La cosmogonie d'Urantia
La première publication française du Livre d'Urantia

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  • 1. L'UNIVERS CENTRAL ET LES SUPERUNIVERS
    • Introduction
    • 1. Le père universel
    • 2. La nature de Dieu
    • 3. Les attributs de Dieu
    • 4. Relations de Dieu avec l'univers
    • 5. Relations de Dieu avec les individus
    • 6. Le fils éternel
    • 7. Relations du fils éternel avec l'univers
    • 8. L'esprit infini
    • 9. Relations de l'esprit infini avec l'univers
    • 10. La trinité du Paradis
    • 11. L’île éternelle du Paradis
    • 12. L'univers des univers
    • 13. Les sphères sacrées du Paradis
    • 14. L'univers central et divin
    • 15. Les sept superunivers
    • 16. Les sept maîtres esprits
    • 17. Les sept groupes spirituels suprêmes
    • 18. Les personnalités suprêmes de la trinité
    • 19. Les êtres coordonnés d'origine trinitaire
    • 20. Les fils paradisiaques de Dieu
    • 21. Les fils paradisiaques créateurs
    • 22. Les fils de Dieu trinitisés
    • 23. Les messagers solitaires
    • 24. Personnalités supérieures de l'esprit infini
    • 25. Les armées des messagers de l'espace
    • 26. Les esprits tutélaires de l'univers central
    • 27. Le ministère des supernaphins primaires
    • 28. Esprits tutélaires des superunivers
    • 29. Les directeurs de pouvoir de l'univers
    • 30. Personnalités du grand univers
    • 31. Le corps de la finalité
  • 2. L'UNIVERS LOCAL
    • 32. L'évolution des univers locaux
    • 33. Administration de l'univers local
    • 34. L'esprit mère de l'univers local
    • 35. Les fils de Dieu de l'univers local
    • 36. Les porteurs de vie
    • 37. Personnalités de l'univers local
    • 38. Esprits tutélaires de l'univers local
    • 39. Les armés séraphiques
    • 40. Les fils ascendants de Dieu
    • 41. Aspects physiques de l'univers local
    • 42. Energie - pensée et matière
    • 43. Les constellations
    • 44. Les artisans célestes
    • 45. L'administration du système local
    • 46. Le siège du système local
    • 47. Les sept mondes des maisons
    • 48. La vie morontielle
    • 49. Les mondes habités
    • 50. Les princes planétaires
    • 51. Les Adams planétaires
    • 52. Stades planétaires de la vie humaine
    • 53. La rébellion de Lucifer
    • 54. Problèmes de la rébellion de Lucifer
    • 55. Les sphères de lumière et de vie
    • 56. Unité universelle
  • 3. L'HISTOIRE D'URANTIA
    • 57. L'origine d'Urantia
    • 58. L'établissement de la vie sur Urantia
    • 59. L'ère de la vie marine sur Urantia
    • 60. Urantia pendant l'ère de la vie terrestre primitive
    • 61. L'ère des mammifères sur Urantia
    • 62. Les races à l'aurore de l'homme primitif
    • 63. La première famille humaine
    • 64. Les races évolutionnaires de couleur
    • 65. Le supercontrôle de l'évolution
    • 66. Le prince planétaire d'Urantia
    • 67. La rébellion planétaire
    • 68. L'aurore de la civilisation
    • 69. Les institutions humaines primitives
    • 70. L'évolution du gouvernement humain
    • 71. Développement de l'état
    • 72. Un gouvernement sur une planète voisine
    • 73. Le jardin d’Éden
    • 74. Adam et Ève
    • 75. La faute d'Adam et d’Ève
    • 76. Le second jardin
    • 77. Les créatures médianes
    • 78. La race violette après les jours d'Adam
    • 79. L'expansion Andite en orient
    • 80. L'expansion Andite en occident
    • 81. Développement de la civilisation moderne
    • 82. L'évolution du mariage
    • 83. L'institution du mariage
    • 84. Le mariage et la vie familiale
    • 85. Les origines de l'adoration
    • 86. L'évolution primitive de la religion
    • 87. Le culte des fantômes
    • 88. Fétiches, amulettes, et magie
    • 89. Péché, sacrifice, et expiation
    • 90. Le chamanisme - guérisseurs et prêtres
    • 91. L'évolution de la prière
    • 92. L'évolution ultérieure de la religion
    • 93. Machiventa Melchizédek
    • 94. Les enseignements de Melchizédek en orient
    • 95. Les enseignements de Melchizédek au moyen-orient
    • 96. Jéhovah, le Dieu des Hébreux
    • 97. L'évolution du concept de Dieu chez les Hébreux
    • 98. Les enseignements de Melchizédek en occident
    • 99. Les problèmes sociaux de la religion
    • 100. La religion dans l'expérience humaine
    • 101. La nature réelle de la religion
    • 102. Les fondements de la foi religieuse
    • 103. La réalité de l'expérience religieuse
    • 104. Croissance du concept de la trinité
    • 105. Déité et réalité
    • 106. Les niveaux universels de réalité
    • 107. Origine et nature des ajusteurs de pensée
    • 108. Mission et ministère des ajusteurs de pensée
    • 109. Relations des ajusteurs avec les créatures de l'univers
    • 110. Relations des ajusteurs avec les mortels individuels
    • 111. L'ajusteur et l'âme
    • 112. La survivance de la personnalité
    • 113. Les anges gardiens de la destinée
    • 114. Le gouvernement planétaire des Séraphins
    • 115. L'être suprême
    • 116. Le tout-puissant suprême
    • 117. Dieu le Suprême
    • 118. Le Suprême et l'Ultime - temps et espace
    • 119. Les effusions de Christ Micael
  • 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
    • 120. Effusion de Micael sur Urantia
    • 121. L’époque de l'effusion de Micael
    • 122. Naissance et petite enfance de Jésus
    • 123. La prime enfance de Jésus
    • 124. La dernière partie de l'enfance de Jésus
    • 125. Jésus à Jérusalem
    • 126. Les deux années décisives
    • 127. Les années d'adolescence
    • 128. La vie de jeune homme de Jésus
    • 129. Suite de la vie d'adulte de Jésus
    • 130. Sur le chemin de Rome
    • 131. Les religions du monde
    • 132. Le séjour à Rome
    • 133. Le retour de Rome
    • 134. Les années de transition
    • 135. Jean le baptiste
    • 136. Le baptême et les quarante jours
    • 137. Séjour en Galilée
    • 138. La formation des messagers du royaume
    • 139. Les douze apôtres
    • 140. L'ordination des douze
    • 141. Le commencement de l'oeuvre publique
    • 142. La pâque à Jérusalem
    • 143. La traversée de la Samarie
    • 144. À Gilboa et dans la Décapole
    • 145. Quatre journées mémorables à Capharnaüm
    • 146. La première tournée de prédication en Galilée
    • 147. La visite intérimaire à Jérusalem
    • 148. La formation d'évangélistes à Bethsaïde
    • 149. La seconde tournée de prédication
    • 150. La troisième tournée de prédication
    • 151. Séjour et enseignement au bord de la mer
    • 152. Les prodromes de la crise de Capharnaüm
    • 153. La crise à Capharnaüm
    • 154. Derniers jours à Capharnaüm
    • 155. En fuite à travers la Galilée du nord
    • 156. Le séjour à Tyr et à Sidon
    • 157. A Césarée-Philippe
    • 158. La montagne de la transfiguration
    • 159. La tournée en Décapole
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    • 161. Suite des discussions avec Rodan
    • 162. À la fête des tabernacles
    • 163. L'ordination des 70 à Magadam
    • 164. La fête de la dédicace
    • 165. La mission en Pérée commence
    • 166. Dernière tournée en Pérée du nord
    • 167. Le séjour à Philadelphie
    • 168. La résurrection de Lazare
    • 169. Derniers enseignements à Pella
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    • 172. L'entrée à Jérusalem
    • 173. Le lundi à Jérusalem
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    • 178. Le dernier jour au camp
    • 179. Le dernier souper
    • 180. Le discours d'adieu
    • 181. Ultimes exhortations et avertissements
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    • 190. Les apparitions morontielles de Jésus
    • 191. Apparitions aux apôtres et à d'autres disciples influents
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    • 193. Apparitions finales et ascension
    • 194. L'effusion de l'esprit de vérité
    • 195. Après la Pentecôte
    • 196. La foi de Jésus

 

 

 

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4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS

132. Le séjour à Rome

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 04 December 2025

LE SÉJOUR À ROME

GONOD apportait les salutations des princes de l'Inde à Tibère. Les deux Hindous et Jésus se présentèrent donc devant le souverain romain le troisième jour après leur arrivée à Rome. Le morose empereur était d'humeur exceptionnellement bonne ce jour-là et bavarda longuement avec le trio. Après que les visiteurs l'eurent quitté, l'empereur, faisant allusion à Jésus, fit observer à l'aide de camp qui se tenait à sa droite: « Si j'avais la prestance royale et les manières gracieuses de ce garçon, je serais un véritable empereur, n'est-ce pas? »

Pendant son séjour a Rome, Ganid eut des heures régulières pour ses études et pour la visite des endroits intéressants de la ville. Son père avait beaucoup d'affaires à traiter. Désireux qu'en grandissant son fils devienne son digne successeur à la direction de ses vastes entreprises commerciales, il estima le moment venu de l'introduire dans le monde des affaires. Une quantité de citoyens de l'Inde vivaient à Rome, et il arriva souvent que Gonod se fit accompagner par l'un de ses propres employés comme interprète, de sorte que Jésus eut des journées entières disponibles; cela lui donna le temps de se familiariser complètement avec cette ville de deux millions d'habitants. On voyait fréquemment Jésus au forum, centre des affaires et de la vie politique et juridique. Souvent aussi il montait au Capitole et, tout en contemplant ce temple magnifique dédié à Jupiter, Junon, et Minerve, il méditait sur l'esclavage dans lequel l'ignorance maintenait les Romains. Il passait également beaucoup de temps sur le Mont Palatin où se trouvaient la résidence de l'empereur, le temple d'Apollon, et les bibliothèques latine et grecque.

À cette époque, l'empire romain s'étendait sur toute l'Europe méridionale, l'Asie Mineure, la Syrie, l'Egypte, et le nord ouest de l'Afrique et ses habitants comprenaient des citoyens de tous les pays de l'hémisphère oriental. La principale raison pour laquelle Jésus avait consenti à faire ce voyage était son désir d'étudier cet agrégat cosmopolite de mortels d'Urantia et de s'y mêler.

Durant son séjour à Rome, Jésus acquit une grande connaissance des hommes mais, au cours de ces six mois, sa plus précieuse expérience fut son contact avec les chefs religieux de la capitale de l'empire et l'influence qu'il exerça sur eux. Avant la fin de sa première semaine à Rome, Jésus avait cherché et pris contact avec les dirigeants qualifiés des Cyniques, des Stoïciens, et des cultes des mystères, en particulier du groupe mithriaque. Peut-être Jésus pressentait-il que les juifs allaient rejeter sa mission, mais en tous cas il prévoyait déjà avec certitude que ses messagers viendraient bientôt à Rome pour y proclamer le royaume des cieux. Il se mit donc, de la manière la plus étonnante, à préparer les voies pour que leur message fût mieux et plus sûrement reçu. Il choisit cinq dirigeants parmi les Stoïciens, onze parmi les Cyniques, et seize parmi les adeptes du culte des mystères. Durant six mois, il passa une grande partie de ses loisirs en association étroite avec ces chefs religieux, et voici comment il les instruisit. Il ne s'attaqua pas une seule fois à leurs erreurs et ne mentionna même jamais les fautes de leurs enseignements. Dans chaque cas, il choisissait la vérité dans leurs leçons, et ensuite il entreprenait d'embellir et d'éclairer cette vérité dans leur mentalité, de telle sorte qu'en très peu de temps ce rehaussement de la vérité remplissait leur pensée et chassait l'erreur antérieure. C'est ainsi que les hommes et les femmes enseignés par Jésus furent préparés à reconnaître ultérieurement des vérités additionnelles et similaires dans les enseignements des premiers missionnaires chrétiens. Leur acceptation rapide des enseignements des prédicateurs de l'évangile fut l'élément qui donna une si puissante impulsion à la diffusion du christianisme à Rome, et de là dans tout l'empire.

On comprend mieux la signification de cet accomplissement remarquable en notant que dans ce groupe de trente deux chefs religieux de Rome, deux seulement furent spirituellement stériles. Les trente autres jouèrent un rôle capital dans l'établissement du christianisme à Rome, et certains d'entre eux aidèrent aussi à faire du principal temple mithriaque la première église chrétienne de cette ville. Nous qui contemplons les activités humaines depuis la coulisse et à la lumière de dix-neuf siècles écoulés, nous reconnaissons seulement trois facteurs comme ayant apporté une contribution majeure à préparer le stade de diffusion rapide du christianisme en Europe:

     1. Le choix et le maintien de Simon Pierre comme apôtre.
     2. L'entretien à Jérusalem avec Etienne, qui conduisit à gagner Saül de Tarse.
     3. La préparation préliminaire des trente Romains dont nous venons de parler, pour en faire ultérieurement les chefs de la nouvelle religion à Rome et dans tout l'empire.4

Au cours de leurs expériences, ni Etienne, ni les trente sélectionnés ne comprirent jamais qu'ils avaient jadis parlé à l'homme dont le nom était devenu le centre de leurs enseignements religieux. L'oeuvre de Jésus par rapport aux trente-deux qu'il avait choisis à l'origine fut entièrement personnelle. Dans ses travaux avec ces hommes et ces femmes, le scribe de Damas n'en réunissait jamais plus de trois à la fois, et rarement plus de deux; la plupart du temps il les enseignait isolément. Il réussit à accomplir cette grande oeuvre d'éducation religieuse parce que les intéressés n'étaient pas prisonniers de traditions; ils n'étaient pas victimes d'idées fixes préconçues sur tous les développements religieux de l'avenir.

Au cours des années qui suivirent bientôt, Pierre, Paul, et les autres éducateurs chrétiens de Rome entendirent maintes et maintes fois parler du scribe de Damas qui les avait précédés et qui avait si évidemment préparé (inconsciemment à leur avis) le chemin pour leur arrivée avec le nouvel évangile. Paul ne devina jamais réellement l'identité de ce scribe de Damas, mais peu de temps avant sa mort, à cause de la similitude des descriptions personnelles, il parvint à la conclusion que le « fabricant de tentes d'Antioche » était aussi « le scribe de Damas ». En une occasion au cours de ses prédications à Rome, Simon Pierre soupçonna, en écoutant une description du scribe de Damas, que cette personne aurait pu être Jésus, mais il rejeta promptement cette idée, car il croyait savoir avec certitude que le Maître n'était jamais allé à Rome.

1. -- LES VRAIES VALEURS

Ce fut avec Angamon, chef des Stoïciens, que Jésus eut un entretien durant toute une nuit au début de son séjour à Rome. Cet homme devint plus tard un grand ami de Paul et se révéla un puissant soutien de l'Église chrétienne à Rome. Voici en substance, et transcrit en langage moderne, ce que Jésus enseigna à Angamon:

Le critère des vraies valeurs doit être recherché dans le monde spirituel et sur les niveaux divins de réalité éternelle. Les mortels ascendants doivent reconnaître comme transitoires, partiels, et inférieurs les grossiers étalons matériels. Les savants en tant que savants sont limités à la découverte de la relativité des faits matériels. Techniquement, ils n'ont pas le droit d'affirmer qu'ils sont matérialistes, ou idéalistes, car en le faisant ils abandonneraient le comportement des vrais savants; en effet, toutes ces prises de position sont l'essence même de la philosophie.

À moins que la perspicacité morale et les connaissances spirituelles de l'humanité ne soient accrues en proportion, le progrès illimité d'une culture matérialiste peut finir par devenir une menace pour la civilisation. Une science purement matérialiste recèle en elle-même le germe potentiel de destruction de tout effort scientifique, car un pareil comportement laisse présager l'effondrement ultime d'une civilisation qui a abandonné son sens des valeurs morales et répudié le but spirituel de ses réalisations.

Les savants matérialistes et les idéalistes extrémistes sont destinés à vivre toujours dans la zizanie, mais ce n'est pas le cas pour les savants et les idéalistes qui sont en possession d'un idéal commun de hautes valeurs morales et de critères spirituels. A toutes les époques, les savants et les religieux doivent reconnaître qu'ils passent en jugement devant le tribunal des besoins de l'humanité. Ils doivent renoncer à guerroyer entre eux, tout en continuant vaillamment à lutter pour leur survie par une dévotion accrue au service du progrès humain. Si la prétendue science ou la prétendue religion d'un âge sont fausses, il faut qu'elles purifient leurs activités, ou alors qu'elles disparaissent devant l'émergence d'une science matérielle ou d'une religion spirituelle d'un ordre plus authentique et plus méritoire.

2. -- LE BIEN ET LE MAL

Mardus était le chef reconnu des Cyniques de Rome; il devint un grand ami du scribe de Damas. Jour après jour il conversait avec Jésus, et soir après soir il écoutait son enseignement divin. Parmi les plus importantes discussions avec Mardus se trouve celle destinée à répondre à la question de ce Cynique sincère sur le bien et le mal. Voici en substance, et transposée et langage du XXième siècle, la réponse de Jésus:

Mon frère, le bien et le mal sont simplement des mots qui symbolisent les niveaux relatifs où l'homme comprend l'univers observable. Si l'on est éthiquement paresseux et socialement indifférent, on peut prendre pour critères du bien les usages sociaux courants. Si l'on est spirituellement indolent et moralement stagnant, on peut prendre pour critères du bien les pratiques et traditions religieuses des contemporains. Mais l'âme qui survit au temps et émerge dans l'éternité doit faire un choix vivant et personnel entre le bien et le mal, tels qu'ils sont déterminés par les vraies valeurs des critères spirituels établis par l'esprit divin que le Père céleste a envoyé habiter le coeur des hommes. Cet esprit intérieur détermine la survie de la personnalité.

De même que la vérité, la bonté est toujours relative et contraste infailliblement avec le mal. C'est la perception des qualités de bonté et de vérité qui permet aux âmes évoluantes des hommes de prendre les décisions personnelles de choix essentielles à la survie éternelle.

La personne spirituellement aveugle qui suit logiquement les prescriptions scientifiques, les usages sociaux, et les dogmes religieux se trouve en grand danger de sacrifier son libre arbitre moral et de perdre sa liberté spirituelle. Cette âme est destinée à devenir un perroquet intellectuel, un automate social, et l'esclave des autorités religieuses.

La bonté grandit toujours vers des niveaux supérieurs où se trouve accrue la liberté de s'épanouir moralement et d'atteindre la personnalité spirituelle -- la découverte de l'Ajusteur intérieur et l'identification avec lui. Une expérience est bonne quand elle élève l'appréciation de la beauté, accroît la volonté morale, rehausse le discernement de la vérité, développe l'aptitude à aimer et à servir ses semblables, exalte les idéaux spirituels, et unifie les suprêmes motifs humains du temps avec les plans éternels de l'Ajusteur intérieur. Ceux-ci conduisent directement au désir accru de faire la volonté du Père, ce qui entretient la passion divine de trouver Dieu et de lui ressembler davantage.

À mesure que vous vous élevez sur l'échelle universelle de développement des créatures, vous trouvez un accroissement de la bonté et une diminution du mal, en parfaite conformité avec votre capacité de faire l'expérience de la bonté et de discerner la vérité. L'aptitude à entretenir l'erreur ou à pratiquer le mal ne se perd pas entièrement avant que l'âme humaine ascendante atteigne les niveaux spirituels finaux.

La bonté est vivante, relative, toujours en progrès; elle est invariablement une expérience personnelle et perpétuellement liée au discernement de la vérité et de la beauté. La bonté se trouve dans la récognition des valeurs positives de vérité du niveau spirituel qui doit, dans l'expérience humaine, faire contraste avec sa contrepartie négative -- l'ombre du mal potentiel.

Jusqu'à ce que l'on atteigne les niveaux du Paradis, la bonté est toujours plus une recherche qu'une possession, plus un but qu'une expérience acquise. Mais alors même que l'on a faim et soif de droiture, on éprouve une satisfaction croissante à atteindre partiellement la bonté. La présence du bien et du mal dans le monde est par elle-même une preuve positive de l'existence et de la réalité de la volonté morale de l'homme -- la personnalité -- qui identifie ainsi ces valeurs et se trouve capable de choisir entre elles.

À l'époque où un ascendeur atteint le Paradis, son aptitude à identifier l'ego avec les vraies valeurs spirituelles s'est amplifiée au point qu'il a atteint la possession parfaite de la lumière de la vie. Sa personnalité spirituelle perfectionnée s'identifie entièrement, divinement, et spirituellement avec les qualités positives et suprêmes de bonté, de beauté, et de vérité. Il ne subsiste aucune possibilité pour cet esprit droit de projeter une ombre négative quelconque de mal potentiel quand la divine lumière des Dirigeants infinis du Paradis fouille toute sa personnalité. Chez toutes les personnalités spirituelles, la bonté a cessé d'être partielle, opposée au mal, et relative; elle est devenue divinement complète et spirituellement parachevée; elle s'approche de la pureté et de la perfection du Suprême.

La possibilité du mal est nécessaire au choix moral, mais la manifestation du mal ne l'est pas. Une ombre n'a qu'une réalité relative. Le mal effectif n'est pas nécessaire en tant qu'expérience personnelle. Le mal potentiel agit tout aussi bien comme stimulant de la décision dans les domaines du progrès moral aux niveaux inférieurs du développement spirituel. Le mal ne devient une réalité d'expérience personnelle que si une pensée morale l'adopte.

3. -- LA VÉRITÉ ET LA FOI

Nabon était un Juif grec tenant le premier rang parmi les chefs du principal culte des mystères à Rome, le culte mithriaque. Ce grand-prêtre eut de nombreux entretiens avec le Scribe de Damas, mais ce fut leur discussion sur la vérité et la foi qui exerça sur lui l'influence la plus durable. Nabon avait songé à convertir Jésus et lui avait même suggéré de retourner en Palestine comme éducateur mithriaque. Il ne se doutait guère que Jésus le préparait à devenir l'un des premiers convertis à l'évangile du royaume. Voici, transcrite en terminologie moderne, la substance de l'enseignement de Jésus:

La vérité ne peut se définir par des mots, mais seulement en la vivant. La vérité dépasse toujours la connaissance. La connaissance concerne les choses observées, mais la vérité transcende ces niveaux purement matériels, en ce sens quelle l'allie à la sagesse et englobe des impondérables tels que l'expérience humaine, et même les réalités spirituelles et vivantes. La connaissance prend origine dans la science; la sagesse, dans la vraie philosophie; la vérité, dans l'expérience religieuse de la vie spirituelle. La connaissance traite des faits; la sagesse traite des relations; la vérité traite des valeurs de la réalité.

Les hommes tendent à cristalliser la science, à formuler la philosophie, et à dogmatiser la vérité, parce qu'ils ont de la paresse mentale à l'adapter aux luttes progressives pour la vie, et qu'ils ont aussi terriblement peur de l'inconnu. L'homme est naturellement lent à inaugurer des changements dans ses habitudes de pensée et dans ses techniques de vie.

La vérité révélée, la vérité découverte personnellement, est la suprême volupté de l'âme humaine. Elle est la création conjointe de la pensée matérielle et de l'esprit intérieur. Le salut éternel d'une âme qui discerne la vérité et aime la beauté est assuré par la faim et la soif de bonté qui conduisent l'intéressé à se proposer un but unique, celui de faire la volonté du Père, de trouver Dieu, et de lui ressembler. Il n'y a jamais de conflit entre la véritable connaissance et la vérité. Il peut y avoir conflit entre la connaissance et les croyances humaines, les croyances de préjugés, déformées par la peur, et dominées par la crainte d'affronter de nouveaux faits dans les découvertes matérielles et les progrès spirituels.

Jamais l'homme ne peut posséder la vérité sans exercer sa foi. Ceci est vrai parce que les pensées, la sagesse, la morale, et les idéaux d'un homme ne peuvent s'élever plus haut que sa foi, que son espoir sublime. Et toute véritable foi est basée sur des réflexions profondes, sur une auto-critique sincère, et sur une conscience morale intransigeante. La foi est l'inspiration de l'imagination créatrice spiritualisée.

La foi agit pour libérer les activités supra-humaines de l'étincelle divine, le germe immortel qui vit dans la pensée humaine et qui représente le potentiel de survie éternelle. Les plantes et les animaux survivent dans le temps par la technique consistant à transmettre d'une génération à la suivante des particules identiques d'eux-mêmes. L'âme humaine (la personnalité de l'homme) survit à la mort en associant son identité à celle de l'immortelle étincelle intérieure de divinité qui agit pour perpétuer la personnalité humaine sur un niveau supérieur de continuité d'existence universelle et progressive. Le germe caché de l'âme humaine est un esprit immortel. La seconde naissance, ou formation de l'âme, est la première des manifestations successives de la personnalité dans des existences spirituelles progressives. Leur séquence ne prend fin qu'au moment où l'entité divine atteint la source de son existence, la source personnelle de toute existence, Dieu, le Père Universel.

La vie humaine continue -- survit -- parce qu'elle a une fonction dans l'univers, la tâche de trouver Dieu. Animée par la foi, l'âme de l'homme ne peut s'arrêter avant d'avoir atteint ce but de la destinée, et quand elle l'a atteint, elle ne peut plus prendre fin car, à l'instar de Dieu, elle est devenue éternelle.

L'évolution spirituelle est une expérience du choix volontaire et croissant de la bonté, accompagnée d'une diminution égale et progressive de la possibilité du mal. Quand on a atteint la finalité du choix de la bonté et parachevé l'aptitude à apprécier la vérité, il naît une perfection de beauté et de sainteté qui paralyse la possibilité d'émergence du mal, et même du concept du mal potentiel. L'âme qui connaît ainsi Dieu ne projette aucune ombre de suspicion du mal quand elle opère sur un niveau aussi élevé de divine bonté.

La présence de l'esprit du Paradis dans la pensée de l'homme constitue la promesse de révélation et l'engagement de foi d'une existence éternelle de progression divine pour toute âme cherchant à s'identifier avec ce fragment spirituel, immortel, et intérieur du Père Universel.

La caractéristique du progrès dans l'univers est une liberté croissante de la personnalité, parce que cette liberté est associée au franchissement progressif de niveaux de plus en plus élevés de compréhension de soi, et à l'empire sur soi qui en est la conséquence. L'atteinte de la perfection dans la maîtrise spirituelle de soi équivaut au parachèvement de la liberté dans l'univers et du libre arbitre personnel. La foi nourrit et maintient l'âme de l'homme au milieu de la confusion de son orientation initiale dans un univers aussi vaste. Quant à la prière, elle devient la grande unificatrice des diverses inspirations provenant de l'imagination créatrice et des besoins de la foi pour les âmes essayant de s'identifier avec les idéaux spirituels de la divine présence intérieure et associée.

Nabon fut grandement impressionné par ces paroles, comme il l'était d'ailleurs par chacun de ses entretiens avec Jésus. Les vérités correspondantes continuèrent à briller dans son coeur, et Nabon fut d'un grand secours pour les disciples qui vinrent plus tard prêcher l'évangile de Jésus.

4. -- MINISTÈRE PERSONNEL

Pendant son séjour à Rome, Jésus ne consacra pas tous ses loisirs au travail de réparation des hommes et des femmes à devenir de futurs disciples dans le royaume à venir. Il passa beaucoup de temps à acquérir une connaissance intime de toutes les races et classes sociales qui vivaient dans cette ville, la plus grande et la plus cosmopolite du monde. Dans chacun de ses nombreux contacts humains, Jésus avait un double dessein: il désirait connaître la réaction de ses interlocuteurs à leur vie incarnée, et il était également enclin à dire ou à faire quelque chose qui rende cette vie plus riche et plus digne d'être vécue. Au cours de ces semaines, ses enseignements religieux ne différèrent pas de ceux qui caractérisèrent sa vie ultérieure en tant qu'instructeur des douze apôtres et prédicateur auprès des foules.

La substance de son message était toujours le fait de l'amour du Père céleste et de la vérité de sa miséricorde, joint à la bonne nouvelle que l'homme est fils par la foi de ce même Dieu d'amour. La technique habituelle des contacts sociaux de Jésus consistait à poser des questions pour faire sortir les gens de leur réserve et les amener à converser avec lui. Au début de l'entretien, c'était généralement lui qui posait des questions, et à la fin c'étaient eux qui l'interrogeaient. Il était aussi expert à enseigner en posant des questions qu'à instruire en répondant à des questions. En règle générale, c'est à ceux qu'il enseignait le plus qu'il en disait le moins. Ceux qui tirèrent le plus grand profit de son ministère personnel étaient des gens surmenés, anxieux, et déprimés à qui l'occasion d'épancher leur âme à un auditeur sympathique et compréhensif apportait un grand soulagement; Jésus était cet auditeur, et plus encore. Quand ces êtres humains mal adaptés lui avaient parlé de leurs ennuis, il était toujours en mesure de leur offrir des suggestions pratiques et immédiatement utiles pour aplanir leurs véritables difficultés, sans négliger de prononcer des paroles qui les encourageaient et les consolaient aussitôt. A ces affligés, il parlait invariablement de l'amour de Dieu et, par des méthodes diverses et variées, il les informait qu'ils étaient les enfants de ce céleste Dieu d'amour.

De cette manière, durant son séjour à Rome, Jésus prit un contact amical et vivifiant avec plus de cinq cents mortels du royaume. Il parvint ainsi à une connaissance des diverses races de l'humanité, qu'il n'aurait jamais pu acquérir à Jérusalem ni même à Alexandrie. Il considéra toujours ces six mois à Rome comme l'une des périodes les plus enrichissantes et les plus instructives de sa vie terrestre.

Comme on peut s'y attendre, un homme aussi dynamique et doué de talents aussi variés ne pouvait vivre six mois ainsi dans la métropole du monde sans être abordé par un grand nombre de personnes désireuses de s'assurer ses services pour certaines affaires ou, plus souvent, pour des projets d'enseignement, de réformes sociales, ou de mouvements religieux. Il reçut plus d'une douzaine de propositions de cet ordre et utilisa chacune d'elles comme une occasion pour transmettre quelques pensées spirituellement ennoblissantes, soit par des mots bien choisis, soit par un service obligeant. Jésus aimait beaucoup faire quelque chose -- même de peu d'importance -- pour toutes sortes de gens.

Il s'entretint de politique et de gouvernement avec un sénateur romain, et cet unique contact avec Jésus fit une telle impression sur ce législateur que celui-ci passa le reste de sa vie à essayer vainement d'inciter ses collègues à changer le cours de la politique en vigueur en substituant l'idée d'un peuple entretenant le gouvernement à celle d'un gouvernement entretenant et nourrissant le peuple. Jésus passa une soirée avec un riche propriétaire d'esclaves nommé Claudius, et qui parla des hommes en tant que fils de Dieu; le lendemain, Claudius affranchit cent dix-sept esclaves. Jésus alla dîner chez un médecin grec et qui exposa que ses patients avaient non seulement un corps, mais aussi une pensée et une âme; il amena ainsi cet habile praticien à donner à ses semblables des soins plus approfondis. Jésus s'entretint avec toutes sortes de gens de tous les milieux sociaux. Les bains publics furent le seul endroit de Rome qu'il ne visita pas. Il refusa d'y accompagner ses amis à cause de la promiscuité sexuelle qui y régnait.

Marchant le long du Tibre avec un soldat romain, il dit: « Que ton coeur soit aussi courageux que ton bras. Ose faire justice et sois de taille à te montrer miséricordieux. Oblige ta nature inférieure à obéir à ta nature supérieure, comme toi tu obéis à tes supérieurs. Respecte la bonté et exalte la vérité. Choisis le beau à la place du laid. Aime ton prochain et recherche Dieu de tout ton coeur, car Dieu est ton Père dans les cieux».

À un orateur du forum nommé Marc, Jésus dit: « Ton éloquence est plaisante, ta logique est admirable, ta voix est agréable, mais ton enseignement n'est guère conforme à la vérité. Si seulement tu pouvais jouir de la satisfaction vivifiante de connaître Dieu comme ton Père spirituel, alors tu pourrais employer ta puissance d'élocution à libérer tes semblables de la servitude des ténèbres et de l'esclavage de l'ignorance ». Ce Marc fut celui qui entendit plus tard Pierre prêcher à Rome et devint son successeur. Lors de la crucifixion de Simon Pierre, ce fut lui qui défia les persécuteurs romains et continua audacieusement à prêcher le nouvel évangile.

Rencontrant un pauvre homme qui avait à été accusé à tort, Jésus l'accompagna devant le magistrat et reçut l'autorisation spéciale de comparaître en son lieu et place. Il fit alors le superbe discours dans lequel il dit: « La justice assure la grandeur d'une nation, et plus une nation est grande, plus elle doit être soucieuse que l'injustice n'atteigne pas même son plus humble citoyen. Malheur à une nation où seuls ceux qui possèdent de l'argent et de l'influence peuvent obtenir promptement justice devant les tribunaux! Un magistrat a le devoir sacré d'acquitter l'innocent aussi bien que de punir le coupable. La survie d'une nation dépend de l'impartialité, de l'équité, et de l'intégrité de ses tribunaux. Le gouvernement civil est fondé sur la justice, de même que la vraie religion est basée sur la miséricorde ». Le juge reconsidéra le cas et, après passage au crible des témoignages, il libéra le prévenu. Parmi toutes les activités de Jésus au cours de cette époque de ministère personnel, cet incident fut celui où il fut le plus près d'intervenir publiquement.

5. -- CONSEILS À L'HOMME RICHE

Un riche Stoïcien, citoyen romain, s'intéressa beaucoup aux enseignements de Jésus, à qui il avait été présenté par Angamon. Après plusieurs entretiens particuliers, ce riche citoyen demanda à Jésus ce qu'il ferait d'une fortune s'il la possédait, et Jésus lui répondit: « Je consacrerais la richesse matérielle à élever le niveau de la vie matérielle, de même que j'offrirais ma connaissance, ma sagesse, et mes services spirituels pour enrichir la vie intellectuelle, ennoblir la vie sociale, et faire progresser la vie spirituelle. J'administrerais les biens matériels comme un sage et efficace dépositaire des ressources d'une génération pour le profit et l'ennoblissement des générations suivantes ».

L'homme riche ne fut pas entièrement satisfait de la réponse de Jésus et s'enhardit à demander de nouveau: « Mais que crois-tu qu'un homme dans ma position devrait faire de sa fortune? Dois-je la garder ou la distribuer? » Jésus se rendit compte que cet homme désirait réellement mieux connaître la vérité au sujet de sa fidélité envers Dieu et de ses devoirs envers les hommes. Il développa sa réponse en lui disant: « Mon bon ami, je discerne que tu recherches sincèrement la sagesse et que tu aimes honnêtement la vérité; je suis donc disposé à t'exposer mon point de vue sur la solution de tes problèmes concernant les responsabilités de la fortune. Je le fais parce que tu m'as demandé conseil, et en te donnant mon avis, je ne m'occupe de la fortune d'aucun autre homme riche. Je te donne ces conseils uniquement pour ta gouverne personnelle. Si tu désires honnêtement considérer ta fortune comme un dépôt, si tu souhaites réellement devenir un gérant sage et efficace de tes capitaux accumulés, alors je te conseille de faire l'analyse qui vante des sources de tes richesses. Demande-toi, en faisant de ton mieux pour trouver la réponse honnête, d'où elles viennent. Pour t'aider à analyser l'origine de ta grande fortune, je suggère que tu gardes présentes à la mémoire les dix méthodes différentes suivantes pour amasser des biens matériels:

  « 1. La fortune héritée -- les richesses provenant des parents et autres ancêtres.
  « 2. La fortune découverte -- les richesses tirées des ressources inexploitées de la terre nourricière.
  « 3. La fortune commerciale -- les richesses obtenues comme bénéfice équitable dans l'échange et le troc des biens matériels.
  « 4. La fortune injuste -- les richesses tirées de l'exploitation inéquitable de tes semblables ou de leur réduction à l'esclavage.
  « 5. La fortune des intérêts -- le revenu tiré des possibilités de rendement juste et équitable des capitaux investis.
  « 6. La fortune due au génie -- les richesses récompensant les dons créatifs et inventifs de la pensée humaine.
  « 7. La fortune fortuite -- les richesses tirées de la générosité de tes semblables ou prenant origine dans les circonstances de la vie.
  « 8. La fortune volée -- les richesses obtenues par injustice, malhonnêteté, vol, ou fraude.
  « 9. Les fonds en dépôt -- la fortune placée entre tes mains par tes semblables pour un usage spécifique actuel ou futur.
  « 10. La fortune gagnée -- les richesses tirées directement de ton propre travail personnel, la juste et équitable rémunération de tes propres efforts quotidiens, mentaux et physiques.

« Donc, mon ami, si tu veux être, devant Dieu et au service des hommes, un fidèle et juste gérant de ta grande fortune, il faut la diviser approximativement entre ces dix grands départements, et administrer ensuite chaque portion conformément à l'interprétation sage et honnête des lois de la justice, de l'équité, de la loyauté, et de la véritable efficacité. Cependant le Dieu du ciel ne te condamnerait pas si, dans des situations douteuses, tu te trompais parfois par considération miséricordieuse et désintéressée pour la détresse des victimes souffrant des circonstances malheureuses de la vie terrestre. Lorsque tu éprouves honnêtement des doutes sur l'équité et la justice de certaines situations matérielles, que tes décisions favorisent ceux qui sont dans le besoin. Efforce-toi d'aider les personnes qui, par malheur, souffrent de privations imméritées ».

Après avoir discuté ces sujets pendant plusieurs heures, l'homme riche demanda des instructions plus complètes et plus détaillées, et Jésus développa ses conseils en disant en substance: « En t'offrant de nouvelles suggestions concernant ton comportement envers la fortune, je te recommande de recevoir mes avis comme donnés exclusivement pour toi et pour ta gouverne personnelle. Je ne parle que pour mon compte et à toi comme a un ami interrogateur. Je te conjure de ne pas dicter à d'autres hommes riches la manière dont ils doivent considérer leur fortune. Je te donne les conseils suivants:

   « 1. Comme gérant d'une fortune héritée, il faut considérer son origine. Tu es moralement obligé de représenter la génération passée dans la transmission honnête de la fortune légitime aux générations suivantes après en avoir déduit un péage équitable au profit de la génération présente. Mais tu n'es pas obligé de perpétuer une malhonnêteté ou un injustice impliquée dans l'accumulation non équitable d'une fortune par tes ancêtres. Si une partie de ta fortune héritée se révèle provenir de fraudes ou d'injustices, tu peux la débourser conformément à tes convictions sur la justice, la générosité, et la restitution. Quant au reste de ta fortune légitimement héritée, tu peux en disposer équitablement et la transmettre sans crainte en tant que dépositaire d'une génération pour le compte de la suivante. Une sage discrimination et un jugement sain dicteront tes dispositions testamentaires.

   « 2. Toute personne qui jouit d'une fortune provenant de découvertes devrait se rappeler que chaque individu ne vit sur terre que pendant un court laps de temps; en conséquence, il devrait prendre des dispositions adéquates pour partager le bénéfice de ses découvertes d'une manière utile avec le plus grand nombre possible de ses semblables. Le prospecteur ne doit pas se voir refuser toute récompense pour ses efforts de découverte, mais il ne doit pas non plus prétendre égoïstement s'arroger tous les avantages et bienfaits provenant de la mise à jour des ressources accumulées par la nature.

   « 3. Tant que les hommes choisissent de mener les affaires du monde par le commerce et le troc, ils ont le droit d'en tirer un bénéfice équitable et légitime. Tout commerçant mérite une rémunération pour ses services; tout marchand a droit a son salaire. La loyauté commerciale et le traitement honnête accordés aux membres des affaires organisées du monde créent toutes sortes de fortunes par bénéfices; ces sources de richesse devraient être jugées d'après les principes supérieurs de justice, d'honnêteté et d'équité. Un commerçant honnête ne doit pas hésiter à prendre pour une opération donnée le bénéfice qu'il accorderait volontiers à un collègue dans une affaire analogue. Bien que cette sorte de profits, quand les affaires se traitent sur une grande échelle, ne soit pas identique aux revenus gagnés individuellement, une fortune ainsi accumulée honnêtement confère à son possesseur un droit considérable à faire entendre sa voix quand il s'agit de la répartir.

   « 4. Nul mortel connaissant Dieu et cherchant à faire la volonté divine ne peut s'abaisser à exercer des contraintes au moyen de sa fortune. Nul homme noble ne s'efforcera d'accumuler des richesses et d'amasser une puissance financière par l'esclavage ou l'exploitation injuste de ses frères. Quand la richesse est tirée du labeur d'humains opprimés, elle est une malédiction morale et un stigmate spirituel. Toute fortune de cet ordre devrait être restituée à ceux qui ont été ainsi dépossédés, ou à leurs enfants et à leurs petits-enfants. On ne peut bâtir une civilisation durable sur la pratique consistant à frustrer les travailleurs de leur salaire.

   « 5. Le capital honnête a droit à des intérêts. Tant que les hommes emprunteront et prêteront, ils peuvent percevoir un intérêt équitable, pourvu que la somme prêtée ait été acquise légitimement. Apure d'abord ton capital avant de prétendre à des intérêts. Ne deviens pas mesquin et cupide au point de t'abaisser à pratiquer l'usure. Ne te permets jamais d'être assez égoïste pour employer le pouvoir de l'argent à gagner un avantage injuste sur tes semblables qui se débattent. Ne cède pas à la tentation d'exiger des intérêts usuraires de ton frère s'il a des embarras financiers.

   « 6. Si par hasard tu gagnes une fortune par des traits de génie, si tes richesses représentent la rémunération de tes dons inventifs, ne réclame pas une portion injuste de cette rémunération. Un génie est redevable de quelque chose aussi bien à ses ancêtres qu'à sa progéniture; de même il encourt des obligations envers la race, la nation, et l'entourage de ses découvertes originales; il ne doit pas oublier que c'est en tant qu'homme parmi les hommes qu'il a mis au point ses inventions. Par contre, il serait injuste de priver un génie de toutes les plus-values de sa fortune. D'ailleurs il sera toujours impossible aux hommes d'établir des lois et des règlements uniformément applicables à tous les problèmes de distribution équitable des richesses. Il faut d'abord reconnaître les hommes comme tes frères. Si tu désires honnêtement les traiter comme tu souhaiterais toi-même être traité, les impératifs ordinaires d'honnêteté et d'équité te guideront dans le règlement juste et impartial de tous les problèmes périodiques concernant les rémunérations économiques et la justice sociale.

   « 7. Sauf pour les honoraires justes et légitimes gagnés dans l'administration de ses biens, nul homme ne devrait émettre de prétentions personnelles sur la fortune que le temps et la chance peuvent avoir concentrée entre ses mains. Il faut un peu considérer les richesses accidentelles comme un dépôt de confiance à dépenser au profit de votre groupe économique ou social. Les possesseurs de cette fortune doivent avoir une voix majoritaire pour déterminer la distribution sage et efficace de ces biens non gagnés. Les hommes civilisés cesseront un jour de considérer tout ce qu'ils contrôlent comme leur propriété personnelle et privée.

   « 8. Si une portion quelconque de ta fortune provient de fraudes, si une fraction de tes biens a été amassée par des pratiques malhonnêtes ou par des méthodes inéquitables, si tes richesses sont le produit d'affaires traitées injustement avec tes semblables, hâte-toi de restituer tous ces gains mal acquis à leurs légitimes propriétaires. Répare entièrement tes torts et épure ainsi ta fortune de tous ses éléments malhonnêtes.

   « 9. La gestion des biens par une personne pour le compte de certaines autres est une responsabilité solennelle et sacrée. Ne hasarde pas ce dépôt, ne le mets pas en péril. N'en prélève pour toi-même que la fraction reconnue équitable par tous les honnêtes gens.

   « 10. La partie de ta fortune qui représente les gains dus à tes propres efforts physiques et mentaux -- si tu as travaillé loyalement et équitablement -- est véritablement à toi. Nul ne peut contester ton droit de détenir et d'utiliser cette fortune à ta convenance, pourvu que l'exercice de ce droit ne nuise pas à tes semblables ».

Quand Jésus eut fini de qui donner ces avis, le riche Romain se leva de son divan et, en souhaitant le bonsoir à Jésus, il lui fit la promesse suivante: « Mon cher ami, je perçois que tu es un homme plein de sagesse et de bonté; dès demain je commencerai à administrer toute ma fortune conformément à tes conseils ».

6. -- MINISTÈRE SOCIAL

C'est également à Rome que se passa l'incident touchant où le Créateur d'un univers passa plusieurs heures à rendre un enfant perdu à sa mère angoissée. Ce petit garçon s'était égaré en s'éloignant de sa maison, et Jésus le trouva pleurant de désespoir. Jésus et Ganid avaient prévu de se rendre à la bibliothèque, mais ils se dévouèrent pour s'occuper de l'enfant et le ramener chez lui. Ganid n'oublia jamais le commentaire de Jésus: « Tu sais, Ganid, la plupart des êtres humains ressemblent à cet enfant égaré. Ils perdent beaucoup de temps à pleurer dans la crainte et a souffrir dan le chagrin, alors qu'en vérité ils se trouvent tout près du salut et de la sécurité, de même que cet enfant n'était pas loin de sa maison. Tous ceux qui connaissent le chemin de la vérité et sont assurés de connaître Dieu devraient considérer comme un privilège, et non comme un devoir, d'offrir leurs conseils à leurs semblables qui recherchent les satisfactions de la vie. N'avons-nous pas ressenti une joie suprême à rendre cet enfant à sa mère? De même, ceux qui conduisent les hommes à Dieu éprouvent la satisfaction suprême de servir l'humanité ». A partir de ce jour-là et durant le reste de sa vie sur terre, Ganid fut toujours à l'affût d'enfants perdus qu'il pourrait ramener à leur foyer.

Une veuve avec cinq enfants avait eu son mari tué dans un accident. Jésus raconta à Ganid comment il avait lui-même perdu son père dans un accident. Ils allèrent maintes fois réconforter cette mère et ses enfants, et Ganid demanda de l'argent à son père pour leur fournir des vivres et des vêtements. Ils ne cessèrent pas leurs efforts avant d'avoir trouvé un emploi pour le fils aîné, de manière qu'il puisse contribuer à l'entretien de la famille.

Un soir, tandis que Gonod écoutait le récit de ces expériences, il dit avec bonhomie à Jésus: « Je me proposais de faire de mon fils un érudit ou un homme d'affaires, et maintenant tu commences à en faire un philosophe ou un philanthrope ou un philanthrope ». Jésus répondit en souriant: « Peut-être ferons-nous de lui tous les quatre. Il pourra alors jouir d'une quadruple satisfaction dans la vie, car son oreille subtile destinée à reconnaître la mélodie humaine pourra discerner quatre toniques au lieu d'une seule ». Alors Gonod dit: « Je perçois que tu es réellement un philosophe. Il faut que tu écrives un livre pour les générations futures ». Et Jésus répondit: « Pas un livre -- ma mission est de vivre une vie dans cette génération et pour toutes les générations. Je.. ». Mais il s'arrêta et dit à Ganid: « Mon fils, il est l'heure d'aller se coucher.

7. -- VOYAGES AUTOUR DE ROME

Jésus, Gonod, et Ganid firent cinq voyages en partant de Rome vers des points intéressants du territoire environnant. Au cours de leur visite de la région des lacs italiens du nord, Jésus eut un long entretien avec Ganid sur l'impossibilité de donner à un homme des enseignements sur Dieu si cet homme ne désire pas connaître Dieu. Au cours de leur trajet vers les lacs, ils avaient rencontré par hasard un païen borné, et Ganid fut surpris de voir que Jésus, contrairement à sa manière de faire habituelle, n'entraînait pas cet homme dans une conversation qui aurait naturellement conduit à discuter des questions spirituelles. Lorsque Ganid demanda à son précepteur pourquoi il portait si peu d'intérêt à ce païen, Jésus répondit:

« Ganid, cet homme n'avait pas soif de vérité. Il n'était pas mécontent de lui-même. Il n'était pas prêt à appeler à l'aide, et les yeux de sa pensée n'étaient pas ouverts pour recevoir la lumière destinée à l'âme. Cet homme n'était pas mûr pour la moisson du salut. Il faut lui accorder un délai pour que les épreuves et les difficultés de la vie le préparent à recevoir la sagesse et la connaissance supérieure. Ou bien encore, s'il pouvait venir vivre avec nous, nous pourrions qui montrer le Père céleste par notre exemple; nos vies en tant que fils de Dieu pourraient l'attirer au point de l'obliger à s'enquérir de notre Père. On ne peut révéler Dieu à ceux qui ne le cherchent pas, ni conduire des âmes réticentes aux joies du salut. Avant qu'un être humain puisse agir comme intermédiaire pour amener un compagnon à croire au Père céleste, il faut que les expériences de la vie aient donné à ce compagnon la soif de la vérité, ou bien qu'il désire connaître Dieu par suite du contact avec la vie de ceux qui connaissent le divin Père. Si nous connaissons Dieu, notre véritable travail sur terre consiste à vivre de manière à permettre au Père de se révéler à travers notre vie. Ainsi, toutes les personnes qui recherchent Dieu verront le Père et recourront à notre aide pour mieux connaître le Dieu qui réussit à s'exprimer de cette manière dans notre vie ».

Ce fut dans la montagne, au cours de leur voyage en Suisse, que Jésus eut avec le père et le fils un entretien de toute une journée sur le bouddhisme. Ganid avait bien des fois posé à Jésus des questions directes sur le Bouddha, mais avait toujours reçu des réponses plus ou moins évasives. Ce jour-là, en présence de son fils, le père interrogea carrément Jésus sur Bouddha et reçut une franche réponse. Gonod dit: « Je voudrais réellement savoir ce que tu penses de Bouddha ». Et Jésus répondit:

« Votre Bouddha fut très supérieur à votre bouddhisme. Bouddha fut un grand homme, et même un prophète pour son peuple, mais un prophète orphelin. Je veux dire par là que de bonne heure il perdit de vue son Père spirituel, le Père céleste. Son expérience fut tragique. Il essaya de vivre et d'enseigner en tant que messager de Dieu, mais sans Dieu. Bouddha dirigea son navire sauveur droit vers le port de sécurité, jusqu'à l'entrée du havre de salut des mortels, et là, à cause de cartes marines erronées, le bon navire fut jeté à la côte. Il y est resté pendant de nombreuses générations, immobile et presque irrémédiablement échoué. Beaucoup de vos compatriotes sont restés sur ce bateau pendant toutes ces années. Ils vivent à portée de voix des eaux tranquilles du havre, mais refusent d'y entrer parce que la noble embarcation du bon Bouddha a eu la malchance d'échouer juste à côté du port. Les peuples bouddhistes n'entreront jamais dans cette rade à moins d'abandonner le navire philosophique de leur prophète et de saisir son noble esprit. Si votre peuple était resté fidèle à l'esprit de Bouddha, il y a longtemps que vous seriez entrés dans votre havre de tranquillité d'esprit, de repos d'âme, et d'assurance de salut.

« Tu vois, Gonod, Bouddha connaissait Dieu en esprit, mais ne réussit pas à le découvrir clairement en pensée; au contraire, les Juifs découvrirent Dieu en pensée, mais manquèrent dans une large mesure de le connaître en esprit. Aujourd'hui les Bouddhistes pataugent dans une philosophie sans Dieu, et les Juifs ont un Dieu, mais sont dépourvus d'une philosophie de vie qui soit reliée. Faute d'avoir la vision de Dieu en tant qu'esprit et Père, Bouddha n'a pas réussi à apporter dans son enseignement l'énergie morale et la force motrice spirituelle qu'une religion doit posséder pour changer une race et relever une nation ».

Alors Ganid s'écria: « Maître, instituons toi et moi une nouvelle religion qui soit assez bonne pour l'Inde et assez grande pour Rome; peut-être pourrons-nous l'apporter aux Juifs en échange de Jéhovah ». Jésus répondit: « Ganid, les religions humaines ne s'instituent pas. Elles se développent au cours de longues périodes de temps, tandis que les révélations de Dieu éclatent sur terre dans la vie des hommes qui révèlent Dieu à leurs semblables ». Mais ni Gonod ni Ganid ne comprirent la signification de ces paroles prophétiques.

Cette nuit-la, après s'être couché, Ganid ne put dormir. Il parla longuement à son père et finit par dire: « Tu sais, père, je crois parfois que Jésus est un prophète ». Et son père répondit seulement d'un ton somnolent: «Mon fils, il y en a d'autres ».

À partir de ce jour-là et pendant le reste de sa vie terrestre, Ganid continua à mettre sur pied une religion à lui. Il était mentalement très ému par la largeur d'esprit, l'équité, et la tolérance de Jésus. Dans toutes leurs discussions philosophiques et religieuses, jamais le jeune homme n'éprouva de sentiments de rancune ni de réactions d'antagonisme.

Quelle scène à contempler pour les intelligences célestes que ce spectacle d'un adolescent hindou proposant au Créateur d'un univers d'instituer avec lui une nouvelle religion! Or, bien que le jeune homme ne le sût pas, ils étaient bel et bien en train d'établir une religion nouvelle et éternelle -- une nouvelle méthode de salut, la révélation de Dieu aux hommes par Jésus et en Jésus. Le garçon était en train de réaliser inconsciemment son souhait le plus ardent. Il en fut et il en est toujours ainsi. Quand l'imagination humaine éclairée et réfléchie, spirituellement instruite et agissant de tout coeur avec désintéressement, cherche à faire ou à être quelque chose, elle devient créative dans une mesure appréciable selon le degré de consécration du mortel à faire divinement la volonté du Père. Quand l'homme s'associe à Dieu, de grands événements peuvent se produire et se produisent effectivement.

 

131. Les religions du monde

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 04 December 2025

LES RELIGIONS DU MONDE

PENDANT le séjour de Jésus, de Gonod, et de Ganid à Alexandrie, Ganid avait consacré beaucoup de temps et des sommes importantes, données par son père, à faire un recueil de ce que les religions du monde enseignaient sur Dieu et ses relations avec les hommes. Ganid employa plus de soixante traducteurs érudits pour rédiger ce résumé des doctrines religieuses concernant les Déités. Il doit ressortir clairement du présent fascicule que tous ces enseignements décrivant le monothéisme étaient largement tirés, directement ou indirectement, des sermons des missionnaires de Machiventa Melchizédek, qui étaient partis du quartier général de Salem pour répandre jusqu'aux confins de la terre la doctrine d'un Dieu unique -- le Très Haut.

Nous présentons ci-après un résumé du manuscrit que Ganid prépara à Alexandrie et à Rome et qui fut conservé aux Indes pendant des centaines d'années après sa mort. Ganid en rassembla les éléments sous les dix titres que l'on va voir.

1. - LE CYNISME

C'est dans les doctrines des Cyniques que les enseignements résiduels des disciples de Melchizédek furent le mieux conservés, à l'exception de ceux qui subsistèrent dans la religion juive. La sélection de Ganid comprenait les extraits suivants:

« Dieu est suprême, il est le Très Haut du ciel et de la terre. Dieu est le cercle de l'éternité rendu parfait, et il gouverne l'univers des univers. Il est le seul créateur des cieux et de la terre. Quand il décrète une chose, cette chose existe. Notre Dieu est unique, compatissant et miséricordieux. Tout ce qui est élevé, saint, vrai, et beau ressemble à notre Dieu. Le Très Haut est la lumière du ciel et de la terre, le Dieu de l'orient, de l'occident, du midi, et du septentrion.

« Même si la terre devait disparaître, la face resplendissante du Suprême demeurerait en majesté et en gloire. Le Très Haut est le premier et le dernier, le commencement et la fin de tout. Il n'y a que ce seul Dieu, et son nom est Vérité. Dieu existe par lui même, et il est dépourvu de colère et d'inimitié; il est immortel et infini. Notre Dieu est omnipotent et généreux. Nombreuses sont ses manifestations, mais nous n'adorons que Dieu lui-même. Dieu sait tout -- nos secrets et nos proclamations; il sait aussi ce que chacun de nous mérite. Sa puissance est égale sur toutes choses.

« Dieu donne la paix et protège fidèlement tous ceux qui le craignent et qui ont confiance en lui. Il apporte le salut à tous ceux qui le servent. Toute la création existe dans le pouvoir du Très Haut. Son amour divin jaillit de la sainteté de son pouvoir, et son affection est née de la puissance de sa grandeur. Le Très Haut a pardonné l'union du corps et de l'âme et doté l'homme de son propre esprit. Ce que l'homme fait doit avoir une fin, mais ce que le Créateur fait dure perpétuellement. L'expérience humaine nous apporte des connaissances, mais la contemplation du Très Haut nous donne la sagesse.

« Dieu verse la pluie sur la terre, il fait briller le soleil sur le grain qui germe, il nous donne la moisson abondante des bonnes choses de cette vie et le salut éternel dans le monde à venir. Notre Dieu jouit d'une grande autorité; son nom est Excellent et sa nature est insondable. Quand nous sommes malades, c'est le Très Haut qui nous guérit. Dieu est plein de bonté envers tous les hommes; nous n'avons pas d'ami semblable au Très Haut. Sa miséricorde remplit tous les lieux et sa bonté embrasse toutes les âmes. Le Très Haut est invariant et nous aide chaque fois que nous sommes dans le besoin. Où que l'on se tourne pour prier, on est en face du Très Haut et de l'oreille ouverte de notre Dieu. On peut se dissimuler aux hommes, mais non à Dieu. Il n'est pas loin de nous, il est omniprésent. Dieu emplit l'espace et vit dans le coeur des hommes qui craignent son saint nom. La création est dans le Créateur, et le Créateur est dans sa création. Nous cherchons le Très Haut, et nous le trouvons dans notre coeur. Vous portez en quête d'un ami très cher, et ensuite vous le découvrez dans votre âme.

« L'homme qui connaît Dieu considère tous les hommes comme égaux; ils sont ses frères. Les égoïstes, ceux qui se désintéressent de leurs frères incarnés, ne reçoivent que l'ennui comme récompense. Ceux qui aiment leurs compagnons et ont un coeur pur verront Dieu. Dieu n'oublie jamais la sincérité. Il guidera dans la vérité les coeurs honnêtes, car Dieu est la vérité.

« Dans votre vie, rejetez l'erreur et triomphez du mal par l'amour de la vérité vivante. Dans vos rapports avec les hommes, rendez le bien pour le mal. Le Seigneur Dieu est miséricordieux et aimant; il pardonne. Aimons Dieu, car il nous a aimés le premier. Par l'amour de Dieu, et grâce à sa miséricorde, nous serons sauvés. Les pauvres et les riches sont frères. Le mal que vous ne voudriez pas que l'on vous fasse, ne le faites pas à autrui.

« Faites appel à son nom en tous temps et, dans la mesure où vous croyez en son nom, votre prière sera entendue. Quel grand honneur d'adorer le Très Haut! Tous les mondes et les univers lui rendent un culte. Dans toutes vos prières, rendez grâces -- élevez-vous à l'adoration. La dévotion dans le culte évite le mal et interdit le péché. Louons à tout moment le nom du Très Haut. L'homme qui prend abri dans le Très Haut cache ses défauts à l'univers. Quand vous vous tenez devant Dieu avec un coeur pur, vous n'avez plus peur de rien dans la création. Le très Haut ressemble à un père et à une mère aimants, il nous aime réellement, nous ses enfants sur terre. Notre Dieu nous pardonnera et guidera nos pas dans la voie du salut. Il nous prendra par la main et nous conduira vers lui. Dieu sauve ceux qui ont confiance en lui; il n'oblige pas l'homme à servir son nom.

« Si la foi dans le Très Haut a pénétré votre coeur, alors vous demeurerez libre de crainte durant tous les jours de votre vie. Ne vous irritez pas de la prospérité des impies; ne craignez pas ceux qui complotent le mal; laissez votre âme s'écarter du péché et mettez toute votre confiance dans le Dieu sauveur. L'âme fatiguée des mortels errants trouve un repos éternel dans le sein du Très Haut. Le sage a soif de l'étreinte divine. L'enfant terrestre désire ardemment la sécurité des bras du Père Universel. L'homme noble recherche l'état supérieur où l'âme humaine se mêle à l'esprit du Suprême. Dieu est juste: le fruit que nous ne recevons pas de nos efforts dans ce monde, nous le recevrons dans le prochain monde.

2. -- LE JUDAÏSME

Les Kénites de Palestine assurèrent la sauvegarde de bien des enseignements de Melchizédek. Jésus et Ganid choisirent dans ces archives, conservées et modifiées par les juifs, les passages suivants:

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre et tout ce qu'ils contiennent. Et voici, tout ce qu'il avait créé était très bon. Le Seigneur, c'est lui qui est Dieu; nul ne lui est semblable dans le ciel au-dessus de nous ni sur la terre au-dessous de nous. C'est pourquoi tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta force. De même que les eaux couvrent le fond des mers, toute la terre sera pleine de la connaissance du Seigneur. Les cieux proclament la gloire de Dieu, et le firmament expose son oeuvre. Les jours font des discours les uns après les autres et les nuits montrent de la connaissance les unes après les autres. Il n'y a ni parole ni langage où leur voix ne soit entendue. L'oeuvre du Seigneur est grandiose, il a fait toutes choses avec sagesse. La grandeur du Seigneur est insondable. Il connaît le nombre des étoiles et les appelle toutes par leur nom.

« Le pouvoir du Seigneur est grand et sa compréhension infinie. Le Seigneur dit:

« De même que les cieux sont plus élevés que la terre, de même mes voies sont plus hautes que vos voies et mes idées plus élevées que les vôtres ». Dieu révèle les choses profondes et secrètes parce que la lumière habite en lui. Le Seigneur est miséricordieux et gracieux; il endure longtemps et abonde en vérité et en bonté. Le Seigneur est bon et droit; il guidera les débonnaires dans le jugement. Essayez et constatez que le Seigneur est bon! Béni soit l'homme qui a confiance en Dieu. Dieu est notre refuge et notre force, une aide bien présente dans les difficultés.

« La miséricorde du Seigneur repose d'éternité en éternité sur tous ceux qui le craignent, et sa justice s'étend aux enfants de nos enfants. Le Seigneur est gracieux et plein de compassion. Il est bon pour tous, et ses tendres grâces sont répandues sur toute sa création; il guérit les coeurs brisés et panse leurs blessures. Où irais-je loin de l'esprit de Dieu? Où qui fuirai-je hors de la divine présence? Ainsi dit le Haut et Sublime qui habite l'éternité et s'appelle le Saint: » J'habite dans le lieu élevé et saint, et aussi chez celui qui a le coeur contrit et l'esprit humble! » Nul ne peut se cacher de notre Dieu, car il remplit le ciel et la terre. Que les cieux soient heureux et que la terre se réjouisse. Que toutes les nations disent: « Le Seigneur règne! » Rendez grâces à Dieu, car sa miséricorde dure à toujours.

« Les cieux proclament la droiture de Dieu, et tout le monde a vu sa gloire. C'est Dieu qui nous a créés, et non nous-mêmes; nous sommes son peuple, les brebis de son pâturage. Sa miséricorde est perpétuelle et sa vérité subsiste pour toutes les générations. Dieu gouverne parmi les nations. Que la terre soit remplie de sa gloire! O puissent les hommes louer le Seigneur pour sa bonté et pour ses dons merveilleux à leurs enfants!

« Dieu a créé les hommes un peu moins que divins et les a couronnés d'amour et de miséricorde. Le Seigneur connaît la voie des justes, mais la voie des impies périra. La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse; la connaissance du Suprême est l'intelligence. Dieu Tout-Puissant a dit: « Marche devant moi et sois parfait ». N'oubliez pas que l'orgueil va au-devant de la destruction et un esprit hautain au-devant de la chute. Celui qui gouverne son propre esprit est plus puissant que celui qui s'empare d'une ville. Le Seigneur Dieu, le Saint, a dit: « En revenant a ton repos spirituel, tu seras sauvé; dans le calme et la confiance, tu trouveras ta force ». Ceux qui attendent le Seigneur renouvelleront leur vigueur; ils s'élèveront avec des ailes, tels des aigles. Ils courront et ne seront pas fatigués; ils marcheront et ne faibliront pas. Que Seigneur a dit: « Ne craignez pas, car je suis avec vous. Ne soyez pas épouvantés, car je suis votre Dieu et je vous affermirai; je vous aiderai, oui, je vous soutiendrai avec la main droite de ma justice ».

« Dieu est notre Père; le Seigneur est notre rédempteur. Dieu a créé les armées de l'univers et il les préserve toutes. Sa droiture ressemble aux montagnes et son jugement au grand abîme. Il nous fait boire à la rivière de ses plaisirs, et dans sa lumière nous verrons la lumière. Il est bon de rendre grâces au Seigneur et de chanter les louanges du Très Haut, de montrer une bienveillance affectueuse le matin et une foi divine chaque soir. Le royaume de Dieu est perpétuel et sa souveraineté persiste dans toutes les générations. Le Seigneur est mon berger; je ne manquerai de rien. Grâce à lui je me délasse dans de verts pâturages, il me conduit auprès des eaux tranquilles. Il réconforte mon âme; il me conduit dans les sentiers de la droiture. Oui, quand même je marcherais dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Dieu est avec moi. La bonté et la miséricorde m'accompagneront certainement tous les jours de ma vie, et j'habiterai éternellement dans la maison du Seigneur (1).

  (1) Cf. Psaume XXIII.

« Jéhovah est le Dieu de mon salut je mettrai donc ma confiance dans son nom divin. Je me confierai au Seigneur de tout mon coeur sans m'appuyer sur ma propre intelligence. Dans toutes mes voies je le reconnaîtrai, et il dirigera ma route. Le Seigneur est fidèle; il tient ses promesses a ceux qui le servent; le juste vivra de foi. Si vous ne faites pas bien, c'est à cause du péché qui se tient à la porte. Les hommes récoltent le mal qu'ils implantent et le péché qu'ils sèment. Ne vous rongez pas de soucis à propos des méchants. Si dans votre coeur vous envisagez l'iniquité, le Seigneur ne vous entendra pas; si vous péchez contre Dieu, vous faites aussi du mal à votre propre âme. Dieu amènera au jugement l'oeuvre de chaque homme avec tous ses secrets, bons ou mauvais. Selon ce qu'un homme pense dans son coeur, tel il est.

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui font appel à lui en sincérité et en vérité. On peut pleurer toute une nuit, mais la joie vient avec le matin. Un coeur joyeux fait du bien comme un médicament. Dieu ne refusera aucune bonne chose à ceux qui marchent droit. Craignez Dieu et gardez ses commandements, car c'est là tout le devoir des hommes. Ainsi parle le Seigneur qui créa les cieux et forma la terre: « Il n'y a pas d'autre Dieu que moi, un Dieu juste et un sauveur. Regardez-moi de tous les confins de la terre et soyez sauvés. Si vous me cherchez vous me trouverez, pourvu que vous me recherchiez de tout votre coeur ». Les débonnaires hériteront de la terre et se réjouiront dans l'abondance de la paix. Quiconque sème l'iniquité récoltera des malheurs; ceux qui sèment le vent récolteront la tempête.

« Venez maintenant et raisonnons ensemble », dit le Seigneur « Même si vos péchés sont comme le cramoisi, ils seront blancs comme neige. S'ils sont rouges comme l'écarlate, ils deviendront comme de la laine » (2). Il n'y a pas de paix pour les méchants. Ce sont vos propres péchés qui ont éloigné les bonnes choses de vous. Dieu est la santé de mon visage et la joie de mon âme. Le Dieu éternel est ma force. Il est notre demeure, et ses bras éternels me soutiennent. Le Seigneur est proche de ceux qui ont le coeur brisé. Il sauve tous ceux dont l'esprit ressemble à celui d'un enfant. Les afflictions du juste sont nombreuses, mais le Seigneur le délivre de toutes. Remettez vos voies au Seigneur -- ayez confiance en qui -- et il les fera réussir. Celui qui habite dans le lieu secret du Très Haut demeurera à l'ombre du Tout-Puissant.

  (2) Isaïe I-18.

« Aimez votre prochain comme vous-mêmes; ne gardez rancune à aucun homme. Ne faites à personne ce que vous détestez. Aimez votre frère, car le Seigneur a dit: « J'aimerai spontanément mes enfants ». Le sentier du juste ressemble à une lumière qui brille de plus en plus jusqu'au jour de la perfection. Les sages auront l'éclat du firmament, et ceux qui orientent beaucoup d'hommes vers la droiture brilleront éternellement comme les étoiles. Que le pervers abandonne sa mauvaise voie et l'impie ses pensées rebelles. Qu'ils reviennent à moi, dit le Seigneur, et j'aurai pitié d'eux; je pardonnerai abondamment.

« Paroles de Dieu, créateur du ciel et de la terre: « Ceux qui aiment ma loi jouissent d'une grande paix. Voici mes commandements: Tu m'aimeras de tout ton coeur, tu n'auras point d'autres dieux que moi; tu ne prononceras pas mon nom en vain; rappelle-toi le jour du sabbat pour le sanctifier; honore ton père et ta mère; tu ne tueras point; tu ne commettras point l'adultère; tu ne déroberas pas; tu ne porteras pas de faux témoignage; tu ne convoiteras point » (3).

  (3) Deutéronome V-15 et suite.

« Et à tous ceux qui aiment suprêmement le Seigneur et aiment leur prochain comme eux-mêmes, le Dieu du ciel dit: « Je te libérerai du tombeau, je te rachèterai de la mort. Je serai miséricordieux et juste pour tes enfants. N'ai-je pas dit de mes enfants terrestres qu'ils étaient les fils du Dieu vivant? Ne vous ai-je pas aimés d'un amour perpétuel? Ne vous ai-je pas invités à me ressembler et à habiter éternellement avec moi au Paradis? »

3. - LE BOUDDHISME

Ganid fut choqué de découvrir combien le bouddhisme était proche d'être une grande et belle religion sans Dieu, sans une Déité personnelle et universelle. Toutefois, il trouva trace de certaines croyances primitives reflétant un peu l'influence des enseignements des missionnaires de Melchizédek qui continuèrent à travailler aux Indes même jusqu'à l'époque de Bouddha. Jésus et Ganid recueillirent les citations qui suivantes de la littérature bouddhiste:

« L'allégresse jaillit des coeurs purs vers l'Infini. Tout mon être jouira en paix de cette joie supra-mortelle. Mon âme est remplie de contentement et mon coeur déborde de la bénédiction d'une confiance paisible. Je ne crains rien, je sui libre d'anxiété. J'habite en sécurité, et mes ennemis ne peuvent m'inquiéter. Je suis satisfait des fruits de ma conscience. J'ai trouvé qu'il était facile d'accéder à l'Immortel. Je prie que la foi me soutienne au cours du long voyage. Je sais que la foi de l'au-delà ne me feras pas défaut. Je sais que mes frères prospéreront s'ils sont imbus de la foi de la foi l'Immortel, la foi qui crée la modestie, la droiture, la sagesse, le courage, la connaissance, et la persévérance. Abandonnons la tristesse et rejetons la peur. Par la foi, emparons-nous de la vraie droiture et d'une authentique virilité. Apprenons à méditer sur la justice et la miséricorde. La foi est la vraie richesse de l'homme; elle est le don de vertu et de gloire.

« L'iniquité est indigne et le péché est méprisable. Le mal est dégradant aussi bien en pensée que s'il est mis à exécution. La douleur et le chagrin qui suivent le sentier du mal comme la poussière qui suit le vent. Le bonheur et la paix mentale suivent la pensée pure et la vie vertueuse comme l'ombre suit la substance des choses matérielles. Le mal est le fruit d'une pensée mal dirigée. Il est mauvais de voir un péché là où il n'y en a pas. Le mal est le sentier des fausses doctrines. Ceux qui évitent le mal en voyant les choses telles qu'elles sont deviennent joyeux en embrassant ainsi la vérité. Mettez fin à votre détresse par le dégoût du péché. En élevant vos regards vers le Noble, détournez-vous du péché de tout votre coeur. Ne demandez pas pardon pour le mal; ne cherchez pas d'excuse au péché. Par vos efforts pour corriger vos anciens péchés, vous acquérez la force de résister à la tendance à y retomber. La contrition naît du repentir. Ne passez sur aucune faute sans la confesser au Noble.

« L'allégresse et la joie sont les récompenses des bonnes actions accomplies à la gloire de l'Immortel. Nul ne peut vous dérober la liberté de votre propre pensée. Quand la foi de votre religion a émancipé votre coeur, quand votre pensée, telle une montagne, est établie et immuable, alors la paix de l'âme coule comme les eaux d'un fleuve tranquille. Ceux qui sont certains du salut sont libérés pour toujours de la convoitise, de l'envie, de la haine, et de l'illusion des richesses. Bien que la foi soit l'énergie d'une vie meilleure, il vous faut néanmoins travailler avec persévérance à votre propre salut. Si vous voulez être certain de votre salut final, alors assurez-vous que vous cherchez sincèrement à accomplir tout ce qui est droit. Cultivez l'assurance de coeur qui vient de l'intérieur, et entrez ainsi dans la joyeuse extase du salut éternel.

« Nul homme religieux ne peut espérer atteindre l'éclairement de la sagesse immortelle s'il persiste à être paresseux, indolent, faible, oisif, impudent, et égoïste. Mais quiconque est prévenant, prudent, réfléchi , fervent, et sérieux même s'il vit encore sur terre -- peut parvenir à l'illumination suprême de la paix et à la liberté de la sagesse divine. Rappelez-vous que tout acte reçoit sa récompense. Le mal aboutit au chagrin et le péché finit en douleur. La joie et le bonheur sont la conséquence d'une vie bien vécue. Même le méchant bénéficie d'une période de grâce avant la complète maturité de ses mauvaises actions, mais la pleine moisson de la malfaisance arrive inévitablement. Que nul ne pense au péché avec légèreté en se disant dans son coeur: « La punition des mauvaises actions ne m'approchera pas ». Ce que vous faites à autrui, on vous le fera, dans le jugement de la sagesse. L'injustice commise envers vos semblables se retournera contre vous. La créature ne saurait échapper à la destinée de ses actes.

« L'insensé a dit dans son coeur: le mal ne me rattrapera pas; mais on ne trouve de sécurité que si l'âme réclame des reproches et si la pensée recherche la sagesse. Le sage est une âme noble qui reste amicale au milieu de ses ennemis, tranquille parmi les turbulents, et généreuse parmi les cupides. L'amour de soi ressemble à des mauvaises herbes dans un champ bien planté. L'égoïsme conduit au chagrin; l'inquiétude perpétuelle tue. La pensée domptée produit le bonheur. Le plus valeureux guerrier est celui qui triomphe de lui-même et se domine. La retenue en toutes choses est bonne. Que la colère et la haine ne soient pas vos maîtres. Ne parlez durement de personne. Le contentement est la plus grande richesse. Ce qui est donné sagement est bien épargné. Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas que l'on vous fasse. Rendez le bien pour le mal; triomphez du mal par le bien.

« Une âme droite est plus souhaitable que la souveraineté sur toute la terre. L'immortalité est le but de la sincérité; la mort est la fin de la vie irréfléchie. Les sérieux ne meurent pas; les étourdis sont déjà morts. Bénis sont ceux dont la clairvoyance perçoit l'état immortel. Ceux qui torturent la volonté vivante ne trouvent guère de bonheur après la mort. Les désintéressés vont au ciel où ils jouissent de la félicité d'une libéralité infinie et où leur noble générosité continue à croître. Tout mortel qui pense avec droiture, qui parle noblement, et qui agit généreusement non seulement aura plaisir à la vertu durant sa brave existence, mais continuera aussi, après la dissolution de son corps, à bénéficier des délices du ciel ».

4. -- L'HINDOUISME

Les missionnaires de Melchizédek transmirent l'enseignement du Dieu unique dans tous leurs déplacements. Une grande partie de cette doctrine monothéiste ainsi que d'autres concepts antérieurs, furent incorporés dans les enseignements ultérieurs de l'hindouisme. Jésus et Ganid en firent les extraits suivants:

« Il est le grand Dieu, en toutes manières suprême. Il est le Seigneur qui englobe toutes choses. Il est le créateur et le contrôleur de l'univers des univers. Dieu est un; il existe seul et par lui-même; il est l'unique. Ce Dieu est notre Créateur et la destinée finale de l'âme. Le Suprême brille d'un éclat qui défie la description; il est la Lumière des Lumières, la lumière divine qui éclaire chaque coeur et chaque monde. Dieu est notre protecteur -- il se tient aux côtes de ses créatures -- et ceux qui apprennent à le connaître deviennent immortels. Dieu est la grande source d'énergie, la Grande Âme. Il exerce une souveraineté universelle sur tout; il est aimant, glorieux, et adorable. Notre Dieu jouit d'un pouvoir suprême et habite la demeure suprême. Cette véritable Personne est éternelle et divine. Dieu est le Seigneur primordial des cieux. Tous les prophètes l'ont salué, et il s'est révélé à nous. Nous l'adorons. O Personne Suprême, source des êtres, Seigneur de la création et maître de l'univers, révèle à tes créatures le pouvoir par lequel tu demeures immanent. Dieu a créé le soleil et les étoiles; il est lumineux, pur, et autonome. Sa connaissance éternelle est divinement sage. L'Éternel est inaccessible au mal. Dans la mesure où l'univers est issu de lui, Dieu le gouverne comme il sied. Il est la cause de la création, donc toutes choses sont établies en lui.

« Dieu est le refuge sûr de tout homme de bien dans le besoin. L'Immortel prend soin de toute l'humanité. Le salut de Dieu est fort et sa bonté est gracieuse. Le Seigneur dit: « J'habite en eux comme une lampe de sagesse. Je suis la splendeur des splendides et la bonté des bons. Quand deux ou trois se réunissent, je sui là aussi ». La créature ne saurait échapper à la présence du Créateur. Le Seigneur compte même les clignements incessants de tout oeil mortel et nous adorons cet Être divin comme un compagnon inséparable. Il est prédominant, munificent, omniprésent, et infiniment bon. Le Seigneur est notre souverain, notre refuge, et notre conseiller suprême, et son esprit primordial habite l'âme humaine. Le Témoin Éternel du vice et de la vertu demeure dans le coeur de l'homme. Méditons longuement sur l'adorable et divin Animateur; que son esprit dirige entièrement nos pensées. Conduis-nous de ce monde irréel au monde réel, des ténèbres à la lumière, et de la mort à l'immortalité.

« Avec notre coeur débarrassé de toute haine, adorons l'Éternel. Notre Dieu est le Seigneur de la prière; il entend le cri de ses enfants. Que tous les hommes soumettent leur volonté à lui, le Résolu. Jouissons de la libéralité du Seigneur des prières. Faites de votre prière votre amie intime et adorez le soutien de votre  âme ». Si vous vouliez seulement me rendre un culte d'amour, dit l'Éternel, je vous donnerais la sagesse pour m'atteindre, car mon culte est la vertu commune à toutes les créatures ». Dieu est l'illumination des attristés et le pouvoir de ceux qui défaillent. Puisque Dieu est notre puissant ami, nous ne craignons plus rien. Nous louons le nom du Vainqueur jamais vaincu. Nous l'adorons parce qu'il est l'aide fidèle et éternel des hommes. Dieu est notre chef sûr et notre guide infaillible. Il a engendré le ciel et la terre, il possède une énergie illimitée et une sagesse infinie. Sa splendeur est sublime et sa beauté divine. Il est le refuge suprême des univers et le gardien immuable de la loi perpétuelle. Notre Dieu est le Seigneur de la vie et le Consolateur de tous les hommes. Il aime l'humanité et aide les malheureux. C'est qui nous donne la vie, il est le Bon Berger des troupeaux humains. Dieu est notre père, notre frère, et notre ami. Nous désirons ardemment connaître ce Dieu au plus profond de notre être.

« Nous avons appris à gagner la foi par le désir de notre coeur. Nous avons atteint la sagesse en maîtrisant nos sens; et par la sagesse nous avons éprouvé la paix dans le Suprême. Celui qui est plein de foi adore vraiment quand son moi intérieur est résolument à Dieu. Notre Dieu porte les cieux comme un manteau; il habite aussi les six autres univers déployés dans leur immensité. Il est suprême sur tout et en tout. Nous souhaitons le pardon du Seigneur pour tous nos péchés envers notre prochain, et nous voudrions dégager notre ami du tort qu'il nous a fait. Notre esprit répugne au mal; donc, Seigneur, libère nous de toute souillure du péché. Nous prions Dieu en tant que consolateur, protecteur, et sauveur -- comme une personne qui nous aime.

L'esprit du Conservateur de l'Univers pénètre l'âme des créatures simples. L'homme est sage s'il adore le Dieu Unique. Ceux qui l'efforcent d'être parfaits doivent certainement connaître le Seigneur Suprême. Quiconque connaît la félicité de la sécurité du Suprême n'a jamais peur, car le Suprême dit à ceux qui le servent: « Ne craignez pas, car je suis avec vous ». Le Dieu de la providence est notre père. Dieu est la vérité, et il désire que ses créatures le comprennent -- qu'elles arrivent à pleinement connaître la vérité. La vérité est éternelle; elle soutient l'univers. Notre désir suprême sera de nous unir au Suprême. Le Grand Contrôleur engendre toutes choses -- tout évolue en partant de lui. Et voici tout notre devoir: que nul ne fasse à autrui ce qu'il répugnerait qu'on lui fasse; ne chérissez aucune perversité, ne frappez pas celui qui vous frappe, domptez la colère par la miséricorde, et triomphez de la haine par la bienveillance. Nous devrions faire tout cela parce que Dieu est un bon ami et un gracieux père qui nous pardonne toutes nos offenses terrestres.

« Dieu est notre Père, la terre est notre mère, et l'univers est le lieu de notre naissance. Sans Dieu, l'âme est prisonnière; la connaissance de Dieu la libère. La méditation sur Dieu et l'union avec qui apportent la délivrance des illusions du mal et l'ultime libération de toutes les entraves matérielles. Quand l'homme enroulera l'espace comme un morceau de cuir, alors viendra la fin du mal parce que l'homme aura trouvé Dieu. O Dieu, sauve-nous de la triple ruine de l'enfer -- la convoitise, la colère, et l'avarice! O mon âme, ceins-toi pour la lutte spirituelle de l'immortalité! Quand viendra la fin de la vie terrestre, n'hésite pas à abandonner ce corps pour une forme plus belle et plus appropriée, et à te réveiller dans les royaumes au Suprême et de l'Immortel où ne règnent ni peur, ni chagrin, ni faim, ni soif, ni mort. Connaître- Dieu, c'est couper les cordes de la mort. L'âme qui connaît Dieu s'élève dans l'univers comme la crème apparaît à la surface du lait. Nous adorons Dieu, l'artisan de tout, la Grande Âme, qui siège toujours dans le coeur de ses créatures. Ceux qui savent que Dieu trône dans le coeur humain sont destinés à lui ressembler -- à devenir immortels. Le mal doit être laissé en arrière dans ce monde, mais la vertu accompagne l'âme au ciel.

« Seuls les pervers disent: « L'univers n'a ni vérité ni chef; il n'est destiné qu'à nos désirs ». Leur âme est trompée par la mesquinerie de leur intellect. Ils s'abandonnent ainsi à la satisfaction de leurs convoitises et privent leur âme des joies de la vertu et des plaisirs de la droiture. Quelle expérience est plus grande que celle d'être sauvé du péché? L'homme qui a vu le Suprême est immortel. Les amis charnels de l'homme ne peuvent survivre à la mort; seule la vertu marche aux côtés de l'homme tandis qu'il voyage en avançant toujours vers les champs heureux et ensoleillés du Paradis.

5. - LE ZOROASTRISME

Zoroastre fut lui-même en contact direct avec les descendants des premiers missionnaires de Melchizédek, et leur doctrine du Dieu unique devint un enseignement central dans la religion qu'il fonda en Perse. À part le judaïsme, nulle religion de cette époque ne contenait une plus grande quantité d'enseignements de Salem. Ganid fit les extraits suivants des archives de cette religion:

« Toutes choses viennent du Dieu Unique et lui appartiennent. Il est notre Dieu infiniment sage, bon, droit, saint, resplendissant, et glorieux. Il est la source de toute luminosité. Il est le Créateur, le Dieu de tous les bons desseins, et le protecteur de la justice de l'univers. La ligne de conduite sage dans la vie consiste à agir en harmonie avec l'esprit de vérité. Dieu voit tout, et il aperçoit aussi bien les mauvaises actions des pervers que les bonnes oeuvres des justes; notre Dieu observe toutes choses d'un oeil étincelant. Son contact est la touche de guérison. Le Seigneur est un bienfaiteur tout-puissant. Dieu tend sa main bénéfique aux justes et aux pervers. Dieu a établi le monde et ordonné la rétribution pour le bien et pour le mal. Le Dieu infiniment sage a promis l'immortalité aux âmes pieuses qui pensent avec pureté et agissent avec droiture. Vous deviendrez ce que vous désirez suprêmement. La sagesse ressemble à la lumière du soleil pour ceux qui discernent Dieu dans l'univers.

« Louez Dieu en recherchant ce qui plaît au très Sage. Adorez le Dieu de lumière en marchant joyeusement dans les voies ordonnées par sa religion révélée. Il n'y a qu'un Dieu Suprême, le Seigneur des Lumières. Nous rendons un culte à celui qui a créé les eaux, les plantes, les animaux, la terre, et les cieux. Notre Dieu est le Seigneur le plus bienveillant. Nous adorons le plus beau, le généreux Immortel doué d'une lumière éternelle. Dieu est le plus loin possible de nous et en même temps le plus près possible, en ce sens qu'il habite notre propre âme. Dieu est le divin et le plus saint Esprit du Paradis, et cependant il est plus amical pour l'homme que la plus amicale de toutes les créatures. Dieu est d'un grand secours pour nous dans la principale de nos affaires, celle de le connaître. Dieu est notre ami le plus adorable et le plus droit; il est notre sagesse, notre vie, et la vigueur de notre âme et de notre corps. Par nos bonnes pensées, le sage Créateur nous permettra de faire sa volonté et de parvenir ainsi à tout ce qui est divinement parfait.

« Seigneur, enseigne-nous à vivre cette vie dans la chair tout en nous préparant à la prochaine vie de l'esprit. Parle-nous, Seigneur, et nous ferons ce que tu demanderas. Enseigne-nous les bonnes voies, et nous marcherons droit. Accorde-nous d'atteindre l'union avec toi. Nous savons que la religion est bonne si elle conduit à l'union avec la droiture. Dieu est notre sage nature, notre meilleure pensée, nos agissements justes. Puisse Dieu nous conférer l'unité avec l'esprit divin et l'immortalité en lui-même!

« La religion du Grand Sage purifie le croyant de toute mauvaise pensée et de toute action pécheresse. Je m'incline devant le Dieu du ciel en me repentant si j'ai commis une offense en pensée, en paroles, ou en action -- intentionnellement ou non -- et j'offre des prières pour la miséricorde et des louanges pour le pardon. Quand je me confesse, si je n'ai pas l'intention de renouveler la faute, je sais que le péché sera ôté de mon âme. Je sais que le pardon enlève les liens du péché. Ceux qui font le mal seront punis, mais ceux qui suivent la vérité jouiront de la félicité d'un salut éternel. Prends possession de nous par la grâce et dispense à notre âme le pouvoir sauveur. Nous implorons miséricorde parce que nous aspirons à la perfection; nous voudrions ressembler à Dieu.

6. -- LE SOUDOUANISME (LE JAÏNISME)

Le troisième groupe de croyants religieux qui préserva aux Indes la doctrine du Dieu unique -- la survivance des enseignements de Melchizédek -- était connu à l'époque sous le nom de soudouaniste. Plus récemment, on appela ces croyants les fidèles du jaïnisme. Voici quelques-unes des pensées qu'ils enseignaient:

Le Seigneur du Ciel est suprême. Ceux qui commettent le péché ne s'élèveront pas dans les hauteurs, mais ceux qui suivent les voies de la droiture trouveront une place au ciel. Nous sommes assurés de la vie dans l'au-delà si nous connaissons la vérité. L'âme de l'homme peut monter au ciel le plus haut pour y développer sa vraie nature spirituelle, pour atteindre la perfection. L'état céleste délivre l'homme de la servitude du péché et l'introduit auprès des béatitudes finales. Le juste a déjà l'expérience d'en avoir fini avec le péché et avec toutes les misères qui l'accompagnent. L'ego est l'ennemi invincible de l'homme et se manifeste sous l'aspect des quatre grandes passions humaines: la colère, l'orgueil, la tromperie, et l'envie. La plus grande victoire de l'homme est son triomphe sur lui-même. Quand l'homme se tourne vers Dieu pour être pardonné et qu'il a l'audace de prendre cette liberté, il est délivré de la peur. L'homme devrait traverser la vie en traitant ses semblables comme il aimerait être traité ».

7. -- LE SHINTOÏSME

Les manuscrits de cette religion d'Extrême Orient n'avaient été classés que récemment dans la bibliothèque d'Alexandrie. Il s'agissait de l'unique religion du monde dont Ganid n'avait jamais entendu parler. Cette croyance contenait également des rappels des premiers enseignements de Melchizédek, comme le montrent les extraits suivants:

« Ainsi dit le Seigneur: Vous êtes tous des récepteurs de mon divin pouvoir; tous les hommes bénéficient de mon ministère de miséricorde. Je prends grand plaisir à la multiplication des justes dans tout le pays. Dans les beautés de la nature comme dans les vertus des hommes, le Prince du Ciel cherche à se révéler et à proclamer la droiture de sa nature. Puisque les peuples de l'antiquité ne connaissaient pas mon nom, je me suis manifesté en naissant dans le monde comme un être visible, et j'ai subi cette humiliation pour que même les hommes n'oublient pas mon nom. C'est moi qui ai créé les cieux et la terre. Le soleil, la lune, et toutes les étoiles obéissent à ma volonté. Je suis le chef de toutes les créatures sur la terre et dans les quatre mers. Bien que je sois grand et suprême, j'ai égard à la prière du plus humble des hommes. Si une créature veut m'adorer, j'écouterai ses prières et j'exaucerai le désir de son coeur.

« Chaque fois que l'homme cède à l'anxiété, il s'écarte de la gouverne de l'esprit de son coeur. L'orgueil cache Dieu. Si vous voulez obtenir l'aide du ciel, mettez de côté votre orgueil; tel un gros nuage, toute trace d'orgueil intercepte la lumière qui sauve. Si vous ne possédez pas l'harmonie intérieure, il est inutile de prier pour les choses extérieures. « Si j'entends vos prières, c'est parce que vous vous présentez devant moi avec un coeur pur, dégagé de fausseté et d'hypocrisie, avec une âme qui reflète la vérité comme un miroir. Si vous voulez gagner l'immortalité, abandonnez le monde et venez à moi ».

8. -- LE TAOÏSME

Les messagers de Melchizédek pénétrèrent profondément en Chine, et la doctrine du Dieu unique fit partie des premiers enseignements de plusieurs religions chinoises. Celle qui persista le plus longtemps et contint le plus de vérité monothéiste fut le taoïsme. Celle qui persista le plus longtemps et contint le plus de vérité monothéiste fut le taoïsme. Ganid rassembla les enseignements suivants de son fondateur:

« Combien le Suprême est pur et tranquille, et pourtant combien est fort et puissant, profond et insondable! Ce Dieu du ciel est l'ancêtre honoré de toutes choses. Si vous connaissez l'Éternel, vous êtes éclairé et sage. Si vous ne connaissez pas l'Éternel, alors l'ignorance se manifeste en tant que mal, et les passions du péché surgissent. Cet Être prodigieux existait avant les cieux et la terre. Il est vraiment spirituel; il est unique et ne change pas. En vérité il est la mère du monde, et toute la création tourne autour de lui. Ce Grand Être se communique aux hommes et leur permet ainsi d'exceller et de survivre. Même si l'on a peu de connaissance, on peut marcher dans les voies du Suprême; on peut se conformer à la volonté du ciel.

« Toutes les bonnes oeuvres vraiment utiles proviennent du Suprême. Toutes choses dépendent de la Grande Source pour leur vie. Le Grand Suprême ne recherche aucun honneur pour ses dons. Bien que suprême en pouvoir, il reste caché à nos regards. Il transmue sans cesse ses attributs en perfectionnant ses créatures. La Raison céleste est lente et patiente dans ses projets, mais sûre de ses accomplissements. Le Suprême recouvre l'univers et le soutient tout entier. Combien sont grands et puissants son influence débordante et son pouvoir d'attraction! La vraie bonté ressemble à l'eau, en ce sens qu'elle bénit tout et ne nuit à rien. Telle l'eau, la vraie bonté recherche les places inférieures, même les niveaux que les autres évitent, parce qu'elle est apparentée au Suprême. Le Suprême crée toutes choses, il les nourrit dans la nature et les perfectionne en esprit. La manière dont le Suprême entretient, protège, et perfectionne les créatures sans les contraindre est un mystère. Il guide et dirige, mais sans s'imposer. Il veille au progrès, mais sans domination.

« Le sage rend son coeur universel. Un peu de connaissance est chose dangereuse. Quiconque aspire à la grandeur doit apprendre à s'humilier. Dans la création, le Suprême est devenu la mère du monde. Connaître sa mère, c'est reconnaître sa filiation. Celui-là est sage qui considère toutes les parties du point de vue de l'ensemble. Reliez-vous à chaque homme comme si vous étiez à sa place. Répondez au préjudice par la bonté. Si vous aimez les gens, ils se rapprocheront de vous -- vous n'aurez aucune difficulté à les gagner.

« Le Grand Suprême pénètre tout; il est à droite et à gauche, il soutient toute la création et habite tous les êtres sincères. Vous ne pouvez ni trouver le Suprême ni aller en un lieu où il ne se trouve pas. Si un homme reconnaît le mal de ses actions et se repent de tout son coeur de ses péchés, alors il peut rechercher le pardon, échapper au châtiment et transformer la calamité en bénédiction. Le Suprême est le refuge sûr pour toute la création; il est le gardien et le sauveur de l'humanité. Si vous le cherchez quotidiennement, vous le trouverez. Puisqu'il peut pardonner les péchés, il est vraiment précieux à tous les hommes. Souvenez-vous toujours que Dieu récompense les hommes pour ce qu'ils sont, et non pour ce qu'ils font; donc, apportez votre aide à vos compagnons sans idée de récompense. Faites du bien sans penser a un profit égoïste.

« Ceux qui connaissent les lois de l'Éternel sont sages. L'ignorance des lois divines est une calamité et un désastre. Ceux qui connaissent les lois de Dieu ont une mentalité libérale. Si vous connaissez l'Éternel, votre âme survivra au service de l'esprit, même si votre corps périt. Vous êtes vraiment sage quand vous reconnaissez votre insignifiance. Si vous demeurez dans la lumière de l'Éternel, vous jouirez de l'illumination du Suprême. Ceux qui consacrent leur personne au service du Suprême sont joyeux dans cette recherche de l'Éternel. Quand l'homme meurt, l'esprit bat des ailes pour entreprendre son long vol de retour au foyer.

9. -- LE CONFUCIANISME

Même les grandes religions du monde qui reconnaissaient le moins Dieu acceptèrent le monothéisme des missionnaires de Melchizédek et de leurs persévérants successeurs. Voici comment Ganid résuma le confucianisme:

« Ce que le ciel institue est infaillible. La vérité est réelle et divine. Tout a son origine dans le Ciel, et le Grand Ciel ne commet pas de faute. Le Ciel a désigné de nombreux subordonnés pour aider à instruire et à élever les créatures inférieures. Le Dieu unique qui d'en haut régit les hommes est grand, très grand. Ce Haut Dieu a conféré un sens moral même à de nombreux individus inférieurs. La libéralité du Ciel ne s'interrompt jamais. La bienveillance est le don le plus précieux du Ciel aux hommes. Le Ciel a conféré sa noblesse à l'âme des hommes; leurs vertus sont le fruit de ce don de la noblesse du Ciel. Le Grand Ciel discerne tout et accompagne les hommes dans toutes leurs oeuvres. Nous avons raison d'appeler le Grand Ciel notre Père et notre Mère. Si nous sommes ainsi les serviteurs de nos ancêtres divins, alors nous pouvons adresser avec confiance nos prières au Ciel. À tout moment et en toutes choses, ayant la crainte respectueuse de la majorité du Ciel, O Dieu Très Haut et souverain Potentat, nous reconnaissons que le jugement t'appartient et que toute miséricorde provient du coeur divin.

« Dieu est avec nous; nous n'éprouvons donc aucune crainte dans notre coeur. Si quelque vertu se trouve en moi, elle est la manifestation du Ciel qui demeure en moi; mais ce Ciel en moi formule souvent des exigences sévères pour ma foi. Si Dieu est avec moi, j'ai décidé de n'avoir aucun doute dans mon coeur. La foi doit être très proche de la vérité des choses, et je ne vois pas comment un homme peu vivre sans cette sage foi. Le bien et le mal n'arrivent pas sans cause aux hommes. Le ciel traites l'âme d'un homme selon le dessein de cette âme. Si vous avez tort, n'hésitez pas à confesser votre erreur et hâtez-vous de la réparer.

« Le sage s'occupe de rechercher la vérité, et non simplement de gagner sa vie. Le but de l'homme est d'atteindre la perfection du ciel. L'homme supérieur cherche à s'adapter, et il est libre d'anxiété et de crainte. Dieu est avec vous, n'en doutez pas dans votre coeur. Toute bonne action a sa récompense. L'homme supérieur ne murmure pas contre le Ciel et ne garde pas rancune aux hommes. Ne faites pas à autrui ce que vous n'aimez pas que l'on vous fasse. Que la compassion fasse partie de toute punition; efforcez-vous de toutes façons de transformer les sanctions en bénédictions. C'est la manière de faire du Grand Ciel. Bien que toutes les créatures doivent mourir et retourner à la terre, l'esprit de l'homme noble sort pour être mis en valeur aux niveaux supérieurs et pour s'élever à la lumière glorieuse de l'apothéose finale ».

10. -- NOTRE RELIGION

Après le travail ardu fourni pour effectuer cette compilation des enseignements religieux du monde au sujet du Père du Paradis, Ganid s'occupa de formuler ce qu'il estimait être un résumé des croyances auxquelles il était parvenu à la suite des leçons de Jésus. Le jeune homme avait pris l'habitude d'appeler ces croyances  « notre religion », et voici son exposé:

« Le Seigneur notre Dieu est un Seigneur unique, et vous devriez l'aimer de toute votre pensée et de tout votre coeur en faisant de votre mieux pour aimer tous ses enfants comme vous vous aimez vous-mêmes. Ce Dieu unique est notre Père céleste en qui toutes choses concordent et qui habite, par son esprit, dans toute âme humaine sincère. Nous qui sommes les enfants de Dieu, nous devrions apprendre à lui remettre la garde de notre âme comme à un Créateur fidèle. Avec notre Père céleste, toutes choses sont possibles. Il en est nécessairement ainsi, puisqu'il a créé toutes les choses et tous les êtres. Bien que nous ne puissions voir Dieu, nous pouvons le connaître. En vivant quotidiennement la volonté de notre Père qui est aux cieux, nous pouvons le révéler à nos semblables.

« Les divines richesses du caractère de Dieu doivent être infiniment profondes et éternellement sages. Nous ne pouvons découvrir Dieu par la connaissance, mais nous pouvons le connaître dans notre coeur par expérience personnelle. Bien que sa justice dépasse nos facultés de divination, sa miséricorde peut être reçue par les êtres les plus humbles de la terre. Le Père remplit l'univers, mais il vit aussi dans notre coeur. La pensée de l'homme est humaine, mortelle, mais son esprit est divin, immortel. Dieu n'est pas seulement infiniment puissant, mais aussi infiniment sage. Si nos parents terrestres, dont les tendances naturelles sont mauvaises, savent aimer leurs enfants et leur donner de bonnes choses, combien plus le bienfaisant Père céleste doit-il savoir aimer sagement ses enfants terrestres et leur octroyer les bénédictions qui leur conviennent.

« Le Père céleste ne laissera pas mourir un seul enfant sur terre si cet enfant à le désir de le trouver et cherche ardemment à lui ressembler. Notre Père aime même les méchants et il est toujours bon pour les ingrats. Si seulement les êtres humains étaient plus nombreux à connaître la bonté de Dieu, ils seraient certainement conduits à se repentir de leur mauvaise ligne de conduite et à renoncer à tous les péchés connus. Toutes les bonnes choses proviennent du Père de lumière, en qui ne se trouvent ni variation ni ombre de changement. L'esprit du vrai Dieu est dans le coeur de l'homme. Dieu cherche à ce que tous les hommes soient frères. Quand les hommes commencent à éprouver les sentiments de Dieu, c'est la preuve que Dieu les a trouvés et qu'ils sont à la recherche de connaissances à son sujet. Nous vivons en Dieu et Dieu habite en nous.

« Je ne me satisferai plus de penser que Dieu est le Père de tout mon peuple; dorénavant je croirai qu'il est aussi mon Père. J'essayerai toujours d'adorer Dieu grâce à l'Esprit de Vérité qui est mon aide quand je suis réellement parvenu à connaître Dieu. Mais avant tout je pratiquerai le culte de Dieu en apprenant à faire sa volonté sur terre c'est-à-dire que je ferai de mon mieux pour traiter chacun de mes semblables exactement comme je pense que Dieu aimerait le voir traiter. Quand nous vivons ainsi en incarnation, nous pouvons demander bien des choses à Dieu; il satisfera le désir de notre coeur afin que nous soyons d'autant mieux préparés à servir nos compagnons. Tout ce service affectueux des enfants de Dieu accroît nos aptitudes à recevoir et à éprouver les joies du ciel, les plaisirs supérieurs du ministère de l'esprit du ciel.

« Je remercierai Dieu tous les jours pour ses dons inexprimables; je louerai ses oeuvres merveilleuses pour les enfants des hommes. Pour moi il est le Tout-Puissant, le Créateur, le Pouvoir, et la Miséricorde, mais mieux que tout, il est mon Père spirituel, et en tant que son enfant terrestre, je m'avancerai un jour pour le voir. Mon précepteur m'a dit qu'en le cherchant je qui ressemblerai. Par la foi en Dieu, j'ai atteint la paix avec lui. Notre religion est pleine de joie et engendre un bonheur durable. J'ai confiance que je qui serai fidèle même jusqu'à la mort, et que je recevrai certainement la couronne de la vie éternelle.

« J'apprends à tout mettre à l'épreuve et à m'en tenir à ce qui est bon. Je ferai à mes semblables tout ce que je voudrais que l'on me fasse. Je sais que par cette nouvelle foi l'homme peut devenir fils de Dieu, mais je suis parfois terrifié en pensant que tous les hommes sont mes frères, et pourtant cela doit être vrai. Je ne vois pas la possibilité de me réjouir de la paternité de Dieu si je refuse d'accepter la fraternité des hommes. Quiconque fait appel au nom du Seigneur sera sauvé. Si cela est vrai, alors tous les hommes doivent être mes frères.

« Désormais je ferai mes bonnes actions en secret; je prierai aussi le plus souvent en étant seul. Je ne jugerai pas, pour éviter d'être injuste envers mes prochains. J'apprendrai à aimer mes ennemis; je n'ai pas encore vraiment dominé cette manière de ressembler à Dieu. Bien que je voie Dieu dans les autres religions, je trouve que dans « notre religion » il est plus beau, plus aimant, plus miséricordieux, plus personnel, et plus positif. Par-dessus tout, ce grand Être glorieux est mon Père spirituel; je suis son enfant. C'est par le seul moyen de mon sincère désir de lui ressembler que je finirai par le trouver et que je le servirai éternellement. Enfin j'ai une religion avec un Dieu, un Dieu merveilleux qui est un Dieu de salut éternel ».

 

130. Sur le chemin de Rome

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 04 December 2025

SUR LE CHEMIN DE ROME

LE voyage autour du monde romain absorba la plus grande partie de la vingt-huitième année et toute la vingt-neuvième année de la vie terrestre de Jésus. Avec les deux natifs des Indes -- Gonod et son fils Ganid -- il quitta Jérusalem le dimanche matin 26 avril de l'an 22. Le trio accomplit son voyage selon le programme prévu jusqu'au moment ou Jésus fit ses adieux au père et au fils dans la ville de Charax, sur le golfe Persique, le 10 décembre de l'année suivante, l'an 23.

De Jérusalem, ils se rendirent à Césarée par Jaffa. À Césarée ils prirent un bateau pour Alexandrie. D'Alexandrie ils s'embarquèrent pour Lasée en Crète. De Crète ils firent voile pour Carthage avec escale à Cyrène. À Carthage ils prirent un bateau pour Naples, s'arrêtant à Malte, Syracuse, et Messine. De Naples ils allèrent à Capoue, d'où ils voyagèrent par la Voie Appienne jusqu'à Rome.

Après leur séjour à Rome, ils se rendirent par voie de terre à Tarente d'où ils prirent la mer pour Athènes, s'arrêtant à Nicopolis et Corinthe. D'Athènes ils allèrent à Ephèse par la route de la Troade. D'Ephèse ils mirent à la voile pour Chypre en faisant escale à Rhodes. Ils passèrent longtemps à visiter Chypre et à s'y reposer, puis s'embarquèrent pour Antioche en Syrie. D'Antioche ils allèrent au sud vers Sidon et passèrent ensuite à Damas. De là ils voyagèrent en caravane jusqu'en Mésopotamie, traversant Thapsacus et Larissa. Ils séjournèrent quelque temps à Babylone, visitèrent Ur et d'autres lieu, et allèrent ensuite à Suse. De Suse ils se rendirent à Charax, d'où Gonod et Ganid s'embarquèrent pour les Indes.

Ce fut au cours de ses quatre mois de travail à Damas que Jésus apprit les rudiments de la langue parlée par Gonod et Ganid. Durant ce séjour, il avait passé beaucoup de temps à traduire des textes grecs dans l'une des langues des Indes, avec le concours d'un natif de la région où Gonod habitait.

Durant son périple au tour de la Méditerranée, Jésus consacra environ la moitié de ses journées à instruire Ganid et à servir d'interprète à Gonod dans ses conférences d'affaires et sa vie sociale. Ensuite il était libre et consacrait le reste de la journée à établir d'étroits contacts personnels avec ses semblables; ces fréquentations intimes avec les mortels du royaume furent très caractéristiques de ses activités au cours des années précédant immédiatement son ministère public.

Grâce à ces interventions de première main et à ces contacts réels, Jésus fit connaissance avec la civilisation matérielle et intellectuelle supérieure de l'Occident et du Levant. De Gonod et de son brillant fils, il apprit beaucoup sur la civilisation et la culture de l'Inde et de la Chine car Gonod, lui-même citoyen des Indes, avait fait trois grandes expéditions dans l'empire de la race jaune.

Ganid, le jeune homme, apprit beaucoup de Jésus au cours de cette longue et étroite association. Ils se prirent d'une grande affection l'un pour l'autre, et le père du garçon essaya plusieurs fois de persuader Jésus de les accompagner aux Indes, mais Jésus refusa toujours, en alléguant la nécessité de retourner dans sa famille en Palestine.

1. -- À JAFFA - DISCOURS SUR JONAS

Pendant leur arrêt à Jaffa, Jésus rencontra Gadiah, un interprète philistin qui travaillait pour un tanneur nommé Simon. Les agents de Gonod en Mésopotamie avaient traité beaucoup d'affaires avec ce Simon; aussi Gonod et son fils désiraient-ils lui rendre visite sur le chemin de Césarée. Tandis qu'ils s'attardaient à Jaffa, Jésus et Gadiah devinrent de grands amis. Ce jeune Philistin cherchait la vérité, et Jésus l'apportait, car il était la vérité pour cette génération sur Urantia. Quand un grand chercheur et un grand apporteur de vérité se rencontrent, il en résulte un grand éclaircissement libérateur né de l'expérience de la vérité nouvelle.

Un jour qu'après le repas du soir Jésus et le jeune Philistin se promenaient au bord de la mer, Gadiah, ne sachant pas que le « Scribe de Damas » était si bien versé dans les traditions hébraïques, montra à Jésus l'endroit d'où Jonas était censé s'être embarqué pour son fatal voyage à Tarsis. Quand il eut achevé ses observations, il posa à Jésus la question suivante: «Crois-tu que le cétacé a vraiment avalé Jonas? » Jésus se rendit compte que la vie du jeune homme avait été prodigieusement influencée par cette tradition et que ses méditations à ce sujet lui avaient inculqué la folie d'essayer de fuir son devoir. En conséquence, Jésus ne dit rien qui put détruire brusquement les mobiles fondamentaux qui guidaient Gadiah dans sa vie pratique. En réponse à la question, Jésus dit: « Mon ami, nous sommes tous des Jonas avec une vie à vivre en accord avec la volonté de Dieu. Chaque fois que nous cherchons à esquiver le devoir présent de la vie pour courir vers des appâts lointains, nous nous mettons par là-même sous la domination immédiate d'influences non dirigées par les pouvoirs de vérité et les forces de droiture. Fuir son devoir, c'est sacrifier la vérité. S'évader du service de la lumière et de la vie ne peut qu'aboutir à des conflits angoissants avec les redoutables monstres de l'égoïsme qui conduisent finalement aux ténèbres et à la mort, à moins que ces Jonas ayant abandonné Dieu ne veuillent, même au fond de leur désespoir, tourner à nouveau leur coeur vers la recherche de Dieu et de sa bonté. Quand ces âmes désespérées cherchent sincèrement Dieu -- ayant faim de vérité et soif de droiture -- rien ne peut les emprisonner plus longtemps. Si profonds que soient les abîmes où ils ont pu choir, quand ils cherchent la lumière d'un coeur pur, l'esprit du Seigneur Dieu des cieux les délivre de la captivité; les tribulations de la vie les rejettent sur la terre ferme des occasions nouvelles pour un service renouvelé et une vie plus sage ».

Gadiah fut très ému par l'enseignement de Jésus. Ils conversèrent tard dans la soirée au bord de la mer et, avant de rentrer chez eux, ils prièrent ensemble et l'un pour l'autre. Ce même Gadiah écouta les prédications ultérieures de Pierre, devint un fervent disciple de Jésus de Nazareth, et eut un soir une discussion mémorable avec Pierre chez Dorcas. Et Gadiah contribua beaucoup à décider Simon, le riche marchand de cuir, à embrasser le christianisme.

(Dans notre exposé du travail personnel de Jésus avec ses contemporains pendant son tour de la Méditerranée, et conformément à l'autorisation que nous avons reçue à cet effet, nous traduirons librement ses paroles dans la terminologie moderne couramment employée sur Urantia au moment de cette présentation.)

Au cours du dernier entretien de Jésus avec Gadiah, la discussion porta sur le bien et le mal. Le jeune Philistin était très troublé par un sentiment d'injustice provenant de la présence du mal dans le monde à côté du bien. Il dit: « Si Dieu est infiniment bon, comment peut-il permettre que nous souffrions des douleurs du mal? Après tout, qui a créé le mal? » À cette époque, beaucoup de gens croyaient encore que Dieu créait a la fois le bien et le mal, mais Jésus n'enseigna jamais une telle erreur. En répondant à cette question, il dit: « Mon frère, Dieu est amour, il doit donc être bon, et sa bonté est si grande et si réelle qu'elle ne peut contenir les choses mesquines et mensongères du mal. Dieu est si positivement bon qu'il n'y a absolument pas place en lui pour le mal négatif. Le mal est le choix sans maturité et le faux-pas irréfléchi de ceux qui résistent à la bonté, qui rejettent la beauté, et qui trahissent la vérité. Le mal est seulement la mauvaise adaptation de l'immaturité et l'influence désintégrante et déformante de l'ignorance. Le mal est l'inévitable obscurité qui suit de près le rejet malavisé de la lumière. Le mal est ce qui est ténébreux et faux; quand il est sciemment adopté et volontairement approuvé, il devient le péché.

« En nous dotant du pouvoir de choisir entre la vérité et l'erreur, notre Père céleste a créé le potentiel négatif opposé à la voie positive de lumière et de vie; mais ces erreurs du mal n'ont pas d'existence réelle tant qu'aucune créature intelligente ne les appelle volontairement à l'existence par un mauvais choix de son mode de vie. Les maux sont élevés ensuite au rang de péchés par le choix conscient et délibéré es créatures volontairement rebelles. C'est pourquoi notre Père céleste permet au bien et au mal de suivre ensemble leur chemin jusqu'à la fin de la vie, de même que la nature permet au blé et à l'ivraie de pousser côte à côte jusqu'à la moisson » (1). Gadiah fut pleinement satisfait de la réponse de Jésus à sa question après que leur discussion consécutive eut éclairé dans sa pensée la vraie signification de ces importants exposés.

  (1) Cf. Matthieu XIII-24 à 30.

2. -- À CÉSARÉE

Jésus et ses amis s'attardèrent à Césarée au delà du temps prévu, parce que l'une des énormes rames-gouvernails du bâtiment sur lequel ils se proposaient d'embarquer menaçait de se fendre. Le capitaine décida de rester au port pendant que l'on en taillerait une nouvelle. Il y avait pénurie de charpentiers qualifiés pour ce travail; c'est pourquoi Jésus offrit spontanément son aide. Pendant les soirées, Jésus et ses amis marchaient le long des beaux remparts qui servaient de promenade autour du port. Ganid s'intéressa beaucoup aux explications de Jésus sur les canalisations d'eau de la ville et à la technique par laquelle les marées étaient utilisées pour nettoyer à grande eau les rues et les égouts de la cité. Le jeune Hindou fut très impressionné par le temple d'Auguste situé sur une hauteur et surmonté d'une colossale statue de l'empereur romain. Le deuxième après-midi de leur séjour, ils assistèrent tous trois à un spectacle dans l'énorme amphithéâtre qui pouvait contenir vingt mille personnes assises, et le même soir ils se rendirent au théâtre pour voir jouer une pièce grecque. C'étaient les premiers spectacles de cette nature auxquels Ganid eût jamais assisté. Il posa à Jésus de nombreuses questions à leur sujet. Au matin du troisième jour ils firent une visite officielle au palais du gouverneur, car Césarée était la capitale de la Palestine et la résidence la du procurateur romain.

À leur auberge logeait aussi un négociant de Mongolie. Cet Oriental partant assez bien le grec, Jésus eut plusieurs longues conversations avec lui. Le négociant fut très impressionné par les vues philosophiques de Jésus sur la vie et n'oublia jamais ses paroles de sagesse concernant « la façon de vivre la vie céleste sur terre en se soumettant quotidiennement à la volonté du Père céleste ». Le négociant était taoïste et, de ce fait, croyait fermement à la doctrine d'un Dieu universel. De retour en Mongolie, il commença à enneiger les vérités avancées de Jésus à ses voisins et à ses associés dans les affaires, et ces activités eurent directement pour effet de décider son fils aîné à devenir prêtre taoïste. Durant toute sa vie, le jeune homme exerça une grande influence en faveur du progrès de la vérité; il fut suivi dans cette voie par un fils et un petit-fils qui, eux aussi, furent fidèles et dévoués à la doctrine du Dieu unique le Souverain Suprême du Ciel.

La branche orientale de l'Église chrétienne primitive, qui avait son centre à Philadelphie, resta plus fidèle aux enseignements de Jésus que la confrérie de Jérusalem. Il est regrettable qu'il n'y ait eu personne comme Pierre pour aller en Chine, ou comme Paul pour pénétrer aux Indes, car le terrain spirituel y était alors très favorable pour implanter la semence du nouvel évangile du royaume. Les mêmes enseignements de Jésus, tels qu'ils étaient transmis par les Philadelphiens, auraient tout autant et tout aussi rapidement plu à l'esprit des peuples asiatiques affamés de vérité spirituelle que les prédications de Pierre et de Paul aux peuples occidentaux

Un jour, l'un des jeunes gens qui taillaient avec Jésus la rame-gouvernail fut captivé par les paroles que ce dernier laissait tomber de temps à autre pendant qu'ils travaillaient sur le chantier. Quand Jésus suggéra que le Père céleste s'intéressait au bien-être de ses enfants sur terre, ce jeune Grec nommé Anaxande dit: « Si les Dieux s'intéressent à moi, alors pourquoi n'enlèvent-ils pas le cruel et injuste contremaître de ce chantier? ». Il fut stupéfait d'entendre Jésus lui répondre: « Puisque tu connais les voies de la bonté et que tu apprécies la justice, peut-être les Dieux ont-ils rapproché de toi cet homme égaré pour que tu puisses le guider dans cette voie meilleure. Peut-être es-tu le sel qui doit rendre cet homme plus agréable à ses frères, du moins si tu n'as pas perdu ta propre saveur. En ce moment cet homme est ton maître du fait que ses mauvais procédés t'influencent défavorablement. Pourquoi ne pas affirmer ta maîtrise sur le mal par la puissance de la bonté et devenir ainsi le maître de toutes les relations entre vous deux? J'affirme que le bien qui est en toi pourrait vaincre le mal qui est en lui si tu lui donnais une bonne chance dans sa vie. Au cours de notre existence terrestre, nulle aventure n'est plus passionnante que la joie exaltante de devenir, dans la vie matérielle, le partenaire de l'énergie spirituelle et de la vérité divine dans l'une de leurs luttes triomphales contre l'erreur et le mal. C'est une expérience merveilleuse et transformatrice que de devenir un chenal vivant de lumière pour les mortels perdus dans les ténèbres spirituelles. Si tu es plus favorisé que cet homme par la vérité, le besoin où il se trouve devrait te mettre au défi. Tu n'es surement pas un lâche capable d'attendre au bord de la mer en regardant périr un compagnon qui ne sait pas nager. Combien l'âme de cet homme se débattant dans l'obscurité a plus de valeur que son corps se noyant dans la mer! »

Anaxande fut profondément ému par les paroles de Jésus. Il ne tarda pas à rapporter à son supérieur ce que Jésus avait dit, et dès la soirée suivante tous deux demandèrent conseil à Jésus sur le salut de leur âme. Plus tard, après que le message chrétien eut été répand à Césarée, ces deux hommes, l'un Grec et l'autre Romain, crurent à la prédication de Philippe et devinrent membres influents de l'Église qu'il fonda. Ultérieurement, le jeune Grec fut nommé intendant d'un centurion romain nommé Cornélius, qui devint croyant par l'effet du ministère de Pierre. Anaxande continua d'apporter la lumière à ceux qui étaient dans les ténèbres jusqu'à l'époque où Paul fut emprisonné à Césarée. Anaxande mourut alors accidentellement en soignant les blessés et les mourants au cours du grand massacre où périrent vingt mille Juifs.

À ce moment-là, Ganid commençait à apprendre comment son précepteur occupait ses loisirs à ce ministère personnel inhabituel auprès de ses semblables, et le jeune Indien entreprit de découvrir le mobile de ces activités incessantes. Il demanda: « Pourquoi t'occupes-tu si constamment de rendre visite à des inconnus? »

Jésus répondit: « Ganid, nul homme n'est un étranger pour qui connaît Dieu. Dans l'expérience de trouver le Père céleste, on découvre que tous les hommes sont frères, et n'est-il pas naturel que l'on éprouve de la joie à rencontrer un frère récemment découvert? Lier connaissance avec ses frères et soeurs, connaître leurs problèmes, et apprendre à les aimer, c'est l'expérience suprême de la vie ».

Ce fut un entretien qui dura bien avant dans la nuit et au cours duquel le jeune homme demanda à Jésus de lui expliquer la différence entre la volonté de Dieu et l'acte mental humain de faire un choix, que l'on appelle aussi volonté. En substance Jésus dit: La volonté de Dieu est la voie de Dieu, et cette voie est une association avec le choix de Dieu devant chaque alternative virtuelle. Par conséquent, pour faire la volonté de Dieu, l'expérience progressive consiste à devenir de plus en plus semblable à Dieu, Dieu étant la source et la destinée de tout ce qui est bon, beau, et vrai. La volonté de l'homme est la voie de l'homme, l'essentiel de ce que le mortel choisit d'être et de faire. La volonté est le choix délibéré d'un être conscient qui lui fait adopter une ligne de conduite et des décisions basées sur la réflexion intelligente.

Au cours de cet après-midi, Jésus et Ganid avaient tous deux pris plaisir à jouer avec un chien de berger très intelligent, et Ganid voulut savoir si le chien avait une âme et une volonté. En réponse à ses questions, Jésus dit: « Le chien a une pensée qui peut connaître un homme matériel, son maître, mais ne peut connaître Dieu qui est esprit. Le chien ne possède donc pas une nature spirituelle et ne peut goûter une expérience spirituelle. Le chien peut avoir une volonté dérivée de la nature et accrue par l'entraînement, mais ce pouvoir de pensée n'est pas une force spirituelle; il n'est pas non plus comparable à la volonté humaine, attendu qu'il n'est pas réflectif -- il ne résulte pas de ce que le chien a discerné des significations supérieures et morales ou choisi des valeurs spirituelles et éternelles. C'est la possession de ce pouvoir de discerner l'esprit et choisir la vérité qui fait d'un homme un être moral, une créature dotée des attributs de la responsabilité spirituelle et du potentiel de survie éternelle ». Jésus continua en expliquant que c'est l'absence de ces pouvoirs mentaux chez les animaux qui rend impossible pour toujours au monde animal de développer un langage avec le temps, ou d'expérimenter quoi que ce soit d'équivalent à la survie de la personnalité dans l'éternité la suite de l'enseignement de cette journée, Ganid ne crut plus jamais à la transmigration des âmes humaines dans des corps d'animaux.

Le lendemain, Ganid discuta de tout cela avec son père, et en réponse à une question de Gonod, Jésus expliqua que « les volontés humaines qui s'occupent uniquement de prendre des décisions temporelles se rapportant seulement aux problèmes matériels de l'existence animale sont condamnées a périr en leur temps. Ceux qui prennent des décisions morales sincères et font des choix spirituels inconditionnels s'identifient ainsi progressivement avec l'esprit inférieur et divin, et se transforment de plus en plus en valeurs de survie éternelle -- une progression sans fin de services divins ».

Le même jour, nous entendîmes pour la première fois une vérité capitale qui, énoncée en langage moderne, signifierait: « La volonté est la manifestation de la pensée humaine qui permet à la conscience subjective de s'exprimer objectivement et de tenter l'expérience ambitieuse de ressembler à Dieu ». C'est dans ce même sens que tout être humain réfléchi et orienté vers l'esprit peut devenir créatif.

3. -- À ALEXANDRIE

Le séjour à Césarée avait été fertile en événements; quand le bateau fut prêt, Jésus et ses deux amis partirent un beau jour à midi pour Alexandrie en Égypte.

La traverse fut très agréable pour le trio jusqu'à Alexandrie. Ganid était ravi du voyage et accablait Jésus de questions. A l'approche du port de la ville, le jeune homme fut très excité par le grand phare de Pharos situé sur l'Île qu'Alexandre avait réunie à la terre ferme par une jetée, créant ainsi deux magnifiques rades qui firent d'Alexandrie le carrefour commercial maritime de l'Afrique, de l'Asie, et de l'Europe. Ce grand phare était l'une des sept merveilles du monde et le précurseur de tous les phares ultérieurs. Les voyageurs se levèrent de bon matin pour regarder ce splendide dispositif de sauvegarde des hommes. Au milieu des exclamations de Ganid, Jésus dit: « Et toi, mon fils, tu ressembleras à ce phare quand tu retourneras aux Indes, même quand ton père reposera dans la tombe. Tu deviendras une lumière de vie pour ceux qui vivent autour de toi dans les ténèbres, montrant à tous ceux qui le désirent le chemin pour atteindre en sécurité le havre du salut ». Ganid serra la main de Jésus et lui dit: « Je le ferai ».

Remarquons à nouveau que les premiers maîtres de la religion chrétienne commirent une grave erreur en dirigeant exclusivement leur attention vers les civilisations occidentales du monde romain. Les enseignements de Jésus tels qu'ils étaient conservés par les croyants mésopotamiens du premier siècle auraient été volontiers reçus par les divers groupes religieux d'Asie.

Quatre heures après avoir débarqué à Alexandrie, le trio était installé à l'extrémité est de la grande avenue, large de trente mètres et longue de huit kilomètres, qui allait jusqu'à la limite ouest de cette ville d'un million d'habitants. Après un premier aperçu sur les principales attractions de la ville -- l'université (musée), la bibliothèque, le mausolée d'Alexandre, le palais, le temple de Neptune, le théâtre, et le gymnase -- Gonod se consacra aux affaires tandis que Jésus et Ganid se rendaient à la bibliothèque, alors la plus importante du monde. Près d'un million de manuscrits étaient rassemblés là en provenance de tous les pays civilisés: la Grèce, Rome, la Palestine, la Parthie, l'Inde, la Chine, et même le Japon. Dans cette bibliothèque, Ganid vit la plus grande collection de littérature indienne du monde entier; ils y passèrent un peu de temps chaque jour durant leur séjour à Alexandrie. Jésus parla à Ganid de la traduction en grec des Écritures hébraïques, qui avait été faite en ce lieu. Ils analysèrent maintes et maintes fois toutes les religions du monde, Jésus s'efforçant de faire ressortir à ce jeune penseur la vérité contenue dans chacune d'elles et ajoutant toujours: « Mais Jéhovah est le Dieu conçu d'après les révélations de Melchizédek et l'alliance d'Abraham. Les Juifs étaient les descendants d'Abraham et occupèrent ultérieurement le pays dans lequel Melchizédek avait vécu et enseigné, et d'où il envoya des instructeurs au monde entier. En fin de compte leur religion dépeignit le Seigneur Dieu d'Israël en le reconnaissant comme Père céleste universel plus clairement que toute autre religion du monde ».

Sous la direction de Jésus, Ganid établit un recueil des enseignements de toutes les religions qui reconnaissaient une Déité Universelle, même si elles admettaient plus ou moins des divinités subordonnées. Après beaucoup de discussions, Jésus et Ganid décidèrent que la religion des Romains ne comportait pas de vrai Dieu et ne représentait guère plus qu'un culte de l'empereur. Les Grecs, conclurent-ils, avaient une philosophie, mais à peine une religion comportant un Dieu personnel. Ils rejetèrent les cultes des mystères à cause du désordre découlant de leur multiplicité, et parce que ces concepts variés de la Déité paraissaient dériver de religions différentes et plus anciennes.

Bien que ses traductions eussent été faites à Alexandrie, Ganid ne mit ses extraits définitivement en ordre et n'y ajouta ses conclusions personnelles que vers la fin de leur séjour à Rome. Il fut très surpris de découvrir que les meilleurs auteurs de la littérature sacrée du monde reconnaissaient tous plus ou moins nettement l'existence d'un Dieu éternel, et se trouvaient d'accord sur sa nature et ses rapports avec les hommes.

Jésus et Ganid passèrent beaucoup de temps au musée durant leur séjour à Alexandrie. Ce musée n'était pas un assemblage d'objets rares, mais plutôt une université de beaux-arts, de sciences, et de littérature. De doctes professeurs y donnaient journellement des conférences, et à cette époque le musée représentait le centre intellectuel du monde occidental. Jour après jour, Jésus expliquait les conférences à Ganid. Un jour, pendant la deuxième semaine, le jeune homme s'écria: « Maître Jésus, tu en sais plus que ces professeurs; tu devrais te lever et leur dire les grandes choses que tu m'as racontées. Ils réfléchissent trop et cela embrume leur pensée. Je parlerai à mon père et il arrangera cela ». Jésus sourit et dit: « Tu es un élève admiratif, mais les professeurs n'accepteraient pas que toi et moi nous les instruisions. L'orgueil de l'érudition non spirituelle est un traquenard dans l'expérience humaine. Un vrai maître maintient son intégrité intellectuelle en restant toujours un élève ».

Alexandrie était la ville où se mêlaient les cultures occidentales et, après Rome, la ville la plus étendue et la plus magnifique de la terre. C'est là que se trouvait la plus grande synagogue du monde, avec le siège administratif du sanhédrin d'Alexandrie et son conseil de soixante-dix dirigeants.

Parmi les nombreux hommes avec qui Gonod traitait des affaires se trouvait un banquier juif nommé Alexandre dont le frère, Philon, était un célèbre philosophe religieux de l'époque. Philon était chargé de la tâche louable, mais extrêmement difficile, d'harmoniser la philosophie grec et la théologie hébraïque. Ganid et Jésus s'entretinrent beaucoup des enseignements de Philon et espéraient assister à quelques-unes de ses conférences, mais durant tout leur séjour à Alexandrie ce Juif helléniste réputer fut malade et resta alité.

Sous beaucoup de rapports, Jésus fit à Ganid l'éloge de la philosophie grecque et des doctrines stoïciennes, mais il lui fit bien comprendre que ces systèmes de croyances, comme d'ailleurs les enseignements imprécis de certains compatriotes de Ganid, n'étaient des religions que dans la mesure où ils conduisaient les hommes à trouver Dieu et à profiter d'une expérience vivante en connaissant l'Éternel.

4. -- DISCOURS SUR LA RÉALITÉ

La nuit qui précéda leur départ d'Alexandrie, Ganid et Jésus eurent un long entretien avec un des professeurs du gouvernement à l'université, qui faisait un cours sur les enseignements de Platon. Jésus les interpréta pour le savant pédagogue grec, mais n'y inséra aucun enseignement de son crû réfutant la philosophie grecque. Ce soir-là, Gonod était parti à ses affaires; alors, après le départ du professeur, le précepteur et son élève eurent une longue conversation coeur à coeur sur les doctrines de Platon. Jésus donna une approbation modérée à certains enseignements grecs ayant trait à la théorie que les choses matérielles du monde étaient de vagues reflets de réalités spirituelles invisibles mais plus substantielles; toutefois, il rechercha des bases plus dignes de confiance pour les réflexions du jeune homme. Jésus commença donc une longue dissertation concernant la nature de la réalité dans l'univers. Voici en substance et en langage moderne ce que Jésus dit à Ganid:

La source de la réalité de l'univers est l'Infini. Les choses matérielles de la création finie sont les répercussions dans l'espace-temps de l'Archétype Paradisiaque et de la Pensée Universelle du Dieu éternel. Quand la causalité dans le domaine physique, la conscience de soi dans le domaine intellectuel, et l'individualité en progrès dans le domaine de l'esprit sont projetées à l'échelle universelle, conjuguées en relations éternelles, et expérimentales avec des qualités parfaites et des valeurs divines, elles constituent la réalité de l'Être Suprême. Dans l'univers toujours changeant, la Personnalité Originelle, source des causes, de l'intelligence, et de l'expérience spirituelle, reste immuable, absolue. Même dans un univers éternel de valeurs illimitées et de qualités divines, toutes choses peuvent changer et changent en effet fréquemment, sauf les Absolus et les éléments qui ont atteint le niveau absolu de statut physique, ou d'embrassement intellectuel, ou d'identité spirituelle.

Le plus haut niveau que des créatures finies puissent atteindre est la récognition du Père Universel et la connaissance du Suprême. Même alors, les êtres destinés à la finalité continuent à expérimenter des changements dans les mouvements du monde physique et dans ses phénomènes matériels. Ils restent également conscients de la progression e leur ego dans leur ascension continue de l'univers spirituel; ils se rendent compte qu'ils apprécient de plus en plus profondément la pensée cosmique et qu'ils y répondent. C'est seulement dans la perfection, l'harmonie, et une volonté unanime que les créatures peuvent s'unifier avec le Créateur; et cet état de divinité n'est atteint et maintenu que si la créature continue à vivre dans le temps et l'éternité en conformant avec persistance son vouloir personnel fini à la volonté divine du Créateur. Le désir de faire la volonté du Père doit toujours être suprême dans l'âme et dominer la pensée d'un fils ascendant de Dieu.

Un borgne ne peut jamais espérer voir le relief d'une perspective. Les savants matérialistes borgnes et les mystiques et allégoristes bornés ne peuvent non plus ni imaginer ni bien comprendre les véritables profondeurs de la réalité universelle. Toutes les vraies valeurs de l'expérience des créatures sont cachées dans la profondeur de la prise de conscience.

Une cause dépourvue de pensée ne peut transmuer ce qui est rudimentaire et simple en éléments raffinés et complexes, pas plus que l'expérience sans spiritualité ne peut transmuer la pensée matérielle des mortels du temps en caractère divin de survie éternelle. L'attribut universel qui caractérise si exclusivement la Déité infinie est le perpétuel don créatif de la personnalité capable de survivre dans l'aboutissement progressif à la Déité.

La personnalité est la dotation cosmique, la phase de réalité universelle, qui peut coexister avec des changements illimités et en même temps conserver son identité en présence de tous ces changements, et indéfiniment après eux.

La vie est une adaptation de la cause cosmique originelle aux exigences et aux possibilités des situations de l'univers; elle vient à l'existence par l'action de la Pensée Universelle et la stimulation de l'étincelle spirituelle de Dieu qui est esprit. La vie signifie adaptabilité; la valeur de la vie est son aptitude au progrès -- même qu'aux hauteurs de la conscience de Dieu.

Le défaut d'adaptation de la vie consciente à l'univers se traduit par l'inharmonie cosmique. Si la volonté personnelle diverge définitivement de la tendance des univers, cela se termine par l'isolement intellectuel, la séparation de la personnalité. La perte du pilote spirituel intérieur survient avec la cessation spirituelle de l'existence. En et par elle-même, la vie intelligente et progressive devient une preuve irréfutable de l'existence d'un univers intentionnel exprimant la volonté d'un Créateur divin; et cette vie dans son ensemble lutte pour des valeurs supérieures en ayant pour but final le Père Universel.

À part les services supérieurs et quasi-spirituels de l'intellect, la pensée de l'homme ne dépasse le niveau animal que par son degré. C'est pourquoi les animaux (ne connaissant ni culte ni sagesse) ne peuvent éprouver la super-conscience, la conscience de la conscience. La pensée animale n'est consciente que de l'univers objectif.

La connaissance est la sphère de la pensée matérielle, celle qui discerne les faits. La vérité est le domaine de l'intellect spirituellement doué qui est conscient de connaître Dieu. La connaissance est démontrable; la vérité est expérimentée. La connaissance est un attribut de la pensée; la vérité est une expérience de l'âme, de l'ego qui progresse. La connaissance est une fonction du niveau non-spirituel; la vérité est une phase du niveau mental-spirituel des univers. La vue de la pensée matérielle perçoit un monde de faits connaissables; la vue de l'intellect spiritualisé discerne un monde de vraies valeurs. Synchronisés et harmonisés, ces deux points de vue révèlent le monde de la réalité, dans lequel la sagesse interprète les phénomènes en termes d'expérience personnelle progressive.

L'erreur (le mal) est la sanction de l'imperfection. Les attributs d'imperfection ou les mauvaises adaptations se révèlent sur le niveau matériel par l'observation critique et l'analyse scientifique; elles se révèlent sur le niveau moral par l'expérience humaine. La présence du mal constitue la preuve des inexactitudes de la pensée et de l'immaturité de l'ego en évolution. Le mal est donc également une mesure de la manière imparfaite dont on interprète l'univers. La possibilité de commettre des fautes est inhérente à l'acquisition de la sagesse, qui est le plan selon lequel on progresse du partiel et du temporel vers le parachevé et l'éternel, du relatif et de l'imparfait vers le définitif et le perfectionné. L'erreur est l'ombre de l'inachèvement relatif qui doit nécessairement barrer la route universelle ascendante des hommes vers la perfection du Paradis. L'erreur (le mal) n'est pas une caractéristique réelle de l'univers; c'est simplement l'observation d'une relativité dans les rapports du fini incomplet avec les niveaux ascendants du Suprême et de l'Ultime.

Bien que Jésus eût exposé tout cela dans le langage le plus approprié à la compréhension de Ganid, celui-ci avait les paupières lourdes à la fin de la discussion et sombra bientôt dans le sommeil. Le lendemain matin, ils se levèrent de bonne heure pour monter à bord du bateau partant pour Lasée, dans l'Île de Crète, mais avant de s'embarquer le garçon avait encore posé sur le mal de nouvelles questions auxquelles Jésus répondit:

Le mal est un concept relatif. Il naît de l'observation des imperfections qui apparaissent dans l'ombre projetée par un univers fini de choses et d'êtres quand ce cosmos obscurcit la lumière vivante qui exprime universellement les réalités éternelles de l'Être Infini.

Le mal potentiel est inhérent au caractère nécessairement incomplet de Dieu en tant qu'expression de l'infinité et de l'éternité limitées par l'espace-temps. Le fait de l'élément partiel en présence du total parachevé constitue la relativité de la réalité. Il crée la nécessité de choisir intellectuellement; il établit des niveaux de valeurs où l'on reconnaît l'esprit et où l'on est sensible à l'esprit. Le concept fini et incomplet de l'Infini conçu par la pensée temporelle et limitée des créatures constitue, en lui-même et par lui-même, le mal potentiel. Quand on s'abstient, sans justification, de rectifier spirituellement par la raison les inharmonies intellectuelles et les insuffisances spirituelles originellement inhérentes à l'incomplet, on accroît l'erreur, et cela équivaut à manifester le mal réel.

Tous les concepts statiques et morts sont potentiellement mauvais. L'ombre finie de la vérité relative et vivante se déplace continuellement. Les conceptions statiques retardent invariablement la science, la politique, la société, et la religion. Elles peuvent représenter une certaine connaissance, mais elles sont déficientes en sagesse et dépourvues de vérité. Ne permettez pas au concept de relativité de vous égarer au point vous empêcher de reconnaître la coordination de l'Univers sous la gouverne de la pensée cosmique, et son contrôle stabilisé par l'énergie et l'esprit du Suprême.

5. -- DANS L'ÎLE DE CRÈTE

En se rendant en Crète, les voyageurs n'avaient d'autre but que de se distraire, de se promener dans l'île, et d'escalader les montagnes. Les Crétois de ce temps-là ne jouissaient pas d'une réputation enviable parmi les peuples voisins. Jésus et Ganid amenèrent néanmoins beaucoup d'âmes à rehausser leur niveau de pensée et de vie, et jetèrent ainsi les bases d'un prompt accueil ultérieur de l'évangile au moment où les premiers prédicateurs arrivèrent de Jérusalem pour les enseigner. Jésus aimait ces Crétois, malgré les rudes paroles que Paul prononça plus tard à leur sujet quand il envoya Tite dans l'île pour réorganiser leurs Églises.

Sur le versant d'une montagne de Crète, Jésus eut son premier long entretien avec Gonod au sujet de la religion. Le père fut très impressionné et dit: « Rien d'étonnant a ce que le garçon croie tout ce que tu lui dis, mais je ne savais pas qu'il y eût une telle religion à Jérusalem, et encore moins à Damas ». Ce fut pendant ce séjour en Crète que Gonod proposa pour la première fois à Jésus de retourner avec eux aux Indes, et Ganid fut ravi à l'idée que Jésus pourrait consentir à cet arrangement.

Ganid demanda un jour à Jésus pourquoi il ne s'était pas consacré à la tâche d'éducateur public, et Jésus dit: « Mon fils, chaque chose doit venir en son temps. Tu es né dans le monde, mais nulle somme d'anxiété et nulle manifestation d'impatience ne t'aideront à grandir. En tout cela tu dois laisser faire le temps. Le temps seul fait mûrir le fruit vert sur l'arbre. Les saisons ne succèdent aux saisons et le coucher du soleil ne succède à son lever qu'avec l'écoulement du temps. Je suis maintenant sur le chemin de Rome avec toi et ton père, et cela suffit pour aujourd'hui. Mon lendemain est entièrement entre les mains de mon Père céleste ». Puis il raconta à Ganid l'histoire de Moïse et de ses quarante années d'attente vigilante et de préparation continue.

Pendant la visite à Beaux-Ports (1) il se produisit un incident que Ganid n'oublia jamais. Le souvenir de cet épisode éveilla toujours en lui le désir de faire quelque chose pour changer le système des castes de son Inde natale. Un ivrogne dégénéré attaqua une jeune esclave sur la voie publique. Quand Jésus vit la triste situation de la fillette, il s'élança et l'éloigna de cet agresseur insensé. Tandis que l'enfant effrayée s'accrochait à lui, et par le seul pouvoir de son bras droit tendu, il tint le furieux à distance respectueuse jusqu'à ce que le misérable se fût épuisé en donnant tous ses coups dans le vide. Ganid se sentit fortement poussé à aider Jésus dans le règlement de cette affaire, mais son père le lui interdit. Bien qu'ils ne parlassent pas le langage de la fillette, celle-ci pouvait comprendre leur acte de pitié et leur témoigna sa profonde reconnaissance pendant que tous trois la raccompagnaient chez elle. Durant toute sa vie incarnée, Jésus ne fut probablement jamais aussi près de lutter corps à corps avec l'un de ses contemporains. Ce soir-là, il eut une tâche difficile quand il essaya d'expliquer à Ganid pourquoi il n'avait pas frappé l'ivrogne. Ganid estimait que cet homme aurait dû recevoir au moins autant de coups qu'il en avait donné à la fillette.

  (1) Beaux-Ports ou Bons-Ports, près de Lasée en Crète. Actes XXVII-8.

6. -- LE JEUNE HOMME QUI AVAIT PEUR

Pendant qu'ils séjournaient en montagne, Jésus eut un long entretien avec un jeune homme qui était craintif et déprimé. Faute de trouver réconfort et courage dans la fréquentation de ses camarades, le jeune homme avait recherché la solitude des hauteurs; il avait grandi avec un complexe d'impuissance et d'infériorité. Ces tendances naturelles avaient été accrues par nombre d'épreuves que le jeune garçon avait subies au cours de sa croissance, notamment la perte de son père quand il avait douze ans. Lorsqu'ils le rencontrèrent, Jésus dit: « Salut, mon ami, pourquoi es-tu si abattu en un si beau jour? S'il est arrivé quelque chose te désole, peut-être puis-je t'aider de quelque manière. En tous cas j'éprouve un réel plaisir à t'offrir mes services ».

Le jeune homme était peu disposé à parler. Jésus prit donc une seconde fois contact avec son âme en disant: « Je comprends que tu montes dans ces montagnes pour fuir les gens; il est donc naturel que tu ne désires pas t'entretenir avec moi, mais j'aimerais savoir si tu es un familier de ces lieux. Connais-tu la direction de ces pistes? Et pourrais-tu par hasard m'indiquer le meilleur chemin pour se rendre à Phénix? » Or le jeune homme connaissait bien les montagnes; il s'intéressa tellement à indiquer à Jésus le chemin de Phénix qu'il dessina tous les sentiers sur le sol en donnant force détails. Mais il fut effrayé et intrigué quand Jésus, après lui avoir dit au revoir et fait semblant de prendre congé, se tourna subitement vers lui en disant: « Je sais très bien que tu désires être laissé seul avec ta tristesse; mais il ne serait ni aimable ni juste de ma part de recevoir de toi une aide si généreuse pour trouver le meilleur chemin vers Phénix, et ensuite de te quitter avec insouciance sans avoir fait le moindre effort pour répondre à ton appel intérieur. Tu as besoin d'aide et de directives au sujet de la meilleure route vers le but de la destinée que tu recherches dans ton coeur, tandis que tu t'attardes ici à flanc de coteau. De même que tu connais bien les sentiers conduisant à Phénix pour les avoir parcourus maintes fois, de même moi je connais bien le chemin de la cité de tes espoirs déçus et de tes ambitions contrariées. Et puisque tu m'as appelé à l'aide, je ne te décevrai pas ». Le jeune homme fut stupéfait; il réussit cependant à balbutier: « Mais -- je ne t'ai rien demandé ». Alors Jésus, posant sur son épaule une main légère, répondit: « Non mon fils, pas avec des mots, mais tu as fait appel a mon coeur avec des regards exprimant un désir ardent. Mon enfant, pour celui qui aime ses semblables il y a un éloquent appel à l'aide dans ton expression de découragement et de désespoir. Assieds-toi près de moi pendant que je te parlerai des sentiers du service humain et des grandes routes du bonheur qui mènent des chagrins personnels aux joies des activités bienveillantes dans la confraternité des hommes et dans le service du Dieu céleste ».

Alors le jeune homme désira vivement causer avec Jésus; il tomba à ses pieds, le suppliant de l'aider, de lui montrer le chemin pour s'évader de son monde de chagrins et d'échecs personnels. Jésus dit: « Mon ami, lève-toi! Tiens-toi debout comme un homme. Tu peux être entouré d'ennemis mesquins et être retardé par un grand nombre d'obstacles, mais les choses importantes et réelles de ce monde et de l'univers sont à ta portée. Le soleil se lève chaque matin pour te saluer, exactement comme il le fait pour l'homme le plus puissant et le plus heureux de la terre. Regard -- tu as un corps robuste et des muscles vigoureux -- tes facultés physiques sont supérieures à la moyenne. Naturellement tout cela est à peu près inutile tant que tu restes assis ici sur le flanc de la montagne et que tu te lamentes sur tes malheurs, vrai et imaginaires. Tu pourrais faire de grandes choses avec ton corps si tu voulais te hâter vers les endroits où de grandes choses attendent d'être faites. Tu essayes de fuir ta personnalité malheureuse, mais cela ne peut se faire. Toi et tes problèmes de vie sont réels; tu ne peux leur échapper tant que tu restes vivant. Mais regarde encore, ton intelligence est claire et capable. Ton corps robuste a une pensée intelligente pour le diriger. Fais travailler ton cerveau à résoudre tes problèmes, apprends à ton intellect à travailler pour toi. Refuse d'être dominé plus longtemps par la peur comme un animal sans discernement. Ta pensée doit être ton alliée courageuse pour résoudre les problèmes de ta vie; cesse plutôt d'être, comme tu l'as été, son pitoyable esclave épeuré et le valet du découragement et de la défaite. Plus précieux que tout, ton potentiel d'accomplissement effectif est l'esprit qui vit en toi; il stimulera et inspirera ta pensée pour qu'elle se contrôle elle-même et anime ton corps si tu veux le libérer des entraves de la peur; tu rendras ainsi ta nature spirituelle capable de te délivrer peu à peu des maux de l'oisiveté grâce au pouvoir de la foi vivante. Alors cette foi vaincra aussitôt ta peur des hommes par l'irrésistible présence de ce nouvel et omnipotent amour de tes semblables, qui remplira bien vite ton âme à déborder parce que tu auras pris conscience dans ton coeur que tu es un enfant de Dieu.

Aujourd'hui, mon fils, tu dois naître à nouveau, raffermi en tant qu'homme de foi et de courage, consacré au service des hommes pour l'amour de Dieu. Quand tu seras ainsi réadapté en toi-même à la vie, tu seras également réadapté à l'univers; tu seras né de nouveau -- né de l'esprit -- et désormais toute ta vie ne sera plus qu'un accomplissement victorieux. Les malheurs te fortifieront, les déceptions t'éperonneront, les difficultés te poseront des défis, et les obstacles te stimuleront. Lève-toi jeune homme! Dis adieu à la vie de peur servile et de fuite lâche. Retourne vite à ton devoir et vis ta vie charnelle comme un fils de Dieu, un mortel s'ennoblissant au service de l'humanité et destiné au magnifique et perpétuel service de Dieu dans l'éternité ».

Ce jeune homme, nommé Fortuné, devint lus tard le chef des chrétiens en Crète et le compagnon intime de Tite dans ses efforts pour élever l'âme des croyants crétois.

Les voyageurs étaient vraiment frais et disposé quand un beau jour à midi ils se préparèrent à faire voile pour Carthage, en Afrique du Nord, en s'arrêtant deux jours à Cyrène. C'est là que Jésus et Ganid donnèrent les premiers soins à un garçon nommé Rufus, qui avait été blessé par l'écroulement d'un char à boeufs lourdement chargé. Ils ramenèrent le garçon à la maison de sa mère; quant à son père, Simon, il ne se douta guère que l'homme dont il porta plus tard la croix, sur ordre d'un soldat romain, était l'étranger qui avait jadis secouru son fils (1).

  (1) Matthieu XXVII-32; Marc XV-21; Luc XXIII-26.  

7. -- À CARTHAGE - DISCOURS SUR LE TEMPS ET L'ESPACE

Durant la traversée vers Carthage, Jésus passa la majeure partie de son temps à s'entretenir avec ses compagnons de voyage de questions sociales, politiques, et commerciales, mais le sujet de la religion ne fut presque pas abordé. Pour la première fois, Gonod et Ganid découvrirent que Jésus était un bon narrateur d'histoires et s'employèrent à lui faire raconter des récits concernant le début de sa vie en Palestine. Ils apprirent ainsi qu'il avait été élevé en Galilée, et non à Jérusalem ni à Damas.

Ayant remarqué que la majorité des personnes qu'ils avaient recentrées était attirée par Jésus, Ganid s'enquit de savoir comment on pouvait se faire des amis, et son instructeur lui dit: « Intéresse-toi à tes semblables; apprends à les aimer et guette l'occasion de faire pour eux une chose dont tu es sûr qu'ils la désirent ». Puis il cita le vieux proverbe juif: « Un homme qui souhaite avoir des amis doit lui-même se montrer amical ».

À Carthage, Jésus eut un long et mémorable entretien avec un prêtre mithriaque sur l'immortalité, le temps, et l'éternité. Ce Persan avait été éduqué à Alexandrie et désirait réellement que Jésus l'enseignât. Traduite en langage moderne, la réponse de Jésus à ses nombreuses questions fut en substance la suivante:

Le temps est le courant du flot des événements temporels perçus par la conscience des créatures. Le temps est un nom donné à la succession des événements, qui permet de les reconnaître et de les séparer. L'univers physique est un phénomène relié au temps quand on l'observe d'une position inférieure quelconque en dehors de la demeure fixe du Paradis. Le mouvement du temps ne se révèle que par rapport à une chose qui ne se déplace pas dans l'espace comme un phénomène dépendant du temps. Dans l'univers des univers, le Paradis et ses Déités transcendent à la fois le temps et l'espace. Sur les planètes évolutionnaires, la personnalité humaine (habitée et orientés par l'esprit du Père céleste) est la seule réalité reliée au domaine physique qui puisse transcender la séquence matérielle des événements temporels.

Les animaux n'ont pas le sens du temps comme les hommes, et même pour un homme, à cause de son point de vue fragmentaire et circonscrit, le temps apparaît comme une succession d'événements. Mais à mesure que l'homme s'élève, qu'il progresse intérieurement, le panorama de cette procession d'événements s'agrandit de sorte qu'il en discerne de mieux en mieux l'ensemble. Ce qui apparaissait précédemment comme une succession d'événements sera considéré alors comme un cycle entier et parfaitement cohérent. De cette manière, l'ancienne conscience de la séquence linéaire des événements est de plus en plus remplacée par la simultanéité circulaire.

Il y a sept conceptions différentes de l'espace tel qu'il est conditionné par le temps. L'espace se mesure par le temps et non le temps par l'espace. Les savants s'embrouillent faute de reconnaître la réalité de l'espace. L'espace n'est pas seulement un concept intellectuel de la variation dans la connexité des objets de l'univers. Il n'est pas vide, et la pensée est la seule chose connue des hommes qui puisse même partiellement transcender l'espace. La pensée peut fonctionner indépendamment du concept de la connexité spatiale des objets matériels. L'espace est relativement et comparativement fini pour tous les êtres ayant statut de créatures. Plus la conscience s'approche de la notion des sept dimensions cosmiques, plus le concept d'espace potentiel s'approche de l'ultimité; mais le potentiel d'espace n'est vraiment ultime que sur le niveau absolu.

Il apparaît clairement que la réalité universelle a une signification en expansion et toujours relative sur les niveaux cosmiques d'ascension et de perfectionnement. En fin de compte, les mortels survivants parviennent à l'identité dans un univers à sept dimensions.

Le concept espace-temps d'un penseur d'origine matérielle est destiné à subir des expansions successives à mesure que la personnalité consciente qui le conçoit s'élève sur les niveaux successifs de l'univers. Quand l'homme atteint la pensée intermédiaire entre le plan matériel et le plan spirituel d'existence, ses idées sur l'espace-temps sont considérablement agrandies quant à leur qualité de perception et à leur somme d'expérience. Les conceptions cosmiques croissantes d'une personnalité spirituelle qui progresse sont dues à une profondeur de clairvoyance et à un champ de conscience tous deux accrus.

À mesure que la personnalité s'élève intérieurement aux niveaux transcendantaux de ressemblance avec la Déité, son concept de l'espace-temps se rapproche de plus en plus des concepts dépourvus de temps et d'espace des Absolus. Relativement et selon leurs accomplissements transcendantaux, les enfants de la destinée ultime devront avoir une notion de ces concepts du niveau absolu.

8. -- SUR LE CHEMIN DE NAPLES ET DE ROME

Le premier arrêt sur le chemin de l'Italie était à l'île de Malte. Jésus y eut une longue conversation avec un jeune homme déprimé et découragé nomme Claudus. Ce garçon avait envisagé de se tuer, mais quand il eut fini de s'entretenir avec le scribe de Damas il dit: « J'affronterai la vie comme un homme; j'en ai fini de faire le lâche, je vais retourner vers les miens et tout recommencer ». Peu après il devint un prédicateur enthousiaste des Cyniques, et plus tard il se joignit à Pierre pour proclamer le christianisme à Rome et à Naples. Après la mort de Pierre, il alla en Espagne pour prêcher l'évangile, mais il ne sut jamais que l'homme qui l'avait inspiré à Malte était le même Jésus que, par la suite, il proclama libérateur du monde.

À Syracuse, ils passèrent une semaine entière. Là, l'événement marquant de leur séjour fut la réhabilitation d'Ezra, le Juif relaps qui tenait la taverne où Jésus et ses compagnons s'étaient arrêtés. Ezra fut charmé par sa prise de contact avec Jésus et lui demanda de l'aider à revenir à la foi d'Israël. Il exprima son désespoir en disant: « Je voudrais être un vrai fils d'Abraham, mais je ne peux trouver Dieu ». Jésus dit: « Si tu veux vraiment trouver Dieu, ce désir est en lui-même la preuve que tu l'as déjà trouvé. Ta peine n'est pas ton incapacité de trouver Dieu, car le Père t'a déjà trouvé; elle provient simplement de ce que tu ne connais pas Dieu. N'as-tu pas lu dans le prophète Jérémie: Tu me chercheras et tu me trouveras quand tu me chercheras de tout ton coeur? Et encore, le même prophète n'a-t-il pas dit: Je te donnerai un coeur pour me connaître, car je suis le Seigneur, et tu appartiendras à mon peuple, et je serai ton Dieu? Et n'as-tu pas lu le passage des Écritures où il est dit: il abaissera son regard sur les hommes, et si quelqu'un d'entre eux accepte de dire: J'ai péché et perverti ce qui était bon, et cela ne m'a pas profité, alors Dieu délivrera des ténèbres l'âme de cet homme, et il verra la lumière? » Alors Ezra trouva Dieu, et son âme fut satisfaite. Plus tard, en association avec un riche prosélyte grec, ce Juif bâtit la première église chrétienne à Syracuse.

Ils ne s'arrêtèrent qu'un jour à Messine, mais ce fut assez pour changer la vie d'un jeune garçon, un vendeur de fruits; Jésus lui acheta des fruits et, en retour, le nourrit avec, le pain de vie (1). Le garçon n'oublia jamais les paroles et la bonté du regard qui les accompagnait quand Jésus posa sa main sur son épaule et dit « Adieu, mon garçon, aie bon courage pendant que tu grandis jusqu'à l'âge d'homme; après avoir nourri le corps, apprends également à nourrir l'âme. Mon Père céleste sera avec toi et marchera devant toi. Le garçon devint un adepte de la religion mithriaque et plus tard se convertit à la foi chrétienne.

  (1) Jean VI-35 et 48.

Enfin ils atteignirent Naples et eurent le sentiment qu'ils n'étaient pas loin de leur destination, Rome. Gonod avait beaucoup d'affaires à traiter à Naples; en dehors des moments où il avait besoin de Jésus comme interprète, Ganid et Jésus employèrent leurs loisirs à visiter et à explorer la ville. Ganid devenait expert a déceler ceux qui paraissaient avoir besoin d'aide. Ils trouvèrent beaucoup de misère dans la ville et distribuèrent de nombreuses aumônes, mais Ganid ne comprit jamais le sens des paroles de Jésus lorsqu'il le vit donner dans la rue une pièce de monnaie à un mendiant et refuser de réconforter l'homme. Jésus dit:  « Pourquoi parler en pure perte à un individu incapable de percevoir la signification de ce que tu dis? L'esprit du Père ne peut instruire et sauver une âme inapte à la filiation ». Jésus voulait dire que l'homme n'avait pas une intelligence normale, qu'il lui manquait la capacité de répondre aux directives de l'esprit.

À Naples, il n'y eut pas d'expérience marquante; Jésus et le jeune homme parcoururent la ville à fond et distribuèrent des encouragements par beaucoup de sourires à des centaines d'hommes, de femmes, et d'enfants.

De là ils prirent la route de Rome par Capoue, où ils s'arrêtèrent trois jours. Par la voie Appienne, ils marchèrent vers Rome à côte leurs bêtes de somme, tous trois avides de voir cette maîtresse d'un empire, la plus grande ville du monde entier.

 

129. Suite de la vie d'adulte de Jésus

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Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Created: 04 December 2025

SUITE DE LA VIE D'ADULTE DE JÉSUS

Jésus s'était complètement et définitivement dissocié de la direction des affaires domestiques de sa famille de Nazareth et de l'autorité directe sur ses membres. Il continua jusqu'à son baptême à contribuer aux finances familiales et à prendre un vif intérêt personnel au bonheur spirituel de chacun de ses frères et soeurs. Il était toujours prêt à faire tout ce qui était humainement possible pour le réconfort et la prospérité de sa mère devenue veuve.

Le Fils de l'Homme avait maintenant tout préparé pour se détacher d'une façon définitive du foyer de Nazareth, non sans chagrin pour lui. Jésus aimait naturellement son entourage, il aimait sa famille, et cette affection naturelle avait été très augmentée par son extraordinaire dévouement envers elle. Plus nous nous donnons à nos compagnons, plus nous en venons à les aimer; Jésus s'était complètement donné aux siens et les aimait donc d'une grande et fervente affection.

Toute la famille avait peu à peu pressenti que Jésus prenait des dispositions pour la quitter. La tristesse de la séparation envisagée n'était atténuée que par la manière graduelle dont le frère-père les préparait a l'annonce de son intention de partir. Pendant plus de quatre ans, ils discernèrent qu'il projetait cette séparation finale.

1. -- LA VINGT-SEPTIÈME ANNÉE (AN 21)

Au mois de janvier de l'an 21, par une pluvieuse matinée de dimanche, Jésus prit discrètement congé des membres de sa famille, expliquant seulement qu'il allait à Tibériade et, de là, visiter d'autres villes proches de la mer de Galilée. Il les quitta ainsi, et jamais plus il ne fréquenta régulièrement leur foyer.

Il passa une semaine à Tibériade, la nouvelle ville qui devait bientôt succéder à Séphoris comme capitale de la Galilée. Trouvant peu d'intérêt à cette ville, il passa successivement par Magdala et Bethsaïde pour aller à Capharnaüm, où il s'arrêta pour rendre visite à Zébédée, l'ami de son père. Zébédée construisait des bateaux, et ses fils étaient pêcheurs. Jésus de Nazareth était un dessinateur et un constructeur expert; il était passé maître dans le travail du bois, et Zébédée connaissait de longue date l'habileté de l'artisan de Nazareth. Depuis longtemps, Zébédée avait envisagé de faire de meilleurs bateaux; il montra alors ses plans à Jésus et invita le charpentier visiteur de se joindre à lui dans l'entreprise. Jésus y consentit volontiers.

Jésus ne travailla avec Zébédée qu'un peu plus d'un an, mais pendant ce temps-là il créa un nouveau type de bateau et mit sur pied des méthodes entièrement nouvelles pour en construire. Par une technique supérieure et une grande amélioration dans les procédés pour étuver les planches, Jésus et Zébédée commencèrent a construire des bateaux d'un type très supérieur, qui offraient beaucoup plus de sécurité que les anciens pour la navigation à voile sur le lac. Pendant plusieurs années, Zébédée reçut plus de commandes de ces bateaux nouveau modèle que son atelier n'en pouvait mettre en chantier. En moins de cinq ans, pratiquement tous les bateaux naviguant sur le lac avaient été construits dans les chantiers de Zébédée à Capharnaüm. Jésus fut bientôt connu du peuple des pêcheurs galiléens comme l'inventeur de ce nouveau type de bateaux.

Zébédée était moyennement fortuné. Ses chantiers se trouvaient au bord du lac au sud de Capharnaüm, et sa maison était située sur la rive du lac près du centre de pêche de Bethsaïde. Jésus vécut dans la maison de Zébédée pendant son séjour de plus d'un an à Capharnaüm. Il avait longtemps travaillé seul dans le monde, c'est-à-dire sans son père, et il apprécia cette période de travail avec un partenaire paternel.

La femme de Zébédée, Salomé, était parente d'Annas qui avait été grand-prêtre à Jérusalem et restait le membre le plus influent du groupe des sadducéens, car il avait été mis à la retraite depuis huit ans seulement. Salomé devint une grande admiratrice de Jésus. Elle l'aimait autant que ses propres fils Jacques, Jean, et David, tandis que ses quatre filles le considéraient comme leur frère aîné. Jésus allait souvent pêcher avec Jacques, Jean, et David, qui constatèrent que Jésus était aussi expérimenté comme pêcheur qu'habile comme constructeur de bateaux.

Pendant toute cette année, Jésus envoya chaque mois de l'argent à son frère Jacques. Il revint à Nazareth en octobre pour assister au mariage de Marthe. Ensuite il ne retourna plus à Nazareth pendant deux ans, jusqu'au double mariage de Simon et de Jude.

Durant toute l'année, Jésus construisit des bateaux et continua d'observer comment les hommes vivaient sur terre. Il allait fréquemment rendre visite au caravansérail, car la route directe de Damas vers le sud passait par Capharnaüm. La ville était un important poste militaire romain, et l'officier qui commandait la garnison était un Gentil croyant à Jéhovah, « un homme dévot » comme les Juifs avaient coutume de désigner ces prosélytes. Cet officier appartenait à une riche famille romaine, et il prit sur lui de bâtir une belle synagogue à Capharnaüm; il l'avait offerte aux Juifs peu de temps avant que Jésus ne vint vivre chez Zébédée. Jésus dirigea les offices dans la nouvelle synagogue pendant plus de la moitié de l'année; quelques caravaniers qui assistèrent par hasard se rappelèrent qu'il était le charpentier de Nazareth.

Quand arriva le moment de payer les impôts, Jésus s'inscrivit comme «artisan qualifié » de Capharnaüm. Depuis ce jour là et jusqu'à la fin de sa vie terrestre, il fut connu comme un habitant de Capharnaüm. Il ne se prévalut jamais d'aucune autre résidence légale bien que, pour diverses raisons, il ait permis à d'autres de le domicilier à Damas, à Béthanie, à Nazareth, ou même à Alexandrie.

À la synagogue de Capharnaüm, il trouva beaucoup de nouveaux livres dans les rayons de la bibliothèque et passa au moins cinq soirées par semaine à des études intensives. Il consacrait une soirée a la vie sociale avec les gens âgés, et en passait une autre avec la jeunesse. Il y avait dans la personnalité de Jésus quelque chose d'affable et d'inspirant qui attirait invariablement les jeunes. Ils se sentaient toujours à l'aise en sa présence. Son grand secret pour s'entendre avec eux tenait peut-être au double fait qu'il s'intéressait toujours à leurs occupations, tout en donnant rarement des conseils sans qu'on les lui ait demandés.

La famille de Zébédée avait presque de l'adoration pour Jésus; elle ne manquait jamais d'écouter les causeries avec questions et réponses qu'il dirigeait chaque soir après le souper, avant de partir étudier à la synagogue. La jeunesse du voisinage venait fréquemment aussi assister à ces réunions d'après-souper. À ces petits rassemblements, Jésus donnait un enseignement varié et avancé, juste le plus évolué que les auditeurs puissent comprendre. Il parlait tout à fait franchement avec eux, exposait ses idées et ses idéaux sur la politique, la sociologie la science, et la philosophie, mais jamais il ne prétendait parler avec une autorité finale sauf quand il analysait la religion -- les rapports de l'homme avec Dieu.

Une fois par semaine, Jésus tenait une réunion avec toute la maisonnée, le personnel de l'atelier, et celui des chantiers, car Zébédée avait beaucoup d'ouvriers. Ces travailleurs furent les premiers à appeler Jésus        « le Maître ». Tout le monde l'aimait. Son travail à Capharnaüm avec Zébédée lui plaisait, mais la présence des enfants jouant à côté de l'atelier du charpentier de Nazareth lui manquait.

De tous les fils de Zébédée, c'était Jacques qui s'intéressait le plus à Jésus en tant que pédagogue et philosophe. Jean préférait son enseignement et ses opinions sur la religion, David le respectait comme artisan, mais faisait peu de cas de ses vues religieuses et de ses enseignements philosophiques.

Jude venait fréquemment le jour du sabbat pour entendre Jésus parler à la synagogue et restait pour lui faire une visite. Plus Jude voyait agir son frère aîné, plus il se persuadait que Jésus était vraiment une grande figure.

Cette année-là, Jésus fit de grands progrès dans la maîtrise ascendante de la pensée humaine et atteignit des niveaux élevés et nouveaux de contact conscient avec son Ajusteur de Pensée intérieur.

Ce fut sa dernière année de vie stable. Jamais plus Jésus ne resta une année entière au même endroit ou dans la même entreprise. Le moment de ses pèlerinages terrestres approchait rapidement; des périodes d'activité intense n'étaient pas éloignées dans l'avenir mais, entre sa vie simple et fort remplie du passé et son ministère public encore plus actif et ardu, quelques années allaient maintenant s'intercaler où il voyagerait beaucoup et où son activité personnelle serait hautement diversifiée. Il lui fallait compléter sa formation en tant qu'homme du royaume avant de pouvoir aborder sa carrière d'enseignement et de prédication en tant qu'homme-Dieu perfectionné des phases divines et post-humaines de son effusion sur Urantia.

2. -- LA VINGT-HUITIÈME ANNÉE (AN 22)

En mars de l'an 22, Jésus prit congé de Zébédée et de Capharnaüm. Il demanda une petite somme d'argent pour couvrir ses frais de voyage jusqu'à Jérusalem. Pendant qu'il travaillait chez Zébédée il n'avait prélevé sur son crédit que les faibles montants envoyés mensuellement à sa famille de Nazareth. Un mois c'était Joseph qui venait à Capharnaüm prendre l'argent de Jésus et l'emporter à Nazareth; le mois suivant c'était Jude, dont le centre de pêche se trouvait à quelques kilomètres seulement au sud de Capharnaüm.

Quand Jésus quitta la famille de Zébédée, il fut d'accord pour rester à Jérusalem jusqu'à la Pâque, et eux promirent d'être tous présents à cet événement. Ils convinrent même de célébrer ensemble le souper de la Pâque. Ils furent tous très attristés par le départ de Jésus, spécialement les filles de Zébédée.

Avant de quitter Capharnaüm, Jésus eut une longue conversation avec son nouvel ami et compagnon intime, Jean Zébédée. Il dit à Jean qu'il envisageait de beaucoup voyager jusqu'à ce que « mon heure soit venue », et il demanda à Jean d'agir à sa place pour envoyer chaque mois un peu d'argent à la famille de Nazareth jusqu'à l'épuisement des fonds dont on lui restait redevable. Jean lui fit cette promesse: « Mon Maître, vaque à tes affaires et fais ton travail dans ce monde. J'agirai pour toi en ceci comme en toute autre manière; je veillerai sur ta famille comme si je devais entretenir ma propre mère et m'occuper de mes propres frères et soeurs. Je disposerai de ta créance sur mon père comme tu me l'as indiqué et selon les nécessités. Quand ton argent aura été dépensé, si je n'en reçois pas de toi et si ta mère est dans le besoin, alors je partagerai mes propres gains avec elle. Va en paix. J'agirai à ta place en toutes ces affaires ».

Après le départ de Jésus pour Jérusalem, Jean consulta donc son père Zébédée au sujet de l'argent dû à Jésus et fut surpris que le montant en fût si élevé. Comme Jésus avait laissé l'affaire entièrement entre leurs mains, ils convinrent que le meilleur plan était d'investir ces fonds en immeubles et d'en employer le revenu à aider la famille de Nazareth. Zébédée connaissait une petite maison de Capharnaüm qui était hypothéquée et à vendre; il recommanda à Jean de l'acheter avec l'argent de Jésus et de la détenir en fidéicommis pour son ami. Jean fit ce que son père lui avait conseillé. Pendant deux ans, le revenu de la maison fut affecté à rembourser l'hypothèque. En y ajoutant une importante somme d'argent que Jésus envoya bientôt à Jean pour être employée aux besoins de la famille, ce fut presque suffisant pour couvrir le montant de l'achat. Zébédée fournit la différence, de sorte que Jean paya le restant de l'hypothèque à l'échéance, acquérant ainsi la pleine propriété de cette petite maison de deux pièces. De cette manière, Jésus devint propriétaire d'une maison à Capharnaüm, mais on ne le lui avait pas dit.

Quand les membres de la famille de Nazareth apprirent que Jésus avait quitté Capharnaüm, et faute de connaître l'arrangement financier pris avec Jean, ils crurent que le moment était venu pour eux de se tirer d'affaire sans plus compter sur l'aide de Jésus. Jacques se rappela son accord avec Jésus et, avec l'aide de ses frères, il assuma aussitôt la pleine responsabilité des charges de la famille.

Revenons maintenant en arrière pour observer Jésus à Jérusalem. Pendant près de deux mois, il passa la plus grande partie de son temps à écouter les discussions au temple et à faire des visites occasionnelles aux différentes écoles de rabbins. Il passa à Béthanie la plupart des jours de sabbat.

Jésus avait emporté avec lui à Jérusalem une lettre de la femme de Zébédée pour l'ancien grand-prêtre Annas, dans laquelle Salomé présentait comme « l'un de mes propres fils ». Annas lui consacra beaucoup de temps et l'emmena personnellement visiter les nombreuses académies des éducateurs religieux de Jérusalem. Jésus inspecta à fond ces écoles et observa soigneusement leurs méthodes d'enseignement, mais ne posa pas la moindre question en public. Bien qu'Annas considérât Jésus comme un grand homme, il était perplexe pour le conseiller. Il reconnaissait qu'il serait stupide de lui suggérer d'entrer comme étudiant dans l'une des écoles de Jérusalem, et cependant il savait bien que l'on n'accorderait jamais à Jésus le statut d'un pédagogue de carrière, faute d'avoir été formé dans ces écoles.

Le moment de la Pâque approchait et, parmi la foule venant de partout, Zébédée et toute sa famille arrivèrent de Capharnaüm à Jérusalem. Ils descendirent tous dans la spacieuse maison d'Annas où ils célébrèrent la Pâque comme une famille heureuse et unie.

Avant la fin de la semaine de la Pâque, et apparemment par hasard, Jésus rencontra un riche voyageur et son fils, un jeune homme d'environ dix-sept ans. Ces voyageurs venaient des Indes, et comme ils allaient visiter Rome et divers autres points de la Méditerranée, ils avaient combiné d'arriver à Jérusalem pendant la Pâque, espérant trouver quelqu'un qu'ils pourraient engager à la fois comme interprète pour eux deux et comme précepteur pour le fils. Le père insista pour que Jésus consentit à voyager avec eux. Jésus lui parla de sa famille et lui dit qu'il était bien délicat de partir au loin pour presque deux années pendant lesquelles les siens pourraient se trouver dans le besoin. Sur ce, le voyageur venu de l'Orient proposa d'avancer à Jésus le salaire d'une année afin qu'il puisse confier ces fonds à ses amis pour préserver sa famille de la gêne, et Jésus accepta de faire le voyage.

Jésus remit cette importante somme a Jean, le fils de Zébédée. Vous savez comment Jean employa cet argent pour liquider l'hypothèque sur la propriété de Capharnaüm. Jésus mit Zébédée entièrement dans la confidence de ce voyage méditerranéen, mais lui enjoignit de n'en parler à personne, pas même a ceux de sa chair et de son sang. Zébédée ne révéla jamais qu'il connaissait les lieux de séjour de Jésus durant cette longue période de presque deux ans. Avant que Jésus ne rentrât de ce voyage, la famille de Nazareth était sur le point de le considérer comme décédé. Seules les assurances de Zébédée, qui vint à Nazareth à plusieurs occasions avec son fils Jean, laissèrent vivre l'espoir dans le coeur de Marie.

Pendant ce temps, la famille de Nazareth se tirait très bien d'affaire. Jude avait considérablement augmenté sa quote-part et maintint jusqu'à son mariage cette contribution supplémentaire. Nonobstant le peu d'assistance dont ils avaient besoin, Jean Zébédée continua d'envoyer chaque mois des cadeaux à Marie et à Ruth, selon les instructions de Jésus.

3. -- LA VINGT-NEUVIÈME ANNÉE (AN 23)

Toute la vingt-neuvième année de Jésus fut employée à compléter le tour du monde méditerranéen. Les principaux événements de ce voyage, pour autant que nous avons la permission de révéler ces expériences, constituent le sujet des récits qui suivent immédiatement ceux du présent fascicule.

Pour diverses raisons, Jésus fut surnommé le scribe de Damas pendant tout ce périple dans le monde romain. Toutefois, à Corinthe et à d'autres escales du chemin de retour, on l'appela le précepteur juif.

Ce fut une période mouvementée dans la vie de Jésus. Durant le voyage, il prit de nombreux contacts avec ses semblables, mais cette expérience fut une phase de sa vie qu'il ne révéla jamais à aucun membre de sa famille ni à aucun des apôtres. Jésus vécut jusqu'à la fin de son incarnation et quitta ce monde sans que personne (sauf Zébédée de Bethsaïde) a jamais su qu'il avait fait ce grand périple. Quelques-uns de ses amis crurent qu'il était retourné à Damas; d'autres pensèrent qu'il était parti pour les Indes. Les membres de sa famille inclinaient à croire qu'il était à Alexandrie parce qu'ils savaient qu'on l'avait une fois invité à s'y rendre pour devenir assistant du chazan.

Quand Jésus revint en Palestine, il ne fit rien pour changer l'opinion de sa famille; celle-ci croyait qu'il avait quitté Jérusalem pour Alexandrie. Il les laissa continuer à croire qu'il avait passé dans cette ville d'éducation et de culture tout le temps où il avait été absent de Palestine. Seul Zébédée, le constructeur de bateaux de Bethsaïde, connut la vérité sur ces sujets, et Zébédée n'en parla à personne.

Dans tous vos efforts pour déchiffrer la signification de la vie de Jésus sur Urantia il faut vous souvenir des motifs de l'effusion de Micaël. Si vous voulez comprendre le sens de beaucoup de ses agissements apparemment étranges, il faut discerner le but de son séjour sur votre planète. Jésus évita constamment et soigneusement d'échafauder une carrière personnelle spectaculaire et trop séduisante. Il ne voulait faire aucun appel insolite ou irrésistible à ses compagnon. Il était voué au travail de révéler le Père céleste à ses contemporains, et se consacrait en même temps la tâche sublime de vivre sa propre vie terrestre en restant constamment soumis à la volonté de ce même Père du Paradis.

Pour comprendre la vie de Jésus sur terre, il sera toujours utile à ceux qui étudient cette effusion divine de se rappeler que, tout en vivant son incarnation sur Urantia, il la vivait pour son univers tout entier. Sa vie dans une chair de nature mortelle apporta individuellement quelque chose de spécial et d'inspirant à chacune des sphères habitées de tout l'univers de Nébadon. La même chose sera également vraie pour tous les mondes qui seront habités par des créatures volitives dans toute l'histoire future de cet univers local.

Pendant la durée et grâce aux expériences de son voyage circulaire autour du monde romain, le Fils de l'Homme paracheva pratiquement son apprentissage éducatif par contact avec les peuples si divers du monde contemporain de sa génération. Au moment de son retour à Nazareth, ce voyage instructif lui avait à peu près appris comment les hommes vivaient et gagnaient leur vie sur Urantia.

Le but réel de son périple autour du bassin de la Méditerranée était de connaître les hommes. Durant ce voyage, il fut en contact très étroit avec des centaines d'êtres humains. Il rencontra et aima toutes sortes d'hommes, riches et pauvres, puissants et misérables, noirs et blancs, instruits et illettrés, cultivés et ignorants, matérialistes et spiritualistes, religieux et irréligieux, moraux et immoraux.

Au cours de ce voyage méditerranéen, Jésus franchit de grandes étapes dans sa tâche humaine de dominer la pensée matérielle et terrestre, et son Ajusteur intérieur fit de grands progrès dans la conquête ascensionnelle et spirituelle de cette même intelligence humaine. À la fin de son circuit, Jésus savait virtuellement -- en toute certitude humaine -- qu'il était un Fils de Dieu, un Fils Créateur du Père Universel. De plus en plus, son Ajusteur était capable de faire surgir dans la pensée du Fils de l'Homme des souvenirs brumeux de son expérience au Paradis quand il était en contact étroit avec son Père divin, avant de partir organiser et administrer l'univers local de Nébadon. Ainsi, petit à petit, l'Ajusteur apporta dans la conscience humaine de Jésus les souvenirs nécessaires de son existence divine antérieure aux diverses époques d'un passé presque éternel. Le dernier épisode de son expérience pré-humaine mis en lumière par l'Ajusteur fut son entretien d'adieu avec Emmanuel de Salvington, juste avant que Jésus ait abandonné la conscience de sa personnalité pour entreprendre son incarnation sur Urantia. L'image de ce dernier souvenir de son existence pré-humaine fut clarifiée dans la conscience de Jésus le jour même de son baptême par Jean dans le Jourdain.

4. -- LE JÉSUS HUMAIN

Pour les intelligences célestes de l'univers local qui l'observaient, ce voyage méditerranéen fut la plus captivante des expériences terrestres de Jésus, ou du moins de toute sa carrière jusqu'à sa crucifixion et sa mort. Ce fut la période fascinante de son ministère personnel, en contraste avec la période de son ministère public qui suivit bientôt. Cet épisode unique fut d'autant plus passionnant que Jésus était encore à ce moment-là le charpentier de Nazareth, le constructeur de bateaux de Capharnaüm, le scribe de Damas, bref le Fils de l'Homme. Il n'avait pas encore achevé de dominer complètement sa pensée humaine; l'Ajusteur n'avait pas pleinement maîtrisé et formé la contrepartie de l'individualité mortelle. Jésus était encore un homme parmi les hommes.

L'expérience religieuse purement humaine -- la croissance spirituelle et personnelle -- du Fils de l'Homme atteignit presque son apogée pendant sa vingt-neuvième année. Le développement spirituel de Jésus avait progressé régulièrement et graduellement depuis l'arrivée de son Ajusteur de Pensée jusqu'au jour du parachèvement et de la confirmation des rapports humain naturels et normaux entre la pensée matérielle de l'homme et le don mental de l'esprit. Le phénomène de la réunion de ces deux pensées en une seule fut une expérience que le Fils de l'Homme atteignit complètement et définitivement, en tant que mortel incarné du royaume, le jour de son baptême dans le Jourdain.

Durant toutes ces années, et sans paraître s'adonner à de nombreuses périodes de communion formelle avec son Père céleste, Jésus mit au point des méthodes de plus en plus efficaces pour communiquer personnellement avec la présence spirituelle intérieure du Père du Paradis, il vécut une vie réelle et pleine, une véritable vie incarnée, normale, naturelle, et ordinaire. Il apprit par expérience personnelle ce que représentent en réalité la somme et la substance de la vie des êtres humains sur les mondes matériels du temps et de l'espace.

Le Fils de l'Homme expérimenta la vaste gamme des émotions humaines qui s'étendent de la joie magnifique à la douleur profonde. Il était un enfant gai et un être d'une rare bonne humeur; il était aussi « un homme de douleurs habitué à la souffrance » (1). Dans un sens spirituel, il traversa la vie terrestre de bas en haut, du commencement jusqu'à la fin. D'un point de vue matériel, on pourrait croire qu'il évita de vivre les deux extrêmes sociaux de l'existence humaine mais, au point de vue mental, il se familiarisa pleinement avec l'expérience entière et complète de l'humanité.

  (1) Isaïe LIII-3.

Jésus connaît les pensées et sentiments, et impulsions des mortels évolutionnaires et ascendants des royaumes, depuis leur naissance jusqu'à leur mort. Il a vécu la vie humaine depuis ses débuts d'identification avec les niveaux physiques, intellectuels, et spirituels, en passant par la petite enfance, l'enfance, la jeunesse la maturité -- et même la mort. Non seulement il passa par les périodes humaines et bien connues d'avancement intellectuel et spirituel, mais aussi il expérimenta pleinement les phases supérieures et plus évoluées de rapprochement entre l'homme et son Ajusteur, conciliation à laquelle si peu d'hommes d'Urantia parviennent jamais. Ainsi éprouva-t-il dans sa plénitude la vie des mortels, non seulement comme on la vit sur votre monde, mais aussi comme elle est vécue sur tous les autres mondes évolutionnaires du temps et de l'espace, même sur les plus élevés et les plus avancés des mondes ancrés dans la lumière de la vie.

La vie parfaite qu'il vécut dans la similitude d'une chair mortelle n'a peut-être pas reçu l'approbation universelle et sans réserve de semblables, c'est-à-dire de ceux que le hasard a fait ses contemporains sur terre. Néanmoins, la vie incarnée de Jésus de Nazareth sur Urantia a été pleinement et totalement acceptée par le Père Universel comme constituant en même temps et dans la même vie personnalisée, la plénitude de la révélation du Dieu éternel aux hommes et la présentation d'une personnalité humaine perfectionnée satisfaisant complètement le Créateur Infini.

C'était là son but véritable et suprême. Jésus n'est pas descendu pour vivre sur Urantia comme un exemple, parfait dans tous ses détails, pour n'importe quel enfant ou adulte, n'importe quel homme ou femme de cette époque ou de toute autre. En vérité, il est certain que dans sa vie pleine, riche, belle, et noble nous pouvons tous trouver beaucoup de magnifiques exemples d'inspiration divine, mais cela tient à ce qu'il vécut une vie véritablement et authentiquement humaine. Jésus n'a pas vécu sa vie sur terre pour donner un exemple à copier par tous les autres êtres humains. Son ministère de miséricorde le conduisit à s'incarner pour que vous puissiez tous vivre votre vie sur terre. En vivant sa vie humaine à son époque et tel qu'il était, il nous a donné à tous l'exemple nous permettant de vivre la notre à notre époque et tels que nous sommes. Il est possible que vous n'aspiriez pas à vivre sa vie, mais vous pouvez décider de vivre la vôtre comme il a vécu la sienne et par les mêmes moyens. Jésus ne constitue peut-être pas un exemple pratique et détaillé pour tous les humains de tous les âges sur toutes les planètes de l'univers local, mais il est perpétuellement l'inspiration et le guide de tous les pèlerins venant des mondes initiaux d'ascension et qui s'élèvent par l'univers des univers et par Havona jusqu'au Paradis. Jésus est le chemin nouveau et vivant allant de l'homme à Dieu, de l'inachevé au parfait, du terrestre au céleste, du temporaire à l'éternel.

À la fin de sa vingt-neuvième année, Jésus de Nazareth avait virtuellement fini de vivre la vie d'incarnation que l'on exige des mortels. Il était venu sur terre pour manifester aux hommes la plénitude de Dieu; et il était parvenu à ce résultat avant l'âge de trente ans.

 

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