il ne fût trop tard, avant que Lazare ne fût déjà décédé depuis plusieurs heures.

Toutefois elles furent très déconcertées, ainsi que tous leurs amis croyants, par le message rapporté le mardi matin par un coureur arrivant à Béthanie. Le messager insista sur le fait qu'il avait entendu Jésus dire: «..... cette maladie ne va pas réellement jusqu'à la mort ». Marthe et Marie ne pouvaient pas non plus comprendre pourquoi Jésus ne leur avait pas envoyé de nouvelles ou ne leur avait pas offert son aide de quelque autre manière.

Beaucoup d'amis des hameaux voisins, et d'autres de Jérusalem, vinrent apporter leurs consolations aux deux soeurs plongées dans le chagrin. Lazare et ses soeurs étaient les enfants d'un Juif honorable et fortuné qui avait été le principal notable du petit village de Béthanie. Bien que tous trois fussent depuis longtemps d'ardents disciples de Jésus, ils étaient hautement respectés par tous ceux qui les connaissaient. Ils avaient hérité d'importants vignobles et de grandes olivaies dans le voisinage. Le fait qu'ils pouvaient s'offrir un caveau funéraire dans leur propriété était une preuve supplémentaire de leur fortune. Leurs parents avaient déjà été couchés tous deux dans ce tombeau.

Marie avait renoncé à l'espoir de voir venir Jésus et s'était abandonnée à son chagrin, mais Marthe s'accrocha à cette espérance jusqu'au matin où elles roulèrent la pierre devant le caveau pour en sceller l'entrée. Même alors, elle demanda à un jeune garçon du voisinage de surveiller, du haut de la colline à l'est de Béthanie, la route descendant à Jéricho. Ce fut ce garçon qui apporta à Marthe la nouvelle que Jésus et ses amis approchaient.

Quand Marthe rencontra Jésus, elle tomba à ses pieds en s'écriant: «Maître, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Beaucoup de craintes traversaient à la pensée de Marthe, mais elle n'exprima aucun doute et ne s'aventura pas à critiquer ou à mettre en question la conduite de Jésus relative à la mort de Lazare. Lorsqu'elle eut parlé, Jésus se baissa pour la relever et dit: « Aie simplement la foi, Marthe, et ton frère ressuscitera ». Marthe répondit: « Je sais qu'il ressuscitera lors de la résurrection du dernier jour; et dès maintenant je crois que notre Père te donnera tout ce que tu demanderas à Dieu ».

Alors Jésus regarda Marthe droit dans les yeux et dit: « Je suis la résurrection et la vie (1) ; quiconque croit en moi vivra, même s'il meurt. En vérité, quiconque vit en croyant en moi ne mourra jamais réellement. Marthe, crois-tu cela? » Et Marthe répondit au Maître: « Oui, je crois depuis longtemps que tu es le Libérateur. le Fils du Dieu vivant, celui-là même qui doit venir en ce monde.

  (1) Jean XI - 25.

Jésus s'étant enquis de Marie, Marthe alla aussitôt à la maison et chuchota à sa soeur: « Le Maître est ici et t'a demandée ». Lorsque Marie entendit cela, elle se leva rapidement et se hâta vers Jésus qui était resté à une certaine distance de la maison, à l'endroit où Marthe l'avait d'abord rencontré. Quand les amis, qui étaient auprès de Marie pour la consoler, virent qu'elle se levait en hâte et sortait, ils la suivirent en supposant qu'elle allait au tombeau pour pleurer.

Parmi les personnes présentes se trouvaient beaucoup d'ennemis implacables de Jésus. C'est pourquoi Marthe était allée seule à sa rencontre, et c'est aussi pourquoi elle avait si discrètement informé Marie que le Maître l'avait demandée. Tout en désirant ardemment voir Jésus, Marthe souhaitait éviter tout incident déplaisant susceptible d'être causé par la soudaine arrivée du Maître au milieu d'un groupe important de ses adversaires de Jérusalem. Marthe avait eu l'intention de rester à la maison avec leurs amis pendant que Marie allait saluer Jésus, mais elle n'y parvint pas, car tous suivirent Marie et se trouvèrent ainsi d'une façon inattendue en présence du Maître.

Marthe la conduisit à Jésus, et lorsque Marie le vit, elle tomba à ses pieds en s'écriant: « Si seulement tu avais été là mon frère ne serait pas mort ». Lorsque Jésus vit combien tout le monde s'attristait de la mort de Lazare, son âme fut émue de compassion.

Quand les amis en deuil virent que Marie était allée saluer Jésus, ils se retirèrent un peu à l'écart pendant que Marthe et Marie s'entretenaient avec le Maître, qui leur prodigua de nouveaux encouragements. Il les exhorta à conserver une foi vivace dans le Père et à se soumettre complètement à la volonté divine.

La pensée humaine de Jésus fut puissamment remuée par un conflit: d'une part il aimait Lazare et ses soeurs affligées, et d'autre part il dédaignait et méprisait les manifestations extérieures d'affection de certains Juifs incroyants aux intentions meurtrières. Jésus s'indigna de voir ces prétendus amis afficher extérieurement leur deuil de la mort de Lazare, d'autant plus que ce faux chagrin était associé dans leur coeur à une violente inimitié contre lui-même. Toutefois, certains de ces Juifs étaient sincères dans leur deuil, car ils étaient de vrais amis de la famille.

1. -- À LA TOMBE DE LAZARE

Après que Jésus eut passé quelques moments à consoler Marthe et Marie à l'écart des endeuillés, il leur demanda « où l'avez-vous couché? » Marthe dit « Viens et vois ». Tandis que le Maître suivait en silence les deux soeurs affligées, il pleura. En voyant ses larmes, un des Juifs amicaux qui les suivaient dit: « Voyez comme il l'aimait. Celui qui a ouvert les yeux de l'aveugle n'aurait-il pu empêcher cet homme de mourir? » A ce moment ils arrivaient devant le caveau familial, une petite grotte naturelle, ou déclivité, dans l'épaulement rocheux d'une dizaine de mètres de hauteur qui s'élevait au bout du jardin.

Il est difficile d'expliquer exactement à des penseurs humains pourquoi Jésus pleura. Nous avons accès à l'enregistrement des émotions humaines et des pensées divines conjuguées de Jésus, telles que la pensée de son Ajusteur Personnalisé les a retracées, mais nous ne sommes pas absolument certains de la cause réelle de ces manifestations émotives. Nous avons tendance à croire que Jésus pleurait à cause des pensées et sentiments suivants qui traversaient son esprit à ce moment-là:

   1. Il éprouvait une compassion sincère et attristée pour Marthe et Marie. Il avait une réelle et profonde affection pour ces soeurs qui avaient perdu leur frère.

   2. Sa pensée était troublée par la foule des endeuillés, dont quelques-uns éprouvaient un chagrin sincère et d'autres le simulaient. Jésus était toujours froissé par ces exhibitions extérieures d'affliction. Il savait que les soeurs aimaient leur frère et avaient foi dans la survie des croyants. Ces émotions contradictoires expliquent peut-être pourquoi il exprimait sa douleur en approchant du caveau.

   3. Il hésitait sincèrement à ramener Lazare à la vie terrestre. Ses soeurs avaient réellement besoin de lui, mais Jésus regrettait d'avoir à faire revenir son ami de l'au-delà pour lui voir subir ensuite des persécutions acharnées. Il savait bien que Lazare aurait à les subir pour avoir été le sujet de la plus grande démonstration de pouvoir du Fils de l'Homme.

Maintenant nous pouvons exposer un fait intéressant et instructif. Bien que la présente histoire se déroule comme un événement apparemment normal et naturel dans les affaires humaines, elle comporte des aperçus indirects fort remarquables. D'une part un messager va trouver Jésus le dimanche pour l'informer de la maladie de Lazare, et Jésus prévient « qu'elle n'est pas mortelle », et d'autre part Jésus va en personne à Béthanie et même demande aux soeurs: « où l'avez-vous couché? » Tout cela semble indiquer que Jésus procédait à la manière des mortels et selon les connaissances limitées de la pensée humaine. Néanmoins, les archives de l'univers révèlent que l'Ajusteur Personnalisé de Jésus donna l'ordre de retenir l'Ajusteur de Pensée de Lazare sur Urantia après la mort de Lazare pour un temps indéterminé, et que cet ordre fut enregistré officiellement un quart d'heure avant le dernier soupir de Lazare.

La pensée divine de Jésus savait-elle, dès avant la mort de Lazare, qu'il le ressusciterait d'entre les morts? Nous l'ignorons. Nous savons seulement ce que nous exposons ici.

Beaucoup d'ennemis de Jésus eurent tendance à railler ses manifestations d'affection et se dirent entre eux: « S'il avait tant d'estime pour cet homme, pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour venir à Béthanie? S'il est ce qu'il prétend, pourquoi n'a-t-il pas sauvé son cher ami? A quoi bon guérir des étrangers en Galilée s'il ne peut sauver ceux qu'il aime? » Et de bien d'autres manières ils tournèrent en dérision les enseignements et les oeuvres de Jésus, et les prirent à la légère.

Ainsi, ce jeudi après-midi vers deux heures et demie, dans le petit hameau de Béthanie, le cadre était tout préparé pour l'accomplissement de la plus grande oeuvre liée au ministère terrestre de Micaël de Nébadon. Ce fut sa plus puissante manifestation de pouvoir divin durant sa vie sur terre, car sa propre résurrection eut lieu seulement après qu'il eut été libéré des entraves de l'incarnation dans un corps humain.

Le petit groupe réuni devant la tombe de Lazare n'imaginait pas qu'il y avait à proximité un vaste concours d'êtres célestes de toutes sortes, rassemblés sous la direction de Gabriel, actuellement en attente par ordre de l'Ajusteur Personnalisé de Jésus, vibrants d'expectative, et prêts à exécuter les directives de leur souverain bien-aimé.

Lorsque Jésus commanda: « Enlevez la pierre », les armées célestes réunies se préparèrent à jouer le drame consistant à ressusciter Lazare dans la similitude de sa chair mortelle. Cette forme de résurrection implique des difficultés d'exécution qui transcendent de loin la technique habituelle pour ressusciter sous forme morontielle les humains décédés; elle exige le concours d'un bien plus grand nombre de personnalités célestes, et un appel beaucoup plus étendu aux ressources de l'univers.

Lorsque Marthe et Marie entendirent le commandement de Jésus ordonnant de rouler la pierre qui fermait le caveau, elles furent remplies de sentiments contradictoires. Marie espérait que Lazare allait être ressuscité d'entre les morts, et Marthe partageait dans une certaine mesure la foi de sa soeur, mais elle était tracassée par la crainte que, par son aspect extérieur, Lazare ne soit pas présentable à Jésus, aux apôtres, et à leurs amis. Marthe dit: « Devons-nous rouler la pierre de côté? Mon frère est maintenant mort depuis quatre jours, de sorte que la décomposition du corps a commencé ». Marthe dit cela également parce qu'elle ne comprenait pas avec certitude pourquoi le Maître avait demandé que la pierre fût enlevée; elle pensait que Jésus voulait peut-être se borner à jeter un dernier coup d'oeil sur Lazare. Son attitude n'était pas ferme et décidée. Tandis que les deux soeurs hésitaient à rouler la pierre, Jésus dit: « Ne vous ai-je pas dit dès le commencement que cette maladie n'irait pas jusqu'à la mort? Ne suis-je pas venu pour accomplir ma promesse? Et après vous avoir vues, n'ai-je pas dit que, si seulement vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu? Pourquoi doutez-vous? Combien de temps vous faudra-t-il pour croire et obéir? »

Après que Jésus eut fini de parler, ses apôtres, aidés par des voisins de bonne volonté, se saisirent de la pierre et la roulèrent à l'écart de l'entrée du caveau.

Les Juifs croyaient communément que la goutte de fiel à la pointe de l'épée de l'ange de la mort commençait à opérer à la fin du troisième jour, de sorte qu'elle donnait son plein effet le quatrième jour. Ils admettaient que l'âme humaine peut s'attarder auprès de la tombe jusqu'à la fin du troisième jour, cherchant à ranimer le cadavre; mais ils croyaient fermement qu'avant l'aurore du quatrième jour cette âme s'en était allée dans la demeure des esprits trépassés.

Ces croyances et opinions concernant les morts et le départ de leur esprit servirent de confirmation à la pensée de toutes les personnes présentes auprès du tombeau de Lazare, et ultérieurement de toutes celles qui apprendraient ce qui allait se passer. Elles furent convaincues qu'il s'agissait vraiment d'un cas de résurrection d'un mort par l'oeuvre personnelle de celui qui avait proclamé être « la résurrection et la vie ».

2. -- LA RÉSURRECTION DE LAZARE

Le groupe d'environ quarante-cinq personnes se tenant devant la tombe put vaguement apercevoir la forme de Lazare, enveloppée dans des bandelettes de lin, et reposant dans la niche droite inférieure du caveau funéraire. Tandis que ces créatures terrestres observaient un silence presque haletant, une vaste armée d'êtres célestes avait pris ses positions préliminaires pour répondre au signal d'action lorsque Gabriel, son commandant, le donnerait.

Jésus leva les yeux et dit: « Père, je te remercie d'avoir entendu ma requête et d'y avoir fait droit. Je sais que tu m'écoutes toujours, mais à cause de ceux qui se tiennent ici avec moi, je m'entretiens ainsi avec toi pour qu'ils croient que tu m'as envoyé dans le monde et sachent que tu opères avec moi dans l'acte que nous nous préparons à accomplir ». Et après avoir prié, il cria d'une voix forte: « Lazare, approche-toi! »

Les spectateurs humains de la scène restèrent immobiles, mais la vaste armée céleste était toute affairée dans son action unifiée pour obéir à la parole du Créateur. En douze secondes du temps terrestre, la forme jusque-là inanimée de Lazare commença à bouger et s'assit bientôt sur le bord de la tablette de pierre où elle avait reposé. Son corps était enveloppé de vêtements funéraires et son visage était couvert d'un linge. Quand il se tint debout devant eux -- vivant -- Jésus dit: « Déliez-le et laissez-le aller ».

Tous les spectateurs, sauf les apôtres ainsi que Marthe et Marie, s'enfuirent vers la maison. Ils étaient pâles de terreur et remplis de stupéfaction. Quelques-uns restèrent là, mais beaucoup se hâtèrent de rentrer chez eux.

Lazare salua Jésus et les apôtres. Il demanda la signification des vêtements funéraires et pourquoi il s'était réveillé dans le jardin. Jésus et les apôtres s'écartèrent, tandis que Marthe racontait à Lazare sa mort, son enterrement, et sa résurrection. Elle dut lui expliquer qu'il était mort le dimanche et avait été ramené à la vie ce jeudi, car Lazare n'avait pas eu conscience du temps depuis qu'il s'était endormi dans la mort.

Au moment où Lazare sortit de la tombe, l'Ajusteur Personnalisé de Jésus, désormais chef de son ordre dans notre univers local, commanda à l'ancien Ajusteur de Lazare, alors en attente, de revenir demeurer dans l'âme et la pensée du ressuscité.

Ensuite Lazare s'approcha de Jésus et, avec ses soeurs, ils s'agenouillèrent aux pieds du Maître pour rendre grâces et louer Dieu. Jésus prit Lazare par la main et le releva en disant: « Mon fils, ce qui t'est arrivé sera également expérimenté par tous ceux qui croient à l'évangile, sauf qu'ils seront ressuscités sous une forme plus glorieuse. Tu seras un témoin vivant de la vérité que j'ai proclamée -- je suis la résurrection et la vie. Allons tous maintenant à la maison prendre de la nourriture pour nos corps physiques ».

Tandis qu'ils marchaient vers la maison, Gabriel congédia les groupes supplémentaires des armées célestes assemblées et fit enregistrer le premier -- et le dernier -- cas sur Urantia de résurrection d'une créature humaine dans la similitude de son corps mortel.

Lazare avait de la peine à comprendre ce qui était arrivé. Il savait qu'il avait été très malade, mais pouvait seulement se rappeler qu'ils s'était endormi et avait été réveillé. Jamais il ne put dire quoi que ce soit sur ces quatres jours dans la tombe, parce qu'il y avait été entièrement inconscient. Le temps n'existe pas pour ceux qui dorment du sommeil de la mort.

Beaucoup d'hommes crurent en Jésus à la suite de cette oeuvre puissante, mais d'autres ne firent qu'endurcir leur coeur pour rejeter le Maître. Le lendemain à midi, l'histoire s'était répandue dans tout Jérusalem. Des dizaines d'hommes et de femmes allèrent à Béthanie pour contempler Lazare et lui parler. Les pharisiens alarmés et déconcertés convoquèrent précipitamment une réunion du sanhédrin pour décider ce qu'il fallait faire en face de ces nouveaux développements de la situation.

3. -- LA RÉUNION DU SANHÉDRIN

Le témoignage de Lazare ressuscité d'entre les morts contribua beaucoup à consolider la foi de la masse des croyants à l'évangile du royaume, mais n'eut pratiquement pas d'influence sur le comportement des dirigeants religieux et des chefs de Jérusalem, sinon de hâter leur décision de faire mourir Jésus et de mettre fin à son apostolat.

Le lendemain vendredi, à une heure de l'après-midi, le sanhédrin se réunit pour délibérer à nouveau sur la question: « Qu'allons-nous faire de Jésus de Nazareth? » après plus de deux heures de discussions et de débats acrimonieux, un pharisien proposa une résolution demandant la mort immédiate de Jésus, proclamant qu'il était une menace pour tout Israël, et engageant officiellement le sanhédrin, au mépris de tous les précédents, à prononcer une sentence de mort sans jugement.

Cet auguste corps de dirigeants juifs avait plusieurs fois décrété que Jésus devait être arrêté et jugé sous les inculpations d'avoir blasphémé et d'avoir maintes fois fait fi de la loi sacrée juive. Une fois déjà, le sanhédrin était allé jusqu'à déclarer que Jésus devait mourir, mais c'était la première fois que ce tribunal enregistrait le désir de décider sa mort préalablement à tout jugement. Toutefois cette résolution ne fut pas mise aux voix, parce que quatorze membres du sanhédrin donnèrent leur démission en bloc lorsque cet acte imaginable fut proposé. Ces démissions ne furent pas ratifiées avant un délai de presque quinze jours, mais le groupe des quatorze démissionnaires se retira du sanhédrin ce jour-là et ne siégea jamais plus au conseil. Plus tard, lors de l'enregistrement des démissions, cinq autres membres furent révoqués parce que leurs collègues estimaient qu'ils entretenaient des sentiments amicaux envers Jésus. Après l'éviction de ces dix-neuf hommes, le sanhédrin était en mesure de juger et de condamner Jésus avec une solidarité voisine de l'unanimité.

La semaine suivante, Lazare et ses soeurs furent convoqués devant le sanhédrin. Après leur témoignage, il ne pouvait subsister aucun doute que Lazare avait été ressuscité d'entre les morts. Bien que les séances du sanhédrin eussent virtuellement admis la résurrection de Lazare, les archives contenaient une résolution attribuant ce miracle, et tous les autres prodiges accomplis par Jésus, au pouvoir du prince des démons dont Jésus était déclaré l'allié.

Quelle que fut la source de son pouvoir d'accomplir des prodiges, les dirigeants juifs étaient persuadés que, si l'on n'y mettait pas fin immédiatement, tout le peuple ne tarderait pas à croire en Jésus, et qu'en outre il surgirait de graves complications avec les autorités romaines, car beaucoup de ses disciples le considéraient comme le Messie, le libérateur d'Israël.

Ce fut à cette même réunion du sanhédrin que le grand-prêtre Caïphe exprima pour la première fois le vieil adage juif qu'il répéta ensuite tant de fois: « Il vaut mieux qu'un seul homme meure plutôt que de voir périr la communauté ».

Bien que Jésus eût été informé des décisions prises par le sanhédrin en ce sombre vendredi après-midi, il n'en fut aucunement troublé et continua à se reposer jusqu'au lendemain du sabbat chez des amis habitant Bethphagé, un hameau voisin de Béthanie. Le dimanche matin de bonne heure, comme convenu d'avance, Jésus et les apôtres se rassemblèrent chez Lazare, prirent congé de la famille de Béthanie, et repartirent pour le campement de Pella.

4. -- LA RÉPONSE AUX PRIÈRES

Sur la route de Béthanie à Pella, les apôtres posèrent à Jésus de nombreuses questions auxquelles il répondit franchement, sauf à celles qui concernaient les détails de la résurrection des morts. Ce problème dépassait les facultés mentales des apôtres, et c'est pourquoi le Maître refusa de leur en parler. Personne ne les accompagnait, puisqu'ils étaient partis secrètement de Béthanie. Jésus saisit donc l'occasion de dire aux apôtres bien des choses qui, à son avis, les prépareraient aux jours éprouvants qui n'allaient pas tarder à venir.

Les apôtres étaient très troublés et passèrent un temps considérable à discuter de leurs récentes expériences concernant la prière et la réponse aux prières. Ils se rappelaient tous l'indication donnée à Philadelphie au messager arrivant de Béthanie quand Jésus avait dit: « Cette maladie n'est pas réellement mortelle ». Cependant, malgré cette promesse, Lazare était mort. Durant toute la journée, ils en revinrent constamment à discuter le problème de la réponse aux prières.

On peut résumer comme suit les réponses de Jésus à leurs nombreuses questions:

   1. La prière est une expression de la pensée finie cherchant à s'approcher de l'Infini. La formulation d'une prière est donc nécessairement limitée par les connaissances, la sagesse, et les attributs du fini. De même, la réponse doit être conditionnée par la vision, les buts, les idéaux, et les prérogatives de l'Infini. Jamais on ne peut observer une continuité ininterrompue de phénomènes matériels entre la formulation d'une prière et la réception de la pleine réponse spirituelle qui y est faite.

   2. Quand une prière reste apparemment sans réponse, le retard est souvent le présage d'une meilleure réponse, bien que pour certaines bonnes raisons cette réponse soit considérablement retardée. Quand Jésus a dit que la maladie de Lazare n'irait pas réellement jusqu'à la mort, Lazare était déjà mort depuis onze heures. Aucune prière sincère ne reste sans réponse, sauf quand le point de vue supérieur du monde spirituel a fait imaginer une réponse indirecte meilleure qui satisfait la requête de l'esprit de l'homme, par contraste avec la prière de sa simple pensée.

   3. Quand les prières temporelles sont composées par l'esprit et exprimées avec foi, elles sont souvent si vastes et si inclusives qu'elles ne peuvent recevoir de réponse que dans l'éternité. Une supplique finie est parfois tellement imprégnée de l'emprise de l'Infini que la réponse doit être longtemps différée pour attendre la création de l'aptitude réceptive appropriée. La prière de la foi peut englober tant d'éléments que la réponse ne peut être reçue qu'au Paradis.

   4. Les réponses aux prières de la pensée humaine sont souvent d'une nature telle que le penseur ne peut les recevoir et les reconnaître qu'après avoir lui-même atteint l'état d'immortalité. Bien souvent, il faut attendre que l'être matériel ait progressé au niveau spirituel pour qu'il puisse recevoir une réponse à sa prière.

   5. Il se peut que la prière d'une personne qui connaît Dieu soit tellement déformée par l'ignorance et la superstition qu'il serait fort peu désirable d'y répondre. Alors les êtres spirituels intermédiaires sont obligés de traduire cette prière d'une telle manière qu'au moment où la réponse arrive, le suppliant ne reconnaît pas que cette réponse s'applique à sa prière.

   6. Toutes les vraies prières sont adressées à des esprits, et il faut que la réponse soit formulée en termes spirituels; les réponses doivent consister en réalités spirituelles. Les êtres spirituels ne peuvent offrir de réponses matérielles aux prières spirituelles, même si elles émanent d'êtres matériels. Ces derniers ne peuvent prier efficacement que s'ils à prient dans l'esprit ».

   7. Nulle prière ne peut espérer une réponse à moins d'être née de l'esprit et nourrie par la foi. La sincérité de votre foi implique que vous avez accordé d'avance aux destinataires de votre prière le plein droit de répondre à vos suppliques conformément à la sagesse suprême et à l'amour divin qui, selon la description de votre foi, animent toujours les êtres auxquels vous adressez vos prières.

   8. L'enfant est toujours dans son droit quand il adresse une prière à ses parents. Et les parents restent dans le domaine de leurs obligations envers l'enfant dépourvu de maturité quand leur sagesse supérieure leur dicte qu'il faut retarder la réponse à la prière de l'enfant, la modifier, la passer au crible, la transcender, ou la reporter à un autre stade de l'ascension spirituelle.

   9. N'hésitez pas à formuler les prières exprimant un désir spirituel ardent; ne doutez pas qu'elles recevront une réponse. Ces réponses seront conservées en dépôt, en attendant que vous ayez atteint, sur ce monde-ci ou sur d'autres, les niveaux spirituels futurs d'épanouissement cosmique où il vous deviendra possible de reconnaître et d'assimiler les réponses longtemps attendues à vos suppliques initiales prématurées.

   10. Toutes les suppliques authentiquement nées d'esprit sont certaines de recevoir une réponse. Demandez, et vous recevrez, mais n'oubliez pas que vous êtes des créatures qui progressent dans le temps et l'espace. Il vous faut donc constamment tenir compte du facteur espace-temps pour recevoir personnellement des réponses complètes à vos multiples prières et suppliques.

5. -- CE QU'IL ADVINT DE LAZARE

La maison de Lazare à Béthanie fut un centre de grand intérêt pour de nombreux croyants sincères et beaucoup de curieux. Lazare y resta jusqu'au jour de la crucifixion de Jésus, où il fut averti que le sanhédrin avait décrété sa mort. Les dirigeants des Juifs étaient résolus à mettre fin à l'expansion des enseignements de Jésus. Ils estimaient fort justement qu'il serait inutile de mettre Jésus à mort s'ils permettaient à Lazare, représentant l'apogée de son oeuvre miraculeuse, de vivre et de témoigner que Jésus l'avait ressuscité d'entre les morts. Lazare avait déjà subi de cruelles persécutions de leur part.

Lazare prit donc hâtivement congé de ses soeurs à Béthanie, s'enfuit par Jéricho, traversa le Jourdain, et ne s'accorda jamais un long repos avant d'avoir atteint Philadelphie. Lazare connaissait bien Abner, et là il se sentait en sécurité contre les attaques meurtrières de l'inique sanhédrin.

Peu après, Marthe et Marie vendirent leurs terres de Béthanie et rejoignirent leur frère en Pérée. Entre temps, Lazare était devenu trésorier de l'Eglise de Philadelphie. Il soutint vigoureusement Abner dans sa controverse avec Paul et l'Eglise de Jérusalem. À l'âge de 67 ans, il mourut finalement de la même maladie qui l'avait emporté à Béthanie, quand il était plus jeune.

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