La cosmogonie d'Urantia
La première publication française du Livre d'Urantia

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  • 1. L'UNIVERS CENTRAL ET LES SUPERUNIVERS
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    • 4. Relations de Dieu avec l'univers
    • 5. Relations de Dieu avec les individus
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    • 7. Relations du fils éternel avec l'univers
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    • 9. Relations de l'esprit infini avec l'univers
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    • 14. L'univers central et divin
    • 15. Les sept superunivers
    • 16. Les sept maîtres esprits
    • 17. Les sept groupes spirituels suprêmes
    • 18. Les personnalités suprêmes de la trinité
    • 19. Les êtres coordonnés d'origine trinitaire
    • 20. Les fils paradisiaques de Dieu
    • 21. Les fils paradisiaques créateurs
    • 22. Les fils de Dieu trinitisés
    • 23. Les messagers solitaires
    • 24. Personnalités supérieures de l'esprit infini
    • 25. Les armées des messagers de l'espace
    • 26. Les esprits tutélaires de l'univers central
    • 27. Le ministère des supernaphins primaires
    • 28. Esprits tutélaires des superunivers
    • 29. Les directeurs de pouvoir de l'univers
    • 30. Personnalités du grand univers
    • 31. Le corps de la finalité
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    • 32. L'évolution des univers locaux
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    • 37. Personnalités de l'univers local
    • 38. Esprits tutélaires de l'univers local
    • 39. Les armés séraphiques
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    • 45. L'administration du système local
    • 46. Le siège du système local
    • 47. Les sept mondes des maisons
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    • 50. Les princes planétaires
    • 51. Les Adams planétaires
    • 52. Stades planétaires de la vie humaine
    • 53. La rébellion de Lucifer
    • 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer
    • 55. Les sphères de lumière et de vie
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    • 57. L'origine d'Urantia
    • 58. L'établissement de la vie sur Urantia
    • 59. L'ère de la vie marine sur Urantia
    • 60. Urantia pendant l'ère de la vie terrestre primitive
    • 61. L'ère des mammifères sur Urantia
    • 62. Les races à l'aurore de l'homme primitif
    • 63. La première famille humaine
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    • 65. Le supercontrôle de l'évolution
    • 66. Le prince planétaire d'Urantia
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4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS

156. Le séjour à Tyr et à Sidon

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

LE SÉJOUR À TYR ET A SIDON

LE vendredi soir 10 juin de l'an 29, Jésus et ses compagnons arrivèrent au voisinage de Sidon chez une femme riche nommée Karuska, qui avait été soignée à l'hôpital de Bethsaïde à l'époque où Jésus était à l'apogée de la faveur populaire. Les apôtres et les évangélistes logèrent à proximité immédiate, chez des amies de Karuska, et se reposèrent jusqu'au lendemain du sabbat dans cette ambiance rafraîchissante. Ils passèrent près de deux semaines et demie a Sidon et aux environs avant de se préparer à visiter les villes entières situées plus au nord.

Ce sabbat de juin fut un jour de grand calme. Les évangélistes et les apôtres étaient complètement absorbés dans leurs méditations au sujet des discours du Maître sur la religion, discours qu'ils avaient écouté sur la route de Sidon. Ils étaient tous capables de tirer quelque chose de ce que Jésus leur avait dit, mais aucun d'eux ne saisissait pleinement l'importance de cet enseignement.

1. -- LA FEMME SYRIENNE

Près de la maison de Karuska, où le Maître était logé, vivait une Syrienne qui avait beaucoup entendu parler de Jésus en tant que grand guérisseur et instructeur. Elle vint vers lui cet après-midi de sabbat en amenant sa fille âgée d'une douzaine d'années. L'enfant était atteinte de graves troubles nerveux caractérisés par des convulsions et d'autres manifestations alarmantes.

Jésus avait ordonné à ses collaborateurs de ne parler à personne de sa présence chez Karuska, expliquant qu'il souhaitait prendre du repos. Ils avaient bien observé la consigner mais la servante était allé voir la Syrienne, nommée Norana, pour l'informer que Jésus logeait chez Karuska, et elle avait incité la mère angoissée a y amener sa fille pour obtenir sa guérison. Bien entendu, la mère croyait que son enfant était possédée par un démon, un esprit impur.

Lorsque Norana arriva avec sa fille, les jumeaux Alphée lui expliquèrent, par le truchement d'un interprète, que le Maître se reposait et que l'on ne pouvait le déranger, a quoi Norana répondit quelle resterait sur place avec son enfant jusqu'à ce que le Maître ait fini de se reposer. Pierre essaya également de la raisonner et de la persuader de rentrer chez elle. Il lui exposa que Jésus était las d'avoir tant enseigné et guéri, et qu'il était venu en Phénicie pour une période de tranquillité et de repos. Ce fut en vain; Norana ne voulut pas s'en aller. Aux adjurations de Pierre, elle se borna à répondre: « Je ne partirai pas avant d'avoir vu ton Maître. Je sais qu'il peut chasser le démon de mon enfant, et je ne m'en irai pas sans que le guérisseur ait jeté au moins un regard sur ma fille ».

Ensuite Thomas chercha à renvoyer Norana, mais n'y parvint pas non plus. Elle lui dit: « J'ai foi en ton Maître, il peut chasser le démon qui tourmente mon enfant. J'ai entendu parler de ses miracles en Galilée, et je crois en lui. Que vous est-il arrivé, à vous ses disciples, pour que vous cherchiez à renvoyer ceux qui viennent demander l'aide de votre Maître? » Lorsqu'elle eut ainsi parlé, Thomas se retira.

Simon le Zélote s'avança alors pour faire des remontrances à Norana et lui dit: « Femme, tu es une païenne parlant grec. Il n'est pas juste de t'attendre à voir le Maître prendre le pain destiné aux enfants de la maison favorisée et le jeter aux chiens ». Elle se borna à répondre: « Oui, maître, je comprends ce que tu dis. Je ne suis qu'un chien aux yeux des Juifs, mais en ce qui concerne ton Maître, je suis un chien croyant. Je suis décidée à ce qu'il voie ma fille, car s'il veut seulement la regarder, il la guérira. Et même toi, cher homme, tu n'oserais pas priver les chiens du privilège d'obtenir les miettes qui peuvent tomber de la table des enfants».

À ce moment précis, la fillette fut saisie d'une violente convulsion sous les yeux de tous, et la mère cria: « Voilà, vous pouvez voir que ma fille est possédée par un esprit impur. Si notre malheur ne vous impressionne pas, il touchera votre Maître, dont on m'a dit qu'il aimait tous les hommes et osait même guérir les Gentils s'ils avaient la foi. Vous n'êtes pas dignes d'être ses disciples. Je ne m'en irai pas avant que ma fille ait été guérie.

Jésus, qui avait entendu toute cette conversation par une fenêtre ouverte, sortit alors à leur grande surprise et dit: « O femme ta foi est grande, si grande que je ne puis retenir ce que tu désires. Va ton chemin en paix. Ta fille est déjà guérie ». Et la fillette fut bien portante à partir de cet instant. Tandis que Norana et l'enfant prenaient congé, Jésus les supplia de ne raconter cet épisode à personne. Ses compagnons observèrent la consigne, mais la mère et l'enfant ne cessèrent de proclamer dans tout le pays, et même à Sidon, que la fillette avait été guérie, si bien qu'au bout de quelques jours Jésus estima opportun de déménager.

Le lendemain, tandis que Jésus enseignait ses apôtres en commentant la cure de la fille de Norana, il dit: « Il en a constamment été ainsi. Vous voyez par vous-mêmes que les Gentils sont capables de mettre en jeu, pour leur salut, leur foi dans les enseignements de l'évangile du royaume des cieux. En vérité, en vérité, je vous le dis, le royaume du Père sera près par les Gentils si les enfants d'Abraham ne font pas montre d'une foi suffisante pour y entrer ».

2. -- ENSEIGNEMENT À SIDON

En entrant dans Sidon, Jésus et ses compagnons passèrent sur un pont, le premier pont que beaucoup d'entre eux eussent jamais vu. Pendant qu'ils le traversaient, Jésus fit, entre autres, le commentaire suivant: «Le monde n'est qu'un pont. On peut le traverser, mais il ne faudrait pas songer à bâtir une demeure dessus».

Pendant que les vingt-quatre commençaient leurs travaux à Sidon, Jésus alla habiter une maison située juste au nord de la ville, la demeure de Justa et de sa mère Bernice. Tous les matins, Jésus enseignait les vingt-quatre chez Justa. L'après-midi et le soir, ils se dispersaient dans Sidon pour enseigner et prêcher.

Les apôtres et les évangélistes furent grandement encouragés par la manière dont les Gentils de Sidon reçurent leur message. Durant leur bref séjour, beaucoup d'âmes furent acquises au royaume. Cette période d'environ six semaines fut très fertile pour gagner des âmes, mais les écrivains juifs qui rédigèrent plus tard les évangiles prirent l'habitude de glisser sur l'histoire de cette réception de Jésus par les Gentils au moment même où un si grand nombre de ses compatriotes ouvraient les hostilités contre lui.

Sous bien des rapports, ces croyants Gentils apprécièrent plus complètement que les Juifs les enseignements de Jésus. Beaucoup de ces Syro-Phéniciens parlant le grec parvinrent à la conclusion que non seulement Jésus ressemblait à Dieu, mais aussi que Dieu ressemblait à Jésus. Ces soi-disant païens arrivèrent à bien comprendre les enseignements du Maître sur l'uniformité des lois de notre monde et de l'univers entier. Ils comprirent la leçon que Dieu ne fait acception ni de personnes, ni de races, ni de nations -- qu'il n'y a pas de favoritisme chez le Père-Universel -- que l'univers obéit toujours et entièrement à une loi, et que l'on peut infailliblement s'y fier. Ces Gentils n'avaient pas peur de Jésus; ils osaient accepter son message. Au long des siècles ultérieurs, on ne peut dire que les hommes aient été incapables de comprendre Jésus, mais ils ont eu peur de lui.

Jésus expliqua clairement aux vingt-quatre que sa fuite de Galilée n'était pas due à un manque de courage devant ses ennemis. Les vingt-quatre comprirent que Jésus n'était pas encore prêt à un conflit ouvert avec la religion établie, et qu'il ne cherchait pas a devenir un martyr. Ce fut durant l'une des conférences chez Justa que le Maître dit pour la première fois à ses disciples: « Même si le ciel et la terre disparaissaient, mes paroles de vérité ne s'effaceraient pas ».

Durant son séjour à Sidon, Jésus prit pour thème de ses instructions le progrès spirituel. Il dit à ses disciples qu'ils ne pouvaient s'arrêter en route, qu'il leur fallait avancer dans la droiture ou rétrograder dans le mal et le péché. Il leur recommanda « doublier les choses du passé pendant qu'ils allaient de l'avant pour embrasser les réalités majeures du royaume ». Il les supplia de ne pas se contenter de puérilités dans l'évangile, mais de s'efforcer d'atteindre la pleine envergure de la filiation divine dans la communion de l'esprit et la confraternité des croyants.

Jésus dit: « Mes disciples doivent non seulement cesser de faire le mal, mais apprendre à faire le bien. Il faut non seulement se purifier de tout péché conscient, mais refuser d'abriter même des sentiments de culpabilité. Si vous confessez vos péchés, ils sont pardonnés; il faut donc éliminer tout scandale de votre conscience ».

Jésus prenait grand plaisir au sens aigu de l'humour dont faisaient montre les Gentils. Ce furent autant le sens de l'humour déployé par Norana, la Syrienne, que sa grande persévérance dans la foi qui touchèrent le coeur du Maître et firent appel à sa miséricorde. Jésus regrettait beaucoup que ses compatriotes -- les Juifs - manquassent pareillement d'humour. Il dit une fois à Thomas: « Mes compatriotes se prennent trop au sérieux. Ils ne savent guère apprécier l'humour. La religion ennuyeuse des pharisiens n'aurait jamais pu prendre naissance chez un peuple ayant le sens de l'humour. Les Juifs manquent également de logique; ils filtrent des moucherons et avalent des chameaux ».

3. -- LE VOYAGE EN REMONTANT LA CÔTE

Le jeudi 28 juin, le Maître et ses collaborateurs quittèrent Sidon et remontèrent la côte jusqu'à Porphyréon et Heldoue. Ils furent bien reçus par les Gentils et en firent entrer un grand nombre dans le royaume durant cette semaine d'enseignement et de prédication. Les apôtres prêchèrent à Porphyréon, et les évangélistes enseignèrent à Heldoue. Tandis que les apôtres étaient ainsi occupés à leur travail, Jésus les quitta durant trois ou quatre jours pour se rendre à la ville côtière de Beyrouth. Il y rendit visite à un Syrien nommé Malach, qui était croyant et avait été à Bethsaïde l'année précédente.

Le mercredi 6 juillet, ils retournèrent tous à Sidon et habitèrent chez Justa jusqu'au dimanche matin. Ils partirent alors pour Tyr en descendant la côte de la Méditerranée vers le sud par Sarepta, et arrivèrent à Tyr le lundi 11 juillet. Les apôtres et les évangélistes avaient commencé à s'habituer au travail parmi ces soi-disant païens, qui en réalité descendaient, principalement des vieilles tribus cananéennes d'origine sémitique encore plus ancienne. Toutes ces populations parlaient le grec. Les apôtres et les évangélistes furent très surpris d'observer l'ardeur de ces Gentils à écouter l'évangile et de voir l'empressement avec lequel beaucoup d'entre eux se mettaient à croire.

4. -- À TYR

Du 11 au 14 juillet, ils enseignèrent à Tyr. Chacun des apôtres prit avec lui un évangéliste, et ils allèrent ainsi deux par deux enseigner et prêcher dans tous les quartiers de Tyr et aux environs. La population polyglotte de ce port animé les écoutait avec joie, et beaucoup de croyants entrèrent par le baptême dans la communauté extérieure du royaume. Jésus installa son quartier général chez un Juif nommé Joseph, un croyant qui vivait à cinq ou six kilomètres au sud de Tyr, non loin du tombeau d'Hiram qui avait été roi de la cité-Etat de Tyr à l'époque de David et de Salomon.

Durant cette quinzaine, les apôtres allèrent tous les jours à Tyr, en y entrant par la jetée d'Alexandre, pour y tenir de petites réunions; chaque soir, la plupart d'entre eux revenaient au campement de la maison de Joseph au sud de la cité. Des croyants se rendaient quotidiennement de la ville au lieu de repos de Jésus pour s'entretenir avec lui. Le Maître ne parla qu'une seule fois à Tyr; ce fut l'après-midi du 20 juillet, où il enseigna les croyants au sujet de l'amour du Père pour toute l'humanité et de la mission du File pour révéler le Père à toutes les races humaines. Les Gentils montrèrent un tel intérêt pour l'évangile du royaume qu'en cette occasion ils ouvrirent à Jésus les portes du temple de Melkarth. Il est intéressant de noter qu'une église chrétienne fut bâtie ultérieurement sur l'emplacement même de cet ancien temple.

On fabriquait dans la région la pourpre tyrienne, qui assura la renommée de Tyr et de Sidon dans le monde entier et contribua si largement à leur commerce international et à la richesse qui en résulta. Beaucoup de dirigeants de cette industrie crurent au royaume. Peu de temps après, les réserves de mollusques d'où l'on tirait le colorant commencèrent à diminuer, et les fabricants de pourpre partirent à la recherche de nouveaux bancs de ces coquillages. Ils émigrèrent ainsi jusqu'au bout du monde, apportant avec eux le message de la paternité de Dieu et de la filiation des hommes -- l'évangile du royaume.

5. -- L'ENSEIGNEMENT DE JÉSUS À TYR

Au cours de son sermon du mercredi après-midi, Jésus commença par raconter à ses disciples l'histoire du lis blanc qui dresse sa tête pure et neigeuse dans la lumière du soleil, tandis que ses racines plongent dans le limon et la boue du sol enténébré. « De même, » dit-il, « le, mortel qui a les racines de son origine et de son être dans le sol animal de la nature humaine peut élever, par la foi, sa nature spirituelle dans la lumière solaire de la vérité Céleste et produire réellement les nobles fruits de l'esprit.

Ce fut durant le même sermon que Jésus employa sa première et unique parabole se rapportant à son propre métier -- la charpenterie. Au cours de sa recommandation de « bien construire les fondements pour la croissance d'un noble caractère pétri de dons spirituels », il dit: « Pour produire les fruits de l'esprit, il faut que vous soyez nés d'esprit. C'est l'esprit qui doit vous enseigner et vous diriger si vous voulez vivre une vie de plénitude spirituelle parmi vos compagnons. Mais ne commettez pas l'erreur du stupide charpentier qui gaspille un temps précieux à équarrir, mesurer, et raboter une pièce de bois rongée par les vers et intérieurement pourrie; ensuite, quand il a consacré tout son travail à cette poutre malsaine, il faut qu'il la rejette comme inutilisable pour les fondations du bâtiment qu'il voudrait construire et qui doit résister aux assauts du temps et des orages. Chaque homme doit s'assurer que les fondements intellectuels et moraux de son caractère sont assez solides pour soutenir la superstructure de sa nature spirituelle qui grandit et s'ennoblit; cette nature transformera alors la pensée humaine puis, en association avec cette pensée re-créée, elle fera évoluer l'âme, dont la destinée est immortelle. Votre nature spirituelle -- votre âme créée conjointement par l'esprit et la pensée -- est une plante vivante, mais la pensée et la morale de l'individu sont le sol d'où doivent surgir ces manifestations supérieures du développement humain et de la destinée divine. Le sol de l'âme évoluante est humain et matériel, mais la destinée de cette créature mixte de pensée et d'esprit est spirituelle et divine ».

Le soir du même jour, Nathanael demanda à Jésus: « Maître, pourquoi prions-nous Dieu de ne pas nous induire en tentation, alors que nous savons bien par ta révélation que le Père ne fait pas de telles choses? » Jésus répondit à Nathanael:

« Il n'est pas étonnant que tu poses cette question, puisque tu commences à connaître le Père comme moi, et non comme les premiers prophètes qui le connaissaient si vaguement. Tu sais bien que nos ancêtres avaient tendance à voir Dieu dans tous les événements. Ils cherchaient la main de Dieu dans tous les phénomènes naturels et dans chaque épisode insolite de l'expérience humaine. Il reliaient Dieu à la fois au bien et au mal. Ils pensaient que Dieu avait adouci le coeur de Moïse et endurci celui du Pharaon. Quand les hommes éprouvaient l'impérieux besoin de commettre une bonne ou une mauvaise action, ils avaient l'habitude de justifier ces sentiments inhabituels en déclarant: «Le Seigneur m'a parlé en me disant fais ceci ou fais cela, va par ici ou va par là ». En conséquence, puisque les hommes se heurtaient si souvent et si violemment aux tentations, nos ancêtres prirent l'habitude de croire que Dieu les y induisait pour les éprouver, les châtier, ou les fortifier. Mais toi, tu sais mieux de quoi il s'agit. Tu n'ignores pas que les hommes sont bien trop souvent induits en tentation par la pression de leur propre égoïsme et les impulsions de leur nature animale. Si tu es tenté de cette manière, je te recommande, tout en reconnaissant honnêtement et sincèrement la tentation pour ce quelle est, de réorienter intelligemment, dans des canaux supérieurs et vers des buts plus idéalistes, les énergies spirituelles, mentales, et corporelles qui cherchent à s'exprimer. De cette façon, tu pourras transformer tes tentations en services vivifiants du type le plus élevé, tout en évitant à peu près complètement les conflits déprimants et inutiles entre la nature animale et la nature spirituelle.

« Mais je te mets en garde contre la folie de vouloir surmonter la tentation en ayant recours à la simple volonté humaine pour remplacer un désir par un autre désir considéré comme supérieur. Si tu veux véritablement triompher des tentations de la nature inférieure, il faut atteindre une position de supériorité spirituelle caractérisée par le développement réel et sincère d'un grand intérêt et d'un grand amour pour les lignes de conduite supérieures et plus idéalistes que ta pensée désire substituer aux habitudes inférieures et moins idéalistes reconnues comme des tentations. De cette façon, tu seras délivré par transformation spirituelle, au lieu d'être de plus en plus surchargé par le refoulement illusoire des désirs humains. Dans l'amour de ce qui est nouveau et supérieur, tu oublieras l'ancien et l'inférieur. La beauté triomphe toujours de la laideur dans le coeur des hommes éclairés par l'amour de la vérité. L'énergie débordante d'une affection spirituelle nouvelle et sincère possède un puissant pouvoir. Je te le répète, ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe plu tôt du mal par le bien».

Jusqu'à une heure tardive de la nuit, les apôtres et les évangélistes continuèrent à poser des questions à Jésus. De ses nombreuses réponses, nous voudrions extraire les pensées suivantes que nous présentons en langage moderne:

Une ambition énergique, un jugement intelligent, et une sagesse mûrie sont les facteurs essentiels du succès matériel. L'autorité dépend de l'aptitude naturelle, de la prudence, de la puissance volitive, et de la détermination. La destinée spirituelle dépend de la foi, de l'amour, et de la dévotion à la vérité -- faim et soif de droiture -- le désir profond de trouver Dieu et de lui ressembler.

Ne vous laissez pas décourager par la découverte que vous êtes humains. La nature humaine peut tendre vers le mal, mais n'est pas naturellement impie. Ne soyez pas abattus si vous n'arrivez pas à oublier complètement certaines de vos expériences regrettables. Les fautes que vous ne parvenez pas à oublier dans le temps seront oubliées dans l'éternité. Allégez les fardeaux de votre âme en vous faisant rapidement une conception de votre destinée à longue échéance, de l'expansion de votre carrière dans l'univers.

Ne commettez pas la faute d'estimer la valeur d'une âme d'après les imperfections de la pensée ou les appétits du corps. Ne jugez pas une âme et évaluez pas sa destinée sur la base d'un seul épisode humain malheureux. Votre destinée spirituelle n'est conditionnée que par vos aspirations et vos desseins spirituels.

La religion est l'expérience exclusivement spirituelle de l'immortelle âme évoluante de l'homme qui connaît Dieu; mais le pouvoir moral et l'énergie spirituelle sont des forces puissantes que l'on peut utiliser pour traiter des questions sociales difficiles et pour résoudre des problèmes économiques complexes.

Si vous apprenez à n'aimer que ceux qui vous aiment, vous êtes destinés à vivre une vie étroite et médiocre. Il est exact que l'amour humain peut être réciproque, mais l'amour divin s'extériorise dans toutes ses recherches de satisfaction. Moins il y a d'amour dans la nature d'une créature, plus cette créature a besoin d'être aimée, et plus l'amour divin cherche à satisfaire ce besoin. L'amour n'est jamais égoïste, et l'on ne peut l'effuser sur soi-même. L'amour divin ne peut se replier sur lui-même; il lui faut se répandre généreusement.

Les croyants au royaume doivent posséder une foi implicite, croire de toute leur âme au triomphe certain de la droiture. Les bâtisseurs du royaume doivent être convaincus que l'évangile du salut éternel est vrai. Les croyants doivent apprendre à se mettre de plus en plus à l'écart de la vie fiévreuse -- à échapper aux harcèlements de l'existence matérielle -- tout en rafraîchissant leur âme, en vivifiant leur pensée, et en renouvelant leur esprit par la communion dans l'adoration.

Les individus qui connaissent Dieu ne se laissent ni décourager par les malheurs ni abattre par les déceptions. Les croyants sont immunisés contre les dépressions qui suivent les bouleversements purement matériels; quiconque mène une vie spirituelle n'est pas troublé par les épisodes monde matériel. Les candidats à la vie éternelle pratiquent une technique vivifiante et constructive pour faire face aux vicissitudes et aux tracas de la vie physique. Chaque journée vécue par un croyant authentique lui rend plus facile de faire la chose juste.

La vie spirituelle accroît puissamment le véritable respect de soi, mais il ne faut pas confondre respect de soi et admiration de soi. Le respect de soi se coordonne toujours avec l'amour et le service d'autrui. Le respect de soi ne peut dépasser l'amour que l'on éprouve pour son prochain; le premier mesure l'aptitude au second.

A mesure que le temps passe, tout vrai croyant devient plus habile à entraîner ses compagnons dans l'amour de la vérité éternelle. Avez-vous aujourd'hui plus de ressources qu'hier pour révéler la bonté à l'humanité? Pouvez-vous mieux recommander la droiture cette année que l'année dernière? Votre technique pour conduire les âmes affamées dans le royaume spirituel devient-elle de plus en plus un art?

Vos idéaux sont-ils suffisamment élevés pour assurer votre salut éternel et vos idées sont-elles assez pratiques pour faire de vous un citoyen utile opérant sur Terre en association avec vos compagnons mortels? En esprit, votre citoyenneté est céleste; dans la chair, vous êtes encore des citoyens des royaumes terrestres. Rendez aux Césars les choses matérielles, et à Dieu celles qui sont spirituelles.

La mesure des aptitudes spirituelles de votre âme en évolution est votre foi dans la vérité et votre amour pour les hommes; mais la mesure de votre force de caractère humaine est votre aptitude à résister à l'emprise des rancunes et à ne pas broyer du noir à l'occasion d'un profond chagrin. La défaite est le véritable miroir dans lequel vous pouvez apercevoir sincèrement votre personnalité réelle.

A mesure que croissent votre ancienneté et votre expérience dans les affaires du royaume, acquérez-vous plus de tact dans vos rapports avec des voisins importuns et plus de tolérance dans votre contact avec des collaborateurs entêtés? Le tact est le pivot des leviers sociaux, et la tolérance est la marque d'une grande âme. Si vous possédez ce dons rares et attachants, vous deviendrez progressivement plus alertes et habiles dans vos efforts méritoires pour éviter tous les malentendus sociaux inutiles. Les âmes sages peuvent échapper à bien des difficultés qui assailleront certainement les personnes souffrant d'un manque d'adaptation sentimentale, celles qui refusent de grandir, et celles qui n'acceptent pas de vieillir avec élégance.

Evitez la malhonnêteté et l'injustice dans vos efforts pour prêcher la vérité et proclamer l'évangile. Ne recherchez pas une reconnaissance injustifiée et ne souhaitez pas une sympathie imméritée. Aimez, recevez largement les bienfaits de source humaine et divine indépendamment de vos mérites, et aimez généreusement en retour. Mais en tout ce qui concerne les honneurs et l'adulation, recherchez seulement ce qui vous appartient en toute honnêteté.

Les mortels connaissant Dieu sont certains d'être sauvés; ils ne craignent rien de la vie; ils sont loyaux et conséquents. Ils savent supporter courageusement les souffrances inévitables et ne se plaignent pas quand ils doivent affronter des épreuves inéluctables.

Les vrais croyants ne se lassent pas de bien faire, même s'ils sont contrecarrés. Les difficultés fouettent l'ardeur des amants de la vérité, et les obstacles ne font que mettre au défi les efforts des intrépides bâtisseurs du royaume.

Et Jésus leur enseigna encore bien d'autres choses avant de quitter Tyr.

La veille du départ de Tyr pour retourner vers la région de la Mer de Galilée, Jésus rassembla ses compagnons et ordonna aux douze évangélistes de rentrer par un itinéraire différent de celui qui était prévu pour lui et les douze apôtres. Après que les évangélistes se furent séparés de Jésus à Tyr, ils ne collaborèrent plus jamais aussi intimement avec lui.

6. -- LE RETOUR DE PHÉNICIE

Le dimanche 24 juillet vers midi, Jésus et les douze apôtres quittèrent la maison de Joseph au sud de Tyr. Ils suivirent la côte jusqu'à Ptolémaïs, où ils s'arrêtèrent une journée et adressèrent des paroles d'encouragement au groupe de croyants qui y résidait. Pierre leur fit un sermon le soir du 25 juillet.

Le mardi, ils quittèrent Ptolémaïs en allant vers l'intérieur des terres, par la route de Tibériade, jusqu'au voisinage de Jotapata. Le mercredi ils s'arrêtèrent à Jotapata et donnèrent de nouvelles instructions aux croyants sur les choses du royaume. Le jeudi ils quittèrent Jotapata en prenant vers le nord la piste allant de Nazareth et du Mont Liban au village de Zabulon, en passant par Rama. Ils tinrent des réunions à Rama le vendredi et y restèrent jusqu'au lendemain du sabbat. Ils arrivèrent à Zabulon le dimanche 31 juillet, y tinrent une réunion le soir, et repartirent le lendemain matin.

Au départ de Zabulon, ils allèrent jusqu'au croisement de la route de Magdala à Sidon, près de Gishala, et de là ils se rendirent à Génézareth, sur la rive occidentale du lac de Galilée au sud de Capharnaüm. Ils avaient convenu d'un rendez-vous avec David Zébédée à Génézareth, et ils avaient l'intention d'y tenir conseil sur les prochaines dispositions à prendre pour continuer à prêcher l'évangile du royaume.

Au cours d'un bref entretien avec David, ils apprirent que nombre de notables se trouvaient actuellement réunis sur la rive opposée du lac, près de Gérasa, et en conséquence ils traversèrent le lac le même soir par bateau. Ils se reposèrent tranquillement une journée dans les montagnes, et le lendemain ils se rendirent dans le parc voisin où le Maître avait précédemment nourri les cinq mille. Ils s'y reposèrent trois jours en tenant des conférences quotidiennes auxquelles assistaient une cinquantaine d'hommes et de femmes, le reste de la compagnie, jadis nombreuse, des croyants résidant à Capharnaüm et aux environs.

Pendant la période du séjour en Phénicie où Jésus se trouvait loin de Capharnaüm et de la Galilée, ses ennemis calculèrent que tout son mouvement avait été brisé; ils conclurent que la hâte de Jésus à se retirer dénotait qu'il avait eu tellement peur qu'il ne reviendrait probablement jamais plus les ennuyer. Toute opposition active à ses enseignements s'était à peu près calmée. Les croyants recommençaient à tenir des réunions publiques; les disciples éprouvés et fidèles, qui avaient survécu au grand criblage récemment subi par les croyants à l'évangile, s'affermissaient graduellement mais efficacement dans leur foi.

Philippe, frère d'Hérode, s'était mis à croire tièdement en Jésus et avait fait savoir que le Maître était libre de vivre et d'agir dans les territoires soumis à sa juridiction.

L'ordre de fermer toutes les synagogue du monde Juif aux enseignements de Jésus et de ses disciples avait provoqué un choc en retour contre les scribes et les pharisiens. Immédiatement après que Jésus se fût retiré en tant que sujet de controverse, il se produisit une réaction dans toute la population juive; il naquit un ressentiment général contre les pharisiens et les dirigeants du sanhédrin de Jérusalem. Beaucoup de chefs religieux commencèrent à ouvrir subrepticement leurs synagogues à Abner et à ses compagnons, en proclamant que ces éducateurs étaient des disciples de Jean et non de Jésus.

Même Hérode Antipas éprouva un changement dans son coeur. Lorsqu'il apprit que Jésus séjournait de l'autre côté du lac dans le territoire de son frère Philippe, il lui fit savoir que, malgré la signature des mandats d'arrêt contre lui en Galilée, il n'avait pas autorisé son arrestation en Pérée; Hérode indiquait ainsi que Jésus ne serait as molesté s'il restait hors de Galilée, et il communiqua la même ordonnance aux Juifs de Jérusalem.

Telle était la situation le 1ier août de l'an 29, au moment où le Maître revint de sa tournée en Phénicie et commença à réorganiser ses forces dispersées, éprouvées, et réduites, en vue de la dernière et mémorable année de sa mission sur terre.

L'enjeu de la bataille était désormais clair. Le Maître et ses collaborateurs allaient proclamer une nouvelle religion, la religion de l'esprit du Dieu vivant qui habite dans la pensée des hommes.

 

155. En fuite à travers la Galilée du nord

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

EN FUITE À TRAVERS LA GALILÉE DU NORD

PEU après avoir accosté près de Gérasa lors de ce dimanche mouvementé, Jésus et les vingt-quatre remontèrent un peu vers le nord et passèrent la nuit dans un parc magnifique au sud de Bethsaïde-Juliade. Ils connaissaient bien ce campement pour s'y être arrêtés dans le passé. Avant de se retirer pour la nuit, le Maître appela ses disciples autour de lui et discuta avec eux l'itinéraire de leur voyage vers la côte de Phénicie en passant par Batanée et le nord de la Galilée.

1. -- POURQUOI LES PAÏENS SONT-ILS FURIEUX?

Jésus dit: « Rappelez-vous tous comment le Psalmiste à parlé de notre époque en disant: « Pourquoi les païens sont ils furieux et les peuples complotent-ils en vain? Les rois de la terre s'établissent eux-mêmes et les chefs du peuple prennent conseil entre eux, contre l'Éternel et contre son Oint, en disant: Brisons les liens de la miséricorde et rejetons les chaînes de l'amour ».

« Vous voyez cette prophétie s'accomplir aujourd'hui sous vos yeux, mais vous ne verrez pas se réaliser le reste, car le Psalmiste avait des idées fausses sur le Fils de l'Homme et sa mission sur terre. Mon royaume est fondé sur l'amour, proclamé en miséricorde, et établi par le service désintéressé. Mon Père ne siège pas au ciel en tournant les païens en dérision. Dans son grand déplaisir, il n'est pas courroucé. Il est fidèle à la promesse que le Fils aura pour héritage ces soi-disant païens -- en réalité ces frères ignorants et dépourvus d'instruction. Et je recevrai ces Gentils les bras ouverts avec miséricorde et affection. Je témoignerai cet affectueux amour aux soi-disant païens, malgré la malencontreuse proclamation du Psaume affirmant que le Fils triomphant « les brisera avec une verge de fer et les mettra en pièces comme un vase de potier ». Le Psalmiste vous a exhortés à « servir le Seigneur avec crainte », -- mais moi je vous invite à jouir des privilèges supérieurs de la filiation divine par la foi. Il vous commande de vous réjouir en tremblant; moi je vous demande de vous réjouir avec assurance. Il dit: «Embrassez le Fils, de crainte qu'il ne s'irrite et que vous périssiez quand sa colère sera allumée ». Mais vous qui avez vécu avec moi, vous savez bien que ni la colère ni le courroux ne contribuent à établir le royaume des cieux dans le coeur des hommes. Par contre, le Psalmiste eut un aperçu de la vraie lumière lorsqu'il dit à la fin de son exhortation: « Bénis soient ceux qui mettent leur confiance dans ce Fils ».

Jésus continua à enseigner les vingt-quatre en disant: « Les païens où quelques excuses quand ils sont furieux contre nous. Du fait que leur point de vue est mesquin et étriqué, ils peuvent concentrer leurs énergies avec enthousiasme. Leur but est proche d'eux et plus ou moins visible; c'est pourquoi ils font de vaillants efforts et sont efficaces dans l'exécution. Vous avez proclamé votre entrée dans le royaume des cieux, mais la conduite de votre enseignement est trop vacillante et imprécise. Les païens portent des coups directs pour atteindre leurs objectifs. Vous êtes coupables d'avoir trop de désirs latents. Si vous voulez entrer dans le royaume, pourquoi ne pas vous en emparer par un assaut spirituel, comme les païens s'emparent d'une ville qu'ils assiègent? Vous n'êtes guère dignes du royaume quand votre service consiste principalement à regretter le passé, à gémir sur le présent, et à formuler de vains espoirs pour l'avenir. Pourquoi les païens sont-ils furieux? Parce qu'ils ne connaissent pas la vérité. Pourquoi languissez-vous dans des désirs futiles? Parce que vous n'obéissez pas à la vérité. Cessez le formuler vos désirs inutiles, et allez courageusement faire ce qui concerne l'établissement du royaume.

« Dans tout ce que vous ferez, ne soyez partiaux et ne vous spécialisez pas à l'excès. Les pharisiens qui cherchent à nous anéantir croient véritablement servir Dieu. La tradition les a tellement étriqués qu'ils sont aveuglés par les préjugés et en endurcis par la peur. Considérez les Grecs, qui ont une science dépourvue de religion, alors que les Juifs ont une religion dépourvue de science. Quand les hommes s'égarent ainsi en acceptant de désintégrer la vérité dans l'étroitesse et la confusion, leur seul espoir de salut consiste à se coordonner avec la vérité -- à se convertir.

« Laissez-moi vous affirmer énergiquement cette vérité éternelle: « Si, en vous harmonisant avec la vérité, vous apprenez à donner dans votre vie l'exemple de cette magnifique droiture, vos semblables vous rechercheront pour obtenir ce que vous aurez ainsi acquis. La mesure dans laquelle les chercheurs de vérité seront attirés vers vous représente la mesure de votre don de vérité, de votre droiture. La mesure dans laquelle il faut que vous fassiez de la propagande représente, en un certain sens, la mesure de votre inaptitude à vivre la vie saine et droite, la vie harmonisée avec la vérité ».

Le Maître enseigna encore bien des choses à ses apôtres et aux évangélistes avant qu'ils ne lui souhaitent le bonsoir et aillent se reposer pour la nuit.

2. -- LES ÉVANGELISTES À CHORAZIN

Le lundi matin 23 mai, Jésus ordonna à Pierre d'aller à Chorazin avec les douze évangélistes. De son côté, avec les onze autres apôtres, il partit pour Césarée-Philippe en remontant le Jourdain jusqu'à la route de Damas à Capharnaüm, puis en allant vers le nord-est rejoindre la route conduisant à Césarée-Philippe. Ils arrivèrent dans cette ville au cours de l'après-midi du mardi 24 mai; ils y demeurèrent et y enseignèrent pendant quinze jours.

Pierre et les évangélistes restèrent deux semaines à Chorazin, prêchant l'évangile du royaume à un groupe de croyants peu nombreux, mais sérieux. Ils ne purent convertir beaucoup de monde. Aucune ville de Galilée ne fournit moins d'âmes au royaume que Chorazin. Conformément aux instructions de Pierre, les douze évangélistes parlèrent moins de guérisons -- de choses physiques --- mais prêchèrent et enseignèrent avec une vigueur accrue les vérités spirituelles du royaume des cieux. Ces deux semaines à Chorazin constituèrent un véritable baptême d'adversité pour les douze évangélistes, en ce sens que ce fut et la plus difficile et la plus improductive qu'ils eussent vécue jusque-là. Privés de la satisfaction de gagner des âmes au royaume, chacun d'eux scruta plus sérieusement et honnêtement sa propre âme et ses progrès dans les voies spirituelles de la vie nouvelle.

Le mardi 7 juin, il devint clair qu'il n'y aurait plus à Chorazin de nouveaux candidats cherchant à entrer dans le royaume. Pierre rassembla donc ses compagnons et partit rejoindre Jésus et les apôtres à Césarée-Philippe. Ils y arrivèrent le mercredi 8 vers midi et passèrent toute la soirée à raconter leurs aventures parmi les incroyants de Chorazin. Durant les discussions de cette soirée, Jésus reparla de la parabole du semeur et leur donna de longues explications sur la signification des échecs apparents dans les entreprises de la vie.

3. -- À CÉSARÉE-PHILIPPE

Jésus n'enseigna pas en public durant ce séjour de deux semaines près de Césarée-Philippe, mais les apôtres tinrent dans la ville des réunions nombreuses et paisibles; beaucoup de croyants vinrent au camp pour converser avec le Maître, mais très peu d'entre eux s'intégrèrent au groupe à la suite de leur visite. Jésus s'entretint quotidiennement avec les apôtres; ils discernèrent plus clairement qu'une nouvelle phase de la prédication du royaume entrait en jeu. Ils commencèrent à comprendre que « le royaume des cieux n'est pas nourriture et boisson, mais la réalisation de la joie spirituelle d'accepter la filiation divine ».

Le séjour à Césarée-Philippe fut une réelle épreuve pour les onze apôtres; ce fut pour eux une quinzaine difficile à passer. Ils étaient assez déprimés, et il leur manquait le stimulant périodique de la personnalité enthousiaste de Pierre. A cette époque, le fait de croire en Jésus et de partir pour le suivre était vraiment une grande aventure et une épreuve. Ils firent peu de conversions durant cette quinzaine, mais entendirent beaucoup de leçons profitables durant leurs conférences quotidiennes avec le Maître.

Les apôtres apprirent que les Juifs étaient spirituellement stagnants et mourants parce qu'ils avaient cristallisé la vérité en un credo. Si l'on formule la vérité sous l'aspect d'une ligne frontière d'exclusivisme pharisaïque, au lieu de la présenter comme des poteaux indicateurs de directives et de progrès spirituels, les enseignements correspondants perdent leur pouvoir créatif et vivifiant et finissent par devenir simplement conservateurs et fossilisants.

Jésus leur enseigna progressivement à regarder les personnalités humaines sous l'aspect de leurs possibilités dans le temps et l'éternité. Ils apprirent que la meilleure manière d'amener bien des âmes à aimer le Dieu invisible consiste à leur enseigner d'abord à aimer leurs semblables qu'ils peuvent voir. A cette occasion, une nouvelle signification fut attachée à la proclamation du Maître concernant le service désintéressé d'autrui: « Dans la mesure où vous l'avez fait au plus humble de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait».

L'une des grandes leçons de ce séjour à Césarrée porta sur l'origine des traditions religieuses et le grave danger de laisser attacher un caractère sacré a des choses non sacrées, à des idées ordinaires, ou à des événements quotidiens. Une conférence se termina par l'enseignement que la véritable religion d'un homme est la fidélité qu'il ressent dans son coeur envers ses convictions les plus élevées et les plus sincères.

Jésus prévint ses partisans que, si leurs aspirations religieuses étaient uniquement matérielles, leur connaissance croissante de la nature remplacerait progressivement leurs hypothèses sur l'origine surnaturelle des choses et finirait par leur ôter leur foi en Dieu. Par contre, si leur religion était spirituelle jamais les progrès des sciences physiques ne pourraient troubler leur foi clans les réalités éternelles et les valeurs divines.

Les apôtres et les évangélistes apprirent que si a religion a des mobiles entièrement spirituels, elle rend la vie plus digne d'être vécue; elle la meuble de buts élevés, lui confère la majesté des valeurs transcendantales, lui apporte l'inspiration de motifs magnifiques, et réconforte constamment l'âme humaine par une espérance sublime et fortifiante. La vraie religion est destinée à diminuer les tensions de l'existence; elle inspire de la foi et du courage pour la vie quotidienne et le service désintéressé. La foi développe la vitalité spirituelle et la fécondité de la droiture.

Jésus enseigna maintes fois à ses apôtres que nulle civilisation ne peut survivre longtemps à la perte de l'essentiel de sa religion. Il ne se lassa jamais de signaler aux douze le très grave danger de substituer des cérémonies et des symboles religieux à l'expérience religieuse personnelle. Toute sa vie terrestre fut consacrée à dégeler les formes cristallisées de la religion pour leur donner la libre fluidité d'une filiation éclairée.

4. -- SUR LA ROUTE DE PHÉNICIE

Le jeudi matin 9 juin, après que les messagers de David eurent apports de Bethsaïde les nouvelles sur les progrès du royaume, le groupe des vingt-cinq instructeurs de la vérité quitta Césarée-Philippe et se dirigea vers la Phénicie. Ils contournèrent la contrée marécageuse par Luz, rejoignirent la piste allant de Magdala au Mont Liban, et là suivirent jusqu'au croisement avec la route conduisant a Sidon où ils arrivèrent le vendredi après-midi.

Au cours d'une pause pour le déjeuner à l'ombre d'une corniche rocheuse surplombante, Jésus fit aux apôtres l'un des discours les plus remarquables qu'ils eussent entendus durant leurs années de collaboration avec lui. A peine s'étaient-ils assis pour rompre le pain que Simon Pierre demanda à Jésus: «Maître, puisque le Père céleste connaît toutes choses, et puisque son esprit est notre soutien pour établir sur terre le royaume des cieux, comment se fait-il que nous devions fuir devant les menaces de nos ennemis? Pourquoi ne faisons-nous pas face aux ennemis de la vérité? » Avant que Jésus ait pu répondre, Thomas intervint en demandant: « Maître, je voudrais réellement savoir ce qu'il y a de faux dans la religion de nos ennemis à Jérusalem. Quelle est la différence fondamentale entre leur religion et la nôtre? » Après l'interruption de Thomas, Jésus dit: « Je ne me désintéresse pas de la question de Pierre, car je sais parfaitement combien il est facile de mal interpréter mes raisons d'éviter en ce moment un conflit ouvert avec les chefs des Juifs; mais je crois plus profitable pour vous tous qui je choisisse plutôt de répondre à la question de Thomas. Je ne manquerai pas de le faire dès que vous aurez fini de déjeuner ».

5. -- LE DISCOURS SUR LA VRAIE RELIGION

Ce mémorable discours sur la religion, résumé et retranscrit en langage moderne, exprima les vérités suivantes:

Bien que les religions du monde aient une origine double dans la nature et dans la révélation on retrouve à tout moment, chez n'importe quel peuple, trois formes distinctes de dévotion religieuse, et voici les trois manifestations de ce besoin de religion:

   1. La religion primitive. Le besoin semi-naturel et instinctif de craindre des énergies mystérieuses et d'adorer des forces supérieures; c'est principalement la religion de la nature physique, la religion de la peur.

   2. La religion de la civilisation. Ce sont les conceptions et les pratiques religieuses évoluantes des races qui se civilisent -- la religion de la pensée -- la théologie intellectuelle appuyée sur l'autorité de la tradition religieuse établie.

   3. La vraie religion, celle de la révélation. C'est la révélation des valeurs surnaturelles, une pénétration partielle des réalités éternelles, un aperçu de la bonté et de la beauté du caractère infini du Père céleste -- la religion de l'esprit telle quelle est démontrée dans l'expérience humaine.

Le Maître refusa de minimiser la religion des sens physiques et les craintes superstitieuses de l'homme primitif, mais il déplora le fait que cette forme initiale d'adoration subsistât encore à un pareil degré dans les pratiques religieuses des races les plus intelligentes de l'humanité. Jésus exposa clairement la grande différence entre la religion intellectuelle et la religion spirituelle: alors que la première est soutenue par l'autorité ecclésiastique, la seconde est entièrement fondée sur l'expérience humaine.

Puis le Maître poursuivit cette leçon d'une heure en dégageant les vérités suivantes:

Jusqu'à ce que les races deviennent très intelligentes et plus complètement civilisées, on verra subsister beaucoup de ces cérémonies enfantines et superstitieuses si caractéristiques des pratiques religieuses évolutionnaires des peuples primitifs et arriérés. Jusqu'à ce que la race humaine atteigne un niveau supérieur où elle reconnaîtra d'une manière plus générale les réalités de l'expérience spirituelle, un grand nombre d'hommes et de femmes continueront à faire montre d'une préférence personnelle pour les religions d'autorité n'exigeant qu'un assentiment intellectuel. Elles contrastent avec la religion de l'esprit, qui implique une participation active de la pensée et de l'âme à l'entreprise de foi consistant à en venir aux prises avec les rigoureuses réalités de l'expérience humaine progressive.

L'acceptation des religions traditionnelles d'autorité offre un exutoire facile au besoin qu'ont les hommes de satisfaire les ardents désirs de leur nature spirituelle. Les religions d'autorité, bien assises, cristallisées, et établies, fournissent un abri tout prêt où les âmes humaines désaxées et bouleversées peuvent se réfugier quand elles sont assaillies de craintes et tourmentées d'incertitudes. Comme prix à payer pour les satisfactions et les assurances qu'elles donnent, elles n'exigent qu'un assentiment passif et purement intellectuel.

On verra encore longtemps vivre sur terre des individus timides, craintifs, et hésitants qui préfèrent obtenir ainsi leurs consolations religieuses. Pourtant, en liant leur sort à celui des religions d'autorité, ils compromettent la souveraineté de la personnalité, avilissent la dignité du respect de soi, et renoncent complètement au droit de participer à la plus passionnante et vivifiante de toutes les expériences humaines: la recherche personnelle de la vérité, la joie d'affronter les périls de la découverte intellectuelle, la résolution d'explorer les réalités de l'expérience religieuse personnelle, la satisfaction suprême du triomphe personnel dans la victoire de la foi spirituelle sur les doutes intellectuels; cette victoire se gagne honnêtement dans l'aventure suprême de toute l'existence humaine -- celle de l'homme qui recherche Dieu pour lui-même et en tant que lui-même, et qui le trouve.

La religion de l'esprit signifie effort, lutte, conflit, foi, résolution, amour, fidélité, et progrès. La religion dogmatique la théologie d'autorité -- n'exige de ses croyants officiels qu'une partie infime de ces efforts. La tradition est un refuge sûr et un sentier facile pour les âmes tièdes et craintives qui évitent instinctivement les luttes spirituelles et les incertitudes mentales accompagnant les aventures audacieuses. Les hommes de foi voyagent en haute mer, sur les océans des vérités inexplorées, à la recherche des rivages lointains, des réalités spirituelles susceptibles d'être découvertes par la pensée humaine progressive et expérimentées par l'âme humaine en évolution.

Puis Jésus continua en disant: « à Jérusalem, les chefs religieux ont cristallisé les diverses doctrines de leurs maîtres traditionnels et des prophètes d'autrefois en un système établi de credos intellectuels, en une religion d'autorité. Les religions de ce genre font principalement appel à l'intellect. Nous sommes maintenant sur le point d'entrer dans une lutte à mort avec cette religion, car nous allons bientôt commencer à proclamer une nouvelle religion qui n'en est pas une au sens couramment attribué à ce mot -- une religion qui fait principalement appel à l'esprit divin de mon Père habitant la pensée des hommes; une religion qui tirera son autorité des fruits de son acceptation, et ces fruits apparaîtront avec certitude dans l'expérience personnelle de tous ceux qui croiront réellement et sincèrement aux vérités de cette communion spirituelle supérieure ».

Montrant successivement du doigt les vingt-quatre, et les appelant chacun par leur nom, Jésus dit: « Et maintenant, qui d'entre vous préférerait prendre le chemin facile du conformisme à une religion établie et fossilisée comme celle que défendent les pharisiens de Jérusalem, plutôt que de subir les difficultés et les persécutions accompagnant la proclamation d'une meilleure voie de salut pour les hommes? Vous savez qu'en annonçant l'évangile, vous aurez la satisfaction de découvrir, pour vous-mêmes les beautés d'une expérience vivante et personnelle des vérités éternelles et des grandeurs suprêmes du royaume des cieux. Etes-vous craintifs, mous, et douillets? Avez-vous peur de confier votre avenir aux mains du Dieu de vérité dont vous êtes les fils? Vous méfiez-vous du Père, dont vous êtes les enfants? Allez-vous reprendre le sentier facile de la certitude et de la fixité intellectuelle de la religion traditionnelle d'autorité, ou allez-vous vous cuirasser pour vous avancer avec moi dans l'avenir incertain et trouble où nous proclamerons les vérités nouvelles de la religion de l'esprit, le royaume des cieux dans le coeur des hommes? »

Les vingt-quatre auditeurs se levèrent tous avec l'intention de notifier leur réponse fidèle et unanime à cet appel émotif, l'un des rares que Jésus leur eût jamais adressés, mais leva la main pour les arrêter et dit: « Séparez-vous maintenant; que chacun aille seul avec le Père et trouve la réponse non sentimentale à ma question. Quand vous aurez découvert le véritable et sincère comportement de votre âme, donnez franchement et audacieusement votre réponse à mon Père, qui est aussi le vôtre, et dont la vie infinie d'amour est l'esprit de la religion que nous proclamons ».

Les évangélistes et les apôtres allèrent chacun de leur côté pendant un bref moment. Leurs esprits étaient soulevés, leurs pensées étaient inspirées, et leurs émotions puissamment remuées par les paroles de Jésus. Toutefois, lorsqu'André les rassembla, le Maître se borna à dire: « Reprenons notre route. Nous partons pour la Phénicie où nous resterons un certain temps; chacun de vous devrait prier le Père de transformer vos émotions mentales et corporelles en fidélités mentales supérieures et en expériences spirituelles plus satisfaisantes ».

Le long de la route, les apôtres furent d'abord silencieux, mais ils ne tardèrent pas à échanger leurs vues entre eux et, à trois heures de l'après-midi, ils n'y tinrent plus. Ils s'arrêtèrent, et Pierre alla trouver Jésus en lui disant: « Maître, tu nous as adressé des paroles de vie et de vérité. Nous voudrions en entendre davantage; nous te supplions de nous parler encore de ces questions ».

6. -- LE SECOND DISCOURS SUR LA RELIGION

Ils s'arrêtèrent alors sur un flanc de coteau ombragé, et Jésus continua à leur enseigner la religion de l'esprit en leur disant en substance:

Vous avez émergé parmi vos compagnons qui ont choisi de se satisfaire d'une religion mentale; ils désirent ardemment la sécurité et préfèrent le conformisme. Vous avez décidé d'échanger vos sentiments de certitude autoritaire contre les assurances de l'esprit de foi aventureux et progressif. Vous avez osé protester contre l'épuisante servitude des traditions écrites actuellement considérées comme la parole de Dieu. Il est exact que notre Père a parlé par la bouche de Moïse, d'Elie, d'Isaïe, d'Amos, et d'Osée, mais il n'a pas cessé d'apporter des paroles de vérité au monde après que ces prophètes de jadis eurent terminé leurs proclamations. Mon Père ne fait pas acception de races ni de générations en octroyant la parole de vérité à une époque et en la refusant à la suivante. Ne commettez pas la folie d'appeler divin ce qui est purement humain, et ne manquez pas de discerner les paroles de vérité, même si elles ne proviennent pas des oracles traditionnels de la prétendue vérité.

Je vous ai appelés à naître de nouveau, à naître d'esprit. Je vous ai fait sortir des ténèbres de l'autorité et de la léthargie de la tradition pour vous faire entrer dans la lumière transcendante où vous apercevrez la possibilité de faire la plus grande découverte possible pour l'âme humaine -- l'expérience de trouver Dieu pour vous-mêmes, en vous-mêmes, et par vous-mêmes, et d'incorporer tout ceci dans votre expérience personnelle. Vous pourrez alors passer de la mort à la vie, de l'autorité de la tradition à l'expérience de connaître Dieu. Vous passerez ainsi des ténèbres à la lumière, de la foi raciale héritée à une foi personnelle acquise par une expérience réelle. Cela vous fera progresser d'une théologie intellectuelle transmise par vos ancêtres à une véritable religion spirituelle bâtie dans votre âme comme un don éternel.

Votre religion était une simple croyance intellectuelle à une autorité traditionnelle; elle deviendra l'expérience réelle de la foi vivante capable de saisir la réalité de Dieu et de tout ce qui se rapporte à l'esprit divin du Père. La religion dogmatique vous attache irrémédiablement au passé. La religion spirituelle consiste en une révélation progressive et vous appelle à des accomplissements plus élevés et plus saints dans les idéaux spirituels et les réalités éternelles.

La religion d'autorité peut communiquer le sentiment d'une sécurité assurée, mais le prix que vous payez pour cette satisfaction temporaire est la perte de votre liberté spirituelle et religieuse. Comme prix d'entrée d'entrée dans le royaume des cieux, mon Père ne vous demande pas de vous forcer à croire à des choses spirituellement répugnantes, impies, et mensongères. On n'exige pas que vous outragiez vos propres sentiments de miséricorde, de justice, et de vérité en vous soumettant à un système désuet de formalités et de cérémonies religieuses. La religion de l'esprit vous laisse perpétuellement libres de suivre la vérité, ou que vous emmènent les directives de l'esprit. Et qui sait -- cet esprit voudrait peut-être communiquer à cette génération quelque chose que les précédentes ont refusé d'entendre?

Honte aux faux éducateurs religieux qui voudraient ramener les âmes assoiffées dans l'obscur et lointain passé pour les y abandonner! Ces âmes infortunées sont alors condamnées à s'effrayer de toute nouvelle découverte et à être décontenancées par chaque nouvelle révélation de la vérité. Le prophète qui a dit: « Celui dont la pensée est fixée sur Dieu sera gardé dans une paix parfaite » n'était pas un simple croyant à une théologie d'autorité. Cet initié à la vérité avait découvert Dieu; il ne se bornait pas à parler de Dieu.

Je vous recommande de perdre l'habitude de toujours citer les prophètes de jadis et de louer les héros d'Israël. Au lieu de cela, aspirez à devenir des prophètes vivants du Très-Haut et des héros spirituels du royaume qui vient. Il est peut-être bon d'honorer les chefs du passé qui connaissaient Dieu, mais pourquoi, en faisant cela, sacrifieriez-vous l'expérience suprême de l'existence humaine: trouver Dieu pour vous-mêmes et le connaître dans votre propre âme?

Chaque race de l'humanité a son point de vue mental particulier sur l'existence humaine; la religion mentale doit donc toujours s'harmoniser avec ces divers points de vue. Les religions d'autorité ne parviendront jamais à s'unifier. Seul le don supérieur de la religion de l'esprit peut réaliser l'unité des hommes et la fraternité des mortels. Les mentalités raciales peuvent différer, mais toute l'humanité est habitée par le même esprit éternel et divin. L'espoir d'une fraternité des hommes ne peut se réaliser que si les religions d'autorité, mentales divergentes, se laissent imprégner et dominer par la religion unifiante et ennoblissante de l'esprit de la religion de l'expérience spirituelle personnelle.

Les religions d'autorité ne peuvent que diviser les hommes et dresser les consciences les unes contre les autres. La religion de l'esprit attirera progressivement les hommes les uns vers les autres et provoquera une sympathie compréhensive entre eux. Les religions d'autorité exigent des hommes une croyance uniforme, chose impossible à réaliser dans l'état actuel du monde. La religion de l'esprit n'exige qu'une unité d'expérience -- une destinée uniforme -- tenant entièrement compte de la diversité des croyances. La religion de l'esprit ne demande que l'uniformité de clairvoyance, et non l'uniformité de point de vue; elle ne requiert pas l'uniformité des vues intellectuelles, mais seulement l'unité de sentiment spirituel. Les religions d'autorité se cristallisent en credos. La religion de l'esprit devient la joie et la liberté croissantes dues à l'ennoblissement par des actes de service amical et des soins miséricordieux.

Mais veillez à ce qu'aucun de vous ne considère avec dédain les enfants d'Abraham parce qu'ils vivent durant ces mauvais jours de tradition stérile. Nos ancêtres s'étaient adonnés à la recherche persévérante et passionnée de Dieu; ils s'en rapprochèrent plus que toute autre race humaine depuis l'époque d'Adam, qui connaissait mieux le Père, car il était lui-même un Fils de Dieu. Mon Père n'a pas manqué de remarquer la longue et infatigable lutte d'Israël, depuis l'époque de Moïse, pour trouver Dieu et le connaître. Des générations de Juifs se sont épuisées sans cesser de peiner, d'ahaner, de gémir, d'oeuvrer, et supporter les souffrances et chagrins d'un peuple méconnu et méprisé , tout cela pour découvrir d'un peu plus près la vérité au sujet de Dieu. Depuis l'époque de Moïse jusqu'à celle d'Amos et d'Osée, et malgré les échecs et les défaillances d'Israël, nos pères ont progressivement révélé au monde une idée toujours plus claire et plus véridique du Dieu éternel. Le chemin fut ainsi préparé pour la révélation encore plus grande du Père, révélation à laquelle vous avez été appelés à participer.

N'oubliez jamais que la seule aventure plus satisfaisante et plus passionnante que la tentative de découvrir le Dieu vivant consiste à essayer de faire la volonté divine. Rappelez -vous toujours que, dans toute occupation terrestre, on peut faire la volonté de Dieu. Il n'y a pas des métiers saints et des métiers laïques. Toutes choses sont sacrées dans la vie ceux qui sont guidés par l'esprit, c'est-à-dire qu'elles sont alors subordonnées à la vérité, ennoblies par l'amour, dominées par la miséricorde, et tempérées par l'équité -- par la justice. L'esprit que mon Père et moi nous enverrons dans le monde n'est pas seulement l'Esprit de Vérité, mais aussi l'esprit de beauté idéaliste.

Il faut cesser de rechercher la parole de Dieu uniquement dans les pages des vieux livres de théologie faisant autorité. Quiconque est né de l'esprit de Dieu discernera désormais la parole de Dieu, indépendamment de son origine apparente. Il ne faut pas minimiser la parole de Dieu parce quelle vous est parvenue par un canal apparemment humain. Beaucoup de vos contemporains acceptent intellectuellement la théorie de Dieu, mais ne ressentent pas spirituellement la présence de Dieu. C'est précisément pourquoi je vous ai si souvent enseigné que la meilleure manière de concevoir clairement le royaume des cieux consiste à acquérir le comportement spirituel d'un enfant sincère. Ce n'est pas le manque de maturité mentale d'un enfant que je vous recommande, mais bien la simplicité spirituelle d'un petit qui croit facilement et qui a pleine confiance. Il est moins important pour vous de connaître le fait de l'existence de Dieu que d'acquérir une aptitude croissante à sentir la présence de Dieu.

Une fois que vous aurez commencé à découvrir Dieu dans votre âme, vous ne tarderez pas à le découvrir dans l'âme des autres hommes, et finalement dans toutes les créatures et créations d'un puissant univers. Mais dans l'âme des hommes qui ne consacrent guère ou pas de temps à contempler attentivement ces réalités éternelles, quelle chance le Père a-t-il d'apparaître en tant que Dieu des allégeances suprêmes et des idéaux divins? Bien que la pensée ne soit pas le siège de la nature spirituelle, elle est en vérité la porte qui y conduit.

Ne commettez pas l'erreur d'essayer de prouver à autrui que vous avez trouvé Dieu; vous ne pouvez en apporter consciemment la preuve valable. Toutefois, il existe deux démonstrations puissantes et positives du fait que vous connaissez Dieu:

   1. L'apparition des fruits de l'esprit dans votre vie quotidienne ordinaire.

   2. Le fait que tout votre plan de vie apporte la preuve positive que vous avez risqué sans réserve tout ce que vous êtes et tout ce que vous possédez dans l'aventure de la survie après la mort, en poursuivant l'espoir de trouvez le Dieu de l'éternité après avoir eu un avant-goût de sa présence dans le temps.

Maintenant, ne vous y trompez pas, mon Père répondra toujours a la plus faible lueur de foi. Il prend note des émotions physique et superstitieuses de l'homme primitif. Quant aux âmes honnêtes et craintives dont la foi est si faible quelle ne représente guère plus qu'un conformisme intellectuel à une attitude passive d'assentiment aux religions d'autorité, le Père est toujours vigilant pour honorer et soutenir même ces faibles tentatives pour l'atteindre. Mais pour vous qui avez été tirés des ténèbres et appelés dans la lumière, on s'attend à ce que vous croyiez de tout coeur; votre foi dominera les comportements conjugués du corps, de la pensée, et de l'esprit.

Vous êtes mes apôtres, et pour vous la religion ne deviendra pas un abri théologique où vous pourrez fuir dans la peur d'affronter les rudes réalités du progrès spirituel et de l'aventure idéaliste. Votre religion deviendra plutôt une expérience réelle témoignant que Dieu vous a trouvés, idéalisés, ennoblis, et spiritualisés, et que vous vous êtes enrôlés dans l'aventure éternelle de trouver le Dieu qui vous a lui-même trouvés et pris pour fils.

Après avoir fini de parler, Jésus fit signe à André, montra du doigt vers l'occident la route de Phénicie, et dit: « Repartons ».

154. Derniers jours à Capharnaüm

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

DERNIERS JOURS À CAPHARNAÜM

LORS de cette mémorable soirée du 30 avril de l'an 29, tandis que Jésus adressait des paroles de réconfort et de courage à ses disciples abattus et perplexes Hérode Antipas tenait conseil à Tibériade avec un groupe de commissaires spéciaux représentant le sanhédrin de Jérusalem. Ces scribes et pharisiens pressèrent Hérode d'arrêter Jésus; ils firent de leur mieux pour convaincre le tétrarque que Jésus poussait le peuple à la dissension et même à la révolte. Mais Hérode refusa de l'inculper comme criminel politique. Ses agents lui avaient fait un rapport correct sur l'épisode intervenu de l'autre côté du lac où la foule avait voulu proclamer Jésus roi, et sur la manière dont il avait rejeté la proposition.

Un membre de la famille d'Hérode, Chuza, dont la femme appartenait au groupe apostolique féminin, l'avait informée Jésus ne se proposait pas de se mêler des affaires de la souveraineté terrestre et, qu'il s'occupait uniquement d'établir la confraternité spirituelle de ses fidèles, confraternité qu'il appelait le royaume des cieux. Hérode avait confiance dans les rapports de Chuza, si bien qu'il refusa de s'immiscer dans les activités de Jésus. À cette époque, le comportement d'Hérode envers Jésus était également influencé par sa crainte superstitieuse de Jean le Baptiste. Hérode était l'un des Juifs apostats qui, tout en ne croyant à rien, craignaient tout. Il avait mauvaise conscience pour avoir exécuté Jean et ne voulait pas se laisser impliquer dans des intrigues contre Jésus. Il connaissait de nombreux cas de maladies apparemment guéries par Jésus, et il le considérait comme un prophète ou comme un fanatique religieux relativement inoffensif.

Quand les Juifs le menacèrent de rendre compte à César qu'il protégeait un sujet traître, Hérode les expulsa de la chambre du conseil. Les choses en restèrent là pendant une semaine, durant laquelle Jésus prépara ses disciples à la dispersion imminente.

1. -- UNE SEMAINE DE CONSEILS

Du 1ier au 7 mai, Jésus tint des conseils privés avec ses partisans dans la maison de Zébédée. Seuls les disciples éprouvés et dignes de confiance furent admis à ces conférences. À l'époque, il n'y avait qu'une centaine de disciples ayant le courage moral de braver l'opposition des pharisiens et de déclarer ouvertement leur fidélité à Jésus. Il eut des réunions avec eux le matin, l'après-midi, et le soir. De petits groupes d'investigateurs se rassemblaient tous les après-midi au bord du lac, où certains évangélistes ou apôtres les haranguaient. Ces groupes comptaient rarement plus de cinquante personnes.

Le vendredi de cette semaine, les dirigeants de la synagogue de Capharnaüm prirent la décision officielle de fermer la maison de Dieu à Jésus et à tous ses disciples. Cette décision fut prise à l'instigation des pharisiens de Jérusalem. Jaïre donna sa démission de chef et prit ouvertement parti pour Jésus.

La dernière réunion au bord du lac eut lieu l'après-midi du sabbat du 7 mai. Jésus s'adressa à cent cinquante personnes rassemblées à ce moment-là. La soirée de ce samedi marqua le point le plus bas de la grande vague de popularité pour Jésus et ses enseignements. Ensuite les sentiments favorables à son égard s'accrurent d'une manière lente et continue, mais plus saine et digne de confiance. Il se développa un nouveau parti mieux fonds sur la foi spirituelle et la véritable expérience religieuse. Le stade de transition, plus ou moins composite et basé sur des compromis, entre les concepts matérialistes du royaume entretenus par les disciples du Maître et les conceptions plus idéalistes et spirituelles qu'il enseignait avait définitivement pris fin. Désormais l'évangile du royaume fut proclamé plus ouvertement dans son aspect le plus large et avec ses vastes implications spirituelles.

2. -- UNE SEMAINE DE REPOS

À Jérusalem, le dimanche 8 mai de l'an 29, le sanhédrin adopta un décret fermant toutes les synagogues de Palestine à Jésus et à ses disciples. Ce fut une usurpation d'autorité nouvelle et sans précédent par le sanhédrin de Jérusalem. Jusque-là, chaque synagogue avait existé et fonctionné comme une congrégation d'adorateurs indépendante, et chacune était commandée et dirigée par son propre comité de gouverneurs. Seules les synagogues de Jérusalem étaient soumises à l'autorité du sanhédrin. Cinq membres du sanhédrin démissionnèrent a la suite de cette résolution. Cent messagers furent immédiatement envoyés pour transmettre et imposer le décret. En moins de quinze jours, toutes les synagogues de Palestine s'étaient inclinées devant cette proclamation, sauf celle d'Hébron. Les dirigeants de cette dernière refusèrent de reconnaître au sanhédrin le droit d'exercer cette juridiction sur leur assemblée. Ce refus d'accepter le décret de Jérusalem était basé sur l'affirmation de leur autonomie paroissiale plutôt que sur leur sympathie pour la cause de Jésus. Peu après, la synagogue d'Hébron fut détruite par un incendie.

Le même dimanche matin, Jésus décréta une semaine de vacances; il incita tous ses disciples à retourner chez eux ou chez leurs amis pour reposer leur âme troublée et adresser des paroles d'encouragement à leurs êtres chers. Il dit: « Allez chacun de votre côté vous distraire ou pêcher, tout en priant pour l'expansion du royaume ». Cette semaine de repos permit à Jésus de rendre visite à de nombreux groupes et familles aux environs des bords du lac. En plusieurs occasions, il alla également pêcher avec David Zébédée. Cependant il se promena seul la plupart du temps, mais deux ou trois des plus sûrs messagers de David avaient reçu des ordres précis pour veiller à sa sécurité et le suivaient toujours en se dissimulant. Il n'y eut aucune sorte d'enseignement public durant cette semaine de repos.

Au cours de la même semaine, Nathanael et Jacques Zébédée furent assez sérieusement malades. Durant trois jours et trois nuits ils souffrirent de troubles intestinaux graves et douloureux. La troisième nuit, Jésus envoya Salomé, mère de Jacques, se reposer pendant qu'il soignait ses apôtres souffrants. Bien entendu, Jésus aurait pu guérir instantanément les deux hommes mais ce n'est ni la méthode du Père ni celle du Fils pour traiter ces troubles et afflictions ordinaires des enfants des hommes sur les mondes évolutionnaires du temps et de l'espace. Pas une seule fois durant sa vie mouvementée en incarnation, Jésus n'appliqua de soins surnaturels quelconques à aucun membre de sa famille ni à aucun de ses disciples immédiats.

Il faut faire face aux difficultés de l'univers et aux obstacles rencontrés sur la planète, en les considérant comme une partie de l'éducation expérimentale fournie pour la croissance et le développement (la perfection progressive) des âmes évoluantes. La spiritualisation de l'âme humaine exige la solution éducative d'une vaste étendue de problèmes réellement universels. La nature animale et les formes inférieures de créatures volitives ne progressent pas bien dans une ambiance trop facile. Les situations problématiques, doublées de stimulants exigeant des efforts, font naître les activités mentales, psychiques, et spirituelles qui contribuent puissamment à faire atteindre les buts valables de la progression humaine et les niveaux supérieurs de la destinée spirituelle.

3. -- LA SECONDE CONFÉRENCE À TIBÉRIADE

La seconde conférence entre les autorités de Jérusalem et Hérode Antipas fut convoquée à Tibériade le 16 mai. Les chefs religieux et les chefs politiques de Jérusalem y étaient présents: Les dirigeants juifs purent rendre compte à Hérode que pratiquement toutes les synagogues de Galilée et de Judée étaient fermées aux enseignements de Jésus. Ils entreprirent un nouvel effort pour obtenir l'arrestation de Jésus, mais Hérode refusa d'accéder à leur demande. Toutefois, le 18 mai, Hérode accepta le plan consistant à permettre aux autorités du sanhédrin d'arrêter Jésus et de l'emmener à Jérusalem pour le faire juger sur   des inculpations religieuses, pourvu que le gouverneur romain de la Judée participe à cet arrangement. Entre-temps, les ennemis de Jésus répandaient activement dans toute la Galilée la rumeur qu'Hérode était devenu hostile à Jésus et avait l'intention d'exterminer tous ceux qui croyaient à ses enseignements.

Le samedi soir 21 mai parvint à Tibériade la nouvelle que les autorités civiles de Jérusalem n'avaient pas d'objections contre l'accord conclu entre Hérode et les pharisiens, accord stipulant que Jésus serait arrêté et emmené à Jérusalem pour être jugé devant le sanhédrin sous l'inculpation d'avoir nargué les lois sacrées de la nation juive. En conséquence, un peu avant minuit du même jour, Hérode signa le décret autorisant les officiers du sanhédrin à s'emparer de Jésus à l'intérieur du domaine de la juridiction d'Hérode, et à l'emmener de force à Jérusalem pour y être jugé. De fortes pressions de diverses sources furent exercées sur Hérode avant qu'il ne consentit à accorder cette permission; il savait bien que Jésus ne pouvait espérer que ses ennemis acharnés de Jérusalem le jugeraient équitablement.

4. -- LE SAMEDI SOIR À CAPHARNAÜM

Le même samedi soir, un groupe de cinquante citoyens de Capharnaüm se réunit a la synagogue pour examiner l'importante question: « Qu'allons-nous faire de Jésus? » Ils s'entretinrent et discutèrent jusqu'à minuit sans pouvoir trouver de terrain d'entente. À part quelques personnes ayant tendance à croire que Jésus pouvait être le Messie, ou au moins un saint homme, ou peut-être un prophète, l'assemblée était divisée en quatre groupes à peu près égaux, qui soutenaient respectivement les points de vue suivants:

1. Que Jésus était un fanatique religieux abusé et inoffensif.
2. Qu'il était un agitateur dangereux et un organisateur susceptible de soulever une rébellion.
3. Qu'il était allié aux démons, et qu'il pouvait même être un prince des démons.
4. Qu'il n'était pas dans son bon sens, qu'il était un fou, un déséquilibré mental.

Jésus prêchait-il des doctrines bouleversantes pour les gens du peuple? On en discuta beaucoup. Ses ennemis soutinrent que ses enseignements étaient impraticables, que tout irait à vau-l'eau si tout le monde faisait un effort honnête pour vivre conformément aux idées de Jésus. Bien des personnes des générations subséquentes où dit la même chose. Même à l'époque plus éclairée des présentes révélations, beaucoup d'hommes intelligents et bien intentionnés soutiennent que la civilisation moderne n'aurait pas pu être bâtie sur les enseignements de Jésus -- et ils ont partiellement raison. Mais en exprimant ces doutes, ils oublient que l'on aurait pu bâtir une civilisation bien meilleure sur ces mêmes enseignements, et qu'un jour elle sera bâtie. Ce monde n'a jamais essayé de mettre en pratique sur une grande échelle les leçons de Jésus, bien que des tentatives timides aient souvent été faites pour suivre les doctrines d'un *prétendu christianisme. (*"so-called" Christianity selon la version originale anglaise.  J'ai personnellement traduit cela comme suit : "pour suivre les doctrines de ce qui est appelé le christianisme." afin d'être plus fidèle à l'esprit du livre.       

5. -- LE DIMANCHE MATIN MOUVEMENTÉ

Le 22 mai fut un jour mouvementé dans la vie de Jésus. Ce dimanche matin avant le lever du jour, l'un des messagers de David arriva en grande hâte de Tibériade en apportant la nouvelle qu'Hérode avait autorisé, ou allait autoriser l'arrestation de Jésus par les officiers du sanhédrin.

Au reçu de cette nouvelle, David Zébédée réveilla ses messagers et les envoya à tous les groupes locaux de disciples pour les convoquer a une réunion d'urgence le même matin à sept heures. Lorsque la belle-soeur de Jude (frère de Jésus) entendit ce rapport alarmant, elle prévint en hâte toute la famille de Jésus, qui habitait dans le voisinage, en la priant de se réunir immédiatement chez Zébédée. Marie, Jacques, Joseph, Jude, et Ruth ne tardèrent pas à répondre à cet appel précipité.

À cette réunion fort matinale, Jésus donna d'ultimes instructions à ses disciples rassemblés; il leur fit momentanément ses adieux, sachant qu'ils seraient bientôt chassés de Capharnaüm. Il leur recommanda à tous de rechercher les directives de Dieu et de poursuivre l'oeuvre du royaume sans se soucier des conséquences. Les évangélistes devaient travailler de leur mieux jusqu'au moment où ils recevraient un appel. Il choisit douze évangélistes pour l'accompagner. Il ordonna aux douze apôtres de rester avec lui quoi qu'il arrive. Il donna pour instructions aux douze femmes de rester dans les maisons de Zébédée et de Pierre jusqu'à ce qu'il les envoie chercher.

Jésus consentit a ce que David Zébédée continuât son service de messagers dans tout le pays. David ne tarda pas à lui faire ses adieux en disant: « Poursuis ton oeuvre, Maître. Ne laisse pas les sectaires s'emparer de toi, et ne mets jamais en doute que mes messagers te suivront. Mes hommes ne perdront jamais le contact avec toi. Par eux tu auras des nouvelles du royaume dans les autres parties du pays, et par eux nous aurons tous de tes nouvelles. Rien de ce qui peut m'arriver n'interrompra ce service, car j'ai nommé un premier remplaçant, et un deuxième, et même un troisième. Je ne suis ni un instructeur ni un prédicateur, mais j'ai à coeur de faire cela, et rien ne m'arrêtera ».

À sept heures et demie, Jésus commença son allocution de départ à une centaine de croyants qui se pressaient à l'intérieur de la maison pour l'entendre. Ce fut un événement solennel pour tout l'auditoire, mais Jésus faisait montre d'une gaîté inhabituelle; il se trouvait à nouveau dans son état normal. Son air grave des semaines passées avait disparu, et ses paroles de foi, d'espérance, et de courage furent vivifiantes pour tout son auditoire.

6. -- LA FAMILLE DE JÉSUS ARRIVE

Il était à peu près huit heures du matin ce dimanche-là lorsque cinq membres de la famille terrestre de Jésus arrivèrent sur les lieux en réponse à la convocation urgente de la belle-soeur de Jude. Seule de sa famille terrestre, Ruth avait continuellement cru de tout coeur à la divinité de la mission de Jésus sur terre. Jude, Jacques, et même Joseph, conservaient en grande partie leur foi en Jésus, mais ils avaient laissé l'orgueil fausser leur jugement et leurs vraies tendances spirituelles. Marie également était déchirée entre l'amour et la crainte, entre l'amour maternel et l'orgueil familial. Bien quelle fit assaillie de doutes, elle ne put jamais oublier complètement la visite de Gabriel avant la naissance de Jésus. Les pharisiens s'étaient efforcés de persuader Marie que Jésus ne jouissait pas de son bon sens, qu'il était fou. Ils le pressaient d'aller auprès de lui avec ses fils pour chercher à le dissuader de poursuivre ses efforts d'enseignement public. Ils affirmaient à Marie que la santé de Jésus ne résisterait pas, et si on lui permettait de continuer, il n'en résulterait que déshonneur et opprobre pour toute a famille. Aussi, lorsque les cinq membres de la famille reçurent l'avertissement de la belle-soeur de Jude, ils partirent immédiatement pour la maison de Zébédée, car ils se trouvaient tous chez Marie où ils avaient reçu les pharisiens la veille au soir. Ils s'étaient entretenus jusqu'à une heure tardive de la nuit avec les dirigeants de Jérusalem, et ils étaient tous plus ou moins convaincus que Jésus agissait d'une manière étrange, qu'il se conduisait bizarrement depuis quelque temps. Ruth ne pouvait expliquer tous les motifs, de sa conduite, mais elle insista sur le fait que Jésus avait toujours équitablement traité sa famille, et elle refusa son adhésion au programme destiné à le dissuader de poursuivre son oeuvre.

Sur le chemin de la maison de Zébédée, ils reparlèrent encore de ces questions et se mirent tous d'accord pour essayer de faire revenir Jésus à leur foyer car, disait Marie, « je sais que je pourrais influencer mon fils si seulement il voulait venir à la maison et m'écouter ». Jacques et Jude avaient entendu des rumeurs au sujet des plans pour arrêter Jésus et l'emmener à Jérusalem pour être jugé. Ils craignaient aussi pour leur propre sécurité. Tant que Jésus avait été une figure populaire aux yeux du public, les membres de sa famille avaient laissé aller les choses, mais maintenant que la population de Capharnaüm et les chefs de Jérusalem s'étaient soudain retournés contre lui, ils commençaient à ressentir douloureusement la soi-disant disgrâce de leur situation embarrassante.

Ils comptaient voir Jésus, le prendre à part, et le presser de rentrer au foyer avec eux. Ils se proposaient  de l'assurer qu'ils oublieraient que Jésus les avait négligés -- qu'ils pardonneraient et oublieraient -- si seulement il voulait renoncer à la folie de prêcher une nouvelle religion ne pouvant aboutir qu'à le mettre en difficulté et à couvrir d'opprobre sa famille. Devant tous ces raisonnements, Ruth se bornait à dire: « Je dirai à mon frère que je crois qu'il est un homme de Dieu; j'espère qu'il aimerait mieux mourir que de laisser ces méchants pharisiens mettre fin à ses prédications ». Joseph promit de faire tenir Ruth tranquille pendant que les autres essayeraient de convaincre Jésus.

Quand les cinq arrivèrent à la maison de Zébédée, Jésus était en plein milieu de son allocution de départ aux disciples. Ils cherchèrent à entrer dans la maison, mais elle était bondée à déborder. Ils finirent par s'installer sous le porche de derrière et firent passer à Jésus de bouche en bouche la nouvelle de leur arrivée. Finalement, Simon Pierre l'annonça à voix basse à Jésus en interrompant le discours pour dire:      « Voici, ta mère et tes frères sont dehors et très désireux de te parler ». Or Marie ne se rendait pas compte de l'importance du message de séparation aux disciples; elle ne savait pas non plus que cette allocution avait des chances de prendre fin à tout moment par l'arrivée des hommes venant arrêter Jésus. Après une  si longue séparation apparente, et vu la grâce que sa mère et ses frères lui faisaient en venant jusqu'à lui, Marie croyait réellement que Jésus s'arrêterait de parler et viendrait les saluer dès qu'il serait averti de leur présence.

Or ce fut simplement un nouveau cas où sa famille terrestre ne pouvait comprendre que Jésus devait s'occuper des affaires de son Père. Sa mère et ses frères furent donc profondément froissés lorsqu'ils  virent que, malgré l'interruption de son discours pour recevoir le message, Jésus ne se précipitait pas à leur rencontre. Au lieu de cela, ils entendirent sa voix musicale élever le ton et dire: « Dites à ma mère et à    mes frères qu'ils ne craignent rien pour moi. Le Père qui m'a envoyé dans le monde ne m'abandonnera pas, et ma famille ne subira aucun dommage. Priez-la d'avoir bon courage et de se confier au Père du Royaume. Mais après tout, qui est ma mère et qui sont mes frères? » Puis il étendit les mains vers tous les disciples assemblés dans la salle et dit: « Je n'ai pas de mère, je n'ai pas de frères. Voilà ma mère et voila mes  frères! Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-la est ma mère, mon frère, et ma soeur » (1).

  (1) Cf. Matthieu XII-48 à 50 et Marc III-34 et 35.

Lorsque Marie entendit ces paroles, elle s'évanouit dans les bras de Jude. On la transporta dans le jardin pour la ranimer, tandis que Jésus achevait son message d'adieu. Il serait alors sorti pour conférer avec sa mère et ses frères, si un messager arrivant en hâte de Tibériade n'était venu annoncer que les officiers du sanhédrin étaient en route avec mandat d'arrêter Jésus et de l'emmener à Jérusalem. Le message fut reçu par André, qui interrompit Jésus pour le lui communiquer.

André ne se rappelait pas que David avait posté deux douzaines de sentinelles autour de la maison de Zébédée, de sorte que personne ne pouvait entrer par surprise. Il demanda donc à Jésus ce qu'il fallait faire. Le Maître se tenait là en silence pendant que, dans le jardin, sa mère se remettait du choc de l'avoir entendu dire: « Je n'ai pas de mère ». À ce moment précis une femme se leva dans la salle et s'écria: « Béni soit le ventre qui t'a porté et bénis soient les seins qui t'ont allaité ». Jésus se détourna un instant de sa conversation avec André pour répondre à cette femme: « Non, Béni soit plutôt celui qui entend la parole de Dieu et ose lui obéir ».

Marie et les frères de Jésus croyaient que Jésus ne les comprenait pas et qu'il s'était désintéressé d'eux; ils ne se rendaient pas compte que c'étaient eux qui ne réussissaient pas à le comprendre. Jésus comprenait parfaitement combien il est difficile aux hommes de rompre avec leur passé. Il savait que les êtres humains se laissent emporter par l'éloquence des prédicateurs et que leur conscience répond à l'appel émotif comme la pensée répond à la logique et à la raison, mais il savait aussi combien il est difficile de persuader les hommes de désavouer le passé.

Il est éternellement vrai que quiconque se croit incompris ou mal apprécié possède en Jésus un ami compatissant et un conseiller compréhensif. Il avait averti ses apôtres qu'un homme pouvait avoir pour ennemis les gens de sa propre maison, mais n'avait guère imaginé que cette prédiction s'appliquerait d'aussi près à sa propre expérience. Ce ne fut pas Jésus qui abandonna les membres de sa famille terrestre pour accomplir l'oeuvre de son Père -- ce furent eux qui l'abandonnèrent. Plus tard, après la mort et la résurrection du Maître, son frère Jacques s'attacha au mouvement chrétien primitif et souffrit immensément de n'avoir pas profité de son association initiale avec Jésus et ses disciples.

Au cours de ces événements, Jésus décida de se laisser guider par les connaissances limitées de sa pensée humaine. Il désirait subir l'expérience avec ses collaborateurs en tant que simple humain. Son idée humaine était de voir sa famille avant de partir. Il ne voulut pas s'arrêter au milieu son discours et transformer ainsi en affaire publique cette première réunion après une si longue séparation. Il avait eu l'intention de terminer son allocution, puis de rendre visite à sa famille avant son départ, mais ce plan fut contrecarré par le concours de circonstances qui suivit immédiatement.

La hâte de leur fuite fut accrue par l'arrivée d'un groupe de messagers de David à la porte de derrière de la maison de Zébédée. L'agitation produite par leur apparition fit craindre aux apôtres que ces nouveaux arrivants ne soient venus les appréhender. De peur d'être immédiatement arrêtés, ils se précipitèrent par la porte de devant dans le bateau qui les attendait. Cela explique pourquoi Jésus ne vit pas sa famille qui attendait sous le porche de derrière.

Toutefois, en montant dans le bateau au cours de cette fuite précipitée, il dit à David Zébédée: « Dis à ma mère et à mes frères que j'apprécie leur venue et que j'avais l'intention de les voir. Recommande-leur de ne pas se froisser de ma conduite, mais plutôt de chercher à connaître la volonté de Dieu et d'avoir la grâce et le courage de faire cette volonté ».

7. -- LA FUITE PRÉCIPITÉE

Ce dimanche matin 22 mai de l'an 29, le Maître, avec ses douze apôtres et les douze évangélistes, s'enfuit donc précipitamment devant les officiers du sanhédrin qui étaient en route pour Bethsaïde avec mandat d'Hérode Antipas d'arrêter Jésus et de l'emmener à Jérusalem pour y être jugé sous l'inculpation de blasphème et autres violations de la loi sacrée des Juifs. La matinée était magnifique, et il était presque huit heures et demie lorsque ce groupe de vingt-cinq personnes se mit à ramer vers la rive orientale de la Mer de Galilée.

Un bateau plus petit suivait celui du Maître. Il transportait six messagers de David qui avaient des ordres pour garder le contact avec Jésus et ses compagnons, et veiller à ce que des renseignements sur leurs déplacements fussent régulièrement transmis à Bethsaïde, à la maison de Zébédée, qui avait servi depuis quelque temps de quartier général pour l'oeuvre du royaume. Mais Jésus ne devait plus jamais faire son foyer de la maison de Zébédée. Désormais, et durant tout le reste de sa vie sur terre, le Fils de l'Homme n'eut vraiment « nulle part où reposer sa tête » (1). Jamais plus il n'eut même un semblant de domicile fixe.

  (1) Matthieu VIII-20.

Les rameurs accostèrent près du village de Gérasa, confièrent leur bateau à des amis, et commencèrent les pérégrinations de cette ultime année de la vie du Maître sur terre. Ils restèrent quelque temps dans les domaines de Philippe, allant de Gérasa à Césarée-Philippe, puis ils traversèrent le pays jusqu'à la côte de Phénicie.

La foule s'attarda autour de la maison de Zébédée, regardant les deux bateaux qui faisaient route vers la rive orientale du lac. Ils étaient déjà loin lorsque les officiers de Jérusalem arrivèrent en hâte et commencèrent à rechercher Jésus. Ils refusèrent de croire que Jésus leur avait échappé. Pendant que Jésus et son groupe se dirigeaient vers le nord par Batanée, les pharisiens et leurs auxiliaires passèrent presque une semaine entière a le rechercher en vain aux environs de Capharnaüm.

Les membres de la famille de Jésus retournèrent chez eux à Capharnaüm et passèrent également presque une semaine à s'entretenir, discuter, et prier. Ils étaient pleins de confusion et consternés. Ils ne furent rassurés que le jeudi après-midi, lorsque Ruth revint d'une visite a la maison de Zébédée, ou David lui avait appris que Jésus était sain et sauf et se dirigeait vers la côte de Phénicie.

 

153. La crise à Capharnaüm

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 09 December 2025

LA CRISE À CAPHARNAÜM

LE vendredi soir, jour de leur arrivée à Bethsaïde, et le matin du samedi, les apôtres remarquèrent que Jésus était sérieusement préoccupé par quelque grave problème; ils se rendaient compte que le Maître réfléchissait d'une manière inhabituelle à une importante affaire. Il ne mangea rien le matin et très peu à midi. Pendant toute la matinée du sabbat et la soirée de la veille, les douze et leurs compagnons s'étaient réunis par petits groupes dans la maison, dans le jardin, et le long du rivage. Une atmosphère de tension, d'incertitude, et d'appréhension régnait autour d'eux. Jésus ne leur avait presque rien dit depuis leur départ de Jérusalem.

Depuis des mois ils n'avaient pas vu le Maître aussi préoccupé et taciturne. Même Simon Pierre était déprimé, sinon abattu. André ne savait que faire pour ses compagnons découragés. Nathanael disait que l'on était au milieu de « l'accalmie avant la tempête ». Thomas exprima l'opinion « qu'un événement sortant de l'ordinaire allait se produire ». Philippe recommanda à David Zébédée « de ne plus rien prévoir pour loger et nourrir la multitude avant que nous ne sachions a quoi le Maître pense ». Matthieu renouvela ses efforts pour renflouer sa trésorerie. Jacques et Jean parlaient du prochain sermon dans la synagogue et faisaient des hypothèses sur sa nature et sa portée probables. Simon le Zélote exprimait la croyance, en réalité l'espoir, que « le Père céleste était sur le point d'intervenir d'une manière inattendue pour justifier et soutenir son fils ». Quant à Judas Iscariot, il osait se complaire dans la pensée que Jésus était peut-être accablé de regrets « pour n'avoir pas eu le courage et l'audace de permettre aux cinq mille de le proclamer roi des Juifs ».

Sortant de ce groupe de disciples déprimés et désolés, Jésus partit, ce magnifique après-midi de      sabbat, pour prêcher son sermon historique dans la synagogue de Capharnaüm. Les seules paroles d'encouragement ou souhaits de bonne chance qu'il reçut de ses disciples immédiats lui furent adressés par l'un des candides jumeaux Alphée. Celui-ci salua gaîment le Maître au moment où il quittait la maison pour se rendre à la synagogue, en disant: « Nous prions pour que le Père t'aide et pour que des multitudes plus nombreuses que jamais viennent nous écouter ».

1. -- LA MISE EN SCÈNE

Une congrégation distinguée accueillit Jésus à trois heures de l'après-midi de cette exquise journée dans la nouvelle synagogue de Capharnaüm. Jaïre présidait et passa les Écritures à Jésus pour la lecture. La veille, cinquante-trois pharisiens et sadducéens étaient arrivés de Jérusalem. Plus de trente chefs et dirigeants des synagogues voisines étaient également présents. Ces chefs religieux juifs agissaient selon des ordres reçus directement du sanhédrin de Jérusalem; ils constituaient l'avant-garde orthodoxe venue pour déclarer une guerre ouverte à Jésus et à ses disciples. Assis auprès d'eux sur les sièges d'honneur de la synagogue se trouvaient les observateurs officiels d'Hérode Antipas; ils avaient reçu pour instructions de vérifier l'exactitude des rapports troublants annonçant que la populace avait fait une tentative pour proclamer  Jésus roi des Juifs, là-bas dans les domaines de Philippe, frère d'Hérode.

Jésus comprit que ses ennemis, dont le nombre croissait, allaient immédiatement lui déclarer une guerre avouée et ouverte, et il décida audacieusement de prendre l'offensive. Quand il avait nourri les cinq mille, il avait contesté leurs idées sur le Messie matériel; maintenant il décida à nouveau d'attaquer leur concept du libérateur des Juifs. Cette crise, qui débuta avec le ravitaillement des cinq mille et se termina par le sermon de cet après-midi de sabbat, marqua le reflux de la marée de la renommée et des acclamations populaires. Désormais l'oeuvre du royaume devait consister de plus en plus en la tâche majeure de gagner durablement des convertis spirituels à la confraternité vraiment religieuse de l'humanité. Ce sermon marqua la crise de transition entre la période de discussion, de controverse, et de décision et celle de la guerre ouverte conduisant à une acceptation finale ou à un rejet définitif.

Le Maître savait bien qu'en pensée un grand nombre de ses disciples se préparaient lentement mais sûrement à le désavouer définitivement. Il savait également qu'un bon nombre de ses partisans acquéraient lentement mais sûrement l'éducation mentale et la discipline psychique qui leur permettraient de triompher des doutes et d'affirmer leur foi totale dans l'évangile du royaume. Jésus comprenait pleinement comment les hommes se préparent aux décisions d'une crise et à l'accomplissement soudain d'actes impliquant un choix courageux, par le lent processus du choix réitéré entre le bien et le mal dans des situations toujours récurrentes. Il soumit ses messagers élus à des déceptions répétées et leur fournit des occasions fréquentes d'épreuves où ils devaient choisir entre la bonne et la mauvaise manière de faire face aux difficultés spirituelles. Il savait qu'au moment de l'épreuve finale ses disciples prendraient leurs décisions essentielles conformément aux attitudes mentales et aux réactions spirituelles dont ils auraient pris l'habitude antérieurement.

Cette crise dans la vie de Jésus commença par le ravitaillement des cinq mille et se termina par ce sermon dans la synagogue. Par contre, la crise dans la vie des apôtres commença avec ce sermon dans la synagogue et continua pendant toute une année, pour ne prendre fin qu'au moment du jugement et de la crucifixion du Maître.

Avant que Jésus n'ait commencé à parler cet après-midi là tout l'auditoire assis dans la synagogue ne pensait qu'à un seul grand mystère, ne se posait qu'une question suprême. Ses amis aussi bien que ses ennemis ne songeaient qu'à ceci: « Pourquoi avait-il lui-même si délibérément et si efficacement renversé le sens du courant de l'enthousiasme populaire? » Ce fut immédiatement avant et après ce sermon que les doutes et les déceptions de ses adhérents mécontents se traduisirent par une opposition inconsciente et finirent par se transformer en véritable haine. Ce fut après ce sermon dans la synagogue que pour la première fois Judas Iscariot songea consciemment à déserter; mais pour l'instant, il domina efficacement toutes les tendances de cet ordre.

Chacun était perplexe. Jésus avait laissé tout le monde abasourdi et confondu. Il s'était récemment engagé dans la plus grande démonstration de pouvoir surnaturel de toute sa carrière. Le ravitaillement des cinq mille fut l'événement de sa vie terrestre qui fit le maximum d'appel au concept juif du Messie attendu. Mais cet avantage extraordinaire fut immédiatement contrebalancé d'une manière inexplicable par son prompt et net refus d'être proclamé roi.

Le vendredi soir, puis à nouveau le samedi matin, les dirigeants venus de Jérusalem avaient fait de longs et persévérants efforts auprès de Jaïre pour qu'il empêche Jésus de parler dans la synagogue, mais ce fut en vain. À toute leur argumentation, Jaïre ne faisait qu'une réponse: « J'ai accordé la permission demandée et je ne reviendrai pas sur ma parole ».

2. -- LE SERMON HISTORIQUE

Jésus préluda à ce sermon en lisant dans la Loi les passages suivants du Deutéronome: « Si ce peuple n'écoute pas la voix de Dieu, il sera certainement maudit pour ses transgressions. L'Éternel te fera frapper par tes ennemis; tu seras emmené dans tous les royaumes de la terre. L'Éternel te livrera, avec le roi que tu auras mis sur ton trône, à une nation étrangère. Tu deviendras un sujet d'étonnement, de proverbe, et de risée parmi toutes les nations. Tes fils et tes filles iront en captivité. Les étrangers en Israël acquerront une haute autorité et tu seras abaissé jusqu'à terre. Et toutes ces choses t'arriveront perpétuellement, à toi et à ta semence, parce que tu n'as pas voulu écouter la parole de l'Éternel. Tu endureras la faim et la soif, et tu subiras le joug de fer de l'étranger. L'Éternel élèvera contre toi une nation venant de loin, des confins de la terre, une nation au visage dur qui aura peu de considération pour toi. Et ils t'assiégeront dans toutes les villes jusqu'à ce que tous les remparts dans lesquels tu as mis ta confiance soient abattus; et tout le pays tombera entre leurs mains. Et il arrivera que tu seras forcé de manger le fruit, de ton propre corps, la chair de tes fils et de tes filles, durant ce temps de siège, à cause de la pénurie dans laquelle tes ennemis t'enserreront » (1).

  (1) Cf. Deutéronome XXVIII-15 à 68.

Lorsque Jésus eut terminé cette citation, il passa aux Prophètes et lut dans Jérémie: « Si vous ne voulez pas écouter les paroles de mes serviteurs, les prophètes que je vous ai envoyés, je rendrai cette maison semblable à Silo et je ferai de cette ville une malédiction pour toutes les nations de la terre. Les prêtres et les éducateurs entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans la maison de l'Éternel. Et lorsque Jérémie eut fini de dire tout ce que l'Éternel lui avait commandé d'annoncer au peuple, les prêtres et les éducateurs s'emparèrent de lui en disant: « Tu vas certainement mourir ». Et tout le peuple afflua autour de Jérémie dans la maison de l'Éternel. Quand les princes de Juda entendirent ces choses, ils jugèrent Jérémie. Et les prêtres et les éducateurs parlèrent aux princes et à tout le peuple en disant: « Cet homme a mérité la mort, car il a prophétisé contre notre ville, et vous l'avez entendu de vos propres oreilles ». Alors Jérémie dit à tous les princes et à tout le peuple: « L'Éternel m'a envoyé prophétiser contre cette maison et contre cette ville toutes les paroles que vous avez entendues. Amendez donc votre conduite et vos actions et obéissez à la voix de l'Éternel votre Dieu, afin d'échapper au mal qui a été prononcé contre vous. Quant à moi, me voici entre vos mains. Traitez-moi comme il vous semblera bon et juste, mais sachez bien que si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous et sur les habitants de cette ville, car en vérité le Seigneur m'a envoyé pour faire retentir toutes ces paroles à vos oreilles » (2).

  (2) Cf. Jérémie XXVI.

« Les prêtres et les éducateurs de l'époque cherchèrent à tuer Jérémie, mais les juges ne voulurent pas y consentir. Toutefois, à cause de ses paroles d'avertissement, ils le firent descendre par des cordes dans un cachot fangeux où il s'enfonça dans la boue jusqu'aux aisselles. Voilà ce que ce peuple fit au Prophète Jérémie lorsqu'il obéit au commandement du Seigneur de prévenir ses frères de leur chute politique imminente. Aujourd'hui je voudrais vous demander: Comment les principaux prêtres et les chefs religieux de ce peuple traiteront-ils un homme qui ose les avertir du jour de leur condamnation spirituelle? Voudrez-vous aussi mettre à mort l'instructeur qui a l'audace de proclamer la parole de l'Éternel, et qui ne craint pas de signaler comment vous refusez de marcher dans le chemin de lumière qui conduit à l'entrée du royaume des cieux.?

« Que cherchez-vous comme preuve de ma mission sur terre? Nous vous avons laissés tranquilles dans vos positions d'influence et de pouvoir pendant que nous prêchions de bonnes nouvelles aux pauvres et aux opprimés. Nous n'avons pas lancé d'attaque hostile contre ce que vous respectez; nous avons plutôt proclamé une nouvelle liberté pour l'âme craintive des hommes. Je suis venu dans le monde pour révéler mon Père et pour établir sur terre la confraternité spirituelle des fils de Dieu, le royaume céleste. Bien que je vous aie maintes fois rappelé que mon royaume n'est pas de ce monde, mon Père vous a néanmoins accordé de nombreuses manifestations de prodiges matériels s'ajoutant à des transformations et régénérations spirituelles plus probantes.

« Quel nouveau signe cherchez-vous autour de moi? Je déclare que vous avez déjà suffisamment de preuves pour prendre vos décisions. En vérité, en vérité, je le dis à beaucoup de mes auditeurs d'aujourd'hui, vous êtes obligés de choisir le chemin que vous allez prendre. Comme Josué l'a dit à vos ancêtres, je vous dis de choisir maintenant qui vous voulez servir. Beaucoup d'entre vous se trouvent aujourd'hui à la croisée des chemins.

« Quand vous n'avez pas pu me trouver après que la multitude eut été nourrie de l'autre côté du lac, vous avez loué les bateaux de pêche de Tibériade qui s'étaient abrités dans le voisinage pendant la tempête de la semaine dernière, et vous vous êtes lancés à ma poursuite, mais pourquoi? Non pour rechercher la vérité et la droiture, ni pour mieux servir ou soigner vos semblables, mais pour avoir plus de pain sans travailler! Ce n'était pas pour remplir votre âme de la parole de vie, mais pour remplir votre ventre du pain de la facilité. Depuis longtemps on vous a enseigné que, lors de sa venue, le Messie accomplirait des prodiges qui rendraient la vie facile et agréable à tout le peuple élu. Il n'est donc pas étonnant qu'imbus de ces idées vous désiriez ardemment du pain et des poissons. Mais je vous déclare que telle n'est pas la mission du Fils de l'Homme. Je suis venu proclamer la liberté spirituelle, enseigner la vérité éternelle, et nourrir la foi vivante.

« Mes frères, ne convoitez pas les denrées périssables, mais recherchez plutôt les aliments spirituels qui nourrissent jusque dans la vie éternelle. C'est le pain de vie que le Fils donne à tous ceux qui veulent le prendre et le manger, car le Père a donné au Fils cette vie illimitée. Lorsque vous m'avez demandé: « Que devons-nous faire pour accomplir les ouvres de Dieu? » je vous ai clairement dit: « L'oeuvre de Dieu consiste à croire en celui qu'il a envoyé ».

Puis Jésus montra du doigt le dessin d'un vase plein de manne orné de grappes de raisin et décorant le linteau de la nouvelle synagogue, et dit: « Vous avez cru que, dans le désert, vos pères avaient mangé la manne -- le pain du ciel -- mais je vous dis que c'était le pain de la terre. Alors que Moïse n'a pas donné à vos ancêtres de pain venant du ciel, mon Père est maintenant prêt à vous donner le véritable pain de vie.  Le pain du ciel est ce qui vient de Dieu et donne la vie éternelle aux hommes de ce monde. Si vous me dites: Donne-nous de ce pain vivant, je répondrai: Je suis ce pain de vie. Quiconque vient vers moi n'aura pas faim, et quiconque croit en moi n'aura jamais soif. Vous m'avez vu, vous avez vécu avec moi, vous avez contemplé mes oeuvres, et pourtant vous ne croyez pas que je sois venu du Père. Mais que les croyants ne craignent pas. Tous ceux qui sont conduits par le Père viendront vers moi, et quiconque vient vers moi ne sera aucunement rejeté.

« Maintenant, laissez-moi vous déclarer une fois pour toutes que je suis descendu sur terre non pour faire ma propre volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé. Et la volonté finale de Celui qui m'a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés. Voici la volonté du Père: Que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. Hier encore je vous ai nourris de pain destiné à votre corps; aujourd'hui j'offre le pain de vie à votre âme affamée. Voulez-vous maintenant absorber le pain de l'esprit comme vous avez alors si volontiers mangé le pain de ce monde? »

Tandis que Jésus s'arrêtait un instant pour regarder l'assistance, l'un des pédagogues de Jérusalem (membre du sanhédrin) se leva et demanda: « Dois-je comprendre que tu affirmes être le pain descendu du ciel, et que la manne donnée par Moïse à nos pères dans le désert ne l'était pas? » Et Jésus répondit au pharisien: « Tu as bien compris ». Alors le pharisien dit: « Mais n'es-tu pas Jésus de Nazareth, le fils de Joseph le charpentier? Ton père et ta mère ainsi que tes frères et soeurs ne sont-ils pas connus de beaucoup d'entre nous? Comment se fait-il donc que tu apparaisses ici dans la maison de Dieu et que tu déclares être descendu du ciel? » L'auditoire se mit alors à murmurer dans la synagogue, et le tumulte devint si menaçant que Jésus se leva et dit: « Soyons patients; la vérité n'a rien à craindre d'un examen honnête. Je suis tout ce que vous dites, mais plus encore. Le Père et moi nous sommes un. Le Fils fait seulement ce que le Père lui enseigne. Quant à tous ceux qui sont donnés au Fils par le Père, le Fils les recevra en lui-même. Vous avez lu les passages suivants des Prophètes: « Vous serez tous enseignés par Dieu » et « Ceux que le Père enseigne écouteront aussi son Fils ». Quiconque suit les directives de l'esprit intérieur envoyé par le Père finira par venir à moi. Nul homme n'a vu le Père, mais l'esprit du Père vit chez les hommes. Quant au Fils descendu du ciel, il a certainement vu le Père, et ceux qui croient sincèrement à ce Fils ont déjà la vie éternelle.

« Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts. Quant au pain qui vient de Dieu, si un homme en mange, il ne mourra jamais en esprit. Je répète que je suis le pain vivant, et que toute âme réalisant l'unité des natures divine et humaine vivra éternellement. Ce pain de vie que je donne à quiconque veut le recevoir est ma propre nature vivante et conjuguée. Le Père est dans le Fils, et le Fils ne fait qu'un avec le Père -- c'est cela ma révélation qui apporte la vie au monde, et mon don de salut à toutes les nations ».

Lorsque Jésus eut fini de parler, le chef de la synagogue congédia la foule, mais elle ne voulut pas s'en aller. Elle se pressa autour de Jésus pour poser d'autres questions, tandis que certains auditeurs murmuraient et discutaient entre eux. Cette situation dura plus de trois heures, et ce fut seulement bien après sept heures du soir que l'auditoire finit par se disperser.

3. -- APRES LA RÉUNION

Bien des questions furent posées à Jésus après la réunion, quelques unes par ses disciples perplexes, mais la majorité par des incroyants chicaneurs qui cherchaient seulement à l'embarrasser et à le prendre au piège.

L'un des visiteurs pharisiens monta sur un socle de lampadaire et cria cette question: « Tu nous dis que tu es le pain de vie. Comment peux-tu nous donner ta chair à manger ou ton sang à boire? À quoi sert ton enseignement si l'on ne peut le mettre en pratique? » Jésus répondit à cette question en disant: « Je ne vous ai pas enseigné que ma chair soit le pain de vie, ni mon sang l'eau vivante, mais je vous ai dit que ma vie incarnée est une effusion de pain céleste. Le fait de la Parole de Dieu effusée dans la chair et le phénomène du Fils de l'Homme soumis à la volonté de Dieu constituent une expérience réelle équivalente au soutien divin. Vous ne pouvez ni manger ma chair ni boire mon sang, mais vous pouvez vous unir spirituellement à moi comme je ne fais qu'un en esprit avec mon Père. Vous pouvez vous nourrir de la parole éternelle de Dieu, qui est en vérité le pain de vie, et qui a été effusée dans la similitude d'une chair mortelle; et votre âme peut être arrosée par l'esprit divin qui est véritablement l'eau vivante. Le Père m'a envoyé dans le monde pour montrer comment il désire habiter et diriger tous les hommes; et j'ai vécu cette vie incarnée de manière à inspirer aussi tous les hommes pour qu'ils cherchent toujours à connaître et à faire la volonté du Père céleste qui demeure en eux ».

Alors l'un des espions de Jérusalem qui avait surveillé Jésus et les apôtres dit: « Nous remarquons que ni toi ni les apôtres ne vous lavez convenablement les mains avant de manger du pain. Vous devez bien savoir que la pratique de manger avec des mains souillées et non lavées est une transgression de la loi des anciens. Vous ne lavez pas non plus correctement vos coupes de boisson ni votre vaisselle. Pourquoi montrez-vous si peu de respect pour les traditions de vos pères et les lois de vos anciens? » Après l'avoir écouté, Jésus répondit: « Pourquoi transgressez-vous les commandements de Dieu par les lois de votre tradition? Le commandement dit: « Honore ton père et ta mère » et il ordonne que vous partagiez avec eux vos ressources si c'est nécessaire; mais vous promulguez une loi de tradition qui permet aux enfants manquant à leurs devoirs de dire que l'argent qui aurait pu aider les parents a été « donné à Dieu ». La loi des anciens dégage ainsi de leur responsabilité ces enfants sournois, même s'ils emploient ultérieurement cet argent pour leur propre confort. Comment se fait-il que vous annuliez ainsi le commandement par votre tradition? Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous lorsqu'il a dit: « Ce peuple m'honore de ses lèvres, mais son coeur est éloigné de moi. C'est en vain qu'ils me rendent un culte, car ils enseignent comme doctrines des préceptes humains » (1).

  (1) Cf. Isaïe XXIX-13.

« Voyez comment vous abandonnez le commandement pour vous accrocher à des traditions humaines. Vous ne demandez pas mieux que de désavouer la parole de Dieu pour maintenir vos propres traditions.  Et de bien d'autres manières vous osez établir votre propre enseignement au-dessus de la Loi et des Prophètes ».

Puis Jésus adressa ses observations à tout l'auditoire. Il dit: «Écoutez-moi tous. L'homme n'est pas spirituellement souillé par ce qui entre dans sa bouche, mais plutôt par ce qui sort de sa bouche et de son coeur » (2). Les apôtres eux-mêmes ne réussirent pas à saisir complètement le sens de ces paroles, car Simon Pierre lui demanda aussi: « De crainte que certains auditeurs ne soient inutilement froissés, voudrais-tu nous expliquer ce que signifient tes paroles? » Alors Jésus dit à Pierre: « As-tu aussi la tête dure? Ne sais-tu pas que toute plante non plantée par mon Père céleste sera arrachée? Tourne maintenant ton attention vers ceux qui voudraient connaître la vérité. On ne peut forcer les hommes à aimer la vérité. Beaucoup de ces éducateurs sont des guides aveugles, et tu sais que si des aveugles conduisent des aveugles, ils tombent tous dans le fossé. Prête l'oreille pendant que je te dis la vérité au sujet des choses qui souillent moralement et contaminent spirituellement les hommes. Je proclame que ce n'est pas ce qui entre dans le corps par la bouche ou pénètre dans la pensée par les yeux et les oreilles qui souille les hommes. Un homme n'est souillé que par le mal qui prend naissance dans son coeur et trouve à s'exprimer dans les paroles et les actes de cet impie. Ne sais-tu pas que c'est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les méchants projets de meurtre, de vol, et d'adultère, ainsi que la jalousie, l'orgueil, la colère, la vengeance, les injures, et les faux témoignages? Voilà ce qui souille les hommes, et non le fait de manger du pain avec des mains non lavées cérémoniellement ».

  (2) Cf. Matthieu XV-17 à 20, et Marc VII-15 à 20.

Les commissaires pharisaïques du sanhédrin de Jérusalem étaient maintenant à peu près convaincus qu'il fallait arrêter Jésus sous inculpation de blasphème ou sous celle d'avoir fait fi de la loi sacrée des Juifs, d'où leurs efforts pour l'impliquer dans une discussion sur certaines traditions des anciens, et si possible dans une attaque contre les soi-disant lois orales de la nation. Si rare que fût l'eau, ces Juifs esclaves de la tradition ne manquaient jamais d'accomplir la cérémonie exigée de se laver les mains avant chaque repas. Ils avaient pour croyance « qu'il vaut mieux mourir que de transgresser les commandements des anciens ». Les espions avaient posé la question sur la purification des mains parce que le bruit courait que Jésus avait dit:  « Le salut est une affaire de coeur pur plutôt que de mains pures ». Il est difficile de renoncer à de telles croyances une fois qu'elles font partie de votre religion. Bien des années plus tard, l'apôtre Pierre était encore asservi par la peur à beaucoup de ces traditions concernant les choses pures et impures; il n'en fut délivré qu'après avoir eu un rêve impressionnant et extraordinaire. On peut mieux comprendre tout cela en se rappelant que les Juifs mettaient sur le même pied le fait de manger avec des mains non lavées et celui d'avoir commerce avec une prostituée; les deux étaient également passibles d'excommunication.

C'est ainsi que le Maître décida d'analyser et d'exposer la folie de tout le système rabbinique de lois et de règlements représenté par la loi orale -- les traditions des anciens, qui étaient toutes considérées comme plus sacrées et plus obligatoires pour les Juifs que les enseignements des Écritures. Jésus s'exprima avec moins de réserve parce qu'il savait que l'heure était venue où il ne pouvait rien faire de plus pour empêcher une rupture ouverte de relations avec les chefs religieux des Juifs.

4. -- DERNIÈRES PAROLES DANS LA SYNAGOGUE

Au milieu des discussions qui suivirent la réunion, l'un des pharisiens de Jérusalem amena à Jésus un jeune dément qui était possédé par un démon indiscipliné et rebelle. En le présentant à Jésus, il demanda: « Que peux-tu faire dans le cas d'une affliction comme celle-ci? Peux-tu chasser les démons? » Le Maître regarda le garçon et fut ému de compassion; il le pria d'approcher, le prit par la main, et dit: « Tu sais qui je suis; sors de lui; je charge l'un de tes compagnons loyaux de veiller à ce que tu ne reviennes pas ». Et aussitôt le jeune homme redevint normal et reprit son bon sens. Ce fut le premier cas où Jésus chassa réellement un   « mauvais esprit » d'un être humain. Dans tous les cas antérieurs, il s'agissait seulement de prétendues possessions par des démons; mais en l'espèce c'était un cas authentique de possession démoniaque, comme il s'en produisait parfois à cette époque. À partir de la Pentecôte, l'esprit du Maître répandu sur toute chair rendit définitivement impossible à des rebelles célestes de dominer ainsi certains types instables d'êtres humains.

Quand la population s'émerveilla, l'un des pharisiens se leva et accusa Jésus de pouvoir faire ces choses grâce à son alliance avec les démons. Il fit remarquer que le langage employé par Jésus pour chasser ce démon impliquait qu'ils se connaissaient mutuellement. Il continua en affirmant que les éducateurs religieux et les dirigeants de Jérusalem avaient conclu que Jésus accomplissait tous ses prétendus miracles par le pouvoir de Belzébuth, prince des démons. Le pharisien ajouta « N'ayez rien de commun avec cet homme il est un partenaire de Satan ».

Alors Jésus dit: (1) « Comment Satan peut-il chasser Satan? Un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister. Si une maison est divisée contre elle-même, elle est bientôt vouée à la ruine. Une ville peut-elle soutenir un siège si elle est désunie? Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même, et alors comment son royaume subsistera-t-il? Vous devriez savoir que nul ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et le dépouiller de ses biens, à moins de l'avoir d'abord dominé et enchaîné. Si c'est par le pouvoir de Belzébuth que je chasse les démons, par qui vos fils les chassent-ils? C'est pourquoi ils seront vos juges. Mais si c'est par l'esprit de Dieu que je chasse les démons, alors le royaume de Dieu est venu à vous. Si vous n'étiez pas aveuglés par les préjugés et égarés par la peur et l'orgueil, vous percevriez facilement qu'un être plus grand que les démons se trouve parmi vous. Vous m'obligez à proclamer que quiconque n'est pas avec moi est contre moi, et que quiconque n'assemble pas avec moi disperse. Laissez-moi vous donner un avertissement solennel, à vous qui, avec les yeux ouverts et une perversité préméditée, osez attribuer sciemment les oeuvres de Dieu aux actes des démons! En vérité, en vérité, je vous le dis, tous vos péchés seront pardonnés, et même vos blasphèmes, mais quiconque blasphèmera contre Dieu avec une intention méchante et délibérée n'obtiendra jamais le pardon. Puisque ces incorrigibles ouvriers d'iniquité ne chercheront ni ne recevront jamais le pardon, ils sont coupables du péché de rejeter éternellement le pardon divin.

  (1) Cf. Matthieu XII-25 à 37.

« Beaucoup d'entre vous sont arrivés aujourd'hui à la bifurcation des chemins; vous commencez à faire le choix inévitable entre la volonté du Père et la route égoïste des ténèbres. Vous finirez par ressembler à l'idéal que vous choisissez maintenant. Ou bien il faut assainir l'arbre et son fruit, ou bien l'arbre et son fruit se corrompront. Je déclare que, dans le royaume éternel de mon Père, l'arbre est connu par ses fruits. Mais certains d'entre vous ressemblent à des vipères; ayant déjà choisi le mal, comment pourraient-ils produire de bons fruits? Après tout, c'est en puisant dans l'abondance du mal contenu dans votre coeur que votre bouche parle.

Alors un autre pharisien se leva pour dire: « Maître, nous voudrions que tu nous donnes un signe prédéterminé que nous acceptions comme établissant ton autorité et ton droit d'enseigner. Serais-tu d'accord pour cet arrangement? (2) » Après avoir entendu ces paroles, Jésus dit: « Cette génération sans foi cherche des signes, mais il ne vous sera pas donné d'autre signe que celui que vous avez déjà (3) et celui que vous verrez quand le Fils de l'Homme vous quittera ».

  (2) Cf. Marc VIII-12.
  (3) Cf. le signe de Jonas : Matthieu XII-39 et XVI-4, Luc XI-29.

Lorsque Jésus eut fini de parler, les apôtres l'entourèrent et l'emmenèrent hors de la synagogue. Ils l'accompagnèrent en silence jusqu'au foyer de Bethsaïde. Ils étaient tous stupéfaits et quelque peu effrayés par le changement soudain dans la tactique d'enseignement du Maître. Ils n'avaient aucunement l'habitude de le voir agir aussi agressivement.

5. -- LE SAMEDI SOIR

Maintes et maintes fois Jésus avait brisé les espoirs de ses apôtres et réduit à néant leurs plus chers désirs, mais jamais ils n'avaient subi de moments de déception ni de périodes de tristesse équivalents à ceux qui les frappaient maintenant. En outre, une crainte réelle pour leur sécurité se mêlait aujourd'hui à leur dépression. Ils avaient tous été surpris et épouvantés par la désertion si soudaine et si complète de la multitude. Ils étaient aussi un peu effrayés et déconcertés par l'audace inattendue et la résolution affirmée dont faisaient preuve les pharisiens venus de Jérusalem. Mais par dessus tout ils étaient désorientés par le soudain changement de tactique de Jésus. En temps ordinaire, ils auraient bien accueilli l'apparition de ce comportement plus agressif, mais en l'espèce il accompagnait tant d'événements inattendus qu'il les effraya.

Un autre souci s'ajouta aux précédents lorsqu'ils arrivèrent chez eux et que Jésus refusa de manger. Il s'isola durant des heures dans l'une des chambres du haut. Un peu avant minuit, Joab, le chef des évangélistes, revint avec la nouvelle qu'un tiers de ses associés avaient abandonné la cause. Durant toute la soirée, des disciples fidèles avaient fait la navette pour rendre compte que le revirement des sentiments envers le Maître était général à Capharnaüm. Les dirigeants de Jérusalem s'empressèrent d'attiser ce sentiment de désaffection et de chercher par tous les moyens à développer le mouvement écartant la population de Jésus et de ses enseignements. Durant ces heures éprouvantes, les douze femmes tenaient une réunion dans la maison de Pierre. Elles étaient profondément bouleversées, mais aucune ne déserta.

Un peu après minuit, Jésus descendit de sa chambre et revint parmi les douze et leurs compagnons, une trentaine d'hommes en tout. Il dit: « Je reconnais que ce passage au crible du royaume vous cause de l'angoisse, mais il est inévitable. Néanmoins, après tout l'entraînement que vous avez subi, aviez-vous une raison valable de trébucher sur mes paroles? Pourquoi êtes-vous remplis de crainte et de consternation en voyant le royaume débarrassé de ces multitudes sans enthousiasme et de ces disciples hésitants? Pourquoi vous chagrinez-vous à l'aurore du jour où les enseignements spirituels du royaume des cieux vont briller d'une nouvelle gloire? Si déjà vous trouvez difficile de supporter cette épreuve, que direz-vous le jour où il faudra que le Fils de l'Homme retourne vers le Père? Quand et comment vous préparerez-vous pour le moment où je remonterai à la place d'où je suis venu dans ce monde?

« Mes bien-aimés, il faut vous rappeler que c'est l'esprit qui vivifie; la chair et tout ce qui s'y rapporte est  de peu de profit. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Ayez bon courage! Je ne vous ai pas abandonnés. Bien des gens s'offusqueront de mon franc-parler durant ces journées. Vous avez déjà entendu que bon nombre de mes disciples où fait volte-face et ne me suivent plus. Depuis le commencement, je savais que ces croyants sans enthousiasme quitteraient nos rangs le long du chemin. Ne vous ai-je pas choisis tous les douze et traités à part comme ambassadeurs du royaume? Et maintenant, en un moment comme celui-ci, déserteriez-vous aussi? Que chacun de vous s'appuie sur sa propre foi, car l'un de vous est menacé d'un grave danger ». Lorsque Jésus eut fini de parler, Simon Pierre dit: « Oui Seigneur, nous sommes tristes et déconcertés, mais nous ne t'abandonnerons jamais. Tu nous as enseigné les paroles de la vie éternelle. Nous avons cru en toi et nous t'avons toujours suivi. Nous ne reviendrons pas en arrière parce que nous savons que tu es envoyé par Dieu ». Lorsque Pierre eut fini de parler, les autres apôtres firent unanimement un signe de tête pour approuver sa promesse de fidélité.

Alors Jésus dit: « Allez vous reposer, car nous allons avoir fort à faire. Les prochaines journées vont être très animées ».

 

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