Ici le livre d'Urantia nous présente notre Père créateur, le Souverain de Nébadon, Christ Micael. (Jésus de Nazareth)
4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
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LA DERNIÈRE PARTIE DE L'ENFANCE DE JÉSUS
Jésus aurait peut-être eu des chances de mieux s'instruire à Alexandrie qu'en Galilée, mais il n'y aurait pas trouvé la même magnifique ambiance pour résoudre les problèmes de sa propre vie avec un minimum de contrainte éducative, tout en jouissant en même temps du contact constant avec un grand nombre d'hommes et de femmes de toutes classes arrivant de toutes les parties du monde civilisé. S'il était resté à Alexandrie, son éducation aurait été dirigée par des Juifs et suivant une ligne exclusivement juive. A Nazareth, il reçut une éducation et un entraînement qui le préparèrent beaucoup mieux à comprendre les Gentils, et qui lui donnèrent une idée meilleure et mieux équilibrée des mérites respectifs de la théologie hébraïque orientale (babylonienne) et occidentale (hellénique).
1. -- LA NEUVIÈME ANNÉE DE JÉSUS (AN 3)
On ne saurait dire que Jésus ait jamais été sérieusement malade, mais il contracta cette année-là de petites maladies d'enfance en même temps que ses frères et sa petite soeur.
Les classes continuaient; Jésus était toujours un élève estimé, ayant chaque mois une semaine de liberté, et il continuait à diviser ce temps à peu près également entre les excursions avec son père dans les villes avoisinantes, les jours à la ferme de son oncle au sud Nazareth, et les parties de pêche au large de Magdala.
Le plus grave incident survenu jusque-là à l'école se produisit tard dans l'hiver lorsque Jésus osa défier le chazan; celui-ci enseignait que les images, peintures, et dessins étaient tous de nature idolâtre. Jésus avait autant de plaisir à dessiner les paysages qu'à modeler une grande variété d'objets en argile de potier. Tout ce genre de choses était strictement interdit par la loi juive, mais jusque-là Jésus était parvenu à surmonter les objections de ses parents, à tel point qu'ils lui avaient permis de poursuivre ces activités.
Il se produisit de nouveaux remous à l'école quand l'un des élèves les plus arriérés découvrit Jésus en train de dessiner au fusain un portrait du professeur sur le plancher de la classe. Le portrait était là, clair comme le jour, et plusieurs parmi les anciens l'avaient aperçu avant que le comité allât trouver Joseph pour exiger une intervention ramenant son fils aîné dans le droit chemin. Bien que ce ne fût pas la première plainte parvenue à Joseph et à Marie concernant les agissements de leur dynamique enfant aux talents variés, c'était la plus sérieuse de toutes les accusations portées jusque-là contre lui. Assis sur une grosse pierre juste à l'extérieur de la porte de derrière, Jésus écouta pendant un moment la condamnation de ses efforts artistiques. Il s'irrita de voir blâmer son père pour ses soi-disant méfaits; il s'avança donc intrépidement jusqu'à ses accusateurs. Les anciens furent plongés dans l'embarras. Quelques-uns furent enclins à prendre l'affaire avec humour, tandis qu'un ou deux autres semblaient penser que le garçon était sacrilège, voire blasphémateur. Joseph était désemparé et Marie indignée, mais Jésus insista pour être entendu. Il eut le droit de parler; il défendit courageusement son point de vue et, avec une maîtrise de soi consommée, il annonça qu'il se conformerait à la décision de son père, en cela comme dans tous les autres cas prêtant à discussion. Sur quoi le comité des anciens partit en silence.
Marie fit pression sur Joseph pour permettre à Jésus de modeler de l'argile à la maison, pourvu qu'il promette de ne poursuivre à l'école aucune de ces activités contestables, mais Joseph était porté à poser en règle que l'interprétation rabbinique du second commandement devait prévaloir. En conséquence, Jésus ne dessina ni ne modela plus jamais une forme quelconque tant qu'il vécut chez son père. Pourtant, il ne fut pas convaincu d'avoir mal agi; mais l'abandon de son passe-temps favori fut l'une des grandes épreuves de sa jeunesse.
À la fin de juin, Jésus en compagnie de son père grimpa pour la première fois au sommet du Mont Thabor. Le temps était clair et la vue superbe. Le jeune garçon eut l'impression d'avoir réellement contemplé le monde entier excepté l'Inde, l'Afrique, et Rome.
Marthe, la deuxième soeur de Jésus, naquit le mardi soir 15 septembre. Trois semaines après la naissance de Marthe, Joseph, qui était au foyer pour quelque temps, commença la construction d'un agrandissement de leur maison, un combiné d'atelier et de chambre à coucher. Un petit établi fut construit pour Jésus qui, pour la première fois, posséda des outils en propre. Pendant plusieurs années il travailla à cet établi à ses moments perdus et devint très habile dans la fabrication des jougs.
Cet hiver-là et le suivant furent les plus froids à Nazareth depuis plusieurs décennies. Jésus avait vu de la neige sur les montagnes; la neige était tombée plusieurs fois à Nazareth sans rester longtemps sur le sol, mais jamais avant cet hiver Jésus n'avait vu de glace. Le fait que l'eau pouvait être un solide, un liquide, ou une vapeur -- il avait longuement médité sur la vapeur s'échappant des pots d'eau bouillante -- donna beaucoup à réfléchir au garçon sur le monde physique et sa constitution. Pendant tout ce temps, la personnalité incarnée dans cet enfant en pleine croissance restait celle du créateur et de l'organisateur de toutes ces choses dans un vaste univers.
Le climat de Nazareth n'était pas rude. Janvier était le mois le plus froid, avec une température moyenne de dix degrés. En juillet et en août, les mois les plus chauds, la température variait entre vingt-quatre et trente-deux degrés. Depuis les montagnes jusqu'au Jourdain et à la vallée de la Mer Morte, le climat de la Palestine s'échelonnait du froid au torride. En un sens, les Juifs étaient donc préparés à vivre à peu près dans n'importe lequel des climats variés du monde.
Même durant les mois d'été les plus chauds une fraîche brise de mer soufflait habituellement de l'ouest de dix heures du matin à dix heures du soir. Mais de temps en temps de terribles vents chauds venant du désert oriental soufflaient sur toute la Palestine. Ces rafales survenaient généralement en février et mars, vers la fin de la saison des pluies. A cette époque, la pluie tombait de novembre à avril en averses rafraîchissantes, mais il ne pleuvait pas d'une façon continue. Il n'y avait que deux saisons en Palestine, l'été et l'hiver, la saison sèche et la saison pluvieuse. En janvier les fleurs commençaient à s'épanouir, et à la fin d'avril tout le pays était un vaste jardin fleuri.
En mai de cette année, dans la ferme de son oncle, Jésus aida pour la première fois à la moisson des céréales. Avant d'avoir treize ans, il avait réussi à apporter des améliorations à chacun des métiers masculins et féminins exercés aux alentours de Nazareth, sauf au travail des métaux. Plus tard, après la mort de son père, il passa plusieurs mois dans l'atelier d'un forgeron.
Quand le travail et le passage des caravanes se ralentissaient, Jésus faisait avec son père beaucoup de voyages d'agrément ou d'affaires aux villes voisines de Cana, Endor, et Naïn. Etant jeune garçon, il avait fréquemment visité Séphoris, située seulement à cinq kilomètres au nord-ouest de Nazareth; depuis quatre ans avant l'ère chrétienne jusqu'à l'an 25 environ, cette ville fut la capitale de la Galilée et l'une des résidences d'Hérode Antipas.
Jésus poursuivit son développement physique, intellectuel, social, et spirituel. Ses déplacements hors de la maison contribuèrent beaucoup à lui donner une compréhension meilleure et plus généreuse de sa propre famille; à cette époque, ses parents eux-mêmes commencèrent à apprendre de lui en même temps qu'ils l'éduquaient. Même dans sa jeunesse, Jésus était un penseur original et un pédagogue habile. Il était en conflit constant avec la soi-disant « loi orale », mais cherchait toujours à s'adapter aux pratiques de la famille. Il s'entendait assez bien avec les enfants de son âge, mais était souvent découragé par leur lenteur de pensée. Avant d'avoir dix ans, il était devenu le chef d'un groupe de sept garçons qui s'étaient réunis en une société pour acquérir les talents de l'âge mur -- physiques, intellectuels, et religieux. Jésus réussit à introduire parmi ces garçons beaucoup de nouveaux jeux et diverses méthodes améliorées de récréation physique.
2. -- LA DIXIÈME ANNÉE (AN 4)
Le 5 juillet, premier sabbat du mois, tandis que Jésus se promenait dans la campagne avec son père, il exprima des sentiments et des idées dénotant qu'il commençait à prendre conscience de la nature extraordinaire de la mission de sa vie. Joseph écouta attentivement les importantes paroles de son fils, mais fit peu de commentaires et ne donna spontanément aucun renseignement. Le lendemain, Jésus eut avec sa mère un entretien semblable, mais plus long. Marie écouta également les déclarations du garçon, mais elle non plus ne voulut donner aucun renseignement. Il se passa presque deux ans avant que Jésus ne parlât à ses parents des révélations croissantes dans sa conscience au sujet de la nature de sa personnalité et du caractère de sa mission terrestre.
Il entra en août à l'école supérieure de la synagogue. A l'école, il provoquait constamment des troubles par les questions qu'il persistait à poser. Il suscitait de plus en plus d'agitation dans Nazareth. Ses parents hésitèrent à lui interdire de poser des questions inquiétantes; son principal professeur était très intrigué par la curiosité du garçon, sa perspicacité, et sa soif de connaissance.
Les compagnons de jeu de Jésus ne voyaient rien de surnaturel dans sa conduite; sous la plupart des rapports, il leur ressemblait entièrement. Son intérêt pour l'étude était quelque peu supérieur à la moyenne, mais pas tout à fait exceptionnel. A l'école, il posait plus de questions que ses camarades de classe.
Son trait le plus remarquable et le plus caractéristique était peut-être sa répugnance à combattre pour défendre ses droits. Puisqu'il était un garçon bien développé pour son âge, ses camarades de jeu trouvaient étrange qu'il fût peu enclin à se défendre, même quand il était en butte à l'injustice ou soumis personnellement à des abus. Quoi qu'il en fût, il ne souffrit pas beaucoup de cette tendance à cause de l'amitié de Jacob, son petit voisin qui était son aîné d'un an. Jacob était le fils du maçon associé aux affaires de Joseph. Il était un grand admirateur de Jésus et faisait son affaire de veiller à ce que personne ne s'imposât à Jésus en profitant de son aversion pour les bagarres physique. Plusieurs fois des jeunes gens plus âgés et brutaux attaquèrent Jésus, tablant sur sa docilité, réputée, mais ils reçurent toujours un sur et rapide châtiment des mains de son champion et défenseur volontaire toujours prêt, Jacob le fils du maçon.
Jésus était généralement accepté comme chef par la majorité des garçons de Nazareth qui représentaient l'idéal le plus élevé de leur temps et de leur génération. Son cercle de jeunes l'adorait réellement, non seulement parce qu'il était équitable, mais aussi parce qu'il Faisait montre d'une sympathie rare et compréhensive qui laissait présager l'amour et frisait la compassion discrète.
Cette année-là, il commença à montrer une préférence marquée pour la compagnie de personnes plus mûres. Il était heureux d'avoir des entretiens sur des sujets culturels, éducatifs, sociaux, économiques, politiques, et religieux avec des penseurs plus âgés; la profondeur de ses raisonnements et la finesse de ses observations charmaient tellement ses amis adultes qu'ils étaient toujours empressés à le fréquenter. Avant qu'il ne devienne soutien de famille, ses parents le poussaient constamment à se lier avec des enfants de son âge, ou plus proches de son âge, plutôt qu'avec les personnes plus âgées et plus instruites pour lesquelles il témoignait une telle préférence.
À la fin de cette année-là, il fit avec son oncle une expérience de deux mois de pêche sur la mer de Galilée, et réussit très bien. Avant d'atteindre l'âge d'homme, il était devenu un pêcheur expérimenté.
Son développement physique se poursuivait; à l'école il était un élève avancé et privilégié; à la maison il s'entendait assez bien avec ses frères et soeurs ayant l'avantage d'être de trois ans et demi leur aîné. Il était bien considéré à Nazareth, sauf par les parents de quelques-uns des enfants plus lents d'esprit, qui parlaient souvent de Jésus comme étant trop effronté, manquant de l'humilité et de la réserve convenant à la jeunesse. Il manifesta une tendance croissante à orienter les jeux de ses jeunes camarades dans des directions plus sérieuses et plus réfléchies. Il était un professeur né et ne pouvait absolument pas s'empêcher d'exercer cette fonction, même quand il était censé jouer.
Joseph commença de bonne heure à enseigner à Jésus les divers moyens de gagner sa vie, lui expliquant les avantages de l'agriculture sur l'industrie et le commerce. La Galilée était un district plus beau et prospère que la Judée, et la vie ne coûtait guère que le quart de ce qu'elle coûtait à Jérusalem et en Judée. C'était une province de villages agricoles et de cités industrielles prospères, contenant plus de deux cents villes de plus de cinq mille habitants et trente de plus de quinze mille.
Pendant son premier voyage avec son père pour observer l'industrie de la pêche sur le lac de Galilée, Jésus avait presque décidé de devenir pêcheur, mais son intime association avec le métier de son père l'incita plus tard à devenir charpentier, tandis que plus tard encore une combinaison d'influences le conduisit à choisir définitivement la carrière d'éducateur religieux d'un ordre nouveau.
3. -- LA ONZIÈME ANNÉE (AN 5)
Durant toute cette année, le garçon continua à faire avec son père des randonnées hors de la maison, mais il rendait également de fréquentes visites à la ferme de son oncle, et à l'occasion allait à Magdala pour pêcher avec l'oncle qui s'était installé près de cette ville.
Joseph et Marie furent souvent tentés de témoigner à Jésus des faveurs spéciales ou de trahir d'une autre manière leur connaissance du fait que Jésus était un enfant de la promesse, un enfant de la destinée. Mais ses parents étaient tous deux extraordinairement sages et sagaces en ces matières. Les rares fois où ils avaient fait montre d'une préférence quelconque pour lui, même au moindre degré, le garçon n'avait pas été long à refuser toute considération spéciale.
Jésus passait un temps considérable au magasin d'approvisionnement des caravanes; en conversant avec les voyageurs venus de toutes les parties du monde, il accumula sur les affaires internationales une masse de renseignements stupéfiante pour son âge. Cette année fut la dernière pendant laquelle il put s'adonner beaucoup aux jeux et aux joies de la jeunesse; ensuite les difficultés et responsabilités se multiplièrent rapidement dans sa vie de jeune homme.
Jude naquit le mercredi soir 24 juin de l'an 5, et la naissance de ce septième enfant s'accompagna de complications. Marie fut si malade pendant plusieurs semaines que Joseph resta à la maison. Jésus était fort occupé à faire des commissions pour son père et à remplir toutes sortes de devoirs occasionnés par la sérieuse maladie de sa mère. Plus jamais il ne lui fut possible de revenir au comportement enfantin de ses jeunes années. A partir de la maladie de sa mère -- juste avant ses onze ans -- il fut contraint à assumer les responsabilités de fils aîné, et de le faire un an ou deux avant le moment où cette charge aurait normalement dû retomber sur ses épaules.
Le chazan passait une soirée par semaine avec Jésus pour l'aider à approfondir l'étude des Écritures hébraïques. Il était très intéressé par les progrès de son élève prometteur, et c'est pourquoi il était disposé à l'aider de bien des manières. Ce pédagogue juif exerça une grande influence sur le développement intellectuel de Jésus, mais ne réussit jamais à comprendre pourquoi Jésus était si indifférent à toutes ses suggestions concernant la perspective d'aller à Jérusalem pour continuer son éducation sous l'égide des doctes rabbins.
Au milieu de mai, le garçon accompagna son père en voyage d'affaires à Scythopolis, la principale ville grecque de la Décapole, l'ancienne cité hébraïque de Bethsan. Sur la route, Joseph lui parla longuement des traditions du roi Saül, des Philistins, et des événements postérieurs de la turbulente histoire d'Israël. Jésus fut prodigieusement impressionné par l'aspect propre et la belle ordonnance de cette ville païenne. Il s'émerveilla du théâtre en plein air et admira le magnifique temple de marbre consacré au culte des dieux « païens ». Joseph fut très troublé par l'enthousiasme du garçon et chercha à contrecarrer ces impressions favorables en vantant la beauté et par grandeur du temple juif de Jérusalem. Jésus avait souvent contemplé avec curiosité la magnifique cité grecque de Bethsan depuis la colline de Nazareth et s'était maintes fois enquis sur ses vastes travaux publics et ses édifices surchargés d'ornements, mais son père avait toujours éludé ces questions. Maintenant ils étaient face à face avec les beautés de cette ville des Gentils, et Joseph était mal venu à feindre d'ignorer les demandes de renseignements de Jésus.
Il advint que juste à ce moment les compétitions annuelles de jeux et les démonstrations publiques de prouesses physiques entre les villes grecques de la Décapole avaient lieu à l'amphithéâtre de Scythopolis. Jésus insista pour que son père l'emmenât voir les jeux et fut si pressant que Joseph n'osa pas le lui refuser. Le garçon fut très excité par les jeux et entra de tout coeur dans l'esprit de ces démonstrations de développement physique et d'adresse athlétique. Joseph fut inexprimablement choqué en constatant l'enthousiasme de son fils à la vue de ces exhibitions de vanité « païenne ». Quand les jeux furent terminés, Joseph eut la plus grande surprise de sa vie en entendant Jésus exprimer son approbation et suggérer qu'il serait bon pur les jeunes gens de Nazareth de pouvoir bénéficier ainsi de saines activités physiques au grand air. Joseph parla sérieusement et longuement à Jésus de la mauvaise nature de ces exercices, mais il vit bien que le garçon n'était pas convaincu.
La seule fois où Jésus vit son père fâché contre lui fut cette nuit-là dans leur chambre à l'auberge quand, au cours de leur discussion, le garçon oublia les préceptes juifs au point de suggérer de rentrer chez eux et de travailler à construire un amphithéâtre à Nazareth. Lorsque Joseph entendit son fils aîné exprimer des sentiments si peu juifs, il perdit son calme habituel; saisissant Jésus par les épaules, il s'écria avec colère: « Mon fils, ne me laisse jamais plus t'entendre exprimer une aussi mauvaise pensée tant que tu vivras ». Jésus fut stupéfait de l'émotion manifestée par son père. Jamais auparavant il ne lui avait été donné de ressentir personnellement l'impact d'indignation de Joseph; il en fut étonné et choqué au delà de toute expression. il répondit simplement: « Très bien mon père, il en sera fait ainsi ». Jamais plus, tant que son père vécut, le garçon ne fit même la plus petite allusion aux jeux et autres activités athlétiques des Grecs.
Plus tard, Jésus vit l'amphithéâtre grec à Jérusalem et apprit combien ces choses étaient haïssables du point de vue juif. Il s'efforça néanmoins pendant toute sa vie d'introduire l'idée de saine récréation dans ses plans personnels, et aussi dans le programme des activités régulières de ses douze apôtres, dans toute la mesure où les habitudes juives le permettaient.
À la fin de sa onzième année, Jésus était un jeune garçon vigoureux, bien développée, modérément enjoué, et assez gai, mais à partir de là il s'adonna de plus en plus à de profondes méditations et de sérieuses contemplations. Il réfléchissait beaucoup pour savoir comment il devait remplir ses obligations familiales et en même temps obéir à l'appel de sa mission dans le monde. Il avait déjà compris que son ministère ne devait pas se limiter à l'amélioration du peuple juif.
4. -- LA DOUZIÈME ANNÉE (AN 6)
Ce fut une année mouvementée dans la vie de Jésus. Il continuait à faire des progrès à l'école et ne se fatiguait jamais d'étudier la nature, tout en s'adonnant de plus en plus à l'étude des méthodes par lesquelles les hommes gagnent leur vie. Il commença à travailler régulièrement dans l'atelier familial de menuiserie et fut autorisé à disposer de son propre salaire, arrangement très exceptionnel dans une famille juive. La même année, il apprit aussi qu'il était sage de garder le secret sur ces sujets dans la famille. Il prenait conscience la façon dont il avait troublé le village et devint désormais de plus en plus discret en dissimulant tout ce qui pouvait le faire considérer comme différent de ses camarades.
Durant toute cette année, il passa par de nombreuses périodes d'incertitude, sinon de véritable doute, concernant la nature de sa mission. Son intelligence humaine se développait naturellement, mais n'avait pas encore saisi pleinement la dualité de sa nature. Le fait qu'il avait une seule personnalité rendait difficile à sa conscience de reconnaître la double origine des éléments constitutifs de la nature associée à cette même personnalité.
À partir de ce moment, il réussit mieux à s'entendre avec ses frères et soeurs. Il était de plus en plus plein de tact, toujours compatissant et attentif à leur bien-être et à leur bonheur, et il entretint de bons rapports avec eux jusqu'au début de son ministère public. Pour être plus explicite, il s'entendait le mieux du monde avec Jacques et Miriam et les deux plus jeunes enfants (pas encore nés en cet an 6) Amos et Ruth, et toujours assez bien avec Marthe. Les difficultés qu'il rencontra à la maison provinrent de points de friction avec Joseph et Jude, particulièrement avec ce dernier.
Ce fut une expérience éprouvante pour Joseph et Marie que d'élever un enfant présentant cette combinaison sans précédent de divinité et d'humanité. Il faut leur reconnaître de grands mérites pour avoir accompli avec tant d'aisance et de succès leur devoir de parents. Peu à peu, les parents de Jésus comprirent qu'il y avait dans leur fils aîné quelque chose de surhumain, mais ils n'avaient jamais même rêvé que ce fils de la promesse était en vérité le créateur effectif de leur univers local de choses et d'êtres. Joseph et Marie vécurent et moururent sans avoir jamais appris que leur fils était réellement le Créateur de leur univers, incarné dans un corps mortel.
Cette année-là, Jésus s'intéressa plus que jamais à la musique et continua à donner des leçons à ses frères et soeurs. C'est a cette époque que le garçon prit une conscience aiguë de la différence de point entre Joseph et Marie concernant la nature de sa mission. Il médita beaucoup sur la divergence d'opinion de ses parents et entendit souvent leurs discussions quand ils le croyaient profondément endormi. Il penchait de plus en plus pour le point de vue de son père, si bien que sa mère fut souvent froissée en comprenant que son fils rejetait peu à peu ses directives dans les questions ayant trait à l'orientation de sa vie. A mesure que les années passaient, cette brèche alla s'élargissant. Marie comprenait de moins en moins le sens de la mission de Jésus, et cette tendre mère fut de plus en plus blessée par le fait que son fils préféré ne réalisait pas ses plus chères espérances.
Joseph croyait de plus en plus à la nature spirituelle de la mission de Jésus; mais pour d'autres raisons plus importantes, il semble malheureux que Joseph n'ait pas vécu assez longtemps pour voir s'accomplir son concept de l'effusion de Jésus sur terre.
Pendant sa dernière année d'école, alors qu'il avait douze ans, Jésus fit des remontrances à son père sur la coutume juive de toucher le morceau de parchemin cloué sur le montant de la porte chaque fois que l'on entrait ou sortait de la maison, et d'embrasser ensuite le doigt qui avait touché le parchemin. Comme partie de ce rite, il était habituel de dire: « Le Seigneur préservera notre sortie et notre entrée, désormais et pour toujours ». Joseph et Marie avaient maintes fois instruit Jésus des raisons pour lesquelles il ne fallait pas faire de portraits ni dessiner de tableaux, expliquant que ces créations pourraient être utilisées à des fins idolâtres. Jésus ne parvenait pas à comprendre tout à fait leur interdiction de faire des portraits et des images, mais il possédait une logique supérieure; c'est pourquoi il fit remarquer à son père la nature essentiellement idolâtre de cette habitude de saluer humblement le parchemin du seuil. Après cette protestation de Jésus, Joseph retira le parchemin.
Avec le temps, Jésus contribua grandement à modifier leurs pratiques religieuses telles que prières familiales et autres coutumes. Il était possible de faire beaucoup de ces choses A Nazareth, parce que la synagogue était sous l'influence d'une école libérale de rabbins dont le chef de file, José, était un naître nazaréen renommé.
Durant cette année et les deux suivantes. Jésus souffrit d'une grande détresse mentale résultant de ses constants efforts pour adapter ses vues personnelles sur les pratiques religieuses et les conventions sociales aux croyances enracinées de ses parents. Il était tourmenté par le conflit entre la nécessité d'être fidèle à ses propres convictions et celle de remplir consciencieusement son devoir de soumission à ses parents. Le conflit était suprême entre les deux commandements qui dominaient dans sa jeune pensée. Le premier était « Sois fidèle aux préceptes de tes plus hautes convictions de vérité et de droiture ». L'autre était: « Honore ton père et ta mère, car ils t'ont donné la vie et l'éducation de la vie ». Quoi qu'il en fût, il n'éluda jamais la responsabilité de faire chaque jour les ajustements nécessaires entre ces domaines de fidélité à ses convictions personnelles et de devoirs envers sa propre famille. Il eut ainsi la satisfaction de fondre de plus en plus harmonieusement ses convictions personnelles et ses obligations familiales en un magistrat concept de solidarité collective basé sur la loyauté, l'équité, la tolérance, et l'amour.
5. -- SA TREIZIÈME ANNÉE (AN 7)
En cette année, le garçon de Nazareth passa de l'enfance à l'adolescence. Sa voix commença à muer et d'autres traits de son corps témoignèrent d'une transformation annonciatrice de la virilité.
Son petit frère Amos naquit dans la nuit du dimanche 9 janvier an 7. Jude n'avait pas encore deux ans, et sa petite soeur Ruth n'était pas encore née. On voit donc que Jésus avait une assez nombreuse famille de jeunes enfants laissée à sa surveillance lorsque son père rencontra la mort un an plus tard dans un accident.
C'est au milieu de février que Jésus acquit humainement la certitude qu'il était destiné à remplir sur terre une mission pour éclairer l'humanité et lui révéler Dieu. D'importantes décisions doublées de plans d'une grande portée se dessinaient dans sa pensée, tandis que son apparence extérieure était celle de la moyenne des garçons juifs de Nazareth. Les êtres intelligents de tout Nébadon observaient avec passion et stupéfaction les débuts de ce développement dans la pensée et les actes du fils désormais adolescent du charpentier.
Le premier jour de la semaine du 20 mars an 7, Jésus fut reçu à ses examens dans l'école locale rattachée à la synagogue de Nazareth. C'était un grand jour dans la vie de toute famille juive ambitieuse, le jour où le fils aîné était proclamé « fils du commandement » et « fils aîné racheté du Seigneur, Dieu d'Israël », un « enfant du Très Haut » et le serviteur du Seigneur de toute la terre.
Le vendredi de la semaine précédente, pour être présent en cette heureuse occasion, Joseph était revenu de Séphoris où il avait entrepris la construction d'un nouvel édifice public. Le professeur de Jésus croyait fermement que son élève alerte et assidu était destiné à quelques carrière éminente, à quelque haute mission. Malgré tous leurs ennuis avec les tendances non conformistes de Jésus, les anciens de Nazareth étaient très fiers du garçon et avaient commencé à tirer des plans qui lui permettraient d'aller à Jérusalem pour continuer son éducation dans les académies hébraïques renommées.
À mesure que Jésus entendait discuter ces plans de temps en temps, il devenait de plus en plus certain qu'il n'irait jamais à Jérusalem étudier avec les rabbins. Pourtant il n'imaginait guère la tragédie si proche qui allait l'obliger à abandonner tous ces projets pour assumer la responsabilité d'entretenir et de diriger une famille nombreuse, alors composée de cinq frères et trois soeurs, outre sa mère et lui-même. Pour élever cette famille, Jésus dut passer par des expériences plus étendues et plus prolongées que son père Joseph dont les jours furent abrégés. Il se montra à la hauteur du modèle qu'il établit plus tard pour lui-même: devenir un sage, patient, compréhensif, et efficace éducateur et frère aîné d'une famille -- sa famille -- si soudainement éprouvée par la douleur de cette perte inattendue.
6. -- LE VOYAGE À JÉRUSALEM
Ayant maintenant atteint le seuil de la virilité et reçu officiellement ses diplômes de l'école de la synagogue, Jésus était qualifié pour se rendre a Jérusalem avec ses parents et participer avec eux à la célébration de sa première Pâque. Cette année-là, la fête de la Pâque tombait le samedi 9 avril. Un groupe considérable (103 personnes) se prépara à quitter Nazareth pour Jérusalem, de bonne heure le lundi matin 4 avril. Il voyagea vers le sud en direction de la Samarie, mais après Jizréel il bifurqua à l'est, contournant le Mont Gilboa par la vallée du Jourdain afin d'éviter de passer par la Samarie. Joseph et sa famille auraient aimé traverser la Samarie par la route du puits de Jacob et de Béthel, mais puisque les Juifs n'aimaient pas fréquenter les Samaritains, ils décidèrent d'accompagner leur groupe par la vallée du Jourdain.
Le très redouté Archelaüs avait été banni, et il n'y avait guère de danger à emmener Jésus à Jérusalem. Douze ans avaient passé depuis que Hérode 1 avait cherché à tuer le bébé de Bethléhem, et personne ne songerait plus maintenant à associer cette affaire à l'obscur garçon de Nazareth.
Avant d'atteindre la bifurcation de Jizréel et comme ils poursuivaient leur voyage, ils passèrent bientôt à droite de l'ancien village de Shunem. Jésus entendit à nouveau parler de la plus belle jeune fille d'Israël qui vécut là jadis, et aussi des oeuvres merveilleuses accomplies en ce lieu par Elisée. En passant près de Jizréel, les parents de Jésus lui racontèrent les faits et gestes d'Achab et de Jézabel et les exploits de Jéhu. En contournant le Mont Gilboa, ils parlèrent beaucoup de Saül qui se suicida sur les flancs de cette montagne, du roi David, et des souvenirs se rapportant à ce lieu historique.
En contournant le pied du Mont Gilboa, les pèlerins pouvaient voir sur la droite la ville grecque de Scythopolis. Ils admirèrent de loin ses édifices de marbre, mais n'approchèrent pas de cette ville des Gentils de crainte de se souiller et de ne pouvoir ensuite prendre part aux cérémonies solennelles et sacrées de la Pâque à Jérusalem. Marie ne comprenait pas pourquoi ni Joseph ni Jésus ne voulaient parler de Scythopolis. Elle n'était pas au courant de leur controverse de l'année précédente, car ils ne lui avaient jamais raconté l'incident.
Maintenant la route descendait rapidement dans la vallée du Jourdain, et bientôt, à son étonnement admiratif, Jésus vit le sinueux et tortueux Jourdain avec ses eaux étincelantes et bouillonnantes coulant vers la Mer Morte. Ils ôtèrent leurs manteaux pour voyager vers le sud dans cette vallée tropicale; ils admirèrent les somptueux champs de céréales et les beaux lauriers-roses en fleurs, tandis qu'au nord le massif du Mont Hermon avec sa calotte de neige se profilait dans le lointain, dominant majestueusement cette vallée historique. Un peu plus de trois heures après avoir passé Scythopolis, ils arrivèrent à une source murmurante et campèrent là pour la nuit sous le ciel étoilé.
Le deuxième jour de leur voyage, ils passèrent près de l'endroit où le Jaboc venant de l'est se jette dans le Jourdain. Laissant leurs regards remonter cette vallée à l'est, ils se rappelèrent la vie de Gédéon quand les Madianites se répandirent dans cette région pour envahir le pays. Vers la fin du jour, ils campèrent au pied de la plus haute montagne dominant la vallée du Jourdain, le Mont Sartaba, dont le sommet était occupé par la forteresse Alexandrine où Hérode avait emprisonné une de ses femmes et enterré ses deux fils étranglés.
Le troisième jour, ils passèrent près de deux villages récemment bâtis par Hérode; ils remarquèrent leur belle architecture et leurs superbes palmeraies. A la nuit tombante, ils atteignirent Jéricho où ils restèrent jusqu'au lendemain. Ce soir-là, Joseph, Marie, et Jésus marchèrent trois kilomètres pour atteindre l'emplacement de l'ancienne Jéricho où, selon la tradition juive, Josué, d'après qui Jésus avait été prénommé, avait accompli ses célèbres exploits.
Pendant le quatrième et dernier jour du voyage, la route ne fut qu'une procession ininterrompue de pèlerins. Ceux de Nazareth commençaient maintenant à escalader la colline conduisant à Jérusalem. En approchant du sommet, ils purent voir les montagnes de l'autre côté du Jourdain, et vers le sud les eaux paresseuses de la Mer Morte. Environ à mi-distance de Jérusalem, Jésus vit pour la première fois le Mont des Oliviers (la région qui devait jouer un grand rôle dans sa vie future). Joseph lui fit remarquer que la Ville Sainte était située juste derrière cette crête, et le coeur du garçon battit vite dans la joyeuse attente de voir bientôt la ville et la maison de son Père céleste.
Sur les pentes orientales d'Olivet, ils s'arrêtèrent pour se reposer aux confins d'un petit village appelé Béthanie. Les villageois hospitaliers offrirent leurs services aux pèlerins, et il advint que Joseph et sa famille furent installés près de la maison d'un certain Simon qui avait trois enfants à peu près du même âge que Jésus -- Marie, Marthe, et Lazare. Ceux-ci invitèrent la famille de Nazareth à se reposer chez eux, et une amitié pour toute la vie naquit entre les deux familles. Plus tard, au cours de sa vie mouvementée, Jésus s'arrêta bien souvent chez eux.
Les pèlerins de Nazareth se remirent rapidement en route et arrivèrent bientôt près d'Olivet. Jésus vit pour la première fois (dans sa mémoire) la Ville Sainte, les palais prétentieux, et le temple inspirant de son Père. Jamais plus dans sa vie Jésus n'éprouva une émotion purement humaine comparable à celle qui le captiva en cet après-midi d'avril sur le Mont des Oliviers, alors que pour la première fois il buvait Jérusalem du regard. Quelques années plus tard, il se tint au même endroit et pleura sur la ville qui allait encore une fois rejeter un prophète, le dernier et le plus grand de ses instructeurs célestes.
Ils se hâtèrent vers Jérusalem. On était maintenant au jeudi après-midi. En atteignant la ville ils passèrent devant le temple, et jamais Jésus n'avait vu une telle foule d'êtres humains. Il médita profondément sur la raison pour laquelle ces Juifs s'étaient rassemblés là, venant des plus lointaines parties du monde connu.
Ils atteignirent bientôt l'emplacement préparé pour leur logement durant la semaine pascale, la grande maison d'une riche parente de Marie, qui avait eu connaissance par Zacharie de l'ancienne histoire de Jean et de Jésus. Le lendemain, jour de la préparation, ils se tinrent prêts célébrer convenablement le sabbat de la Pâque.
Tandis que tout Jérusalem s'affairait à préparer la Pâque, Joseph trouva le temps d'emmener son fils visiter l'académie où il avait été convenu qu'il continuerait son éducation deux ans plus tard, dès qu'il aurait atteint l'âge requis de quinze ans. Joseph était vraiment perplexe en observant le peu d'intérêt que Jésus témoignait à ces plans si soigneusement élaborés.
Jésus fut profondément impressionné par le temple et les services et autres activités associées. Pour la première fois depuis l'âge de quatre ans, il était trop préoccupé par ses propres méditations pour poser (comme il l'avait fait dans des occasions précédentes) beaucoup de questions sur les raisons pour lesquelles le Père céleste exigeait le massacre de tant d'animaux innocents et sans défense. D'après l'expression du visage du garçon, son père sentait bien que ses réponses et ses tentatives d'explications n'étaient pas satisfaisantes pour la profondeur de pensée et l'acuité de raisonnement de son fils.
La veille du sabbat de la Pâque, un torrent d'illumination spirituelle traversa la pensée humaine de Jésus et fit déborder son coeur de pitié affectueuse pour la cécité spirituelle et l'ignorance morale des foules assemblées en vue de commémorer l'ancienne Pâque. Ce fut l'un des jours les plus extraordinaires de l'incarnation du Fils de Dieu. Durant cette nuit, pour la première fois dans sa carrière terrestre, un messager spécial de Salvington commissionné par Emmanuel lui apparut et dit: « L'heure est venue. Il est temps que tu commences à t'occuper des affaires de ton Père ».
Avant même que les lourdes responsabilités de la famille de Nazareth ne fussent retombées sur les jeunes épaules de Jésus, le messager céleste arrivait pour rappeler à ce garçon de moins de treize ans que l'heure avait sonné de commencer à reprendre la responsabilité d'un univers. Ce fut le premier acte d'une longue suite d'événements qui culminèrent dans le parachèvement de l'effusion du Fils sur Urantia, à la suite de quoi « le gouvernement d'un univers fut replacé sur ses épaules à la fois humaines et divines ».
À mesure que le temps passait, le mystère de l'incarnation devenait de plus en plus insondable pour chacun de nous. Nous pouvions difficilement comprendre que ce garçon de Nazareth était le créateur de tout Nébadon. Nous ne comprenons pas davantage maintenant comment l'esprit de ce Fils Créateur et l'esprit de son Père du Paradis sont associés aux âmes de l'humanité. Avec le recul du temps, nous avons pu voir sa pensée humaine discerner de mieux en mieux que la responsabilité d'un univers reposait en esprit sur ses épaules, en même temps qu'il vivait sa vie incarnée.
Ainsi prenait fin la carrière du garçon de Nazareth et débutait celle de l'adolescent -- l'homme Dieu de plus en plus conscient de soi -- qui maintenant commençait la phase contemplative de sa carrière terrestre en s'efforçant d'intégrer les buts expansifs de sa vie avec les désirs de ses parents, avec ses obligations envers sa famille, et avec la société de son temps.
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- Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
LA PRIME ENFANCE DE JÉSUS
PAR suite des incertitudes et des anxiétés de son séjour à Bethléhem, Marie n'avait pas sevré le bébé avant que les trois membres de la famille ne fussent arrivés sains et saufs à Alexandrie, où ils purent reprendre une vie normale. Ils vécurent chez des parents, et Joseph ayant trouvé du travail peu après son arrivée put facilement entretenir les siens. Il fut employé comme charpentier pendant plusieurs mois et ensuite élevé à la situation de contremaître d'un groupe important d'ouvriers employés à la construction d'un édifice public. Cette nouvelle expérience lui donna l'idée de s'établir entrepreneur et constructeur lors de son retour à Nazareth.
Pendant les premières années de la prime enfance de Jésus, Marie veilla sans relâche pour qu'il ne lui arrivât rien de dangereux ni rien qui pût interférer avec sa future mission sur terre; nulle mère ne fut jamais plus dévouée à son fils. Au foyer ou se trouvait Jésus, il y avait deux enfants à peu près de son âge et, parmi les proches voisins, six autres étaient d'âge suffisamment rapproché pour en faire des compagnons de jeu acceptables. D'abord Marie voulut garder Jésus à ses côtés. Elle craignait un accident si l'on permettait à Jésus de jouer dans le jardin avec les autres enfants, mais Joseph, avec l'appui de sa parenté, parvint à la convaincre que cette ligne de conduite priverait Jésus de la précieuse expérience d'apprendre à s'adapter aux enfants de son âge. Comprenant qu'un tel programme de protection inhabituelle et insolite risquait de rendre Jésus conscient de soi et quelque peu égocentrique, Marie donna finalement son assentiment au plan qui permettait à l'enfant de la promesse de grandir exactement comme tous les autres enfants. Tout en restant soumise à la décision prise, elle fit son affaire d'être toujours sur ses gardes pendant que le petit monde jouait autour de la maison ou dans le jardin. Seule une mère aimante peut savoir le poids que Marie eut à porter dans son coeur pour la sécurité de son fils durant sa prime enfance.
Durant les deux années de leur séjour à Alexandrie, Jésus jouit d'une bonne santé et continua à grandir normalement. À part un petit nombre d'amis et de parents, personne ne fut informé que Jésus était un « enfant de la promesse ». L'un des parents de Joseph le révéla à quelques amis de Memphis, descendants du lointain Ikhnaton. Avec un petit groupe de croyants d'Alexandrie, ils s'assemblèrent dans la somptueuse demeure du parent-bienfaiteur de Joseph, peu de temps avant le retour en Palestine, pour présenter leurs voeux à la famille de Nazareth et leurs respects à l'enfant. À cette occasion, les amis assemblés firent don à Jésus d'un exemplaire complet de la traduction en grec des Écritures hébraïques; mais cet exemplaire des textes sacrés juifs ne fut pas remis entre les mains de Joseph avant que lui et Marie eussent tous deux décliné l'invitation de leurs amis de Memphis et d'Alexandrie à rester en Égypte. Ces amis croyants affirmaient que l'enfant de la promesse pourrait exercer une bien plus grande influence mondiale en habitant Alexandrie plutôt qu'une ville de Palestine. Leurs opinions retardèrent quelque temps le départ de Joseph pour la Palestine après qu'il eut reçu la nouvelle de la mort d'Hérode.
Finalement, Joseph et Marie quittèrent Alexandrie sur un bateau en partance pour Jaffa appartenant à leur ami Ezraéon, et arrivèrent à ce port à la fin d'août de l'an 4 avant l'ère chrétienne. Ils se rendirent directement à Bethléhem où ils passèrent tout le mois de septembre à discuter avec leurs amis et parents pour savoir s'ils devaient rester là ou retourner à Nazareth.
Marie n'avait jamais complètement abandonné l'idée que Jésus devait grandir à Bethléhem, la ville de David. Joseph ne croyait pas réellement que leur fils deviendrait un roi libérateur d'Israël. En outre, il savait que lui-même n'était as un vrai descendant de David; le fait d'être compté parmi la postérité de David était dû à l'adoption d'un de ses ancêtres dans la lignée des descendants de David. Marie pensait naturellement que la cité de David était l'endroit le mieux approprié pour élever le nouveau candidat au trône de David, mais Joseph préférait risquer sa chance avec Hérode Antipas plutôt qu'avec son frère Archelaüs. Il concevait de grandes craintes pour la sécurité de l'enfant à Bethléhem ou dans toute autre ville de Judée; il pensait qu'Archélaüs suivrait plus volontiers la politique menaçante de son père, Hérode 1, que ne le ferait Hérode Antipas en Galilée. En dehors de toutes ces raisons, Joseph exprima ouvertement sa préférence pour la Galilée, estimant que c'était un meilleur endroit pour élever et instruire l'enfant, mais il lui fallut trois semaines pour surmonter les objections de Marie.
Au premier octobre, Joseph avait convaincu Marie et leurs amis qu'il était préférable pour eux de retourner à Nazareth. En conséquence, au début d'octobre de l'an 4 avant l'ère chrétienne, ils quittèrent Bethléhem pour Nazareth par la route de Lydda et de Scythopolis. Ils partirent de bonne heure un dimanche matin; Marie et l'enfant étaient montés sur une bête de somme nouvellement acquise, tandis que Joseph et cinq parents les accompagnaient à pied; les parents de Joseph ne leur avaient pas permis de faire seuls le voyage de Nazareth. Ils craignaient d'aller en Galilée par Jérusalem et la vallée du Jourdain; les routes de l'ouest n'étaient pas assez sûres pour deux voyageurs isolés avec un enfant en bas âge.
1. -- LE RETOUR À NAZARETH
Au quatrième jour du voyage, le groupe atteignit sans encombre sa destination. Joseph et Marie arrivèrent sans préavis dans leur maison de Nazareth occupée depuis plus de trois ans par l'un des frères mariés de Joseph, qui en vérité fut surpris de les voir; ils avaient arrangé leur affaire si tranquillement que ni la famille de Joseph ni celle de Marie ne savaient même qu'ils avaient quitté Alexandrie. Le lendemain, le frère de Joseph déménagea sa famille, sur quoi Marie, pour la première fois depuis la naissance de Jésus, se mit vraiment à jouir de la vie dans son propre logis avec sa petite famille. En moins d'une semaine Joseph trouva du travail comme charpentier, et ils furent extrêmement heureux.
Jésus avait environ trois ans et deux mois au moment de leur retour à Nazareth. Il avait très bien supporté tous ces voyages et se trouvait en excellente santé. Il éprouvait une joie enfantine et exubérante à profiter d'un logis à lui, où il pouvait s'ébattre librement; mais la compagnie de ses camarades de jeux d'Alexandrie lui manquait beaucoup.
Sur le chemin de Nazareth, Joseph avait persuadé Marie qu'il serait inopportun de répandre parmi leurs parents et amis galiléens la nouvelle que Jésus était un enfant de la promesse. Ils furent d'accord pour ne faire aucune allusion à personne sur ce sujet, et tous deux tinrent fidèlement parole.
Toute la quatrième année de Jésus fut pour lui une période de développement physique normal et d'activité mentale peu commune. Pendant ce temps, il s'était pris d'une grande amitié pour un jeune voisin, un garçon à peu près de son âge nommé Jacob. Jésus et Jacob étaient toujours heureux de jouer ensemble et devinrent de grands amis et de loyaux compagnons.
L'événement suivant le plus important dans la vie de la famille Je Nazareth fut la naissance d'un deuxième enfant, Jacques, au petit matin du 2 avril de l'an 3 avant l'ère chrétienne. Très ému à la pensée d'avoir un petit frère, Jésus se tenait près de lui pendant des heures, simplement pour observer les premiers gestes du bébé.
Au milieu de l'été de cette même année, Joseph bâtit un petit atelier près de la fontaine du village et du caravansérail. Après cela, il fit très peu de travaux de charpentier à la journée. Il avait comme associés deux de ses frères et plusieurs autres ouvriers qu'il envoyait travailler au-dehors, tandis que lui-même restait à l'atelier à fabriquer des charrues, des jougs, et d'autres objets en bois. Il travaillait aussi le cuir, la corde, et la toile à voile. Jésus grandissait; quand il n'était pas à l'école, il occupait son temps à aider sa mère dans les menus travaux du ménage et à observer le travail de son père à l'atelier en écoutant les conversations et les plaisanteries des conducteurs de caravanes et des voyageurs venus des quatres coins du monde.
En juillet de cette année, un mois avant les quatre ans de Jésus, une épidémie maligne de troubles intestinaux apportée par les voyageurs des caravanes se déclara et se répandit dans Nazareth. Marie fut si alarmée par le danger auquel Jésus était exposé par cette épidémie qu'elle plia bagage avec ses deux enfants et s'enfuit à la ferme de son frère, à plusieurs kilomètres au sud de Nazareth, sur la route de Méguiddo, près de Sarid. Ils ne rentrèrent que deux mois plus tard; Jésus prit grand plaisir à sa première expérience dans une ferme.
| 2. -- LA CINQUIÈME ANNÉE |
| (AN 2 AVANT L'ÈRE CHRÉTIENNE) |
Un peu plus d'un an après le retour à Nazareth, l'enfant Jésus arriva à l'âge de sa première décision morale personnelle et sincère, sur quoi un Ajusteur de Pensée vint habiter en lui. Ce don divin de son Père Paradisiaque avait autrefois habité la pensée de Machiventa Melchizédek et acquis ainsi l'expérience des opérations relatives à l'incarnation d'un être surhumain vivant dans la similitude d'une chair mortelle. Cet événement survint le 11 février de l'an 2 avant l'ère chrétienne. Jésus n'était pas plus prévenu de la venue du divin Moniteur que ne le sont les myriades d'autres enfants qui, avant et depuis ce jour, ont pareillement reçu des Ajusteurs Pensée pour habiter leur pensée, travailler à l'ultime spiritualisation de leur intelligence, et préparer l'éternelle survie de leur âme immortelle évoluante.
En ce jour de février prit fin la supervision directe et personnelle des Dirigeants de l'Univers en ce qui concernait l'intégrité de Micaël incarné comme enfant. À partir de ce moment-là et pendant tout le développement humain de son incarnation, la sauvegarde de Jésus relevait de cet Ajusteur intérieur et des anges gardiens associés. Ceux-ci devaient être aidés de temps en temps par les médians, à qui l'exécution de certaines tâches précises avait été confiée selon les instructions de leurs supérieurs planétaires.
Jésus eut cinq ans en août de cette année; c'est pourquoi nous en parlerons comme étant la cinquième de sa vie. En l'an 2 avant l'ère chrétienne, un mois avant son cinquième anniversaire, Jésus fut très heureux de la venue au monde de sa soeur Miriam, née dans la nuit du 11 juillet. Le lendemain soir, Jésus eut une longue conversation avec son père au et de la façon dont les divers groupes d'êtres vivants viennent au monde en tant qu'individus distincts. La part la plus précieuse de la première éducation de Jésus provint de ses parents, parce qu'ils répondaient à ses questions réfléchies et profondes. Joseph ne manqua jamais de faire tout son devoir en prenant la peine et le temps de répondre aux nombreuses demandes du garçon. Depuis l'âge de cinq ans jusqu'à l'âge de dix ans Jésus fut un point d'interrogation continuel. Joseph et Marie ne pouvaient pas toujours répondre à ses questions, mais il ne manquaient jamais de les discuter à fond et dans toute la mesure possible, ils l'assistèrent dans ses efforts pour trouver une solution satisfaisante aux problèmes que sa pensée éveillée lui avait suggérés.
Depuis leur retour à Nazareth, ils avaient eu une vie de famille très intense, et Joseph avait été exceptionnellement occupé par la construction de son atelier et la reprise de ses affaires. Il avait eu tellement de travail qu'il n'avait pas trouvé le temps de fabriquer un berceau pour Jacques, mais il avait remédié à cela bien avant la naissance de Miriam, de sorte qu'elle avait un petit lit très confortable dans lequel elle se nichait tandis que la famille l'admirait. C'est de tout coeur que l'enfant Jésus participait à ces expériences naturelles et normales du foyer. Il s'amusait beaucoup avec son petit frère et sa petite soeur, et apporta une aide précieuse à Marie en prenant soin d'eux.
En ce temps-là, dans le monde des Gentils, il y avait peu de foyers capables de donner un enfant une éducation intellectuelle, morale, et religieuse meilleure que celle des foyers juifs de Galilée. Les Juifs avaient un programme systématique pour l'éducation et l'instruction. Ils divisaient la vie des enfants en sept stades:
| 1. Le nouveau-né jusqu'à son huitième jour. |
| 2. Le nourrisson allaité. |
| 3. L'enfant sevré. |
| 4. La période où il dépend de la mère, allant jusqu'à la fin de la cinquième année. |
| 5. Le commencement de l'indépendance de l'enfant et, en ce qui concerne les fils, la prise de responsabilité du père pour assumer leur éducation. |
| 6. Les garçons et filles adolescents. |
| 7. Les jeunes hommes et les jeunes femmes. |
Chez les Juifs de Galilée, la coutume voulait que les mères portent la responsabilité de l'éducation des enfants jusqu'à leur cinquième anniversaire, et si l'enfant était un garçon, de passer alors cette responsabilité au père. Cette année-là, Jésus entrait dans le cinquième stade de la carrière d'un enfant juif galiléen; c'est pourquoi, le 21 août de l'an 2 avant l'ère chrétienne et selon la coutume, Marie le confia à Joseph pour la suite de son éducation. Quoique Joseph dut maintenant assumer directement la responsabilité de l'éducation intellectuelle et religieuse de Jésus, sa mère s'intéressait encore à son éducation familiale. Elle lui apprit à connaître et à soigner les vignes et les fleurs poussant contre les murs qui entouraient complètement le jardin de leur domicile. C'est elle aussi qui garnit la terrasse de la maison (la chambre à coucher d'été) de caisses de sable peu profondes dans lesquelles Jésus dessina des cartes et s'exerça de bonne heure à écrire en araméen, en grec, et plus tard en hébreu, car il apprit en son temps à lire, à écrire, et à parler les trois langues.
Jésus paraissait être physiquement un enfant presque parfait, et il continuait à se développer d'une façon normale, mentalement et émotionnellement. A la fin de sa cinquième année, il souffrit d'un léger trouble digestif, sa première maladie bénigne.
Bien que Joseph et Marie parlassent souvent de l'avenir de leur fils aîné, si vous aviez été là vous auriez seulement observé le développement, en ce temps et lieu, d'un enfant normal, sain, sans soucis, mais extrêmement avide d'apprendre.
| 3. -- LES ÉVÉNEMENTS DE LA SIXIÈME ANNÉE |
| (L'AN 1 AVANT L'ÈRE CHRÉTIENNE) |
Déjà, avec l'aide de sa mère, Jésus avait appris à fond le dialecte galiléen de la langue araméenne, et maintenant son père commençait à lui enseigner le grec. Marie le parlait peu, mais Joseph parlait couramment le grec et l'araméen. Le manuel pour l'étude de la langue grecque était l'exemplaire des Écritures hébraïques -- une traduction complète de la Loi et des Prophètes, y compris les Psaumes -- qui leur avait été donné à leur départ d'Égypte. Dans tout Nazareth, il y avait seulement deux exemplaires complets des Écritures en grec, et la possession de l'un d'eux par la famille du charpentier faisait de la maison de Joseph un lieu très recherché; cela permit à Jésus, au fur et à mesure de sa croissance, de rencontrer une procession continuelle de savants consciencieux et de chercheurs sincères de la vérité. Avant la fin de l'année, Jésus avait assumé la garde du précieux manuscrit. Le jour de ses six ans, on lui avait expliqué que le livre sacré lui avait été offert par des amis et parents d'Alexandrie. Très peu de temps après, il pouvait le lire couramment.
Le premier grand choc dans la jeune vie de Jésus survint un peu avant qu'il eût six ans. Il avait semblé au garçon que son père -- ou tout au moins son père et sa mère réunis -- savaient tout. C'est pourquoi vous pouvez imaginer la surprise de cet enfant questionneur lorsqu'il demanda a son père la cause d'un léger tremblement de terre qui venait de se produire, et qu'il s'entendit répondre par Joseph: « Mon fils, réellement je ne sais pas ». Ainsi commença la longue et déconcertante suite de désillusions au cours de laquelle Jésus s'aperçut que ses parents terrestres ne possédaient ni la sagesse infinie ni la science infuse.
La première pensée de Joseph fut de dire que le tremblement de terre avait été causé par Dieu, mais un moment de réflexion l'avertit qu'une telle réponse provoquerait immédiatement des questions ultérieures encore plus embarrassantes. Même dans la prime enfance de Jésus, il avait été Très difficile de répondre à ses questions concernant les phénomènes physiques ou sociaux en lui disant inconsidérément que Dieu, ou bien le diable, en était responsable. Conformément à la croyance prédominante du peuple juif, Jésus était depuis longtemps disposé a accepter la doctrine des bons esprits et des mauvais esprits comme une explication possible des phénomènes mentaux et spirituels; mais de très bonne heure il se mit à douter que ces influences invisibles fussent responsables des événements physiques du monde naturel.
Avant que Jésus eût six ans, au début de l'été dé l'an 1 avant l'ère chrétienne, Zacharie, Élisabeth, et leur fils Jean vinrent rendre visite à la famille de Nazareth. Jésus et Jean eurent du bon temps pendant cette visite, la première dans leurs souvenirs. Bien que les visiteurs n'aient pu rester que quelques jours, les parents abordèrent de nombreux sujets, y compris les projets d'avenir pour leurs fils. Tandis qu'ils étaient ainsi occupés, les garçons jouaient avec des cailloux dans le sable sur la terrasse de la maison et s'amusaient ensemble de maintes autres manières à la vraie façon des garçons.
Ayant rencontré Jean, qui venait des environs de Jérusalem, Jésus commença a témoigner d'un intérêt extraordinaire pour l'histoire d'Israël et à s'informer avec force détails de la signification des rites du sabbat, des sermons de la synagogue, et des fêtes commémoratives périodiques. Son père lui expliqua le sens de tous ces anniversaires. La première fête se célébrait au milieu de l'hiver était celle de l'illumination; elle durait huit jours; la première nuit on allumait une chandelle, et chaque nuit successive on en allumait une nouvelle. Ceci commémorait la consécration du temple après la restauration du cérémonial de Moïse par Judas Macchabée. Ensuite venait au début du printemps la célébration de Purim, la fête d'Esther et de la délivrance d'Israël par elle. Puis venait la Pâque solennelle que les adultes célébraient à Jérusalem toutes les fois que cela était possible, tandis qu'à la maison les enfants devaient se rappeler que durant toute la semaine il ne fallait pas manger de pain au levain. Plus tard venait la fête des premiers fruits, la rentrée de la moisson, et enfin la plus solennelle de toutes, la fête du nouvel an, le jour des propitiations. Quelques-unes de ces célébrations et observances étaient difficiles à comprendre pour la jeune pensée de Jésus, mais il y réfléchissait sérieusement. Il prit alors joyeusement part à la fête des Tabernacles, la saison des vacances annuelles de tous les Juifs, le moment où ils campaient sous des tentes de branchages et s'adonnaient à la gaieté et aux plaisirs.
Durant cette année, Joseph et Marie eurent des difficultés avec Jésus au sujet de ses prières. Il insistait pour parler à son Père céleste comme il aurait parlé à Joseph, son père terrestre. Cette infraction aux solennels et vénérés moyens de communication avec la Déité était un peu déconcertante pour ses parents, spécialement pour sa mère, mais on ne pouvait le persuader de changer; il disait ses prières exactement comme on les lui avait apprises, après quoi il insistait pour avoir « juste un petit entretien avec mon Père dans les cieux ».
En juin de cette année, Joseph céda l'atelier de Nazareth à ses frères et se consacra totalement à son travail d'entrepreneur. Avant la fin de l'année, le revenu de la famille avait plus que triplé. Jamais plus, jusqu'après la mort de Joseph, la famille de Nazareth ne connut les affres de la pauvreté. La famille s'agrandit de plus en plus; on y dépensa beaucoup d'argent en études et voyages complémentaires, mais le revenu croissant de Joseph restait toujours à la hauteur de l'augmentation des dépenses.
Pendant les quelques années qui suivirent, Joseph fit des travaux considérables à Cana, Bethléhem (de Galilée), Magdala, Naïn, Séphoris, Capharnaüm, et Endor et entreprit beaucoup de constructions à Nazareth même et dans les environs. Comme Jacques devenait assez grand pour aider sa mère dans les soins du ménage et s'occuper des enfants plus jeunes, Jésus fit de fréquents déplacements avec son père dans les villes et villages voisins. Jésus était un observateur pénétrant et acquit beaucoup de notions pratiques au cours de ces randonnées hors de chez lui; il emmagasinait assidûment les connaissances concernant les hommes et leur mode de vie sur terre.
Cette année-là, Jésus fit de grands progrès pour adapter ses sentiments énergiques et ses impulsions vigoureuses aux exigences familiales de coopération et de discipline du foyer. Marie était une mère aimante, mais assez stricte sur la discipline; toutefois, sous bien des rapports, c'était Joseph qui exerçait le plus grand contrôle sur Jésus, car il avait l'habitude de s'asseoir auprès du garçon et de lui expliquer complètement les raisons réelles et sous-jacentes de la nécessité de discipliner les désirs personnels par respect pour le bonheur et la tranquillité de toute la famille. Quand la situation avait été expliquée à Jésus, il coopérait toujours intelligemment et de bon gré aux souhaits paternels et aux règles familiales.
Quand sa mère n'avait pas besoin de son aide à la maison, Jésus occupait une grande partie de ses loisirs à l'étude des plantes et des fleurs durant le jour, et à celle des étoiles le soir. Il montrait une tendance fâcheuse à rester couché sur le dos et à contempler avec émerveillement le ciel étoilé, longtemps après l'heure habituelle du coucher dans la maisonnée si bien ordonnée de Nazareth.
| 4. -- LA SEPTIÈME ANNÉE |
| (L'AN 1 DE L'ÈRE CHRÉTIENNE) |
Ce fut en vérité une année mouvementée dans la vie de Jésus. Au début de janvier, une grande tempête de neige s'abattit sur la Galilée. La neige tomba sur soixante centimètres d'épaisseur; ce fut la plus forte chute de neige que Jésus vit durant sa vie, et l'une des plus importantes à Nazareth depuis cent ans.
Les distractions des enfants juifs au temps de Jésus était plutôt limitées; trop souvent les enfants imitaient dans leurs jeux les occupations plus sérieuses de leurs aînés. Ils jouaient beaucoup au mariage et l'enterrement, cérémonies qu'ils voyaient si fréquemment et qui étaient très spectaculaires. Ils dansaient et chantaient, mais avaient peu de jeux organisés comme ceux qui plaisent tant aux enfants modernes.
En compagnie d'un garçon du voisinage, et plus tard de son frère Jacques, Jésus adorait jouer dans le coin le plus éloigné de l'atelier familial du charpentier, où ils s'amusaient beaucoup avec des copeaux et des pièces de bois. Il était toujours difficile a Jésus de comprendre le mal qu'il y avait à jouer à certains jeux défendus le jour du sabbat, mais il ne manqua jamais de se conformer aux désirs de ses parents. Il avait une aptitude à l'humour et au jeu qui avait peu d'occasions de s'exprimer dans son ambiance et dans sa génération; mais jusqu'à l'âge de quatorze ans il fut gai et avait la plupart du temps le coeur léger.
Mari entretenait un pigeonnier sur le toit de l'étable attenante à la maison. La famille consacrait le produit de la vente des pigeons à un fonds spécial de charité que Jésus administrait, après en avoir déduit la dîme qu'il envoyait au préposé de la synagogue.
Le seul véritable accident de Jésus jusque-là fut une chute qu'il fit dans l'escalier de pierre de l'arrière-cour conduisant à la chambre à coucher de la terrasse à couverture de toile. Cela advint en juillet pendant une tempête de sable inattendue venant de l'est. Les vents chauds soulevant des rafales de sable fin soufflaient généralement pendant la saison des pluies, spécialement en mars et avril. Il était extraordinaire de voir une telle tempête en juillet. Lorsqu'elle survint, Jésus jouait sur la terrasse de la maison car, durant une grande partie de la saison sèche, c'était la salle de jeux habituelle. En descendant l'escalier, il fut aveuglé par le sable et tomba. Après cet accident, Joseph construisit une rampe des deux côtés de l'escalier.
Il n'y avait aucun moyen de prévenir cet accident. Ce ne fut pas une négligence imputable aux gardiens temporels médians, car un médian primaire et un secondaire avaient été affectés à la surveillance du garçon; l'ange gardien non plus n'était pas fautif. Simplement, cela ne pouvait être évité. Mais ce léger accident, survenant pendant que Joseph était à Endor, fit naître une si grande anxiété dans la pensée de Marie qu'elle essaya déraisonnablement de garder Jésus tout près d'elle pendant quelques mois.
Les personnalités célestes n'interviennent pas arbitrairement dans les accidents, qui sont des événements courants de nature physique. Dans les circonstances ordinaires, seuls les médians peuvent agir sur les conditions matérielles pour sauvegarder les personnes des hommes et des femmes ayant une destinée; même dans des situations spéciales, ils ne peuvent opérer dans ce sens qu'en se conformant aux ordres spécifiques de leurs supérieurs.
Ceci ne fut qu'un des assez nombreux accidents mineurs secondaires qui arrivèrent ultérieurement à ce jeune homme curieux et aventureux. Si vous considérez l'enfance et la jeunesse ordinaire d'un garçon dynamique, vous aurez une assez bonne idée des débuts terrestres de Jésus, et vous pourrez a peu près imaginer l'anxiété qu'il causa à ses parents, particulièrement à sa mère.
Joseph, le quatrième enfant de la famille de Nazareth, naquit le mercredi matin 16 mars de l'an 1 de l'ère chrétienne.
5. -- LES ANNÉES D'ÉCOLE À NAZARETH
Jésus avait maintenant sept ans, l'âge auquel les enfants juifs sont censés commencer officiellement leur éducation dans les écoles de la synagogue. En conséquence, il débuta en août de cette année-là dans sa vie mouvementée d'écolier à Nazareth. Déjà le garçon lisait, écrivait, et parlait couramment deux langues, l'araméen et le grec. Il lui fallait maintenant se familiariser avec la tâche d'apprendre à lire, écrire, et parler la langue hébraïque. Il était vraiment passionné par la nouvelle vie scolaire qui s'ouvrait devant lui.
Pendant trois ans -- jusqu'à ce qu'il eût dix ans -- il fréquenta l'école élémentaire de la synagogue de Nazareth. Durant ces trois années, il étudia les rudiments du Livre de la Loi tel qu'il était rédigé en langue hébraïque. Durant les trois années suivantes, il étudia à l'école supérieure et apprit, par la méthode de répétition à haute voix, les enseignements les plus profonds de la loi sacrée. Il reçut son diplôme de l'école de la synagogue au cours de sa treizième année et fut rendu à ses parents par les chefs de la synagogue comme « fils du commandement » éduqué -- désormais citoyen responsable de la communauté d'Israël, ce qui lui imposait d'assister à la Pâque à Jérusalem; en conséquence, il participa cette année-là à sa première Pâque en compagnie de son père et de sa mère.
À Nazareth, les élèves s'asseyaient en demi-cercle sur le plancher tandis que leur professeur, le chazan, un préposé de la synagogue, était assis leur faisant face. Commençant par le Livre du Lévitique, ils passèrent à l'étude des autres livres de la Loi, suivie par celle des Prophètes et des Psaumes. La synagogue de Nazareth possédait un exemplaire complet des Écritures en hébreu. Avant l'âge de douze ans, on n'étudiait rien d'autre que les Écritures. Pendant les mois d'été, les heures de classe étaient très écourtées.
Jésus devint de bonne heure un maître en hébreu. En tant que jeune homme, quand aucun visiteur de marque ne séjournait à Nazareth, on lui demanda souvent de lire les Écritures hébraïques aux fidèles assemblés à la synagogue pour les services religieux réguliers au sabbat.
Bien entendu, les écoles de la synagogue n'avaient pas de manuels. Pour enseigner, le chazan formulait un exposé que les élèves répétaient à l'unisson après lui. Quand ils avaient accès aux livres écrits de la Loi, les étudiants apprenaient leurs leçons en lisant à haute voix et en répétant constamment.
En plus de son éducation officielle, Jésus commença à prendre contact avec la nature humaine des quatre parties du monde, du fait que les hommes de nombreux pays allaient et venaient dans l'atelier de réparation de son père. En grandissant, il se mêla librement aux caravanes qui faisaient halte près de la fontaine pour se reposer et se restaurer. Parlant couramment le grec, il n'avait guère de difficulté à converser avec la majorité des voyageurs et conducteurs de caravanes.
Nazareth était une étape sur le chemin des caravanes et un carrefour de voyages. La ville était largement peuplée de Gentils et en même temps bien connue comme centre où l'on interprétait libéralement la loi juive traditionnelle. En Galilée, les Juifs se mêlaient aux Gentils plus franchement qu'il n'était d'usage en Judée. Parmi toutes les villes de Galilée, c'est à Nazareth que les Juifs étaient les plus libéraux dans leur interprétation des restrictions sociales basées sur les craintes de contagion résultant du contact avec les Gentils. Ces conditions avaient donné naissance à une maxime courante à Jérusalem: » Quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth? »
Jésus reçut sa formation morale et sa culture spirituelle principalement à son propre foyer. Il acquit du chazan beaucoup de son éducation intellectuelle et théologique. Quant à son éducation réelle -- l'équipement de pensée et de coeur pour l'épreuve effective de s'attaquer aux difficiles problèmes de la vie -- il l'obtint en se mêlant à ses semblables. Ce fut cette étroite association avec ses compagnons jeunes et vieux, Juifs et Gentils, qui lui fournit l'occasion de connaître la race humaine. Jésus était fort instruit, en ce sens qu'il comprenait complètement les hommes et les aimait avec dévotion.
Durant toutes ses années à la synagogue, il fut un étudiant brillant, ayant une grande supériorité du fait qu'il connaissait bien trois langues. À l'occasion de la fin des cours de Jésus à l'école, le chazan de Nazareth fit remarquer à Joseph qu'il craignait [ d'avoir appris plus de choses par les questions pénétrantes de Jésus que lui n'avait été capable d'en enseigner au jeune garçon ».
Pendant tout le cours de ses études, Jésus apprit beaucoup et tira une grande inspiration des sermons réguliers du sabbat à la synagogue. Il était d'usage de demander aux visiteurs de marque s'arrêtant à Nazareth durant le sabbat de prendre la parole à la synagogue. En grandissant, Jésus entendit beaucoup de grands penseurs du monde juif tout entier exposer leur points de vue, et aussi beaucoup de Juifs peu orthodoxes, car la synagogue de Nazareth était un centre juif avancé et libéral de la pensée et de la culture hébraïques.
En entrant à l'école à sept ans (à cette époque les Juifs venaient juste de mettre en vigueur une loi sur l'instruction obligatoire), il était d'usage pour les élèves de choisir leur « texte d'anniversaire », une sorte de règle d'or pour les guider pendant toutes leurs études, et sur lequel ils avaient souvent à disserter lors de leur examen à l'âge de treize ans. Le texte que Jésus avait choisi était tiré du prophète Isaïe: « L'esprit du Seigneur Dieu est sur moi, parce que le Seigneur m'a oint; il m'a envoyé pour porter la bonne nouvelle aux débonnaires, pour consoler les affligés, pour proclamer la liberté aux captifs, et pour libérer les prisonniers spirituels » (1).
(1) Isaïe LXI-1.
Nazareth était l'un des vingt-quatre centres de la prêtrise de la nation hébraïque. Le clergé de Galilée était plus libéral que les scribes et les rabbins de Judée dans l'interprétation des lois traditionnelles. À Nazareth, on était également plus libéral en ce qui concernait l'observance du sabbat; c'est pourquoi Joseph avait coutume d'emmener Jésus en promenade les après-midi de sabbat. Une de leurs excursions favorites consistait à grimper sur la haute colline voisine de leur maison, d'où ils avaient une vue panoramique sur toute la Galilée. Au nord-ouest, par temps clair, on voyait la longue crête du Mont Carmel descendant vers la mer. Jésus entendit maintes fois son père raconter l'histoire d'Élie, l'un des premiers de la longue lignée des prophètes hébreux, qui blâma Achab et démasqua les prêtres de Baal. Au nord, le Mont Hermon élevait son pic neigeux dans une splendeur majestueuse et monopolisait ligne d'horizon; sur presque mile mètres, ses pentes supérieures étincelaient de la blancheur des neiges éternelles. Au loin, à l'orient, on discernait la vallée du Jourdain et, beaucoup plus loin, les collines rocheuses de Moab. Egalement au sud et à l'est, quand le soleil en éclairait les murs de marbre, on apercevait les villes gréco-romaines de la Décapole avec leurs amphithéâtres et leurs temples prétentieux. Quand le père et le fils s'attardaient au coucher du soleil, ils pouvaient distinguer les bateaux à voiles au loin sur la Méditerranée.
Jésus pouvait observer les convois de caravanes qui poursuivaient leur route dans quatre directions, entrant et sortant de Nazareth; au sud il pouvait voir le large et fertile pays d'Esdraélon s'étendant vers le Mont Gilboa et la Samarie.
Quand Jésus et son père n'escaladaient pas les hauteurs pour regarder la vue panoramique, ils se promenaient à travers la campagne et étudiaient la nature sous ses divers aspects selon les saisons. La plus précoce éducation de Jésus, à part celle du foyer familial, avait consisté à prendre avec la nature un contact respectueux et sympathique.
Avant qu'il eût huit ans, il était connu de toutes les mères de famille et jeunes femmes de Nazareth; elles l'avaient rencontré et avaient causé avec lui à la fontaine proche de chez lui, qui était l'un des centres sociaux de rencontre et de commérage de la ville entière. Cette année-là, Jésus apprit à traire la vache de la famille et à prendre soin des autres animaux. Pendant cette année et l'année suivante, il apprit aussi à faire du fromage et à tisser. Quand il eut dix ans, il était un habile tisserand. C'est vers cette époque que Jésus et son petit voisin Jacob devinrent de grands amis du potier Nathan qui travaillait près de la source jaillissante; tandis qu'ils observaient ses doigts agiles moulant l'argile sur le tour, tous deux songèrent bien des fois à devenir potiers quand ils seraient grands. Nathan avait beaucoup d'affection pour les deux garçons et leur donnait souvent de la terre glaise pour jouer; ils s'efforçait de stimuler leur imagination créatrice en leur suggérant de rivaliser dans le modelage d'objets et d'animaux divers.
6. -- SA HUITIÈME ANNÉE (AN 2)
Ce fut une intéressante année d'école. Bien que Jésus ne fût pas un étudiant extraordinaire, il était un élève appliqué et se classait dans le premier tiers de sa classe; il faisait si bien son travail qu'il était dispensé de présence une semaine par mois. Il passait généralement cette semaine soit avec son oncle pêcheur sur les bords de la mer de Galilée près de Magdala, soit à la ferme d'un autre de ses oncles (le frère de sa mère) à huit kilomètres au sud de Nazareth.
Bien que sa mère s'inquiétât exagérément de sa santé et de sa sécurité, elle s'habituait peu à peu aux séjours hors de la maison. Les oncles et les tantes de Jésus l'aimaient beaucoup; il s'ensuivit parmi eux, au cours de cette année et des quelques années suivantes, une vive rivalité pour s'assurer sa compagnie durant les visites mensuelles. La première fois (depuis sa petite enfance) qu'il séjourna une semaine dans la ferme de son oncle fut en janvier de cette année-là; sa première semaine d'expérience de pêche sur la mer de Galilée eut lieu au mois de mai.
À cette époque, Jésus rencontra un professeur de mathématiques de Damas et, après avoir appris quelques nouvelles techniques arithmétiques, il consacra beaucoup de temps aux mathématiques pendant plusieurs années. Il acquit un sens aigu des nombres, des distances, et des proportions.
Jésus commença à beaucoup apprécier son frère Jacques. À la fin de l'année, il avait commencé à lui apprendre l'alphabet.
Cette année-là, Jésus fit des arrangements pour échanger des produits laitiers contre des leçons de harpe. Il avait un goût exceptionnel pour tout ce qui était musical. Plus tard il contribua beaucoup à encourager la musique vocale parmi ses jeunes camarades. Quand il eût onze ans, il était un harpiste habile et prenait grand plaisir à faire entendre à sa famille et ses amis ses extraordinaires interprétations et ses belles improvisations.
Tandis que Jésus faisait des progrès remarquables à l'école, tout n'allait pas sans encombre pour ses parents et pour ses maîtres. Il persistait à poser quantité de questions embarrassantes concernant à la fois la science et la religion, particulièrement en géographie et en astronomie. Il insistait spécialement pour savoir pourquoi il y avait une saison sèche et une saison des pluies en Palestine. Maintes et maintes fois, il chercha l'explication de la grande différence entre les températures de Nazareth et celles de la vallée du Jourdain. Il ne cessait pour ainsi dire jamais de poser des questions de ce genre, intelligentes mais embarrassantes.
Son troisième frère Simon naquit le vendredi soir 14 avril de cette année, l'an 2 de l'ère chrétienne.
En février, Nahor, professeur dans une académie rabbinique de Jérusalem, vint à Nazareth pour observer Jésus après avoir accompli une mission similaire chez Zacharie près de Jérusalem. Il vint à Nazareth à l'instigation du père de Jean. Au premier abord, il fut quelque peu choqué par la franchise de Jésus et sa manière peu classique de s'associer aux choses religieuses. Il l'attribua au fait que la Galilée était éloignée des centres hébreux d'instruction et de culture, et conseilla à Joseph et à Marie de lui permettre d'emmener Jésus à Jérusalem où il pourrait bénéficier des avantages de l'éducation et de l'instruction au centre de la culture juive. Marie était à moitié prête à consentir; elle était convaincue que son fils aîné allait devenir le Messie, le libérateur des Juifs. Joseph hésitait; il était également persuadé qu'en grandissant Jésus deviendrait un homme de la destinée, mais il était profondément incertain de ce que serait cette destinée. Il ne douta jamais réellement que son fils dût remplir quelque grande mission sur terre. Plus il pensait à l'avis de Nahor, plus il se demandait si le séjour proposé à Jérusalem était raisonnable.
À cause de cette divergence d'opinion entre Joseph et Marie, Nahor demanda la permission de soumettre toute l'affaire Jésus. Jésus l'écouta attentivement et en parla à Joseph, à Marie, et à un voisin, Jacob le maçon, dont le fils était son camarade de jeu favori. Deux jours plus tard, Jésus exposa qu'il existait une grande divergence d'opinions entre ses parents et ses conseillers, et qu'il ne s'estimait pas qualifié pour prendre la responsabilité d'une telle décision, car il ne se sentait fortement poussé ni dans un sens ni dans l'autre. Dans ces conditions, il avait finalement décida de « parler à mon Père qui est au cieux ». Bien qu'il ne fût pas parfaitement sûr de la réponse, il sentait qu'il devait plutôt rester à la maison « avec mon père et ma mère ». Il ajouta: « Eux qui m'aiment tellement doivent être capables de faire plus pour moi et de me guider plus sûrement que des étrangers qui peuvent seulement voir mon corps et observer mes pensées, mais ne peuvent guère me connaître vraiment ». Ils furent tous émerveillés, et Nahor s'en retourna à Jérusalem. Ceci se passait plusieurs années avant que fût prise en considération l'idée que Jésus pourrait quitter son foyer.
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- Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
NAISSANCE ET PETITE ENFANCE DE JÉSUS
IL n'est guère possible d'expliquer à fond les nombreuses raisons qui ont conduit à choisir la Palestine comme pays d'effusion pour Micaël, et spécialement pourquoi la famille de Joseph et de Marie devait être désignée comme cadre immédiat de l'apparition de ce Fils de Dieu sur Urantia.
Après étude du rapport spécial préparé par les Melchizédeks, en conseil avec Gabriel, sur le statut des mondes sélectionnés, Micaël choisit finalement Urantia comme planète pour son effusion finale. Comme suite a cette décision, Gabriel visita personnellement Urantia. Après avoir observé des groupes humains et examiné les traits caractéristiques spirituels, intellectuels, raciaux, et géographiques de ce monde et de ses peuples, il conclut que les Hébreux possédaient les avantages relatifs qui justifiaient leur sélection comme race d'effusion. Micaël ayant approuvé cette décision, Gabriel nomma et dépêcha sur Urantia la Commission Familiale des Douze -- choisie parmi les personnalités des ordres les plus élevés de l'univers local -- à laquelle il confia la tâche de faire une enquête sur la vie familiale juive. Quand le travail de la commission prit fin, Gabriel était présent sur Urantia et reçut le rapport désignant trois ménages en perspective comme étant, d'après l'opinion de la commission, également favorables en tant que famille d'effusion pour l'incarnation de Micaël.
Parmi les trois couples désignés, Gabriel choisit personnellement Joseph et Marie; ensuite il apparut en personne à Marie et lui apporta en même temps l'heureuse nouvelle qu'elle avait été choisie pour devenir la mère terrestre de l'enfant de la grâce.
Joseph, le père humain de Jésus (Joshua ben Joseph), était un Hébreu d'entre les Hébreux; il avait néanmoins beaucoup de traits raciaux non juifs qui s'étaient greffés en diverses occasions sur son arbre généalogique par la lignée féminine de ses ancêtres. Les ancêtres paternels de Joseph remontaient au temps d'Abraham et, par ce vénérable patriarche, aux anciennes hérédités sumériennes et nodites. Par les tribus méridionales des anciens hommes bleus, il descendait d'Andon et de Fonta. David et Salomon n'étaient pas des ancêtres en ligne directe de Joseph, dont le lignage ne remontait pas non plus directement à Adam. Les proches ascendants de Joseph étaient des ouvriers -- entrepreneurs, charpentiers, maçons, et forgerons. Joseph était lui-même charpentier et devint plus tard entrepreneur. Si famille appartenait à une longue et illustre lignée de notables du peuple, rehaussée de temps à autre par l'apparition d'individus exceptionnels qui s'étaient fait remarquer dans l'évolution de la religion sur Urantia.
Marie, la mère terrestre de Jésus, descendait en ligne directe d'une longue lignée d'aïeux comprenant beaucoup de femmes parmi les plus remarquables de l'histoire raciale d'Urantia. Bien qu'appartenant à la bonne moyenne de son temps, Marie comptait parmi ses ancêtres des femmes illustres comme Annon, Tamar, Ruth, Bethsabée, Ansie, Cloa, Ève, Enta, et Ratta. Nulle femme juive de l'époque n'avait un lignage plus illustre, remontant aussi loin à des origines aussi prometteuses. Les ancêtres de Marie, comme ceux de Joseph, étaient caractérisés par la prédominance d'individus vigoureux, mais ordinaires, relayés çà et là par quelques personnalités hors ligne dans la marche de la civilisation et le progrès de l'évolution religieuse. Du point de vue racial, il est difficile de considérer Marie comme une Juive au sens propre du mot. Par sa culture et ses croyances, elle était juive, mais par ses dons héréditaires elle était plus un composé de souches syriennes, hittites, phéniciennes, grecques, et égyptiennes; son hérédité raciale avait des bases plus larges que celle de Joseph.
De tous les couples vivant en Palestine au moment où Micaël prépara son effusion, Joseph et Marie formaient la combinaison idéale de vastes parentés raciales et de dons supérieurs à la moyenne. Le plan de Micaël était d'apparaître sur terre comme un homme ordinaire, afin que le commun des mortels puisse le comprendre et l'accueillir. C'est pourquoi Gabriel fit choix de Joseph et de Marie pour devenir les parents élus.
2. -- GABRIEL APPARAÎT À ÉLISABETH
L'oeuvre de Jésus sur Urantia fut réellement commencée par Jean le Baptiste. Le père de Jean, Zacharie, appartenait la prêtrise juive, tandis que sa mère, Élisabeth, était membre de la branche la plus prospère du grand groupe familial auquel appartenait Marie, mère de Jésus. Zacharie et Élisabeth n'avaient pas d'enfants, bien qu'ils fussent mariés depuis de nombreuses années.
Ce fut dans les derniers jours du mois de juin de l'an 8 avant l'ère chrétienne, environ trois mois après le mariage de Joseph et de Marie, que Gabriel apparut à Élisabeth, un jour a midi, exactement comme plus tard il fit connaître sa présence à Marie, Gabriel dit:
« Tandis qu'à Jérusalem ton mari Zacharie officie devant l'autel, tandis que le peuple assemblé prie pour la venue d'un sauveur, moi, Gabriel, je viens t'annoncer que bientôt tu enfanteras un fils qui sera le précurseur du divin Maître; tu appelleras ton fils Jean. Il grandira consacré au Seigneur ton Dieu, et quand il sera dans la force de l'âge, il réjouira ton coeur parce qu'il ramènera des âmes à Dieu; il annoncera la venue du guérisseur de l'âme de ton peuple et du libérateur spirituel de toute l'humanité. Ta parente Marie sera la mère de cet enfant de la promesse, et je lui apparaîtrai à elle aussi ».
Cette vision effraya beaucoup Élisabeth. Après le départ de Gabriel, elle réfléchit longuement en méditant les dires du majestueux visiteur, mais elle ne parla de cette révélation à nul autre qu'à son époux avant la visite que lui fit Marie l'année suivante au début de février.
Pendant cinq mois, Élisabeth garda son secret même vis-à-vis de son mari. Quand elle lui révéla la visitation de Gabriel, Zacharie accueillit son récit avec scepticisme. Pendant des semaines il douta de toute l'histoire; il ne consentit, sans enthousiasme, à croire à la visite de Gabriel qu'au moment où il cessa de pouvoir contester que sa femme était enceinte. Zacharie était fort perplexe au sujet de la prochaine maternité d'Élisabeth, mais, nonobstant son propre âge avancé, il ne mit pas en doute la fidélité de sa femme. Six semaines avant la naissance de Jean, Zacharie eut un rêve impressionnant; c'est alors seulement qu'il acquit la conviction qu'Élisabeth allait devenir la mère d'un fils de la destinée, d'un homme chargé de préparer le chemin pour la venue du Messie.
Ce fut vers la mi-novembre, huit ans avant le début de l'ère chrétienne, que Gabriel apparut à Marie tandis qu'elle travaillait dans sa maison de Nazareth. Plus tard quand Marie ne douta plus qu'elle allait devenir mère, elle persuada Joseph de la laisser aller à la Ville de Juda, dans les collines à sept kilomètres à l'ouest de Jérusalem, pour rendre visite à Élisabeth. Gabriel avait informé chacune des deux futures mères de son apparition à l'autre. Elles étaient donc naturellement impatientes de se voir, de comparer leurs expériences, et de s'entretenir de l'avenir probable de leurs fils. Marie resta trois semaines chez sa cousine lointaine. Élisabeth contribua beaucoup à consolider la confiance de Marie dans la vision de Gabriel, de sorte que Marie retourna chez elle pleinement obéissante à l'appel d'enfanter le fils de la destinée qu'elle devait si prochainement présenter au monde comme un bébé sans défense, un enfant normal et moyen du royaume.
Jean naquit dans la Ville de Juda le 25 mars de l'an 7 avant l'ère chrétienne. Zacharie et Élisabeth se réjouissaient grandement de ce qu'un fils leur soit venu comme Gabriel l'avait promis. Le huitième jour, quand ils présentèrent l'enfant à la circoncision, ils le prénommèrent Jean, comme cela leur avait été recommandé auparavant. Déjà un neveu de Zacharie était parti pour Nazareth porteur du message d'Élisabeth à Marie annonçant que son fils était né et qu'il avait reçu le prénom de Jean.
Depuis la plus tendre enfance de Jean, ses parents lui inculquèrent judicieusement l'idée qu'en grandissant il allait devenir un chef spirituel et un maître de la religion, et le coeur de Jean était toujours un terrain favorable pour les suggestions qui y étaient ainsi semées. Dans son enfance, on le trouvait fréquemment au temple pendant les périodes de service de son père, et il était extrêmement impressionné par la signification de tout ce qu'il voyait et entendait.
3. -- L'ANNONCE DE GABRIEL À MARIE
Un soir vers le coucher du soleil, avant que Joseph ne fût rentré à la maison, Gabriel apparut à Marie à côté d'une table basse en pierre; après qu'elle se fut remise de son étonnement, il lui dit: « Je viens sur l'ordre de Celui qui est mon Maître et que tu devras aimer et nourrir. À toi, Marie, j'apporte de bonnes nouvelles, car je t'annonce que ta conception est ordonnée par le ciel et qu'en temps voulu tu deviendras mère d'un fils; tu l'appelleras Jésus; il inaugurera le royaume des cieux sur la terre et parmi les hommes. Ne parle pas de tout ceci sauf à Joseph et à Élisabeth, ta parente à laquelle je suis également apparu et qui elle aussi va bientôt donner naissance à un fils dont le nom sera Jean. Celui-là préparera la voie pour le message de délivrance que ton fils proclamera aux hommes avec une grande puissance et une profonde conviction. Ne doute pas de ma parole, Marie, car cette maison a été choisie comme habitat terrestre de cet enfant de la destinée. Ma bénédiction est sur toi, le pouvoir du Très Haut te soutiendra, et le Seigneur de toute la terre étendra sa protection sur toi».
Pendant plusieurs semaines, Marie médita secrètement dans son coeur cette visitation. Quand elle fut certaine qu'elle attendait un enfant, elle osa enfin révéler à son mari ces événements sortant de l'ordinaire. Lorsque Joseph apprit tout cela, et bien qu'il eût grande confiance en Marie, il fut très troublé et ne put dormir pendant bien des nuits. D'abord, Joseph eut des doutes sur la visitation de Gabriel. Ensuite, quand il fut à peu près persuadé que Marie avait réellement entendu la voix et vu la forme du divin Messager, il ne sut que penser et se demanda comment de telles choses pouvaient arriver. Comment un descendant d'êtres humains pouvait-il être un enfant à destinée divine? Joseph ne put résoudre ce conflit d'idées; toutefois, après plusieurs semaines de réflexion, Marie et lui arrivèrent à la conclusion qu'ils avaient été choisis pour être les parents du Messie, bien que les Juifs n'aient guère eu le concept que le Sauveur attendu dût être de nature divine. Étant arrivée à cette conclusion importante, Marie hâta son départ pour rendre visite à Élisabeth.
À son retour, Marie alla voir ses parents Joachim et Anna. Ses deux frères, ses deux soeurs, et tous ses parents furent toujours très sceptiques sur la mission divine de Jésus, bien qu'à cette époque ils n'aient naturellement rien su de la visitation de Gabriel. Mais Marie avait confié à sa soeur Salomé qu'elle pensait que son fils était destiné à devenir un grand instructeur.
L'annonce de Gabriel à Marie fut faite le jour qui suivit la conception de Jésus, et ce fut en l'occurrence le seul événement surnaturel lié à l'expérience de Marie consistant à porter et mettre au monde l'enfant de la promesse.
Joseph ne s'habitua pas à l'idée que Marie allait devenir la mère d'un enfant extraordinaire, jusqu'au jour où un rêve très impressionnant le convainquit. Dans ce rêve un brillant messager céleste lui apparut et lui dit entre autres choses: « Joseph, je t'apparais sur l'ordre de Celui qui règne maintenant dans les cieux; j'ai reçu mandat de te donner des instructions concernant le fils que Marie va enfanter et qui doit devenir une grande lumière dans ce monde. En lui sera la vie, et sa vie deviendra la lumière de l'humanité. Il ira d'abord vers son propre peuple, mais celui-ci l'acceptera difficilement; à tous ceux qui l'accueilleront, il révélera qu'ils sont les enfants de Dieu ». Après cette expérience, Joseph ne douta plus de l'histoire de Marie concernant la visitation de Gabriel et la promesse que l'enfant à naître serait un messager divin dans le monde.
Dans toutes ces visitations, rien n'avait été dit concernant la maison de David. On n'avait jamais annoncé que Jésus viendrait comme le « Sauveur des Juifs », pas même qu'il devait être le Messie attendu depuis si longtemps. Jésus n'était pas un Messie du genre que les Juifs espéraient, mais il était le libérateur du monde! Sa mission ne concernait pas seulement un groupe, mais toutes les races et tous les peuples.
Joseph ne descendait pas du roi David. Marie avait plus d'ancêtres que Joseph dans la branche de David. A la vérité, Joseph avait été à Bethléem, la cité de David, afin de se faire inscrire pour le recensement romain, et cela parce que six générations auparavant son aïeul paternel orphelin avait été adopté par un certain Zadoc, qui descendait directement de David c'est pourquoi Joseph comptait aussi comme appartenant à la « maison de David ».
La plupart des soi-disant prophéties messianiques de l'Ancien Testament furent rédigées longtemps après la vie terrestre de Jésus pour s'appliquer à lui. Pendant des siècles les prophètes hébreux avaient proclamé la venue d'un libérateur, et ces promesses avaient été interprétées par des générations successives comme se rapportant à un nouveau chef juif qui siégerait sur le trône de David; on escomptait que, par les célèbres méthodes miraculeuses de Moïse, il établirait les Juifs en Palestine en tant que nation puissante, libre de toute domination étrangère. Encore une fois, plusieurs passages symboliques des Écritures hébraïques furent appliqués à tort à la vie et à la mission de Jésus. Beaucoup de textes de l'Ancien Testament furent déformés de manière à paraître cadrer avec certains épisodes de la vie terrestre du Maître. Jésus lui-même dénia une fois publiquement tout rapport avec la maison royale de David. Même le passage « une jeune fille mettra au monde un fils » fut changé en « une vierge mettra au monde un fils ». L'équivoque porte également sur les nombreuses généalogies de Joseph et Marie qui furent établies après la carrière de Micaël sur terre. Bon nombre de ces lignages comprenaient beaucoup d'ancêtres du Maître, mais dans l'ensemble ils ne sont pas authentiques et l'on ne peut se fier à leur exactitude. Trop souvent, les premiers disciples de Jésus succombèrent a la tentation de présenter les anciennes prophéties comme trouvant leur accomplissement dans la vie de leur Seigneur et Maître.
5. -- LES PARENTS TERRESTRES DE JÉSUS
Joseph était un homme aux manières douces, extrêmement consciencieux, fidèle aux conventions et aux pratiques religieuses de son peuple. Il parlait peu, mais pensait beaucoup. La pénible condition du peuple juif lui causait beaucoup de chagrin. Dans sa jeunesse, parmi ses huit frères et soeurs, il avait été plus gai, mais au cours des premières années de son mariage (pendant l'enfance de Jésus) il fut sujet à des périodes de dépression spirituelle. Ces manifestations d'humeur s'atténuèrent grandement juste avant sa mort prématurée et après que la situation matérielle de sa famille eut été améliorée par son élévation du rang de charpentier à celui d'entrepreneur prospère.
Le caractère de Marie était tout l'opposé de celui de son mari. Généralement gaie, elle était très rarement abattue et possédait un naturel toujours rayonnant. Marie exprimait librement et fréquemment ses sentiments et ses émotions; on ne la vit jamais affligée avant la mort soudaine de Joseph. À peine remise de ce choc, elle fut plongée dans l'inquiétude et la perplexité éveillées en elle par l'extraordinaire carrière de son fils aîné, qui se développait si rapidement sous ses yeux étonnés. Dans toute cette expérience insolite, Marie resta calme, courageuse, et assez avisée dans ses rapports avec son étrange et peu compréhensible fils aîné, et avec ses frères et soeurs survivants.
Jésus tenait de son père beaucoup de sa douceur exceptionnelle et de sa merveilleuse compréhension sympathisante de la nature humaine; il avait hérité de sa mère son don de grand éducateur et son immense capacité de juste indignation. Dans ses réactions émotionnelles envers les adultes de son entourage, Jésus était parfois, comme son père, méditatif et mystique, parfois caractérisé par une tristesse apparente; mais le plus souvent il allait de l'avant à la manière optimiste et déterminée de sa mère. Dans l'ensemble, le caractère de Marie tendait à dominer la carrière du divin Fils au fur et à mesure qu'il grandissait et avançait à grands pas dans sa vie d'adulte. Par côtés, Jésus était un mélange des caractères de ses parents; sous d'autres aspects, il présentait les traits de l'un en contraste avec ceux de l'autre.
De Joseph, Jésus tenait sa stricte éducation dans les usages des cérémonies juives et son extraordinaire connaissance des Écritures hébraïques; de Marie il tenait un point de vue plus large sur la vie religieuse et une conception plus libérale de la liberté spirituelle personnelle.
Les deux familles de Joseph et Marie étaient très instruites pour leur temps. L'éducation de Joseph et de Marie dépassait de beaucoup la moyenne pour leur époque et leur situation sociale. Lui était un penseur, elle était une femme prévoyante, habile à s'adapter et pratique dans l'exécution des tâches immédiates. Joseph était un brun aux yeux noirs; Marie était d'un type presque blond aux yeux bruns.
Si Joseph avait vécu, il serait indubitablement devenu un ferme croyant à la divine mission de son fils aîné. Marie alternait entre la croyance et le doute, grandement influencée par la position prise par ses autres enfants et par ses amis et parents, mais finalement elle fut toujours fortifiée dans son attitude par le souvenir de l'apparition de Gabriel aussitôt après la conception de l'enfant.
Marie était une tisseuse experte, d'une habileté au-dessus de la moyenne dans la plupart des arts ménagers de l'époque, et une maîtresse de maison hors ligne. Joseph et Marie étaient tous deux de bons éducateurs et veillèrent à ce que leurs enfants fussent bien versés dans les connaissances de leur temps.
En tant que jeune homme, Joseph avait été employé par le père de Marie dans un travail de construction pour l'agrandissement de sa maison, et ce fut au moment où Marie apporta à Joseph une coupe d'eau au cours d'un repas de midi que, pour la première fois, les deux jeunes gens qui étaient destinés à devenir les parents de Jésus commencèrent réellement à être attirés l'un vers l'autre.
Joseph et Marie se marièrent, selon la coutume juive, au domicile de Marie aux environs de Nazareth lorsque Joseph eut vingt-et-un ans. Le mariage fut conclu après des fiançailles normales d'environ deux ans. Peu après, ils s'installèrent dans leur nouvelle maison de Nazareth qui avait été construite par Joseph avec l'aide de ses deux frères. Cette maison était située au pied des hauteurs qui dominent si agréablement la contrée environnante. Dans cette maison spécialement préparée, les jeunes époux en attente d'enfant pensaient accueillir l'enfant de la promesse, sans imaginer que cet important événement de l'univers allait survenir à Bethléem en Judée, pendant qu'ils seraient absents de leur domicile.
La plus grande partie de la famille de Joseph se rallia aux enseignements de Jésus, mais très peu de membres de la famille de Marie crurent en lui avant son départ de ce monde. Joseph inclinait plus vers le concept spirituel du Messie attendu, mais Marie et sa famille, et surtout son père, tenaient à l'idée du Messie en tant que libérateur temporel et chef politique. Les ancêtres de Marie avaient été des représentants éminents des Macchabées dont les activités étaient encore récentes.
Joseph soutenait vigoureusement le point de vue oriental ou babylonien de la religion juive. Marie penchait fermement vers l'interprétation occidentale ou helléniste, moins strictement spirituelle, de la loi et des prophètes.
La maison de Jésus se trouvait aux abords de Nazareth, non loin de la hauteur située dans la partie nord du village et à une certaine distance de la fontaine municipale située dans la partie est, ce qui permit ultérieurement au jeune garçon de bien jouir de la campagne. Il grimpait souvent au sommet d'une hauteur voisine située au nord de Nazareth, la montagne la plus élevée du sud de la Galilée à l'exception de la chaîne du mont Thabor à l'est et de la montagne de Naïn qui avait à peu près la même altitude. La demeure de Joseph se trouvait un peu au sud et à l'est du promontoire sud de cette montagne, et eu près à mi-chemin entre son pied et la route allant de Nazareth à Cana. En dehors de l'ascension de la montagne, la promenade favorite de Jésus consistait à longer un étroit sentier contournant ses contreforts dans la direction nord-est, vers un point où il rejoignait la route de Séphoris.
La demeure de Joseph et de Marie était construite en pierre et ne se composait que d'une pièce avec une terrasse, plus un bâtiment annexe pour loger les animaux. Le mobilier consistait en une table basse en pierre, des pots et des plats en terre cuite et en pierre, un métier à tisser, une lampe, plusieurs petites chaises, et des nattes pour dormir sur le sol de pierre. Dans la cour, près de l'annexe des animaux, se trouvait l'abri qui couvrait le four et le moulin à grain. Il fallait deux personnes pour faire marcher ce type de moulin, une pour moudre et une autre pour l'alimenter en grain. Quand Jésus était petit, il alimentait souvent le moulin en grain pendant que sa mère tournait la meule.
Plus tard, quand la famille s'accrut, ils s'asseyaient tous pour prendre leur repas autour de la table de pierre agrandie, et puisaient dans un plat ou dans une terrine la nourriture commune. En hiver, pendant le repas du soir, la table était éclairée par une petite lampe plate de terre cuite que l'on remplissait d'huile d'olive. Après la naissance de Marthe, Joseph ajouta à la maison une grande pièce qui fut utilisée comme atelier de charpentier pendant le jour et comme chambre à coucher pendant la nuit.
Au mois de mars de l'an 8 avant l'ère chrétienne (le mois où Joseph et Marie se marièrent) César Auguste décréta que tous les habitants de l'Empire romain devaient être dénombrés, et qu'il fallait faire un recensement dont on pourrait se servir pour mieux répartir les impôts. Les sérieuses difficultés intérieures d'Hérode, roi de Juda, et l'hostilité que les Juifs avaient toujours eue contre toute tentative de « dénombrement du peuple » avaient concouru à faire retarder d'un an le recensement des Juifs du royaume. Dans tout l'Empire romain, ce recensement fut effectué en l'an 8 avant l'ère chrétienne, excepté dans le royaume d'Hérode en Palestine où il eut lieu un an plus tard, en l'an 7.
Il n'était pas nécessaire que Marie aille à Bethléem pour l'enregistrement -- Joseph étant autorisé à inscrire sa famille -- mais Marie, qui était une personne d'humeur aventureuse et très allante, insista pour l'accompagner. Elle avait peur de rester seule, de crainte que l'enfant ne naisse pendant l'absence de Joseph; de plus, Bethléem n'était pas loin de la Ville de Juda, et Marie prévoyait la possibilité d'une agréable visite à sa parente Élisabeth.
En fait, Joseph défendit à Marie de l'accompagner, mais cela fut inutile; au moment d'empaqueter la nourriture pour trois ou quatre jours de voyage, elle prépara des rations pour deux personnes et se tint prête à partir. Avant de se mettre effectivement en route, Joseph avait consenti au départ de Marie, et ils quittèrent gaiement Nazareth au point du jour.
Joseph et Marie étaient pauvres et n'avaient qu'une seule bête de somme; Marie, étant enceinte, monta sur l'animal portant les provisions, tandis que Joseph allait à pied, conduisant la bête. La construction et l'installation de la maison avaient représenté une grosse dépense pour Joseph, qui avait dû également aider ses parents, car son père était récemment devenu infirme. C'est ainsi que le couple juif quitta son humble logis dans cette matinée du 18 août de l'an 7 avant l'ère chrétienne, pour son voyage à Bethléem
Leur premier jour de voyage les amena au pied du mont Gilboa, où ils campèrent pour la nuit au bord du Jourdain en faisant maintes suppositions sur la nature du fils qui allait leur naître; Joseph adhérait au concept d'un maître spirituel, et Marie tenait à l'idée d'un Messie juif, un libérateur de la nation hébraïque.
De bonne heure le matin du 19 août, Joseph et Marie se mirent de nouveau en route. Ils prient leur repas de midi au pied du mont Sartaba qui domine la vallée du Jourdain, et continuèrent leur voyage, gagnant Jéricho où ils s'arrêtèrent pour la nuit dans une auberge des faubourgs de la ville donnant sur la grande route. Après le repas du soir et maintes discussions sur l'oppression par le gouvernement romain, sur Hérode, sur le recensement, et sur l'influence comparée de Jérusalem et d'Alexandrie comme centres d'études et de culture juives, les voyageurs de Nazareth se retirèrent pour le repos nocturne. Tôt dans la matinée du 20 août, ils reprirent leur voyage et atteignirent Jérusalem avant midi. Ils visitèrent le temple et poursuivirent leur chemin pour arriver à Bethléem au milieu de l'après-midi.
L'auberge était bondée; en conséquence, Joseph chercha un logement hez des parents éloignés, mais toutes les chambres de Bethléemregorgeaient de monde. Quand il revint dans la cour de l'auberge, on l'informa que les étables pour caravanes, taillées dans le flanc du rocher et situées juste au-dessous de l'auberge, avaient été vidées de leurs animaux et nettoyées pour recevoir des clients. Laissant l'âne dans la cour, Joseph chargea sur ses épaules les sacs de vêtements et de provisions et descendit avec Marie les marches de pierre conduisant à leur logement. Ils se trouvèrent installés dans ce qui avait été une grange à grain, devant les stalles et les mangeoires. Des toiles de tente avaient été appendues, et ils s'estimèrent très heureux d'avoir trouvé un cantonnement aussi confortable.
Joseph pensait aller s'inscrire tout de suite, mais Marie était lasse; elle souffrait beaucoup et le supplia de rester auprès d'elle, ce qu'il fit.
8. -- LA NAISSANCE DE JÉSUS
Toute la nuit Marie fut agitée, de sorte que le couple ne dormit pas beaucoup. Au lever du jour, les douleurs de l'enfantement commencèrent nettement, et à midi, le 21 août de l'an 7 avant l'ère chrétienne, avec l'aide secourable de femmes de voyageurs, Marie accoucha d'un enfant mâle. Jésus de Nazareth était né dans le monde; il fut enveloppé dans les vêtements que Marie avait apportés à toutes fins utiles, et couché dans la crèche voisine.
L'enfant de la promesse était venu au monde exactement de la même manière que tous les bébés avant et depuis ce jour. Le huitième jour, selon la pratique juive, il fut circoncis et appelé officiellement Joshua (Jésus).
Le lendemain de la naissance de Jésus, Joseph se fit recenser. Un homme avec qui Joseph avait lié conversation l'avant-veille à Jéricho l'emmena chez un ami fortuné qui occupait une chambre à l'auberge et acceptait d'échanger son installation contre celle du couple de Nazareth. L'après-midi ils emménagèrent à l'auberge où ils restèrent environ trois semaines, jusqu'à ce qu'ils eussent trouvé à se loger chez un parent éloigné de Joseph.
Le second jour après la naissance de Jésus, Marie avait fait dire à Élisabeth que son fils était né, et celle-ci lui avait répondu aussitôt en invitant Joseph à se rendre à Jérusalem pour s'entretenir avec Zacharie de toutes leurs affaires. La semaine suivante, Joseph alla à Jérusalem pour conférer avec Zacharie. Zacharie et Élisabeth avaient tous deux acquis la conviction sincère que Jésus devait réellement devenir le libérateur des Juifs, le Messie, et que leur fils Jean deviendrait le chef de ses assistants, le bras droit de sa destinée. Puisque Marie partageait les mêmes idées, il ne fut pas difficile de persuader Joseph de rester à Bethléem, la ville de David, afin qu'en grandissant Jésus puisse devenir le successeur de David sur le trône de tout Israël. En conséquence, ils restèrent plus d'un an à Bethléem, Joseph faisant pendant ce temps quelques travaux de charpentier.
À midi, au moment de la naissance de Jésus, les séraphins d'Urantia, assemblés sous les ordres leurs directeurs, chantèrent des hymnes de gloire au-dessus de la crèche de Bethléem, mais nulle oreille humaine n'entendit ces hymnes de louanges, et nul mortel ne vint rendre hommage au bébé de Bethléem avant le jour où certains prêtres arrivant d'Ur furent envoyés de Jérusalem par Zacharie.
Quelque temps auparavant, un étrange éducateur religieux de leur pays avait dit à ces prêtres de Mésopotamie qu'il avait eu un songe dans lequel il fut averti que « la lumière de la vie » était sur le point de faire son apparition sur terre en tant que bébé et parmi les Juifs. C'est alors que les trois maîtres partirent pour trouver cette « lumière de vie ». Après plusieurs semaines de vaines recherches à Jérusalem, ils allaient repartir pour Ur quand Zacharie les rencontra et leur révéla sa croyance que Jésus était l'objet de leur enquête; il les envoya à Bethléem où ils trouvèrent le bébé et laissèrent leurs présents à Marie, sa mère terrestre. L'enfant avait environ trois semaines au moment de leur visite.
Ces hommes sages ne virent pas d'étoile pour les guider vers Bethléem. La belle légende de l'étoile de Bethléem a pris naissance comme suit : Jésus était né le 21 août à midi de l'an 7 avant l'ère chrétienne. Or, le 29 mai du même an 7, il avait eu une extraordinaire conjonction de Jupiter et de Saturne dans la constellation des Poissons. C'est un fait astronomique remarquable que des conjonctions similaires se soient produites le 29 septembre et le 5 décembre de la même année. Sur la base de ces événements exceptionnels, mais absolument naturels, les zélateurs bien pensants des générations suivantes construisirent l'attrayante légende de l'étoile de Bethléem conduisant les Mages près de la crèche où ils virent et adorèrent l'enfant nouveau-né. Les cerveaux de l'Orient et du Moyen-Orient se délectent avec les contes de fées et tissent continuellement de beaux mythes sur la vie de leurs chefs religieux et de leurs héros politiques. En l'absence d'imprimeries, quand la plupart des connaissances humaines se transmettaient de bouche à oreille d'une génération à la suivante, il était très facile aux mythes de devenir traditions, et aux traditions d'être finalement acceptées comme des faits.
9. -- LA PRÉSENTATION AU TEMPLE
Moïse avait enseigné aux Juifs que chaque fils premier-né appartenait au Seigneur, mais que ces enfants-là, au lieu d'être sacrifiés comme c'était la coutume parmi les nations païennes, pouvaient avoir la vie sauve si leurs parents voulaient les racheter en payant cinq sicles à n'importe quel prêtre autorisé. Une autre ordonnance de Moïse décrétait qu'après un certain laps de temps une mère devait se présenter elle-même au temple pour la purification, ou bien faire faire par quelqu'un d'autre le sacrifice approprie. Il était usage d'accomplir ces deux cérémonies en même temps. En conséquence, Joseph et Marie se rendirent en personne au temple, à Jérusalem, pour présenter Jésus aux prêtres, effectuer son rachat, faire le sacrifice approprié, et assurer le cérémonial purifiant Marie de la prétendue impureté de la parturition.
Deux personnages de caractère remarquable se promenaient constamment dans les cours du temple, Siméon, un chanteur, et Anne, une poétesse. Siméon était un Judéen, mais Anne était une Galiléenne. Les deux se tenaient fréquemment compagnie et étaient des intimes du prêtre Zacharie qui leur avait confié le secret de Jean et de Jésus. Siméon et Anne attendaient tous deux la venue du Messie, et leur confiance en Zacharie les conduisit à croire que Jésus était le libérateur attendu par le peuple juif.
Zacharie savait quel jour Joseph et Marie devaient venir au temple avec Jésus, et il avait convenu d'avance avec Siméon et Anne qu'il lèverait la main en salut, au passage de la procession des premiers-nés, pour leur indiquer lequel était Jésus.
Pour cette occasion, Anne avait écrit un poème que Siméon se mit à chanter, au grand étonnement de Joseph, de Marie, et de tous ceux qui étaient assemblés dans la cour du temple. Voici l'hymne de rédemption destiné à leur premier-né:
| Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, | |
| Car il nous a visités, et il a racheté son peuple. | |
| Il a élevé une corne de salut pour chacun de nous | |
| Dans la maison de son serviteur David. | |
| Selon ce qu'il a dit par la bouche de ses saints prophètes -- | |
| Il nous délivre de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent; | |
| Il fait miséricorde à nos pères et se remémore sa sainte alliance -- | |
| Le serment par lequel il jura à Abraham notre père | |
| Qu'il nous permettrait, après délivrance de la main de nos ennemis, | |
| De le servir sans frayeur, | |
| Avec sainteté et droiture devant lui tous les jours de notre vie. | |
| Oui, et toi, enfant de la promesse, tu seras appelé le prophète du Très Haut; | |
| Car tu iras devant la face du Seigneur pour établir son royaume, | |
| Pour donner connaissance du salut à son peuple | |
| En rémission de ses péchés. | |
| Réjouissez-vous dans la tendre miséricorde de notre Dieu, | |
| Parce que la source de lumière d'en haut nous a maintenant visités | |
| Pour éclairer ceux qui se tiennent dans les ténèbres et l'ombre de la mort, | |
| Pour guider nos pas dans le chemin de la paix. | |
| Et maintenant laisse ton serviteur partir en paix, | |
| O Seigneur, selon ta parole, | |
| Car mes yeux ont vu ton salut | |
| Que tu as préparé devant la face de tous les peuples, | |
| Une lumière pour éclairer même les Gentils | |
| Et la gloire de ton peuple Israël. |
Sur le chemin du retour à Bethléem, Joseph et Marie furent silencieux -- confus et intimidés. Marie était très troublée par le salut d'adieu d'Anne, la vieille poétesse, et Joseph n'était pas d'accord sur l'effort prématuré pour faire déjà de Jésus le Messie attendu du peuple juif.
10. -- HÉRODE AGIT
Les informateurs d'Hérode n'étaient pas inactifs. Quand ils lui rendirent compte de la visite des prêtres d'Ur à Bethléem, Hérode convoqua ces Chaldéens devant lui. Il s'informa auprès de ces sages sur le nouveau « roi des Juifs », mais ils ne lui donnèrent guère satisfaction, expliquant que le bébé était né d'une femme qui était venue avec son mari à Bethléem pour le recensement. Mécontent de cette réponse Hérode les renvoya avec une bourse et leur ordonna de trouver l'enfant, afin que lui aussi aille l'adorer puisqu'ils avaient déclaré que son royaume devait être spirituel et non temporel. Les sages ne revenant pas, Hérode devint méfiant. Tandis qu'il retournait ces choses dans sa tête, ses informateurs revinrent et lui firent un rapport complet sur les récents incidents survenus au temple: ils lui apportèrent la copie des parties du cantique de Siméon qui avait été chanté à la cérémonie du rachat de Jésus. Ils n'avaient pas pu suivre Joseph et Marie. Hérode se mit fort en colère contre ses agents incapables de lui dire où le couple avait emmené l'enfant. Il envoya alors des enquêteurs chargés de dépister Joseph et Marie. Sachant qu'Hérode poursuivait la famille nazaréenne, Zacharie et Élisabeth restèrent éloignés de Bethléem. Le petit garçon fut caché chez des parents de Joseph.
Joseph craignait de chercher du travail, et ses maigres économies fondaient rapidement. Au moment de la cérémonie de purification au temple, Joseph se jugea assez pauvre pour limiter à deux jeunes pigeons l'offrande de Marie, comme Moïse l'avait ordonné pour la purification des mères indigentes.
Après plus d'un an de recherches, les espions d'Hérode n'avaient pu retrouver Jésus, et comme on soupçonnait que le bébé était encore caché à Bethléem, Hérode prépara un décret ordonnant la fouille systématique de toutes les maisons de Bethléem et la mise à mort de tous les enfants mâles âgés de moins de deux ans. De cette manière, Hérode se croyait sûr que l'enfant destiné à devenir « le roi des Juifs » serait exterminé. C'est ainsi que seize bébés mâles périrent en un jour à Bethléem de Judée. L'intrigue et le meurtre, même entre proches parents, étaient monnaie courante dans l'entourage d'Hérode.
Le massacre de ces enfants eut lieu vers le milieu d'octobre de l'an 6 avant l'ère chrétienne, alors que Jésus était âgé d'un peu plus d'un an. Même parmi les attachés à la cour d'Hérode, il y avait des gens qui croyaient à la venue du Messie, et l'un de ceux-ci, apprenant l'ordre de massacrer les enfants mâles de Bethléem, se mit en rapport avec Zacharie, qui à son tour envoya un messager à Joseph. La nuit avant le massacre, Joseph et Marie quittèrent la ville avec l'enfant pour se rendre à Alexandrie en Égypte. Pour éviter d'attirer l'attention, ils voyagèrent seuls avec Jésus. Ils allèrent à Alexandrie avec les fonds procurés par Zacharie, et là Joseph reprit son métier, tandis que Marie et Jésus logeaient chez des parents aisés de la famille de Joseph. Ils ne retournèrent à Bethléem qu'après la mort d'Hérode.
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- Category: 4. LA VIE ET LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS
Résumé de la quatrième partie du Livre d’Urantia
La quatrième partie (700 pages) présente une biographie spirituelle et théologique très détaillée de Jésus (appelé « Micaël de Nébadon »). Le récit commence avant sa naissance, en décrivant la décision d’un Fils Créateur d’effectuer son incarnation finale sur terre pour parfaire sa souveraineté universelle.
Naissance et enfance
Le texte raconte la naissance de Jésus dans des circonstances ordinaires, son enfance en Palestine, l’éducation reçue dans une famille juive, et l’influence marquante de parents dépeints comme équilibrés et spirituellement ouverts. De nombreux épisodes de jeunesse — souvent absents des évangiles — sont décrits pour montrer la construction progressive de sa personnalité humaine.
Jeunesse et vie adulte
Le livre insiste sur la croissance intellectuelle, émotionnelle et spirituelle de Jésus. Il souligne sa compréhension précoce de sa mission, tout en décrivant les tensions entre sa vie humaine et sa destinée universelle. Les années de travail, les voyages, et les relations sociales sont présentés comme des étapes nécessaires à son expérience humaine complète.
Baptême, ministère et enseignements
Après son baptême par Jean, Jésus inaugure un ministère public organisé, assisté par ses apôtres. Le texte développe longuement :
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sa prédication centrée sur la paternité de Dieu et la fraternité des hommes,
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ses méthodes pédagogiques,
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ses rapports avec ses disciples,
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ses guérisons (interprétées spirituellement).
Son enseignement est présenté comme plus universel et moins doctrinal que dans les traditions chrétiennes, mettant l’accent sur la transformation intérieure.
La dernière semaine, la crucifixion et la résurrection
La narration s’attarde sur les motivations politiques et religieuses menant à son arrestation. La crucifixion est décrite comme un événement humain tragique, mais non présenté comme un sacrifice expiatoire exigé par Dieu. La résurrection est relatée comme une transition vers une existence morontielle (intermédiaire entre le matériel et le spirituel).
Après les apparitions
La partie se termine par les enseignements finals aux disciples, l’organisation de leur future mission et le départ de Jésus vers un plan spirituel, où il affirme sa souveraineté pleine et entière dans l'univers.




